Jeudi soir, aux environs de 18H

Ce soir-là, Chris avait fini de boucler un dossier sur lequel il avait travaillé depuis trois semaines. Tous les documents et preuves avait été mis dans une pochette, tamponnée du fameux sceau "confidentiel", qu'il prit sous le bras en sortant de chez lui. Une fois installé dans sa voiture, il se dirigea ensuite en direction du Tribunal de Brisbane avec l'intention de la remettre à Hadley. Chris avait pu faire sa connaissance il y a quelques années, et ils avaient eu la possibilité de travailler de concert sur certaines affaires plus compliquées que la normale. Des affaires qui étaient souvent bloquées faute de preuves accablantes, ou parce que la justice devait faire face à de nombreux blocages des avocats adverses. Chris intervenait généralement à ce moment-là et c'est ce qui lui plaisait. Plus c'était compliqué, voir dangereux, et plus il y prenait plaisir. Soucieux de pouvoir faire tomber de gros poissons. Une fois arrivé au Tribunal, il entra dans le bâtiment et se soumit sans contraintes aux différents contrôles de sécurité. Il avait l'habitude de ne rien porter de métallique lorsqu'il se rendait ici afin de pouvoir passer les portiques de sécurité sans les affoler. Le sceau "confidentiel" suffit à ce que la sécurité n'en regarde pas son contenu, Chris précisant uniquement que c'était à l'attention de Maître Wellington. Et il put reprendre son chemin en prenant l'ascenseur pour monter à l'étage du bureau de Hadley. Une fois devant la porte, il frappa et attendit qu'elle lui dise d'entrée, afin d'être sûr de ne pas la déranger, pour y faire son apparition, tout en refermant la porte derrière lui.

"Hello Hadley !" s'exprima-t-il après s'être retournée vers elle, voyant qu'il n'y avait personne d'autre dans son bureau. Il savait qu'elle détestait qu'il l'appelle comme cela, préférant Maître Wellington, mais Chris devait bien avouer que plus cela l'agaçait et plus il y prenait plaisir. La procureure ayant finalement "accepter" cette petite entorse non sans mal au fil du temps car les dossiers que lui rendaient le journaliste était souvent très efficace pour la gestion de ses affaires. Une fois encore, il avait un gros dossier sous le bras et il lui montra avant de le déposer sur son bureau pas peu fier de lui. "C'est pour le dossier Smith..." commença-t-il d'un air confiant. "Tu as tout ce que tu voulais. Témoignages écrit et oraux, factures, planning détaillé, photos..." Il n'avait pas chômé ces dernières semaines, en enchaînant les filatures pour confirmer les activités douteuses, pris des photos compromettantes des activités illégales, obtention de documents confidentiels par le piratage de leur serveur, mais ça il n'était pas obligé de le préciser, et surtout passé du temps à trouver les témoins clés..."Je t'ai aussi fait un rapport détaillé des témoins clés. Tu en as trois et je t'ai indiqué tout ce dont tu avais besoin de savoir sur eux ainsi que leurs points faibles. Si tu fais jouer tes avocats là-dessus, ils craqueront à coup sûr, tu peux me croire. Et l'addition des trois témoins clés te donnera suffisamment de matière pour mettre au trou ce salopard jusqu'à la fin de sa vie..." Une fois le sentiment du travail accompli, il se laissa tomber sur le canapé présent dans le bureau en soufflant un bon coup, puis d'étendre ses jambres avant de les croiser au-dessus la table basse qui se trouvait juste à côté, tout en veillant à ce que ces chaussures ne soient pas posés dessus. Encore une fois, c'était un peu de provocation envers Hadley tout en flirtant avec les limites de l'acceptable... mais il adorait jouer à ce petit jeu avec elle.

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Une autre longue journée de cours venait d’enfin se terminer. Il était pratiquement dix-huit heures et tu étais épuisée d’avoir contre-interrogé des témoins de la partie adverse une bonne partie de la journée. La cause était difficile. Tu n’étais pas sûre d’avoir les preuves qui feraient inculper l’accusé et tu n’aimais pas être aussi indécise sur un dossier. Tu avais écouté minutieusement les avocats de la défense faire leur interrogatoire pour tenter de trouver un faille dans leur témoignage qui pourrait te libérer de l’impasse dans laquelle tu avais l’impression de te trouver. Et cette faille n’était jamais arrivée. Soit les témoins avaient été briefés sans relâche par l’avocat qui représentait l’accusé, soit il n’était pas coupable. Et bien que tu détestais perdre un procès, tu détestais encore plus l’idée d’envoyer un innocent en prison. Lorsque tu arrivas dans ton bureau ce soir-là, tu regarda le dossier qui se trouvait dans tes mains avec toutes les notes que tu avais prises pendant la journée et soupira. Tu savais qu’une autre longue soirée de préparation pour la journée du lendemain t’attendais et tu n’avais franchement pas envie de rester assise dans ton bureau jusqu’aux petites heures du matin encore une fois. Tu avais hâte d’en finir avec ce procès pour passer à un autre qui serait plus stimulant. Ou encore pour prendre des vacances. Ça faisait des années que tu n’étais pas partie en voyage… Ça te ferais probablement du bien de décrocher un peu du boulot. Sauf que tu savais que c’était impossible pour toi. Tu ne parvenais jamais vraiment à prendre plus que trois jours consécutifs. De toute manière, il n’y avait personne qui t'attendait pour partir avec toi. Tout ce que tu retrouvais le soir et les week-end, c’était ton condo trop gros, trop vide et trop silencieux. Tu t’assis alors derrière ton bureau, passa tes mains dans ton visage lorsque tu entendis quelqu’un cogner à ta porte. Tu poussa un soupir avant d’inviter la personne à entrer. Le battant de bois laissa passer Chris : ce journaliste d’investigation que tu connaissais depuis quelques années déjà et qui t’avais souvent aidé à dénouer des impasses. "Hello Hadley !" Tu ne pus t’empêcher d’échapper un soupir. Chris était bien le seul que tu laissais t’appeler par ton prénom dans l’enceinte de ton bureau. Tu avais compris avec le temps que plus tu lui dirais que c’était Maître Wellington, plus il continuerait faire le contraire seulement pour te taquiner. ”Chris, j’espère que tu viens avec des bonnes nouvelles à cette heure-là.” Tu lui avais parlé d’un ton blasé, tes traits légèrement tiré révélant la fatigue qui avait prit possession de toi. Toutefois, ton maquille et tes cheveux étaient encore parfaitement en place, comme si tu venais de les faire. Tu te leva de ta chaise de travail pour ensuite retirer la toge que tu avais porté toute la journée, révéla une jupe fourreau beige et une blouse noire qui était juste assez déboutonnée pour laisser entrevoir le début d’un décolleté sans toutefois être indécent. ”C'est pour le dossier Smith…Tu as tout ce que tu voulais. Témoignages écrits et oraux, factures, planning détaillé, photos..." Tu savais que quand il avait cet air-là, c’était qu’il était content de lui, qu’il avait obtenu encore plus que ce que tu lui avais demandé. Tu ne savais pas par quel miracle il réussissait toujours à trouver ce qu’il te fallait et tu préférais rester dans l’ignorance. Tu attrapa le dossier, ouvrit l’enveloppe et le feuilleta légèrement pendant qu’il continuait de te décrit le contenu. "Je t'ai aussi fait un rapport détaillé des témoins clés. Tu en as trois et je t'ai indiqué tout ce dont tu avais besoin de savoir sur eux ainsi que leurs points faibles. Si tu fais jouer tes avocats là-dessus, ils craqueront à coup sûr, tu peux me croire. Et l'addition des trois témoins clés te donnera suffisamment de matière pour mettre au trou ce salopard jusqu'à la fin de sa vie..." Tu relevas les yeux vers lui, avec un petit sourire satisfaite. Tu fis le tour de ton bureau, t’assis sur celui-ci et croisa les jambes pour ensuite t’apercevoir qu’il avait encore mis ses pieds sur ta table basse. ”Si tu lui fais une rayure, tu sais que je te la fais poncer et vernir jusqu’à ce qu’elle redevienne comme neuve hein ?” C’était toujours comme ça toi et Chris : vous aimiez vous charriez, mais c’était une preuve que vous vous aimiez bien l’un et l’autre au final. ”J’allais me commander à manger. Tu veux quelque chose ?”

Rien que de voir et d'entendre Hadley qui avait soupiré à sa formule de présentation avait suffit à fendre encore plus le sourire qui s'était dessiné sur le visage du journaliste. ”Chris, j’espère que tu viens avec des bonnes nouvelles à cette heure-là.” Cela, elle n'en avait pas encore idée mais c'est plutôt fier de lui qu'il avait apporté un gros dossier qu'il tenait sous le bras. Elle lui avait retorqué cela d'un ton fatigué. Elle avait dû avoir une rude journée, ce qui ne le surprenait pas car tous deux étaient des mordus du travail, vivant quasi exclusivement pour leurs métiers et les valeurs qui s'en dégageaient. Avant qu'il ne la rejoindre à son bureau, elle s'était levée de sa chaise afin de se dévêtir de sa toge officielle pour laisser place à une tenue beaucoup plus contemporaine. Chris la contempla rapidement avant de s'adresser à elle "Vous êtes bien plus ravissante comme cela Maître Wellington !" alors qu'elle se retournait de nouveau pour lui faire face. Le fait de tourner sa phrase de manière respectueuse, sans omettre son titre officiel, à l'instant même où elle venait de retirer sa toge était un peu le comble de la provocation. Mais cela était avant tout un jeu qui amusait énormément le journaliste depuis le temps qu'ils travaillaient ensemble, ou plutôt qu'il travaillait pour elle. Pourtant, il ne manquait absolument pas de respect envers la procureure, il l'admirait même beaucoup pour son dévouement à la cause qui les habitait tous les deux. Quelque part, même si leurs rôles et leurs méthodes étaient différentes, ils étaient semblables sur de nombreux autres points et c'est ce qui avait créé une certaine proximité, une certaine complicité entre eux. Cela montrait bien à la jeune femme qu'il n'avait contre le fait de l'appeler comme elle le souhaitait, qu'il la respectait pour ce qu'elle était. Non, s'il agissait ainsi c'était avant tout car il avait toujours eu en horreur tout ce formalisme établi de la haute société qui, quelque part, avait été responsable de la fin de la seule histoire d'amour qu'il avait connu il y a 15 ans de cela. Il en gardait toujours une certaine rancœur en lui, n'arrivant pas à faire abstraction du passé. Et le fait de voir au fil des années tous les vices des personnes de la haute société n'avait fait qu'accentuer son aigreur envers tout ces codes, ou dress code, plus ou moins officiels.

Cependant, Chris ne la fit pas attendre plus longtemps et lui donna le dossier qu'elle feuilleta alors qu'il lui décrivait son contenu. A la fin de son laïus, Chris aperçut un sourire sur le visage de la jeune femme qui lui signifiait qu'elle était satisfaite et cela lui suffit pour qu'il se laisse tomber sur le canapé tout en croisant ses jambes au-dessus de la table basse. Hadley, de son côté, avait fait le tour de son bureau pour s'asseoir sur son bureau en croisant les jambes pour lui faire face. Il avait instinctivement regardé les jambes d'Hadley, légèrement découvertes par la jupe fourreau qu'elle portait, lorsqu'elle s'était installée face à lui mais son regard fut très furtif. S'il ne pouvait pas nier qu'elle était une femme élégante et désirable, c'était pour lui totalement déplacer de montrer une quelconque forme d'attirance potentielle d'autant que, même si leur relation était avant tout professionnelle, il la considérait davantage comme une amie. ”Si tu lui fais une rayure, tu sais que je te la fais poncer et vernir jusqu’à ce qu’elle redevienne comme neuve hein ?” Hadley l'avait interpelé sur la posture qu'il avait pris. Cela ne le surprit pas le moins du monde et le fit même rigoler. "Je sais bien Hadley" affirma-t-il en hochant la tête tout en continuant de sourire "Tout comme tu sais que je le ferais ! Je ne suis pas du genre à fuir mes responsabilités. Je pense que tu commences à bien me connaître" conclut-il en lui adressant un clin d'œil complice. La procureure l'informa ensuie qu'elle allait se commander à manger et lui demanda s'il désirait également quelque chose. "Tu m'invites ?" lui répliqua-t-il un peu taquin avant d'ajouter plus sérieusement "Tu sais très bien que je ne veux pas que ce soit un sujet de discorde entre nous. Je travaille pour toi gratuitement et tu ne m'es redevable de rien. Je le fais de bon cœur sur mon temps libre on est bien d'accord ?" N'hésitant pas à la fixer du regard pour être sûr qu'ils se comprenaient bien. Il était absolument hors de question pour le journaliste de renier à ses principes. Puis, de toute manière, ce n'est pas comme s'il avait une vie à côté de son activité professionnelle, personne ne l'attendait chez lui, pas de compagne, pas de famille, très peu d'amis... Il pouvait passer des journées entières en filature, cela ne le dérangeait pas. Au contraire même, il devait bien l'avouer, cela l'excitait même à trouver la faille, les secrets inavoués de toutes ces personnes qui se pensaient au-dessus des autres. Non, le fait de contribuer à les faire tomber valait bien toutes les rémunérations du monde. Et il savait qu'Hadley avait le même dévouement que lui pour la justice. "Cependant, si tu insistes je ne suis pas contre. Tu avais prévu quoi ?" Lui demanda-t-il de nouveau avec un ton enjoué. Après tout, à la fin d'une belle journée de travail, il n'y avait aucun mal à se détendre un peu et il apprécierait de passer un moment agréable en compagnie d'Hadley.

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"Vous êtes bien plus ravissante comme cela Maître Wellington !" Chris avait toujours eu le don de te provoquer, d’utiliser ton titre dans des moments où il le savait très bien que ça te ferait grincer des dents. Tu ne voulais toutefois pas lui laisser le bonheur de te voir exaspéré par son comportement. De toute manière, tu n’étais pas le genre à demander absolument de t’appeler Maître Wellington dans ta vie de tous les jours. Tu tenais toutefois à ce qu’il le fasse lorsque vous étiez dans le palais de justice et qu’il y avait d’autres personnes prêt de vous. Tu avais travaillé fort pour te rendre où tu étais et tu ne souhaitais pas que des clients ou bien des collègues de travail pensent qu’ils pouvaient utiliser ton prénom comme bon leur semblait. ”Faudrait te décider Chris. Soit que tu trouve que ma toge me va bien, soit tu préfères sans.” Tu savais que tu rendrais le brun mal à l'aise à la suite de ta remarque, mais c’était comme ça entre vous. Tu t’amusais de le voir surpris par tes remarques, par ta répartie. Même si tu en avais acquis encore plus depuis que tu avais fait ton barreau, tu n’avais jamais eu la langue dans ta poche. Tu aimais voir les gens être déstabilisés, tenter de voir si tu étais sérieuse ou non. Tu l’avais averti que tu saurais lui ressortir ce qu’il t’avait laissé sous-entendre en SMS au bon moment et ça te semblait l’être. Il avait eût la chance que tu sois concentrée sur le dossier qu’il t’avait apporté lorsque tu t’étais assise sur ton bureau puisque si tu avais vu son regard, même furtif, sur tes jambes, tu aurais sans aucun doute fait exprès de placer l’ouverture de ta jupe de manière à ce qu’il ait une vue sur le début de ta cuisse.
"Je sais bien Hadley. Tout comme tu sais que je le ferais ! Je ne suis pas du genre à fuir mes responsabilités. Je pense que tu commences à bien me connaître" Et c’était ce que tu appréciais le plus de Chris : tu savais que s’il te donnait sa parole ou même s’il te disait seulement qu’il s’occupait de quelque chose, il allait le faire. Tu pouvais compter sur lui pour la moindre petite chose et ça te rassurait de compter sur quelqu’un comme lui dans ton entourage. Depuis que tu étais revenu à Brisbane, tu t’étais plus concentré sur ta carrière que de te faire des amis. C’est d’ailleurs pourquoi tu lui avais proposé de manger avec toi. Tu n’avais pas le goût de terminer ta soirée toute seule. De toute manière, tu savais très bien que tu devrais avoir cette discussion avec lui à propos de ton adolescence bientôt et que si tu voulais qu’il puisse avancer dans le dossier de Della, tu ne pouvais pas vraiment repousser le moment. "Tu m'invites ? Tu sais très bien que je ne veux pas que ce soit un sujet de discorde entre nous. Je travaille pour toi gratuitement et tu ne m'es redevable de rien. Je le fais de bon cœur sur mon temps libre on est bien d'accord ?" Tu hochas de la tête. ”Tout comme tu peux me demander rémunération si tu te rends compte qu’un dossier est plus complexe et plus long qu’un autre. Mais pour ce soir, oui je t’invite et je n’accepterai pas un refus. Sinon je te montrerai la porte.” Et il te connaissait assez pour savoir que tu étais prête à mettre cette menace à exécution s’il ne voulait pas que tu lui paies son repas. "Cependant, si tu insistes je ne suis pas contre. Tu avais prévu quoi ?" - ”Sushi. Ça te va ?” Tu ne connaissais pas vraiment les préférences alimentaires de Chris. Tu le côtoyais pratiquement que pour le boulot, même si vous finissez souvent par avoir des discussions qui sortaient du cadre professionnel. Tu débarqua de ton bureau, te dirigeas vers un meuble qui était appuyé sur un des murs et te pencha pour en sortir une bouteille de vin. ”J’ai même du renfort si jamais tu voulais qu’on discute de Della.” Parce que parler de ton passé nécessitait un peu de support moral. Tu n’aimais pas avouer que tu avais foiré d’un bout à l’autre le début de ta vie d’adulte.

”Faudrait te décider Chris. Soit que tu trouves que ma toge me va bien, soit tu préfères sans.” lui répondit Hadley alors qu'il venait tout juste de la titiller tout en la complimentant au passage. Effectivement il lui avait dit, ou plutôt sous-entendu, quelques jours plus tôt par SMS qu'il la trouvait belle avec sa toge et c'était vrai. Elle incarnait ainsi vêtue la femme forte et indépendante qu'il côtoyait professionnellement depuis plusieurs années. Il avait un instant ouvert la bouche pour lui répondre que l'un n'empêchait pas l'autre et que, même s'il la trouvait belle avec sa toge, il la trouvait encore plus ravissante sans... Mais il croisa rapidement son regard et se rappela qu'elle pouvait visiblement lire en lui comme dans un livre ouvert alors il préféra ne rien répondre et baissa les yeux pour se concentrer sur le dossier qu'il lui présenta dans les grandes lignes avant de se détendre sur le canapé de la pièce. Puis Hadley lui proposa de manger ensemble et Chris lui répondit qu'il ne souhaitait pas que ce soit une compensation par rapport à ce qu'il effectuait pour elle. ”Tout comme tu peux me demander rémunération si tu te rends compte qu'un dossier est plus complexe et plus long qu'un autre. ” "Je sais Hadley..." lui répondit-il accompagné d'un regard déterminé qu'il voulait dire qu'il ne ferait de toute manière pas et il ne doutait pas que la jeune femme devine le fin fond de sa pensée sur ce sujet, car ils se l'étaient déjà dit de multiples fois avant aujourd'hui.

”Mais pour ce soir, oui je t'invite et je n'accepterai pas un refus. Sinon je te montrerai la porte.” Il lui sourit car il savait très bien qu'elle l'aurait fait sans hésiter et concéda alors qu'il acceptait tout en lui demandant à quoi elle pensait. ”Sushi. Ça te va ?” "Parfait !" s'exclama Chris aussitôt après, niveau alimentaire il n'était vraiment pas compliqué et cela faisait un moment qu'il n'avait pas mangé de sushis alors il était ravi de ce choix. Puis il observa de son canapé la jeune femme qui se déplaça en direction d'un meuble dans un coin de la pièce, puis qui se pencha même pour attraper quelque chose dans la partie basse de celui-ci. Les yeux rivés sur elle, il se mit alors rapidement une claque mentale lui-même en détournant le regard et en tournant la tête sur le côté afin d'éviter d'éprouver une quelconque attirance pour la magnifique femme qui se trouvait ici avec lui. Mon dieu mais que lui arrivait-il depuis quelques semaines ? Son retour sur Brisbane l'avait totalement métamorphosé et, alors qu'il ne regardait même plus les femmes depuis plusieurs années, il se retrouvait désormais comme attiré par elles et se sentait totalement perdu face à ce qui le travaillait intérieurement.

”J'ai même du renfort si jamais tu voulais qu'on discute de Della.” Chris la regarda de nouveau en espérant qu'elle ne pourrait pas lire en lui à cet instant avant de lui répondre "Super" sans vouloir rajouter qu'il allait également en avoir besoin lui aussi. Mais il ne put tout de même s'empêcher de taquiner Hadley comme pour dissiper ses pensées "Je ne savais pas que tu avais une réserve secrète dans ton bureau, c'est autorisé ça dans un tribunal ?" Tout en lui adressant un clin d'oeil pour sous-entendre que même si cela n'était pas autorisé, cela ne sortirait pas de ce bureau, Chris savait encore tenir sa langue et quelque chose lui dit qu'il n'était pas au bout de ses surprises et des découvertes qu'il aurait à faire sur la procureure ce soir étant donné qu'elle semblait disposé à parler de l'affaire Della. Chris se lança alors aussitôt dans le sujet sans perdre de temps, cela l'empêcherait d'avoir d'autres pensées parasites vis-à-vis d'Hadley. "Oui, il faut que tu me racontes des choses sur le quotidien de Della. Quelle était son emploi du temps type ? Les habitudes que vous aviez ? La distance entre son domicile et le terrain d'entraînement ? Si elle aurait pu y aller et/ou revenir avec quelqu'un ? Ce qui pouvait se trouver entre les deux : bar, école, parc etc... ? Si elle avait par exemple un petit copain ou une attirance pour quelqu'un ? Et à l'inverse si certains garçons s'intéressait à elle et que ce n'était pas réciproque ? Quelle était la dernière personne à l'avoir vue ce soir-là ? Quels ont été les derniers messages que vous vous êtes envoyés ? Vu que tu étais sa meilleure amie, je pense que tu es la mieux placée pour répondre à toutes ces questions." Pour sûr des questions il en avait et ils n'avaient pas finis d'en discuter, la soirée risquait d'être longue et éprouvante et une bouteille de vin ne serait visiblement pas de trop...

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Tu avais vu dans ses yeux cette envie de te répondre lorsque tu lui mentionna qu’il devait décider s’il te trouvais plus belle avec que sans ta toge, mais tu vis surtout ce commentaire qu’il s’empêcha de dire, ces yeux qu’il dirigea vers le plancher dans un geste de timidité. Tu savais que tu le troublais par ta franchise et ton absence de retenue et tu aimais le mettre dans l’eau chaude. De la même manière qu’il jouait parfois avec ta patience en t’appelant par ton prénom alors que l’utilisation de ton titre était de mise et de l’utiliser lorsque ce n’était pas nécessaire. Ce petit jeu de séduction s’était installé tranquillement, sans que tu ne t’en aperçoive à force de le côtoyer. Tu avais toujours aimé flirter avec les gens, mais de voir les réactions de Chris te procurait une certaine satisfaction. C’est d’ailleurs en ayant pour intention de jouer avec le feu que tu te pencha devant ton meuble pour aller chercher la bouteille qui était sur la tablette du bas sans plier les genoux. Un cliché qui savait faire son effet, surtout avec ta jupe fourreau. Tu aurais aimé pouvoir voir la réaction du journaliste, mais tu n’avais pas d' yeux derrière la tête. Tu devais te fier à ton instinct pour douter qu’il avait probablement profité pour jeter un petit coup d’oeil sur toi. « Je ne savais pas que tu avais une réserve secrète dans ton bureau, c'est autorisé ça dans un tribunal ? » Tu attrapas deux coupes que tu apportas sur la table basse devant laquelle Chris était installée avec la bouteille et retourna à ton bureau pour attraper un ouvre bouteille ainsi que ton téléphone portable. Tu pris place sur le fauteuil devant lui, lui tendit l’outil pour qu’il puisse ouvrir le blanc que tu avais sortit pour passer la soirée pendant que tu ouvrais sur ton portable l’application du restaurant de sushi que tu aimais un peu trop. « Si un avocat te dit qu’il n’a pas d’alcool dans son bureau, qu’il soit couronne ou défense, tu pourras le traiter de menteur. On a tous besoin d’un remontant à un moment ou un autre pendant un dossier. Et il y a les clients qui pensent tous que l’on est alcoolique. Tu serais surpris du nombre de bouteilles que j’ai dans cette armoire. » Tu releva les yeux vers lui après avoir terminé de commander les plateaux de sushi qui composeront votre repas du soir. Tu te reculas vers l’arrière de ton fauteuil, fit tomber tes escarpins au sol et posa la plante de tes pieds sur le rebord de ta table basse. « Oui, il faut que tu me racontes des choses sur le quotidien de Della. [...] Vu que tu étais sa meilleure amie, je pense que tu es la mieux placée pour répondre à toutes ces questions. » Tu passas ta main dans tes longs cheveux blonds, soupira et attrapa ta coupe de vin. Tu la descendis d’un trait avant de t’en recouler une. Tu avais besoin de courage avant d’entrer dans le vif du sujet. « Della, moi et Samuel, son frère, nous étions surnommé les trois mousquetaires. Nous avons grandi voisin à Sydney et nous étions inséparables. Moi et Della étions dans le club de cheerleader, Della la capitaine et moi son bras droit. Tous les mercredis, on allait à l’école pour 8h le matin et on restait là-bas jusqu’après la pratique de cheer… » Tu pris une pause. Reparler de cette époque te faisait mal. Tu avais l’impression de te propulser à ce moment où ta vie avait chaviré, où tu avais décidé que tu ne pouvais pas faire ton deuil, que tu devais protéger Samuel et être présente pour lui peu importait ce que tu ressentais. « Della était un soleil. Tout le monde l’aimait, voulait être prêt d’elle. Elle n’avait pas de petit copain, mais aimait bien flirter avec les mecs de l’équipe de football. On était pareil moi et elle. On se comprenait d’un simple regard. On avait à peu près 2 km à marcher du terrain à la maison et on piquait toujours par un parc pour que ça soit plus rapide. » Tu te fis interrompre par quelqu’un qui cogna à la porte de ton bureau. Tu te leva et alla répondre, pied nu, au livreur de sushi. Elle revint prendre place face à Chris, installa les deux plateaux que tu avais commandé sur la table entre vous deux. « Avant d’aller plus loin Chris, il faut que tu saches que ça ne sera pas facile avec mes parents et mon mari… Ça fait plus de vingt ans que je n’ai pas parlé à ni l’un, ni l’autre. » C’était la première fois que tu te permettais d’être vulnérable avec lui. Tu avais un lien qui dépassait le professionnel avec Chris, mais il ne te connaissait pas dans ta vie personnelle. Tu étais sur le point de te livrer à lui, de tout lui raconter et tu avais peur que sa vision de toi change. Tu savais que tu avais fait des erreurs, que tu n’avais pas assuré dans ta vie et même si c’était nécessaire à ta survie, tu n’en étais pas nécessairement fière.

Hadley était tout d'abord revenue avec deux coupes et une bouteille de vin qu'elle posa sur la table basse avant de retourner à son bureau pour aller chercher autre chose. Chris n'avait pu s'empêcher encore une fois de la suivre du regard. Puis il détourna à nouveau les yeux avant qu'elle ne se retourne à nouveau. Il avait attrapé la bouteille de vin et faisait mine de la regarder alors que la procureure revenait avec un ouvre bouteille qu'elle tendit au journaliste. Chris le prit et regarda Hadley s'installer de nouveau dans le fauteuil qui lui faisait face, son téléphone à la main. ”Si un avocat te dit qu’il n’a pas d’alcool dans son bureau, qu’il soit couronne ou défense, tu pourras le traiter de menteur. On a tous besoin d’un remontant à un moment ou un autre pendant un dossier. Et il y a les clients qui pensent tous que l’on est alcoolique. Tu serais surpris du nombre de bouteilles que j’ai dans cette armoire.” lui expliqua Hadley alors qu'elle s'activait en même temps sur son téléphone. Chris avait quant à lui entreprit d'ouvrir la bouteille de blanc et de remplir les deux coupes qui se trouvaient entre eux. Une fois qu'elle eut terminé, Hadley se mit davantage à l'aise en retirant ses escarpins et en posant ses pieds sur la table basse, s'installant bien au fond de son fauteuil. Chris avait envi de la taquiner en lui faisant une remarque mais ils avaient entrepris un sujet sérieux alors il resta concentré sur l'affaire qu'elle lui avait confié tout en lui demandant davantage d'explications. Tu vis alors Hadley soupirer avant d'attraper sa coupe et de la descendre d'un cul sec, se remplissant à nouveau son verre dans la foulée avant d'attaquer. Elle avait visiblement besoin de trouver du courage pour se replonger dans son passé. ”Della, moi et Samuel, son frère, nous étions surnommés les trois mousquetaires. Nous avons grandi voisin à Sydney et nous étions inséparables. Moi et Della étions dans le club de cheerleader, Della la capitaine et moi son bras droit. Tous les mercredis, on allait à l’école pour 8h le matin et on restait là-bas jusqu’après la pratique de cheer...” Hadley avait visiblement besoin d'une pause. Chris avait envi de la rassurer, de la réconforter afin de l'encourager mais il n'en eut pas le courage. Même s'il se cherchaient et se taquinaient, ils n'avaient jamais été tactiles entre eux et il avait peur de ce que cela pourrait potentiellement enclencher entre eux. Il lui laissa donc le temps dont elle avait besoin, tout en buvant quelques gorgées de son verre de vin. « Della était un soleil. Tout le monde l’aimait, voulait être prêt d’elle. Elle n’avait pas de petit copain, mais aimait bien flirter avec les mecs de l’équipe de football. On était pareil moi et elle...»” Alors qu'elle continuait son récit, Chris réalisa qu'Hadley aimait flirter dès son plus jeune âge mais sans forcément aller plus loin donc. Elle n'avait peut-être pas tant changé que cela et le petit jeu de séduction qu'elle avait entreprit avec lui n'engageait finalement absolument à rien. Il se dit alors qu'il pourrait entrer dans son jeu et tentait de la déstabiliser aussi... mais pour plus tard car à l'instant présent, ils avaient bien plus important à traiter. ”« On se comprenait d’un simple regard. On avait à peu près 2 km à marcher du terrain à la maison et on piquait toujours par un parc pour que ça soit plus rapide. »” Quelqu'un toquait à la porte et Hadley se leva du fauteuil pour y aller. Chris se nota mentalement le parc, endroit idéal pour un kidnapping, à l'abri des regards, sans doute dans la pénombre. Alors qu'elle revenait avec deux plateaux de sushi qu'elle installa sur la table basse, il devait s'assurer des circonstances de la disparition avec le plus de précisions possibles "Merci Hadley, tu peux me dire à quelle heure se terminait généralement vos entraînements ?"

”Avant d’aller plus loin Chris, il faut que tu saches que ça ne sera pas facile avec mes parents et mon mari… Ça fait plus de vingt ans que je n’ai pas parlé à ni l’un, ni l’autre.” lui dit finalement Hadley avant d'envisager la suite de leur échange. Mais sa phrase fit tiquer aussitôt le journaliste. "Attends Hadley..." il avait besoin de faire une petite synthèse avant qu'ils poursuivent également et ce coup-ci c'est lui qui termina son verre de vin, avant de se resservir et de remplir à nouveau le verre de son amie car nul doute désormais qu'elle en aurait sûrement besoin. "Il me semble que tu m'avais dis que tu t'étais séparée de Samuel il y a bien longtemps sans jamais divorcé. Cela s'entend sans soucis. Mais tu veux vraiment dire que ça fait vingt ans que tu ne lui a pas parlé du tout ?" Chris ne la jugeait aucunement mais il restait incrédule face à cette révélation et il voulait être sûre de bien comprendre. "Et tu m'as dis que vous aviez une fille aussi. Je ne sais pas son âge et je t'ai promis que je ne l'approcherais pas. Mais ça veut donc dire que ce... ?" Chris avait envi d'insulter Samuel mais il se retient et corrigea la fin de sa phrase avant de la prononcer. "... que son père ne l'a pas vue pendant tout ce temps ?" Le journaliste avait totalement obstrué le fait qu'elle n'avait pas parler à ses parents depuis 20 ans, cela ne le choquait aucunement car il devait sans doute y avoir une bonne raison à cela, en revanche il n'arrivait pas à comprendre le manque d'implication du père envers leur fille.

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Cette discussion avec Chris t’était difficile. Tu savais d’emblée lorsque tu l’avais mandaté pour enquêter sur le crime dont Della avait été la victime que tu aurais à lui parler de ton adolescence, mais tu avais espéré pouvoir passer rapidement sur les moments les moins glorieux de ta vie. Tu avais toutefois rapidement réalisé que ce ne serait pas possible puisque ça faisait partie d’un tout. Comme il allait devoir interroger tes parents ainsi que ton ex-mari, il fallait qu’il soit au courant de l’accueil qu’il risquait d’avoir et du fait qu’elle ne serait pas vraiment chaleureuse. Tu voulais qu’il puisse se préparer mentalement à faire face à des refus de s’adresser à lui, mais même si tu avais tenté d’esquiver les raisons pour lesquelles tu n’étais plus en contact avec eux, il t’avait fait comprendre dans ses précédents SMS que tu ne pourrais pas y échapper. Tu attrapas un des sushis que tu avais posés sur la petite table entre toi et Chris et le mâcha doucement, essayant de te concentrer sur les saveurs pour tenter de refouler tes émotions. Tu pensais à ton amie pratiquement tous les jours de ta vie, mais ça faisait longtemps que tu n’avais pas parlé des journées où la fatalité vous était tombée dessus. "Merci Hadley, tu peux me dire à quelle heure se terminait généralement vos entraînements ?" Tu pris le temps de réfléchir quelques instants avant de répondre. Ça remontait quand même à tes seize ans. Les souvenirs étaient loin et tu savais pertinemment que plusieurs détails s’étaient envolés. ”On terminait aux alentours de vingt heures si je me souviens bien, mais on restait souvent sur le terrain un moment pour parler avec les joueurs de football. Ils terminaient en même temps que nous leur entraînement. La plupart du temps, on était à la maison à vingt et une heures maximum. Parce que oui, vous faisiez partie de ce cliché où les cheerleaders et les joueurs de football se fréquentaient et flirtaient ensemble. Ce petit jeu de séduction t’amusait beaucoup et c’était la même chose pour Della. Tu n’avais toutefois jamais vraiment sortit avec aucun d’entre eux, ayant déjà des sentiments pour Samuel à cette époque. Tu n’osais toutefois pas en parler puisque tu ne savais pas comment réagirait Della que tu sortes avec son petit frère. Puis, vint ce moment où tu te décidas de parler de tes parents et de ton mari. Ton coeur battait rapidement. La peur que Chris décide de ne plus t’adresser la parole, de laisser tomber l’enquête était réelle. L’incompréhension et le dégoût pour tes gestes alors que tu étais une nouvelle maman apparaîtrait rapidement sur son visage, tu en étais convaincue. Lorsque tu lui annonças que tu n’avais pas eu de contact avec ton mari depuis plus de vingt ans, ce fut à son tour de terminer sa coupe de vin avant de se resservir et de t’en verser par la même occasion. "Attends Hadley… Il me semble que tu m'avais dis que tu t'étais séparée de Samuel il y a bien longtemps sans jamais divorcer. Cela s'entend sans souci. Mais tu veux vraiment dire que ça fait vingt ans que tu ne lui a pas parlé du tout ?" Tu secoua la tête de droite à gauche. La douleur de cette affirmation avait noué ta gorge et tu avais l’impression que ton coeur était compressé. Tu étais encore convaincue que c’était la meilleure chose que tu avais à faire à ce moment, mais c’était également difficile pour toi de le dire à voix haute. Tu savais que les gens ne pouvaient pas comprendre à quel point tu étais en détresse et que tu étais convaincue que tu ne leur ferais que du mal. "Et tu m'as dis que vous aviez une fille aussi. Je ne sais pas son âge et je t'ai promis que je ne l'approcherais pas. Mais ça veut donc dire que ce... ? Que son père ne l'a pas vue pendant tout ce temps ?" Tu l’avais entendu cette pause dans sa phrase. La manière dont il s’était retenu de ne pas l'insulter, mais à quel point ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Et tu ne doutais pas que ce sentiment se retournerait vers toi lorsque tu allais lui révéler ton plus grand secret. Tu dirigea ton regard vers la coupe de vin que tu avais dans les mains, faisait tournoyer le liquide et essayant de te concentrer sur le petit tourbillon que ça créait pour continuer de parler sans laisser les émotions prendre le contrôle. Tu pris une grande inspiration. ”Delilah avait quatre mois quand je suis partie Chris.” Tu relevas tes yeux vers les siens, l’émotion se lisait clairement dans tes pupilles bleus clairs. Tu voulais voir cette expression dans le sien suite à ta révélation, ayant besoin de savoir exactement ce qu’il pensait de toi. ”J’ai laissé un message sur une serviette de table et je me suis enfuie. 22 ans et 5 mois que je n’ai vu ni ma fille, ni mon mari. J’ai laissé la responsabilité d’élever un bébé naissant à son père sans jamais redonner signe de vie.” Tu rebaissas les yeux sur ta coupe, prit une grande gorgée. Tu avais besoin de courage pour affronter la réaction à Chris. ”Je t’avais averti que tu n’aurais plus jamais la même opinion de moi suite à mes révélations.”

”On terminait aux alentours de vingt heures si je me souviens bien, mais on restait souvent sur le terrain un moment pour parler avec les joueurs de football. Ils terminaient en même temps que nous leur entraînement. La plupart du temps, on était à la maison à vingt et une heures maximum” Chris l'avait écouté attentivement donner des informations complémentaires sur les circonstances de la disparition de Della avant qu'elle ne parle de ses parents et de son ex-mari, plongeant alors le journaliste dans un état interrogatif. Hadley confirma tout d'abord d'un hochement de tête que le journaliste avait bien compris et qu'elle n'avait effectivement pas parlé à Samuel depuis plus de vingt ans. Ce qui emmena tout naturellement Chris à se poser la question à propos de leur fille en commun en imaginant que le père ne s'était jamais investi envers la chair de sa chair. Il vit alors le regard fuyant d'Hadley vers sa coupe de vin, visiblement touché par ses révélations, cela ne faisait aucun doute. ”Delilah avait quatre mois quand je suis partie Chris.” elle avait dit cela avant de relever ces yeux vers le journaliste qui en restait incrédule. Chris n'arriva pas à assimiler correctement l'information dès l'instant présent tellement cela lui paraissait improbable, comme si son esprit et tout son être s'était mis en pause mais Hadley continua de se justifier à la suite ”J’ai laissé un message sur une serviette de table et je me suis enfuie. 22 ans et 5 mois que je n’ai vu ni ma fille, ni mon mari. J’ai laissé la responsabilité d’élever un bébé naissant à son père sans jamais redonner signe de vie.” La suite de ces révélations venait rendre concret ce qu'il avait entendu un peu plus tôt. Hadley avait baisser à nouveau le regard et Chris s'était alors redressé du fauteuil dans lequel il était confortablement installé avant de poser sa main sur son visage et de la faire glisser lentement vers son front puis dans ses cheveux puis il fit quelques pas sur le côté en direction de la porte de sortie, en tournant le dos à Hadley, il n'avait pas pu la regarder à cet instant, de peur qu'elle puisse lire en lui. Chris avait du mal à y croire et il n'avait pas su quoi répondre sur l'instant. La réaction première du journaliste avait de quoi laisser pantois la procureure qui pourtant venait de lui révéler une des choses les plus difficiles qu'il y avait à dire dans sa vie. Faisant preuve d'un courage immense en lui ouvrant son cœur et lui, même s'il ne faisait rarement preuve d'obséquiosité dans la vie de tous les jours, Chris savait au moins se montrait poli et respectueux envers les autres lorsque c'était nécessaire. ”Je t’avais averti que tu n’aurais plus jamais la même opinion de moi suite à mes révélations.” Chris n'avait pas pu empêcher une manifestation physique de surprise et d'abattement à l'annonce de cette révélation, restant silencieux de surcroit, en laissant penser à Hadley ce qu'elle avait pu imaginer depuis le départ où elle avait pris la décision de lui confier cette enquête qui la touchait personnellement. Elle l'avait prévenu et la réaction qu'avait eu Chris lui donnait entièrement raison à première vue... Il se retourna alors et vit Hadley abattue dans son fauteuil. Un énorme pincement au cœur le saisit alors à cet instant précis. Comment avait-il pu se laisser emporter par son sentiment premier alors que tout ce qui le préoccupait avant tout était ce que Hadley pouvait ressentir. A l'instant même où elle aurait eu le plus besoin de soutien, il lui avait tourné le dos, physiquement parlant... Il ferma alors les yeux, non pas de déception envers Hadley, mais terriblement déçu de lui-même et de sa réaction à son égard, une larme coulant même naturellement sur sa joue gauche une fois qu'il avait plissé les paupières. "Je suis désolé..." lui dit-il d'une voix douce et triste à la fois.

Puis il rouvrit les yeux et se dirigea vers la jeune femme pour se rapprocher d'elle. Une fois à ses côtés, il ne voulait pas rester debout, il ne voulait pas être perçu comme juge avec une position en hauteur, il voulait juste être à sa portée et c'est pourquoi il se laissa glisser sur ses deux genoux à côté d'elle. Puis, tout naturellement il laissa sa main gauche venir chercher et toucher celle d'Hadley. "Je ne te juge pas Hadley..." lui souffla-t-il alors que ses doigts entraient pour toute la première fois avec une partie du corps de la procureure. Ce contact léger et subtil lui avait fait ressentir un délicieux frisson lorsqu'il vit que la main d'Hadley s'ouvrait sans refuser ce geste de sa part. Puis il leva les yeux vers elle, d'un regard brillant après avoir ressenti toute la détresse qui habitait son amie à cet instant. "Je suis incapable d'imaginer ne serait-ce qu'un dixième de ce que tu as pu vivre ou ressentir mais qui serait-ce pour te juger Had ? Tu sais, même si cela n'est pas comparable, il y a quinze ans, j'ai aussi tout quitté du jour au lendemain sans jamais me retourner ou donner de nouvelles aux quelques personnes qui me restaient encore à cette époque... On a peut-être plus en commun que tu ne le crois..." lui dit-il tendrement tout en ne pouvant pas empêcher son pouce de venir lui caresser doucement l'intérieur de la main pendant qu'il parlait. "Je te fais une autre promesse Had... Mon opinion sur toi ne changera pas, peu importe ce que je pourrais apprendre sur toi... tu peux me croire... Et tu peux compter sur moi..." Chris ne l'avait pas quitté des yeux en disant ça pour qu'elle puisse y lire toute la sincérité de ses propos. Et Hadley avait très certainement eu affaire à de nombreux menteurs au cours de sa carrière pour se rendre compte qu'il n'était pas de cette trempe là. Non, Chris ne doutait pas un seul instant qu'elle pourrait lire en lui comme dans un livre ouvert à cet instant. Il ne lui avait mis aucune barrière, en ouvrant son propre cœur comme elle avait pu le faire juste avant lui... Avec l'espoir, peut-être, qu'une connexion se produirait entre eux... Mais avant qu'elle ne puisse répondre quoi que ce soit, de peur sans doute de ce qu'elle pourrait dire, Chris se redressa pour être debout à nouveau devant elle, mais en gardant sa main dans la sienne "Mais je crois qu'on a eu notre quota d'émotions pour ce soir... Je ne peux pas te laisser ici dans cet état émotionnel... Allez viens je te raccompagne chez toi !" lui dit Chris en lui tirant la main afin de l'aider à se redresser et à sortir du fauteuil, prêt à la réceptionner si jamais la dose d'alcool qu'elle venait d'ingurgiter aussi vite depuis qu'elle avait ouvert la bouteille venait qu'à lui donner des vertiges en se redressant.

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Tu l’avais vu l’incompréhension dans le regard de Chris, suivit de cette surprise et de ce jugement. Tu l’avais prédit ce comportement, cette envie de quitter, de ne pas t’adresser la parole suite à ton annonce. Ce n’était pas dans la normalité qu’une mère abandonne son enfant. On les traitait de sans coeur, on souhaitait les envoyer au bûcher, mais surtout, on ne leur donnait pas la chance de s’expliquer et de tête de comprendre pourquoi elles avaient agi comme elles l’avaient fait. Et c’était ce que Chris semblait faire lorsqu’il se leva soudainement de son siège, qu’il passait ses mains dans son visage et qu’il lui tournait le dos. C’est alors que tu te rappelas pourquoi tu ne parlais à personne de ton geste. Il n’y avait que Leslie qui était restée avec toi, qui avait tenté de te convaincre de revenir, mais qui avait respecté tes demandes. Tes parents t’avaient tourné le dos et tu n’avais gardé contact avec personne d’autre. Tu avais toutefois fait confiance à Chris. Il semblait être assez posé pour prendre le temps d’analyser ce que tu lui disais, d’essayer de faire preuve d’empathie et même s’il ne comprenait pas, tu espérais qu’il puisse faire la part des choses et ne te classe pas dans la même catégorie que ces criminels qu’il détestait au plus haut point. Tu avais enfilé une énième coupe de vin cul-sec, essayant d’endormir cette douleur qui te tordait les entrailles, qui te torturait l’esprit. Tu ne le vis pas se retourner vers toi, ni cette larme qui coula sur sa joue. Tu étais trop concentré à regarder cette bouteille, ce calmant qui parvenait à faire taire tes émotions négatives. "Je suis désolé..." Tu ne le vis pas s’approcher de toi, mais le sentit s’accroupir à tes côtés. Sa main se glissa dans la tienne qui était occupée à froisser le tissu de cette jupe qui n’avait pas demandé à être autant malmenée. Naturellement, tu ouvris tes doigts, les laissant naturellement s’entremêler avec ceux de Chris. "Je ne te juge pas Hadley..." Tu tentais de te concentrer sur ce pouce qui traçait des cercles à l’intérieur de ta paume, d’oublier ce sentiment de vide qu’il y avait en toi et de tenter de le combler avec la chaleur de ce contact de celui que tu n’avais considéré autrement que comme un collègue de travail, un ami tout au plus. "Je suis incapable d'imaginer ne serait-ce qu'un dixième de ce que tu as pu vivre ou ressentir mais qui serait-ce pour te juger Had ? Tu sais, même si cela n'est pas comparable, il y a quinze ans, j'ai aussi tout quitté du jour au lendemain sans jamais me retourner ou donner de nouvelles aux quelques personnes qui me restaient encore à cette époque... On a peut-être plus en commun que tu ne le crois..." Tu relevas les yeux vers lui, réalisa que tu avais peut-être trop bu d’alcool en trop peu de temps lorsque ta vision prit quelques secondes supplémentaires à faire le focus sur son visage. Il avait l’air sincère. Tu t’étais attendu à ce qu’il parte, à ce que tu reste seule pour le restant de la soirée à te morfondre dans ton bureau, mais non. Il était encore là, à tenter de te rassurer. "Je te fais une autre promesse Had... Mon opinion sur toi ne changera pas, peu importe ce que je pourrais apprendre sur toi... tu peux me croire... Et tu peux compter sur moi..." Ce Chris rassurant, à la limite protecteur, tu ne le connaissais pas. Tu étais plus habituée à le voir te taquiner, à t’exaspéré en jouant avec tes limites. Tu ne pouvais toutefois pas dire que ça te déplaisait. Ça faisait longtemps qu’un homme n’avait pas été doux avec toi, essayant de calmer ta douleur et ça te faisait du bien. Il se leva sans avertissement et la peur qu’il quitte te prit au ventre. Tu ne comprenais pas pourquoi tu ressentais cette émotion alors qu’il était censé n’être qu’un ami, mais tu ne voulais pas qu’il parte et te laisse seule, pas après avoir échangé avec lui ton plus grand secret. "Mais je crois qu'on a eu notre quota d'émotions pour ce soir... Je ne peux pas te laisser ici dans cet état émotionnel... Allez viens je te raccompagne chez toi !" Il tira légèrement sur ta main pour t’aider à te relever. Tu te sentais lourde, ralentie par l’alcool qui traversait de plus en plus la barrière de ton estomac et tes intestins pour se diriger dans ton sang. Tu parvins par contre à te tenir sur tes deux pieds sans trop tanguer. Tu planta tes yeux dans ceux de Chris, étant plus proche que ce que vous étiez habitué d’être normalement. ”J’accepte que tu me raccompagne seulement si tu viens terminer les sushis avec moi à la maison.” Tu laissas passer quelques secondes. ”Je n’ai pas le goût d’être seule ce soir…” Ta voix était basse, pratiquement inaudible. Tu avais resserré l’étreinte de tes doigts autour de ceux de Chris, appuyant le fait que tu ne désirais pas qu’il te laisse seule à ruminer dans ton condo trop grand et trop froid. Tu lâcha ses doigts, te pencha pour remettre tes escarpins. L’équilibre ayant prit la poudre d’escampette au fur et à mesure que tu avais vidé la bouteille de vin, tu n'as pas d'autre choix que d'appuyer ton postérieur contre Chris pour ne pas te retrouver face première contre terre. Uu coup tes chaussures remises, tu te redressa, remit les couvercles sur les plateaux de sushi qui avaient été à peine entamés et les remit dans le sac que le livreur avait utilisé. Tu passas une main dans tes cheveux pour les ramener en arrière avant de regarder Chris. ”Tu m’avais promis de manger avec moi…” Tu devais te changer les idées, oublier que tu avais laissé ton coeur dans l’appartement que tu partageais avec Samuel vingt-deux ans plus tôt. Tu allas chercher ton sac à main et ton sac de travail, surchargeant tes bras puisque tu avais déjà celui avec les sushis dans une de tes mains et te dirigeais vers la porte de ton bureau. Étonnamment, tu marchais relativement droit pour l'état dans lequel tu te sentais. Tu n’avais qu’une mission et c’était de sortir du palais de justice comme si tu étais totalement sobre.