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Mia Bosko & @Wesley Bishop Soul & Ink

Nothing can be as raw and personal than a tattoo. No matter how often you'll pretend that you just liked the design and that it didn't mean anything to you, you know it's not the case and, in a way, you're scared you won't be the only one.

Mon troisième tatouage, enfin. Je l’ai attendu, je l’ai espéré, je l’ai imaginé, mais je ne pensais pas pouvoir me le faire faire de sitôt. Mais visiblement, bosser dans un bar où personne ne veut bosser, ça veut dire avoir un salaire plutôt élevé, simplement parce que les patrons ont peur que tu décides de démissionner et d’aller trouver un meilleur boulot ailleurs. Au final, le fait qu’ils n’aient pas encore compris que je ne compte pas partir me bénéficie définitivement, je ne dis pas non à cet argent en plus, surtout si ça veut dire que je peux me faire tatouer plus tôt que ce que j’avais initialement prévu.

Mon dernier tatouage, je l’ai fait quand j’étais encore à Wellington et, bon sang, ça me manque. La sensation de l’aiguille qui perce ma peau, le tout en y piégeant cette ancre, y traçant des lignes et des ombres qui, au fur et à mesure, s’assemblent pour former le dessin que j’ai moi-même choisi et réalisé. Mon premier tatouage, je l’ai fait quand j’étais mineure, imitant la signature de ma mère, histoire de pouvoir faire ce que je voulais. Au final, ce qui avait initialement été une volonté d’énerver mes parents était devenu une sorte de passion, une envie de me faire tatouer chaque petit centimètre de ma peau si je pouvais me le permettre. Mais les tatouages, ça coute cher, trop cher même. D’où le fait qu’actuellement, alors que je me dirige vers le salon de tatouage que j’ai choisi, je sois sur le point de me faire faire mon troisième tatouage. Ca peut paraître peu, mais disons que je suis sur la bonne voie, ou en tout cas c’est ce que j’ose espérer.

Arrivée au niveau du salon de tatouage, je rentre dans ce dernier, me dirigeant directement vers le premier bureau que je trouve. « Bonjour. J’ai rendez-vous avec Wesley Bishop cette après-midi. » Le simple fait d’être ici, de confirmer le fait que oui, je suis sur place et que oui, je vais me faire tatouer.. C’est indescriptible. Je sens mon palpitant accélérer légèrement, l’excitation se faisant ressentir alors que je suis la jeune femme qui me guide jusqu’à lui. Arrivée sur place, je dois me retenir de sourire, l’étirement de mes lèvres étant presque impossible à contrôler. Mais je ne souris pas si facilement, et surtout pas face à des inconnus. Et considérant le dessin que je lui ai envoyé quand j’ai pris rendez-vous.. Oui, le simple fait d’y penser est suffisant à m’arracher toute volonté de sourire. Parce que mes dessins, ce sont les miens, absolument personne de les voit mais, quand je décide de me faire tatouer, je décide aussi de laisser une personne extérieure voir un de mes dessins, celui que j’ai préalablement choisi. Et si les deux premiers que j’ai ancrés dans ma peau sont déjà assez personnels, j’ai l’impression que celui-là l’est d’autant plus. Peut-être parce que c’est une plus grande pièce, ou tout simplement parce que la période pendant laquelle je l’ai dessiné était d’autant plus difficile mais.. Oui, une partie de moi a peur qu’il pose des questions, je l’avoue. Mais à la fois, j’ai conscience que l’on ne se connait pas et que, grâce à ça, il n’aura peut-être pas conscience de ce que ce tatouage peut bien représenter pour moi. Arrivé à son niveau, je force un petit sourire à prendre sa place sur mes lèvres, ce qui est presque ironique considérant qu’il y a encore quelques secondes, je devais m’empêcher de sourire comme une gamine le matin de Noël. « Wesley Bishop ? » On a beau m’avoir amenée jusqu’ici, on sait jamais, je préfère m’assurer qu’il est bien celui à qui je suis censée m’adresser. « Je suis Mia, vous m’attendiez apparemment ? » Je ne suis pas nécessairement en retard, mais disons que je ne suis pas non plus en avance. Non, au lieu de ça, j’ai préféré me tourner vers la ponctualité. « Vous avez eu le temps de voir si vous deviez un peu modifier le dessin que je vous ai envoyé ? » Une partie de moi espère que ça n’aura pas été nécessaire ou que, si ça a été le cas, les modifications soient tellement discrètes que je ne les remarquerai pas vraiment. Sinon.. Sinon, disons que je ne suis pas certaine de vouloir de ce tatouage, finalement.

Spoiler:

La musique est forte dans la pièce qu'occupe Wesley. Celle dans laquelle il tatoue tous les jours ou presque. Il n'a pas fermé la porte du salon pendant qu'il est derrière, puisque Lily est là pour tenir l'accueil. Son prochain rendez-vous ne devrait pas tarder et c'est pour cette raison qu'il est en train de préparer tout ce qu'il faut pour le tatouage à venir. La table de massage est prête, recouverte de son drap jetable et éloignée du mur pour que la partie de son corps qui va être tatouée soit accessible par lui. Sans que ça ne soit contraignant pour aucun des deux. Parce que le but idéal, ce serait qu'ils parviennent à faire ce tatouage en une seule fois. Sans compter bien entendu les potentielles retouches. Comment souvent quand il n'est pas en train de tatouer et plus encore quand il est seul, Wesley secoue la tête au rythme de la musique un peu frénétique qui s'échappe de son enceinte. Il s'efforce de rester concentré sur ce qu'il est en train de faire pour ne pas perdre de temps et être prêt quand la jeune femme arrivera. Tout est à disposition sur la petite desserte noire sur laquelle il garde son encre, son appareil, le sopalin et diverses petites choses dont il pourrait ou non avoir besoin. Le tout est aussi recouvert et protégé que possible pour éviter toute infection qui pourrait survenir si les normes d'hygiène n'étaient pas respectées. Ce n'est jamais arrivé au tatoueur qui doit donc plutôt bien faire les choses. Il faut dire que ça fait quand même un paquet d'années qu'il tatoue maintenant. Dans plusieurs salons, avant d'ouvrir le sien quand il s'est senti prêt pour la charge de travail que cela représente et pour toutes les responsabilités qui viennent avec. La seule chose qu'il n'aime pas vraiment faire, c'est la partie comptabilité. Mais il n'a pas envie de dépenser de l'argent en payant quelqu'un pour le faire, alors, pour l'instant, il continue de se débrouiller seul. Et il n’a pas l’impression de faire trop d’erreurs, puisque son shop n’a pas encore coulé et qu’il arrive à se verser un salaire raisonnable une fois toutes les charges payées.

Il fait un demi-tour sur lui-même quand il entend une voix dans son dos. Il fait alors face à une jeune femme qu'il n'a jamais rencontrée. Mais il comprend tout de suite que c'est avec elle qu'il a échangé quelques messages pour le tatouage du jour. « Ouais c'est moi ! » Qu'il lui répond, un sourire immense sur les lèvres et le ton enjoué avec lequel il parle en général. Il tend la main pour baisser un peu le volume de la musique. Histoire qu'elle n'ait pas à trop lever la voix pour se faire entendre. « Salut ! » Il s'approche d'un pas sans tendre la main. Il n'est pas de ceux qui imposent un contact physique pour dire bonjour. Même si, à lui, ça ne lui pose pas le moindre problème. Il n'a rien contre le contact humain. Ça va de pair avec sa très grande sociabilité. « Ouais, ça va, t'es pas en r'tard. » Qu'il lui fait simplement remarquer. « Mais j'ai eu l'temps de tout préparer comme ça, je te ferai pas attendre pour l'installation et tout ça ! » Parce qu'il est le genre qui tatoue assez rapidement, mais qui prévoie des séances assez larges au cas où la personne sous son aiguille, n'ait besoin de temps et de pauses. « Ouais, bien sûr. Il est prêt. Tu l'voulais de la taille dont tu l'as fait ou on peut l'agrandir un peu ? Moi, j'te conseille un peu plus grand, sinon certaines zones vont mal vieillir. » Il récupère les impressions sur papier blanc classique qu'il a préparées, avec des tailles différentes. « Genre là, là et là. » Il désigne le bas du croquis, les mains et les clavicules. « D'ailleurs j'espère que t'as pas trop peur de la douleur. Parce qu'il va falloir mettre du blanc sur les mains pour que le noir ne s'étale pas et ne gâche pas le rendu des mains. » Il ne sait pas si elle maîtrise autant le sujet, mais il préfère la prévenir pour qu’elle sache à quoi s’attendre. « C’est rare que je tatoue des trucs que je n’ai pas dessiné ni redessiné. Mais j’ai bien aimé l’tien d’dessin. »

crédits/idril

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Nothing can be as raw and personal than a tattoo. No matter how often you'll pretend that you just liked the design and that it didn't mean anything to you, you know it's not the case and, in a way, you're scared you won't be the only one.

Une fois que j’ai confirmation que je suis au bon endroit, je dépose mon sac au niveau d’un des sièges, laissant mon regard se poser un peu plus autour de moi. C’est une forme de curiosité, une envie d’un peu plus découvrir cet univers dans lequel je vais passer une partie de mon temps pendant que je me ferai tatouer. Qui sait, peut-être même que ce tatoueur deviendra mon tatoueur ? Bon, dans tous les cas, ça demande des fonds que je n’ai pas pour l’instant, mais disons que c’est le genre de projection que j’apprécie. Certains rêvent d’économiser pour partir en voyage, faire plaisir à leur proche, s’acheter une nouvelle voiture, ou que sais-je. Mais personnellement, mon truc, c’est les tatouages. J’ai déjà un logement qui me plaît et, matériellement, je n’ai pas la sensation de manquer de grand-chose. Alors évidemment, je peux toujours continuer de m’acheter du matériel de dessin, mais disons qu’actuellement, j’ai ce qu’il me faut et, clairement, j’ai bien plus envie d’un tatouage que de nouveaux crayons, surtout considérant que les miens sont encore en très bon état.

Je me contente d’abord d’acquiescer à ses paroles, laissant mon regard se poser sur l’endroit où je serai installée pour me faire tatouer. Il est évident que l’hygiène semble plus que respectée, ce qui n’est pas vraiment surprenant considérant les avis que j’ai déjà vus sur internet le concernant. Dans tous les cas, faut dire que, à part si le tout avait réellement été déplorable, j’aurais surement pas fait demi-tour. Merde, je le veux, ce tatouage. Quand il mentionne mon tatouage, je repose mes yeux sur lui puis, après qu’il les ai mises en évidence, sur les impressions sur papier blanc. Voir mon dessin-là, dans un salon de tatouage, c’est.. Perturbant, tout au moins. Impossible de dire si c’est positif ou négatif, c’est juste quelque chose de puissant, tellement puissant. Je dois presque me forcer à me concentrer sur les paroles de mon tatoueur, relevant la tête vers lui. « Pour la taille, je n’avais pas nécessairement de préférence. Si tu penses que c’est mieux qu’il soit plus grand, je te fais confiance ! » Peu importe que je sois celle qui a fait le dessin initial, c’est lui le professionnel en tatouage, et s’il pense qu’il serait mieux plus grand, je n’ai pas vraiment envie d’en faire qu’à ma tête. Après tout, c’est lui, le professionnel à ce niveau-là, pas moi. Et comme je veux que mon tatouage soit parfait.. J’ai pas vraiment le choix. Quand il mentionne la douleur, je secoue la tête dans le sens de la négation. « La douleur sera pas un problème. J’ai déjà été tatouée deux fois, je la supporte plutôt bien. » De toute manière, je suis pas du genre à montrer ma douleur ou quoique ce soit, donc même si les fameux ajouts de blanc doivent faire mal, je ferai mon possible pour le cacher. C’est un tatouage, après tout, rien de plus. Puis encore une fois, je veux que mon tatouage soit parfait. A ce stade, je me fiche pas mal de comment il s’y prendra, tant que le résultat est celui que je désire. Si ça signifie que la douleur sera plus forte tant pis. Quand il reprend la parole, je fronce les sourcils, surprise par ses propos. « Ah oui ? » Une partie de moi, clairement majoritaire, veut se méfier. Est-ce que c’est sa façon de mentionner mon dessin, espérant pouvoir un peu plus en parler ? Ou alors, obtenir des informations ? Bon, ok, peut-être que je fais tout un monde de quelque chose de complètement faux, mais je ne peux pas m’en empêcher. Une partie de moi se méfie, comme toujours quand il s’agit de quelque chose qui me concerne réellement. Et autant dire que mes dessins.. Oui, ça me concerne plus que réellement, il n’y a rien de plus personnel qu’eux, à vrai dire. « Tes clients viennent souvent avec leurs propres dessins ? » Peu importe qu’il les accepte, les modifie, ou les refuse, je suis curieuse de voir si je fais plutôt partie de la majorité de ses clients, ou si ce n’est pas le cas. Ca ne changera pas grand-chose, mais j’imagine que c’est une forme de curiosité, comme j’en ai bien souvent quand ça concerne le dessin. Le reste du temps, je ne suis pas nécessairement du genre à avoir la parlotte, mais dans ce genre de cas.. Ouais, disons que les mots m’échappent plus facilement, surtout s’ils ne me concernent pas directement.

Il n'est pas rare que Wesley rencontre de nouveaux clients. La plupart entendent parler de lui grâce au bouche-à-oreille ou grâce à ses réseaux sociaux et, dans tous les cas, il est très satisfait de rencontrer de nouvelles personnes qui ont été suffisamment fans de son travail pour avoir envie de se faire tatouer par ses soins. Même si, aujourd'hui, la cliente qu'il rencontre a surtout besoin qu'on lui tatoue sur la peau un dessin qu'elle a produit elle-même et sans qu'aucune modification ne soit à y apporter. Ce n'est pas d'habitude du tatoueur de ne pas retoucher du tout un dessin avant de l'encrer de façon définitive dans la peau de quelqu'un. Mais celui-là est trop bien réalisé pour qu'il y retouche d'une quelconque façon que ce soit. Ce qu'il ne va pas manquer de lui faire remarquer à la jeune femme qui vient de le rejoindre dans la pièce dans laquelle elle va se faire tatouer. Elle le rassure d'ailleurs sur le fait qu'elle soit déjà tatouée quand il s'inquiète de la douleur qu'elle pourrait avoir à encaisser. Il n'insiste pas plus en lui demandant où se situent les autres pour lui faire remarquer que l'endroit, cette fois-ci, pourrait bien être plus douloureux. Ainsi que de lui demander s'il y a beaucoup d'encre blanche dans ses autres tatouages. Parce que si ce n'est pas le cas, elle est sans doute loin de s'imaginer à quel point ça peut faire mal. Et, très clairement, il n'a pas envie de trop insister et de lui faire regretter son choix de venir dans son salon. Il se contentera donc de cette réponse. Tout comme il se contente également de sa réponse au sujet de la taille du tatouage. « Tu peux me remontrer où tu veux te faire tatouer pour que je puisse vérifier si on est vraiment bon sur la taille, avant de prendre le risque de gâcher du stencil ? » Il s'approche avec la reproduction la plus grande de son dessin, pour pouvoir faire les premières vérifications. Il n’imprimera pas sur le stenciil tant qu’il ne sera pas absolument certain de la taille par rapport à la surface de peau que la jeune femme veut voir se faire encrer.

Quand elle affiche un brin de surprise à l'annonce que lui fait Wes, il se contente de hocher positivement la tête. Il n'est pas certain que ce soit réellement une question intéressée à laquelle elle souhaite une réponse très détaillée. Il n'a pas non plus envie d'être trop bavard avec elle, si ça ne l'intéresse pas plus que ça. Il ne la connait pas suffisamment encore pour savoir quel genre de cliente elle peut bien être. Alors il va gentiment prendre le temps de prendre la température. En attendant, il la guide devant un miroir pour lui présenter le dessin qu'il a pris le soin de recouper pour être au plus près de la réalité, qu'il vient poser sur la surface de peau qu'elle veut recouvrir. « La taille et l'emplacement, ça te convient comme ça ? » Même si, tout naturellement, il va lui reposer la question une fois que le stencil sera prêt. Voire même une fois que les tracés violets seront sur sa peau et qu'elle pourra réellement voir à quoi ressemblera le résultat final en terme de position et de taille. Mais, pour des raisons évidentes, il préfère toujours faire trop de vérifications que de prendre le risque de ne pas en faire suffisamment et de voir un client partir déçu. C'est beaucoup trop important, un tatouage, pour être raté d'une façon ou d'une autre. « Oh non ! La majorité de mes clients m'envoient juste un descriptif écrit, parfois avec des photos de référence. Certains me font un schéma rapide histoire que je visualise au mieux leur idée. Mais la majorité du temps, c'est moi qui fais le dessin. » Parce qu'il est artiste avant tout, lui qui a créé son propre univers au point de s'être lancé dans les goodies divers et variés. Jusqu'aux prints qu'il vend en boutique et en ligne pour les personnes qui n'ont pas les moyens de s'offrir un tatouage par lui ou qui n'ont pas forcément envie de se faire encrer la peau pour différentes raisons. « Ton dessin se rapproche pas trop mal de mon univers, alors ça m'a pas posé d'souci d'accepter. » Qu'il précise en s'éloignant pour rejoindre son imprimante. C'est une fois qu'il est sûr des bonnes dimensions qu'il imprime sur le stencil. Les doigts refermés sur l'extrémité du papier pour qu'il sorte correctement -et lentement- de l'imprimante. « Tes autres tatouages, c'est aussi toi qui les as dessinés ? » 

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Les salons de tatouage ont toujours eu un côté relaxant à mes yeux. Il y a ce petit quelque chose ici qui fait que c’est facile d’être détendu et de passer un bon moment. Peut-être que c’est le fait d’être entourée d’une forme d’art qui me parle, à moins que ça soit le fait de savoir qu’un autre de mes dessins va être ajouté au niveau de ma peau, je ne saurais pas vraiment le dire, mais il y a définitivement quelque chose de réellement relaxant, donc je ne vais pas m’en plaindre. Et Wesley.. Y a un truc qui me plaît chez lui, peut-être que c’est son professionnalisme. J’ai beau n’être là que depuis quelques minutes, mais ça me parait déjà évident : il sait ce qu’il fait et, surtout, il aime ce qu’il fait. D’une certaine manière, c’est contagieux. « Je pensais le faire sur le côté extérieur de mon bras gauche, un peu en dessous de mon épaule. Ca le ferait, tu penses ? » Quand je l’avais dessiné à l’époque, je l’avais déjà imaginé comme étant un tatouage, lui donnant une signification et une importance d’autant plus fortes. Et quand je l’avais dessiné, au fur et à mesure que les traits se rejoignaient sur la feuille, ensuite suivis par les zones plus sombres et les ombrages, j’avais eu du mal à l’imaginer ailleurs que sur mon bras gauche. Ceci dit, je ne suis pas tatoueuse, donc si pour une raison ou une autre, il considère que ce n’est pas possible, j’écouterai ses conseils et  je choisirai une autre zone, en espérant que si c’est le cas, il aura des idées à me proposer ! C’est un peu le problème d’avoir moi-même fait le dessin, c’est que je ne l’ai imaginé qu’à un seul endroit et s’il ne doit pas y être.. Je n’irais pas jusqu’à dire que je serai déçu, mais disons que ça changera pas mal de choses, même si je ne refuserais pas de me le faire faire !

Dans un premier temps, il ne dit rien de plus sur mon dessin, ce qui est suffisant pour faire disparaître les doutes qui persistaient encore chez moi. Peut-être que j’ai été un peu parano, au final, à voir. Je le suis jusqu’au miroir, regardant le dessin alors qu’il le présente au niveau de mon bras. Peu importe à quel point j’ai pu imaginer qu’il finirait ici, le voir de cette manière, même si ce n’est pas encore sur du stencil ou, encore mieux, sur ma peau, ça fait quelque chose. Ce tatouage, il ne date pas d’hier, j’ai eu tout le temps de penser au fait de me le faire tatouer mais là, tout devient officiel et.. Oui, ça me fait définitivement ressentir quelque chose, ce n’est pas la peine d’essayer de dire le contraire. Je me contente d’abord d’acquiescer, finissant par prendre la parole, me retrouvant presque rassurée quand je remarque que mon émotion ne déborde pas sur ma voix ou mon intonation. « C’est parfait oui, j’imaginais vraiment quelque chose de ce genre. » Et ça, on va pas se mentir, ça aide définitivement beaucoup. Finalement, je le questionne sur ses autres clients et, quand il me répond, ma curiosité se retrouve définitivement piquée. « Tu fais du dessin depuis longtemps ? Enfin je veux dire, t’as fait du dessin pour devenir tatoueur, ou t’en faisais déjà avant ? » C’est peut-être indiscret et, surtout, j’ai conscience que je pose un peu trop de questions, mais je peux difficilement m’en empêcher. Il a cette fibre artistique qui m’intéresse et, comme il le dit si bien, on a visiblement un univers assez proche, tous les deux. Peu importe à quel point je préfèrerais me taire, je ne peux pas vraiment m’empêcher de vouloir en savoir plus. « Si ce n’est pas trop indiscret, évidemment ! » Et s’il se retrouve à lui-même me questionner sur mes dessins.. Disons que je l’aurai cherché. Mais qui sait, peut-être que ça n’arrivera pas dans l’immédiat ? Espérons. « C’est ton univers qui a fait que je t’ai choisi. Quand j’ai vu les dessins que tu avais déjà fait, j’ai pas hésité bien longtemps avant de me tourner vers toi. » Mine de rien, filer un de mes propres dessins à un tatoueur inconnu, ça demande pas mal de confiance, pour la simple et bonne raison que je ne veux surtout pas qu’il soit raté. Evidemment, Wesley ne peut pas savoir tout ce qu’il y a derrière ce dessin, donc son intention ne sera pas la même que la mienne quand je l’ai dessiné, mais vu son univers, je n’ai pas de mal à croire que le résultat sera comme je l’imaginais. Quand il me questionne, j’hésite presque avant de répondre, mais je finis par acquiescer. « Oui, c’était les miens aussi, mais y a l’un d’eux qui a été un peu modifié par la tatoueuse qui me l’a fait. » C’était le tout premier, celui qui se trouve dans le bas de mon dos. Quand elle m’avait parlé du fait qu’elle avait fait des modifications, j’avais failli me braquer, envisageant presque de partir et de ne jamais revenir, secrètement apeurée par le fait qu’elle ai tout changé. Mais j’avais pris sur moi, inspectant le dessin final et, après une ou deux modifications faites à ma demande, on avait trouvé un compromis. Maintenant que je l’ai sur la peau depuis plusieurs années, je peux clairement dire que je ne regrette pas d’avoir accepté ces modifications.