the room where it happens
@Andréa Eames + Willow Storm
lieu: walker group, central business district, spring hill

Tu n’arrivais pas à croire qu’une fois encore, tu allais être en retard au travail. Une chose à laquelle tu n’avais pas réfléchi lorsque tu avais accepté de vivre dans une colocation, c’est que le partage de la salle de bain entre quatre filles qui devaient se préparer pratiquement à la même heure, ça avait tendance à ralentir la cadence. Et si le nouvel appartement avait beaucoup de qualités sur ton ancien taudis, son principal désavantage est qu’il se trouvait assez loin du centre-ville, là où se trouvait les bureaux du Walker Group. Ce matin, dans ta voiture, alors que les bouchons semblaient s’accumuler à chaque nouvelle entrée d’autoroute que tu prenais, tu maudissais légèrement ton choix de t’être installée à Redcliffe. Fort heureusement, les choses s’étaient légèrement calmées au bureau depuis ta rencontre inconfortable avec Channing Walker, et tu faisais tout en ton pouvoir pour que vos chemins n’aient pas à se croiser plus que de raison. Pour l’instant, tu t’en sortais assez bien, enchaînant les tâches que l’on te confiait, travaillant auprès de divers assistants et d’architectes sans jamais te greffer à une équipe fixe pour le moment. Tu ne savais pas si c’était quelque chose de temporaire ou de permanent, toi qui avais été habituée à une autre manière de faire quand tu travaillais encore pour Arthur Coventry, mais tu ne t’en plaignais pas. Tu étais seulement heureuse d’avoir cette opportunité vu la manière dont les choses s’étaient terminées avec ton ancien employeur, heureuse d’avoir un travail auquel te rendre tous les jours qui n’impliquait pas du service à la clientèle, ou te faire chier avec des mecs agaçants comme c’était le cas au bar. Une opportunité que tu ne voulais pas saboter, malgré la malchance qui semblait s’acharner sur toi ce matin.

Tu n'avais que cinq minutes de retard lorsque tu passas finalement les portes du Walker Group, mais c’était cinq minutes de trop. Tu ne mis pas longtemps avant de trouver ta superviseure, qui comme toujours, était une femme de bien peu de mots alors qu’elle t’avisa de l’architecte avec qui tu allais travailler pour une prochaine durée indéterminée. Tu hoches la tête en accord, demande à ta superviseure où tu peux trouver cette Madame Andréa Eames, déterminée à ne pas prendre encore plus de retard dans ta journée. Tu prends toutefois la peine de t’arrêter à l’un des nombreux chariots à café de l’entreprise pour une dose essentielle de caféine pour toi, et une pour ta patronne des prochains jours, en espérant que cela t’aiderait à rentrer dans ses bonnes grâces. Ta superviseure ne t’avait rien dit concernant le projet sur lequel Andréa travaillait, ne t’avait donné aucune information sur la jeune femme, et tu n’avais pas non plus eu le temps de te renseigner à qui que ce soit, plongeant pleinement à l’aveugle lorsque tu avais finalement trouvé le bon bureau dans l’immense labyrinthe qu’était le Walker Group. Quelques coups portés contre le panneau de bois témoignent de ton arrivée, et tu attends une instruction verbale de l’occupante du bureau avant d’ouvrir la porte et d’y entrée à ton tour. « Madame Eames? Je suis Willow Storm. On m’a avisé que je pouvais vous être utile pour le nouveau projet sur lequel vous avez été assigné. » Les mots s’échappent à toute vitesse de ta bouche, comme c’est toujours le cas lorsque tu rencontres une nouvelle personne, ta nervosité sociale se témoignant en des mots qui s’empilent les uns par-dessus les autres. « Je vous ai apporté un café. Je ne savais pas ce que vous aimiez, alors j’ai pris un latté. J’espère que ça vous ira. » Et avec moindrement de chance, tu éviterais de le renverser sur la tonne de paperasse qui s’entassait sur son bureau.

@Willow Storm octobre 2024 - Walker Groupe - central business district
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Renaître tel un phénix, voilà l'expression qui caractérise le mieux Andréa sur le point de vue professionnel. Habituée très jeune à rester à la maison, mère au foyer, ou en exerçant seulement quelques heures de travail par-ci par-là pour arrondir les fins de mois, Andréa n'avait encore jamais vraiment travaillé jusqu'à ce que Elijah ne remarque son talent pour le dessin et lui propose d'intégrer l'université d'architecture où il tient des cours, pour lui laisser une chance de réussir dans ce domaine. La perspective ayant toujours été son dada, Andy réussira avec brio sa licence et son master pour ensuite intégrer l'entreprise Walker. Et malgré un accouchement très récent, de surcroît. Evidemment, Andréa n'aurait jamais réussi sans l'aide de Yasmin, qui trouvaient l'une et l'autre refuge mutuellement durant cette partie de leur vie. Sa meilleure amie assumait les nuits, lorsqu'elle ne pouvait plus, à cause des révisions, des partiels. Sa vie professionnelle aujourd'hui, Andy la doit complètement à la policière. Cela fait presque deux ans qu'elle travaille dans les mêmes bureaux qu'Elijah, et elle ne s'imagine plus ailleurs. La brune se sent bien ici, elle est à sa place. Un nouveau projet vient s'ajouter à sa pile de dossier ce matin-même, ce qui la fait un peu soupirer, même si Andy apprécie son travail. La surcharge de boulot peut parfois être pesante, malgré tout. Si en général, Andréa tient à boucler ses précédents projets avant de s'informer sur les suivants, le caractère urgent de celui-ci la pousse à s'y intéresser de plus près. La mairie lui demande de concevoir des nouveaux plans pour une école, suite à un grave effondrement d'une partie du bâtiment actuel, obligeant les enfants à faire classe dans un préfabriqué. L'objectif : déconstruire, pour tout reconstruire à neuf. Sur le dossier, un post-it est collé de la part de son supérieur lui indiquant qu'il lui envoie une assistante pour lui donner un coup de main sur le dossier. Andy aime venir travailler une heure plus tôt que les autres, pour savourer le silence des bureaux vides. Mais il est neuf heures, et il n'y a pas personne qui se présente à elle. Alors Andréa débute déjà sa to-do list. Le temps, c'est de l'argent. Et prendre du retard, c'est aussi prendre le risque de se faire crier dessus de la part de plus haut. Andréa ferait sa part du boulot, évidemment, donc ce n'est pas sur elle qu'on jetterait ses nerfs. Après plusieurs minutes, des coups retentissent à sa porte, qui la poussent à inviter la personne à entrer, sans lâcher du regard son agenda dans lequel elle griffonne tout un tas de choses. « Madame Eames? Je suis Willow Storm. On m’a avisé que je pouvais vous être utile pour le nouveau projet sur lequel vous avez été assigné. » Ses yeux ne se lèvent pas aussitôt, absorbée par les idées qu'elle a en tête et qu'elle ne veut pas perdre. « Je vous ai apporté un café. Je ne savais pas ce que vous aimiez, alors j’ai pris un latté. J’espère que ça vous ira. » Son stylo continue de se mouvoir et de gratter le papier, puis elle prend la parole sans regarder la dite Willow :  « La prochaine fois, arrive plutôt à l'heure et sans latté. J'ai du commencer le brainstorming des étapes pour le projet en question. » Sur ce dernier mot, son stylo marque un arrêt un peu brutal, retranscrivant la nervosité qui s'est emparée d'elle à l'idée de ne voir personne débarquer, alors qu'on lui promet une aide. « Bref. » Ajoute-t-elle, sans aucune considération contre le gobelet que la blonde pose sur son bureau. A la place, Andréa lui présente son carnet en lui posant une question qui va certainement lui faire claquer la langue, puisqu'elle entend déjà sa réponse par anticipation : « Tu connais le dossier, ou je dois perdre encore de précieuses minutes en te faisant un topo? » Andy a-t-elle oublié qu'elle a elle-même eu la place de la blonde ? Certainement. Mais jamais elle n'est arrivée en retard au travail malgré ses enfants, jamais. Parce qu'elle a toujours mis un point d'honneur à ce que personne ne sache rien.

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@Andréa Eames + Willow Storm
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Tu avais pris une chance, en t’arrêtant pour un café alors que tu avais déjà pris du retard dans ta routine du matin. Tu espérais qu’une petite douceur pour commencer la journée aiderait à te mettre ta nouvelle patronne de ton bon côté, mais tu venais à peine de rentrer dans son bureau que déjà, tu étais convaincue d’avoir fait une erreur. Ou plutôt, tu avais fait plusieurs erreurs. Tu t’étais levée trop tard. Tu avais assumé par erreur que tu aurais accès à la douche dès que tu en aurais besoin. Tu t’étais retrouvée prise dans le trafic et pour couronner, tu avais fait un arrêt pour de la caféine. Elle était essentielle pour que tu survives à ta journée, et quelque chose te dit qu’elle allait aussi t’être nécessaire pour survivre à la femme qui te faisait face. Elle paraissait grande et imposante, avec un air ferme qui ne laissait pas place à l’argumentaire. C’était le genre de femmes que tu admirais de loin, celle à la carrière dont tu enviais, jalousais même parce que tu aurais tant voulu être à leur place, montrer que tu étais capable d’en créer toi aussi, des belles et grandes choses. Tu n’étais pas idiote toutefois, tu savais que cette opportunité ne serait jamais tienne, que tu étais condamnée à être l’assistante de l’assistante, à regarder tes rêves de trop près sans jamais être celle qui les réalise. Tu n’as pas le temps de te perdre dans une spirale d’autodérision toutefois, ton attention porté entièrement sur la femme qui elle, semble déterminée à t’ignorer autant que possible. « La prochaine fois, arrive plutôt à l’heure et sans latté. J’ai du commencer le brainstorming des étapes pour le projet en question. » « Noté. » Tu pourrais tenter de te justifier, jouer à l’éternelle victime et donner des excuses; mais ça n’a jamais été ton genre d’agir de la sorte. Est-ce que tu apprécierais un peu d’empathie, voire un peu de respect de la jeune femme? Oui, évidemment, mais tu n’es pas sans savoir que plus souvent qu’autrement, le respect, ça se mérite. « Bref. Tu connais le dossier, ou je dois perdre encore de précieuses minutes en te faisant le topo? » Cette fois-ci, tu ne peux t’empêcher de hausser les sourcils face au commentaire de la brune. « Je suis désolée de vous faire perdre de précieuses minutes comme vous dites, mais on m’a annoncé que j’étais sur le dossier il y a cinq minutes à peine, vous m’excuserez de ne pas encore comment savoir lire en marchant. » Tu lui offres un sourire tout ce qu’il y a de plus faux, regrettant déjà tes paroles sans réellement vouloir t’en excuser. Elle te parlait comme si tu ne valais rien et que tu étais une incompétente, opinion qu’elle s’était formée sur ta personne en moins de cinq minutes, elle pouvait bien t’en donner au moins autant pour t’expliquer ce sur quoi vous alliez devoir travailler ensemble. « Mon but n’est pas de vous rendre la tâche plus difficile, bien au contraire, je suis là pour vous aider mais je ne savais même pas qui vous étiez avant d’arriver ce matin, donc non, je ne connais pas le dernier dossier sur lequel vous avez été assigné. » que tu expliques, aussi calmement que possible, malgré un air d’arrogance qui te mènera inévitablement à ta fin un de ces jours. « Et si vous me donnez une chance, je peux vous montrer que je sais comment me rendre utile et que j’apprends rapidement. » Et ça, malgré ton caractère de merde, personne ne pourrait te l’enlever.

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Andréa est trop reconnaissante d'avoir eu la chance de se reconvertir dans une voie qui la fait désormais vibrer, qu'elle met un point d'honneur à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Le dessin, ça a toujours été toute sa vie, une incroyable passion que les pauvres moyens de sa mère n'a jamais vraiment permis de développer. Mais. Parce qu'il y a eu un 'mais' ; Andréa s'est toujours arrangé pour griffonner, à droite ou à gauche, à la fin de ses cahiers, sur les murs, dans le sable, dans le pauvre petit carnet noirci jusqu'au bout du bout, sans plus aucun espace disponible dans aucune des pages de celui-ci. Contre une aide en tant qu'assistante, en étant plus âgée, Andréa a eu la chance également de suivre des cours à l'université, endroit où elle a d'ailleurs rencontré Oscar. Autant le dire, la vie d'Andréa n'a jamais été facile. Une fois devenue mère de famille, la jeune femme s'est vu enchaîner des petits boulots, caissière, équipière polyvalente au fast-food du coin, pour alléger un peu les factures, réglées par la pension militaire d'Aaron, époux absent mais aimant, et aimé en retour jusqu'à ce qu'il décède. Son C.V. est divers, éclectique, et Andréa remerciera toujours Elijah de lui avoir laissé une chance de percer dans un domaine qui la branche carrément. Aujourd'hui, Andy ne s'imagine pas ailleurs qu'ici. Alors, elle ne laissera pas cette petite blonde lui faire perdre son temps, et nuire à sa répétition de bonne architecte, qui travaille en temps et en heure sur les projets qu'on lui confie. « Je suis désolée de vous faire perdre de précieuses minutes comme vous dites, mais on m’a annoncé que j’étais sur le dossier il y a cinq minutes à peine, vous m’excuserez de ne pas encore comment savoir lire en marchant. » L'architecte relève lentement son regard brun vers celui de la jeune assistante, en claquant comme attendu de la langue face à son arrogance aucunement cachée, même si elle fait l'effort de lui adresser un sourire qui en dit long sur sa véritable pensée. « Tu verras qu'avec le temps, ça se fait tout seul, et tu seras même capable d'éviter les collègues qui te barrent le chemin. » Parce que les minutes sont précieuses, si elle a un jour la possibilité de gravir les échelons (et si elle le souhaite, aussi), cette fameuse Willow aura cette capacité d'acquise, sans même qu'elle ne s'en rende compte. « Mon but n’est pas de vous rendre la tâche plus difficile, bien au contraire, je suis là pour vous aider mais je ne savais même pas qui vous étiez avant d’arriver ce matin, donc non, je ne connais pas le dernier dossier sur lequel vous avez été assigné. Et si vous me donnez une chance, je peux vous montrer que je sais comment me rendre utile et que j’apprends rapidement. » Ses derniers mots font naître un sourire en coin sur les lèvres de l'architecte, qui résonnent étrangement en elle. C'est exactement le type de discours qu'elle a sorti à Elijah, trois ans plus tôt, avant qu'il ne lui propose de reprendre les études pour parfaire ses compétences, et obtenir un véritable diplôme, avant de travailler ici. Andréa est donc une toute jeune architecte, mais la rigueur et l'envie de se donner à fond dans son boulot donnent le sentiment d'être face à une collègue ancrée là depuis un moment. « Si tu t'étais retenue de raconter ta vie, tu serais déjà au courant du dossier sur lequel tu es censée m'aider, Storm. » Encore des minutes précieuses de perdues. Cela sonne comme un manque évident d'envie de la voir travailler avec elle sur ce projet de nouvelle école, si elle n'est capable de rien d'autres que de faire perdre du temps. Et pourtant, Andréa s'arrête d'écrire, et s'enfonce dans son fauteuil en cuir, pivotant très légèrement de gauche à droite, comme si elle jauge toujours la possibilité de la renvoyer de son bureau. « Puisque tu n'es pas assez vivace pour lire des notes en marchant ou les fesses posées sur cette chaise en face de moi, je vais te laisser une chance de faire tes preuves dès maintenant, alors écoute-moi bien. » Elle croise les bras contre sa poitrine, en plantant son regard dans le sien. « Décris-moi l'extérieur d'une école primaire qui favorisera à la fois la sécurité et le bien-être des enfants ? » Parce qu'au-delà de l'esthétique, la sécurité doit être de mise, c'est la priorité quand on travaille avec des enfants en bas âge.

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@Andréa Eames + Willow Storm
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Elle n’a même pas besoin de poser un regard sur toi que tu devines déjà l’idée qu’elle se fait de ta personne et spoiler alert : ce n’est pas une très bonne impression. Normalement, tu ne ferais pas de cas avec une personne de plus sur la longue liste de ceux qui trouvent pour une raison ou une autre que tu manques de manière, que tes capacités sociales laissent à désirer et que ton humeur est loin d’être des plus simples à apprécier, mais dans ce cas bien particulier, tu aurais aimé ne pas faire mauvaise impression avant même l’avoir la chance d’ouvrir la bouche. Mais les circonstances ont joué contre toi, entre le retard et ta priorité un peu mal placé pour un café, que tu espérais adoucirais la jeune femme pour qui tu vas travailler pour les prochains jours, voire les prochaines semaines. C’est quelque chose à laquelle tu n’es pas encore habituée, au Walker Group, de bouger d’un architecte à un autre, d’un projet à un autre sans trop savoir comment tu peux être utile, mais surtout sans avoir la chance de démontrer de quoi tu es réellement capable. « Tu verras qu’avec le temps, ça se fait tout seul, et tu seras même capable d’éviter les collègues qui te barrent le chemin. » Tu pourrais lui expliquer que ça ne fait que quelques semaines que tu travailles ici, que même si tu étais capable de lire en marchant, tu avais encore besoin de toute ton attention pour ne pas te perdre dans le labyrinthe que consistait le Walker Group, mais la dernière chose que tu voulais faire présentement, c’est donner plus de raisons à ta nouvelle patronne – temporaire ou non – de croire que tu étais de celle qui justifiait tout et n’importe quoi avec des excuses. Alors tu hoches la tête, prenant le commentaire pour ce qu’il est : un conseil d’apprendre à faire mieux, et vite. Tu n’avais pas d’autres choix que d’accepter ce début des moins satisfaisants et espérer qu’elle te donnerait la chance de lui montrer que tu sais faire beaucoup mieux.

Ce n’est pas ton genre, d’en dire autant dès le départ, mais si Andréa Eames est pour te juger au premier abord, autant lui en donner de quoi réellement te juger. Et quand un sourire vient se placer au coin des lèvres de la jeune femme, tu te dis que peut-être, tu as marqué des points auprès d’elle, ne serait-ce qu’un petit peu « Si tu t’étais retenue de raconter ta vie, tu serais déjà au courant du dossier sur lequel tu es censée m’aider, Storm. » L’utilisation de ton nom de famille te confirme qu’en ce moment, tu ne peux rien de plus que te la fermer et la laisser prendre le contrôle de la conversation avant de dire encore quelque chose qui ne ferait que lui déplaire encore un peu plus. « Puisque tu n’es pas assez vivace pour lire des notes en marchant ou les fesses posées sur cette chaise en face de moi, je vais te laisser une chance de faire tes preuves dès maintenant, alors écoute-moi bien. » Tu fronces les sourcils à l’utilisation des mots pas assez vivace pour te décrire, mais tu restes complètement silencieuse, à l’écoute, le crayon déjà dans les mains prête à prendre des notes si cela est nécessaire. « Décris-moi l’extérieur d’une école primaire qui favorisera à la fois la sécurité et le bien-être des enfants? » Une école? Ton visage s’allume aussitôt, une vision se dessinant dans ton esprit sans même que tu n’aies besoin de voir le quelconque plan. Des idées de design s’emboitent les unes par-dessus les autres et tu finis par relever les yeux vers la jeune architecte, finalement prête à reprendre la parole, persuadée de ne pas dire n’importe quoi cette fois. « On joue avec quelle superficie, exactement? » que tu lui demandes d’abord, avant d’enchaîner avec les points essentiels. « Qu’importe la superficie, on ne veut aucun angle mort, pour permettre aux enseignants et aux surveillants d’avoir un œil sur tous les élèves en tout temps. » Une réalité qui ne faisait pas partie de bien des cours d’écoles, plus particulièrement des écoles qui avaient été bâti dans la fin des années 90. Tu te souvenais de ton école et de tous ses petits racoins où certains élèves se cachaient pour faire des mauvais tours, et plus souvent qu’autrement, intimidé d’autres élèves. « Encore une fois, selon le budget et la superficie, on veut certains modules, dans un monde idéal, on veut même séparer les aires réservées aux tout-petits et celles réservés aux plus vieux, pour éviter le partage des ressources entre eux et éviter l’intimidation des grands sur les petits. » Une problématique vieille comme le monde, qu’un peu de supervision et des clôtures supplémentaires avaient aidé à réduire. « Une aire de gazon, un terrain de sport si la place le permet aussi. Et ça, évidemment, ce n’est que la base. » que tu ajoutes avec un air satisfait sur les lèvres, bien que c’est avec un brin d’anxiété et d’impatience que tu attendais le retour sans doute dur et extrêmement honnête de l’architecte.