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@Asher Thornhill  & Landry Chamberlain

Landry avançait d’un pas lent, presque machinal, dans les rues pavées du centre-ville de Brisbane. Son esprit était ailleurs, perdu dans les échos d’une autre époque, celle qu’il verrouillait souvent par peur de se remémorer des souvenirs douloureux. Ses mains fourraient dans les poches de son manteau, une attitude similaire que lorsqu’il revêtait la blouse du docteur Chamberlain, confiant et charismatique. Chaque pas semblait le porter un peu plus loin dans ses souvenirs, vers cette période trouble mais vibrante de son adolescence où la musique régnait en maîtresse incontestée et, tant le jour que la nuit. Il se rappelait de cette époque du secondaire où, entouré de quelques amis, il avait rejoint un groupe. La nostalgie monta en lui tel un torrent, un sourire se dessinant sur son visage. Parmi eux, il y avait Asher, celui qui jouait de la guitare avec une précision. Ensemble, ils avaient passé des heures à répéter, à chercher ce son unique, cette harmonie parfaite qui les ferait vibrer tous ensemble. Landry, à la composition et à la batterie, tentait toujours d’ajouter une couche supplémentaire à leurs compositions, un dynamisme ou parfois une pointe de mélancolie. Le groupe, c’était plus qu’un simple passe-temps. C’était une échappatoire, une façon de s’exprimer sans avoir à parler. Asher et lui partageaient cette complicité presque évidente, ce lien musical qui les faisait s’accorder presque instinctivement. Ils n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre, leurs instruments parlaient pour eux. Mais avec la fin du lycée, la vie les avait séparés. Chacun avait pris des directions différentes, emportant avec lui des morceaux de cette époque insouciante.

Perdu dans ces souvenirs, Landry se retrouva soudainement face à un bâtiment qu’il n’avait jamais vraiment remarqué auparavant, le comble pour un natif de la ville. Il s’agissait d’un conservatoire. Il sourit, presque malgré lui. C’était drôle, des fois la vie lui faisait des clins d’œil inattendus, qui lui faisait plaisir. Un exploit pour celui qui se cachait derrière des couches et des couches d’indifférence. Alors, porté par cet instinct qui l’avait mené devant cette bâtisse, il franchit la porte, plus par curiosité que par nostalgie. À l’intérieur, l’ambiance sereine du lieu contrastait avec l’agitation extérieure du centre-ville. Les couloirs semblaient s’étirer à l’infini, bordés de salles de classe et de répétition d’où s’échappaient des bribes de mélodies, des accords de guitare et des notes de piano. Landry se laissa porter par cette atmosphère, avançant sans destination précise, les réminiscences du club de musique de son époque. Au détour d’un couloir, un accord attira particulièrement son attention. Du rock, comme il l’aime. Il s’arrêta, tendant l’oreille jusqu’à une petite salle de répétition. La porte était entrebâillée, et sans bruit, il entra, se glissant discrètement au fond de la pièce. Forcément, il ne voyait pas le mal là-dedans. Un homme jouait, la tête légèrement penchée sur le côté, concentré, les doigts glissant avec aisance sur les cordes de sa guitare. Une boule se forma dans sa gorge alors qu’il réalisait peu à peu l’identité du musicien. Asher. C’était lui. Et cette pulsion qui l’avait guidée jusqu’ici lui glaça quelque peu le sang. Le contre-coup des coïncidences pour quelqu’un qui faisait en sorte de tout contrôler comme Landry. Pourtant, il était bien là celui qui, des années auparavant, avait enflammé les soirées de leur jeunesse avec ses riffs enflammés, ce même Asher avec qu’il avait partagé tant de moments complices, de rires, et de doutes.

Landry resta silencieux, s’installant sur une chaise au fond de la salle, presque caché dans l’ombre. Il n’avait pas besoin de se faire remarquer, pas encore. Pour l’instant, il se contentait d’écouter, laissant la musique faire sa magie. Il se doutait qu’Asher ne l’avait pas vu entrer, sinon il se serait sûrement arrêté. A moins que son attention soit absorbée par les accords qu’il composait. Il continuait de jouer, le visage captivé par son instrument. Et dans ce moment suspendu, Landry ressentit quelque chose d’étrange. Comme si le temps s’était figé, et que tout ce qui avait séparé leur jeunesse de ce moment présent n’avait jamais existé. La dernière note résonna, longue et vibrante, avant de s’éteindre doucement. « Hm. », murmura-t-il dans son coin sans pour autant se lever ni quitter l’obscurité qu’il occupait. « Je suis censé applaudir ou c’est too much ? » Sa voix traduisait un sourire. Les bras croisés sur la dossier de la chaise devant lui, il observerait soigneusement la réaction de son interlocuteur, curieux à l’idée de savoir s’il le reconnaîtrait – ou non.

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@Landry Chamberlain  & Asher Thornhill

Entre les préparatifs du mariage et Izan qui ne se sentait pas bien, l’anglais avait du mal à prendre le temps pour sa musique. Il aurait voulu rester vingt-quatre sur vingt-quatre en compagnie de son fiancé, mais ce n’était évidemment pas possible. Les obligations étaient toujours présentes. Il devait prendre part aux différentes pratiques de son groupe et il devait aussi donner ses cours de guitare. Et puis, il avait ce petit projet solo, cette fameuse chanson qu’il voulait interpréter à son mariage pour l’homme avec qui il allait partager toute sa vie. Évidemment, il ne pouvait pas s’en occuper lorsqu’il était dans leur appartement. Izan était bien trop fouineur. Même malade ou épuisé, il allait être en mesure de découvrir son petit secret. L’anglais s’en voudrait de gâcher la surprise. Il savait qu’il avait encore du temps devant lui, mais il voulait que tout soit parfait. Après tout, il souhaitait rendre son fiancé heureux. Lorsque ce dernier était occupé à autre chose et qu’il voyait différentes personnes, Ash s’éclipsait au conservatoire, l’endroit même où il donnait ses cours ou qu’il répétait avec son groupe. Il avait besoin d’un piano pour composer et il avait fini par comprendre ce que Izan voulait dire par rapport au son. Il avait également embarqué sa guitare, parce que cette dernière lui manquait lorsqu’elle n’était pas en sa présence. Ash travailla donc durant quelques heures sur la partition, puis à un moment, il eut besoin de prendre une pause. Il y avait une partie de la chanson qu’il n’arrivait pas à mettre sur une feuille, il ne savait pas pourquoi et ça avait le don de l'énerver. Il savait qu’il y parviendrait, il avait juste besoin de se changer les idées. Après avoir mangé un petit quelque chose, il prit sa guitare entre ses mains et commença à jouer quelques chansons qu’il avait composées jadis lorsqu’il était au secondaire. Il se revoyait avec Alby, Rayleigh et Blaize, mais aussi parfois avec Landry qui avait remplacé le batteur durant quelques temps. La nostalgie l'envahit, puisqu’en ce moment, ce n’était pas facile avec le départ d’Alby. Bien sûr, ils avaient réussi à trouver un autre guitariste. Il était très doué et s’accordait aux autres membres et il avait réussi à cerner ses compatriotes. Néanmoins, ils avaient tous vieilli. Ash s’ennuyait du temps où ils étaient tous dans l’innocence de l’adolescence.

Le guitariste se donna alors corps et âme dans l’interprétation de la chanson et ne réalisa pas que quelqu’un était entré dans la petite salle de répétition. Lorsqu’il termina quelques instants plus tard, l’anglais entendit un « Hm. » comme un murmure, mais assez pour qu’il ne sursaute pas. Une silhouette était assise sur une chaise dans l’obscurité. Ash n’arrivait pas à distinguer de qui il s’agissait. « Je suis censé applaudir ou c’est too much ? » Bien sur, il ne distinguait toujours pas les traits de son visage, mais Ash aurait pu reconnaître la voix de son interlocuteur parmi des milliers. Le sourire qui étira ses lèvres voulait tout dire. « faudrait pas que tu te blesses si tu veux interpréter un morceau avec moi… » L’amusement se lisait sur les traits du visage de l’anglais et il déposa sa guitare pour aller dans la direction de Landry. « tu fais ça souvent te terrer dans l’ombre? et essayer de faire peur aux autres? » Il alla lui faire une accolade et le serra contre lui. Landry lui avait manqué, cela faisait un moment qu’il n’avait pas eu de nouvelles de lui. Mais bon, il était bien occupé avec la médecine qui ne lui laissait sûrement aucun répit. « je suis bien heureux de te revoir. que deviens-tu? »

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@Asher Thornhill  & Landry Chamberlain

Se remémorer les souvenirs du passé n’était pas commun pour Landry et il fallait nécessairement des conditions de choix pour que cela se produise – en l’occurrence le conservatoire au milieu d’une après-midi qui se voulait reposante. Il ressentait une certaine nostalgie, non pas parce que cette période lui manquait car elle était reliée intrinsèquement à ses problèmes familiaux. Se revoir enfant ou adolescent, c’était aussi revoir les larmes de sa mère en cachette, les absences incessantes de son père et ses propres difficultés à tenir la noyau familial du mieux qu’il pouvait. Il s’agissait plutôt de se rappeler à quel point il appréciait la musique, que cet échappatoire avait été grandement efficace alors qu’il était en pleine évolution. Aussi, c’était agréable d’écouter des personnes jouer leur instrument de prédilection et le Chamberlain eut de suite l’envie de se mettre devant un piano et une partition vierge. Car au-delà de la batterie, Landry avait l’oreille et la créativité suffisante pour composer ses propres morceaux, même si cette activité a été mise au dernier plan depuis qu’il a commencé ses études de médecine.

Dans cette salle où il retrouvait Asher, Landry ne put s’empêcher de contempler les multiples instruments occupant l’espace. En rythme des accords que le guitariste formulait avec vigueur, ses iris se baladaient tantôt sur les mains d’Asher, tantôt sur la batterie au coin de la pièce. Entre les deux, un piano et un jeu d’instruments à vent soigneusement posé sur une table. Tout cela lui rappelait la salle de musique du secondaire où chacun pouvait jouer ce qu’il souhaitait, à condition que ce ne soit pas une cacophonie insupportable. C’est dans ces circonstances qu’il avait rencontré son prochain interlocuteur ainsi que les autres garçons qui formeraient le groupe de musique Hollow Shout. Déjà à cette époque, ils étaient tous d’accord sur le genre musical qui les porterait : le rock. Le rock, c’était cool. Il y avait énormément de sous-genre, il y avait du dynamisme mais aussi de la passion, et il s’agissait d’un défouloir percutant. Il se souvenait très bien à quel point il était fatigué après une après-midi à taper sur les caisses et cymbales. C’est la fin du concert privé d’Asher qui le fit retourner dans le présent et fort heureusement, ce dernier ne prit pas peur lorsque Landry se manifesta parmi les ombres. « faudrait pas que tu te blesses si tu veux interpréter un morceau avec moi… » Un sourire automatique de la part du neurochirurgien, il l’avait reconnu. Forcément, il était soulagé que son ami ne l’ait pas complétement oublié, malgré la distance qui s’était installée depuis la fin du secondaire. « Je suis beaucoup trop rouillé pour ça. » Un souffle tout aussi amusé que affligeant tellement sa parole débordait de vérité. Il avait troqué ses baguettes pour des gants et un scalpel. Il se leva de sa chaise pour répondre à l’étreinte de son interlocuteur – bien l’un des seuls à qui il acceptait de le faire – comme si leur complicité ne s’était jamais envolée. « tu fais ça souvent te terrer dans l’ombre? et essayer de faire peur aux autres? » Il prenait son regard énigmatique, celui qui pouvait presque faire peur s’il ne souriait pas à côté. « L’épouvante a son côté rock’n’roll non ? » Landry a toujours eu ce côté mystérieux qu’il aime tant entretenir et ce même, à l’école. « je suis bien heureux de te revoir. que deviens-tu? » Son sourire s’étira un peu plus alors qu’il se détacha d’Asher pour se mettre au centre de la salle, profitant de la lumière pour se dévoiler de la tête aux pieds. « Par où commencer… Je suis neurochirurgien au St Vincent Hospital. » Il commença fort avec sa plus grande fierté. Son travail avait une part importante dans sa vie, tant il avait fait des sacrifices pour arriver où il en est aujourd’hui. Landry inspecta la guitare que son interlocuteur avait manipulé juste avant. « Très occupé par mon travail, pour être honnête. Et toi ? » Curieux de savoir ce qu’il était devenu, il se tourna vers lui avant d’ajouter. « Très content de te revoir aussi, après tout ce temps. » Parfois, il fallait écouter ses intuitions.

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@Landry Chamberlain  & Asher Thornhill

Ash était toujours heureux de revoir des figures importantes de son passé. Landry avait beaucoup compté pour lui lors de son adolescence. Même s’il avait remplacé Blaize à un moment comme batteur, il était considéré comme un membre à part entière du groupe. Il lui avait sauvé les fesses à de nombreuses reprises. Et puis, il était très doué en composition. Il était à l’origine de certaines de leurs chansons les plus populaires lorsque Hollow Shout interprétait leurs propres compositions sur scène. Ash ne pouvait pas oublier tous les bons moments qu’ils avaient passés à répéter ensemble. Certes, ils s’étaient éloignés, mais la vie était comme ça parfois. Les vrais amitiés étaient celles qui passaient au travers du temps sans s’entacher. L’anglais avait confiance que c’en était une de celle-là. Il démontra donc un enthousiasme sincère en reconnaissant la voix tapie dans l’ombre. Il se leva de sa place sur scène et alla à sa rencontre en le taquinant comme dans le bon vieux temps. « Je suis beaucoup trop rouillé pour ça. »  - « oh, mais c’est comme le vélo, ça ne s’oublie jamais! » okay, Ash n’avait jamais eu l’occasion d’en faire, mais il s’agissait de l’image la plus représentative pour énoncer son affirmation. Il alla lui faire une accolade et Landry se leva pour répondre à sa brève étreinte. Un sourire étira les lèvres de son interlocuteur lorsque le guitariste lui mentionna s’il faisait cela souvent se terrer ainsi dans l’ombre? Heureusement, il ne lui avait pas fait peur et il savait que c’était simplement parce que lui-même l’avait reconnu. « L’épouvante a son côté rock’n’roll non ? »  - « oui, tu as entièrement raison! » Ash avait toujours apprécié le côté mystérieux de son ami. Cela faisait quand même une belle transition entre les deux compatriotes. C’était certainement pour ça que beaucoup de filles rêvaient secrètement de sortir avec Landry lorsqu’ils étaient au secondaire. Alors que Ash s'assit sur une chaise, son ami alla plutôt se mettre sous le feu des projecteurs pour qu’il puisse mieux le voir. L’anglais apprécia, parce que l’on changeait physiquement au fil du temps, même si la voix elle restait fidèle à ce qu’on était. « Par où commencer… Je suis neurochirurgien au St Vincent Hospital. » Aussitôt, les yeux verts de Ash s’écarquillèrent, mais ce n’était pas de la surprise. Il était plutôt impressionné que son ami ait poursuivi ses études au-delà du statut de médecin. « wow! neurochirurgien! tu ne fais pas dans la démesure! » Il eut un sourire radieux. « Très occupé par mon travail, pour être honnête. Et toi ? » - « ouais, j’avoue que tu ne dois sûrement pas avoir beaucoup de temps libre avec tout ça! tu aimes ton travail? » Lorsqu’il entendit Landry lui retourner la question, il hésita à savoir comment commencer sa réponse. Il s’était passé tellement d’évènements dans sa vie dans les dernières années, mais surtout au niveau des derniers mois. Son TDAH faisait toujours en sorte que lorsqu’il racontait une histoire, elle ne finissait jamais et les gens se perdaient littéralement dans son fil de pensées. Ce n’était pas toujours une bonne chose. « Du côté professionnel, Alby a quitté le groupe récemment. Il va bien, je te rassure. Il avait besoin de s’occuper de son fils. On a trouvé un nouveau guitariste. Pour l’instant, tout va bien de ce côté. Je continue de donner des cours de guitare ici entre temps.» Il caressa l’anneau qu’il portait à son annulaire gauche avec son pouce. « et pour ce qui est du point de vue sentimental, je me suis fiancé il y a peu. » Un immense sourire attendrie étira les lèvres de l’anglais. Il n’en dit pas plus, attendant l’aval de son interlocuteur qui n’avait peut-être pas envie qu’il lui explique en long et en large comment il avait rencontré l’homme de sa vie. « je crois que rien n’arrive pour rien. tu as eu une illumination en passant devant la bâtisse? » Ash était curieux, comme à son habitude.

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Maintenant qu’il faisait face à celui qui l’avait connu adolescent en la personne d’Asher, Landry ne pouvait contenir le flux de souvenirs. De beaux souvenirs, ceux relatifs à une période de sa vie où il prenait du temps pour lui plutôt que de s’inquiéter pour ses parents, où il acceptait d’être le personnage principal au lieu de subir en silence. Forcément, tout n’avait pas été rose à cette époque non plus mais il avait pu se raccrocher à sa passion pour la musique comme échappatoire. « oh, mais c’est comme le vélo, ça ne s’oublie jamais! » Un rire amusé, il n’avait peut-être pas tord. Il ne devrait pas être complètement ridicule devant les percussions mais il n’aurait sûrement pas l’aisance qu’il avait quelques années auparavant. Peut-être que la mémoire musculaire y serait pour quelque chose ? Une chose semblait sûre, tous ces instruments le captivaient, comme s’il les découvrait pour la première fois. « J’espère que tu as raison. Sinon j’aurais bien besoin de quelqu’un pour me remettre à niveau. » En ayant vu à quel point Asher était toujours aussi habile avec sa guitare, Landry pouvait aisément croire que le musicien n’avait pas perdu de sa superbe. Et il se demandait comment lui aurait pu faire pour ne pas se sentir aussi rouillé. Sûrement se débloquer du temps pour continuer à jouer mais entre son emploi du temps d’étudiant en médecine et ses petits boulots, cela semblait être impossible. « Quoique, ça m’arrive toujours de air drum. » Il avait déjà l’habitude de mimer la batterie au secondaire, souvent avant un examen et il l’avait perpétuée pendant ses révisions à l’université. Pas sûr que cela puisse compter comme de l’entraînement mais au moins, il ne perdait pas le sens du rythme. « oui, tu as entièrement raison! » - « C’est vrai que j’aurais pu juste dire bonjour en entrant mais je ne voulais pas t’interrompre. » Une main sur l’épaule de son interlocuteur, une fois concentré, personne n’aimait être dérangé. Et puis il voulait lui-même profiter du spectacle. « Même si j’aurais adoré t’écouter chanter en même temps. » Car Asher n’était pas que le guitariste des Hollow Shout mais également vocaliste. Le timbre de voix de son interlocuteur était gravée dans sa mémoire et il rappelait à quel point il aimait l’harmoniser avec la sienne, derrière sa batterie.

Il s’installa sur le siège devant le piano de la pièce, maintenant que la conversation était installée entre les deux amis de longue date. « wow! neurochirurgien! tu ne fais pas dans la démesure! » Un sourire satisfait, il en était très fier mais forcément Landry en voulait plus, et il ne comptait pas s’arrêter au milieu du chemin. « Je te dirais bien de m’appeler docteur mais pour toi je veux bien faire une exception. » Il n’était pas du genre à reprendre les personnes qui ne s’adressaient pas à lui sous son statut, d’autant plus quand ce n’était pas sur son lieu de travail. Un sourire complice, il se disait qu’ils avaient bien grandi depuis la dernière fois qu’ils se sont vus. « ouais, j’avoue que tu ne dois sûrement pas avoir beaucoup de temps libre avec tout ça! tu aimes ton travail? » Il ne s’attendait pas à cette question. A vrai dire il n’était même pas sûr qu’on lui ait déjà posé la question. Il prit quelques secondes avant de répondre, ce qui n’était pas forcément bon signe de manière générale. « Oui, ça va. » Et à cet instant, il avait hâte qu’Asher réponde à son tour pour qu’il puisse rebondir comme il se doit. « Du côté professionnel, Alby a quitté le groupe récemment. Il va bien, je te rassure. Il avait besoin de s’occuper de son fils. On a trouvé un nouveau guitariste. Pour l’instant, tout va bien de ce côté. Je continue de donner des cours de guitare ici entre temps. » - « Quoi ? Un fils ? … Et ça va tu arrives à t’en sortir ? » Car la situation financière était importante à prendre en compte, même si ce n’était pas ce qui comptait le plus. Quoique, peut-être pour des personnes comme Landry qui ont priorisé leur vie professionnelle par rapport à tout le reste. « et pour ce qui est du point de vue sentimental, je me suis fiancé il y a peu. » Les yeux écarquillés lorsqu’il vit l’éclat de sa bague, il était bouche bée. Témoin des directions différentes qu’ils ont décidé d’emprunter, il ne cacha pas pour autant son sourire. « Mais non Asher ? Félicitations ! » Il se leva pour enlacer de nouveau le guitariste, profondément heureux pour lui. « C’est pour quand ? » Référence au mariage qui approcherait certainement, cela devait grandement occuper son esprit. « je crois que rien n’arrive pour rien. tu as eu une illumination en passant devant la bâtisse? » - « Je saurais pas vraiment l’expliquer, sûrement la curiosité de voir à quoi ressemble le conservatoire. » Parce qu’il n’y était jamais allé, du moins pas au point d’entrer dans une salle de cours. Ses parents n’avaient eu les moyens de l’inscrire là-bas, quand bien même il aimait la musique depuis qu’il était jeune. Alors, en plus d’y avoir retrouvé son ami, cette journée sonnait comme une consécration.

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@Landry Chamberlain  & Asher Thornhill

« J’espère que tu as raison. Sinon j’aurais bien besoin de quelqu’un pour me remettre à niveau. » Ash eut un sourire amusé. « je donne des cours de guitare principalement et comme tu sais, on m’a toujours dit que la batterie n’était pas faite pour moi. Je sonne comme une casserole, tu te souviens ? » Un rire franc sortit de la bouche du guitariste qui se souvenait des paroles exactes de ses compatriotes lorsqu’ils étaient au secondaire. La guitare était une extension de ses doigts, il n’y avait pas de doute là-dessus, mais il n’avait jamais maîtrisé les percussions et ce, même des années plus tard. Tout le monde avait ses forces et ses faiblesses. « je me serais proposé comme professeur pour te remettre à niveau sinon. ça m’aurait fait plus que plaisir. » L’intention était là. Il n’avait pas non plus la prétention de pouvoir enseigner le piano. Pourtant, il avait du talent, mais il manquait de souplesse dans les doigts et cela ne lui venait pas aussi naturellement.  « Quoique, ça m’arrive toujours de air drum. » - « tu vois, la mémoire musculaire est quelque chose de réelle. Lorsqu’on a le rythme dans la peau, il ne nous quitte pas. » Un nouveau sourire étira les lèvres de Ash. Revoir son ami lui faisait tellement plaisir. Les souvenirs revenaient petit à petit, mais il n’avait jamais oublié cette période où ils avaient joué sur scène ensemble et toutes les pratiques. Si ça avait été possible de l’inclure à 100% dans le groupe lorsque Blaize était revenu, il l’aurait fait. Landry avait su s’intégrer à « hollow shout » sans problème parce qu'après tout il était un ami avant tout. « C’est vrai que j’aurais pu juste dire bonjour en entrant mais je ne voulais pas t’interrompre. Même si j’aurais adoré t’écouter chanter en même temps. » Asher adorait chanter, il était doué, mais ce n’était pas sa réelle vocation. Entendre par contre Landry lui mentionner qu’il aurait aimé entendre sa voix suffisait cependant à l’attendrir. « la journée n’est pas finie. si tu veux, tantôt, je te chanterai quelques chansons si tu as le temps. » Ash ne savait pas si son interlocuteur avait quelque chose d’important à faire aujourd’hui, comme sauver des vies, peut-être? Après tout, ce n’était pas rien d'être neurochirurgien. « Docteur Chamberlain… je te crois hein que tu as ce statut, mais pour moi, tu es Landry tout de même. Fait juste attention en sortant tout à l’heure pour ne pas rester pris dans le cadre de porte. Parce que sinon, tu vas être obligé d’opérer ton ego toi-même… » L’anglais haussa les épaules, bien plus amusé qu’autre chose. Son sourire s’effaça cependant quelques secondes lorsqu’il entendit la réponse à sa question sur si Landry ou Docteur Chamberlain pour lui faire plaisir aimait son travail. Il le regarda d’un air suspicieux, mais il se demanda s’il s’agissait d’une bonne idée de poursuivre ses questions. Peut-être que son interlocuteur ne voulait pas en dire plus. Après tout, sa réponse restait évasive. Ash décida d’en rester là et il parla plutôt de lui-même. Il se disait que si l’ancien batteur voulait en parler, qu’il en prendrait l’initiative.  « Quoi ? Un fils ? … Et ça va tu arrives à t’en sortir ? » - « haha oui, un fils, mais il est père célibataire, alors il doit se concentrer sur lui, alors je me voyais mal lui en vouloir pour ça. Pour ce qui est de moi, j’arrive à sortir la tête de l’eau. » La vérité, c’était qu’il y arrivait toujours à peine. Mais pour réaliser ses rêves, il fallait faire des sacrifices. Ash ne savait pas ce qu’il pouvait faire d’autres de toute manière. La musique avait toujours fait partie à 100% de sa vie. Même s’il aimait donner des cours, il ne pourrait jamais être professeur. Son déficit d’attention ne lui permettait pas de retourner à l’école, il était incapable de suivre des cours. Si la musique ne fonctionnait jamais pour lui, il ne savait vraiment pas ce qu’il pourrait faire de sa vie à long terme. Il essayait de ne pas y penser, c’était beaucoup plus simple de se mettre la tête dans le sable. Et puis, en  ce moment, tout allait bien pour lui. Dans le sens où il était amoureux, il habitait avec son fiancé et tout allait bien entre eux. Il ne pouvait pas se plaindre. Il avait tout pour être heureux. D’ailleurs, dès qu’il en avait l’occasion, il était un peu égoïste et il appréciait étaler son bonheur devant les autres. Il mentionna donc le fait qu’il était fiancé à Landry qui sembla surpris, mais surtout heureux pour lui. Ash l’enlaça également, un sourire sur les lèvres qui ne voulait définitivement pas le quitter. « on n’a pas fixé de date encore pour le moment. Mon fiancé a eu beaucoup de stress ces derniers temps, mais sûrement en 2025. » Ash savait qu’il ne fallait pas brusquer Izan, des plans pour qu’il s’enfuit loin. Mais bon, dans son état de fatigue actuel, il n’irait pas loin.
Ash demanda à Landry ce qui l’avait amené ici dans la bâtisse. « Je saurais pas vraiment l’expliquer, sûrement la curiosité de voir à quoi ressemble le conservatoire. » - « le destin définitivement! » Il eut un nouveau petit sourire. « pendant que tu es là, est-ce que tu as encore de l’inspiration parfois pour écrire des chansons? on joue encore de tes compositions soit dit en passant. Je suis en train de composer une chanson pour mon futur mari et j’ai du mal avec un couplet. Penses-tu que tu pourrais jeter un coup d'œil? Je peux te chanter le début et tu verrais ce que je veux dire. Tout le reste est parfait selon moi sauf cette partie précise et j’aurais peut-être besoin d’un avis extérieur… » L’anglais se leva et alla au piano. Landry avait envie d’entendre de nouveau sa voix, alors il ne se gêna pas pour commencer l’interprétation de la chanson.

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La conversation était particulièrement naturelle, comme si les deux amis ne s’étaient jamais perdus de vue. Landry semblait à l’aise – l’était véritablement là où dans d’autres circonstances il aurait pu faire semblant. « je donne des cours de guitare principalement et comme tu sais, on m’a toujours dit que la batterie n’était pas faite pour moi. Je sonne comme une casserole, tu te souviens ? » Il ricana, impossible d’oublier qu’il n’y avait que lui pour bien jouer de la batterie. Bien que depuis le temps, il pensait sérieusement avoir perdu de sa superbe devant les cymbales. « C’est clair que j’avais peur que tu abimes la mienne à force de frapper frénétiquement sur chaque percussion. » Taquin, il lui avait tendu la perche et le Chamberlain n’était pas du genre à ne pas les saisir. Il grossissait le trait, amusé par l’image d’un Asher en train de jouer de la batterie de manière totalement chaotique alors qu’il pourrait sans doute se débrouiller. « je me serais proposé comme professeur pour te remettre à niveau sinon. ça m’aurait fait plus que plaisir. » - « Ça va être dur mais je vais faire en sorte de m’en remettre. » Son sourire espiègle s’étira de nouveau, il commençait à croire qu’il n’était pas aussi rouillé qu’il le prétendait. Peut-être devait-il racheter une batterie, même s’il n’y touchait que de manière occasionnelle. « tu vois, la mémoire musculaire est quelque chose de réelle. Lorsqu’on a le rythme dans la peau, il ne nous quitte pas. » Sur son siège, il acquiesça au commentaire de son interlocuteur tant il faisait sens. Peut-être que son goût pour la musique ne pouvait pas être réprimé, même lorsqu’il avait des objectifs plus importants comme ses études ou son travail. « Tu n’as jamais arrêté de jouer à un moment, depuis le secondaire ? » Avec du recul, il aurait pu se libérer du temps pour la batterie mais pour cela, il aurait dû sacrifier du temps de repos déjà précieux pour le corps médical. Alors non, il n’avait aucun regret, car il ne serait pas là où il était aujourd’hui s’il n’avait pas mis de côté la musique, aussi déchirant que cela pouvait être.

« la journée n’est pas finie. si tu veux, tantôt, je te chanterai quelques chansons si tu as le temps. » Un sourire satisfait, il sera le poing tant il semblait frustré de ne pas l’avoir entendu chanter plus tôt. Car toutes les conditions étaient réunies pour que la nostalgie soit poussée à son maximum. Il ne manquait que Rayleigh et Alby et le groupe était au complet, comme s’ils étaient retournés quelques années auparavant. « J’ai ma journée, aucune inquiétude. Il faut juste que je fasse quelques vocalises avant si je dois faire les harmonies. » Il ne manquerait pas de pousser la chansonnette avec Asher, surtout s’il décidait d’interpréter un des morceaux du groupe. Il continuait lui-même de chanter certaines de leurs chansons, notamment sur la route pour aller à l’hôpital ou avant d’entrer au bloc. C’était une manière pour lui de le recentrer mais aussi de le booster, un des nombreux attributs du rock’n’roll. « Docteur Chamberlain… je te crois hein que tu as ce statut, mais pour moi, tu es Landry tout de même. Fait juste attention en sortant tout à l’heure pour ne pas rester pris dans le cadre de porte. Parce que sinon, tu vas être obligé d’opérer ton ego toi-même… » Landry ricana, Asher le connaissait beaucoup trop bien pour le contredire. « J’ai déjà eu du mal à rentrer dans la salle tout à l’heure… » Il avait certes un ego très développé mais il l’assumait sans problème. Car cet ego était le fruit de nombreux efforts – et souffrances même s’il refusait d’y penser et forcément d’en parler – et il le cultivait avec beaucoup d’attention. « haha oui, un fils, mais il est père célibataire, alors il doit se concentrer sur lui, alors je me voyais mal lui en vouloir pour ça. Pour ce qui est de moi, j’arrive à sortir la tête de l’eau. » Et pendant qu’il se créait son image de docteur parfait, d’autres avaient déjà fondé une famille, ce qui avait l’effet d’une claque. « Il faudrait que je le félicite, je suis totalement passé à côté… Et tant mieux si tu arrives à t’y retrouver. Tes élèves doivent être très contents de t’avoir comme professeur. » Il était à l’écoute, avenant et avant tout passionné. Pour Landry, cela ne faisait aucun doute qu’Asher était un excellent professeur de musique. Sans que cela soit la seule chose qui le définisse puisqu’il était dorénavant fiancé, une seconde claque sur la joue du Chamberlain. « Je vois… Ce n’est peut-être pas plus mal de ne pas avoir fixé de date, il y a un peu moins de pression. » Bien qu’il n’en ait jamais fait partie, Landry savait que les mariages demandaient énormément d’organisation et que cela pouvait être la cause de stress et d’angoisse. Un comble puisque le mariage est censé être un moment de joie et de sérénité pour l’avenir.

« pendant que tu es là, est-ce que tu as encore de l’inspiration parfois pour écrire des chansons? on joue encore de tes compositions soit dit en passant. Je suis en train de composer une chanson pour mon futur mari et j’ai du mal avec un couplet. Penses-tu que tu pourrais jeter un coup d'œil? Je peux te chanter le début et tu verrais ce que je veux dire. Tout le reste est parfait selon moi sauf cette partie précise et j’aurais peut-être besoin d’un avis extérieur… » Landry était dans un premier temps flatté que le groupe continue à jouer des morceaux qu’il avait composés tant cela lui semblait lointain, mais aussi que le guitariste lui demande son avis. Il acquiesça, et alors qu’Asher se mit au piano, Landry se leva et s’arrêta dans un coin de la salle, cherchant du papier à musique et un crayon. Son visage changeait du tout au tout, il paraissait appliqué comme par automatisme. Il lui avait donné un challenge, un de ceux qui l’animaient depuis qu’il était un enfant et qui le motivait profondément. Installé sur le couvercle du piano, il écoutait attentivement la composition de son ami et griffonnait la mélodie sur la partition. Et à cet instant, il retrouvait son habilité à attribuer des mots aux notes au fur et à mesure qu’Asher déroulait le couplet qui le bloquait. Il chanta finement les premières paroles en rythme avec la musique, ratura pour reprendre, encore et encore. Le processus de création qui l’animait, il faisait rimer des mots comme espoir et pouvoir ou destin et chemin. « Je peux ? » Il s’assit à côté de son ami et lui glissa ses propositions, partitions à l’appui. En espérant qu’il ne soit pas totalement à côté de ses attentes.