Your metaphorical gin and juice
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Voilà que les changements font face dans le quotidien de la jeune Sterling. Voilà que tout d'un coup sa vie est sur le point de prendre un tournant radical. Doucement, elle reprend sa vie en main, doucement elle voit enfin le bout du virage prendre place dans son champ de vision. Cette idée de pouvoir enfin trouver ce petit truc qui lui manque depuis si longtemps lui fait grand bien. Olive, elle a enfin un objectif à mettre en forme. Elle a enfin une occasion de trouver ce qui aura le luxe de la rendre heureuse. Elle n'aurait jamais pensé que ce soit si difficile de choisir sa propre vocation. De passer par des étapes de remise en question constante alors qu'à vingt-huit ans elle aurait déjà pu être chirurgienne ou une connerie dans le genre que ses parents avaient décidés pour elle. Sauf que la jeune femme n'a jamais eu les épaules assez solides pour réaliser le rêve des autres à la place des siens. Elle n'a jamais eu le courage d'affronter les obstacles sur son chemin pour réussir. Oui, elle est brillante Olive, elle aurait pu le faire sans grand effort si ça n'avait pas été au dessus de ses forces. Il était hors de question qu'elle se fasse maltraiter pour une métier qu'elle n'a pas choisi, pour une voie professionnelle qui était faite pour plaire. Il est vrai qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de penser à autre chose Olive, pas l'occasion d'avoir d'autres rêves que celui d'être médecin. Jusqu'à maintenant.

Malgré son amertume à revenir dans les couloirs de l'hôpital après ses peines, Olive a tout de même accepté et pris du plaisir à venir donner de son temps au dispensaire du Saint-Vincent. Ce n'était pas acquis, au début, elle avait carrément le traque de pouvoir revenir ici et de recroiser certains désagréables visages, mais finalement tout avait été pour le mieux. Elle avait retrouvé la place qu'elle aimait tant, celle de venir en aide aux autres. Et tout cela sans avoir à subir le gourou d'un résident trop exigeant et simplement tyrannique. Étrangement, le dispensaire avait été une source de bien être et elle était prête à mettre cette aventure de côté pour en commencer une nouvelle. Parce que c'était ce qu'elle voulait, sa propre volonté. Les derniers jours arrivent donc dans cet endroit qui a redonné quelque peu espoir à le jeune femme. Les deniers jours d'un bénévolat intense et dingue. Elle a adoré chaque instant, même si c'était épuisant. Olive est simplement prête à tourner cette page pour se concentrer sur ce qui l'attend. Sur cette nouvelle elle.

« Olive ! » La brune se retourne doucement vers l'infirmière, se demandant ce qui va rythmer aujourd’hui sa journée. Elle sourit, sûrement trop maintenant que tout semble aller pour le mieux, mais sincèrement au moins. « Il y'a quelqu'un qui te demande. » Les sourcils de la jeune femme se froncent. Il est rare qu'on la demande spécifiquement, en général Olive intervient là où il y a besoin et rien de plus. Pour autant, elle hoche la tête, remercie l'infirmière et file vers l'accueil du dispensaire. Elle ne le reconnait pas tout de suite, cet homme qui se tient droit devant elle, pourtant son cœur se sert en l’apercevant pour la seconde fois. Elle ne comprend pas, elle n'arrive pas à saisir ce qu'il peut bien faire ici après tout ce temps, pourtant, ça la rend joyeuse alors qu'elle s'en approche. « Wesley? Wesley Bishop? » Aucun doute que c'était bien lui pourtant elle n'osa pas s'en approcher tout de suite. Hésitante sur comment elle devait agir en découvrant son ancien ami ici et sur comment lui même pourrait l'accueillir à cet instant.

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 @Olive Sterling   ☆ crédit/cxndycl0wn

Olive. Ça fait un petit moment que ce prénom revient régulièrement dans l’esprit de Wesley. Précisément, depuis un certain trentième anniversaire. Quand il a pris la décision d’arrêter de boire. Il en aura fallu du temps pour qu’il accepte l’évidence de son alcoolisme. Olive n’a pourtant pas hésité à le mettre gentiment en garde à ce propos. Elle a été la première à lui faire remarquer qu’il buvait en excès à toutes les soirées où ils se retrouvaient tous les deux. À lui faire remarquer qu’il buvait même au cours de la journée quand il aurait plutôt dû lever un peu le pied pour permettre à son corps d’encaisser et de récupérer. De simples petites constatations qui ont fini par lui faire perdre pied. Sans doute parce qu’il a réalisé qu’elle avait raison, mais qu’il n’était pas encore prêt à l’encaisser et à l’accepter complètement. Jusqu’à lui tourner le dos pour de bon. À ne plus répondre à ses appels et messages. À l’éviter quand ils se croisaient quelque part en ville. Jusqu’à ne plus la voir du tout. Jusqu’à faire mine de l’avoir oublié. Comme si elle faisait déjà partie de son passé. Et le temps passant, elle a bel et bien commencé à faire partie de son passé. Pourtant, les souvenirs sont revenus le soir de son trentième anniversaire. Il a pris conscience qu’il était en train de passer de l’autre côté. Enfin prêt à devenir tout à fait adulte. Enfin prêt à assumer ses erreurs et, à défaut de pouvoir les effacer, à arrêter de les faire. Enfin prêt à faire attention à sa santé, également.  Alors même si ce n’est vraiment pas facile tous les jours et que le chemin est encore long avant que ça ne devienne presque "normal", il est toujours bien décidé à faire tous les efforts du monde pour aller jusqu’au bout. Sans être certain de savoir comment se rendre la chose plus facile. Tout au plus, il se dit qu’éviter les soirées alcoolisées est la chose la plus facile à faire. Même s’il adore faire la fête, même s’il aime retrouver ses amis dans ce genre d’environnement mouvementé. Il sait que c’est une tentation à laquelle il n’est pas encore capable de résister. 

Il les évite donc et passe la majorité de ses soirées à dessiner, jouer à la console, dîner sagement avec des amis, à aller au cinéma ou simplement chez sa mère. Des soirées plus sages et plus adultes dans le fond. Mais ça fait surtout presque cinq mois qu’il repense à Olive, qui est celle qui lui a ouvert les yeux. Grâce à qui il ne se serait sans doute pas inquiété de sitôt quant à sa surconsommation de boissons alcoolisées. Au point de n’ouvrir les yeux que beaucoup trop tard, peut-être. Même s’il ne l’a pas vue depuis des années, il sait que c’est en partie grâce à elle qu’il tente la sobriété désormais. Mais il a fallu ces derniers mois pour qu’il trouve le courage d’envisager d’aller lui faire savoir tout ça et potentiellement la remercier. Même s’il se dit qu’elle pourrait l’envoyer sur les roses et lui signifier qu’il est trop tard. Il ne pourrait pas lui en vouloir d’avoir une telle réaction. Malgré tout, il prend le risque. Avec une certaine nervosité qui lui noue l’estomac, il patiente maintenant qu’on lui a confirmé sa présence dans les parages. Il a le regard fixement posé sur elle aussitôt qu’elle apparaît dans son champ de vision et s’approche de lui. Il semble lui falloir quelques secondes pour assimiler sa présence et peut-être remettre un nom sur son visage. Il faut dire qu’il a pas mal changé au fil des années. Un véritable caméléon qui évolue avec son environnement. Presque sage désormais, malgré les tatouages toujours plus nombreux. « Salut Olive ! » Il affiche un sourire immensément grand. Comme si de rien n’était. Comme si trois années ne venaient pas de passer. « J’te dérange pas ? » Bien sûr que si. Il est venu la déranger au dispensaire dans lequel elle passe ses journées. Mais c’est le seul endroit où il était presque certain de la trouver. « Mais j’ai ça qui traîne chez moi depuis un petit bout de temps maintenant et je me suis dis que tu voudrais peut-être la récupérer. » Il tend une écharpe colorée dans sa direction. Il n’a jamais été certain que c’était bien à elle pourtant. Dans le doute, il l’a gardé. Surtout, ça lui a fait une fausse excuse pour se pointer du jour au lendemain, comme si de rien n’était. Comme si le temps avait effacé le pire de leur amitié.

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Olive a tout d'un coup l'impression que ce n'est pas la réalité. Que quelque chose coince dans ce moment suspendu. Pourtant non, Wesley est bien devant elle, un large sourire aux lèvres qu'elle n'arrive pas à résoudre. Est-ce qu'il se souvient vraiment d'elle? Est-ce qu'il va bien? Que fait-il ici? Des tas de questions se bousculaient dans son esprit alors qu'elle perdait le fil de cette journée. Comme si ce n'était pas possible qu'il soit ici après tout ce temps, et surtout qu'il souhaite discuter avec elle après leurs derniers échanges très peu agréable. Olive s'en était voulue pendant toutes ces années d'avoir été sûrement trop insistante sur certains points. De ne pas avoir été tout simplement une bonne amie pour lui quand il en avait le plus besoin. Mais forcément, il est toujours plus facile de vivre avec des regrets que d'affronter la chose. Si bien qu'elle a l'impression d'être sur le point de subir un retour de flamme un peu trop puissant à son goût. C'est Olive ça, à toujours se faire un sang d'encre pour ce qui n'arrive sûrement que dans sa tête. Le manque de confiance lui ferait penser n'importe quoi. « Salut Olive ! » La surprise lui retire les mots de la bouche, si bien qu'elle agit bêtement en dansant d'un pied à l'autre. Il se souvient bien d'elle, et elle se souvient bien de lui. Trop pour être honnête car il n'a jamais cessé de lui torturer l'esprit malgré son absence de sa vie. Wesley est là devant elle et elle ne sait pas comment agir. « J’te dérange pas ? » Olive regard un instant autour d'elle, comme si d'un moment à l'autre un cas extrêmement grave allait se présenter pour faire capoter ce retour inattendu mais très important. Elle secoue la tête, retrouvant le fil de ses propres pensées. « Oh non, non, du tout même. Comment puis-je t'aider ? » Elle n'avait finalement aucune idée de ce qui pouvait bien l'amener ici. Était ce un hasard ou le destin qui venait de rapprocher ces deux là après tant d'années ? Il fallait bien penser que oui, c'était sûrement le mieux à faire que de croire le contraire. Au moins, ça rassurerait un peu Olive de se dire qu'il était là pour elle et non pour une urgence. En tout cas, il semblait se porter assez-bien pour qu'elle retire cette perspective. La tête de la brune se penche sur le côté et ses yeux s'écarquillent quand un objet se pointe devant elle. « Mais j’ai ça qui traîne chez moi depuis un petit bout de temps maintenant et je me suis dis que tu voudrais peut-être la récupérer. » Sur le coup elle n'arrive pas à saisir la nuance derrière ce geste, pourtant elle tend la main à son tour pour récupérer le foulard. « Merci. » Ce bout de tissu lui appartient bien, sûrement un oubli du temps où ils étaient amis. Ce qui sur le coup lui fend le cœur, c'est un vieux souvenir qui se rajoute aux autres douloureusement. « Je ne pensais pas que tu pourrais encore l'avoir à vrai dire. » Elle n'avait même pas été certaine de l'avoir oublié chez-lui. Mais surtout, elle était étonnée qu'il puisse encore l'avoir en sa possession maintenant. « Pourquoi tu t'en es pas débarrassé? » Cette action aurait été sincèrement plus facile que de revenir trois ans après lui rapporter. « Enfin pardon. C'est juste que c'est bizarre. » Très bizarre même, mais elle ne préférait pas en rajouter des masses, mal à l'aise. Est-il prêt à faire la paix ou venait-il avec une offense supplémentaire? En tout cas, il était certain qu'Olive n'avait aucune envie de se battre aujourd'hui, ni même demain. « Je t'offre un café ? » Cela avait été plus fort qu'elle de proposer de continuer cette conversation ailleurs que dans l'espace où chacun pouvait en prendre part. Elle avait besoin de s'isoler un peu avec ce fantôme du passé. Elle avait besoin de savoir pourquoi il était là réellement et ce qu'il attendait d'elle maintenant. « Enfin, t'es pas obligé d'accepter bien sûr. » Le stress du moment la faisait trop parler, si bien qu'elle mordilla l'intérieur de sa joue pour la faire taire.

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Il n’a aucune idée de ce à quoi son ancienne amie pense quand elle le voit réapparaître après ces quelques années de silence absolu. Si elle est heureuse de le retrouver en face d’elle, si elle craint ce qu’il est venu lui dire ou si elle est seulement surprise et encore incapable de savoir ce qu’elle pense et ressent face à lui. Sa seule certitude à Wesley, c’est que c’était le bon moment pour lui. Qu’il avait juste besoin d’un petit élan de courage pour se mettre en action. Maintenant, il espère juste qu’il saura trouver les mots justes pour lui expliquer son silence et puis son retour. Qu’il trouvera peut-être le courage de s’excuser et de lui dire enfin qu’il a arrêté. Certes, ce n’est peut-être pas aussi définitif qu’il aimerait à le croire. Mais dans la tête, dans le projet, ça l’est bel et bien. Il est conscient d’être un peu maladroit quand il s’inquiète de peut-être la déranger par sa présence. Il vient quand même la voir jusque dans ce dispensaire où elle propose ses services. Où elle bosse. Il arrive peut-être dans un mauvais moment. C’est ce qu’il craint quand il ose l’interroger. Mais sa réponse est assez rapide pour qu’il n’ait pas à douter de sa sincérité. Non, il ne la dérange pas. Mais elle interroge dans la foulée. Il ne sait que répondre à cette question. Ce qu’elle peut faire pour lui ? Lui accorder quelques minutes pour qu’ils puissent échanger. En guise de réponse, il tend le foulard qui traînait encore chez lui. Qui se trouve dans l’un de ses tiroirs d’objets trouvés / abandonnés / dont il ne sait que faire. Un bric à brac qui n’a aucun sens. Mais qui lui a permis de garder ce morceau de tissu qu’il se rappelle avoir déjà vu autour de son cou. Sans pour autant en être tout à fait certain.

Elle le récupère dans un merci et il enfonce la main dans la poche de son jean à la coupe droite. Maintenant, il est là. Les mains vides. La bouche close. Incapable de savoir que faire ou que dire. Par quoi commencer. Elle exprime sa surprise de constater que ce foulard existe encore. Il est vrai qu’il aurait pu le jeter ou le donner depuis le temps. Il n’a rien fait de tel. Comme si, au fond, il savait qu’un jour il aurait l’occasion de le lui rendre. Il échappe un rire vague quand elle fait remarquer que c’est bizarre. Il n’est pas sûr de savoir comment il est supposé le prendre. Mais il ne s’en vexe pas. « Je jette jamais rien. Je tiens ça de ma mère. » Qu’il répond avec un haussement d’épaules. La réalité au sujet de ce foulard est évidemment autre. Mais il ne se sent pas de l’admettre ici et maintenant. Il est relativement soulagé quand elle lui propose un café. Au moins, elle n’a pas envie de se débarrasser de lui tout de suite et ne se contente pas de tourner les talons après avoir récupéré le foulard avec lequel il est venu. « Oui, je veux bien. » Les mains dans les poches, l’air un peu penaud sur le visage, il la suit en silence. Ce n’est que maintenant qu’il réfléchit vraiment à la meilleure façon d’entamer la conversation. De peut-être faire un petit retour en arrière pour parler de cet ultime épisode entre eux. L’échange de trop au sujet de son alcoolisme, qui lui a finalement donné l’envie de tourner les talons et de l’ignorer. Sans jamais revenir en arrière. Avant aujourd’hui. « T’es sûre que je te dérange pas ? Je suis venu ici parce que c’est le seul endroit où j’étais à peu près sûr de pouvoir te trouver. »

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C'est sincèrement le genre de rencontre inattendue qui bouleverse complétement le quotidien. Olive elle a l'impression d'être complétement à côté de la plaque alors qu'elle découvre son vieil ami devant elle. Dans ce dispensaire où elle ne devrait même pas être à cette heure si les choses s'étaient déroulées différemment. Et pourtant il était là, devant elle, l'air penaud à se demander si son approche vaut le coup ou non. Olive a le cœur en mousse à son approche, si bien qu'elle est consciente de vouloir se raccrocher aux derniers bons souvenirs avec cet homme. Parce que cette relation n'a pas toujours été froide, au contraire. Sauf qu'Olive, elle avait tout gâchée en voulant le confronter à quelque chose dont il n'était pas encore prêt à prendre conscience, puis son silence pendant trois ans avait définitivement mis un terme à leur amitié. Olive ne pouvait que s'en vouloir puisqu'elle était à l'origine de tout cela, mais en même temps elle ne pouvait s'empêcher d'apprécier le retour de Wesley aujourd'hui. Ce ne serait peut-être pas définitif, ce ne serait même que provisoire, mais Olive n'avait clairement pas envie de le laisser partir maintenant qu'il était là. Même si elle devait se sentir mal pour toujours.

« Je jette jamais rien. Je tiens ça de ma mère. » Ce qui pour le coup était une très bonne chose pour elle. Parce qu'au moins ainsi, il avait eu une raison, particulière certaine, mais une raison quand même de débarquer ici. De lui rendre ce qui lui appartenait sans même réellement le savoir. « Et bien, tu remercieras ta mère pour moi. » Elle tentait du mieux que possible de faire battre son cœur moins vite dans sa poitrine, si bien qu'elle laissait la place à son cerveau pour dire et faire n'importe quoi. Une bonne excuse pour ne pas le laisser partir dans un tourbillon de non-dit. Olive avait besoin de profiter de sa présence, de voir si tout était différent maintenant entre eux. Ça lui semble donc d'un naturel de compléter ses retrouvailles autour d'un café, de prendre le temps de le voir dans la discrétion de cet endroit qui ne l'est pas du tout. « Oui, je veux bien. »  La réponse du brun lui fait du bien, elle qui avait peur qu'il ne veuille plus en entendre parler du tout après ça. Elle attendait qu'il tourne le dos après lui avoir rendu son précieux et rien de plus, mais elle était ravie qu'il accepte finalement de partager encore un peu de son temps avec elle. Olive fait alors demi-tour pour retrouver le calme d'une salle à l'écart des regards. Le choix est restreint si bien qu'elle s'arrête rapidement devant la première porte pour y entrer, son ami sur les talons. Cela fera largement l'affaire.

« T’es sûre que je te dérange pas ? Je suis venu ici parce que c’est le seul endroit où j’étais à peu près sûr de pouvoir te trouver. » Elle est surprise par cette question Olive, si bien qu'elle se retourne pour lui faire face, un sourire sur le visage. « Non, aucunement même. » Elle marque une pause, triturant un fil de sa blouse qui dépasse pour ne pas flancher. « Je suis même ravie que tu sois là. » Parce qu'elle n'aurait jamais pensé que cela se produise de nouveau un jour. L'Australienne fit couler deux cafés avant d'en tendre un au brun. Elle prit en suite place dans un fauteuil pour être plus à l'aise. « Comment tu vas? » Elle n'ajoute pas "depuis tout ce temps" parce que ça ne lui semblait pas nécessaire même si elle n'en pensait pas moins. Mais c'était tout de même le minimum que d'en savoir plus sur lui sans attaquer les grosses questions d'un coup. Pourtant ce n'était pas ce qui manquait.

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Il n’est pas certain d’avoir le culot d’admettre que ce foulard qu’il lui a rapporté n’était vraiment qu’une excuse pour la revoir. La réalité, c’est qu’en l’absence de ce morceau de tissu, il aurait forcément trouvé une autre excuse pour venir la trouver dans le coin. Ce qu’il ne manquerait pas de lui faire remarquer s’il n’était pas encore un peu mal à l’aise en face d’elle. La réalité, c’est que les choses ne peuvent être aussi simples que par le passé, entre eux. C’est le silence depuis trop longtemps et leur amitié a été bien piétinée quand même. Même si, maintenant plus que jamais, Wesley le regrette. Comment pourrait-il en être autrement alors qu’ils ont été si proches et qu’aujourd’hui ils ne s’adressent plus vraiment la parole ? Il a pris ses distances du jour au lendemain et sans prévenir. Ce qui n’est pas du tout dans sa personnalité ni dans sa façon de se comporter avec les autres. Il s’en veut donc assez pour avoir pas mal hésité avant de venir. Alors maintenant qu’il est là, il va faire en sorte de ne pas laisser un silence gênant s’installer trop longtemps. D’autant plus qu’elle l’invite à boire un café. Ce n’est pas vraiment sa boisson préférée à Wesley. Mais il est trop perdu dans ses pensées et à envisager la suite de leurs échanges, pour vraiment s’inquiéter de la chose et pour le lui faire remarquer. Il réfléchit à la suite et s’inquiète du moment où il admettra qu’elle a eu raison. Qu’il aurait mieux fait de l’écouter tout de suite. Mais d’admettre qu’il n’était pas du tout prêt à entendre raison à ce moment-là. Ce dont elle se doutera forcément ... Quoi qu’il en soit, il la suit en silence, en direction d’une salle dont elle pousse la porte pour s’y engouffrer. L’homme toujours sur les talons. Ombre silencieuse.

Très vite, quand même, il s’inquiète de peut-être la déranger alors qu’elle était occupée. Pourtant, le sourire qu’elle lui offre quand elle lui fait de nouveau face le rassure un peu. Elle n’a quand même pas du tout l’air d’être dérangée par sa présence. Ou alors elle fait très bien semblant ! Elle admet même être ravie de sa présence. De quoi détendre un peu Wesley et retirer du poids qui semble peser sur ses épaules depuis qu’il a pris la décision de lui rendre une petite visite. Elle a l’air sincère. Ou, encore une fois, elle est bonne comédienne. Une pensée qui ne lui traverse l’esprit qu’un bref instant. Tandis qu’ils prennent enfin place dans des fauteuils, un café fumant dans les mains. Wesley fait mine de ne pas être plus perturbé que ça par le choix de boisson. Après tout, il n’est pas vraiment venu ici pour boire quoi que ce soit. Juste pour discuter avec son ancienne amie et peut-être espérer renouer une ébauche de leur amitié d’autrefois. Elle l’interroge. Il se redresse tout de suite et se râcle la gorge. Il ne sait pas si c’est le bon moment pour s’ouvrir davantage sur le grand sujet. « Ça va. Plutôt bien. Le shop fonctionne toujours aussi bien. » Il tente de répondre sans trop le faire, dans un premier temps. Il ne sait vraiment pas comment s’y prendre et ça doit se voir sur son visage, qu’il est en train d’hésiter à poursuivre et à aller plus loin. « Je... » Il commence et se tait. Il sait qu’elle n’est pas du genre à lui dire "je te l’avais dis !" mais quand même. Il réalise qu’il a gâché leur amitié pour un sujet sur lequel elle avait complètement raison. « Et toi ? » Finalement, il retourne la question. Pas encore prêt. Peut-être un peu plus tard.

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Bien sûr qu'Olive est plus qu'heureuse de savoir que le jeune homme a fait le déplacement jusqu'ici pour lui rendre ce qui autrefois était à elle. Bien sûr que l'excuse semble la bienvenue pour qu'ils puissent échanger, pour qu'ils puissent se remémorer les erreurs du passé à travers une tasse de café. Mais Olive ne peut s'empêcher de se demander pourquoi Wesley Bishop est réellement là, à danser d'une jambe sur l'autre devant elle comme s'il venait de commettre un crime dont il était réellement coupable. Comment avait-il d'ailleurs eu l'information qu'elle passait la majorité de son temps au dispensaire sachant que les personnes dans son entourage étaient déjà rares à le savoir. Olive ne pouvait se douter un seul instant de ce qui animait réellement son ancienne ami, et même si elle avait très envie de passer outre le fait de profiter uniquement des retrouvailles, elle ne pouvait également se demande ce qu'il attendait d'elle. Après tout, il avait été assez clair à leur dernière rencontre et elle n'avait pas riposté en acceptant simplement la fin de cette amitié. Elle avait rapidement compris que c'était impossible de faire comprendre la réalité à Wesley, et que de toute évidence ce ne serait pas à elle de le faire. Elle espérait simplement que tôt ou tard il se rende compte de son propre comportement, et qu'il comprenne qu'à l'époque, elle voulait juste aider, rien de plus. Olive était parfois trop pesante pour ses amis, parce qu'elle faisait toujours en sorte qu'ils se sentent bien, alors elle pouvait facilement comprendre que ce soit parfois trop, mais elle avait encore le cœur brisé de la manière dont Wesley avait simplement coupé les ponts.

Pourtant, elle n'a pas non-plus envie de le voir partir maintenant qu'il est là. Même s'il n'a clairement plus aucune excuse pour rester. Un café semble un bon compromis quand on a pas vu un ami depuis longtemps. Elle est heureuse qu'il accepte, même si esprit tourbillonne encore et encore. Tout cela ne semble pas du tout naturel alors qu'ils prennent place dans ses larges fauteuils abimés. Ce n'est pas le lieu idéal pour retrouver quelqu'un, mais c'est tout ce qu'elle a sous la main pour l'instant, donc il faudra évidement faire avec. La conversation ne semble pas facile alors que chacun cherche difficilement ses mots. Olive tâtonne, jusqu'à poser la question qui lui semble la plus facile. Au moins ça n'engage pas grand-chose, et Wesley a le luxe de pouvoir ou non lui tendre la perche en suite. Elle espère qu'il le fera, elle espère qu'il ne disparaitra pas dans un mouvement. En tout cas, elle n'en a pas envie, pas maintenant qu'elle le tient sous le coude. Mais cette relation est trop fragile pour être facile, et il n'est pas question qu'elle accélère trop rapidement cette retrouvaille. Doucement, mais sûrement, rien ne presse après tout. Du moins, tant qu'un patient n'a pas besoin d'elle, mais par chance le dispensaire est calme aujourd'hui. « Ça va. Plutôt bien. Le shop fonctionne toujours aussi bien. » Elle est ravie pour lui, ravie d'apprendre que tout va bien et que son activité fonctionne. C'est même une très bonne chose et c'est tout ce qu'elle lui souhaite d'ailleurs. Elle laisse pourtant un léger silence s'installer, ne sachant pas si elle doit rebondir tout de suite ou attendre que ça vienne de lui. A la place, elle porte le café à ses lèvres pour le refroidir, lui permettant ainsi de prendre le temps. « Je... » Elle relève les yeux, hâtant le brun de continuer. De ne pas avoir peur de lui parler, même si c'est pour dire des banalités, ça lui va tout aussi bien. « Et toi ? » Elle tente de chasser la déception qui apparait sur son visage, préférant se concentrer sur l'instant. Il n'y a rien d'urgent après tout, ça viendra quand ça viendra. « Je vais bien. » Bien mieux même, mais ça il ne peut le savoir au vu du temps qui a passé. Olive remue sur son siège, se repositionnant. « Comment as-tu su que j'étais là? » C'est ce qui lui vient en premier, du moins c'est la question qu'elle ose poser pour cette fois.

Le reste viendra, petit à petit. Ce n'est pas facile, elle danse sur des charbons ardents, mais son ami lui a manqué et elle ne veut plus gâcher aucun instant avec ce dernier.

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Il est parfaitement conscient de la lâcheté dont il a fait preuve quand il a tourné le dos à son amie alors qu'elle voulait seulement lui faire ouvrir les yeux sur son comportement dangereux. Davantage pour lui-même que pour les autres, d'ailleurs, parce qu'il n'a jamais eu l'alcool agressif, ni triste, ni tout simplement dangereux. Ça ne le rendait que plus joyeux et agité. Dans le pire des cas, au cours de ses soirées alcoolisées, il aurait pu se foutre en l'air par maladresse et manque de conscience du monde qui l'entourait. Sinon, il se dirigeait inexorablement vers tout un tas de maladies qui auraient eu raison de lui. Dans un cas comme dans l'autre, c'est bien pour lui-même qu'il a été un véritable danger pendant ces dix années. Tout ça, il ne le voyait pas. Pour la simple et bonne raison qu'il ne pensait pas du tout avoir sombré à ce point dans l'alcool. Pour lui, les alcooliques étaient ceux qui étaient ivres du matin au soir. Il a fini par comprendre que boire plus d'alcool que d'eau dans une journée, même sans être totalement bourré, c'était aussi de l'alcoolisme. Il a compris qu'il était dans cette catégorie-là depuis beaucoup trop longtemps pour ne pas être considéré comme alcoolique. Une vérité violente qui a fini par lui tomber dessus. Qui est venue s'ajouter aux mots de la jeune femme à qui il a choisi de tourner le dos plutôt que de lui prêter plus d'attention que ça. L'attention qu'elle méritait. Ainsi que ses mots qui ne l'ont finalement jamais tout à fait quitté, lui. Il regrette qu'aujourd'hui, ils ne sachent plus quoi se dire ni comment se comporter l'un avec l'autre. Tout ça parce qu'il a été idiot de mettre fin à leur amitié sans un mot de plus et parce qu'aujourd'hui, il a trouvé une excuse bidon pour venir la voir au lieu de simplement lui dire la vérité. Ce qu'est en train de devenir sa vie -et sa santé- grâce à elle principalement. Parce que même si c'est tous les jours compliqué de résister à l'appel de l'alcool, il sait et sent déjà que son corps et son esprit le remercient. Et ça, il ne le saurait même pas si Olive n’avait pas eu le courage de lui souffler ses quatre vérités en plein visage.

Il réalise que le manque de courage se poursuit alors qu'il lui fait face. Pourtant, il est à peu près certain qu'elle ne le jugera pas quand elle saura la vraie raison de sa présence. Elle ne l'a pas particulièrement jugé le soir où elle lui a fait remarquer qu'il buvait trop. Que ça ne pouvait vouloir dire qu'une seule chose ... Qu'il était accro. Mais entre le fait de savoir avec certitude qu'elle ne va pas le juger et le fait de trouver le courage de tout lui déballer, il y a un monde. Et pour l'instant, il n'arrive pas à le franchir. Il préfère échanger sur des banalités. Quand bien même, la tension reste bien présente, au fond de leur conversation. Derrière les mots qui ne sont pas dits, les silences gênants et les regards qui peinent à se retrouver avec la même simplicité qu'autrefois. « Oh ça n'a pas été très compliqué. » Qu'il avoue, presque soulagé que la première question qu'elle lui pose soit aussi simple que celle-là. « J'ai seulement eu besoin d'interroger quelques connaissances que nous avions en commun. » Qu'il précise quand même, pour lui offrir un minimum de réponse. Et puis de nouveau le silence. Ce n'est pas dans ses habitudes d'être aussi silencieux et ça commence à le tendre.

Alors il ronchonne dans sa barbe, détourne le regard et porte le gobelet à ses lèvres. Le café est supposé lui offrir une petite dose de courage. Celui dont il manque cruellement en cet instant. Histoire d'avoir une dose supplémentaire, il termine le café en trois gorgées. Avec probablement la même vitesse qu'il avait l'habitude de s'enfiler d'autres genres de liquide, quelques mois plus tôt à peine. « Je suis pas vraiment venu pour te rendre ton bonnet. Ou ton écharpe. Je sais plus. » Vague geste de la main. « J'étais même pas sûr que c'était vraiment à toi. » Qu'il confesse dans la foulée, sourire penaud sur les lèvres. « Aujourd'hui c'est mon 147ème jour de sobriété. C'est ça que j'étais venu te dire. » Plus ou moins sous cette forme-là. Mais c'est l'information qui vient qui est plus importante que la forme, non ? Le fait qu'il soit question de sobriété après un alcoolisme vieux de dix ans. Sur lequel elle a été la première et unique personne à mettre le doigt. Le lui dire enfin provoque un profond sentiment de soulagement qu’il exprime sous la forme d’un soupir. Qui lui fait la sensation d’être un ballon qui se vide de son air, quand il se tasse contre le dossier de son siège, le regard sur la jeune femme assise en face d’elle. Peut-être qu’elle s’en fout dans le fond. Qu’elle a oublié ou qu’elle lui en veut trop pour se réjouir de pareille nouvelle.

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Your metaphorical gin and juice
@Wesley Bishop  ☆ crédit/cxndycl0wn [/url]

Malgré tout, les retrouvailles semblent réellement sincères et c'est sûrement ce qui frappe le plus la jeune Sterling. A aucun moment elle n'aurait pu se douter que sa journée changerait ainsi. Que tout d'un coup, une vieille connaissance ferait le déplacement jusqu'au dispensaire pour un bout de tissu vieux de plusieurs années. Un bout de tissu qu'elle avait clairement oublié au fil des années et dont elle n'avait que faire maintenant. Même si oui, le geste était touchant et elle ne pouvait le nier. Elle était juste surprise que tout cela arrive maintenant, un peu comme par magie. Comme si c'était le moment ou jamais de retrouver Wesley. Comme si tout d'un coup, l'univers remettait les deux jeunes gens sur le même chemin. Seulement, elle ignorait complétement la raison de ce retour et elle n'aimait pas vraiment ça. Parce qu'elle avait véritablement souffert de sa relation avec le brun, parce qu'il n'avait pas été correct alors qu'elle tentait simplement de le mettre en garde vis-à-vis du mal qui le rongeait de l'intérieur. Olive, elle avait voulu être une bonne amie à l'époque, mais ça n’avait pas été suffisant. Alors pourquoi les choses seraient-elles différentes aujourd'hui? Elle n'en a pas la moindre idée, mais elle a hâte d'entendre la version de Wesley. Elle n'est pas en colère, ni contrarié de sa présence, simplement curieuse et sur la réserve également un peu. Parce qu'elle n'a pas envie de revivre les mêmes événements, elle n'a pas envie qu'on lui rappel que c'est une mauvaise amie et ainsi de suite. Parce qu'elle fait vraiment tout ce qui est en son pouvoir pour les autres Olive. Jamais elle n'a abandonné quelqu'un parce qu'il essayait d'aider. Elle tend la main à ceux qu'elle aime quitte à se faire battre en retour, malheureusement.

Aucune rancœur ne l'affecte pourtant et c'est avec un sourire léger qu'elle accepte les mots de son ancienne ami. Bien sûr, elle sait que ce ne sera jamais comme avant, et qu'il serait sûrement plus simple d'abandonner l'idée d'un avant. Cette relation est clairement dans le stade d'un après et c'est ok. Elle ne sait pas ce qu'il en ressortira, une fois qu'ils auront fait le tour de la question sans se sentir au pied du mur. Elle ne sait pas si ce sera bon ou mauvais, mais pour l'instant, elle a surtout besoin de réponse. Les mots restent pourtant bloquer dans son esprit, parce qu'elle ne veut pas le bousculer non-plus Wesley. Elle ne veut pas que finalement, il prenne ses jambes à son cou. Il est là, alors autant en profiter pour enfin entendre la vérité. Olive amène la tasse fumante à ses lèvres pour souffler dessus, pour permettre à ses mains de moins trembler, attendant la suite. « Oh ça n'a pas été très compliqué. » Olive écarquille les yeux, surprise de cette révélation. Est-ce qu'elle serait donc devenue un cliché certain? Pourtant, elle était certaine d'avoir garder correctement ses secrets.« J'ai seulement eu besoin d'interroger quelques connaissances que nous avions en commun. » Voilà qu'elle comprenait mieux d'un coup. « Oh, d'accord. » Elle ne demanda pas de qui il parlait par peur d'être vexée de la réponse. Cela voulait dire qu'il avait des relations avec ceux du passé, mais plus elle.

Finalement, Olive ne sait pas si c'est une réelle bonne idée que de partager cet instant avec Wesley. Elle n'arrive toujours pas à saisir les réelles intentions de sa venue au dispensaire aujourd'hui. Elle est complétement larguée alors que la café coule entre ses lèvres. Le silence s'installe et elle n'en est pas gênée plus que ça. Ce mutisme lui permet de réfléchir, à ce qu'elle pourrait lui demander en suite, à comment aborder la question ultime et ainsi de suite. Pourtant, c'est Wesley qui reprend la parole avant tout et ça la scotche quelque instant sur ce canapé effiloché. « Je suis pas vraiment venu pour te rendre ton bonnet. Ou ton écharpe. Je sais plus. » Les yeux se plissent comme pour mieux assimiler ce qui va suivre. « J'étais même pas sûr que c'était vraiment à toi. » Elle voit toujours pas où il veut en venir mais n'ose rien dire pour l'instant, préférant qu'il termine avant de le couper dans son élan. « Aujourd'hui c'est mon 147ème jour de sobriété. C'est ça que j'étais venu te dire. » La tête se penche alors qu'enfin les informations font un tour complet dans son esprit. « 147. Et bah. » Il avait donc fini par se prendre en main. Il avait donc réussi à tenir 147 jours sans une goutte d'alcool. Lui qui ne voulait pourtant rien entendre avant. C'était dingue. « Bravo Wesley, ce n'est pas rien j'imagine. » Cela devait même être un combat quotidien. Elle marqua une pause, humidifiant ses lèvres le temps de bloquer ce qui pourrait suivre avant d'y avoir bien réfléchi. « Mais pourquoi me le dire maintenant ? » Il n'était pas question de le mettre au pied du mur, seulement de comprendre pourquoi ça avait de l'importance au 147ème jour et pas au premier.

Your metaphorical gin and juice
 @Olive Sterling   ☆ crédit/cxndycl0wn

Il se rend quand même bien compte du fait qu'Olive ne semble pas tout à fait heureuse et détendue face à lui après ce très long silence. Et il ne peut évidemment pas le lui reprocher alors qu'il se sait coupable de tout ça. D'autant plus coupable, qu'il a quand même pris la fuite loin de cette amitié, alors que son but était bien de l'aider en appuyant sur une évidence qu'il refusait encore de voir à ce moment-là. Il n'était pas prêt à entendre pareille vérité. Pourtant, même s'il a mis tout ce temps à réagir, la réalité, c'est que ce sont ses mots à elle qui ont fini par faire leur petit effet dans son esprit. C'est d'ailleurs ce qu'il est venu partager avec elle aujourd'hui, même s'il ne sait pas du tout comment s'y prendre pour aborder le sujet qui reste un point sensible chez lui. Qui l'est plus encore alors qu'il a préféré lui tourner le dos plutôt que d'entendre raison à cette époque-là. Pour l'instant, il veut surtout comprendre comment il a fait pour la retrouver. Ce qui est une question tout à fait légitime. D'autant plus après ce long silence et le fait qu'ils aient cessé de se côtoyer pour de vrai. Il lui avoue sans vrai détour s'être simplement renseigné auprès d'anciennes connaissances qu'ils avaient en commun. Il admet surtout que ça n'a finalement pas été si compliqué que ça. Sans être certain que ce soit une si bonne nouvelle que ça pour elle. D’apprendre qu’il est relativement simple de la trouver. Même si la façon qu’il a eue de mener son enquête n’est finalement pas si surprenante que cela ... Du moins, dans son esprit.

Il finit quand même par réaliser que tout ça ne va les mener à rien du tout, s'il ne trouve pas le courage d'aborder le fameux sujet de conversation pour lequel il a vraiment fait le déplacement. Alors, c'est après quelques minutes de silence et d'hésitation qu'il reprend la parole pour admettre être venu pour une autre raison que celle qui l'a donné au premier abord. Cette histoire d'accessoire oublié chez lui, voilà quelques années déjà. L'expression sur son visage change instantanément et il ne sait pas si c'est une bonne chose ou non. Il se refuse quand même à reculer. Il se lance finalement à l'eau et débite plus de mots que nécessaire. 147 jours de sobriété. Elle ne semble pas sûre de la réaction qu'elle est supposée avoir et ça fait naître un petit sourire penaud sur les lèvres du tatoueur. Peut-être qu'il a trop tardé à réagir à ses mots de l'époque, pour que ça ait encore un vrai intérêt pour elle. Ou qu'il a trop tardé depuis qu'il a cessé de boire pour venir le lui annoncer. En tout cas, se libérer enfin de cette bonde ne le soulage finalement pas autant qu'il l'aurait imaginé et un peu espéré. Alors il s'enfonce un peu dans son siège, le regard maintenant perdu dans le liquide brun qui danse mollement dans son gobelet. L’air un peu paumé dans ses pensées, surtout. Parce qu’il tente de mettre celles-ci au point, sans en être tout à fait capable. Le sujet est encore difficile et peu clair dans son esprit.

Il ne relève pas tout de suite la tête non plus, quand elle l'interroge. En effet, pourquoi avoir attendu ce 147ème jour pour venir lui dire tout ça ? C'est quand même mieux que de lui demander carrément pourquoi il a éprouvé le besoin de venir le lui dire, tout court. Ce qui aurait pu être le signe qu'elle s'en fiche pas mal et ne comprend pas du tout l'intérêt de ce déplacement. « Tu veux dire ... Pourquoi au 147ème jour ? » Il hausse les épaules. « Au départ, je voulais faire ça au centième jour ... Parce que c'est un beau chiffre ... » Qu'il marmonne tout bas, en trouvant enfin le courage de ramener les yeux sur elle. « Mais je n'ai pas osé. » Confession enfin soufflée. Du moins un morceau de ses pensées sur le sujet. Il se sent idiot d'avoir mis autant de temps à faire le déplacement. « J'ai retrouvé l'écharpe y'a pas longtemps et il me semblait qu'elle était à toi. Alors je me suis dit que ça me faisait une bonne excuse et que je devais arrêter d'hésiter... » Alors il a foncé un peu sans réfléchir en fin de compte. Pas vraiment certain de l’accueil qu’elle pourrait lui réserver. Il aurait évidemment compris qu’elle ne veuille pas du tout le voir et l’invite à faire demi-tour. Il l’aurait bien mérité après la façon qu’il a eue de gérer sa remarque qui se voulait gentille et pour son bien.

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