say you'll remember me/ octobre 2024

Il était évident que ta plus grande passion dans la vie restait la photographie. Les visages et surtout,  les sourires, étaient deux aspects qui te fascinaient au plus haut point. Tu les étudiais avec la plus grande attention et les plus beaux d’entre eux restaient ceux qui étaient pris au dépourvu. Lorsque les gens posaient, il n’y avait rien de  naturel qui en ressortait. Cela gâchait à tes yeux le résultat final et il était très important pour toi. D’ailleurs, c’était pour ces raisons que tu ne possédais pas de studio pour le moment, bien que ta mère t’avait donné il y a quelques jours de cela ton héritage. Au départ, tu avais refusé, mais il t’était impossible de renier ces derniers souhaits. Linnea allait partir d’un moment à l’autre et tout ce que tu voulais, c’était de la voir sourire. Alors tu avais dit « oui » à contre-cœur. Cela ne t’avait pas empêché lorsque tu étais revenu à l’appartement que tu partageais avec ta coloc d’aller hurler dans ton oreiller, tentant tant bien que mal d’étouffer la colère qui s’évertuait à creuser un trou béant dans ton cœur. Il n’en restait pas grand chose d’ailleurs de cet organe qui avait battu jadis à un rythme effréné. Il était désormais au ralenti, incapable d’aimer qui que ce soit. Mais cela ne t’empêchait pas de faire semblant. Oh! Mais tu étais devenu très doué dans cet exercice, celui de faire croire au reste du monde que tu étais heureux. Tu jalousais cependant les autres, ceux qui l’étaient réellement. Pour être honnête, tu en croisais peu souvent, des gens réellement heureux. Derrière ta caméra, tu discernais rapidement le vrai du faux. Malgré ton manque de maturité flagrant, cela restait ton talent caché. Voilà pourquoi tu étais si doué en photographie. La seule chose qui te manquait, c’était la ponctualité. Peut-être qu’un jour, tu y arriverais, mais pour le moment, ce n’était pas gagné d’avance.

Aujourd’hui, tu venais de foirer encore une fois un contrat et la fureur intérieure te gagnait à mesure que tu marchais dans les rues de Brisbane. Tu avais laissé ta voiture non loin, mais il te fallait prendre l’air, sinon tu ne donnais pas cher des passants qui seraient sur ta route. Tes pas te menèrent à Oates Park qui était non loin du gym où tu t'entraînes à la boxe. Tu ne savais pas si tu irais plus tard, mais pour l’instant, tu n’avais qu’une envie, souffler. Prenant ton appareil entre tes mains, tu commenças à prendre quelques clichés, tout d’abord d’objets inanimés, mais aussi de certaines personnes à leur insu. Un visage en particulier attira ton  attention. Tu étais certain de l’avoir déjà vu à quelque part. Peut-être à la salle de sport « everybody » ? t’étais pas sûr, mais il y avait quelque chose chez elle qui attira ton regard. Il y avait une certaine tristesse dans ses traits, mais lorsqu’elle souriait, il y avait quelque chose que tu identifiais mal. « mais regarde où tu vas connard! » Tu manquas de peu de faire tomber ton appareil sur le sol puisque tu venais de te faire bousculer par un passant qui courait. « Mais quel con! » tu te retins de peu de l’envoyer promener, mais tu décidas de reporter ton attention pour la femme qui avait… disparu. « eh merde… » décidément, tu n’avais pas de chance.

[ @Andréa Eames ]

PAR ALCARA.

say you'll remember me

@Eli Caldwell octobre 2024
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crédits gifs (movie-gifs) / code (boté du sud )

La balade pour s'aérer l'esprit, on la connait tous. La balade pour souffler, la balade pour réfléchir, la balade pour oublier son quotidien. Et la balade pour oublier la souffrance de son défunt mari ? Huit ans, n'est-ce pas encore suffisant pour que son cœur arrive à tourner la page ? Huit ans de torture quotidienne, huit ans que sa tête ne veut pas lui laisser le répit dont elle a besoin. Le deuil, Andy n'arrive toujours pas à le faire. Aaron lui manque terriblement. Encore plus lorsqu'elle croise le regard d'Emy, qui est son portrait craché. Encore plus lorsqu'elle traverse les murs vides de son amour dans leur demeure. Encore plus lorsqu'elle entend les notes qui ont bercé leur mariage. Depuis huit ans, tout continue de lui faire penser à Aaron. Son corps n'est plus là, mais son esprit perdure en elle, en Emy, dans leur maison. Les souvenirs l'animent, et Andy a besoin de cette nostalgie, même si parfois elle aimerait aussi complètement l'oublier, pour arrêter de souffrir. La dépression la guette depuis des années, malheureusement. Andy a beau prendre ses anti-dépresseurs, elle a le sentiment que cela ne lui fait plus rien, à force... Alors elle cherche par tous les moyens de soulager son cœur, et elle a choisi aujourd'hui de faire un détour au parc, après le travail. Observer et inventer des vies aux personnes qui passeront devant elle, voilà une activité qui occuperait suffisamment son esprit. On pourrait croire que c'est simple, mais pas tant que ça, finalement. En silence, Andréa s'installe sur l'un des bancs du parc et commence son observation minutieuse. Elle essaie de s'accrocher à des détails, qui lui permettent d'imaginer plus facilement le métier de la personne, ou bien son hobby. Elle devine un avocat, une artiste, une danseuse étoile, un photographe. Au bout de quelques minutes, la tâche finit par l'ennuyer, alors elle s'arrête. Andy est prête à partir, mais son regard tombe sur un objet au sol, quelques mètres plus loin. Elle se rapproche pour le prendre dans ses mains, et elle reconnaît le couvercle d'un appareil photo. Tout de suite, son esprit fait tilte et l'architecte suspecte qu'il appartient à l'homme qui prenait tout à l'heure des photos dans le parc. Il est encore quelques mètres plus loin, l'œil posé contre l'objectif, alors Andy s'approche tout doucement de lui. A ses côtés, la brune pose sa main sur son épaule pour lui intimer de se tourner vers elle, sans pour autant l'effrayer. « Pardon, ce couvercle est à vous ? » Demande-t-elle d'une voix douce, avant que le photographe ne croise son regard en baissant son appareil photo. En apercevant son visage, le cœur d'Andy fait un bond. L'homme qui se tient en face d'elle a un faux air d'Aaron lorsqu'il était bien plus jeune, et cela lui fait une drôle de sensation. Aussitôt, son palpitant s'emballe, puisqu'il a l'illusion de se retrouver devant l'homme qu'elle a toujours aimé. Alors oui, très vite, son esprit se dit aussi qu'elle le trouve très beau, mais Andy se trouve très bête à l'idée d'avoir une telle pensée pour un garçon qui doit probablement avoir la moitié de son âge.