We do not remember days, we remember moments

@Kayna Anderson & Oscar

Oscar se noyait dans le sport : courir, sauter, grimper, boxer… Tout était bon pour faire taire les émotions que lui inspirait sa relation matrimoniale. Tout était bon pour quitter la maison du silence, et pour ça, une très longue balade avec son berger australien Charly était un alibi de choix. Le samedi après-midi était toujours bondé au parc Oates, les familles profitant de l’occasion pour sortir leurs plus belles nappes et leurs meilleures tartes aux pommes. Heureusement pour Oscar, sa capacité, à faire abstraction du monde était redoutable, ce qui lui permettait de braver la foule.

Il marchait d’un bon pas depuis une vingtaine de minutes quand une résistance sur sa laisse le sortit de sa torpeur. Charly était bien éduqué, habitué à rester dans les pattes de son maître, Oscar aurait sans peine pu le laisser libre, mais préférait toujours l’attacher pour la sécurité, ne faisant plus confiance aux autres chiens depuis que son berger australien s’était fait méchamment mordre par un autre chien. Ce changement de cap avait donc de quoi le surprendre. En levant la tête, il a aperçu une jeune fille, main tendue vers son chien, comprenant rapidement qu’un appel à la caresse était plus fort que n'importe quel bon dressage.

La femme qui accompagnait la jeune fille semblait avoir le regard attiré par une bagarre entre jeunes quelques mètres plus loin. Il s’approcha donc tranquillement, attendant que cette dernière ne capte sa présence. Croisant son regard à quelques mètres d’elle, il lui lança de loin. « Votre fille semble avoir séduit mon chien », il lui sourit amicalement. « Il est gentil, si elle souhaite le caresser. » Il préférait toujours laisser aux parents la décision finale. Relevant le regard vers la femme, il fronça un peu les sourcils, d’abord incertain, la dévisageant sans gène, puis il finit par reprendre la parole. « Kay ? » Il n’en croyait pas ses yeux. « Sérieusement, Kayna Anderson, c’est bien toi ? » Il rit un peu, étonné de revoir la jeune femme ici. À son regard, il pouvait voir qu’elle ne se souvenait pas de lui. Pas si étonnant, sa romance d’adolescent n’avait été qu'à sens unique, pas sûr qu’elle ait même connu son prénom un jour. 

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L’année scolaire touche à sa fin, et je sens bien que ma petite canaille commence à avoir les nerfs en pelote. C’est déjà habituel pour elle d’être une petite pile électrique, mais la fin d’année, l’approche des vacances scolaire, c’est impossible de la faire tenir en place à la maison. « Tu n’oublies pas que j’ai un rdv de boulot cet aprem ? » « Hum, un samedi ? » J’adresse un sourire complice à ma moitié, alors que je suis précisément en train de bosser dans le bureau. « Mae est… » « Elle a besoin de se défouler. On va aller courir un peu au parc. » Le sourire de Lennon pourrait faire fondre n’importe quel iceberg à ce stade. Elle vient déposer un baiser tendrement sur mes lèvres, et je finis de boucler un dossier avant de quitter mon siège, le bas de mon dos légèrement endolori. Tu n’as plus vingt ans, Anderson !

J’enfile une paire de basket et une petite veste en jean, alors que la canaille est déjà prête à partir, sautillante de joie. J’ignore d’où lui vient toute cette énergie. « En route mauvaise troupe ! » Nous quittons notre maison encore partiellement en rénovation, et rejoignons sans tarder le parc le plus proche, celui-là même que nous traversons tous les jours pour rentrer de l’école. Sur le chemin, Mae me raconte ce qu’elle a fait ce matin avec sa 2ème mère, et m’avoue espérer retrouver des copines au parc. J’écoute et réagis avec attention, et nous entrons finalement dans le parc. Il m’est presque impossible de garder sa main dans la mienne tellement elle a besoin de virevolter dans tous les sens.

Alors que nous marchons en direction des jeux pour enfants, mon regard est attiré par une altercation entre plusieurs adolescents, mais qui n’a finalement l’air que d’être un jeu. Une voix attire finalement mon attention « Votre fille semble avoir séduit mon chien » Je me retourne alors, voyant Mae quelques mètres plus loin, accroupie, prête à tendre la main pour caresser le chien en question. Le maître semble gentil, au moins autant que le canidé. Il autorise Mae à le caresser. « Merci. » Je fais signe à ma fille qu’elle peut y aller. Etrangement, c’est une vraie tornade mais quand il s’agit des animaux, elle sait être douce et patiente. « Kay ? » Mon regard est à nouveau attiré par celui de l’homme me faisant face. « Sérieusement, Kayna Anderson, c’est bien toi ? » Et voilà. Tout ce que je redoutais en reposant les pieds dans les parages. Que quelqu’un me reconnaisse, mais que la réciproque ne soit pas vraie. Je me racle un peu la gorge. « Oui, c’est moi, mais je… » Je me mords la lèvre inférieure, nerveusement, avant de lâcher un petit rire traduisant sans aucun mal à quel point je peux me sentir mal à l’aise. « Je suis désolée, ma mémoire me fait défaut. On se connaît ? » Ma-laise. Je penche la tête un peu sur le côté, choisissant finalement l’amusement quant à la situation, en espérant qu’il ne s’en formalise pas. « J’ai quitté la ville il y a si longtemps que mon cerveau a l’air d’avoir occulté plus de choses que je ne l’aurai imaginé… » Le pauvre.

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@Kayna Anderson & Oscar

Oscar avait une relation étrange aux enfants… Oscillant entre la colère que lui inspirait la venue d’un enfant dans un foyer qui n’était pas le sien, la jalousie immédiate, et parfois une sorte d’attendrissement, sans doute un peu poussé à l’extrême. Et c’est ce troisième sentiment qui naissait en lui alors que la petite fille posait ses mains sur son chien pour le caresser. Il l’observa un instant, laissant l’émotion s’installer, avant de remonter le regard sur la femme adulte qui l’accompagnait, provoquant une émotion tout aussi surprenante. La surprise était tout entière de recroiser dans ce parc la silhouette d’une femme qu’il lui semblait avoir oubliée depuis longtemps. « Oui, c’est moi, mais je… » Il observe un peu amusé, évidemment, qu’il pourrait la couper, pour dissiper son malaise en lui expliquant qu’il n’y a pas à en avoir et qu’il n’est pas vraiment étonnant qu’elle ne le remette pas. « Je suis désolée, ma mémoire me fait défaut. On se connaît ? » Il rit un peu, s’accroupissant proche de son chien pour mêler ces caresses à celles de la petite. « Disons, j’imagine que moi, je te connais. » Étonnement, il se permet de la tutoyer, comme s’il était à nouveau un ado sans compétence sociale. 
 
« J’ai quitté la ville il y a si longtemps que mon cerveau a l’air d’avoir occulté plus de choses que je ne l’aurai imaginé… » Il remonte le regard vers elle, décidant tout de même d’arrêter le supplice. « Ne t’inquiète pas, je ne suis pas vraiment étonné que tu ne me remettes pas. » Même pas du tout, en réalité, même s’il pouvait être touché dans sa fierté d’ado qui imaginait à l’époque que le crush était réciproque.  « On était au même collègue et presque voisins. » Lui ne risquait pas d’avoir oublié ce détail, se souvenant de la suivre de quelques pas à la sortie des classes pour rentrer chez lui, c'était là que son intérêt c'était développé.  « Mais j’ai quelques années de moins que toi. » Cette fois, c’est lui qui se trouve un peu gêné. « Disons que… Tu étais un peu mon crush de jeunesse. » Bon, il a honte, mais il l’a dit. Reposant son regard, cette fois sur la plus jeune fille. « Moi, c’est Oscar ». Puis, à nouveau vers sa mère, il lui tend la main depuis le bas.  « Oscar Sterling, et lui, c’est Charli. » Dit-il en caressant un peu plus de vigueur son chien. « Et toi, jeune fille, quel est ton prénom ? » 

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Là tout de suite, j’aimerai pouvoir trouver un trou de souris pour m’y cacher et n’en ressortir que lorsque l’homme en face de moi aura disparu. Ça n’a pas l’air de lui poser problème que je ne me souvienne pas de lui, mais je tente quand même de lui donner une excuse, qui a mon sens est plutôt une bonne excuse. A moins que ma mémoire me fasse vraiment défaut. « Disons, j’imagine que moi, je te connais. » Ok, alors là, c’est de plus en plus bizarre. Je ne sais pas si cette information est censée me rassurer ?  « On était au même collège et presque voisins. » Cette fois je plisse un peu les yeux, essayant de retrouver sa bouille d’enfant, avec un peu de chance… Un voisin ? Non, ça ne me dit rien. « Mais j’ai quelques années de moins que toi. Disons que… Tu étais un peu mon crush de jeunesse. » Oh wow ! De mieux en mieux ! Je ne peux réprimer un rire amusé, c’est vraiment très étrange comme manière d’aborder les gens, ou c’est moi ? Sauf que je vois bien qu’il n’est pas très à l’aise de me dire un truc pareil, et son langage corporel parle pour lui. Voilà qu’il est accroupi pour caresser son chien, en même temps que ma fille est en train de le faire. « Moi, c’est Oscar » dit-il en me tendant finalement la main que je m’approche pour venir serrer de manière polie « Oscar Sterling, et lui, c’est Charli. »  dans ma tête, ça fait le tour du quartier de mon enfance. « Et toi, jeune fille, quel est ton prénom ? » « Mais oui Oscar !!! » Et voilà, il fallait bien que ça clique ! « Et moi c’est Mae ! » Cette rencontre n’a ni queue ni tête.

« Ça y est ça me revient, la maison du coin de la rue, tu as plusieurs frères et soeurs non ? On a dû prendre le bus ensemble un paquet de fois… » Je lui souris, rassurée pour moi-même de me souvenir - un peu - de lui. « Ça veut dire quoi crush ? » Ah voilà. Quatre ans et clairement pas la langue dans sa poche. « Ça veut dire que Oscar m’aimait bien quand on était enfants. » Je croise les bras, finalement flattée de répéter ce qu’il a dit un peu plus tôt. Enfin flattée… disons que la jeune fille en moi est flattée. « Alors moi j’ai un crush sur Charli. » Et cette fois j’éclate de rire devant la mignonnerie de cette enfant. « Mae me réclame un chien quasiment depuis qu’elle est née… » Je fais une petite moue amusée alors qu’il se relève à mon niveau. « On peut faire quelques pas ensemble si tu veux. » Evidemment, Mae ne laissera pas Oscar et Charli repartir dans l’autre sens maintenant que j’ai dit ça. « Alors, qu’est-ce qu’est devenu le petit Sterling, aîné de la fratrie, si je ne dis pas de bêtises..?»

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@Kayna Anderson & Oscar

Prétendre qu’elle n’a pas changé serait mentir, évidemment, Kayna avait pris des années, mais il l’avait reconnu presque instantanément. Il émanait toujours d’elle une sorte d’aura attirante qui l’avait spécialement ému quand il était encore plus jeune. « Mais oui, Oscar ! » Il n’est pas franchement persuadé qu’elle l’a reconnu, soupçonnant la blonde de feindre. « Et moi, c’est Mae ! » Reportant son attention sur la jeune fille, il reprend. « Wow, Mae ! C’est probablement un des plus jolis prénoms que je n’ai jamais entendu. Il te va très bien. » Un élan d’attendrissement pour cette gamine qui doit avoir 4 ou 5 ans. Il a toujours aimé les enfants à cet âge-là, enfin, jusqu’à ce qu’il se trouve lui-même confronté au fait de ne pas pouvoir en avoir. 
 
« Ça y est, ça me revient, la maison du coin de la rue, tu as plusieurs frères et sœurs, non ? On a dû prendre le bus ensemble un paquet de fois… » Finalement, elle a tout à fait remis qui il était, il en est presque un peu étonné. « Il semblerait finalement que ta mémoire ne te fasse pas si défaut. » Il se relève enfin pour faire face à la jolie blonde, maintenant, la différence d’âge est à peine perceptible. À l’époque, elle devait être à peu près de sa taille, alors qu’aujourd’hui, il la dépasse de deux bonnes têtes au moins. « Ça veut dire quoi, Crush ? » Un rire sincère sort de sa bouche alors qu’il lève les épaules au ciel, regardant la blonde pour lui indiquer qu’il lui laisse la primeur d’expliquer ça à sa fille. « Ça veut dire qu’Oscar m’aimait bien quand on était enfants. » En réalité, il ne la connaissait pas vraiment, ils avaient tout au plus échangé trois mots, mais elle était populaire et jolie. « Si je dois continuer sur les confidences, il me semble que dans mon groupe d’amis, on était tous un peu amoureux de toi. » Elle représentait la fille qu’il n’aurait jamais, ou alors en tout cas pas avant 4 bonnes années, Oscar ayant plutôt bien réussi à se rattraper par la suite. « Alors moi, j’ai un crush sur Charli. » Il se penche à nouveau un peu pour faire face à Mae. « Je te comprends, Charli est un grand séducteur, mais j’ai l’impression qu’il a aussi un crush sur toi, Mae. » À n’en pas douter, Charli se délectait des caresses de la jeune femme. « Mae me réclame un chien quasiment depuis qu’elle est née… » Il avait fait de même à son âge. « Je pourrais peut-être lui prêter Charli de temps en temps. » Il fait maintenant un petit clin d’œil à la petite fille. 
 
« On peut faire quelques pas ensemble si tu veux. » « Avec plaisir, je vous paie une glace ? » Le marchand n’était pas loin, et il était sûr de toucher juste avec Mae. « Alors, qu’est-ce qu’est devenu le petit Sterling, aîné de la fratrie, si je ne dis pas de bêtises ? » Il s’étonne de voir que la mémoire lui est finalement revenue. « C’est juste, il a grandi comme tu peux le voir. Je suis enseignant en architecture à l’université, jamais quitté Brisbane pour ma part, je vis dans le centre-ville avec ma femme. » Et pas d’enfant pour son plus grand malheur. « Et toi alors, de retour aux sources, si je comprends bien ? » 

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Le compliment sur le prénom de ma fille me fait sourire, j’avoue que je suis plutôt fière de mon choix. Et puis, alors que la mémoire me revient, je fais part à l’homme en face de moi de ma trouvaille, pas peu fière d’avoir déterré ces informations sous les décombres. « Il semblerait finalement que ta mémoire ne te fasse pas si défaut. » On est d’accord sur ce point, et mon sourire en est la preuve.

Mae nous fait un bel aparté de vocabulaire, et comme toujours j’essaie de répondre le plus justement possible, au vue de son âge, sans avoir à lui inventer n’importe quoi. « Si je dois continuer sur les confidences, il me semble que dans mon groupe d’amis, on était tous un peu amoureux de toi. » Vraiment ? Il va continuer longtemps comme ça ? L’objectif est de me faire rougir ou quoi ? Je préfère me contenter d’un sourire en guise de réponse. J’étais populaire malgré moi, à l’époque, et pas trop ravagée par l’adolescence physiquement, ça aide. Mae nous sort à nouveau de cette discussion quelque peu étrange sur le passé, reportant notre attention sur le chien. Il est vrai que leur complicité est déjà évidente. « Je pourrais peut-être lui prêter Charli de temps en temps. » Oh mon dieu qu’est-ce qu’il n’a pas dit !! « C’est vrai ? Maman c’est vrai on pourrait garder Charli parfois ? Hein ? Dis oui ! » Je regarde Oscar en plissant les yeux, faussement menaçante. J’adore les chiens, mais je n’ai pas le temps de m’en occuper. Je sais que Lennon serait ravie d’en avoir un aussi, mais on attendra encore un peu avant que je ne cède. « Pourquoi pas, oui. » Si ça peut la faire patienter avant d’en réclamer un, en espérant que ça n’ait pas l’effet inverse.

Oscar propose de nous offrir une glace, et bien évidemment, ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Pourquoi j’ai l’impression qu’il essaie de l’acheter ? Sur le chemin qui nous mène au glacier, Mae demande à prendre la laisse de Charli, et la voilà passée devant nous, pendant que nous discutons quelques mètres en arrière. « C’est juste, il a grandi comme tu peux le voir. Je suis enseignant en architecture à l’université, jamais quitté Brisbane pour ma part, je vis dans le centre-ville avec ma femme. » Je hoche la tête en l’écoutant, il a l’air d’avoir une vie bien rangée, j’espère simplement qu’il est heureux. Je n’ai même pas le temps de réagir que déjà, la question m’est retournée. « Et toi alors, de retour aux sources, si je comprends bien ? » J’opine du chef à nouveau, enfouissant les mains dans les poches de ma veste. « Oui c’est ça. Mon père est décédé il y a un an, et puis suite à quelques soucis de santé, j’ai été obligée de rester quelques temps dans les parages. Finalement on a décidé de rester. » Pour combien de temps, je l’ignore. Et avant qu’il ne demande qui est ce ‘on’, je choisis de préciser « Mae, sa grande soeur, ma compagne et moi. Toute la petite troupe féminine, de retour sur le sol australien ! » Je ris un peu, parce que c’est vrai que notre famille est plutôt atypique dans son genre, et ça peut ne pas passer pour certaines personnes. Mais après tout, je ne le connais pas, et s’il fait preuve de manque de tolérance, je n’aurai qu’a récupérer ma fille et finir notre balade à deux.

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@Kayna Anderson & Oscar

Oscar s’était lancé sur un terrain glissant en proposant à Kay de la garde de chien, il s’en était bien vite rendu compte au regard qu’elle lui avait lancé. Lui offrant une petite grimace désolée alors que sa fille reprenait déjà. « C’est vrai ? Maman, c’est vrai qu’on pourrait garder Charli parfois ? Hein ? Dis oui ! » « Pourquoi pas, oui. » Elle ne semblait pas emballée, mais prête à abdiquer. « Il adore les longues balades et je n’ai pas toujours le temps pour l’accompagner, alors si ça vous tente, on pourra s’arranger. » Gagnant, gagnant, enfin surtout pour lui, le chien et la petite. Pour Kay, c’était une autre histoire. 
 
Prenant la direction du glacier, Oscar entreprit de lui expliquer en quelque mots ce qu’était devenue sa vie. Évidemment, il évita le passage fausse-couche, pas d’enfant et mariage au point mort. Préférant rester vague et laisser croire à un bonheur factice. « Oui, c’est ça. Mon père est décédé il y a un an, et puis, suite à quelques soucis de santé, j’ai été obligée de rester quelque temps dans les parages. Finalement, on a décidé de rester. » Il hocha la tête, presque un peu gêné de ces confidences, se rendant compte que contrairement à lui, certaines personnes étaient enclin à donner au moins quelques informations sur les côtés les plus sombres de leur vie. « Je suis vraiment désolé pour ton père, de loin, il me semblait être un homme bien. » Il ne lui avait jamais adressé la parole, mais tentait de lui présenter ses condoléances comme il le pouvait. « Et aussi, pour ta santé, tu as l’air d’aller bien aujourd’hui ? Ca va mieux ? » Il espérait ne pas mettre les pieds dans le plat. Les maladies invisibles n’étant pas son domaine de compétence. 
 
« Mae, sa grande sœur, ma compagne et moi. Toute la petite troupe féminine, de retour sur le sol australien ! » Un peu surpris de l’entendre parler d’une compagne, il ne dit pourtant mot. « Et bien, tu as l’air d’avoir une vie bien remplie. » 2 enfants… Un joli score qu’il n’atteindrait sans doute jamais. « T’as compagne donc ? » Oscar n’avait que peu de personnes queer dans son entourage, ne sachant trop s’il devait ou pas rebondir sur le sujet. « Je n’avais donc aucune chance ? » Questionna-t-il un peu rieur. « Il me semble pourtant que tu avais un copain à l’époque. Un certain Leo, non ? » Il s’en souvenait assez bien pour en avoir été plutôt jaloux. Il avait revu le jeune homme plusieurs fois dans le coin, lui n’avait jamais quitté la région.

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Je préfère ne rien dire lorsque le maître du chien propose de nous prêter son animal pour que nous puissions le promener. Ce qui semble être de prime abord une solution gagnante pour tout le monde ne m’enchante pas tant que ça. Après tout, on ne le connaît pas, et son chien non plus. Ils ont l’air gentils mais je reste alerte.

Je m’enquiert du chemin d’Oscar, savoir un peu où il en est, même s’il reste assez vague. De mon côté, je choisis d’entrer un peu plus dans les confidence, même si ça ne me ressemble pas. A croire qu’il est assez doué pour faire s’ouvrir les gens. « Je suis vraiment désolé pour ton père, de loin, il me semblait être un homme bien. » Je hausse un peu les épaules, le regard au loin. « On n’était pas très proches. » Je n’entre cette fois pas dans les détails. Ce n’était pas un homme méchant, juste un peu trop campé sur ses certitudes de vieil homme. « Et aussi, pour ta santé, tu as l’air d’aller bien aujourd’hui ? Ca va mieux ? » Cette fois, un sourire étire mes lèvres. J’ai eu beaucoup de chance c’est vrai, ça aurait pu être pire, et mes enfants auraient pu être orphelins si ce coeur n’avait pas été disponible lorsque j’en ai eu le plus besoin. « Oui, beaucoup mieux. Merci. »

J’ignore pourquoi, je précise la composition de ma famille. Peut-être une façon de lui dépeindre une partie du tableau. « Et bien, tu as l’air d’avoir une vie bien remplie. » J’ignore ce qu’il appelle une vie bien remplie. C’est vrai qu’entre notre nouvelle maison à retaper et décorer, notre installation, la petite tornade qui me sert de cadette, et mon travail, je n’ai pas le temps de m’ennuyer. « Ta compagne donc ? Je n’avais donc aucune chance ? » Je ne peux retenir un rire amusé. Mais je n’ai pas le temps de répondre qu’il renchérit. « Il me semble pourtant que tu avais un copain à l’époque. Un certain Leo, non ? » Oh wow. Je le regarde cette fois, un peu surprise qu’il se souvienne de ça. C’était il y a plus de vingt ans. Instinctivement, je repose mon regard sur ma fille, qui est aussi celle du fameux Leo. « Avec quelques années de plus, tu aurais pu avoir ta chance… » A l’époque, quelques années, ça représentait beaucoup, et ça m’a poussée à ne pas considérer la question. Aujourd’hui il est plutôt bel homme, même si la question ne se pose plus.

Nous arrivons devant le vendeur de glaces et Mae me regarde pour être sure qu’elle a le droit. J’abdique. Oscar nous offre une glace à chacune, et je préfère préciser à ma petite tornade. « Mon coeur, la glace c’est que pour toi, pas pour Charli d’accord ? » Elle hoche vivement la tête et je m’en amuse. Nous poursuivons notre chemin et je tente une question à mon ancien voisin. « Et toi alors, pas d’enfant ? » Il se peut que je marche sur des oeufs, j’imagine qu’il aurait précisé un peu plus tôt, mais je ne peux m’empêcher de savoir. Je sonde son visage et comprends très vite que la question était de trop…

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@Kayna Anderson & Oscar

C’est étrange de se rendre compte que les années ont passé, qu’il n’est plus le jeune homme inconscient et amoureux de la première jolie fille qui croisait son chemin, et que Kay, pour sa part, a elle aussi connu les tourments de la vie. Son père est décédé, sa santé a vacillé. Elle semble pourtant toujours debout et à première vue en bonne santé. « Oui, beaucoup mieux. Merci. » Il est heureux de le savoir, bien que conscient que si ça n’avait pas été le cas, l’impact sur sa propre vie aurait sans doute été quasi inexistant. Même si, peut-être qu’à l’époque, avec quelques années de plus, il aurait pu tenter sa chance, et que la donne aurait été tout autre aujourd’hui, c’est d’ailleurs ce qu’elle lui confirme. « Avec quelques années de plus, tu aurais pu avoir ta chance… » Il rit un peu. « Il faut que j’aille régler mes comptes avec mes parents, moi. » Il lui offre un sourire amusé, ce qui pourrait ressembler à de la drague n’en est pas, il s’amuse juste à se demander ce qu’aurait pu être sa vie s’il était né quelques années plus tôt. 
 
Une fois les glaces en main, ils retrouvent le chemin de la marche, non sans un avertissement de la part de Kay à sa fille. « Mon cœur, la glace n’est que pour toi, pas pour Charli, d’accord ? » Elle fait sans doute bien de préciser, son chien regardant la glace avec des grands yeux plein d’envie. « Et toi alors, pas d’enfant ? » Il se crispe un instant quand la question sort de ses lèvres, déteste qu’on la lui pose, qu’on le ramène à son statut d’homme sans enfant. Il se reprend pourtant bien vite. « Nous avons une vie bien remplie, Elisa et moi, ce n’est pas vraiment à l’ordre du jour. » Un mensonge qu'il sert à qui veut bien l’entendre, et qui en général suffit à faire taire les questions. Jetant un coup d’œil à sa montre, il se rend compte que le temps a filé, et qu’il avait prévu de ne pas rentrer trop tard. « Je ne vais pas abuser de votre gentillesse trop longtemps, il faut que j’y aille. C’était un plaisir de te revoir, Kay. » Il le pense vraiment, pas certain pourtant qu’il remettra cette réunion. « Et encore plus de te rencontrer, mademoiselle. » Dit-il en montrant sa main à la jeune fille pour un clap d'adieu. « Je te laisse mon numéro, si d’un coup l’envie vous prend d’une promenade avec Charli, tu peux me contacter. » Au vu de son regard, il doute qu’elle le fasse un jour, mais inscrit tout de même son numéro sur son portable. « Belle journée à vous deux. » Charli lui semble plutôt déçu de quitter sa nouvelle amie, mais le suit tout de même. 

Sujet terminé

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