i promise i can be someone
@Joaquin Bates + Autumn Galloway
lieu: appartement de Joaquin, redcliffe.
crédit gif (c) loripacks

Il y a peut-être une heure, une heure et demie qui s’est écoulée depuis le moment où tu as quitté le cimetière en trombe. Tu ne savais plus vraiment quoi penser de tout ce qui s’était passé, avec Faith, avec Joaquin. Tes pensées partaient dans tous les sens et tu ne savais plus comment les démêler. Une partie de toi essayait si fort de te convaincre que la découverte du lien entre Noah et Joaquin n’avait pas à venir changer quoique ce soit dans ta relation avec le chilien, mais tu avais bien vu la manière dont son regard s’était alarmé à l’annonce, la manière dont il n’avait pas osé te toucher devant Faith, comme si cela était interdit, tabou. Vous étiez deux adultes consentants, deux adultes qui avaient pris la décision juste et éclairée de donner une chance à ce qui existait entre vous. C’était plus qu’une simple attraction, plus qu’une histoire de couchette. Tu n’étais pas certaine d’où votre histoire allait, à quel point c’était sérieux entre vous, mais tu détestais l’idée que le monde puisse vous regarder de travers simplement parce qu’il y avait quelques années qui vous séparaient. Des années qui finiraient par disparaître, au fil du temps, tu en étais persuadée. Ou du moins, tu voulais continuer de l’être. Tu t’en veux d’être si facilement tombée dans le doute, et tu lui en veux un peu aussi, pour cette manière dont il a agi. Tu sais que tu n’as pas le droit d’être en colère toutefois, qu’il te l’a dit et répété, qu’il avait des doutes, qu’il avait des craintes vis-à-vis de votre différence d’âge et c’est toi qui as insisté, qui as peut-être même forcé pour que votre histoire commence, pour que vôtre histoire soit. Est-ce qu’il regrettait? Tu ne pourrais pas lui en vouloir si c’était le cas, surtout que tu as l’impression plus que jamais de lui avoir forcé la main, mais ça te briserait le cœur, sur ça, tu n’as absolument aucun doute.

Tu ne sais pas pourquoi tu as tenu à t’installer dans la chambre d’amis plutôt que dans la chambre de Joaquin comme tu as l’habitude de le faire depuis plusieurs semaines maintenant. Peut-être que c’est une manière inconsciente pour toi de tenter d’avance de te distancer du pompier, de te rappeler que contrairement à ce que tu as dit à ta tante, tu n’es pas chez toi ici, mais bel et bien une invitée qui est en train d’abuser de son offre. Tu aurais dû te trouver un nouveau logement depuis un moment déjà, et pourtant, tu n’as pas le cœur à chercher dans les annonces, pas le cœur de le laisser derrière alors que tu es si bien ici. Recroquevillée sur le lit dans lequel tu n’as pas dormi depuis un moment, il t’est impossible de ne pas entendre la porte d’entrée de l’appartement qui s’ouvre et se referme avant que ton prénom soit appelé. « Autumn? » Tu devrais lui dire que tu es là, lui témoigner de ta présence dans la chambre au fond de l’appartement, mais tu n’en fais rien, un simple soupir s’échappant de tes lèvres. Mais il devine sans doute ta présence d’une manière ou d’une autre, le bruit de ses pas dans le corridor t’alertant de sa présence avant que sa silhouette ne se dessine dans le cadre de porte. « Mariquita… » Tu relèves la tête doucement, offrant un sourire plutôt triste à l’homme qui vient s’asseoir à tes côtés, tout en imposant une distance entre vous que tu détestes déjà. « Je suis désolé d’avoir réagi comme cela face à Faith… J’ai été surpris de voir que vous vous connaissiez si bien. » Tu hoches doucement la tête, le menton toujours contre tes genoux, les bras t’enveloppant comme si tu cherchais malgré toi à te protéger de cette conversation. « Noah était un de mes meilleurs amis. Nous nous sommes connus adultes et j’ai passé beaucoup de temps avec lui, je savais tout ce qu’il traversait avec Faith… » Tu avais toi aussi été au courant des hauts et des bas de la Palmer, de son alcoolisme, quand bien même beaucoup de membres de ta famille avait tenté de te protéger de ça, comme la petite chose fragile que l’on tentait de garder loin des horreurs de la vie, sans comprendre que les horreurs, elles habitaient déjà dans ta tête. « Apprendre que tu es sa nièce n’est pas une simple information à digérer, ce n’est pas comme si tu avais simplement été une de ses connaissances… » « Techniquement parlant, je suis plus comme une petite cousine qu’une nièce. Noah était le cousin de mon père. » Mais ça ne changeait en rien la relation que tu avais eu avec le défunt, ni la manière que semblait désormais te regarder le Bates, à ton plus grand tourment. « Faith a gagné le titre de tante dans ma vie parce que c’est arrivé souvent qu’elle soit plus présente pour moi que ma propre mère. Elle me comprend mieux que ma mère, ça s’est évident. » que tu ne peux t’empêcher d’une voix légèrement amère, la réalisation toujours aussi douloureuse même après toutes ces années. « Ça m’a perturbé et je ne voulais pas te repousser comme je l’ai fait. Excuse-moi Auty… » « T’as pas à t’excuser. Tu m’avais prévenu, que ça pourrait devenir étrange pour toi. » Tu essayes de ne pas laisser l’émotion trahir comment tu te sens réellement face à tout ça, mais c’est peine perdue avec ta voix tremblotante et ton regard qui se fait involontairement fuyant. « Je m’attendais pas à ça non plus, pour être honnête. Ça me joue dans la tête plus que je pensais. » Mais tu réalises surtout que ta plus grande peur demeure qu’il te dise qu’il regrette tout ça. Qu’il vous regrette vous. « Vous avez dit quoi, après que je sois partie? » que tu ne peux t’empêcher de demander, même si tu crains d’entendre ce qui a pu être dits.

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Tu avais envie d’être forte. Pour une fois, tu n’avais pas envie de te laisser aller à tes mauvaises manies, de laisser la doute et la peur dicter la moindre de tes actions, de tes réactions. Tu faisais de ton mieux pour conserver un minimum de logique, un minimum ton pied à terre. Tout n’était pas nécessairement voué à l’échec. Ce n’était qu’une rencontre, un moment rempli de malaise oui, mais qui n’avait pas à définir tout le reste. Tu tentais de te le rappeler, de te le dire encore et encore mais tu n’arrivais pas à terre toutes les autres voix dans ta tête, celles qui te rappelaient que tu n’avais pas le droit à une relation saine et heureuse. Que tu étais vouée au compliqué mais surtout, que tu étais vouée à l’échec. C’était un combat sans fin entre tes deux oreilles, un que tu ne savais pas comment taire. Seule la présence de Joaquin pouvait avoir un effet calmant sur toi, mais aujourd’hui, même sa présence ne savait pas pleinement t’apaiser. La distance entre vos corps n’est pas grand, moins d’un mètre entre ton côté du lit et le sien et pourtant, il te manque comme s’il était si loin que tu ne pouvais pas l’atteindre. C’est lui qui fini par briser l’espace entre vous, quand son bras vient se passer autour de tes épaules, qu’il te rapproche à lui avant de venir déposer un baiser contre ta tempe. C’est un réflexe tout ce qu’il y a de plus naturel pour toi que de te laisser fondre contre lui, à la fois si bien dans ses bras mais profondément effrayée que se puisse être la dernière fois. « Elle m’a dit qu’il lui faudrait du temps pour s’accommoder, mais qu’elle n’était pas contre cette relation, qu’au contraire elle était heureuse que nous nous soyons trouvés… » Tu relèves la tête doucement, heureuse et soulagée de l’entendre, même si c’est ce que tu veux entendre, c’est comment il voit les choses lui, maintenant qu’il doit sûrement te voir sous un nouvel angle, que ton lien avec Faith et Noah lui rappelait votre différence d’âge, le fait que tu n’étais qu’une gamine lorsqu’il était déjà un homme même si bien des années avaient filé depuis. « Et moi je lui ai dit que je ne regrettais rien. Que tu étais une jeune femme formidable avec une force de caractère qui sait se montrer persuasive… » Tu échappes un léger rire, enfouissant ton visage dans le cou du chilien. « Trop persuasive? » que tu demandes, ta voix étouffée contre son cou. « Et j’ai ajouté que mes sentiments pour toi sont réels et forts et que je ne m’excuserais pas pour cela… » À la mention du mot sentiment, tu ne peux t’empêcher d’avoir un mouvement de recul, ton regard s’accrochant pleinement à celui du pompier. « Tu as dit à Faith que tu avais des sentiments pour moi? » que tu demandes d’une voix soudainement rauque, comme si tu peinais à croire que les mots sortaient réellement de ta bouche. « Tu m’as jamais dit ça à moi. » que tu ajoutes avec un léger rire nerveux. De toutes les directions que tu t’étais imaginée cette discussion avoir, tu devais admettre que celle-là n’en était pas une que tu avais vu venir et à la vitesse à laquelle ton palpitant s’énervait contre ta cage thoracique, c’était une surprise qui ne te laissait pas sans réaction. « Je pensais… je pensais que ce serait trop pour toi. De savoir pour mon lien avec Faith et Noah. Que tu changerais d’idée pour nous. » Tu attrapes l’une de ses mains, laissent danser tes doigts contre les siens alors que tu cherches tes mots, cherches ton souffle, ton courage aussi. « J’veux pas que tu changer d’idée Quino. » Non, tu veux continuer avec lui. Tu veux une chance. Une vraie.

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Il ne t’offre qu’une petite moue lorsque tu lui demandes si tu es trop persuasive et tu décides de t’en réconforter plutôt que de t’en insulter. Si tu n’as pas été obligé de lui tordre un bras pour qu’il se laisse aller à votre histoire, ce serait mentir de dire que tu ne t’étais pas faite légèrement insistante lorsqu’il t’avait parler de ses doutes et de ses craintes, ces dernières même qui s’étaient réalisées aujourd’hui lorsque le monde avait voulu vous jouer un drôle de tour en vous liant tous les deux à Noah d’une manière qui rappelait inévitablement votre différence d’âge. Mais si tu avais accueilli cette conversation avec la peur au ventre, cette dernière fondait telle neige au soleil alors que c’est ton corps en entier qui semblait vouloir se fondre contre celui du pompier. Tes doigts s’accrochent aux siens alors que tu cherches tes mots. Tu voudrais lui dire que tu as des sentiments pour lui toi aussi, que tu en es certaine et depuis longtemps, mais avant de te jeter dans le vide, tu as besoin de l’entendre de sa bouche. Cette confirmation que tu lui as demandé, celle qui flotte entre vous, dans les mini crevasses d’espaces qui existent encore entre vos corps. « Je ne changerais pas d’avis Mariquita. » Ces mots, ce surnom. Tu pouvais bien les entendre, mais tu ne le réalisais pas encore. C’était trop beau pour être vrai que scandait une petite voix dans ta tête, celle qui était constamment prête à voir tout en noir, à imaginer le pire. Mais tu n’inventais rien, n’imaginais rien. La manière qu’il avait de te regarder était spéciale et tu le savais depuis longtemps, quitte à ne pas être en mesure de te l’admettre pleinement jusqu’à ce moment bien précis. « Il y a des forces dans l’univers qui nous échappent, des forces mesurables qu’on ne peut expliquer, mais qu’on ne peut nier. C’est ce qu’il se passe entre nous… » Tu t’accroches à chacun des mots qui s’échappent de ses lèvres, le coeur qui tambourine avec force. « Bien sûr que ton lien avec Noah est quelque chose de perturbant pour moi, mais je ne changerais pas d’avis et puis je pense sincèrement que Faith ne sera pas la seule à réagir comme cela et certains auront beaucoup plus de mal à accepter ce qu’il se passe entre nous… » « Comme nos familles. » Ce n’était pas une question, plutôt une affirmation qui fit disparaître légèrement le sourire sur tes lèvres. Tu savais que tes parents n’approuveraient pas, probablement que ton frère se rangerait aussi de leur côté, oubliant complètement de se soucier de tes sentiments, de ce qui pouvait te rendre heureuse et dieu sait que Joaquin était la raison pour la majorité de tes sourires depuis plusieurs semaines, plusieurs mois même. « Et oui, Autumn, j’ai des sentiments pour toi… » Son front se colle contre le tien et tu échappes un long soupir de soulagement, les mots te manquant en retard. « Ça fait plus d’un an qu’on se connaît et si j’ai cédé, c’est pas seulement parce qu’il y avait une attirance physique entre nous… Si ça n’avait été que physique, je ne me serais jamais permis quoi que ce soit avec toi. » « Ça a jamais été qu’une attirance physique pour moi non plus, Quino. » que tu lui confirmes avant de venir prendre ses lèvres sur lesquelles tu déposes un baiser doux d’abord, mais qui se transforme au fil des secondes, dans lequel tu tentes à ta façon de lui communiquer tous les mots qui te manquent actuellement, tous tes sentiments qui se font de plus en plus grands et imposants. « Et j’veux pas non plus d’une histoire passagère, de quelque chose qui veut rien dire. » Parce qu’il pourrait décidé que c’est plus simple si vous vivez cette romance avec l’idée qu’elle ne peut pas être une histoire qui dure, mais ce n’est pas ce que tu veux toi. Et tu veux qu’il le sache. Utilisez cette occasion pour vous mettre sur la même page, en espérant qu’il ait réellement envie de lire la même histoire. « Je t’aime Quino. » que tu murmures, ton visage toujours si près du sien. « Je sais que ce sera pas facile, qu’on va faire face à du jugement, que certains ne comprendront pas notre choix d’être ensemble, mais je veux pas que ça nous arrête. » Tu viens poser une main contre son visage, tes doigts jouant distraitement dans sa barbe. « Je veux pas non plus avoir peur à chaque fois que quelqu’un dit quelque chose. » que tu admets, laissant entrevoir une vulnérabilité que tu n’assumes pas pleinement mais si quelqu’un a pu te voir à ton pire, c’est bien Joaquin, qui t’avait rencontré lors d’une des nuits les plus lourdes de ton existence.