The ideal and the reality don’t always match up

@Maxwell Eames octobre 2009 - devant chez Maxwell
tw : enterrement, mort, alcoolisme
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Les recherches intensives d'Andréa ont porté leurs fruits : l'adresse de Maxwell est en sa possession. Leur mère est décédée depuis un mois et elle n'a aucune nouvelle de son frère aîné, qui a pourtant été convié aux funérailles. Andréa l'a attendu, attendu, attendu, sans jamais apercevoir sa silhouette parmi les quelques personnes présentes. C'était un enterrement triste, peu de monde s'était pointé pour accorder une dernière pensée à cette femme dépressive malgré les années passées loin de son mari violent. Mais le plus important à ses yeux, c'est l'absence de Maxwell. La jeune femme ne peut pas concevoir que son frère soit absent, pas là. Qu'il ne daigne pas faire acte de sa présence lorsqu'elle était encore en vie pour l'aider financièrement, c'était un choix qu'elle était à même de respecter (même si elle ne lui donnait pas raison). Mais ne pas venir lui dire au revoir sur son lit de mort, c'est rude. Il s'agissait là d'une dernière occasion de la revoir, avant qu'elle ne serve de repas aux asticots. Dès le lendemain, Andréa s'était mis en quête de trouver l'adresse de son frère pour comprendre par elle-même la cause de cette absence : n'avait-il pas reçu l'information ? n'était-il finalement pas au courant de sa mort ? avait-il eu un empêchement de dernière minute ? De ce qu'Andréa a compris, Maxwell est occupé par sa carrière dans la justice... sauf qu'à ses yeux, aucune de ces raisons n'est acceptable. Après avoir descendu la fin de sa bouteille de vin blanc, Andréa s'est mis en route pour l'adresse trouvée. Par chance, Emy est chez Yasmin parce que sa meilleure amie a rapidement compris qu'elle ne pourrait pas assurer totalement avec sa fille après ce tragique événement. Par chance, Andréa ne percute aucune voiture sur le trajet avec ses 1,5g d'alcool dans le sang. Elle est ivre, désespérée, désappointée. En chemin, elle se rend compte que ça fait des années qu'elle n'a pas vu Maxwell, et qu'elle s'apprête à le revoir. Dans d'autres circonstances, elle aurait pu être contente de cette idée. Mais aujourd'hui, elle redoute de confirmer ce qu'elle sait déjà : il s'en fiche d'elle et de leur mère. L'alcool la pousse néanmoins à sortir de sa voiture lorsqu'elle est arrivée à destination et à appuyer frénétiquement contre la sonnette, sans même se laisser le temps de prendre une profonde respiration ou même de réfléchir un instant aux premiers mots qu'elle prononcera en le voyant. Elle laisse simplement son doigt jouer sur le bouton, dans l'attente d'apercevoir un signe de vie de la personne qu'elle a longtemps mis sur un piédestal, lorsqu'il essayait de la protéger de la violence de son père. La porte s'ouvre et elle fige son regard aux pupilles dilatées dans celui de Maxwell. Il la regarde durement, une première fêlure fait craquer son cœur de petite sœur. « T'as pas eu mon message ? » Parce qu'à part cette excuse, elle n'est prête à rien entendre d'autres. Alors elle lâche cette bombe, avec les larmes aux yeux. « Maman est morte. LOn l'a enterré il y a trois semaines. » Et elle précise, même si Maxwell le sait parfaitement lui-même : « T'étais pas là. » Evidemment que c'est un reproche. Car peu importe ses paroles, rien ne pourrait lui permettre de remonter le temps et de réparer cette erreur.

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@andréa eames

lieu: flashbacks, hors du temps.
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***
Ce fut un lourd soupir qui se fit entendre dans un premier temps de la part de Maxwell lorsque la sonnette de la porte d’entrée retentit à lui percer les tympans dans son appartement. Roulant tant ses yeux qu’ils firent le tour de ses orbites, il porta un regard vers la pendule. Il était trop tôt pour que ce soit une bonne rencontre inopinée, trop tard pour que ce soit intéressant - lire ici relié au travail. Il n’attendait personne, et personne n’avait réellement envie de lui rendre visite, surtout pas de manière non-annoncée; la motivation quant à aller répondre était donc peu présente. Si ça n’avait pas été pour le son insistant et oppressant de la sonnette, il ne se serait même pas levé de sa chaise de bureau - il fallait croire qu’il s’attendait, comme si un sixième sens s’était manifesté, à trouver la personne qui se tenait présentement de l’autre côté du judas alors qu’il y jetait un coup d’oeil. Soupirant de nouveau, hésitant un instant à prétendre qu’il était mort, il finit par ouvrir la porte pour découvrir sa soeur derrière cette dernière.

Oh, elle avait une sale tête - mais en même temps, il l’avait tellement peu vu ces derniers années, si ce n’était même pas du tout, qu’il n’aurait pas été capable de dire si c’était sa tête naturelle ou parce-qu’elle en avait lourd sur le coeur. Ou sur le foie, par rapport à l’haleine qu’elle lui renvoyait en prenant la parole. « T'as pas eu mon message ? » L’une des mains de Maxwell s’appuya sur l’encadrement de la porte, son corps faisant désormais barrage entre le palier et l’intérieur de l’appartement: hors de question qu’elle y mette un pied. « Lequel ? » Peut-être l’avait-il eu, son message, mais honnêtement peu lui importait et il était déjà fatigué de cette conversation alors qu’elle venait à peine de démarrer; surtout qu’elle démarrait sans aucune marque de politesse, de nostalgie ou de quoi que ce soit de cette branche là alors qu’ils n’étaient pas vus depuis des années: ça ne présumait rein de bon. « Maman est morte. On l'a enterré il y a trois semaines. » - « Ah. Ca. » Comme s’ils échangeaient toutes les semaines et qu’il avait reçu tant de messages qu’elle se devait de préciser duquel il s’agissait. « T'étais pas là. » - « Je sais. Et ? » Parce-que de son côté, il ne voyait pas le problème là où apparement, pour qu’elle se dérange à venir jusqu’ici, c’en était un pour Andrea.

Soupirant une nouvelle fois, il regarda au delà de l’entrée de son appartement donnant sur la voie publique, à la recherche de ce qu’il se doutait de trouver. « T’es venue en voiture alors que t’as bu pour me dire ça ? » Son regard naviguant de nouveau pour s’accrocher à celui de sa soeur; elle était plus mignonne quand elle était encore une gamine, vieillir ne lui allait pas tant au teint que ça. « J’étais pas là, j’avais pas l’intention de venir. Et c’est trop tard pour m’y trainer par la peau du cul, au cas où tu l’aurais pas compris: elle est enterrée, c’est terminé. » Et il annonçait ce genre de choses sans la moindre émotion passant dans son regard, parce-que c’était de cette manière là qu’il se sentait: il ne ressentait rien du tout face à cette situation, malheureusement pour la plus jeune Eames qui elle espérait surement autre chose en venant jusqu’ici.

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Sûrement regrettera-t-elle ce périple jusqu'à l'appartement de Maxwell, mais Andy doit en avoir le cœur net : son absence est-elle due à une négligence de sa part ? a-t-il vraiment eu l'intention de ne pas venir, ou n'est-il encore simplement pas au courant que leur génitrice n'est plus de ce monde ? Andréa ne peut pas continuer à vivre sans le savoir. Elle a besoin de le savoir, même si ça va peut-être lui faire encore plus de mal. Parce qu'au fond, elle pressent ce qu'il va se passer. Même s'il est carrément probable que son frère ait changé de numéro de téléphone, et qu'il n'a donc jamais reçu aucun de ses messages à propos de sa mort, puis de la date de l'enterrement. Sauf qu'elle pressent que ce silence, depuis déjà des années, ne fait que continuer. Qu'il a bien lu ses mots, mais qu'il s'en fout, tout simplement. Tout comme il s'en fout d'elle, depuis qu'il a quitté l'appartement délabré dans lequel ils ont vécu ensemble quelques années. Lorsqu'elle le voit, son accueil parle déjà de lui-même ; son corps parle de lui-même. Il lui fait barrage, comme si Andy s'apprête à lui passer sur le corps pour entrer de force dans son appartement. Maxwell lui exprime déjà silencieusement son ignorance, et un manque cruel d'engouement à l'idée de la revoir, après plusieurs années sans se croiser. « Lequel ? » L'alcool ne la fait pas réagir aussi vivement qu'elle le veut, mais Andy arrive néanmoins à lui exprimer de but en blanc que leur mère est morte. En affrontant son visage impassible, ni surpris, ni triste, Andréa sent son cœur se serrer très fort dans sa poitrine, avant d'éclater en mille morceaux lorsqu'il ouvre de nouveau la bouche. "Ah ça". Leur mère n'est donc que "ça" à ses yeux ? Rien d'autre ? Elle veut savoir, pourquoi il n'est pas venu. « Je sais. Et ? » Ses yeux finissent par s'écarquiller, de surprise, de honte, de colère. Visiblement, ce n'est pas un problème pour lui, alors qu'il s'agit là de la fin du monde pour elle. Être seule près du cercueil, sans son grand frère pour l'épauler, c'était dur, et horrible à supporter. Ce serait mentir de dire que ce n'est pas encore le cas. « T’es venue en voiture alors que t’as bu pour me dire ça ? » - « J'ai pas... » Une nouvelle fois, cette lenteur. Cette lenteur qui ne lui permet pas de finir sa phrase, avant que Maxwell ne la coupe pour ajouter : « J’étais pas là, j’avais pas l’intention de venir. Et c’est trop tard pour m’y trainer par la peau du cul, au cas où tu l’aurais pas compris: elle est enterrée, c’est terminé. » Elle n'arrive pas à croire ce qu'il dit. Elle ne conçoit pas qu'il n'ait pas l'intention de l'accompagner ; il s'agit de leur mère, quand même. La femme qui l'a mise au monde. Il parle sans émotions, et ça la blesse, si fort. Andy sent un poids énorme sur ses épaules, qui est à deux doigts de la faire s'écrouler sur le pas de sa porte. « Pourquoi ? » Demande-t-elle simplement, car elle ne comprend pas, vraiment pas. Elle en oublie complètement de vouloir lui attester qu'elle n'a pas bu, qu'elle n'est pas saoule, car savoir pourquoi, c'est plus important que de vouloir prétendre qu'elle se porte bien. « Tu pourrais être plus reconnaissant envers elle, non ? elle t'a élevé, nourri, éduqué... Maman avait certes des défauts, mais elle méritait d'avoir ses deux enfants à son enterrement. » Andy se mord l'intérieur de la joue, pour ne pas craquer. Si elle le fait, Maxwell n'a pas l'intention de la consoler, c'est évident. De son côté, elle a bien l'intention de le faire culpabiliser... ou, au moins, essayer.

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Il aurait du s’en douter: s’il n’y avait pas répondu, il avait effectivement bien reçu et vu le message de sa soeur - il avait juste décidé de sciemment l’ignorer, tant cela ne lui importait que peu l’information qu’elle lui faisait parvenir. Leur mère était à l’article de la mort depuis des années, il était même étonné qu’elle n’ait pas passé l’arme à gauche plus rapidement: elle avait la couenne dure, il fallait croire. Alors effectivement, il avait bien reçu son message, avait décidé de ne pas lui accorder plus qu’un regard avant de supprimer la notification de son téléphone et de continuer sa journée comme si de rien n’était.

Apparemment cependant, ce n’était pas là le cas de sa soeur qui elle prenait à coeur le silence récolté auprès de Maxwell - assez en tous cas pour venir jusque chez lui en prenant le volant alors qu’elle était alcoolisée. « J'ai pas... » Il leva les yeux au ciel avant de reporter ces derniers sur elle, lui laissant sous-entendre qu’à la seule force de son regard que mentir n’était pas une option intéressante ici. Il en fallait bien davantage pour le berner, surtout alors qu’il pouvait sentir l’alcool qui s’échappait de son haleine. « Ca prendra pas, essaie pas. » Et si elle essayait, non seulement elle se tournerait en ridicule mais en plus cela risque de l’énerver lui et de couper court à la maigre patience qu’il était en train de lui accorder. Il était déjà assez irrité de la voir sur le pas de sa porte, de l’entendre parler de choses qui l’importaient on ne pouvait moins, alors si en plus elle tentait de lui mentir… quelle mauvaise idée.

Elle qui semblait vouloir parler se retrouvait sans voix après qu’il ait statué à haute voix que ce n’était pas une erreur de sa part mais qu’avoir brillé par son absence était volontaire. Il haussa alors un sourcil, s’apprêtant mentalement à refermer la porte pour mettre un terme à cette conversation. « Pourquoi ? » Il échappa un soupir. « Pourquoi quoi ? » - « Tu pourrais être plus reconnaissant envers elle, non ? elle t'a élevé, nourri, éduqué... Maman avait certes des défauts, mais elle méritait d'avoir ses deux enfants à son enterrement. » A ces mots là, il eut un instant de latence avant de laisser échapper un petit rire amer. Oh, qu’elle était mignonne - qu’elle était sotte aussi, malheureusement pour elle. Gardant un sourire forcé aux lèvres, il secoua quelque peu sa tête. « On a pas eu la même mère, toi et moi. » S’il avait gardé un ton à peu près aimable jusque là, celui utilisé ici était clairement froid et détaché. Ce n’était même plus marrant, pour lui - il n’y avait même plus le soupçon d’amusement ou de surprise que pouvait apporter la visite de sa soeur, ne l’ayant pas vu depuis un temps qu’il n’arriverait même pas à définir en réalité. « Peut-être que tu la vois comme ça, moi je vois que la lâche qu’elle a été toute sa vie en réalité. » Oh, il en avait des choses à dire sur leur mère mais aussi sur leur père: les deux pourraient y passer s’il se donnait le temps. « Génial, elle a abandonné papa en nous emmenant avec elle. J’ai cru aussi qu’elle mériterait de la reconnaissance après. C’était des conneries et elle mérite pas ça plus maintenant. Alors j’allais pas me trainer jusqu’à son enterrement parce-que ça aurait été une bonne action ou je sais pas comment tu veux appeler ça. » Fut une époque où il aurait mis les formes et fait les efforts pour que sa petite soeur ne soit pas mise face à la cruauté de la vie de manière brute de la sorte; cette période était terminée. « Si tu venais là pour trouver du réconfort, t’as pas frappé à la bonne porte. »

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Après le départ de Maxwell pour l'université, Andy a du apprendre à se gérer soi-même... mais surtout à gérer leur mère, incapable de prendre soin de sa propre personne non plus. Combien de fois l'a-t-elle retrouvé complètement saoule dans le canapé, endormie, à peine laver depuis des jours ? Combien de fois a-t-elle eu son supérieur au téléphone, pour savoir quelle excuse elle lui sortirait cette fois-là pour justifier de son absence ? Jusqu'à ce que le téléphone s'arrête de sonner, parce qu'elle a été licenciée. Jusqu'à ce qu'elle retrouve un nouveau taff, et que ça recommence, encore et encore. S'occuper de sa mère a été un fardeau, mais elle ne l'avouera jamais. Andy ne se plaint jamais auprès de son époux, parce qu'elle se sentait malgré tout redevable envers sa mère de l'avoir sauvé des griffes acérées de leur père. Alors, aujourd'hui, il lui est inconcevable que Maxwell ne ressente pas la même chose qu'elle. Que seraient-ils devenus tous les deux, si leur mère n'avait pas fui ce jour-là ? Seraient-ils encore vivants, au moins ? Il doit lui être plus redevable que ça, à ses pauvres yeux de femme enivrée par l'alcool. « On a pas eu la même mère, toi et moi. » Son rire lui fait froid dans le dos, Andy sent qu'elle touche une corde très sensible. Elle prononce des mots qui lui déplaisent, mais son état ne lui permet pas entièrement d'avoir conscience du degré d'agacement de son frère face à elle. « Peut-être que tu la vois comme ça, moi je vois que la lâche qu’elle a été toute sa vie en réalité. » Andy tente de garder bonne figure, mais intérieurement son âme se fissure encore un peu plus. Maxwell est si froid, c'en est déconcertant. Se rappelle-t-il au moins du lien du sang qui les unit tous les deux ? Pourquoi agir ainsi ? Que de questions sans réponses. « Génial, elle a abandonné papa en nous emmenant avec elle. J’ai cru aussi qu’elle mériterait de la reconnaissance après. C’était des conneries et elle mérite pas ça plus maintenant. Alors j’allais pas me trainer jusqu’à son enterrement parce-que ça aurait été une bonne action ou je sais pas comment tu veux appeler ça. » Une bonne action ? Wow. Il y va fort, si bien que le choc se traduit aisément sur le visage ahuri de la jeune femme. « Si tu venais là pour trouver du réconfort, t’as pas frappé à la bonne porte. » Elle est blessée, Andy, à l'entente de ces mots. Dire qu'elle cherche du réconfort, ce n'est pas entièrement ça... elle voulait surtout une réponse à son absence, mais elle ne s'est pas attendue à se retrouver face à un homme au cœur de pierre. Maxwell lui fait mal, alors comment faire pour ne pas craquer devant lui devant tant d'horreur de sa part ? L'attaquer, en retour ? C'est bien ce que compte faire Andy, alors qu'elle le pointe du doigt : « C'est toi qui parle de lâcheté ? Quelle ironie. Tu nous as abandonné, maman et moi. » Parce que c'est ainsi qu'elle a vu son départ pour les études supérieures, puisqu'il n'est jamais revenu les voir. C'est un abandon qu'elle a du essuyer du mieux qu'elle a pu, sans jamais vraiment s'en remettre. « Et tu t'es montré encore plus lâche en ne revenant ja-mais nous voir. T'as peut-être un bel appartement, un super boulot aujourd'hui, mais tu ne peux pas échapper à ta propre lâcheté, Max. » Elle lui colle désormais à la peau, et ce depuis des années. « Mais visiblement c'est de famille, papa l'était aussi. » Est-ce qu'elle le sent mal de le comparer à leur père ? Bien sûr. Mais elle le fait quand même. Devant tant de méchanceté de sa part, l'alcool pousse Andy à répliquer pour se protéger. Et pourtant, elle ne fait qu'aggraver la situation, au risque de se faire encore plus rejeter par l'homme qui l'avait protégé tant d'années.

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Venir le retrouver aujourd’hui 'était pas une bonne idée; ce n’était pas tant une question d’endroit ou de mauvais moment, qu’elle n’avait pas choisi non plus les bonnes conditions dans lesquelles le faire puisqu’il était évident qu’elle s’était intoxiquée avant de se pointer sur le pas de sa porte, c’était davantage le fait qu’il ne voulait pas la voir. Il lui avait semblé pourtant que la manière dont il avait pu agir ces dernières années - assez nombreuses pour qu’il ne puisse pas rapidement les compter de tête - avait prouvé plus d’une fois qu’il n'était pas enclin à ce genre de retrouvailles: il aurait pu depuis longtemps faire le premier pas sinon. Maxwell avait toujours su où habitait sa mère, il avait toujours eu l’adresse sous la main et aurait pu s’y pointer les premières années après être parti à l’université. En ce faisant, il aurait pu garder contact avec sa soeur et aurait pu apprendre au fil des années ce qu’elle devenait, comment elle évoluait et où elle était aujourd’hui - adresse de son domicile comprise dans le lot. Il aurait pu rester un pilier et une contactante dans la vie des deux femmes qui l’avaient entouré en grandissant, mais il avait décidé de tourner les talons et de ne pas se raccrocher à ces dernières là où il aurait largement pu le faire; à ses yeux, cela donnait tout de même une image plutôt claire de ce qu’il attendait de ses relations avec elles.

Pourtant, Andy se tenait aujourd’hui sur le pas de sa porte, avec son regard empli autant de chagrin que de colère, ses paroles et gestes altérés par un dose bien trop élevée d’alcool pour que conduire soit une bonne idée, à agir comme si c’était étonnant de le voir l’accueillir de la sorte. Certes, les paroles de Maxwell n’étaient pas des plus appréciables à entendre et elle aurait voulu davantage de réconfort, il pouvait l’entendre et le comprendre sans avoir besoin d’y adhérer; mais il ne jugeait pas cela très malin de sa part que de se laisser manger par l’émotion de surprise en cet instant et face à lui simplement parce-que le reste de ses émotions représentait  un trop grosse part de son quotidien ces derniers temps - mort et enterrement de leur mère pris en compte dans ce lot là. « C'est toi qui parle de lâcheté ? Quelle ironie. Tu nous as abandonné, maman et moi. » - « Oui. » Même s’il était tout à fait au fait des décisions qu'il avait pu prendre par le passé et qu’il avait toujours bien vécu avec ces dernières, il n’appréciait en rien la manière dont cette conversation était en train de tourner. « Et tu t'es montré encore plus lâche en ne revenant ja-mais nous voir. T'as peut-être un bel appartement, un super boulot aujourd'hui, mais tu ne peux pas échapper à ta propre lâcheté, Max. » Les mâchoires du jeune avocat se resserrèrent au fil des mots d’Andrea. Oh, ce n’était pas le temps ou les occasions qui avaient manqué durant tout ce temps, c’était l’envie de reprendre contact - ne l’avait-elle pas compris ? Il n’était jamais revenu les voir parce-qu’il n'avait pas envie de voir ces premières années d’une vie merdique lui revenir en pleine face en voyant à quel point les deux autres personnes restées en arrière n’avaient pas évolué.

« Mais visiblement c'est de famille, papa l'était aussi. » - « Ferme la, Andrea. » Les mâchoires de Maxwell étaient tant serrées entre elles désormais qu’il lui avait été difficile de prononcer rien que ces mots là de manière à ce qu’ils soient audibles correctement. Ce n’était pas la seule chose qui était serrée et qui montrait des signes d’une lutte interne présentant: les jointures du poing qui était apposé contre l’encadrement en bois de la pote de son appartement étaient tant blanchies qu’il serait bon de se demander si la circulation sanguine de ses membres supérieures fonctionnait encore.

De tous les mots qu’il aurait pu lui adresser, de toutes les pensées qu’il pouvait avoir en cet instant, lui demander de la fermer de cette manière était là ce qu’il avait à lui adresser de plus doux; certes, ce n’était supposément pas une façon de parler à sa petite soeur, mais c’était le plus tendre des commentaires qu’il pourrait faire contrairement à tout ce qu’il avait à l’esprit face à elle ici. Et surtout, ne pas s’autoriser à lui présenter tout ce que son esprit contenait l’empêchait également d'ouvrir les vannes de sa rancoeur et de sa propre colère, ce qui l’empêchait de laisser aller ses gestes en parallèle de ses paroles: c’était la seule chose qui réussissait à le retenir de lui retourner une droite en cet instant. Ca, et le fait qu’il avait malgré lui un brin de trop de fierté et être comparé à leur père pour prouver que a comparaison était juste la seconde suivante était au delà de ce qu’il avait envie de montrer. Sinon, elle se serait retrouvé avec la marque de ses doigts contre sa mâchoire et il se serait contenté de lui fermer la porte au nez ensuite - elle avait conduit pour venir jusqu’ici, elle pourrait conduire jusqu’au poste de police pour porter plainte si ça lui chantait mais cela voulait dire se présenter face aux forces de l’ordre dans l’état dans lequel elle se trouvait là. « T’as pas connu papa. T’étais pas assez grande pour comprendre à quel point c’était un putain d’enfoiré. » Le regard qu’il remonta présentement dans celui d’Andrea était aussi noire que pouvait l’être le ciel un soir d’été orageux - lui qui avait pourtant hérité d’une nuance d’iris claire à la naissance. « Alors ferme la et parle pas de lui. Parle pas de ce que tu connais pas. » Que ça lui plaise ou non, c’était là pour aujourd’hui qu’il traçait la ligne de la limite à ne pas dépasser; qu’elle parle de leur mère et de la manière dont elle avait fini sa vie comme elle avait longtemps mené - de manière misérable et avec aucune notion à retenir de manière posthume donc -, si ça pouvait soulager sa conscience, pourquoi pas. En revanche il ne laisserait pas prétendre être la meilleure d’eux-deux en trainant le nom de leur père dans la conversation: ce ne serait pas le cas, elle ne serait pas meilleure, et il ne la laisserait pas faire. « Si tu veux me comparer à quelqu’un de lâche, compare moi à maman si ça peut te faire du bien, j’en ai rien à foutre. Mais ramène pas l’autre connard dans la conversation, t’entends ? »

Desserrant son poing toujours posé contre le bois pour maintenir une certaine contenance et ne pas s’en servir, il étira ses doigts pour finalement glisser sa main dans la poche de son pantalon. « C’est pour ça que t’es venue là aujourd’hui, hein ? Pour te défouler sur moi ? » Il étira un petit sourire en coin, sans amusement mais avec beaucoup de pitié pour celle qu’il avait tant protéger pendant des années - quel gâchis de voir la façon dont tous ses efforts avaient fleuri. « C’est pathétique, Andy. » T’es pathétique fonctionnant parfaitement ici aussi.

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Arrivera-t-elle un jour à lui pardonner de les avoir abandonné, elle et sa mère, des années plus tôt ? La sensation d'abandon, elle arriverait presque à le pardonner à son père, à sa mère... mais à Maxwell ? Alors qu'il a endossé ce rôle de grand frère protecteur durant ses plus jeunes années, Andy n'arrive pas à accepter l'idée qu'il l'ait aussi délaissé, pour le compte de ses études, ou autre. Elle ne connaît pas les véritables raisons qui l'ont poussé à ne plus jamais les contacter. Elle ne connaît rien de sa vie, ni passé, ni aujourd'hui, à part ce qu'il y a de public, ce qu'il y a d'accessible aux oreilles de tous. Andréa ne comprend pas, ce qu'elle a fait de mal. Autant, elle peut saisir les ressentiments de Maxwell à l'égard de leur génitrice... mais elle, qu'a-t-elle fait pour mériter son ignorance ? Son attention, elle compte bien l'obtenir dès maintenant. Andréa est prête à tout pour lui montrer sa déception, sa colère, sa tristesse. La jeune femme ne partira pas, tant qu'elle ne lui aura pas exprimer ce qu'elle a sur le cœur. Et lorsqu'elle parle de lâcheté, elle le pense vraiment... enfin, en partie. Andy ne connait pas suffisamment leur père pour connaître toute l'étendue de sa lâcheté, et la protection de Max à ce moment-là de sa vie a été tel qu'elle tire un peu trop sur la corde en affirmant que son frère tient de son père. Elle sait, elle sent qu'elle dépasse les bornes. Mais c'est une femme blessée, qui parle. Une femme blessée par la vie, et qui aura toujours des difficultés à se remettre des obstacles déjà bien trop nombreux de ses jeunes années. « Ferme la, Andrea. » Sa voix gronde, pleine de froideur. Son corps ne la trompe pas, il est en colère. La jointure de ses doigts est blanche, parce qu'il se retient probablement de laisser partir un coup de frustration et de rage, face aux mots accusateurs de sa petite sœur. Même si elle a conscience de la limite qu'elle franchit, Andy n'aime pas qu'il lui demande de la fermer. Elle n'a pas envie de se taire, elle n'a pas envie qu'il minimise ses émotions, qu'il normalise sa réaction face à la mort de leur mère. Pourtant, même si elle ne veut pas la fermer, Andy a le sentiment que c'est pourtant la meilleure chose à faire, si elle n'a pas envie de s'en manger une. Si elle est capable de comparer Max et son père au niveau de la lâcheté, elle n'est pas prête à se laisser frapper par son frère, parce qu'elle cherche à le mettre à bout, pour qu'il comprenne en-fin ce qu'elle ressent au fond d'elle. Elle veut un peu de compassion, de compréhension, rien de plus. « T’as pas connu papa. T’étais pas assez grande pour comprendre à quel point c’était un putain d’enfoiré. » Ce n'est que la stricte vérité qui sort de sa bouche, ça, elle le sait. Bien sûr, qu'elle était trop petite pour réaliser pleinement ce qu'il se passait... mais, des choses, Andy en a compris aussi. Elle n'était pas bête, elle sentait que leur famille n'était pas comme les autres. « Alors ferme la et parle pas de lui. Parle pas de ce que tu connais pas. » Il n'a pas apprécié, à juste titre. Andy ressent une once de fierté, en quelque sorte, d'avoir réussi à le faire réagir : enfin, il réagit. Il n'est pas là, avec sa nonchalance, à lui répondre sans sourciller qu'il sait que leur mère est morte et qu'il n'est pas venu à l'enterrement, par choix. Il réagit parce qu'elle l'attaque, certes, mais ça lui suffit. « Si tu veux me comparer à quelqu’un de lâche, compare moi à maman si ça peut te faire du bien, j’en ai rien à foutre. Mais ramène pas l’autre connard dans la conversation, t’entends ? » Elle le laisse parler, imploser, fulminer, sans rien répondre. Andy a bien compris, qu'il en a rien à foutre d'elles. Il en a rien à faire de la mort de leur mère, de sa sœur. Max a visiblement bien appris à vivre sans elles, alors qu'Andy regrette son absence ; ça lui fait mal, mais la réaction de son aîné ne laisse plus aucune place au doute. « C’est pour ça que t’es venue là aujourd’hui, hein ? Pour te défouler sur moi ? » Elle hausse les épaules, blessée par le sourire qu'il arbore sur ses lèvres. Il est si condescendant, il la juge sans l'ombre d'une hésitation, juste sous ses yeux. « C’est pathétique, Andy. » Ces mots sonnent comme une insulte, et lui serrent le cœur, très fort. Réaliser la véritable rupture de leur lien fraternel, ça fait mal. Mais Andy n'a pas envie de se démonter, et de se laisser marcher sur les pieds de son aîné, même s'il a probablement raison, dans le fond ; elle est pathétique et saoule, au pied de son appartement. « Ce qui est pathétique, c'est que tu sois devenu un homme froid et sans cœur. » Il le sait probablement, impossible de se voiler soi-même la face avec un comportement pareil. « Je pensais pas être face à un mur sans sentiments... j'ai bien compris, je reviendrai pas t'emmerder. » C'est la fin, elle ne représente plus rien à ses yeux, alors pourquoi est-ce qu'elle ferait l'effort seule de vouloir le maintenir dans sa vie ? « Tu me déçois... et je pense que maman ressent la même chose là-haut. » ça aussi, il s'en fout probablement. Mais pas Andy. L'idée va la hanter. Elle sait que continuer de lui parler ne va servir à rien, alors elle soupire et tourne les talons, de son équilibre précaire. Alcoolisée ou non, elle est bien déterminée à reprendre le volant pour rejoindre sa famille, et Max ne risque pas de l'en dissuader ; elle a bien compris qu'il n'a rien à foutre d'elle, désormais. Alors qu'il retourne à sa petite vie... au moins, Andy n'a aucune culpabilité à avoir, maintenant qu'elle s'est assurée du pourquoi il ne s'est pas pointé durant le jour le plus funeste de sa vie.