the crowds in stands went wild
@Penny Stringer (crédit gif/dreamlonelywolf)

L’avantage d’être la coqueluche des petites vieilles (des petits vieux plus encore), c’est qu’ils vous suivent dans tous vos délires sans craindre l’humiliation ou l’embarras. C’est vrai, il a fallu que Jo bataille avec la direction de la maison de retraite St-Luke pour avoir gain de cause, mais rien ne lui fait peur, c’est connu. Ainsi, au terme d’une discussion houleuse avec la responsable mal embouchée de l’établissement, elle a joué sa carte la plus forte pour la faire céder : son compte en banque. Il n’est pas autant fourni que d’autres, elle a encore beaucoup de chemin à parcourir, c’est un fait… et pourtant, sa jolie petite gueule s’affiche partout dans les médias alors ça aussi, c’est vrai : c’est absolument tout ce qu’il faut pour que le peuple s’imagine qu’elle fait concurrence à Crésus et qu’elle a les moyens de prendre en charge une sortie imprévue dans le programme des activités de l’établissement. Et ça tombe bien au fond, parce qu’elle les a. Bingo ! Encore une partie de gagnée.

L’histoire, c’est qu’elle a entendu les amies de sa grand-mère se plaindre des activités moroses de la maison de retraite. De ce fait, elle a voulu leur faire plaisir pour marquer le coup ; les sortir un peu de leur quotidien pas très joyeux pour la plupart en cherchant de quoi leur mettre sous la dent (pour celles à qui il en reste, s’entend) et les plonger dans un univers différent de ce qu’elles connaissent. Elle s’est creusée les méninges, a missionné son assistante pour trouver un truc fun sur lequel misé parce qu’elle est occupée Jo, qu’elle prépare son départ imminent sur les routes pour les premières dates de cette tournée qu’elle redoute autant qu’elle a hâte de la voir arriver. Il se trouve que la providence a été de son côté, et qu’à défaut de pouvoir leur promettre monts et merveilles, aux copines de sa grand-mère, consciente de leurs capacités limitées à cause de leur grand âge, elle peut au moins leur faire découvrir un monde qui les ravira autant qu’il les laissera pantoises : celui du drag.

Et il faut les voir, elles sont putain d’heureuses d’être immergées dans cet univers, surtout que ça implique une partie de bingo que Jo leur a vendu comme celle de leur vie. Elle espère qu’elles vont s’en souvenir pour le petit reste de celle qu’elles ont encore devant elles — du moins, pour celle qui ont encore le luxe de pouvoir se souvenir. Tapie dans un petit coin d’ombre (définitivement pas dans ses habitudes, elle qui prenait si bien la lumière ), elle observe les membres de son petit squad de la soirée. Elles sont toutes magnifiques, sans exception, apprêtées comme lors de leur jeunesse, les fautes goût n’en étant que parce que leur style est daté et qu’elles tiennent à leurs petites habitudes, mine de rien. Jo a bien essayé de les faire mettre des faux-cils, elle a essayé de leur faire entendre qu’un petit contouring de leur ferait pas de mal et que le matte est le nouveau nacré, mais elle a laissé l’insistance au placard en préférant les complimenter sans se forcer, profondément inspirées par ces femmes qu’elle adore et qu’elle admire. Passons sur l’organisation que ça avait demandé de sortir ces vieilles dames de leur petit pavillon couvert par la maison de retraite : ça avait été un enfer, mais la finalité c’est, qu’accompagnées de quelques bénévoles de La Fondation Tomlinson que la direction a réquisitionnés par manque de personnel, tout a été mis en place pour que le projet de Jo se concrétise dans les règles de l’art. Ça la touche différemment que d’ordinaire, de voir les yeux brillants de vieilles dames émerveillées par les paillettes, mais surtout par la grandiloquence des intervenants drags que Jo encourageaient de loin entre les différents tirages, impressionnée par leur façon de mener un spectacle qui n’en était pas vraiment un, mais qui faisait drôlement bien illusion.

Elle déporte ses yeux de ce qui se passe au loin pour le poser sur une silhouette qui s’approche soudain d’elle "Tu sais, c’est marrant." Elle se recale doucement contre le coin de mur qu’elle occupe, les bras croisés sur sa poitrine qu’on devinait sans mal sous la transparence de son top pailleté. Accolée contre l’angle, sa tête s’inclina graduellement sur sa propre épaule, la neutralité de son air ne cadre pas avec l’idée qu’elle a un truc drôle à dire. Et en effet, c’est juste une réflexion qu’elle fait sans y songer tandis qu’elle observe Penny qui la rejoint "Je t’imaginais pas être aussi à l’aise dans un univers de ce genre." Ça part de de ce qu’elle connait d’elle, de ce qu’elle a entendu de la bouche de Micah à l’époque, de ce qu’elle a lu sur elle et sur sa petite vie parfaite et de la commisération dont elle fait preuve en donnant son temps à des associations, dont celle de leur ami en commun. Ce n’est pas un reproche, c’est une vraie et sincère constatation qu’elle prononce sur son ton usuel ; qui paraît empli de jugement, qui ne l’est pas. Ce n’est en fait que la façon dont elle s’exprime, c’est tout.

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@Jo Carter + Penny Stringer
lieu: défilé d'initation drag, brisbane pride festival (event)
crédit gif (c) harley

De toutes les activités que tu avais été amené à superviser et accompagner dans le cadre de tes fonctions de bénévoles pour la Fondation Tomlinson, tu devais admettre que celle d’aujourd’hui sortait grandement du lot. Jamais tu n’aurais cru voir venir le jour où l’association prêterait mains fortes pour une activité de Bingo Drague, mais tu devais avouer que tu aimais voir une génération plus vieille, connue pour ses jugements et ses pensées coincées dans un temps ancien s’ouvrir à la diversité et profiter des célébrations de la ville pour souligner la Pride. Sans trop savoir à quoi t’attendre, tu t’étais vêtue d’un corset rose pâle jumelé à un jean blanc sur lequel tu avais dessiner nombreux symboles de la fierté gay, en plus d’avoir changé ton traditionnel mum look pour quelque chose de plus prononcé, un maquillage aux couleurs arc-en-ciel, tout particulièrement autour des yeux et tes cheveux avec le triple de volume que tu ne leur en donnes normalement. Tes enfants t’avaient regardé avec curiosité lorsque tu t’étais préparée ce matin, Jude ayant même commenté comme quoi tu avais l’air ‘’différente’’ de d’habitude, et tu avais bien tenté de lui expliquer le pourquoi du comment, tes explications ne semblaient pas avoir touché le petit garçon qui avait finalement décidé de retourner à ses dinosaures et ses casse-têtes. Maia elle avait tenu à ce que tu lui fasses des lèvres aussi colorées que les tiennes (ses mots à elle, évidemment) et tu avais trouvé un vieux lip gloss avec lequel tu n’avais pas de mal à te départir que tu avais dessiné les lèvres de ta fille, qui avait été tout énervée de montrer le résultat à son père. C’était sans grande surprise que le tout s’était transformé en fashion show, Maia s’amusant à prendre les devants et à déguiser son petit frère et sa petite sœur, en plus d’utiliser Isaac comme cobaye vivant pour ses pratiques de maquillage. C’est un Isaac avec les mains pleines que tu avais laissé derrière, après qu’il t’ait assuré à de nombreuses reprises qu’il gérait la situation et de profiter de ta journée.

Tu es aussi ravie que rassurée de voir que les autres bénévoles présents se sont aussi prêtés au jeu, et cela semble avoir inspiré les résidents qui ont ressortis couleurs et paillettes de leur garde-robe. Le bonheur qui s’affiche sur le visage des résidentes était tel que tu as l’impression de les voir rajeunir sous tes yeux. Même certains hommes ont fourni un effort, enfilant leur plus bel habit d’antan pour accompagner les dames. Tu viens de faire une énième tournée, t’assurant que personne n’ait besoin de rien, lorsqu’une voix s’est élevée dans ta direction, attrapant ton attention. « Tu sais, c’est marrant. » Tu lèves la tête, croise le regard d’une jeune femme que tu ne connais que de prénom et de réputation, et tu te doutes que le contraire est tout aussi vrai. Tu sais que Jo est impliquée dans l’évènement d’aujourd’hui, son nom ayant été mentionné comme l’investigatrice de cette idée et tu es curieuse de te retrouver face à face avec elle pour la toute première fois. C’est étonnant d’ailleurs, quand tu y penses bien, que ça ait pris tout ce temps avant que le moment ne se présente, et jamais tu n’aurais cru que ce serait au sein de telles circonstances. Tu t’approches d’elle, elle qui se tapie dans un coin de la salle, loin de cette âme grandiose que tu avais passé plusieurs années à imaginer, et hausses légèrement les sourcils alors que sa voix s’élève à nouveau entre vous deux. « Je t’imaginais pas être aussi à l’aise dans un univers de ce genre? » « Un univers de ce genre? Tu parles du drague ou des retraités? » que tu commentes, un sourire amusé sur les lèvres. Elle est plus petite que tu ne te l’étais imaginée, et si tu es loin d’avoir le monopole de la grandeur, tu as tout de même une demi-tête de plus qu’elle, sûrement un peu aidé par les talons dans tes pieds. Mais elle ne semble pas le moins du monde intimidée la chanteuse, quand elle continue de te dévisager et que tu ne te gênes pas vraiment pour en faire de même. « C’est tout de même étonnant qu’après tout ce temps, ce soit ici qu’on se rencontre pour la toute première fois. » Vous avez sans doute été vues dans de mêmes évènements par le passé, mais jamais assez longtemps pour qu’une interaction ne prenne place entre elle et toi. « Mais probablement pas aussi étonnant que d’apprendre que tu es derrière l’activité d’aujourd’hui. Je ne savais pas que tu étais aussi impliquée dans la Fondation. » Ou du moins, c’est ce que tu assumes sans connaître le moindre détail, si ce n’est son amitié – ou ce que les médias en disent du moins – avec ton ex petit-ami, Micah.

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@Penny Stringer (crédit gif/dreamlonelywolf)

Elle a du répondant Penny. Jo n’en a jamais douté. Elle connait bien Micah, elle sait qu’il lui faut quelqu’un avec de l’esprit pour lui tenir tête. Rien qu’avec ça, elle a toujours jugé que la jeune femme devait être plus robuste qu’elle en avait l’air. Elle est toujours restée loin d’elle, et ce sans faire de gros efforts, puisqu’elles mènent des vies différentes, et qu’au-delà des quelques évènements auxquelles elles ont certainement participé toutes les deux sans jamais le savoir, Jo n’a jamais ressenti le besoin viscéral de faire la connaissance de l’actrice. Elle a entendu parler d’elle au travers de ce que Micah lui a dit, raconté, et parce qu’elle est plutôt douée pour l’indifférence, elle n’a jamais cherché à fouiner pour en apprendre plus sur son sujet ; elle la connait de loin, ça lui suffit. C’est donc plutôt facile d’émettre des jugements et autres suppositions à son sujet. Comme pour l’indifférence, Jo est à un talent particulier pour ça : elle juge à tout va, ça lui donne souvent le sentiment d’être mieux que tout le monde, et une partie d’elle y croit dur comme fer, même quand la vérité est loin d’être aussi évidente. Aujourd’hui, elle n’a pas de jugements spécifiques à accoler à la présence de Penny, elle s’étonne juste de la voir ici bien qu’elle a su à un moment donné qu’elle faisait partie de l’escouade des bénévoles de La Fondation. Ça, ça ne l’étonne pas davantage, elle a un air à faire des bonnes actions. Ce qui l’étonne plus en revanche, c’est l’aise qu’elle démontre à papillonner au milieu de l’univers dans lequel tous ont mis les pieds.

"Je parle du drag." Forcément, les retraités semblent l’adorer "Sans vouloir te vexer, t’as plus l’air d’aimer les activités manuelles et les sorties au parc que les blagues salaces et les shows extravagants." Ça, elle le base sur ce qu’elle sait de sa vie privée et sur ce que ça inspire à Micah que l’une de ses ex soit si heureuse en ménage. Brièvement, elle se demande si ça le dérange autant avec Penny que ça semble le déranger avec elle, réalise au fond qu’elle n’a pas envie de le savoir, que c’est son problème. Elle reste accolée à son angle de mur, fixe sur la jeune femme un regard scrutateur "Ton corset est super beau." Elle commente, et là, tandis que ses yeux glissent de son buste à ses jambes, elle juge l’effet un peu cheap que donnent les ajouts de symboles sur son pantalon laiteux. Mais elle n’en dit rien, et se reconcentre sur ce qu’elle ajoute "Ouais, on a des emplois du temps chargés. Surtout toi, il paraît." Elle marque une très courte pause, incline la tête sur le côté quand elle pose la question qui suit "T’as combien d’enfants déjà ? Une demi-douzaine ?" Elle plaisante, un sourire en biais s’esquissant doucement. Ou peut-être qu’elle vise juste. Il lui semble avoir vu passer des photos d’elle sur son feed Insta avec un polichinelle dans le tiroir plus de fois que la décence l’autorise par les temps qui courent. Elle juge à peine à ce sujet, chacune a bien le droit de faire ce qu'elle veut de son utérus. Tant qu’on ne s’intéresse pas au sien, elle laisse le reste du monde repeupler la planète ; elle se garde juste le droit de trouver les gamins des autres hideux et malpolis, et c’est déjà pas mal.

Le bout de sa langue creuse l’une de ses dents du fond et un nouveau sourire — un vrai — fend sa bouche aux derniers mots de Penny "J’ai pas eu l’occasion de m’impliquer plus que ça jusque-là." Elle jette un coup d’oeil par-dessus l’épaule de la blonde, surveille plus sa grand-mère que les autres membres de leur escapade de la soirée "Mais je comprends que ça t’étonne. Ça colle pas à l’image que je renvoie, hm ?" Et pourtant, elle a passé six ans a donner de son temps à la maison de retraite où les copines de sa grand-mère crèchent à organiser des bingos et à chantonner des vieux standards pour les mamies et papys nostalgiques de leur jeunesse. Elle ne s’en vante pas, ce n’est pas un exploit : ça lui a toujours paru normal de le faire durant tout ce temps-là, et elle ne le regrette pas, pas même un peu. Maintenant, les choses sont un peu différentes, et elle manque de temps, mais lorsque Micah lui a parlé de La Fondation, elle n’a pas boudé sa proposition d’être une ambassadrice de marque pour faire parler de son initiative. C’est plutôt intelligent, il a eu le temps de se figurer des bons outils pour générer de l’intérêt autour de ses projets, et parce que la cause est importante pour Jo, pour Ava, elle n’a pas hésité : ils sont deux à utiliser leur amitié pour leur intérêt personnel. Qu’en est-il de Penny ? "C’est Micah qui t’a fait adhérer à la cause ? Ou c’est le hasard si tu donnes ton temps à une asso qui porte son nom ?" Elle ne dépasse aucune limite en lui posant la question, elle est juste curieuse de connaître les tenants et les aboutissants autour de son implication. Elle évite d’ajouter qu’elle ignorait qu’ils étaient de nouveau en contact, estime finalement qu’elle s’en fout et que, comme beaucoup d’autres choses, ce ne sont pas ses oignons.

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@Jo Carter + Penny Stringer
lieu: défilé d'initation drag, brisbane pride festival (event)
crédit gif (c) harley

« Je parle du drag. » Tu t’en doutais, mais tu fais tout de même une moue devant elle. Tu es consciente de ta réputation de bonne fille, de celle qui ne dit jamais un mot plus haut que l’autre, qui ne sort pas dans les mauvais endroits, qui ne fait jamais rien pour créer commotions où que ce soit. Une réputation bien à l’opposé de celle de la chanteuse, du caractère qui émanait d’elle, même dans ce contexte dédié à la simplicité volontaire, si on oublie le thème derrière évidemment. « Sans vouloir te vexer, t’as plus l’air d’aimer les activités manuelles et les sorties au parc que les blagues salaces et les shows extravagants. » « Pourquoi pas les deux? » Tu ne nies pas que ton quotidien est bien plus rempli de sorties au parc en tout genre, souvent avec deux, trois ou quatre enfants derrière toi, mais ce n’est pas parce que tu es une mère désormais que tu en oublies complètement la femme que tu es, que tu étais du moins, avant que tu ne donnes naissance à Maia. Oui, tu as eu tes moments de doutes, où tu avais l’impression d’avoir perdu complètement cette connexion avec ce qui créait la Penny d’autrefois, mais depuis que tu sortais de ton rôle de mère au foyer, tu retrouvais des bribes de toi, de ta personnalité, de morceaux que tu tenais à préserver précieusement, sans vouloir faire ombre à celle que tu étais devenue.

« Ton corset est super beau. » Ton regard descend sur ce dernier, heureuse qu’il laisse une impression sur la chanteuse. « Merci. J’ai pas souvent l’occasion de le mettre. » Ce n’est pas exactement un look de maison, ni de travail et tes sorties sont limitées, bien choisies et tu ne regrettes pas d’avoir ajouté cette journée à ton agenda. « Ouais, on a des emplois du temps chargé. Surtout toi, il paraît. T’as combien d’enfants déjà? Une demi-douzaine? » Tu ne pourrais pas retenir le rire choqué qui s’échappe de tes lèvres même si tu essayais. Tu avais l’habitude de lire des commentaires du genre sur les réseaux sociaux, mais de l’entendre directement dans la bouche de quelqu’un qui n’avait pas peur de te regarder en face avait un léger effet choc. « Presque. J’en ai trois, et on s’occupe du premier fils de mon conjoint à temps plein. » Ça faisait beaucoup, beaucoup d’informations surtout que Jo ne cherchait peut-être pas à savoir, mais puisqu’elle avait posé la question sur ta famille, tu allais lui répondre sans gêne. « Je te montre des photos et tu fais semblant d’être intéressée, ou on passe au prochain sujet? » Tu en as mille et une, des anecdotes à raconter sur tes enfants, et normalement, tu n’hésiterais pas à te lancer en long et en large dans le sujet, mais quelque chose te dit que Jo s’ennuierait assez rapidement à t’entendre parler de ta progéniture et tu ne ferais que renforcer l’image beige qu’elle semble déjà se faire de ta personne.

« J’ai pas eu l’occasion de m’impliquer plus que ça jusque-là. » Du peu que tu en sais, tu es surprise que son horaire le lui permette d’être là même aujourd’hui. Son regard s’attarde sur un petit groupe des retraités, et tu le suis par curiosité, avant que son attention ne se reporte sur ta personne. « Mais je comprends que ça t’étonne. Ça colle pas à l’image que je renvoie, hm? » « Je pense que je suis bien placée pour savoir que souvent, there is more than meet the eye. » Penny la coincée, Jo la dévergondée. C’est réducteur, tellement loin d’envelopper qui vous êtes réellement, alors si tu ne caches pas ta surprise de la voir ici, tu sais qu’il y a sûrement plus sur elle que l’image qu’elle s’efforce à démontrer dans les médias. Du moins, c’est toujours l’impression qu’elle t’a donnée, Jo. De loin, tu as toujours cru qu’elle se plaisait des scandales qui entourent son nom, mais tu sais qu’une image est si facilement créée, une façade souvent nécessaire dans un monde aussi cruel que celui du show business. « C’est l’évènement drag qui t’a donné envie de t’impliquer du coup? » Tu es décidée à utiliser cette rencontre pour te faire ta propre idée, peut-être même te défaire des stéréotypes préconçus que tu lui attribues depuis longtemps. « C’est Micah qui t’a fait adhérer à la cause? Ou c’est le hasard si tu donnes ton temps à une asso qui porte son nom? » Tu hausses les épaules. « Ce n'est pas un hasard, mais Micah n’a rien forcé. C’est moi qui lui ai proposé. » Et tu ne regrettais en rien cette proposition qui s’était transformée en une opportunité de travail que tu chérissais. « J’ai longtemps fait du bénévolat dans diverses associations avant d’avoir mes enfants. J’avais arrêté quand je suis tombée enceinte de Maia, mais après deux ans à temps plein dans les couches, j’avais besoin de faire autre chose. » Tu échappes un rire. « J’aide pas ma cause de te prouver que je suis plus qu’une fille beige, pas vrai? » Tu hausses les épaules, légèrement révolue. Peut-être bien que tu n’as d’autres choix que de te rendre à l’évidence : tes folles années sont bien loin derrière toi.

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@Penny Stringer (crédit gif/dreamlonelywolf)

"Quoi ? T’es en train d’essayer de me dire qu’il y a une vilaine fille qui sommeille en la si sage Penny Stringer ?" Elle imite les petites vieilles qui apprennent par hasard que leurs petits-enfants fument, boivent et font autre chose que des parties Scrabble quand ils invitent leurs amis dans leur chambre où la porte reste fermée pendant des heures, et pose une main aux doigts écartés sur le haut de sa poitrine subtilement visible sous le top ajouré qu’elle a choisi de porter pour la soirée. Et l’illusion est parfaite, elle a l’air authentiquement choquée, sûre d’en apprendre une bonne, du genre qu’elle n’aurait jamais pu deviner. Elle ne connait pas personnellement Penny, c’est facile de se fier aux apparences qu’elle laisse entrevoir, encore plus de se fier à l’image que la presse lui a toujours donnée et qui entre en totale contradiction avec celle que Jo, elle, a gagné en étant une vraie vilaine fille. Elle prendra le temps de trouver ça injuste plus tard, lorsqu’elle réalisera que ça l’emmerde profondément que les gens fassent la même chose la concernant. En attendant, la chanteuse est adepte de la poutre plus grosse que la paille dans l’oeil du voisin : tant que ça sert ses intérêts, elle exploite le filon du sarcasme jusqu’à se faire acculer et appuie sur le nerf sensible sans démontrer autre chose qu’une volonté farouche d’enquiquiner le monde entier. Ça reste très bon enfant ici, elle n’a absolument rien contre Penny.

"Hm, j’imagine que ça fait pas bon genre de se ramener en corset rose pimpant à la crèche." Où toutes les mal baisées du coin regrettent leurs choix de vie quand elles se rendent compte qu’elles ont de la purée de carotte séchées sur un pull qu’elles portent depuis quinze jours sur le dos "Les mamans sont des salopes entre elles, de ce que j’ai entendu dire." Entre les mamans parfaites et les autres, il y a tout un fossé que Jo préfère observer de loin pour l’heure. Penny, elle est en plein dedans, comme Jo le constate en récoltant le nombre exacte de microbes qu’elle a sous son toit. Si ça la fait grimacer intérieurement, elle se contente de lever ses deux mains devant elle pour retenir la possible initiative d’une maman fière de ses rejetons. Elle fait bien étant donné que Penny parle de photos juste après. Elle l’a senti venir, ça lui fait dire "C’est à tes risques et périls, mais je compte pas faire semblant de pas les trouver hideux." Il n’y a que Posy qu’elle trouve ridiculement mignonne. C’est franchement pas très objectif, mais est-ce qu’elle a besoin de se justifier à ce sujet ? Absolument pas, d'autant que la gamine de Midas n’existe pas aux yeux du monde. Enfin, pas sous ce statut en tout cas "Je comprends pourquoi tu te tiens loin des plateaux, ça doit demander du temps et de l’énergie, ces petites bêtes." Elle ne demande pas leur âge, elle s’en cogne un peu. Un enfant en bas âge reste un enfant en bas âge. Ça chiale et ça bave, c’est tout ce sur quoi elle base son refus d’en savoir davantage.

Elles continuent leurs conversations pourtant, et le sujet dérive juste assez pour qu’un léger sourire fende les lèvres de Jo qui dévisage Penny sans intention particulière, juste parce que c’est ce qu’elle fait : regarder les gens dans les yeux. Elle opine doucement quand le fil rouge de ses pensées se manifeste sous la parole de Penny qui rejète l’idée de mal la juger sur les apparences, et répond à sa question suivante en réfléchissant brièvement "Pas vraiment, non." Elle continue, son regard restant dans celui de la jeune femme "J’ai entendu les copines de ma grand-mère râler au sujet du peu d’activités fun qu’on leur propose ces derniers temps à St-Luke, alors j’ai essayé de trouver un truc qui les sortirait de leur routine pour une fois. J’ai un peu de temps devant moi avant de partir en tournée, j’ai sauté sur l’occasion pour faire ma BA de l’année." Putain, c’est qu’elle est à la limite de pouvoir rivaliser avec Mère Teresa. Evidemment, ça n’a rien à voir avec le fait qu’elle a un karma de merde à dorloter "Je crois que j’ai bien fait, sans vouloir me vanter. Elles ont l’air d’aimer." D’un coup de menton, elle désigne la tablée des vieilles dames qui, hilares, semblent effectivement apprécier le moment. Ça fait sourire Jo un peu plus, se repositionner contre le mur à l’instant où c’est au tour de Penny de répondre à ses interrogations "C’est sympa de ta part. C’est un truc qui lui tient à coeur." A Micah. L’association portant le nom de son père. C’est le moins que Jo puisse dire : ça prend même une importance capitale dans son existence ces derniers temps, et pas uniquement parce que le scandale de sa mandale collée à Midas lui a coûté sa réputation "C’est joli, Maia." Elle commente sans y penser, écoutant l’explication de Penny sans douter une seconde au fond qu’elle soit impliquée dans La Fondation pour les bonnes raisons, et laisse un léger rire lui échapper quand elle termine "Ouais, mais sois pas désolée, il en faut des gentils comme toi." Ça lui fait penser à quelque chose "Merci, au fait." Ce lui semblera sans doute sorti de nulle part, ainsi elle explicite "Je sais que tu fais un saut de temps en temps à la maison pour passer du temps avec ma grand-mère. C’est ton rôle en tant que bénévole, mais ça me dispense pas de te remercier quand même, alors…" Alors merci, elle ne le répète pas, elle se contente de laisser un léger silence s’installer là, entre elles, le temps que la jeune femme en face d’elle sache quoi faire de ce qu’elle vient de lui donner là.

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@Jo Carter + Penny Stringer
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crédit gif (c) harley

« Quoi? T’es en train de me dire qu’il y a une vilaine fille qui sommeille en la si sage Penny Stringer? » Tu hausses les épaules, l’air de dire que tout est possible même si franchement, tu es toi-même bien peu convaincue de cette possibilité. Est-ce qu’il fallait être vilaine pour savoir apprécier le monde du drag? Probablement pas. Peut-être un peu wild, chose que tu n’étais plus certaine d’avoir en toi depuis quelques années maintenant, mais que tu aimerais retrouver, si jamais l’occasion devait se présenter. Ce n’est certainement pas ici que l’occasion allait se présenter à toi, même si tu pouvais te permettre un peu de lousse avec ton style vestimentaire, chose que tu ne pus t’empêcher de mentionner à la chanteuse. « Hm, j’imagine que ça fait pas bon genre de se ramener en corset rose pimpant à la crèche. » « Disons que ça ferait jaser d’une manière que j’essaye d’éviter. » Déjà que tu avais l’impression de passer sous l’inspection constante des autres mères, qui ne se gênaient pas de te rappeler que d’un côté, tu n’avais pas un métier conventionnel (pour ce qu’elles en savaient, de toute manière) en plus d’inévitablement juger les âges considérés trop rapprochés de tes enfants, comme si tu n’étais pas toi-même au courant de comment on fait des enfants et du maigre écart entre Maia et les jumeaux. « Les mamans sont des salopes entre elles, de ce que j’ai entendu. » Tu ne devrais pas te surprendre des jugements si crus de la jeune femme, elle montrait simplement que parfois, les rumeurs dites sur quelqu’un n’étaient pas toutes fausses et pourtant, chaque fois qu’elle te choquait (tu étais sur le point de faire un compte à la minute, à ce rythme-là) tu ne pouvais t’empêcher de t’esclaffer de rire. « C’est pas faux. Et elles sont pas particulièrement accueillantes quand tu vis pas exactement dans les mêmes cercles qu’elles. » Alors tu n’étais plus certaine d’avoir ta place dans le monde du cinéma, et certaine de ne pas avoir ta place auprès des mères qui passaient son temps à te juger, quand elles n’étaient pas trop occupées à se juger entre elles. Les mondes pas si différents l’un de l’autre, finalement. « C’est à tes risques et périls, mais je compte pas faire semblant de pas les trouver hideux. » « Quelque chose me dit que faire semblant, c’est pas quelque chose que tu fais souvent. » Et tu ne pouvais que l’admirer pour cela, malgré les commentaires parfois brusques et peut-être un peu déplacés. Au moins, tu n’avais pas à te demander si tu allais avoir l’heure juste avec Jo et ça, c’était drôlement rafraîchissant. « Je comprends pourquoi tu te tiens loin des plateaux, ça doit demander du temps et de l’énergie, ces petites bêtes. » « J’envisage un comeback, mais j’attends que les jumeaux vieillissent un peu. » Et surtout que tu reprennes assez de confiance en toi-même pour être capable de faire face à un monde qui se veut de plus en plus brutal, à tenter de donner son opinion sur un tout et sur un rien, en se foutant bien de qui ils peuvent blesser sur leur passage.

Elle te questionne sur ton implication au sein de la fondation, tu lui renvoies la balle avec curiosité, savoir ce qui peut bien avoir piquer assez son intérêt pour qu’elle se présente ici aujourd’hui. « Pas vraiment, non. J’ai entendu les copines de ma grand-mère râler au sujet du peu d’activités fun qu’on leur propose ces derniers temps à St-Luke, alors j’ai essayé de trouver un truc qui les sortirait de leur routine pour une fois. J’ai un peu de temps devant moi avant de partir en tournée, j’ai sauté sur l’occasion pour faire ma BA de l’année. » Tu n’avais pas le fait lien jusqu’à maintenant, et sûrement que tu aurais dû, vu les histoires que tu as entendu, la ressemblance entre elles et le fait qu’elles portent le même nom de famille. « Ava Carter est ta grand-mère. » Ce n’est pas une question, plutôt une réalisation. « Je crois que j’ai bien fait, sans vouloir me vanter. Elles ont l’air d’aimer. » « Je crois que tu peux te vanter sur ce coup-là. Le changement a vraiment l’air de leur faire du bien. » Et si on ne pouvait pas compter sur le fait qu’elles allaient garder des souvenirs forts sur le moment, tu espérais que la légèreté du moment persisterait quand le brouillard viendrait voler leurs souvenirs, que la joie qu’elles dégageaient présentement durerait plus longtemps, qu’importe ce qu’elles gardent en tête. « Alors dis-moi, c’était comment de grandir avec Ava Carter comme grand-mère? » que tu lui demandes curieuse. Tu en avais entendu des histoires de la part de la vieille dame, mais tu étais plus qu’intéressée de savoir si ces dernières concordaient avec les souvenirs de la chanteuse, et surtout, comment elle, elle avait vécu ça de son côté. « C’est sympa de ta part. C’est un truc qui lui tient à cœur. » « C’est la moindre des choses. » Avec ton expérience dans le domaine du bénévolat, ton temps libre et ton âme charitable de nature, il avait été simplement normal pour toi d’offrir tes services au Tomlinson. C’était ta façon à toi d’être présente pour lui, même si tu doutais parfois que ce ne soit jamais assez.

« C’est joli, Maia. » Tu lèves les yeux vers Jo, surprise par le commentaire lancé de manière aléatoire. « Assez joli pour vouloir voir une photo d’elle? » que tu tentes avec humour, avant de balayer les mains légèrement devant elle. « Je plaisante, je plaisante. C’est gentil, on avait eu un coup de cœur pour le prénom. » Exactement comme ça avait été le cas pour Mila, alors que Jack lui, avait hérité du prénom de ton père. Plus tu parles, plus tu réalises que la vilaine Penny n’est vraiment plus si vilaine que ça, qu’elle n’a peut-être jamais été vraiment si vilaine que ça finalement. « Ouais, mais sois pas désolée, il en faut des gentils comme ça. » Des gentils, pas des ennuyants. Du moins, c’est comme ça que tu te convaincs que c’est ok, un léger sourire sur les lèvres alors que tu observes avec amusement les dames qui ricanent comme tu ne les as jamais entendu rire, s’amusant de la prestation/bingo que leur offre cet évènement hors du commun. « Merci, au fait. » Tu te retournes vers Jo, l’air songeuse, incertaine de savoir pourquoi elle te remercie. « Je sais que tu fais un saut de temps en temps pour passer du temps avec ma grand-mère. C’est ton rôle en tant que bénévole, mais ça me dispense pas de te remercier quand même, alors… » Tu viens poser une main sur l’avant-bras de Jo, toi qui es si naturellement portée à vouloir toucher les gens, tu ne réalises pas que le mouvement est peut-être non-désiré de la part de la chanteuse. « C’est vraiment pas nécessaire. Honnêtement, je le fais plus pour moi que pour eux. » que tu ajoutes avec un léger rire, parce que c’est vrai. Tu le fais parce que tu as besoin de sortir de chez toi, de te sentir utile, d’être plus que Penny la maman, même si Penny la bénévole, c’est loin d’être aussi scandaleux que ce que peut vivre la jeune Carter. « Alors tu pars en tournée, c’est ça? Australienne ou ailleurs? » que tu lui demandes, curieuse. Qu’elle te fasse rêver un peu avec sa vie de star, il y a longtemps que tu as mis la tienne de côté.

the crowds in stands went wild
@Penny Stringer (crédit gif/dreamlonelywolf)

Le monde merveilleux de la maternité, Jo préfère ne pas le connaître pour l’heure. Elle laisse ça aux masochistes qui n’ont rien de mieux à foutre, vu qu’elle, elle a une industrie à conquérir et un monde entier à faire chavirer. Ils ont eu cette conversation avec Midas à son retour d’Ibiza — le mariage, les enfants, elle n’a pas encore soulevé l’idée du chat dont elle rêve en secret, mais ça ne saurait tarder. Elle envisagera sans doute un jour de faire comme Megan et de vouloir réparer son enfant intérieur en donnant tout son amour à celui qu’ils auront peut-être un jour — d’enfant, pas de chat —, mais dans l’immédiat merci, mais non merci. D’autant qu’à entendre Penny parler, c’est franchement une tannée de devoir graviter autour de connasses qui se croient mieux que tout le monde parce que leurs gosses mangent proprement, à croire que c’est le seul accomplissement qui compte dans leur vie chiante à crever. Elle lui fait, convaincue "Raison de plus pour pas vouloir y foutre un pied, dans ce cercle." Elle enchaîne presque sans respirer "Tu veux que je te dise ? Tu mérites sans doute mieux que de tenir des conversations avec ces mal baisées, de toute façon." Elle en est sûre, ça ne fait pas un pli. Penny a côtoyé les sommets, elle sait très bien qu’il y a plus exaltant dans la vie que d’essuyer de la bave sur un menton. Enfin, dans le meilleur des cas, elle préfère largement passer sur le côté atrocement scabreux de la parentalité, ew "Est-ce que c’est une critique ?" Dans la foulée de leur conversation, elle rebondit sur la remarque de Penny au sujet de l’honnêteté que Jo démontre, pas disposée à mentir pour préserver la sensibilité des autres. Elle devrait s’y contraindre, après tout, elle réussit plutôt très bien à faire semblant pour préserver sa propre sensibilité, mais quand il s’agit de débiter des paroles qui ne la touchent pas à proprement parlé, elle est nettement plus prolixe et facétieuse, en plus de ça. Ce n’est pas souvent méchant, c’est au pire des cas un peu mesquin, mais qui n’aime pas une bonne peste ? Son fond est pur, ses intentions le sont encore plus, c’est ce qu’il faut retenir ; elle ne s’excuse que quand elle réalise qu’elle blesse vraiment, autrement, c’est aux autres de composer avec son tempérament, et puisqu’elle a une armada qui lui collent aux fesses, elle ne doit pas être si pire que ça au fond "Quand tu dis que t’attends qu’ils vieillissent un peu, tu penses à leur majorité ?" Penny pense-t-elle vraiment pouvoir revenir sur le devant de la scène aussi facilement quand l’industrie dans laquelle elle a fait son trou se base sur le principe de la jeunesse éternelle ? Tout se renouvèle vite, et les vieilles actrices sont bien vite remplacées par de la chair fraîche. Est-elle prête à mettre sa carrière autant en perdition pour s’occuper de ses enfants ? Ça la fascine, Jo. Elle ne sait pas si elle serait capable de le faire étant donné le succès qui la guette. Sauf qu’elle oublie qu’elle l’a fait pour sa grand-mère, comme quoi elle est la première à revendiquer ses défauts, mais ce n’est pas vraiment la même chose lorsqu’il s’agit de ses qualités. Bref, ça l’interroge en silence tandis que leur dialogue perdure, et qu’elles dérivent.

Elle rit à la réalisation de Penny "Ava Carter est ma grand-mère, ouais." Elle le répète avec fierté, le sourire qu’elle laisse entrevoir n’étant jamais plus sincère que lorsqu’elle se vante d’être affiliée à une femme extraordinaire comme l’est sa grand-mère. Un instant, elle se perd dans sa contemplation à distance, hoche la tête lorsque Penny confirme qu’elle a bien eu fait de proposer une activité pareille aux copines de nana, et recentre son intention sur le visage de la jeune femme lorsqu’elle lui pose une question qui lui fait adorablement froncer le nez. Elle lui avoue "J’ai pas vraiment grandi avec elle tu sais. Elle a vécu une bonne partie de sa vie aux Etats-Unis, on se voyait pas beaucoup quand j’étais petite." Pour son travail d’habilleuse de cinéma, c’est là-bas qu’Ava vivait ; avec son grand-père, ils se sont exportés pour de bon en Australie que très tard dans leur vie finalement, la maison dans laquelle Ava vit toujours aujourd’hui étant restée vide de nombreuses années avant qu’ils ne décident de prendre leur retraite ici. Ça a permis à Jo de passer des vacances avec eux, de courir dans les rues qu’elle connait par coeur aujourd’hui, et d’aller acheter des disques au disquaire qu’elle a racheté l’an dernier pour Midas, en ressentant une certaine satisfaction à l’idée de rentrer dans un endroit où le danger n’existe pas. Un léger sourire flotte sur son visage, elle ajoute après un instant "On s’est bien rattrapées depuis, alors je dirais que c’est la meilleure chose qui me soit arrivée, de l’avoir comme grand-mère." Vraiment, elle le pense avec émotion — ne la montre pas, plus qu’apte à prendre sur elle, même quand elle ajoute, ses traits se parant d’un doux voile de tristesse "J’aurais bien aimé que tu la connaisses quand elle avait encore toute sa mémoire. Elle t’aurait raconté des histoires sur les acteurs qu’elle a habillé sans passer sur les détails, elle a toujours adoré les ragots." Ça pour les adorer, elle en a diffusé quelques-uns par pur plaisir de contrarier les divas qui la malmenait sans savoir qu’elle en avait sous la semelle, et qu’Ava Carter n’est pas femme à se laisser marcher sur les pieds. Ça la fait rire doucement d’y penser.

Elle roule des yeux, mais elle sourit, le fente de ses lèvres s’esquissant en demi-lune, et refuse sans le dire de voir des photos des enfants de Penny dont l’un des prénoms fait chanter ses oreilles. Elle est obstinée, elle ne lâchera rien sous le prétexte que ça se fait, de s’extasier sur la bouille crasseuse des enfants des autres, et alors qu’elle termine de remercier Penny, revenant un instant sur sa grand-mère dont la jeune femme s’occupe de temps à autre, elle remarque qu’elle semble gênée. En tout cas, Jo l’est un peu quand elle pose sa main sur son avant-bras, pas friande des marques d’affection de ce type qu’elle prend souvent pour de la pitié, et s’y dérobe sans brusquerie, faisant mine de se frotter les bras en sautant sur la perche qu’elle lui tend, la questionnant sur sa tournée "Australienne pour commencer. J’ai quelques dates de prévues en Europe aussi, mais c’est pour après." Pas aux Etats-Unis, ça, ce sera pour le prochain album, sans doute, sa maison de disques regrettant déjà d’avoir sous-estimé la portée de sa musique qui marche bien, très bien. Elle poursuit "Si ça te dit, t'as qu’à venir me voir. T’auras droit au traitement VIP, c’est ce que t’es, non ?" lui rappelle-t-elle, déterminée à ce que la maman parfaite qu’elle semble être devenue n’oublie pas un instant la star qu’elle a été.