From the chaos of the emotions to the order of the possible.

@Norah Sawyer & Oscar

Oscar avait changé quatre fois de vêtement, il avait finalement abdiqué en se regardant dans le miroir, se donnait l’impression d’un adolescent prépubère qui tenterait de daguer une fille. Secouant la tête, il avait annoncé à haute voix. « Ça sera très bien. » Pas si sûr de lui pourtant. Une fois trop chic, puis trop décontractée, ce n’était pas dans son habitude de douter, mais il redoutait d’envoyer le mauvais message à Norah. Il l’avait invité chez lui sans aucune retenue, après l’avoir dévisagé pendant des mois, de quoi se faire des idées. Lui-même s’en faisant sans doute un peu. Mais il était un homme marié, et bien que le naufrage de son mariage ne soit plus à prouver, il avait toujours été fidèle à sa femme, ce malgré les tentations de la vie. Alors se faire séduire par une fille de quinze ans sa cadette, et qui ne faisait rien pour le charmer était inenvisageable. Il avait finalement opté pour un pantalon en lin clair et un simple T-shirt noir, avec déjà quelques traces de peinture, vestige d’une ancienne toile. 
 
Il s’était levé tôt, trouvant le lit déjà vide, sa femme l’ayant déjà déserté pour le travail. Puis il était allé courir après un simple jus, n’ayant pas oublié la promesse de Norah de ramener les croissants. Une longue course qui avait réussi à lui changer les idées, son esprit ayant été hanté par le visage de Norah toute la nuit. Charly l’avait évidemment suivi, puis il avait continué de traîner dans ces pattes alors qu’il installait le matériel dans le jardin. Il s’était finalement ravisé, en se disant que s’enfermer dans une pièce avec Norah n’était pas la meilleure idée pour lui. Son jardin était de taille modeste, mais la piscine avec une belle vue sur la plaine était un atout de charme qui l’avait de suite convaincu quand il avait visité la maison. Il y avait des travaux à faire à l'époque, mais en tant qu’architecte, ce point était presque devenu positif. Il avait finalement pu faire de cette maison ce qui lui plaisait, et ne doutait pas que Norah apprécierait la décoration, surtout une ou deux œuvres qu’il avait réussi à dénicher et qui ornaient ses murs. 
 
Il s’était finalement coulé un café serré en attendant la jeune femme, qui n’avait pas tardé à signaler sa présence. En lui ouvrant la porte, un sourire sincère s’était inscrit sur son visage. Elle lui avait manqué. « Bonjour Norah, bienvenue chez moi. Entre seulement. » Il lui avait ouvert la porte de sa demeure, son cocon où il avait été si heureux pendant des années. « Laisse-moi t’aider. » Attrapant quelques affaires, il était allé les déposer sur la table extérieure. « Je me suis installé dehors, je me suis dit que la nature pourrait nous inspirer. » Pour sa part, il n’avait pas besoin de ça. « J’espère que tu n’as pas oublié les croissants, je meurs de faim. » Un sourire complice sur le visage, il observe la jeune femme, sa beauté toujours aussi fraîche, cette moue qu’il ne reconnaît pas toutefois, elle est propre à Norah.  

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@Oscar Sterling & Norah Sawyer

Norah avait toujours aimé les challenges, encore plus ceux qui l’obligeaient à sortir de sa zone de confort. Alors qu’elle avait décidé de prendre des cours de peinture pour pallier ses lacunes, le professeur demandait à ses élèves de peindre une toile à quatre mains qui serait présentée à la prochaine séance, lui-même ayant réalisé les pairs. Si cela commençait comme une mauvaise blague ou pire une catastrophe, la Sawyer fut soulagée lorsque son binôme n’était autre qu’Oscar. Outre le fait qu’il n’était pas un parfait inconnu, le courant était très bien passé entre les deux durant le premier cours de l’apprentie avocate, de quoi la rassurer quant à la tournure de ce fameux devoir qu’ils devraient réaliser. Mais, les jours précédents le rendez-vous qu’ils s’étaient fixés, Norah semblait perturbée. Elle n’avait jamais partagé un processus créatif avec quelqu’un par le passé, elle qui avait tendance à rester dans sa bulle lorsqu’il était question d’activité artistique, un comble lorsque l’on connait son contenu sur les réseaux sociaux. Elle aimait partager avec sa communauté ses toiles finalisées et divers tutos DIY, y compris de dessin et de peinture. Toutefois, elle parlait jamais de ce qui l’avait poussée à réaliser telle ou telle toile, chose qu’elle tenait à garder pour elle. Son jardin secret, ses pulsions, ses fêlures, ce qui la faisait sourire mais aussi ses peurs. Elle savait pertinemment qu’elle devrait s’ouvrir à son partenaire à un moment donné car c’était le point de départ inévitable. Et mettre à nu ses émotions la tracassait suffisamment pour y penser nuit et jour.

Comme à son habitude, Norah s’était levée tôt. Incapable de faire une grasse matinée tant il s’agissait d’une perte de temps pour elle, elle prépara ses palettes, pinceaux, crayons et carnets à croquis puis les rangea dans un sac. Elle vêtait un blue jeans avec un haut assez basique, sa longue chevelure ornant son port de tête et qu’elle attacherait sûrement avant de commencer à peindre. Un maquillage léger et elle n’avait plus qu’à prendre son classique thé du matin pour compléter sa routine. Étrangement, le matin même, sa crainte du lâcher prise semblait s’évaporer, comme si elle n’avait jamais existé. Mais elle se connaissait, elle pourrait revenir à n’importe quel moment, encore plus devant le fait accompli. Toutefois, elle ne préférait pas y penser, focalisant son attention sur le meilleur itinéraire à prendre pour se rendre chez Oscar. Lorsque ce dernier lui avait envoyé son adresse, Norah ne put s’empêcher de sourire. Encore un coup du destin mais qui ici était très avantageux puisqu’elle pourrait s’y rendre à pieds. La seule difficulté était d’inclure une boulangerie sur sa route, se croyant presque dans une partie grandeur nature de Taxifolie – sauf qu’elle adorait les jeux de société et elle y était particulièrement douée. Un sourire en coin, elle s’était créée l’itinéraire parfait alors qu’elle terminait sa tasse de thé. Emportant son sac, elle quitta de suite son appartement pour faire un détour à la boulangerie où elle avait l’habitude d’aller. Là-bas, elle prit un panachée de croissants, ne sachant guère le nombre de personnes composant le foyer Sterling ni leurs goûts en matière de viennoiseries. Une fois sa course terminée, elle reprit le chemin et au bout de quelques mètres, elle fit face à sa destination.

Toquant à la porte, Norah arborait son sourire naturel qui s’étira un peu plus lorsqu’Oscar lui ouvrit la porte. « Bonjour Norah, bienvenue chez moi. Entre seulement. » - « Bonjour ! Merci de m’accueillir, surtout. » Ayant l’habitude de ses commodités, elle reprit. « C’est marrant, je passais devant ta maison tous les jours pour aller à l’univ- » Son regard fut attiré par la décoration intérieure de la maison d’Oscar, émerveillée. Premier « Wow. », elle était fascinée par la décoration, très probablement sa deuxième passion après la peinture. Elle qui adorait dénicher des objets dans les brocantes, récupérer et retravailler la matière, la Sawyer aurait dû s’attendre à en prendre plein la vue étant donné le métier de l’hôte. « C’est vraiment sublime chez toi. » Son attention retrouva Oscar lorsqu’il se proposa de prendre ses affaires, ce à quoi elle lui adressa un remerciement. « Je me suis installé dehors, je me suis dit que la nature pourrait nous inspirer. » C’était une très bonne idée, surtout que la météo était suffisamment clémente pour en profiter. Elle remarqua de nouveaux éléments de la décoration d’Oscar avant d’entrer dans son espace extérieure. Un second « Wow. », cette fois-ci sans la résonance des murs de l’entrée mais complètement audible. A savoir qu’elle aimait beaucoup la végétation – fait qu’elle témoignait dans les nombreuses natures mortes qu’elle avait peintes par le passé –, Norah ne put masquer une nouvelle fois son admiration face à un jardin aussi bien entretenu. « Alors là, j’ai pas les mots. » Elle pouffa un rire, persuadée qu’ils trouveraient l’inspiration dans un tel cadre. « J’espère que tu n’as pas oublié les croissants, je meurs de faim. » Un clin d’œil, elle retrouva le sac qu’il avait précédemment posé sur la table de son jardin pour y sortir un petit sac en papier où se trouvaient l’objet des convoitises de son interlocuteur. « J’en ai peut-être pris un peu trop… Heureusement que ça se garde. » Par son furtif passage par la maison d’Oscar, elle avait l’impression qu’il n’y avait personne d’autres à part lui. Un sourire au visage, elle s’approcha de l’hôte pour lui tendre les croissants, le laissant choisir en premier avant de se servir à son tour. « Tu ne donnes pas cours aujourd’hui ? » Curieuse quant au programme de son interlocuteur, elle reprit en fixant la toile qu’Oscar avait déjà installée sur un chevalet, parfaitement placé. « J’ai toute ma matinée, voire la journée s’il le faut. » Un rictus, elle se demandait combien de temps il avait devant lui pour réaliser ce qui allait être leur œuvre, déjà pour commencer à s’organiser mais aussi pour savoir s’ils pouvaient papoter encore un peu avant de passer aux choses sérieuses.

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Oscar était fier de sa maison, c’était un constat depuis toujours, qui n’avait fait que de grimper avec les modifications qu’il y avait effectuées avec les années. Il y avait mis une part de lui dans les fondations, dans chaque œuvre, dans chaque coin architectural pour en faire un endroit chaleureux et design. Et il aimait voir le regard des gens quand il découvrait son intérieur, gonflant par la même occasion son ego. « Bonjour ! Merci de m’accueillir, surtout. C’est marrant, je passais devant ta maison tous les jours pour aller à l’université ». Le voilà, le fameux regard. « Wow. C’est vraiment sublime chez toi. » C’est un sourire franc et sans doute un peu fier qui accueille ces quelques mots. « Je te remercie, ça me touche. Nous y avons mis beaucoup d’énergie. » Il est bien obligé d’y inclure sa femme, qui s’était engagée totalement dans le processus à l’époque, leur amour étant encore sans faille. « J'en déduis que nous sommes presque voisin ? » Une coïncidence de plus pour le troubler.
 
Non sans une certaine excitation, il l’accompagne cette fois vers l’extérieur. « Wow. » Et hop, un double wow pour le jardin. Ce qui lui arrache un petit ricanement de plaisir. « Alors là, j’ai pas les mots. »[/color] Il sourit à cette phrase. « J’étais sûr que ça te plairait, c’est un endroit inspirant. » Pourquoi en était-il si sûr, alors même qu’il la connaissait à peine ? Il aurait de la peine à l’expliquer. 
 
Rapidement, il est déboussolé par le clin d’œil qu’elle lui adresse, se sentant un instant défaillir alors qu’elle sort de son sac une ribambelle de croissants. « Et bien ! Il y en a pour un régiment. »Il s’exclame en se moquant un peu d’elle. « J’en ai peut-être pris un peu trop… Heureusement que ça se garde. » Il trouvait l’attention touchante, elle avait de toute évidence anticipé pour ne léser personne, possiblement des enfants qui auraient pu vivre dans cette maison. Il aurait tant aimé. « J’ai très faim, alors ça m’arrange ». Ce n’est pas tout à fait vrai et il fait sans doute bien trop attention à son alimentation pour en manger plus d’un. Il en saisit tout de même un. « Tu veux un peu de jus ? » Quelques pas qui le ramènent à l’intérieur pour servir le jus d’orange pressé. « Tu ne donnes pas cours aujourd’hui ? J’ai toute ma matinée, voire la journée s’il le faut. » Une question qui la ramène à sa vie en dehors de cet instant. « Pas ce matin, le premier, est à 14 h. J’espère que l’on pourra avancer d’ici là, je n’ai aucune idée du temps qu’il nous faudra pour peindre quelque chose de cohérent. » Il la regarde complice et un peu désespéré aussi, croquant dans son croissant. « Tu as imaginé quelque chose pour ce travail ? » Il est un peu mal à l’aise de lui avouer, mais le dit tout de même. « Je dois t’avouer que c’est un peu obscur pour moi, je ne partage en général pas ma toile. J’imagine qu’il en est de même pour toi. » Ils pouvaient toujours diviser la toile en deux, mais ce n’était pas la demande. « Qu’est-ce que tu aimes peindre Norah ? » Peut-être que de partir de la base était le plus simple. 

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@Oscar Sterling & Norah Sawyer

Norah était amusée par le fait que, jusqu’à très récemment, elle passait devant cette maison pour prendre le bus l’amenant à l’université, sans savoir qu’elle appartenait à Oscar. Une coïncidence qui lui vola un rire, d’autant plus après la remarque de son interlocuteur. « J'en déduis que nous sommes presque voisin ? » Pas au sens strict du terme mais ils habitaient bien dans la même rue. « Je suis dans un des appartements de la résidence au bout de la rue, en face de la boulangerie justement. » Car pour ses parents, il était hors de questions qu’elle habite dans un appartement au dessus d’un commerce ou pire, d’un restaurant. Sûrement la peur d’un incident alors même qu’elle logeait dans un quartier prestigieux et sûr. Au final, elle n’avait jamais rien vu ni entendu quelque chose de suspect ici, de quoi leur donner raison – ce qu’elle n’avouera jamais. « Vous habitez ici depuis longtemps ? » Dans cette maison mais aussi à Brisbane, elle qui n’était pas du tout originaire de cette ville mais qui s’y plaisait depuis qu’elle y avait emménagé pour ses études. En tout cas, la maison avait tout de celles qu’elle visualisait dans ses rêves : grande, lumineuse et avec un jardin splendide.

« J’étais sûr que ça te plairait, c’est un endroit inspirant. » Elle pouvait bien le croire au vu du paysage. Dans d’autres circonstances, elle aurait pris des photos pour potentiellement repeindre ce qu’elle aurait capturé tellement elle était éblouie. « J’imagine que tu dois beaucoup peindre ici ? » A sa place, c’est ce qu’elle ferait. Et c’est face à ce type d’extérieur qu’elle se rendait compte que cela lui manquait, qu’un simple balcon ne lui suffisait pas. Mais au final, en avait-elle réellement besoin. Elle n’avait jamais eu de réel problème d’inspiration, les périodes où elle ne peignait pas lui permettant de recharger les batteries.

« Pas ce matin, le premier, est à 14 h. J’espère que l’on pourra avancer d’ici là, je n’ai aucune idée du temps qu’il nous faudra pour peindre quelque chose de cohérent. » En réfléchissant, Norah se disait qu’ils devraient y arriver en une matinée, du moins s’ils arrivent à se mettre d’accord sur ce qu’ils aimeraient réaliser. Mais elle ne se faisait pas trop de souci par rapport à cela, ils finiraient tôt ou tard par avoir une idée, même la plus générique. « Je pourrais finir de mon côté au cas où. » S’il était question de finitions, Henri ne verrait sûrement pas le mal à ce qu’un seul membre du binôme s’en charge. Et comme elle venait de lui annoncer, elle n’avait rien de prévu de toute la journée donc elle pourrait s’en occuper sans souci. « Tu as imaginé quelque chose pour ce travail ? » Elle pinça ses lèvres, peu fière de la réponse qu’elle apporterait. « Pas vraiment… » Elle aurait aimé en revanche, mais ces derniers temps elle était plus occupée à gérer sa peur de se livrer sur la toile, face à quelqu’un qu’elle connaissait peu. « Je dois t’avouer que c’est un peu obscur pour moi, je ne partage en général pas ma toile. J’imagine qu’il en est de même pour toi. » Elle se contenta d’acquiescer, au moins ils étaient sur la même longueur d’onde et ils comprendraient que cet exercice serait complexe pour l’un comme pour l’autre. « Qu’est-ce que tu aimes peindre Norah ? » S’il ne l’avait pas fait, la Sawyer aurait posé exactement la même question tellement elle était importante. En plus de savoir les préférences artistiques de l’autre, cela permettrait certainement de leur donner une ou plusieurs pistes. « J’aime surtout peindre les paysages, qu’ils soient statiques ou dynamiques, et les natures mortes. » Cet attrait pour le réalisme ne datait pas d’hier, bien que ce n’était pas rare pour elle d’ajouter quelques fantaisies à ses œuvres, notamment par les couleurs. Elle se tourna vers Oscar, un sourire se dessinant sur son visage. « Et toi ? » Au-delà de lui retourner sa question, elle demeurait curieuse de connaître les habitudes de son interlocuteur. « Tu as des influences en particulier ? » Peut-être avait-il un sujet qu’il aimait peindre en ce moment, un style ou une technique dont il était habitué. Davantage pour faire avancer les recherches, il s’agissait aussi d’un moyen pour connaître un peu mieux son partenaire. Peut-être qu’ils pourraient mettre en évidence quelque chose qui vaille le coup d’être creuser, comme ça.

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Le fait que Norah n’habite qu’à quelques mètres de chez lui, était une coïncidence de plus à mettre sur le dos d’un possible destin bien farceur. Voilà le constat qu’il était mentalement en train de faire alors que la jeune femme reprenait avec un peu plus de détail. « Je suis dans un des appartements de la résidence au bout de la rue, en face de la boulangerie justement. » Un sourire amusé se dessina sur son visage alors qu’il lui répondait. « Et moi qui croyais que tu faisais un gros effort pour prendre les croissants, je suis presque un peu déçu. » Se permettant cette fois un petit clin d’œil sans trop réaliser son geste. De toute évidence, le temps passant, il se sentait de plus en plus à l’aise avec la jeune femme. « Vous habitez ici depuis longtemps ? » Il posa un regard un peu nostalgique sur cette maison qu’il pouvait aimer autant que haïr ces dernières années. « Ça fait 9 ans maintenant qu’elle est à nous. » Ils y avaient fait quelques mois de travaux, mais avaient rapidement pu s’y installer. À l’époque, elle ne ressemblait pas encore à cette magnifique bâtisse, mais ils y avaient vu le potentiel, un pari sur l’avenir. 
 
Rapidement, le sujet qui les avait réunis était venu sur la table. « Je pourrais finir de mon côté au cas où. » Il hoche la tête, incertain tout de même d’accepter de céder son travail à quelqu’un d’autre, mais espère qu’ils trouveront plutôt un moyen de faire autrement. Ce qu’il souhaite, c’est surtout qu’elle soit un peu plus inspirée que lui. « Pas vraiment… » Loupé. Alors il tente une autre approche. « J’aime surtout peindre les paysages, qu’ils soient statiques ou dynamiques, et les natures mortes. Et toi ? » Il peut comprend cet attrait, et n’est pas vraiment sûr de vouloir partager son intérêt poussé pour les portraits, sans compter qu’il en a déjà effectué quelques-uns d’elle. La nature lui semblant être une forme plus adaptée de partage. « J’aime aussi beaucoup ça, je pense que ça pourrait être un bon début. » Il se frotte le menton, espérant voir la révélation venir. « Tu as des influences en particulier ? » Il en a beaucoup, aimant traîner dans les musées, mais en choisis des célèbres pour être sûr qu’ils voient chacun de quoi il parle.  J’ai un intérêt très net pour les peintres qui créent une harmonie colorée grâce au contraste de couleurs, tel que Monet ou évidemment Van Gogh, il y aussi quelques artistes locaux qui ont ce talent, tels que Grace Cossington Smith. » Il aimait cette capacité à choisir exactement la bonne couleur, que ce soit pour du réalisme ou de l’abstrait. « Et toi ? » À eux deux, il espérait trouver un mixte. « Je me dis qu’il y a peut-être quelque chose à faire avec ces couleurs complémentaires, jouer là-dessus en utilisant des tons et palettes différentes pour identifier la présence de deux personnes sur la toile. » Il n’était pas encore bien sûr de la marche à suivre, mais lançait l’idée. 

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A vrai dire, Norah n’avait que très peu de contact avec ses voisins. Si elle voyait quelques fois ceux qui habitaient au même étage qu’elle, cela n’allait généralement pas plus loin que les simples familiarités. Bien qu’elle aurait apprécié que des voisins appartiennent à son cercle proche, cela ne semblait pas trop l’atteindre. Elle demeurait bien entourée et ce n’était pas prêt de changer. « Et moi qui croyais que tu faisais un gros effort pour prendre les croissants, je suis presque un peu déçu. » Une moue faussement choquée, elle croisa le sarcasme de son interlocuteur avant de répondre. « Je peux encore les garder pour moi hein. » Un rire, il ne fallait pas trop la tenter non plus, d’autant plus que cette virée à la boulangerie aurait pu mal se passer. Elle y était allée à un horaire où les clients étaient nombreux, ceux qui faisaient un arrêt avant d’aller au travail. Fort heureusement, les vendredis étaient connus pour être plutôt calmes et elle passa relativement vite. « Ça fait 9 ans maintenant qu’elle est à nous. » - « Et vous avez toujours vécu à Brisbane ? » Persuadée de n’avoir jamais vu Oscar autour de son père avant qu’elle ne quitte le domicile familial, elle doutait donc qu’ils viennent de Sydney, au moins.

Le sujet de conversation changea pour la vraie raison de leur rendez-vous d’aujourd’hui, la peinture. Elle ne parlait que très peu de sa passion, préférant la garder pour elle plutôt que de la partager, même avec ses proches. Faisant partie de son jardin secret, Norah ne souhaitait pas le dévoiler, encore moins dans un cadre qui l’obligeait à le faire. Elle n’avait pas le choix de s’ouvrir, sinon la toile resterait vierge encore très longtemps. Au moins, cela semblait compliqué pour son interlocuteur et quelque part, cela devenait un gage de confiance car il comprenait sa réaction. « J’aime aussi beaucoup ça, je pense que ça pourrait être un bon début. » Soulagée qu’ils partagent les mêmes sujets de peinture, cela semblait être une bonne piste, d’autant plus qu’au vu de la taille de la toile, le professeur s’attendait sûrement à une peinture détaillée et cohérente. J’ai un intérêt très net pour les peintres qui créent une harmonie colorée grâce au contraste de couleurs, tel que Monet ou évidemment Van Gogh, il y aussi quelques artistes locaux qui ont ce talent, tels que Grace Cossington Smith. » Elle acquiesça à chacun des noms qu’Oscar prononçait, tant elle comprenait l’intérêt que les personnes pouvaient avoir pour ces artistes. Elle-même appréciait beaucoup Monet, pour ne citer que lui, elle qui adorait découvrir de nouveaux artistes lorsqu’elle se rendait au musée ou à des expositions en ville. Encore un point en commun.  « Et toi ? » - « J’aime autant l’impressionnisme que le réalisme… Mais ce qui m’inspire le plus en ce moment, c’est tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la culture japonaise. » Sa plus grande source d’inspiration n’était autre que son meilleur ami, tant les récits de ses allers et venus au pays du soleil levant que les photos qu’il pouvait lui montrer quand il revenait à Brisbane. L’art nippon était si beau qu’elle collectionnait les livres qui traitaient le sujet, de quoi habiller l’armoire qui siégeait dans son salon. « Je me dis qu’il y a peut-être quelque chose à faire avec ces couleurs complémentaires, jouer là-dessus en utilisant des tons et palettes différentes pour identifier la présence de deux personnes sur la toile. » Un sourire, elle approuvait l’idée. « Pourquoi pas. Après il faut pas qu’il y en ait trop non plus ! » Davantage adepte de la subtilité et du réalisme, elle serait prête à s’en éloigner tant que le résultat reste harmonieux. Elle s’assit sur une chaise, sortit son carnet et un crayon. Lister les éléments et faire un croquis était une étape incontournable pour Norah, avant même d’empoigner un pinceau. Elle nota les idées d’Oscar sous forme de mots-clés et une idée survint. « On pourrait peut-être intégrer des éléments rappelant nos goûts à chacun ? » Son crayon glissa sur le papier quasi naturellement et quelques secondes après, elle tendit le carnet à son acolyte de peinture. « J’ai pensé à un côté avec des tournesols, référence à Van Gogh et de l’autre côté, des fleurs de cerisier et camélias pour le Japon. » Un regard discret pour sonder la réaction de son interlocuteur, elle reprit, encore trop peu à l’aise pour être sûre de ses propositions. « Si ça peut te convenir, il manquerait juste le trait d’union entre les deux. » Car le but n’était pas de faire un diptyque mais bien une toile à deux, et elle en avait bien conscience.

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« Je peux encore les garder pour moi, hein. » Il adore son rire, c’est quand elle rit qu’elle ressemble le plus à l’Elisa de son souvenir. Son rire qui fait fondre son cœur. Il voudrait l’entendre encore, mais ne sait pas bien comment gérer cette relation étrange, a peur de rentrer dans un jeu de séduction malsain, alors il n’en fait rien, un pas de recul comme il peut. « Tu rêves, maintenant ils sont à moi. » Il ne peut décrocher son sourire figé sur son visage en sa compagnie. « Et vous avez toujours vécu à Brisbane ? » Ça lui semble lunaire de parler de son couple à Norah, comme irréaliste. « Non, en fait, Elisa et moi étions voisins dans notre jeunesse, on habitait dans une ville proche de Perth, on s’est retrouvé des années après ici, à Brisbane. » Un vent de nostalgie souffle dans son esprit, lui permettant de prendre un peu de recul sur la situation. De se souvenir qu’il aime sa femme et que Norah n’est pas une réplique de cette dernière, mais bien une autre personne. « Et toi, Norah, pourquoi avoir quitté Sydney ? » C’est là-bas qu’il la rencontra et elle semblait avoir tout ce qu’il lui fallait chez ses parents. 
 
Oscar se livre comme il le peut, ce n’est pas un exercice facile de se livrer sur ses inspirations, sur ses envies. Peut-être même qu’il ne l’a jamais fait, et il n’est pas sûr d’y arriver avec brio. « J’aime autant l’impressionnisme que le réalisme… Mais ce qui m’inspire le plus en ce moment, c’est tout ce qui se rapproche de près ou de loin de la culture japonaise. » Il se pince un peu le menton pensif. « Intéressant, c’est une culture que je connais très mal, mais je suis prêt à apprendre. » Avec elle, qui plus est, ce ne nous pouvait être que plaisant. « Pourquoi pas ? Après, il ne faut pas qu’il y en ait trop non plus ! » Ce qui n’était évidemment pas son intention, mais il était certain qu’à 4 mains, ils devraient être attentif à ce point. « On pourrait peut-être intégrer des éléments rappelant nos goûts à chacun ? J’ai pensé à un côté avec des tournesols, référence à Van Gogh, et de l’autre côté, des fleurs de cerisier et des camélias pour le Japon. » C’est une idée qui lui plaît, ramener un peu de chacun d’eux dans cette œuvre. « Si ça peut te convenir, il manquerait juste le trait d’union entre les deux. » Il regarde la toile vide, reste pensif. 
 
« Peut-être qu’il serait plus intéressant de ne pas faire deux côtés distincts, mais de réussir à les lier dans un même bouquet. Il faut évidemment que l’on réussisse à garder une harmonie, mais j’aime l’idée de lier deux choses que l’on n’aurait pas imaginées ensemble. » Un peu comme eux deux dans ce jardin quelque part. « Peut-être que je peux commencer par peindre une fleur, et tu pourrais prendre le relais. On regarde ce que ça donne et on improvise en conséquence. Qu’est-ce que tu en penses ? » Quand il était question d’art, Oscar n’aimait pas trop prévoir, il faisait marcher son instinct et ses sens. 

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@Oscar Sterling & Norah Sawyer

La naturel joueur de Norah la poussait à réagir de la sorte, surtout lorsqu’il était question de nourriture. Grande gourmande, elle ne se privait pas de partager ses trouvailles culinaires… mais aimait aussi les garder pour elle. Surtout qu’elle connaissait très bien la boulangerie où elle venait de chercher ces croissants, les meilleurs dans leur périmètre. « Tu rêves, maintenant ils sont à moi. » Un sourire amusé, elle répondit en prenant un faux air sérieux. « La propriété est acquise par l’acheteur. Désolé Oscar, le droit me donne raison. » La Sawyer aimait faire des parallèles avec ses études de droit, l’une de ses plus grandes fiertés. Surtout qu’elles se montraient utiles dans la vie de tous les jours et pourraient l’être davantage à l’avenir, une fois qu’elle aurait embrassé sa vraie vie d’adulte – chose qu’elle repousserait autant que possible. « Mais dans ma grande générosité, je veux bien partager mon acquisition. » Un rire, elle continuait avec le vocabulaire juridique alors qu’il ne s’agissait que de simples viennoiseries. Curieuse, elle se demandait s’il était originaire d’ici, puisque ce n’était pas son cas à elle. « Non, en fait, Elisa et moi étions voisins dans notre jeunesse, on habitait dans une ville proche de Perth, on s’est retrouvé des années après ici, à Brisbane. » – « Oh, c’est trop mignon comme histoire ! On dirait que le destin voulait absolument que vous soyez ensemble. » Un sourire attendri, ce que son interlocuteur avait bien voulu lui raconter sur son passé lui rappelait les comédies romantiques qu’elle affectionnait tant. Et elle se trouvait un peu envieuse, elle aurait aimé qu’une telle tournure se produise dans sa propre vie. « Et toi, Norah, pourquoi avoir quitté Sydney ? » Elle s’efforça de garder son sourire, il y avait une raison officielle et une officieuse, elle resterait sur l’officielle avec Oscar. « Pour mes études, mais aussi parce que je voulais me lancer ce challenge de vivre hors de ma ville natale. » Alors qu’elle voulait surtout fuir ses parents mais cela, elle ne pouvait pas lui dire, surtout connaissant le lien qui unissait le Sterling et son père.

La peinture était un sujet dont elle pouvait parler sans trop de peine, à condition qu’il soit abordé de manière générale. Norah aimait discuter des différentes techniques, des couleurs, des peintres mais lorsqu’il était question de sa propre pratique, elle paraissait beaucoup moins bavarde, exactement comme elle l’était avec Oscar. Cela avait un lien avec son intimité, ses émotions, ses vulnérabilités et forcément elle ne voulait pas en parler avec autrui. Heureusement, ils semblaient sur la même longueur d’onde là-dessus et il ne la questionnait pas trop dans les détails. « Intéressant, c’est une culture que je connais très mal, mais je suis prêt à apprendre. » Un grand sourire se dressa sur son visage, là elle était dans son élément. « On ne s’en rend pas compte à première vue mais il y a énormément d’artistes occidentaux qui se sont inspirés des estampes japonaises, justement Van Gogh et Monet. » Ceux qu’il avait énoncés quelques instants plus tôt. Forcément, ce serait une inspiration qu’elle apporterait dans leur toile, tant elle avait de l’importance dans sa peinture. « Peut-être qu’il serait plus intéressant de ne pas faire deux côtés distincts, mais de réussir à les lier dans un même bouquet. Il faut évidemment que l’on réussisse à garder une harmonie, mais j’aime l’idée de lier deux choses que l’on n’aurait pas imaginées ensemble. Peut-être que je peux commencer par peindre une fleur, et tu pourrais prendre le relais. On regarde ce que ça donne et on improvise en conséquence. Qu’est-ce que tu en penses ? » Elle acquiesça, convaincue par l’idée de son interlocuteur. Elle passa par le papier et crayon afin de visualiser la toile, une idée émergeant dans son esprit. « Peut-être qu’à un moment on pourrait s’échanger les techniques ? C’est ce qui pourrait faire office de lien, le fait d’avoir essayé de s’approprier l’art de l’autre ? » Proposant cette idée, elle sortit son matériel de son sac, montrant les couleurs qu’elle souhaiterait utiliser à Oscar. Forcément, il y avait une nuance de rose rappelant les cerisiers en fleur et un rouge symbolisant la passion du camélia. « Voilà à quoi cela pourrait ressembler. » Ses doigts se baladèrent parmi les pages de son carnet pour lui montrer un ancien croquis où étaient dessinés les dites fleurs, qu’elle avait soigneusement peintes. En espérant que cela soit à son goût. Elle vint se glisser à côté d’Oscar qui s’était posé devant la toile, elle attendrait qu’il commence par sa fleur avant de dessiner puis peindre la sienne. Un grand sourire au visage, elle semblait soulagée de ne pas avoir eu à trop se livrer, si ce n’est son amour la culture japonaise.

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Il peut se montrer taquin. Oscar, à une époque, c’était un trait de personnalité plus marqué chez lui, il s’était dissipé avec les années et les responsabilités. Mais avec Norah, il était simple de voir ce trait remonter à la surface, lui-même se sentant comme happé par le passé. « La propriété est acquise par l’acheteur. Désolé Oscar, le droit me donne raison. » Il hoche la tête de manière intéressée. « Je vois madame l’avocate. » Il trouve ça assez séduisant, cette attitude sur d’elle, qu’elle a d’un coup dégainé. « Je vais devoir régler mes comptes avec mon copain de maternel je crois, lui m’a appris que donner, c’est donner, reprendre, c’est voler. » Il se permet un clin d’œil rieur vers la jeune femme alors qu’elle lui cède toutefois le cornet de croissants. « Mais dans ma grande générosité, je veux bien partager mon acquisition. » Il rit avec elle, de bon cœur. Ça fait du bien. « Trop généreux, vraiment. » Sur un ton ironique mais amusé. 
 
Son regard s’assombrit pourtant quand il parle de sa femme. Même si les souvenirs sont heureux, il est bien vite renvoyé à sa réalité actuelle. « Oh, c’est trop mignon comme histoire ! On dirait que le destin voulait absolument que vous soyez ensemble. » C’était ce qu’il avait pensé pendant de longues années, aujourd’hui le destin semblait se moquer de lui, lui cracher à la figure. « Pour mes études, mais aussi parce que je voulais me lancer ce challenge de vivre hors de ma ville natale. » Ça semble être une raison sensée, il lui semble pourtant que son non-verbal est plus parlant, et qu’elle ne dit pas tout. Il n’insiste pas pourtant, les secrets, ça les connaît, ce n’est pas lui qui va tenter de lui tirer les verres du nez. 
 
Ils se penchent maintenant sur leur projet commun, chacun regardant cette toile vide. Laissant leur inspiration se mêler pour imaginer un projet. « On ne s’en rend pas compte à première vue, mais il y a énormément d’artistes occidentaux qui se sont inspirés des estampes japonaises, justement Van Gogh et Monet. » Il ne peut que la croire, et prêt à voir et à apprendre un peu plus encore. Il est prêt aussi à partager, écoute ses propositions, les complète et vice-versa, ça ne semble pas si compliqué finalement. « Peut-être qu’à un moment on pourrait s’échanger les techniques ? C’est ce qui pourrait faire office de lien, le fait d’avoir essayé de s’approprier l’art de l’autre ? »  « Très bonne idée. » « Voilà à quoi cela pourrait ressembler. » Il valide, choisissant lui-même sa gamme de couleurs, en gardant un œil sur la sienne pour que le tout se complète. Il observe son croquis. « Très jolie, je pense qu’on peut se lancer. » Il se pose en premier devant la toile, comme promis, emmène les premiers traits. « À toi. » Il lui laisse prendre place maintenant. La regarde avec attention, poser ses couleurs. Alors qu’elle y est encore, il la rejoint, n’attendant pas qu’elle ait fini. Il unit son art au sien, leur bras se frôle, lui hérissant quelques poils au passage. Il essaie de rester concentré sur la toile, sur ce qu’ils créent ensemble. 

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Norah esquissa un sourire en entendant Oscar la qualifier de ‘madame l’avocate’. Elle avait toujours apprécié ce genre de taquineries légères, surtout lorsqu’elles portaient sur ses études, une de ses plus grandes fiertés. Jouer avec les codes juridiques dans des situations du quotidien l’amusait grandement. Elle reprit avec un ton faussement solennel. « Je ne le suis pas encore, monsieur l’architecte. » Elle jeta un regard espiègle vers Oscar, son sourire trahissant son amusement malgré l’air sérieux qu’elle s’efforçait de maintenir. La suite fit naitre une lueur amusée dans son regard. « Je vais devoir régler mes comptes avec mon copain de maternel je crois, lui m’a appris que donner, c’est donner, reprendre, c’est voler. » Elle secoua doucement la tête. « Tu te rappelles aussi bien de tes copains de maternelle ? Surtout pour une leçon aussi cruelle ? » Elle appréciait ce genre de petites joutes verbales, et surtout, elle aimait cette complicité qui s’installait entre eux sans même qu’ils ne s’en rendent compte. « En soi, il n’a pas tord. C’est juste le droit qui complexifie tout ça. » Un rire, peut-être qu’en se lançant dans ce domaine elle en devait une, une personne complexe. Laissant un petit silence s’installer, elle réfléchit un instant. Il y avait quelque chose d’apaisant dans ces échanges, un moyen pour elle de sortir de ses pensées habituelles, à son futur qui lui semblait encore flou. Ici, dans ce jardin, avec Oscar, les choses étaient plus simples. Ils n’étaient que deux personnes, plongées dans l’instant présent, avec leurs pinceaux comme seul langage. « Trop généreux, vraiment. » Norah retint un éclat de rire en entendant cette réponse, elle reposa un instant son regard sur lui, essayant de lire dans ses yeux s’il cachait quelque chose. Elle se rendait compte qu’il avait ce côté mystérieux qu’elle pourrait avoir du mal à analyser. Heureusement, ici elle reconnut l’ironie et elle haussa finalement les épaules. « Profites-en, apparemment les avocats deviennent beaucoup plus... regardants une fois qu’ils ont prêté serment. »

Elle fit une pause, s’attardant un moment sur leur conversation avant que le sujet ne revienne à leur toile commune. « Très jolie, je pense qu’on peut se lancer. » Norah acquiesça, prête à passer à l’action. Ce projet à quatre mains était nouveau pour elle, et même si elle adorait peindre, partager cette tâche avec quelqu’un d’autre ajoutait une certaine pression. Mais ils avaient discuté de leurs idées et ils semblaient s’être mis d’accord donc elle se sentait en confiance. « À toi. » Elle hocha la tête et se mit en place, observant Oscar avec attention Oscar qui terminait sa première fleur. « C’est superbe. » Elle ressentait une petite pression, elle ne voulait pas que son travail paraisse trop amateur en comparaison du sien. Elle empoigna son crayon et réfléchit à sa première création. Elle commencerait par une fleur de cerisier, esquissant la forme du végétal avec précision. Puis, elle prit son pinceau, le trempa dans son mélange de couleur. Le premier coup sur la toile fut délicat, entra avec précaution entre les lignes. Norah pensait aux fleurs qu’elle voyait en photo. Elle choisit une teinte rose pâle pour commencer, contrastant avec les couleurs plus vives d’Oscar. Pendant un instant, elle se perdit dans sa création, oubliant presque la présence de son partenaire de peinture. C’était une sensation étrange mais agréable – être à la fois dans sa bulle tout en partageant un espace avec quelqu’un d’autre. Au bout de quelques minutes, elle se décala de la toile, un sourire aux lèvres. « Tu en penses quoi ? » demanda-t-elle, curieuse de connaître son avis. Elle leva les yeux vers lui, croisant le sien. Il y avait quelque chose dans le regard d’Oscar qui la troublait, une impression diffuse qu’elle ne parvenait pas à nommer. Et elle se rendit compte à cet instant de la proximité qu’était la leur pendant qu’ils peignaient, de quoi faire apparaître une légère rougeur sur ses joues. Cela serait au tour d’Oscar maintenant, installant véritablement le tandem qu’ils s’étaient fixés.

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L’ambiance est douce, ça lui fait du bien de vivre des moments plus simples et sympathiques dans cette maison qui est devenue ces dernières années le théâtre d’un couple en souffrance. Il en profite, il semble même se détendre un peu, ressortir un côté taquin qu’il a presque oublié avec le temps. « Tu te rappelles aussi bien tes copains de maternelle ? Surtout pour une leçon aussi cruelle ? » Ses lèvres changent d’emplacement pour former un « O », mimant d’être outré. « Je ne suis pas si vieux, mademoiselle Sawyer, je me souviens très bien de ma maternelle. » Il ne peut s’empêcher de sourire derrière, rendant son intervention beaucoup moins crédible. « En soi, il n’a pas tort. C’est juste le droit qui complexifie tout ça. » Il manque de rebondir, mais garde cette fois ses commentaires. Content qu'elle lui laisse quand même garder les croissants. Que de bonté. « Profites-en, apparemment les avocats deviennent beaucoup plus… regardants une fois qu’ils ont prêté serment. » Elle a de la peine à l’imaginer, pourtant. « C’est toi qui devrais profiter, peut-être que, du coup, je ne voudrais plus te fréquenter après ce fameux serment. » Évidemment, il se moque d’elle, de toute façon, ce n’est pas comme s’ils étaient amis ou se fréquentaient quotidiennement. Quoi qu’en y pensant bien, il avait échangé bien plus de mots avec elle cette dernière semaine qu’avec sa femme sur le dernier mois. 
 
Il se met à la peinture, son esprit d’un coup complètement dans son travail, sur les traites de ses pinceaux, sur la couleur qu’il utilise. Il a presque oublié sa présence quand elle sort un :« C’est superbe. » Il sourit à cette remarque touchée et lui laisse place. Il aime observer les gens peindre, les voir se plonger totalement dans leur peinture. Il la rejoint ensuite, sans qu’elle ne s’en aperçoive pas. « Tu en penses quoi ? » Leur regard se croise, une fraction de seconde, son cœur s’emballe alors qu’il reconnaît le regard de sa femme dans Norah. Reste sans voix, ses yeux qui se posent maintenant sur la toile. « C’est très beau, ça se marie bien. Mais il manque le fameux trait d’union. Tu ne penses pas ? » Il prend un peu de recul, aime ce que ça donne, le mélange des deux, c’est une intimité qu’il n’a jamais partagée avec personne. « Est-ce que tu me montres ta technique ? J’ai envie d’apprendre. » Il s’approche de sa palette, observe ses couleurs, relève les yeux vers elle, attendant les instructions. Il se rend compte qu’il est plus proche d’elle que ne le devrait sans doute, et pourtant n’a pas envie de reculer. 

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Aussi loin qu'elle pouvait s'en rappeler, Norah avait en tête tous les prénoms de ses meilleurs amis, de ses premières années d'école à aujourd'hui. Elle qui avait toujours valorisé les amitiés, celles qui lui faisaient oublié les tensions avec ses parents, elle ne pouvait se permettre d'oublier les personnes qui ont été des piliers, des confidents à une période précise de sa vie. En revanche, elle pouvait totalement comprendre que ça ne soit pas le cas de tout le monde. Après tout, les amis allaient et venaient, les liens se détachaient pour que de nouveaux puissent se former. Un constat qui lui crevait le cœur, d'autant plus qu'elle n'avait quasiment plus de contacts avec ses amis de Sydney maintenant qu'elle habitait à Brisbane. Pour ce qui était d'Oscar, elle fut surprise par le fait qu'il se rappelait de ce détail de son enfance, sans voulant sous entendre quelque chose par à son âge. « Je ne suis pas si vieux, mademoiselle Sawyer, je me souviens très bien de ma maternelle. » Elle pinça ses lèvres, elle se rendit compte qu'il n'était pas très sérieux, alors elle rétorqua non sans un sourire aux lèvres. « Vous vous méprenez monsieur Sterling. Je suis juste étonnée que nous ayons ce point commun. Des fois ça m'arrive de rêver de ce que j'ai pu faire voire dire en maternelle. » Elle se permit un rire avant de reprendre. « Et tu n'es pas vieux, hein. » Son regard croisant celui de son interlocuteur, elle voulait au moins le rassurer là-dessus, au cas où à un moment elle lui aurait sous entendu le contraire. « C’est toi qui devrais profiter, peut-être que, du coup, je ne voudrais plus te fréquenter après ce fameux serment. » A son tour de faire une moue faussement choquée, Norah mit quelques instants avant de formuler sa réponse, une main sur sa bouche. « Pourquoi ça ? Parce que tu n'aimes pas les avocats ? » Quand bien même l'ironie s'était pleinement installée dans leur conversation, elle se demandait quel raison il pourrait bien trouver pour justifier qu'ils se perdent de vue. « Tu n'y arriverais pas. » Un sourire en coin et son regard plein de défi, elle adorait être entourée et elle devait admettre qu'Oscar était de très bonne compagnie, surtout.

Petit à petit, Norah parvenait à laisser tomber les barrières qui la coupaient du monde lorsqu’il était question de son art. Au delà du fait qu’elle avait l’impression qu’ils se comprenaient sans trop d’effort, elle était suffisamment mise en confiance pour lui montrer ce qu’elle avait déjà pu réaliser par le passé. Son carnet était comme son journal intime dédié à ses créations, certaines d’entre elles étant si personnelles qu’elle ne voudrait pas qu’il tombe entre de mauvaises mains. Elle fut tout de même rassurée qu’Oscar entame l’exercice, lui laissant le temps de l’observation mais aussi de la préparation. Vint ensuite son moment, la Sawyer réalisant sa fleur sans trop de difficultés, s’étonnant même de sa concentration alors que son interlocuteur était à quelques centimètres d’elle. Un grand sourire aux lèvres, elle fit un pas en arrière, assez fière du rendu. « C’est très beau, ça se marie bien. Mais il manque le fameux trait d’union. Tu ne penses pas ? » - « Oui tu as raison. Surtout que ça pourrait faire vide s’il n’y a que des fleurs les unes à côté des autres sur cette grande toile... » Au moins, avec leur idée de reprendre l’art de l’autre, les fleurs auraient l’avantage de créer un ensemble harmonieux. Ils n’avaient plus qu’à le faire. « Est-ce que tu me montres ta technique ? J’ai envie d’apprendre. » Elle acquiesça alors qu’elle lui tendit la page de son carnet où figuraient ses prototypes de fleurs de cerisier pour qu’il puisse s’en imprégner. Puis, lorsqu’il se sentirait prêt, elle lui donna sa palette, lui pointant les couleurs qu’elle avait l’habitude d’utiliser. « J’ai l’habitude de faire une première couche brute pour la base des pétales, et une seconde diluée à l’eau pour les extrémités. Je trouve que ça fait un rendu un peu plus réaliste. » Elle prenait pour exemple celle qu’elle venait de réaliser sur la toile pendant ses explications. Norah lui tendit un pinceau, s’il avait les informations concernant les pigments à choisir, il lui fallait désormais le geste technique. « Je peux ? » Face à la toile, elle glissa délicatement sa main autour du poignet d’Oscar et guida la sienne dans un mouvement soigneux de l’intérieur vers l’extérieur du végétal. Tous les deux fixés devant un dessin de quelques centimètres, elle se rendit compte de la proximité évidente de leurs corps, de leurs visages, de quoi faire s’empourprer ses joues. Un sourire pincé, Norah rompit le silence non sans maladresse. « Euh... C’est parfait. Je te laisse faire les autres pétales du coup. » Avant de s’éloigner de quelques pas et espérer que ce n’était pas trop gênant.

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Il est facile pour Oscar d’oublier qu’il est plus vieux qu’elle, qu’à quelques années près, il est plus proche d’être son père que son compagnon de classe. C’est simple parce qu’elle lui donne l’impression de pouvoir retrouver l’insouciance de sa jeunesse, la période de sa vie où les barrières étaient bien plus faciles à faire tomber. Ou il lui suffisait d’être un bon fils et un bon élève, à peu de choses près. « Vous vous méprenez, Monsieur Sterling. Je suis juste étonnée que nous ayons ce point commun. Des fois, ça m'arrive de rêver de ce que j'ai pu faire voire dire en maternelle. » « C’est bien rattrapé, mademoiselle, on voit que vous avez l’habitude de manière les mots. » Et les esprits, parce que c’est bien ce que l’on apprend aux avocats, non ? « Et tu n'es pas vieux, hein. » Il acquiesce, parce qu’en réalité, ici avec elle, il ne se sent pas si vieux. « Juste un peu plus que toi. » Tout n’est question que de comparaison, non ? Comme la question de son attrait pour les avocats. « Pourquoi ça ? Parce que tu n'aimes pas les avocats ? » Il rit amusé de la voir se questionner à ce propos, alors que c’était pour lui une boutade. « Je les tolère. Mais je vais réfléchir à faire une exception pour toi. » Qu'il lui dit alors qu’en réalité, il n'a rien contre les requins de barreau. Et pour ce qui est du cas de Norah, il apprécie tout particulièrement ce petit côté mordant qu’il n’avait pas encore découvert chez elle. « Tu n'y arriverais pas. » Le regard d’Oscar qui s’illumine à ces propos. « Est-ce que tu me défierais ? » Elle ne sait pas encore à quel point il n’aime pas perdre. 
 
Leurs pinceaux s’entremêlent alors que le dessin se crée sur la toile. Il l’observe, apprécie le mélange de leur technique, un doux assemblage qu’il n’aurait jamais pu faire seul, c’est certain. « Oui, tu as raison. Surtout que ça pourrait faire vide s’il n’y avait que des fleurs les unes à côté des autres sur cette grande toile… » Il n’en est pas si sûr, mais demande encore à voir : leur toile commence seulement, il y a encore de quoi travailler dessus. Et maintenant, il veut tester la technique de Norah. Il se montre attentif quand elle le guide, lui explique sa manière de faire. Alors il tente de la suivre, mais sent que son trait est moins assuré. « Je peux ? » Les mains de Norah qui viennent se poser sur sa peau lui procurent une drôle de sensation, douce et chaleureuse. Il se laisse faire, ne montrant rien de son trouble. Jusqu'à ce qu'enfin, elle semble elle aussi se rendre compte de leur proximité, et que ses joues rougissent lui donnent un petit air tout à fait charmant. « Euh… C’est parfait. Je te laisse faire les autres pétales du coup. » Il rit un peu devant son malaise, qu’elle est bien plus mauvaise que lui pour cacher. « Tout va bien, Norah ? » Il le dit sur un ton amusé, espérant détendre un peu l’atmosphère, mais continuant de la taquiner par la même occasion. « Tu es un peu rouge, tu as chaud ? » La taquinerie loin, il reprend son travail en continuant les pétales sous l’œil avisé de sa nouvelle prof. « Alors je me débrouille comment ? » À son humble avis, ce n’est pas si mal pour une technique qu’il connaît depuis peu. 

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@Oscar Sterling & Norah Sawyer

Norah se laissa porter par le flux de la conversation, souriant à la manière dont Oscar jouait avec les mots. Son amusement se mêlait d’une curiosité sincère pour cet homme qui avait déjà tant vécu, mais qui semblait retrouver une certaine légèreté en sa présence. « C’est bien rattrapé, mademoiselle, on voit que vous avez l’habitude de manier les mots. » C’était un jeu subtil, une danse verbale qui lui permettait d’oublier un instant ses incertitudes quant à la tournure des événements. Elle se redressa légèrement pour reprendre. « Être bavard a ses avantages, il faut croire. » Elle haussa les épaules, c’était bien un de ses traits de personnalité qu’elle assumait pleinement. Lorsqu’il était question de l’âge de son interlocuteur, elle ne put retenir son sourire. « Juste un peu plus que toi. » - « Un tout petit peu, oui. », dit-elle simplement, poursuivant l’ironie. Tout n’était qu’une question de perspective, comme cette toile qu’ils s’apprêtaient à créer ensemble. Elle le provoquait, un sourire amusé aux lèvres. La mention des avocats la faisait rire, elle avait toujours aimé l’ironie de son futur métier, le mélange d’admiration et de scepticisme qu’il inspirait. Car il y avait une réelle dualité dans la profession, en fonction du camp dans lequel on se trouvait. « Je les tolère. Mais je vais réfléchir à faire une exception pour toi. » Sa réponse la fit sourire encore plus, et elle se sentit étrangement chanceuse d’être celle qui avait gagné cette exception, même si tout n’était que sarcasme. « Ne me dis pas que tu traines dans des affaires louches et que tu me gardes sous le coude au cas où tu aies besoin d’une avocate. » Un rire, rien qu’imaginer ce scénario suffisait à l’amuser, d’autant plus qu’Oscar n’avait pas du tout l’air d’être un homme problématique, bien au contraire. « Est-ce que tu me défierais ? » Norah osa défier son assurance, un éclat de défi dans les yeux, testant les limites de l’audace de son interlocuteur. Car elle avait l’espièglerie facile et la personne en face d’elle avait du répondant. « Peut-être bien. » Un sourire en coin, elle aimait bien avoir le dernier mot, surtout lorsqu’il était question de défi. La pulsion du challenge mais aussi la dopamine de la victoire, elle détestait perdre et faisait tout pour l’éviter.

Les pinceaux continuaient de danser sur la toile, s’entremêlant dans un rythme qui leur était propre. Vint le tour d’Oscar de découvrir la technique utilisé par Norah et si le conversation était beaucoup plus posée, leur proximité vint rompre l’échange pédagogique, de quoi pousser la Sawyer à faire un pas en arrière. « Tout va bien, Norah ? » Elle prit une profonde inspiration, cherchant à masquer son trouble en se mettant de dos. « Oui, oui ! Pas d’inquiétude. » Elle reprit ses esprits avant d’afficher son sourire caractéristique. « Tu es un peu rouge, tu as chaud ? » Sa remarque la fit sourire, mais au fond, elle savait qu’elle ne pouvait pas laisser le sujet dériver trop loin. « Non, c’est juste que… tu sais, la peinture, ça me met en émoi. » Pour le coup, elle disait vrai, même si ce n’était qu’une excuse. Ils reprirent leurs pinceaux, et elle l’observa, se concentrant sur les pétales qu’il peignait sous son œil avisé. « Alors je me débrouille comment ? » - « Tu t’en sors très bien, pour une technique que tu connais depuis peu. » Un éclat d’encouragement dans la voix, elle se sentait fière de partager ce moment avec lui, de voir leur création prendre forme, tout en se laissant emporter par cette douce complicité qui se tissait entre eux. « On échange ? » Car si elle appréciait son rôle de professeur d’un jour, elle était avant tout une grande curieuse, impatiente de découvrir la manière qu’Oscar a de peindre.

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La conversation est fluide, simple, elle ne lui demande presque aucun effort, si ce n’est un peu de reparti. Mais il ne va pas se plaindre de ça, du fait que Norah rebondisse, qu’elle soit bavarde et intéressée. Il en profite, s’en délecte presque. Elle est un peu plus jeune que lui, ils le savent tous les deux, mais dans un contexte comme le leur, ça a finalement peu d’importance. Ils peuvent se contenter d’en rire. « Ne me dis pas que tu traines dans des affaires louches et que tu me gardes sous le coude au cas où tu aies besoin d’une avocate. » Il tente un regard plus sombre cette fois, un peu mystérieux, bien que son sourire amusé ne quitte pas son visage. « Ça dépend, est-ce que tu serais prête à mentir pour moi ? » Est-ce que ce n’est pas de toute façon un peu le job d’un avocat de jouer avec la notion de vérité ? « Peut-être bien. » Elle le défie, son regard dans le sien qui lui provoque un certain trouble à ce moment-là. « Ça me plaît bien. » Il lui répond avec un air de défi encore collé sur le visage. « J’aime les gens qui ont du cran. » Il l’apprécie de plus en plus, Norah. Qui fait lentement s’envoler l’image de sa femme avec sa propre personnalité, bien que parfois encore, il reconnaît une expression qui le trouble. Il est plus simple de parler avec elle quand il ne pense pas à sa femme. 
 
Peindre si proche d’une autre personne, c’est une proximité qu’il n’a jamais connue qui rentre dans son intime. Et pourtant, il se laisse faire, sans même se débattre, ne craint pas de se rapprocher un peu ou de voir leur main se toucher. Pourtant, quand elle rougit, il est renvoyé à son propre trouble. Pour ne pas y faire face, il préfère la titiller. « Oui, oui ! Pas d’inquiétude. » Il penche sa tête pour la regarder, non sans une certaine insistance cette fois. Observant ses joues encore un peu rougies. « Non, c’est juste que… Tu sais, la peinture, ça me met en émoi. » Les mots le touchent, lui font oublier que quelques secondes auparavant, lui aussi était troublé, mais pas uniquement par la peinture. « C’est touchant que tu ressentes ça à propos d’une œuvre qu’on élabore ensemble. La peinture est bien l’un des seuls endroits où je livre mes émotions. » Il ne sait pas pourquoi il lui livre à cet instant quelque chose d’aussi personnel, les mots étant sortis de sa bouche sans même qu’il puisse y réfléchir. Il se retourne vers la toile, un peu gêné de cet aveu qu’il n’assure maintenant pas totalement. Reprend son travail consciencieusement. « Tu t’en sors très bien, pour une technique que tu connais depuis peu. » Tous les deux ont pris un peu d’espace pour observer, pour s’imprégner de leur toile et trouver comment l’améliorer, comment lui donner du relief. 
 
« On échange ? » Il acquiesce, sort sa palette de couleurs, s’approche à nouveau un peu plus d’elle. « Dans la technique que j’utilise, il y a moins de rondeur. » Il montre la sienne du doigt. « C’est un peu plus brut, un peu plus sauvage. » Il lui montre le geste, l’œil attentif de la jeune femme sur son travail. « J’aime bien le contraste que ça donne… » Deux éléments qu’il n’aurait jamais imaginés rassemblés et qui pourtant trouvaient leur équilibre ensemble. « Vas-y ». Il montre la toile de la tête, la laissant prendre place, observant ses gestes avec attention. « C’est très bien, vraiment. » Il voit qu’elle apprend vite que c’est presque inné chez elle. « Il faut juste un peu plus de… » Il glisse à sa gauche, un peu à l’arrière d’elle, son bras recouvrant celui de la brune. « Sauvage, moins lisse, moins jolie plus… primitif… » Il ne sait pas comment le dire autrement, aime sa douceur, mais voudrait voir autre chose. La proximité de son corps faisant battre son cœur un peu plus fort. Il lui semble qu’il y a longtemps qu’il n’a plus eu un contact aussi proche avec quelqu’un. Il se détache pourtant lentement d’elle, un peu à regret, mais conscient qu’il ne lui faut pas jouer avec le feu. La solitude lui pèse depuis trop longtemps, mais c’est un homme fidèle et marié. Ça ne laisse pas de place au reste. 

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