SEPTEMBRE 2016
Oscar &  @Andréa Eames  ☆ crédit/peach spoon

Le sourire qu’il accroche depuis plusieurs mois sur son visage semble faux, c’est celui des faux-semblants, celui qui dit : ne posez pas de question. Il a mal Oscar, mal depuis cette soirée à l’hôpital, celle où il a compris que son enfant ne viendrait jamais au monde, qu’il ne serait pas un père, ou en tout cas pas de suite. Mais pourtant, il se lève tous les matins, il va de l’avant, il observe que pour Elisa les choses semblent plus dures encore, alors il tente d’être fort pour deux, de soutenir le couple. D’accompagner la femme qu’il aime dans cette étape de vie qui semble infranchissable. S’il a mal, il se rassure en se disant que dans pas si longtemps, une nouvelle grossesse viendra panser leurs plaies. Qu’il a toujours Elisa et que c’est le plus important, d’autres n’ont pas eu cette chance. Il pense à Andy, aux obsèques de son mari. Ils avaient un peu perdu contact ces derniers mois, pas de chamaillerie, juste la vie qui suit son cours. Alors quand il a lu le nom d’Aaron dans la rubrique mortuaire, son sang n’a fait qu’un tour. Il l’a toujours bien apprécié, Aaron, même si c’est un mari absent, même s’il n’a jamais su pour le baiser échangé entre Andrea et lui il y a sept ans maintenant. Ça semble un souvenir lointain aujourd’hui. Aujourd’hui, il a Elisa et elle a éclipsé toutes les autres femmes de sa vie. Andy est une amie qui a perdu son mari. Il a de la peine à y croire, pourtant, Elisa et lui sont allés à l’enterrement. Ils ont promis à Andy qu’ils seraient là pour elle, pour sa fille, qu’elle pouvait compter sur lui. Le lendemain, déjà, Elisa était au fourneau pour lui cuisiner un petit plat afin qu’elle ne manque de rien. 
 
Il s’apprête à aller courir quand son téléphone vibre. Elisa est en séminaire cette semaine, il s’imagine que c’est elle qui lui donne des nouvelles. Mais quand le nom d’Andy s’affiche, il ouvre directement le message. Il est bien secret, elle lui demande juste s’il peut passer. Aussi, rapidement, il lui répond qu’il arrive. Ne prends pas le temps de se changer, elle aura le droit à la version jogging d’Oscar, mais il y a longtemps qu’au sein de leur amitié ça n’a plus d’importance. Il lui faut plusieurs minutes pour parvenir à sa maison, bien qu’il ait fait au plus vite, elle n’habite pas si proche. Il toque à la porte en attendant qu’elle lui ouvre. Quand la porte glisse et qu’il aperçoit son visage, il comprend de suite qu’elle va mal, qu’il y a de quoi, le choc qu’elle a vécu, il ne peut même pas l’imaginer. Il lui semble qu’il en mourrait s’il devait perdre sa femme. « Andy… Tout va bien ? » La question est stupide, il est évident que non. Et instinctivement, il fait un pas à l’intérieur de chez elle pour la prendre dans ses bras, une étreinte qu’il voudrait rassurante, qu’il voudrait apaisante. Il est là, il veut juste qu’elle le sache. 

i'll be there when you need me most

@Oscar Sterling septembre 2016
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TW : deuil, enterrement, fausse-couche
crédits gifs (peach spoon) / code (boté du sud )

Le sentiment de vide qui la parcourt ces dernières semaines est atroce. Il la prend aux trippes, il lui fait déverser des litres de larmes. Aaron est décédé, des suites d'une blessure durant une intervention policière qui ne s'est pas passée comme prévu. Ce matin-là, Andy lui a souhaité de passer une bonne journée, sans penser une seule seconde qu'elle lui parlait pour la dernière fois. Et Aaron l'a quitté, en posant sa paume sur son ventre à peine arrondi, où la vie était en train de se former, sans croire un seule instant qu'il ne rentrerait pas à la maison comme tous les soirs. L'enterrement a eu lieu il y a quelques semaines déjà, Andy n'est même pas en mesure de dire combien de jours sont passés depuis qu'elle a vu son cercueil être enseveli de terre. Elle perd la notion du temps, en plus de perdre pied. Andy s'effondre dès qu'elle fait quelque chose qui lui rappelle Aaron, c'est-à-dire absolument tout. Les larmes coulent dès qu'elle croise le regard d'Emy, qui est le portrait craché de son père. Elle pleure dès qu'on évoque son prénom, même si elle tient à ce que ce soit fait, car elle veut continuer à le faire vivre au sein de leur maison. C'est difficile, et malgré le soutien infaillible de ses proches, Andréa a l'impression qu'elle n'arrivera jamais à se remettre de cette perte, alors qu'elle est enceinte de quatre mois de leur deuxième enfant. Aaron ne le verra jamais naître, et ça la détruit complètement.

Près de deux semaines après l'enterrement, Andy s'est réveillée avec une vive douleur dans le bas ventre. En relevant le drap, le constat est sans appel : le lit est recouvert de son sang. L'intérieur de ses cuisses lui indique que ce sang provient de son utérus, et elle panique aussitôt. Sans réfléchir plus longtemps, la jeune femme reste assise pour ne rien aggraver et appelle immédiatement Yasmin, qui l'emmènera plus tard à l'hôpital. Sur la route, les pupilles de l'assistante sont vides. Elle ressent une nouvelle perte, avant même que les médecins des urgences maternité ne le disent à voix haute. Elle a perdu leur bébé. Le stress, la malnutrition, le manque de sommeil, le deuil, la souffrance. Son corps n'a pas su gérer tout ça, et lui a fait payer de la plus horrible des manières. Andy ne connaîtra pas non plus ce petit bébé. Comme si elle ne souffre déjà pas assez, la jeune femme se retrouve chez elle, plongée dans une profonde dépression. Sa meilleure amie tente d'être présente au maximum, mais il y a des moments où Andréa n'a pas d'autres choix que de se retrouver seule. Si c'est régulièrement ce dont elle a envie quand le monde s'agite autour d'elle, au fond, elle regrette d'être en face à face avec ses propres pensées. C'est pour cette raison qu'elle a attrapé son téléphone ce jour-là, et qu'elle a envoyé un message à Oscar. Après des mois de silence, ils se sont retrouvés à l'enterrement d'Aaron. Aucun froid entre eux, juste la vie qui suit son cours, et le temps passe si vite qu'ils ne s'étaient pas vu depuis longtemps. Les circonstances n'ont pas été idéales pour être véritablement enjoués de se retrouver, mais la présence d'Oscar a profondément touché Andréa. Malgré ce qu'il s'est passé il y a presque sept ans entre eux, alors qu'elle était déjà mariée à Aaron, les deux amis ont su tisser une réelle amitié, sans que rien de plus ne se passe après cet épisode. Et de toutes les personnes dans le répertoire de son téléphone, c'est Oscar qu'elle veut voir en cette terrible épreuve. Parce qu'il ne va pas la juger, parce qu'il a ce don pour lui faire oublier ses pensées, comme ce jour du baiser, où il avait réussi à lui faire se voiler complètement la face à propos de son mariage. Elle lui demande alors s'il peut passer, et il lui répond pour l'affirmatif, pour son plus grand soulagement. Oscar est devant chez elle, presque vingt minutes plus tard, en tenue de sport. Andy lui ouvre, elle-même vêtue de la tenue la plus confortable qui soit, parce qu'elle ne compte pas sortir ces prochains jours. Elle porte un jogging et un pull ample, pour donner l'illusion que son ventre rond peut toujours se cacher en-dessous, alors que la vie n'y grandit plus. « Andy… Tout va bien ? » Andréa est à deux doigts de pleurer en entendant ces mots, mais elle veut se retenir. Mais au moment où les bras d'Oscar entourent ses épaules pour l'étreindre, il fait déjà tomber les barrières déjà bien trop fragilisées de ses émotions et elle recommence à pleurer de peine, de souffrance, de honte, de peur. Elle s'accroche un peu plus fort à lui, pour se maintenir debout, parce qu'elle a besoin qu'il la soutienne, elle qui est incapable de parler pour le moment. Alors Andy se laisse pleurer. Tout ce qui a besoin de sortir doit sortir, pour être ensuite à même de lui expliquer pourquoi. Oscar doit s'imaginer qu'il ne s'agit que d'Aaron, mais non... elle n'a pas encore terminé de faire son deuil, qu'elle doit aussi faire celui de son petit bébé. C'est beaucoup trop pour elle. « Perdu... » Bredouille-t-elle, entre deux sanglots. Les mots peinent à sortir, à cause de ses larmes, mais aussi parce qu'elle s'apprête à prononcer quelque chose qu'elle n'a pas eu besoin de prononcer elle-même à sa meilleure amie. C'est la première fois qu'elle rend la chose réelle, en l'annonçant à Oscar. Andy tente alors de s'écarter de lui, sans craindre son jugement en montrant toute la tristesse et la souffrance sur son visage. Elle s'en fiche d'avoir les yeux ou le nez rouge, les cheveux emmêlés, la morve au nez, l'air anéantie. « J'ai perdu notre bébé... » Arrive-t-elle finalement à prononcer, en marquant un temps entre chaque mot pour se donner le courage d'aller au bout de sa phrase. Elle essuie son nez du revers de la main, avant de croiser ses bras autour de sa poitrine, à la limite de vouloir s'enlacer elle-même pour supporter les nouvelles fissures de son cœur. C'est réel, elle ne sera pas maman une seconde fois.

SEPTEMBRE 2016
Oscar &  @Andréa Eames  ☆ crédit/peach spoon

On ne peut pas dire qu’ils soient habitués aux contacts physiques, Oscar et Andrea. Leur amitié ne s’est pas développée dans ses sens, peut-être aussi parce que leur premier contact avait été assez électrisant pour qu’ils ne prennent plus le risque de franchir cette frontière. Avec le temps, l’aspect séduction dans leur relation s’était limé pour n’être qu’un souvenir, mais au fond de lui, Oscar avait toujours eu conscience que la flamme n’était pas totalement éteinte, et que s’assurer une certaine distance physique lui permettait de maintenir une amitié saine et sans ambiguïté. Pourtant, aujourd’hui, il n’hésite pas, il ne se demande pas si c’est la bonne chose à faire que de la prendre dans les bras, il sent qu’il le faut, qu’elle en a besoin. Andy a perdu son mari, celui qui était à même de lui donner de l’affection dans ces moments difficiles. Alors inconsciemment, il tente de palier. Son corps venant englober celui de la jeune femme dans un cocon, lui donnant la place de lâcher les émotions. Il sent qu’il faut la soutenir, qu’elle semble défaillir et sa peine lui arrache le cœur. Il voudrait en prendre une petite partie, pouvoir l’en soulager. Mais il ne peut rien faire de plus que de resserrer un peu plus son étreinte. « Je suis là, Andy… » Qu’il glisse doucement, pour lui dire qu’elle n’est pas seule, qu’elle n’a pas perdu leur amitié, qu’elle peut s’y accrocher, car il n’a pas l’intention de fuir ou de mourir. 
 
« Perdu… » Ce simple mot, qui sort de sa bouche, laisse d’un coup planer un doute en lui. Jusqu’ici, il était persuadé que la peine d’Andy était en lien avec la perte de son mari. D’un coup, le doute s’insert en lui. Il ne pose pourtant pas plus de questions, conscient qu’elle n’est à ce moment pas dans l’état pour répondre à plus de questions. Le temps passant, les sanglots semblent s’espacer un peu, et elle se détache de lui. Défait son étreinte pour poser son regard sombre dans le sien. Jamais il n'a vu autant de détresse dans ses yeux que ce jour. « J’ai perdu notre bébé… » Le temps semble s’arrêter pendant un instant alors que les mots sortent de la bouche d’Andrea, la renvoyant, quelques semaines plutôt, à sa propre perte avec violence. Il sent lui aussi que l’émotion est proche de le tenir. « Oh non, Andy… » Elle ne mérite pas ça, pas une nouvelle épreuve alors qu'elle vient déjà de vivre le pire. « Je… Je suis tellement désolé. » Il n’y a pas d’autre mot, sans doute. Lui ne les a entendus que dans la bouche de son médecin, incapable d’en parler à qui que ce soit d’autre par la suite. Au moins, Andy a la capacité de délier la parole. « Viens, on va s’asseoir. » Il l’attrape par l’épaule comme pour continuer de la soutenir jusqu’au canapé, où il fait glisser sa main jusque dans la sienne pour tenter de continuer à lui insuffler un peu de courage. « De quoi tu as besoin ? » Il se doute que dans une situation pareille, il est parfois difficile de le dire. « Tu veux m’en parler ? » Le silence lui ira aussi si c’est ce qu’elle souhaite. « Tu ne mérites pas ça… Personne ne mérite ça, mais toi plus encore. » Qu’il dit en venant caresser ses cheveux avec une certaine tendresse.