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 We read to know we are not alone - C.S. Lewis

Elias Elvery
Elias Elvery
  
Présent
ÂGE : 32 ans
STATUT : célibataire
MÉTIER : Auteur, blogueur et journaliste d'investigation
POSTS : 10 POINTS : 150

TW IN RP : Violence verbale
GENRE : Je suis un homme
ORIENTATION : J'aime les jolies filles.
AVATAR : Douglas Booth
CRÉDITS : Devoted to the moon (Avatar)
DC : RAS
Fluide/non-binaire (iel/ellui)
INSCRIT LE : 22/10/2024

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Message(#)We read to know we are not alone - C.S. Lewis EmptyAujourd'hui à 0:27

Elias est réticent à l’idée de sortir ce soir. Les week-ends, le jeune homme les passe généralement chez lui, avec Hemingway, un verre de whisky en main, un cigare à portée de doigts, quelques livres disséminés autour de son fauteuil préféré. Lily, la gérante du café littéraire, a insisté à maintes reprises, avec ce sourire amusé et une lueur de malice dans les yeux, pour qu’il vienne assister à sa soirée lecture. Elle lui a promis : ça vaut le détour, il doit écouter, « simplement pour voir ».

Ce soir-là, le café littéraire est plongé dans une lumière tamisée. Cela accentue l'atmosphère feutrée du lieu. Elias a pris une table à l’écart, loin de la petite scène où une dizaine de chaises attendent des invités. L’australien a commandé un café noir, bien trop amer, mais c’est la boisson qui lui semble la plus appropriée. Un whisky aurait été déplacé, trop personnel, comme s’il amenait un morceau de chez lui dans cet endroit où il se sent déjà à l’étroit. Assis, Elias observe en silence, note les petits détails : les éclats de rire discrets, les discussions animées mais retenues, les pages de livres feuilletées, les échanges de regards entre des inconnus qui partagent un amour des mots.

C’est une ambiance dans laquelle Elias se sent paradoxalement en sécurité, en dehors de tout. Il peut écouter sans être écouté, observer sans être observé. Pour lui, c’est idéal. Dans le fond, ce genre d’événements éveille toujours une pointe de nostalgie, une étincelle de curiosité, un écho à son enfance, à ses premières lectures, aux soirées de ses parents, où l'on discutait de littérature, où les mots semblaient avoir un poids presque tangible, où chaque phrase prononcée était à valeur d’or. Sa mère lisait à voix haute des passages de ses livres préférés. Son père restait silencieux, absorbé dans ses pensées.

Elias porte son café à ses lèvres, la chaleur du liquide lui fait du bien. S’il se trouve ici, ce n’est pas uniquement par curiosité pour la sélection de Lily, mais parce qu’il y a une part de lui qui a envie, peut-être inconsciemment, de renouer avec cette sensation perdue d’appartenance, de se replonger dans une atmosphère autrefois familière, d’être entouré par les mots et les histoires des autres.

Quand Lily prend place sur la petite scène, Elias se redresse légèrement sur sa chaise. La jeune femme a une aisance naturelle. Elle capte immédiatement l’attention. Sa voix, douce mais assurée, emplit l’espace quand elle parle des différents livres au programme ce soir-là. Il la connait peu, mais assez pour le savoir : elle choisit toujours les œuvres avec soin. Elle parle de chaque livre comme d’un secret précieux. Seuls ceux présents méritent de le connaître.

Cependant, lorsque Lily mentionne le dernier livre, quelque chose change. Il y a dans sa voix une intensité nouvelle, une excitation à peine cachée, un enthousiasme dissimulé, presque complice. Elias plisse les yeux en l’entendant parler de l’auteur en question. Ce nom, il le connaît trop bien : Néréo Salvatori. Son pseudonyme. L’auteur sent son cœur rater un battement.

Les autres personnes autour de lui semblent suspendues à ses mots, captivées par ses révélations sur l’écrivain mystérieux, sa plume incisive, ses thèmes sombres et mélancoliques. Elias, lui, se recroqueville imperceptiblement dans sa chaise, comme si soudainement le monde entier risquait de découvrir son identité secrète. Il n’a jamais voulu parler de ce qu’il écrit sous ce nom, jamais voulu faire de ces mots-là un spectacle public, jamais voulu attirer l’œil des autres plus que de raison.

Son visage reste impassible. Intérieurement, Elias est déchiré entre la fascination et une gêne sourde. Entendre quelqu’un décrypter ses écrits, les interpréter, les disséquer devant des inconnus, c’est à la fois enivrant et terrifiant. Il sent son regard dériver vers Lily. Elle parle avec passion des thèmes abordés dans son dernier roman, de la quête de sens et des luttes intérieures, de l’isolement comme refuge et prison à la fois. « Une plongée fascinante dans l’esprit d’un homme en perpétuelle recherche de réponses », a-t-elle dit.

Les gens autour de lui échangent des regards approbateurs. Ils hochent la tête, écoutent les analyses de Lily, certains prennent des notes. Il y a même des sourires amusés, des coups d’œil complice, des éclats de compréhension partagée. Elias se demandent leurs véritables pensées. Voit-on à travers les mots écrits? Ses cicatrices, ses obsessions, ses peurs ?

La soirée avance et la discussion s’intensifie. Lily pose une question à l’assemblée, invite chacun à donner son avis sur une scène clé du roman, une scène où le protagoniste fait face à son reflet, confrontant les plus vilains de ses défauts. Les voix se succèdent, analysent, spéculent, certaines s'approchent dangereusement près de la vérité d'Elias. Il les écoute en silence, le regard fixe, le cœur battant à tout rompre, l’esprit embrumé par cette sensation d’étrangeté et de proximité avec des inconnus.

Finalement, la soirée touche à sa fin. Les invités se lèvent, des discussions se poursuivent en petits groupes autour des tables, Lily quitte doucement la scène. Elias sent une impulsion, quelque chose le pousser à se lever. Il n’a pas vraiment réfléchi à ce qu’il veut lui dire, il sait pourtant devoir le faire.

Elias se fraie un chemin à travers les invités, sa main crispée sur la lanière de son sac en bandoulière. Lily semble ranger ses notes, il arrive devant elle, hésite un instant, les mots coincés dans sa gorge. Puis, avant de perdre son courage, le jeune homme souffle :

« Vous croyez vraiment tout ce que vous dites sur cet auteur, ou c'est pour les besoins de la soirée ? »

@Lily Darling
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