Ce jeudi soir, aux environs de 18H, John avait pris la direction des locaux des Alcooliques Anonymes sans véritable conviction. Il le faisait avant tout pour faire plaisir à sa sœur, et il savait très bien qu'elle le harcèlerait tant qu'il ne le ferait pas. Du coup il avait cédé... une fois de plus. Il fallait bien avouer qu'il avait tout le mal du monde à dire non à Lili. Depuis tout petit il avait tout fait pour la protéger mais aussi pour lui faire plaisir afin de pouvoir rendre sa vie un peu plus gaie, habitude qu'il avait gardée même une fois passés à l'âge adulte, le bien-être de sa sœur passant bien souvent avant tout autre chose. John était donc entré dans les locaux lors d'une réunion ouverte. Le genre de réunion qui était ouverte à toutes personnes, adhérentes ou non de l'association, et qui assistait à la prise de parole d'un membre qui raconte son parcours et comment il a pu faire face à la dépendance afin d'inciter éventuellement les visiteurs à franchir le pas de ce processus à leur tour. Malheureusement John arriva avec quelques minutes de retard, alors que la réunion avait déjà commencé, et il attira forcément le regard de toute l'assemblée lorsqu'il franchit les portes. Il avait bien senti que tout le monde l'épiait mais il ne s'en sentit pas gêné pour autant, se contentant de refermer la porte derrière lui et de s'asseoir au dernier rang des bancs. Ceux-ci étant disposés en rangées pour faire face à la personne qui parlait de son expérience et de l'organisateur de la soirée, qui devait certainement être le fondateur de cette association. Une fois assis, il eut une sensation comme si on l'épiait, et il regarda donc naturellement droit devant lui afin de regarder tout d'abord l'assemblée. La plupart des visages s'étaient retournés dès qu'il s'était assis, alors les derniers tournaient la tête lorsqu'il croisait leurs regards. Il eut malgré tout une drôle de sensation lorsqu'il croisa rapidement le regard d'une femme qui se trouvait quelques rangs en diagonale devant lui et qui avait également tourné sa tête avant qu'il ne croise son regard.

L'homme reprit l'explication de son parcours pendant une dizaine de minutes avant que l'organisateur ne lui pose plusieurs questions puis que ce soit au tour de l'assemblée de lui poser des questions pour faire vivre un échange vivant et participatif. Durant toute cette intervention, John n'était pas vraiment intéressé mais il avait tout de même gardé une oreille attentive car il savait que sa sœur le questionnerait pour savoir ce qu'il avait retenu de la réunion. Non il avait passé la majeure partie de son temps à zieuter l'assemblée, se demandant si cela pourrait être amusant de refaire chuter l'un des membres assidus en l'invitant à boire un verre... Ou alors s'il pouvait éventuellement séduire l'une des femmes de l'assemblée, dont certaines étaient vraiment séduisante. Son regard s'était d'ailleurs attardé à plusieurs reprises sur la brune qu'il avait remarqué à son arrivée. Il pensa finalement que sa soirée serait bien plus agréable et amusante à la finir au lit avec une jolie femme, ayant jeté finalement son dévolu sur cette belle brune. Il avait élaboré un plan d'approche alors que la réunion prenait fin, que l'assemblée félicitait l'intervenant et que l'organisateur remerciait toute l'assemblée de leur présence ce soir. John s'était redressé en attendant que la jolie brune en fasse de même et prenne la direction de la sortie afin de passer devant lui. Ce qu'elle ne tarda pas de faire avant de garder les yeux baissés en sortant de sa rangée puis en s'engageant dans l'allée principale pour venir dans sa direction. John n'avait aucun doute sur ses capacités et se sentait relativement confiant en son jeu de séduction jusqu'à ce qu'elle lève son regard noir sur lui qui lui provoqua aussitôt un électrochoc tellement elle le fusillait du regard. Cela n'arrivait pas souvent mais il avait été déstabilisé par celui-ci alors que les traits du regard lui disaient vaguement quelque chose... Il était finalement resté cloué sur place alors que la belle brune était passée devant lui et était désormais sortie du bâtiment. C'est à cet instant que cela lui revenu et qu'il se mit à sortir à son tour à grande enjambée pour rattraper cette femme qui n'était donc pas une inconnue, comme il l'avait imaginé initialement.

"ANDY !" avait-il crié à son attention alors qu'il s'était mis à lui courir après pour revenir sur ses talons mais celle-ci ne s'était pas arrêtée, continuant sa marche plutôt rapide sans même se retourner. Mais John n'abandonna pas et, après être sorti de son sillage, arriva finalement à sa hauteur. "Andy ? " dit-il sur un ton plus bas tout en lui attrapant le bras. Non pas pour lui faire mal mais uniquement pour la freiner dans sa marche en avant. Il était encore pris d'un doute lorsqu'il l'avait intercepté mais lorsqu'elle se retourna et qu'il recroisa son regard à nouveau, il sut aussitôt que c'était bien elle, bien que les années avaient défilées depuis leur toute dernière rencontre il y a vingt ans de cela... Et vu les regards qu'elle lui avait adressé, nul doute que celle-ci était bien présente dans son esprit...

crédits/idril

The years go by, but they don't erase the pain...

@John Cole octobre 2024
¤¤¤
crédits gifs (stars-bean) / code (boté du sud )

La sobriété connait Andy depuis plusieurs années déjà, et elle continue malgré tout de se rendre aux alcooliques anonymes lorsque le temps le lui permet. La sobriété n'est jamais définitivement acquise, car il peut être très facile de retomber dans ses vieux démons. Avec la mort d'Aaron, tout a été plus difficile pour Andréa, qui s'est plusieurs fois retrouvée tentée de se servir un verre, alors qu'elle sortait tout juste de l'alcoolisme. Son retour à la maison a été un véritable déclencheur pour elle, si bien qu'Aaron l'a aidé à se sortir de cette galère. Désormais seule, il lui suffit d'ouvrir une bouteille pour retomber, sans que personne n'en sache rien. Il n'y a plus personne entre les murs de sa maison pour surveiller ce qu'elle se sert, exceptée Emy sa fille, qui n'a jamais eu connaissance de ce problème. En tout cas, Andréa ne lui en a jamais parlé, mais ça ne signifie pas qu'elle n'est peut-être pas au courant, qu'elle n'a jamais rien remarqué. Bref. Andy est donc à cette réunion, qui continue malgré tout de l'aider à tenir. Pour Aaron, Andréa a envie de tenir. Ponctuelle, la jeune femme s'est installée dans les premiers rangs, et elle écoutera attentivement les différentes interventions, poliment, même si au fond parfois elle trouve cela fatiguant et tentant d'entendre les histoires des autres par rapport à l'alcool. Un retardataire se fait remarquer, forçant presque tout le monde à se retourner pour découvrir l'identité de la personne qui ose interrompre quelques instants l'interlocuteur en face de toutes ces personnes dépendantes. Curieuse, Andy se tord presque le cou pour savoir si elle connait la personne en question, alors qu'elle n'est pourtant pas vraiment du genre expansive en ces lieux. Elle est même plutôt discrète, à vrai dire. Et pourtant, ses yeux s'écarquillent en reconnaissant les traits de l'homme qui s'est assis plusieurs rangs derrière elle. Cela fait 20 ans qu'elle ne l'a pas vu, mais elle n'oubliera jamais ces yeux foncés qu'elle croise furtivement, et qu'elle compte bien éviter désormais comme la peste. Pas question qu'Andréa ne cherche la discussion avec un lâche. Si bien qu'à l'annonce de la fin de la réunion, l'architecte s'arrange pour quitter rapidement les lieux, en baissant le nez volontairement au moment de passer à côté de son rang de chaises. Elle compte bien faire comme si elle ne l'a pas reconnu, et rentrer chez elle retrouver ses enfants, en compagnie de Yasmin qui la dépanne encore ce soir. Andréa ne résiste malheureusement pas à la tentation de relever les yeux en sa direction, pour s'assurer qu'elle est tiré d'affaire et qu'il ne cherche pas à ce qu'elle le remarque, sauf que leurs regards se croisent, et Andy comprend très vite qu'il la reconnait lui aussi. Le noir de ses yeux lui intime de ne rien faire, alors elle tourne les talons pour s'assurer véritablement qu'il ne tentera pas de la suivre. Evidemment, c'est raté. Elle entend aussitôt sa voix l'appeler au loin, mais Andréa fait exprès de ne pas se retourner, alors qu'elle a parfaitement entendu ses appels. Elle sent son bras être retenu, et elle grimace. Non pas de douleur, mais d'irritation à l'idée de devoir poser plus longuement ses yeux sur l'homme qui l'avait extrêmement déçu, vingt ans plus tôt. « Andy ? » - « Pour toi, c'est Andréa, John. » Souffle-t-elle rapidement, pour lui annoncer la couleur de cet échange qu'il souhaite visiblement à tout prix vivre. De plus près, Andy est sûre et certaine qu'il s'agit de lui. « Considères-toi chanceux que j'utilise ton prénom, car j'hésitais déjà entre "connard" ou "lâche". » Rancunière ? Absolument. Réaction normale, après vingt ans sans se revoir, et que durant leur dernière rencontre, Andréa le considérait comme l'homme de sa vie. « C'est fou comme tu n'as pas changé. Toujours aussi... aussi... » Andy fit mine de réfléchir, laissant planner un véritable suspens. Comme celui qu'elle avait vécu, après de nombreux messages envoyés, sans que John ne daigne plus jamais lui parler. A son tour, elle compte bien le faire miroiter.

John avait beau avoir crié son nom pour qu'elle l'attende mais elle n'en fit rien. Le fuyant comme la peste, alors il força l'allure jusqu'à lui attraper le bras en prononçant une nouvelle fois son nom, ou plutôt son surnom qu'il n'avait pas oublié, pour qu'elle s'arrête enfin et qu'elle se retourne enfin pour lui faire face. "Pour toi, c'est Andréa, John" lui souffla-t-elle avec agressivité et en exprimant visiblement une grimace de dégoût à son égard. L'expression et les mots prononcés par Andréa avait suffit à lui faire relâcher le bras qu'il avait tenu quelques instants plus tôt. John n'était vraiment pas du genre à être intimider et pourtant c'est comme si elle avait réussi à le mettre à genoux après lui avoir décroché une droite. Et tout cela, sans même l'avoir touché. La puissance des mots étant parfois bien plus violente qu'un coup reçu physiquement. Et si John était habitué à encaissés ceux-ci lors des combats de rues auquel il participait régulièrement, il était bien plus démunis face à des joutes verbales. "Considères-toi chanceux que j'utilise ton prénom, car j'hésitais déjà entre "connard" ou "lâche"" ajouta-t-elle sur le même ton comme pour enfoncer le clou et le piétiner encore un peu plus pour qu'il se sente bien plus bas que terre. Et elle était parfaitement en état de le faire étant donné qu'il avait mis fin à leur relation il y a vingt ans de cela. Enfin "mettre fin" restait un bien grand mot étant donné qu'il s'était plutôt comporté comme un lâche en ne donnant plus de nouvelles du jour au lendemain sans prévenir... Mais dans le fond, il était encore insouciant et il devait bien reconnaître que sa toute première histoire d'amour s'était soldé par une terrible douleur alors que Lily l'avait abandonné sans jamais donné de réponses aux nombreux messages qu'il lui avait laissé, c'était sans doute la manière de rompre qui lui semblait la plus naturelle à cette époque, cependant il savait des années plus tard qu'il s'était mal comporté... "Et tu serais parfaitement en droit de t'adresser à moi de cette manière..." tenta-t-il malgré tout, tout en la regardant dans les yeux. Il ne cherchait pas à la fuir du regard. Tout comme il ne cherchait pas non plus à fuir ses responsabilités et le jugement qui l'accompagnait. Non pas cette fois. De l'eau avait coulé sous les ponts depuis leur dernière rencontre et il avait envi de lui montrer qu'il avait changé. Qu'il n'était plus ce jeune gars de 17 ans qui avait pris peur de leur début de relation qui s'enflammait bien trop vite pour lui à cette époque.

"C'est fou comme tu n'as pas changé. Toujours aussi... aussi..." Sa tentative de vouloir paraître différent aux yeux d'Andy semblait avoir été un total échec étant donné qu'elle ne lui trouvait aucune différence. Cependant, il restait attentif aux propos qu'elle semblait vouloir lui dire, ou bien lui avouer. Sans que visiblement la fin de sa phrase ne semblait arriver. Et bien qu'il était curieux de découvrir le fond de sa pensée, comme tout le monde changeait que ce soit physiquement ou psychologiquement avec les années qui défilaient, il n'était finalement pas très sûr de vouloir entendre la suite, afin d'éviter de se prendre un nouvel uppercut car il se doutait bien que cela ne serait certainement pas un compliment à son égard. Il n'était pas suffisamment bête pour tendre le bâton pour faire battre sachant qu'elle avait déjà bien assez de munitions à utiliser contre lui si elle le désirait. "Andy..." John grimaça aussitôt après l'avoir appelé par le même surnom qu'il avait toujours utilisé avant de se reprendre "Désolé, je voulais dire Andréa." montrant ainsi qu'il l'avait écouté et qu'il avait bien pris en compte sa requête précédente. "Je me doute que cela ne changera absolument rien pour toi, vis-à-vis de ce que tu penses de moi, surtout après toutes ces années, mais j'ai réagi comme un gamin immature... un connard et un lâche, tu as raison... je suis vraiment désolé pour ça" John savait très bien qu'elle n'accepterait pas ces excuses. Puis, voyant qu'elle ne réagissait pas aussitôt à ses propos, et même s'il n'était présent aux réunions des AA uniquement pour faire plaisir à sa sœur, il avait tout de même entendu à nouveau l'une des devises qu'ils avaient exprimés lors de leur réunion de ce soir et qu'il avait malgré tout retenu après l'avoir entendu à plusieurs reprises "... Accordez-moi le courage de changer les choses que je peux changer... La sérénité d'accepter celles que je ne peux changer... Et la sagesse d'en connaître la différence... Accordez-moi le courage de ne pas renier ce que je crois être bien, même si je pense que c'est sans espoir..." John s'était permit de la réciter à haute voix pour montrer qu'ils étaient tous les deux ici présents dans un chemin de rédemption, donc elle devait forcément avoir ces paroles bien en tête. Même s'il ignorait encore la raison qui avait bien pu faire basculer Andy dans l'alcoolisme à un moment de sa vie, il savait que cela devrait résonner en elle. "Je ne pourrais pas changer ce que j'ai pu te faire mais, même si c'est sans espoir, je tenais malgré tout à m'excuser après t'avoir vu ce soir"

crédits/idril

The years go by, but they don't erase the pain...

@John Cole octobre 2024
¤¤¤
846 mots
crédits gifs (stars-bean) / code (boté du sud )

Andy joue avec les nerfs de John, et elle sent qu'elle va apprécier cela, même si leur rencontre ne l'enchante que très peu pour autant. L'architecte a ce goût amer dans la bouche, même des années après avoir été humilié par cet homme en face d'elle. Toujours discrète et gentille avec les autres dès les premières années de sa vie, jusqu'à encore aujourd'hui, Andréa n'a pas apprécié qu'un lâche comme John joue avec ses pauvres sentiments, les siens étant sincères lorsqu'elle a attendu de lui un peu plus qu'une simple relation. Elle avait vu en lui le futur homme de sa vie, espérant déjà à dix-huit ans mariage et enfants prochainement. Avec le temps, l'architecte a réalisé que ses attentes l'ont probablement effrayés, et cela, elle le comprend. Ce qu'elle n'accepte pas, en revanche, c'est le silence de John alors qu'il était censé l'aimer.  « Et tu serais parfaitement en droit de t'adresser à moi de cette manière... » - « Je n'ai pas besoin de ton approbation, de toute façon. » Raille-t-elle, cherchant à avoir à tout prix le dernier mot avec lui. Bien évidemment qu'elle est en droit de s'adresser à John avec des insultes, parce qu'il est bel et bien le dernier des connards à qui elle a envie de parler. D'ailleurs, Andy s'arrange bien pour qu'il croit sa phrase en suspens, alors qu'elle ne compte rien ajouter. John n'a pas changé d'un poil, ni physiquement, ni dans sa manière de l'aborder et de parler. Elle espère que, par ce biais, il va comprendre qu'elle n'a pas envie de s'attarder et de perdre son temps à ses côtés pour bavarder. Andy n'a pas le désir de lui accorder une importance qu'il cherche probablement, alors qu'il continue d'utiliser surnom : « Andy... Désolé, je voulais dire Andréa. » Par chance, il s'est repris, mais le regard de l'architecte est toujours aussi noir que tout à l'heure. Qu'a-t-il donc à lui dire, pour la retenir toutes ces précieuses secondes ? « Je me doute que cela ne changera absolument rien pour toi, vis-à-vis de ce que tu penses de moi, surtout après toutes ces années, mais j'ai réagi comme un gamin immature... un connard et un lâche, tu as raison... je suis vraiment désolé pour ça. » Elle l'écoute, les bras croisés contre sa poitrine pour afficher un air fermé, et inaccessible. John a raison de préciser que cela ne changera rien, car ses excuses arrivent trop tard. Vingt ans, et elle ne les attendu plus, en réalité. Des regrets, elle n'en avait aucun, qui aurait pu la pousser à culpabiliser, à ressentir un peu de compassion, ou quoique ce soit d'autre. John n'existait déjà plus à ses yeux depuis tout ce temps, et elle ne compte pas le faire revivre si facilement. « ... Accordez-moi le courage de changer les choses que je peux changer... La sérénité d'accepter celles que je ne peux changer... Et la sagesse d'en connaître la différence... Accordez-moi le courage de ne pas renier ce que je crois être bien, même si je pense que c'est sans espoir... » Elle pousse un soupir en levant les yeux au ciel ; n'est-ce pas trop simple, d'utiliser le discours des AA pour demander pardon ? Andy a sombré dans l'alcoolisme bien après leur "rupture" ; mais elle ne peut pas certifier que le comportement de John n'a pas contribué à sa chute, de manière inconsciente. Elle a constamment mis cela sur le coup de l'absence d'Aaron, mais elle sait aussi que le sentiment d'abandon a toujours existé chez elle, bien avant sa rencontre avec son défunt mari. « Je ne pourrais pas changer ce que j'ai pu te faire mais, même si c'est sans espoir, je tenais malgré tout à m'excuser après t'avoir vu ce soir. » - « Oh arrête, tu veux pas que je sorte les violons non plus ? » Sa carapace a du mal à se fissurer, elle maintient son regard froid et son air renfermé. Pourtant, John fait des efforts, elle le constate sans problème. « Tu veux que je te dise quoi ? Que j'accepte des excuses vieilles de 20 ans ? Des excuses que je n'attendais même plus, parce qu'à mes yeux, tu n'existes plus ? » Andy oublie presque qu'ils sont aux AA, que la présence de John ici traduit probablement des soucis profonds, dont elle n'a pas conscience. Mais la bienveillance n'a pas sa place entre eux, en tout cas, l'architecte la refuse à son égard. « Ecoute, si ça te fait plaisir, je peux te dire que je les accepte, John. » Elle a ce ton désespéré, et indifférent. Qu'elle les accepte ou non, ça ne changera rien à sa vie aujourd'hui, en a-t-il au moins conscience ? « Maintenant, rien ne nous oblige à faire ami-ami. Notre histoire, c'est du passé, et je ne crois pas avoir de la place pour toi dans le chaos que forme mon présent. » Alors, peut-il la laisser filer ? Elle a le sentiment que ça ne va pas être si facile de s'en débarasser.

"Je n'ai pas besoin de ton approbation, de toute façon." lui répliqua aussi sec Andréa lorsque que John venait de lui dire qu'elle serait en droit de l'insulter de tous les noms. Mais le fait de l'entendre lui dire revenait à appuyer encore un peu plus là où ça faisait mal car il savait au fond de lui qu'il s'était mal comporté. Mais comment pouvait-il lui justifier après toutes ces années ? Il essaya malgré tout de prendre les devants et de lui expliquer son ressenti et les excuses qu'il estimait qu'elle méritait même s'ils elles arrivaient bien plus tard qu'elles n'auraient dues, devant supporter le regard noir que lui lançait Andy tout le temps où il pouvait s'exprimer ainsi que la posture ultra défensive qu'elle avait prise afin de lui faire comprendre qu'elle cherchait juste à ce qu'il la laisse tranquille. Et voyant qu'elle ne réagissait pas davantage, il lui sortit même une réplique des Alcooliques Anonymes qui cherchait à accorder le pardon même lorsque cela paraissait impossible. "Oh arrête, tu veux pas que je sorte les violons non plus ?" lui avait répliqué Andréa toujours d'un ton aussi sec. Elle n'avait pas flanché d'un iota depuis qu'il l'avait intercepté et même s'il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui saute au cou, il espérait au moins un minimum de compassion, qu'elle ne semblait de toute évidence pas disposée à lui offrir aujourd'hui. "And..." John essaya d'intervenir mais il n'en eut pas le temps, coupée par la jeune femme qui n'avait visiblement pas fini de déverser sa haine sur lui. "Tu veux que je te dise quoi ? Que j'accepte des excuses vieilles de 20 ans ? Des excuses que je n'attendais même plus, parce qu'à mes yeux, tu n'existes plus ?" L'estocade portée par la jeune femme fut celle de trop. Si John se considérait totalement responsable de la situation qu'ils avaient pu vivre il y a vingt ans de cela, il ne méritait pas autant de haine pour autant et donc la moutarde lui monta rapidement au nez avant de lui dire le fond de sa pensée afin d'essayer de la remettre à sa place elle aussi. "Punaise mais tu t'entends un peu Andréa... Je n'avais que 17 ans bordel ! Je n'étais même pas majeur à l'époque que tu avais déjà planifier notre mariage et toute notre descendance... Alors oui j'ai pris peur et je suis parti sans avoir su y mettre les formes. Je sais que je me suis mal comporté et c'est la raison pour laquelle je tenais à m'excuser lorsque je t'ai reconnue tout à l'heure. Que tu m'en veuilles je le comprends... mais après tu crois sincèrement que me détruire avec tes mots et me faire ressentir ta haine après plus de 20 ans est vraiment nécessaire ? J'espère juste que ce n'est pas à cause de moi que tu te retrouves à ce genre de réunion car là oui je comprendrais que tu m'en veuilles à ce point si cela fait vingt ans que tu as sombré dans l'alcool à cause de notre rupture. Mais j'espère que ce n'est pas ça car il y a des choses bien plus grave dans la vie que ce qui nous est arrivé..." John essayait de reprendre le fil de ses pensées et de son souffle suite aux émotions qu'elle venait de lui faire vivre.  "Ecoute, si ça te fais plaisir, je peux te dire que je les accepte, John." lui avait dit Andréa d'un ton désespéré et indifférent. "Non je ne te demande pas de les accepter si ce n'est pas sincère mais juste de les écouter et de les entendre..." John aussi avait pris un air légèrement désespéré par l'attitude de la femme qu'il lui faisait toujours face pour le moment. "Maintenant, rien ne nous oblige à faire ami-ami. Notre histoire, c'est du passé, et je ne crois pas avoir de la place pour toi dans le chaos que forme mon présent." lui dit-elle finalement comme pour clore leur échange mais, aussi bizarrement que cela puisse paraître, c'est justement dans ces derniers propos qu'il sentit enfin une brèche dans la carapace qu'elle semblait s'être forgé avec le temps. Il y a quelques secondes, elle lui avait dit qu'il n'existait plus pour elle, et maintenant elle annonçait ne pas croire avoir de la place pour lui dans sa vie actuelle. Si elle était restée dans le même état d'esprit, elle lui aurait assurément dit qu'elle était sûre de ne pas avoir de place pour lui. Cela l'incita alors à la retenir en tentant d'en savoir un peu plus sur ce qu'elle avait pu vivre et ce qui, certainement, l'avait conduit à sombrer dans l'alcoolisme avant d'entamer un chemin de rédemption. "Attends Andréa... Même si j'ignore le chaos qui t'entoure, cela m'attriste de te découvrir ainsi. Je ne veux pas m'immiscer dans ta vie contre ton gré. Et je me doute bien que je dois être la dernière personne à qui tu aurais envi d'en parler mais, si tu as besoin, je peux être là. On n'est plus des gamins mais des adultes désormais, on peut peut-être se comporter comme tels tu ne crois pas ?" John était compatissant et sincère dans ses propos et même si Andréa en doutait, elle avait quand même compté pour lui à une époque même si cela n'avait pas duré aussi longtemps qu'elle l'aurait aimé.

crédits/idril

The years go by, but they don't erase the pain...

@John Cole octobre 2024
¤¤¤
1 025 mots
crédits gifs (stars-bean) / code (boté du sud )

Elle n'est pas tendre Andy, avec John. Elle sait choisir les mots pour être piquante à souhait, elle sait toucher là où ça fait mal, alors elle lui exprime le plus explicitement possible que John n'existe plus à ses yeux depuis de très longues années. Au fond, ce n'est pas un mensonge. Elle n'a plus rien attendu de cet homme depuis qu'il l'a ghosté. Andy n'a finalement pas longtemps regretté leur histoire, après avoir rencontré Aaron. Elle a même vu, vingt ans plus tôt, cette séparation comme une bénédiction. Sans elle, Andy n'aurait jamais rencontré l'homme qui lui aura offert de très longues années de bonheur, en plus d'une fille merveilleuse. Alors certes, il y a des manières plus tendre que celle qu'elle emploie pour le lui expliquer, mais elle est comme ça, Andy ; elle sait être explosive, quand il faut, en plus de se la jouer un peu mélodramatique aussi, de son côté. « Punaise mais tu t'entends un peu Andréa... Je n'avais que 17 ans bordel ! Je n'étais même pas majeur à l'époque que tu avais déjà planifier notre mariage et toute notre descendance... Alors oui j'ai pris peur et je suis parti sans avoir su y mettre les formes. » John hausse le ton, c'est donc la première fois depuis le début de leur conversation qu'elle lui laisse un peu de place. Alors qu'il s'écrase sous ses mots blessants depuis tout à l'heure, il semble reprendre du poil de la bête, ce qui invite bizarrement la jeune femme à se taire, et à écouter. « Je sais que je me suis mal comporté et c'est la raison pour laquelle je tenais à m'excuser lorsque je t'ai reconnue tout à l'heure. Que tu m'en veuilles je le comprends... mais après tu crois sincèrement que me détruire avec tes mots et me faire ressentir ta haine après plus de 20 ans est vraiment nécessaire  ? » Elle pousse ses lèvres en une moue interrogative, peu convaincue, et troublée à la fois. Il lui coupe un peu le caquet, il faut l'admettre. Elle n'aime pas l'idée, mais elle apprécie aussi que John se rebiffe. D'autant que... il n'a pas entièrement tort, pour ne pas oser dire qu'il a raison. « J'espère juste que ce n'est pas à cause de moi que tu te retrouves à ce genre de réunion car là oui je comprendrais que tu m'en veuilles à ce point si cela fait vingt ans que tu as sombré dans l'alcool à cause de notre rupture. Mais j'espère que ce n'est pas ça car il y a des choses bien plus grave dans la vie que ce qui nous est arrivé... » - « Non, c'est pas à cause de toi. » Grogne-t-elle, avant de lui faire admettre qu'elle peut accepter ses excuses, si ça lui chante. Ses mots sont justement choisis, et ça la fait chier, en quelque sorte. « Non je ne te demande pas de les accepter si ce n'est pas sincère mais juste de les écouter et de les entendre... » Elle hausse des épaules, et acquiesce finalement. Si ça lui suffit, alors d'accord, elle commence à capituler. Comme quoi, hausser un peu la voix et lui secouer les puces semblent être la recette miracle pour se faire entendre. « Ok, et ben écoute... je les ai entendus. » Elle lui adresse un regard du genre "et alors, maintenant ?" puis elle lui déclare ouvertement qu'ils ne sont pas obligés de faire ami-ami pour autant, et qu'elle n'a sûrement pas de place pour lui et ses soucis dans sa vie actuelle. Ses mots sonnent comme de nouveaux adieux, mais John continue de gagner en assurance, au point de continuer à la retenir : « Attends Andréa... Même si j'ignore le chaos qui t'entoure, cela m'attriste de te découvrir ainsi. Je ne veux pas m'immiscer dans ta vie contre ton gré. Et je me doute bien que je dois être la dernière personne à qui tu aurais envi d'en parler mais, si tu as besoin, je peux être là. On n'est plus des gamins mais des adultes désormais, on peut peut-être se comporter comme tels tu ne crois pas ? » Elle se sent prise au piège, comme une gamine grondée par ses parents, à raison. John est juste quand il dit qu'ils peuvent agir comme des adultes, et non comme des enfants. Il est juste aussi quand il dit qu'il est la dernière personne à qui elle a envie d'en parler... mais au fond, il arrive à la convaincre qu'être rancunière, c'est ridicule. Elle se sent bête, mais elle ne l'avouera pas. Et Andy ne compte pas lui donner satisfaction ce soir ; se faire "désirer", c'est ce qu'elle prévoit bien de faire. « Oui bon... d'accord. Désolée d'avoir été désagréable. » Des vibrations dans sa poche attirent son attention, et elle sort le téléphone de la poche de sa veste. C'est Emy, qui lui demande quand elle compte rentrer, puisqu'elle garde son petit-frère, qu'il est presque l'heure de se coucher. « Mes enfants m'attendent, désolée. » Deux fois qu'elle s'excuse en l'espace de trente secondes, tout doux. « On reporte le récit de mes problèmes à une autre fois, d'accord ? Je te donne mon numéro. » Le revirement de situation est assez flagrant, mais John a réussi à lui ouvrir les yeux alors... pourquoi pas, finalement ? Il ne lui veut pas de mal aujourd'hui, c'est évident. Il lui tend alors son téléphone, dans lequel elle rentre son numéro, en prenant bien le soin de se nommer "Andréa". « Tu laisses Andréa, et pas Andy, hein. » Elle dit ça sur le ton de la menace, pour montrer qu'elle peut encore avoir le dessus si elle veut... mais elle ne veut plus, alors c'est évidemment une menace en l'air. « A bientôt, alors. » Pas d'accolade, pas d'embrassade, il ne faut pas exagérer non plus. Un petit signe de main, c'est déjà très bien. Andy tourne les talons, sans même se retourner, prête à retrouver son petit quotidien... même si cette rencontre fortuite risque bien de perturber le calme apparent de ses pensées en ce moment.