Plus rien n'allait. Mais rien du tout. J'avais l'impression que ma vie était foutu et que ça ne servait plus à rien que je la vive. Non pas que je serais tenté par le suicide, c'est bien l'acte le plus lâche que je serais incapable de faire, mais je ne trouve plus aucune raison pour trouver la motivation de continuer. Continuer pour aller où franchement ? Ma femme me trompait avec une autre femme depuis des mois s'il le faut, je préfère même pas savoir, et voilà que moi-même j'avais fait la même connerie. Je m'en veux terriblement, mais une part de moi a tellement la haine contre elle, contre le fait qu'elle m'ait brisé le cœur en milliard de morceaux, que je ne regrettais pas tant que ça. Je n'avais pas été faible l'autre soir, je l'avais voulu, là est la différence. Mais ce n'est pas pour autant que je n'ai pas de remords. Alors plutôt que de les enfouir en faisant semblant auprès de ma femme, je préférais m'éclipser de nouveau, ne supportant plus être dans la même pièce qu'elle. Je m'étais commandé un bourbon alors que je pouvais être appelé à l'hôpital pour une urgence à tout moment. Rien à faire. Et c'est bien la première fois que ça m'arrive. De toute façon si jamais je ne me sens vraiment pas capable de bosser, je sais que je peux compter sur mes autres collègues. Ce serait bien la première fois que ça m'arrive. Je bois vraiment très rarement, à part quand j'ai des jours de repos, chose assez rare au final. J'étais tellement mal, tellement dans ma bulle, que je ne faisais attention à rien ni à personne autour de moi. Il y aurait pu avoir une explosion que je ne l'aurais même pas entendu. Je me sens tellement mal que j'ai même du mal à boire mon verre. Mais à ce qu'il paraît ça fait bien plus d'effet quand on le boit d'une traite. C'est ce que j'ai finalement fait, en faisant certainement la pire grimace de tous les temps. Ou tout du moins la pire que j'ai jamais faite. Qu'importe. S'il y a bien quelque chose dont je me fous royalement c'est quelle tronche j'ai. Il n'y a plus rien qui m'importe à vrai dire. Ma vie est foutue.
Velvet passait de plus en plus de temps dans les bars, fait dont elle était pleinement conscience et qu’elle acceptait volontiers. Ici, elle s’était donnée un pseudo, avait changé son allure afin que l’on n’associe pas à son personnage public qui déchaînait les passions. Elle doutait avoir besoin d’autant d’effort car son nom n’était familier que dans le domaine de la justice, mais les langues se déliaient vite lorsqu’il s’agissait de traîner quelqu’un dans la boue et il fallait reconnaître était une ville dans lesquelles les nouvelles allaient vite. Nul doute qu’à son retour au bureau, une nouvelle étiquette lui serait collée sur le visage. Habituellement, elle n’y accordait que peu de crédit mais malgré sa réputation de cruelle mégère, elle n’en restait pas moins une femme, une femme qui venait d’être blessée de la plus violente façon. Le pire dans toute cette affaire c’était qu’elle ne pouvait même pas prendre le temps pour se morfondre comme il fallait, être l’être humain le plus malheureux au monde pendant quelques heures, voire quelques jours. Bon, le point positif étant que cette attention non désirée sur ses fléaux intimes, la motivait à se relever et à poursuivre sa marche, fière et indomptable. Elle n’était pas femme à abattre aussi aisément, elle reviendrait toujours, plus forte qu’auparavant.
Elle commençait à prendre ses aises dans ce bar, s’installant et observant les clients, essayant de deviner leur humeur à leur façon de boire ou à leurs expressions faciales puis leur inventer une vie de ce qu’elle aurait pu récolter durant ses observations. D’ailleurs, une nouvelle tête fit son entrée et verre en main, elle laissa ses prunelles s’attarder sur lui, l’analysant pour venir à la conclusion qu’il était loin d’être coutumier de l’alcool. Sans doute un besoin de noyer sa peine dans un ou plusieurs verres. Elle commanda un verre pour lui auprès du barman, optant pour quelque chose de plus doux. « Celui-ci est plus savoureux et plus accessible pour ceux qui n’ont pas l’habitude » dit-elle avec un léger sourire compréhensif. D’habitude, elle ne se serait pas formalisé à lancer la discussion avec quelqu’un qu’elle connaissait ni d’Eve, ni d’Adam mais paraissait-il que les bars changeaient les gens. « C’est ma tournée ! » ou était-ce la solitude qui avait raison de son élitisme social ?
C'était si frais, si nouveau, j'avais l'impression que jamais je ne pourrais m'en remettre. Mais après tout, c'est sûrement moins terrible que de perdre une personne alors qu'on sait qu'elle nous aime elle aussi. Là, je sais que Sawyer ne m'aime plus, et … non en fait je n'arrive pas à imaginer pire. Evidemment, je suis bien placé pour savoir qu'il y a bien plus de misère dans le monde, mais je n'arrive pas à me faire une raison depuis ses derniers jours, j'ai besoin de m'apitoyer encore un peu plus sur mon sort, histoire de savoir comment récupérer ma femme. C'est alors qu'on m'interpella et quand je relevais le regard vers cette fameuse personne, j'aperçus direct ces yeux verts pénétrants qui me firent me sentir dénudés tout à coup. Légèrement déstabilisant. Peut-être aussi la trouvais-je un peu trop près pour une première rencontre. Ou alors était-ce aussi du aux effets de l'alcool. Je n'en sais trop rien. Mais la seule chose sensée que j'avais fini par réussir à dire était Oh … Que pouvais-je dire de mieux de toute façon ?! Il est clair qu'elle m'avait cerné et elle m'avait pris au dépourvu également. Quand elle m'annonça que c'était pour elle, là, j'eus de meilleur reflex et lui répondais un peu maussade Merci. J'en prenais une gorgée et j'avais l'impression que c'était un doux jus de fruit. C'est meilleur en effet. Mais pas sûr que ça m'aide rapidement à me sentir m... Non pas mieux A ne plus rien ressentir plutôt. Disais-je totalement désespéré tout à coup. Je n'avais pas eu le temps de reboire un coup après ma nuit d'adultère avec Selina à cause de mon boulot et pourtant j'avais l'impression que c'était hier et que je faisais ça tous les soirs tellement j'en ai besoin. Je posais de nouveau mon regard sur la femme aux yeux verts étincelants qui allaient me faire sentir bien moins seul très certainement et essayais de lui donner un sourire mais sans vraiment grand succès.
A force de côtoyer les bars, Velvet avait fini par comprendre pour ces lieux étaient tant prisés ! Des personnes semblables qui se retrouvaient autour de verres ou de bouteilles, sans jugement ni commentaires, ni même comparaison. L’on pouvait se plaindre silencieusement à satiété, se considérer l’espace de quelques minutes ou heures comme la personne la plus malheureuse sur la planète et l’avocate devait avouer qu’elle commençait à y prendre goût. C’était reposant, elle n’avait nul besoin de jongler entre différents masques qu’elle plastronnait pour impressionner ses détracteurs, oui, ce divorce lui foutait le moral en l’air, oui, elle avait le cœur brisé et oui, elle semblait toucher le fond et merde, c’était agréable de se l’avouer une fois pour toute ! Cela ne signifiait pas que c’était un état d’esprit immuable ! S’apitoyer sur son sort un moment est bon pour se relever. « Ne vous fiez donc pas au premier goût que vous captez, ce cocktail est plein de surprises » elle dit cela avec un clin d’œil, oui, plein de surprises, en effet ! Elle était bien placée pour en parler, elle, si attachée à un bon whisky était plutôt satisfaite de cette nouvelle découverte pour…ne plus rien ressentir. « Si vous voulez parler, je peux vous écouter » déclara-t-elle par demander au bout d’un moment, chacun avait son histoire ici et à force de hanter les lieux, elle avait pris l’habitude d’écouter ceux qui ressentaient le besoin de parler. Et l’inconnu semblait en faire parti, ou peut-être pas. Elle fit servir deux autres verres. « Santé ! » et elle avala une nouvelle gorgée.
Il est vrai que même si j'avais de la compagnie je ne pouvais m'empêcher de me sentir horriblement triste. Même avec une autre femme à mes côtés je ne pouvais m'empêcher de penser à ma femme, et à ce qu'elle m'avait fait subir. Je n'arrivais même plus à compter les jours, ni à savoir les heures, ni à rien savoir d'autres. Cela pouvait bien être mon anniversaire que je ne m'en serais même pas rendu compte. Tout ce que je voulais, c'était récupérer ma vie d'avant, ma vie passionnée et parfaite que j'avais avec Sawyer. Mais ça malheureusement, c'était il y a bien trop d'années et on s'était laissé bouffer par le temps, et ça aussi ça me rendait triste. Rien n'allait et je m'en voulais de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. Aujourd'hui je sais très bien ce qu'il me restais à faire … Boire ce verre que la brune m'avait conseillé, tant pis si ce n'était pas un whisky. Tant pis, tant que ça finissait par atteindre le cerveau et me mette dans un état second. Elle m'avoua que la boisson avait des surprises, et je voulais la croire. Je verrais bien, ça m'importait peu au final. Je le buvais, et il était tellement agréable au palais que je le buvais bien assez rapidement, tellement que je n'eus pas le temps de lui raconter ce qui m'amener ici avant qu'elle nous en commande deux autres. Je crois bien que c'est la première fois que je me fais payer des verres par une femme. Non pas que j'en ai besoin, que je sois pauvre ou autre, mais c'est reposant bizarrement. Oui, santé. Lui répondais-je en trinquant avec elle, même si ma santé était loin d'être en bonne état, du moins la mentale. Je bus une gorgée puis reposais mon verre avant de me mettre à me confier. Ma vie est devenue un gros bordel depuis que ma femme m'a trompé avec une autre femme. Disais-je avec l'envie d'aller me frapper le crâne contre un mur, à la place je buvais encore un peu plus de mon breuvage.
L’inconnu semblait véritablement mal en point et l’avocate ne pouvait que compatir, même si elle ne savait pas encore de quoi il en retournait. Elle n’était pas certaine qu’il veuille en parler, mais qu’importe, cela faisait du bien d’avoir des gens avec qui boire, que cela fut dans le silence ou dans une discussion. Ils étaient tous ici pour la même raison, plus ou moins. La plupart avait des peines à noyer dans l’alcool, ici, personne n’était jugé, ils étaient tous au même niveau qu’il fût avocat ou simple ouvrier, riche ou pauvre, noire comme blanc, les peines étaient humaines alors c’était faire preuve d’humanité que d’essayer d’accorder son soutien à celui qui nous était le plus proche physiquement. En réalité, Velvet avait l’impression de retrouver peu à peu de l’estime d’elle-même, ce qui était assez étrange quand on y pensait puisque c’était dans une ambiance telle que celle-ci qu’elle la retrouvait. Ce phénomène la laissait véritablement perplexe, mais elle avait décidé de ne pas s’en accommoder, elle avait même changé de style vestimentaire afin de passer aussi incognito que possible. Personne ne la connaissait ici et c’était très bien ainsi. « Oh, je vois » elle lui épargna volontiers que c’était le fantasme de tout homme de proposer à sa compagne un plan à trois avec une autre femme, néanmoins elle compatissait encore plus à son sort vu qu’elle passait également par là. « Je compatis, le mien m’a trompé avec un homme » elle dit cela avec un sourire, haussant nonchalamment les épaules. Ce n’était pas une façon de tirer la couverture à elle mais bel et bien de lui faire comprendre qu’elle savait ce que ça faisait, les ‘je comprends’ impersonnels étaient pires que tout. Elle en profita pour commander une bouteille « Je pense que vous avez besoin de boire, vous aurez l’impression que ça va mieux après »
Voilà que je me confiais à la femme avec qui je venais à peine d'adresser quelques mots. Est-ce que ça faisait du bien ? Oui on pouvait dire ça comme ça. Est-ce que je cherchais de la compassion ou de la pitié ? Non, pas du tout même. Peut-être un peu de compassion encore, même si j'ai toujours su que ce que Sawyer m'avait fait été impardonnable. Je ne pensais pas qu'on puisse faire ça à son mari ou même à sa femme. Ca ne m'était jamais passé par la tête d'être polygamiste, non moi je n'avais aimé qu'une seule femme à la fois, même si l'idée de coucher avec deux m'avait déjà traversé l'esprit, j'aurais fini par être totalement jaloux si un léger rapprochement s'était fait entre les deux femmes. Mais voilà que ça s'était produit à mon insu et je ne le supportais toujours pas. Cependant je sortis de ma tristesse et de mon renfermement quand la femme qui me payait à boire me fis savoir qu'elle comprenait vu que son mari l'avait trompé avec un homme. Oui, pour le coup elle est sûrement la seule personne à me comprendre réellement. Alors forcément elle attirait ma curiosité. Et vous êtes toujours avec ? Lui demandais-je, parce que personnellement je ne sais plus du tout où j'en suis, j'ai terriblement envie de lui pardonner, mais je suis persuadé au fond que ça ne sert à rien d'espérer et que c'est pour ça que je n'arrête pas de noyer mon chagrin dans l'alcool. D'ailleurs elle semblait d'être de mon avis vu qu'elle me fit savoir que j'avais besoin de boire et que ça irait mieux après. Sûrement. Je ne peux que vous croire, même si au final le réveil est bien pire. Enfin pas tout le temps. Le premier réveil avait été doux et agréable juste après que j'ai appris la traîtrise de ma femme puisque je m'étais retrouvé avec une autre femme au lit.
« Non » répondit-elle, plus froidement qu’elle ne l’aurait voulu alors elle s’empressa de corriger ce point « ce serait de la folie » s’exclama-t-elle sur un ton qu’elle voulait plus léger avec un sourire. Velvet Grey ne faisait confiance qu’une seule fois et lorsqu’on avait un comportement proche de la trahison, il était impossible de faire demi-tour. L’on a coutume de dire qu’on pardonne mais qu’on n’oublie pas, sans doute en serait-elle capable mais elle savait pertinemment qu’elle ne serait jamais passée au-dessus, sa fierté avait été brutalement malmenée, si on ajoute à ce cocktail l’aspect tragique de ce bébé tant attendu, il était certain que rien n’aurait pu être arrangé. « Rien ne sert de s’embourber dans une situation comme ça, s’il y a eu tromperie une fois, il y en aura certainement d’autres » Les études le prouvaient et depuis, elle en avait fait sa philosophie, en outre, elle n’avait jamais été franchement fidèle dans sa jeune et ses petits-amis avaient beau lui accorder leurs pardons, elle se retrouvait constamment ou presque à recommencer. Elle se servit un autre verre, ainsi qu’à l’inconnu dont elle ne connaissait pas le prénom, dans le fond ce n’était pas si important, pas sûr qu’ils se revoient et en dehors de ce bar, elle peinait encore à assumer l’affront que Jeremy lui avait fiat vivre. « Vous voulez lui pardonner ? » Elle but une bonne gorgée de sa boisson.
La belle femme qui était à mes côtés, elle aussi avait vécu le même genre de trahison que moi, et je savais déjà la réponse à sa question. Pourquoi la lui posais ? Pour avoir une idée de ce que je dois faire par la suite je suppose. Je suis tellement détruit que j’en suis perdu. Je serais perdu dans la vie sans la femme de ma vie. Peut-être que si on avait eu un enfant, ça aurait été bien plus simple. C’est du moins ce que je me dis. De toute façon, ce n’est pas le cas. Sa fille adoptive ne compte pas. La brune aux yeux verts m’avait fait savoir que ça aurait été de la folie d’être resté avec. Certainement. Et c’est ce qui me qualifie de fou. Mais l’idée du divorce, de la séparation, du changement de lieu de vie, tout ça m’effraie. J’écoutais la jeune femme m’expliquait sa raison et je ne pouvais que lui accorder raison Oui vous avez tout à fait raison. Je sais que je dois quitter ma femme. Si ce n’est pas moi, c’est elle qui le fera. Mais c’est arrivé si vite … Lui disais-je, totalement désarçonné et forcé de prendre encore une gorgée des cocktails qu’elle n’arrêtait pas de nous payer depuis tout à l’heure. Je vais bien devoir la stopper pour ma part si elle continue sur cette lancée. Je ne voudrais pas m’imposer dans le cas où elle voulait continuer de boire. Moi, en attendant, je ne pourrais pas boire beaucoup plus de verre que cela, sinon je vais finir par terre, littéralement.
Il était complètement désarçonné parce qu’il lui était tombé dessus, qui ne l’aurait pas été ? Elle se souvenait être passée par semblables étapes émotionnelles, sans parvenir à se raisonner. Elle était restée de longues heures dans la cuisine, son verre à la main, à fixer la bouteille de vin qui n’attendait que d’être empoignée. Les mots lui manquaient, sa raison refusait de répondre présente, pourtant, elle aurait dû s’en rendre compte. Il y avait des signes qui ne trompaient pas. La différence entre cet inconnu –dont elle se sentait pourtant très proche- et elle, était qu’elle n’avait pas été tellement surprise, Jeremy ne lui avait jamais cachée sa bisexualité, jouant dans le même camp, elle s’était dit qu’il n’y avait aucun problème à avoir une relation normale, bien au contraire, cela ne serait qu’hypocrisie que de le rejeter à cause vu qu’elle appréciait également beaucoup les femmes, sans doute plus que lui. Et puis, il y avait eu cette précipitation entre eux, ce besoin qu’elle avait eu de fuir sa précédente relation et elle s’était jetée à cœur perdu dans ses bras, oui, il y avait bien trop de parties sombres dans leur histoire, trop de non-dits qui n’auguraient rien de bon quant au dénouement. Elle trempa de nouveau ses lèvres dans son verre, le vidant tant qu’à faire. « Je comprends » et c’était vrai, il lui fallait d’abord digérer la nouvelle, l’assimiler, la rendre intelligible et…logique d’une certaine manière. « Il faut du temps » elle hocha la tête, oui, beaucoup de temps. Elle ne s’en était pas encore remise, quoique dans son cas, le problème résidait ailleurs, à des années lumières de l’aspect tromperie et trahison. « Rien ne sert de se précipiter, prenez tout le temps dont vous avez besoin pour faire le point et le vide, vous verrez ensuite ce qu’il en ressortira » elle n’était pas conseillère conjugale et voyait mal ce qu’elle pouvait dire d’autre, elle n’avait pas tous les tenants et aboutissants de l’histoire, en outre, qui était-elle pour juger s’il avait le désir de se rabibocher ?
Il se trouve que je ne sais plus du tout où j’en suis, entre l’envie de me jeter d’un pont et l’envie de me barre de ma maison pour ne plus à avoir affaire à cette femme. Cette femme qui pourtant j’aime encore comme un fou. Seulement mon cœur cesse à présent d’une manière bien différente. Avant cela me faisait un bien fou, aujourd’hui il n’arrive qu’à me faire du mal, à me faire souffrir. Comment réussir à passer le cap, à aller voir plus loin dans l’avenir. Je n’étais pas sûr de pouvoir y arriver, surtout là tout de suite alors que je suis clairement trop alcoolisé et que je ne semble pas vouloir réellement m’arrêter. Mais j’allais bien devoir le faire. En attendant mon accompagnatrice de beuverie me confiait qu’il fallait bel et bien du temps pour se remettre de ce genre de tromperie. Je ne pouvais que lui faire confiance, elle a l’air bien saine d’esprit bien qu’un peu triste, et ça devrait tout aussi bien m’arriver. Mais ça ne me motive pas non plus des masses. Je n’ai plus de motivation en ce moment de toute façon. Je verrais bien oui. Même si l’idée de rentrer chez moi me rend malade. Oui je crois bien que je vais encore finir à l’hôtel comme quelques jours qui ont suivi cette découverte. Il me faudrait encore un peu de temps avant de rentrer chez moi pour y dormir de nouveau, et sur le canapé, c’est évident. Pour l’instant je ne peux vraiment plus la voir ni la côtoyer, j’aime l’impression que ça me tuerait plus qu’autre chose.
Du temps. D’autres se plaisaient à dire qu’il fallait laisser le temps au temps, une drôle d’expression, pourtant c’était vrai, des années plus tard on se rendait compte qu’au final cela n’avait pas tellement d’importance. Ou que ça n’en avait plus, elle trouvait d’autres priorités et la vie poursuivait son cours, aussi simple que ça, pourtant, elle se gardait de lui dire ça. Ce n’était pas ce qu’il avait d’entendre dans l’immédiat, son couple était foutu en l’air et il avait déjà assez à prendre compte que de se prendre ce genre de commentaires insipides et ô combien inutiles dans la situation actuelle. Elle ne trouvait pas les mots et doutait qu’il y en ait alors, elle se contentait de manifester sa compréhension et de lui offrir une oreille attentive, il semblait en avoir bien besoin…quoi de plus normal dans le fond. « Vous êtes resté chez moi ? » une certaine surprise était perceptible dans ces paroles. Il ne semblait pas être le genre d’homme à virer sa femme, plutôt de ceux qui s’en vont. « Si vous ne savez pas où aller, j’ai de la place chez moi » sa proposition la surprit elle-même, venait-elle réellement de proposer à quelqu’un qu’elle connaissait à peine d’élire domicile chez elle ? Velvet Grey la méfiante qui autorisait peu de personnes à s’immiscer dans sa vie privé ? « Ok, ça, c’est bizarre, je suis bien d’accord » elle rit un peu d’elle-même et de l’étrangeté de la situation « inviter quelqu’un qu’on connait à peine, je dois avouer que je le fais pas souvent, jamais d’ailleurs » elle se voit forcée de se justifier parce que, merde, c’était tellement…elle ne trouvait pas les mots. « c’est juste que, vous voyez, on se retrouve dans la même situation et j’ai énormément d’espace qui ne me sert à rien et… » Elle se tut et partit dans un autre accès d’hilarité « là c’est sûr, vous devez définitivement me prendre pour une folle » à juste titre.
Oui j’étais resté chez moi, et ça semblait surprendre la belle femme qui se tenait à mes côtés. Elle semblait être une femme bien plus forte que je n’aurais pu imaginer. Elle avait la force que je n’avais pas. Elle semblait aussi avoir la rancune pure et dure qui pour ma part était mélangée à de l’attachement et de l’affection. Malgré le fait que mon amour soit brisé par la supercherie de ma femme, je reste irrémédiablement attaché à elle. Voilà pourquoi je n’avais pas pu partir tout de suite. Et pourtant tout me disait le contraire. Même les personnes avec qui j’en parlais. Mais je ne suis pas prêt. Je secouais la tête de haut en bas, un peu désespéré, pour dire que j’étais bel et bien resté chez moi. Cependant, un regard surpris se posa sur elle quand elle me proposa d’aller vivre chez elle. Bizarre. Oui, elle l’avouait elle-même. Elle eut même le don de me faire rire. Non pas de moquerie, mais plus parce que sa requête était vraiment très inattendue. Elle continua de se justifier et en soit je ne la prenais vraiment pas pour une folle en manque d’homme non, ça semblait être vraiment naturel et c’était sorti spontanément. Alors forcément je lui répondais C’est très généreux de votre part en tout cas. Je ne pense pas être prêt à partir tout de suite. Mais quand ça sera le cas, je repenserais à votre proposition. Même si l’idée du studio me convenait aussi, si j’avais besoin de crécher pour moins cher une fois, je penserais peut-être à elle, qui sait. Même si c’est loin d’être mon genre de m’incruster chez quelqu’un. Même si au fond, j’ai ma sœur chez qui je pourrais aller dormir de temps en temps aussi.
Elle continua de fustiger mentalement après cette proposition complètement inappropriée pour une première rencontre, elle ne savait rien de lui et prenait quand même le risque de l’inviter chez elle ? Et s’il était un psychopathe qui finirait par la tuer dans la nuit avant de la balancer dans la forêt non loin de chez elle ? Bon, elle était consciente qu’elle extrapolait, et après plus d’une décennie à travailler comme avocate, elle aimait à croire qu’elle était devenue excellente juge à se faire une idée sur les gens qui l’entouraient et chez son compagnon d’infortune, elle ne captait rien de dangereux. Bien au contraire, peut-être n’était-elle pas objective vu qu’ils traversaient la même chose…à condition que cela fût vrai. Elle n’avait aucune raison d’en douter et il y avait beau exister de bons comédiens dans ce pays, mais à ce point, à nouveau, elle refusait d’y croire. « Je comprends » dit-elle sincèrement, un petit sourire aux lèvres, au moins, il ne l’avait pas envoyé se faire voir en la traitant de qualificatifs peu glorieux pour sa personne. Néanmoins, va savoir pourquoi, elle réitéra sa proposition en sortant sa carte où figurait son numéro personnel avant de la glisser vers l’homme. « Tenez, si vous avez besoin, je suis joignable là, juste pour discuter ou quoique ce soit d’autre » elle se sentait étrangement proche de lui, les malheurs rapprochent plus que l’on ne voudrait bien le croire. « Par contre, moi je vais y aller» ses chiens l’attendaient depuis une bonne heure maintenant et elle avait beau péter les plombs, ce n’était pas une raison pour les abandonner. « Ravie de vous avoir rencontré dans tous les cas, malgré les circonstances »
Cela ne m’avait vraiment pas paru déplacé de sa part, peut-être surprenant oui, mais loin d’être déplacé. Je trouvais ça même très, voire trop généreux de sa part. Mais qui sait, peut-être que j’aurais besoin d’une femme qui a traversé la même épreuve que moi et qui a réussi apparemment à bien mieux s’en sortir que moi. C’est sûrement d’ailleurs pour cela qu’elle s’est proposé de la sorte. J’aurais dit que j’avais délibérément quitté ma femme pour une autre, pas sûr qu’elle m’aurait proposé cela. Encore heureux que je lui dise la vérité. De toute façon, ça se voit trop quand je mens, donc à quoi bon réellement mentir. Ca n’a aucun intérêt pour moi, même si je me voile un peu trop la face avec ma femme. Mais j’espère bien pouvoir m’en sortir. La belle femme me tendit une carte où son téléphone s’y trouver pour la joindre en cas de besoin. Je la lui prenais avec sourire aux lèvres, vraiment touché par cette attention et la remercier encore une fois Merci encore. Je ne savais plus quoi dire à force de geste généreux envers moi, tellement que j’avais l’impression que mes remerciements n’étaient que dérisoires. Elle me signifia alors qu’elle allait devoir rentrer. C’est tout à fait normal, il se faisait de plus en plus tard, je devrais également en faire autant mais je n’en avais pas vraiment encore envie Pas de problème. Lui répondais-je avec mon petit sourire anéanti. Ravi également de vous avoir rencontré, et merci encore, peut-être à bientôt. Oui je ne pouvais pas dire à cent pour cent que je l’appellerais en cas de besoin, mais je sais que si jamais je n’avais personne en tête, je l’appellerais pour sûr.
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