La respiration rapide, saccadée, il était en panique totale. En plein cauchemars. Revivre son passée encore et encore. Revoir et ressentir ces horreurs. Le pire, c'est qu'il n'arrivait pas à se réveiller. Il devait endurer sans pouvoir rien n'y faire. Il revoyait cet homme, ce monstre. Il revivait les abus, les atrocités qu'il a vécu. Il fallait qu'il se réveille avant de devenir fou. Et pourtant, c'était impossible. Le mieux qu'il pouvait faire, c'était de se débattre dans son sommeil, se plaindre de la douleur pourtant non réelle. Une vraie terreur nocturne. Et même quand il se réveilla, il était paralysé, incapable de bouger, de prononcer un moindre mot. Pour combler le tout, il avait l'impression de voir l'homme s'approcher du lit, venant au plus près de lui. Ce n'est qu'en l'ayant à deux pouces de son visage que Tulio avait réussi à pousser un cri de panique et se redresser en position assise. Il cherchait son souffle, sa respiration haletante. Il avait besoin d'un encrage, d'une façon de revenir à la réalité et de s'y accrocher. Il s'était alors tourné pour voir son frère, dans le lit avec lui. Le pauvre, il l'avait clairement réveillé, encore une fois. Il était alors se blottir dans ses bras en pleurant sans pouvoir s'en retenir, tremblant de tout son corps. Trois ans plus tard, il était toujours autant marqué par ces trois années d'enfer qu'il avait vécu. Il avait encore de la misère à vivre normalement, encore pire essayer de dormir seul. Je suis désolé de t'avoir réveillé... Comme si c'était de sa faute. Il savait bien qu'il n'était pas en tort, qu'il n'avait pas demandé à vivre ça, encore moins de rester avec de telles séquelles. Il avait été une victime de tout ça, de cet enfer qu'il n'avait pas demandé à vivre.

Dans les bras de son frère, Tulio trouvait un certain réconfort. Il s'y sentait en sécurité, bien, il ne voulait pas quitter cet endroit. Il n'y avait que proche de sa famille qu'il avait l'impression que rien ne pourrait lui arriver. Mais malgré ça, il se sentait mal de les déranger. Il avait l'impression d'être un fardeau pour eux. D'être un dérangement avec ses problèmes, ses craintes et sa paranoïa. Bien qu'il n'était aucunement fautif, il avait l'impression qu'à cause de lui, sa famille s'était brisé et que plus rien n'était normal, que rien ne serait comme avant. Il poussa un long soupir tremblant en entendant la voix de son frère. Il est en sécurité avec lui. Il en avait l'impression, mais en même temps, il avait l'impression que cette sécurité allait se détruire en un claquement de doigts, que soudainement, le malheur reviendrait.

Comment..? J'ai peur Tomás... J'ai... L'impression que cette sécurité n'est qu'éphémère... Qu'elle va s'envoler et disparaitre...

Il ne savait comment exprimer sa crainte autrement. Il ne voulait pas offusquer son frère, mais il n'avait pas l'impression que ça durerait éternellement. Il avait peur que son enfer vienne le rattraper. Il appuya son front contre le torse de Tomás en fermant les yeux fermement, s'agrippant à lui comme si sa vie en dépendait.

Désolé... J'ai juste... Désolé...

Il n'arrivait pas à sortir ce qui se passait dans sa tête. Il était perdu, mais aussi encore quelque peu pris dans ses souvenirs. Il avait l'impression qu'il allait lui être difficile d'oublier tout ça et recommencer à vivre normalement. Mais il devait se faire fort, faire de son mieux pour passer par-dessus ça et vivre normalement. Il redressa la tête en frottant son visage et regarda son frère avec un bien faible sourire.

Je crois pas que je vais réussir à me rendormir... Si tu veux, je te laisse dormir tranquille en allant écouter la télé...

Il ne voulait surtout pas que son frère manque de sommeil par sa faute non plus. Il se leva donc, fouillant dans le tiroir de Tomas pour sortir un hoodie qu'il enfila pour ensuite sortir de la chambre et se diriger à la cuisine. Il se prépara un café et s'installa donc sur le canapé en allumant la télé, ne cherchant rien en particulier à écouter.