truly, madly, deeply, do. crédit gif - keetika samuel wellington & @hadley wellington terrain de football, école secondaire, sydney, 1999.

Plusieurs semaines avaient passé depuis ta dernière visite au cimetière. C’était stupide, mais tu n’osais plus y retourner, depuis ce qui s’était dit entre Hadley et toi, sur le bord de la tombe de ta sœur. Tu avais revu la blonde à de nombreuses reprises depuis, sans que jamais le moment que vous aviez échangé ne soit abordé. Et pourtant, il était gravé dans ta mémoire, les mots rejouant en boucle constamment sans que tu ne saches quoi en faire. Les je t’aime avaient été murmuré d’une manière complètement différente qu’à l’habitude. Ce n’étaient pas des mots qui quittaient souvent tes lèvres, même de manière amicale, mais cette fois-là, ça avait été différent, chargé. La manière dont elle t’avait regardé, la manière dont tes yeux avaient été incapable de se défaire de ses lèvres. Tu avais pensé à l’embrasser à ce moment-là. Pour être parfaitement honnête, il y avait rarement de moments où tu ne pensais pas à poser tes lèvres sur celles d’Hadley Chapman. Ça ne datait pas d’il y a quelques semaines, ça faisait des mois, des années même, que ton crush sur la meilleure amie de ta sœur persistait, que tu ne voyais pas le jour où elle ne serait qu’une fille parmi tant d’autres. Après la mort de ta sœur, tu t’étais accrochée à elle comme à une bouée de sauvetage, elle avait ton roc quand la tempête semblait décidée à tenter de te faire perdre tous tes repères et désormais, tu ne savais plus comment respirer sans elle, comment être sans elle. Et lui avouer que tu l’aimais, l’entendre te dire qu’elle t’aimait aussi, ça changeait tout, à un point que tu n’étais pas certain de pouvoir gérer. Perdre Hadley alors que tu venais de perdre ta sœur et puis ta mère, ce n’était pas quelque chose que tu étais en mesure d’assumer, alors tu évitais de ramener le sujet sur la table, de peur que les choses ne changent, de peur de prendre ce risque d’aller plus loin et que tout chie autour de vous. Pourtant, tu n’arrivais plus à faire semblant. Tu n’arrivais plus à prétendre que votre amitié te convenait alors que tu avais envie, besoin de plus. Tu ne cessais de tergiverser entre ton besoin d’elle et ta peur de la perdre, à te demander ce qu’elle voulait vraiment, elle aussi. Ton attention était sur tout sauf sur la pratique de football, ce qui ne manqua pas d’agacer ton entraîneur qui finit par perdre patience après toi, te demandant d’aller te changer si tu n’avais pas l’intention de jouer sur le sens du monde. Tu avais attendu la fin de la pratique dans le vestiaire, t’éclipsant quand les autres joueurs de l’équipe entrèrent en trombe. En retournant sur le terrain, tu remarquas tout de suite la présence d’Hadley, toujours vêtue de son uniforme de cheerleader, discutant avec une de ses amies. Sur un coup de tête, tu t’approchas d’elle, tes doigts se posant autour de son poignet pour lui témoigner ta présence. Comme chaque fois, un simple contact suffit à faire vibrer chaque terminaison nerveuse de ton être. « Faut qu’on se parle. » que tu viens murmurer à son oreille, la proximité une drogue à laquelle tu étais complètement accro.

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Ça faisait des semaines que tu avais l’impression de tourner autour du pot avec Samuel, de ne plus savoir comment agir avec lui alors que tu le connaissais depuis toujours. Cet après-midi au cimetière, devant la tombe à Della à vous dire combien elle vous manquait et que son absence avait laissé un grand vide dans votre trio avait été chargé d’émotion et pas que parce qu’elle était maintenant sous terre. Les je t’aime qui y avaient été échangés avaient été différent qu’à l’habitude. Tu avais rivé tes yeux dans ceux de Samuel pour qu’il tente d’y lire à quel point il t’était nécessaire et que tu ne le considérais plus comme ton petit frère depuis bien longtemps. Tu avais ce besoin qu’il comprenne par lui-même pour que tu n'aies pas l’impression de profiter de sa détresse, de ce moment de faiblesse où tu savais qu’il avait besoin de toi. L’évidence était toutefois que tu avais besoin de lui également. Tu ne savais plus respirer lorsqu’il était loin, tu le cherchais des yeux à chaque fois que tu croyais entendre sa voix. Ces SMS échangés à longueur de journée pour savoir où il était, ce qu’il faisait et à quoi il pensait, ce coup d’oeil vers la fenêtre de sa chambre que tu pouvais voir depuis la tienne… Tu devais t’avouer à toi-même ce que tout le monde semblait avoir vu depuis bien longtemps déjà : tu étais folle amoureuse de Samuel Wellington et tu ne savais pas comment lui dire. Enfin… Tu lui avais dit, mais tu ne savais pas s’il avait compris. Les dernières semaines avaient été toutefois épouvantables puisque tu sentais qu’il y avait un certain malaise entre vous et tu étais convaincue que c’était dû à cet après-midi au cimetière. Tu avais une impression qu’il était distant et ça te rendait malade.
Ce soir-là, pendant ta pratique de cheerleader, tu avais tout fait croche. Tu avais plus la tête sur le terrain de football qu’à diriger les filles maintenant que tu avais le poste de capitaine depuis le décès de Della. Tu avais été inquiète lorsque tu avais vu qu’il n’était plus sur le terrain, craignant qu’il lui avait arrivé quelque chose. La musique t’avait fait reprendre le rythme, essayant de t’enlever de la tête le blond qui y avait élu domicile. À la fin de la pratique, deux de tes amies vint te voir pour discuter d’une possibilité de changement dans votre dernière chorégraphie. Tu écoutais attentivement leur proposition lorsque tu sentais des doigts s’enrouler autour de ton poignet. La chaleur que tu ressentis tout le long de ton bras ne mentait pas : c’était Samuel qui était là. « Faut qu’on se parle. » Ce souffle sur la peau de ton oreille te procura un frisson. Ton corps entier entrait en ébullition lorsque tu sentais sa proximité. L’inquiétude peignit tes traits, ayant peur qu’il soit encore arrivé quelque chose à quelqu’un. Il semblait si sérieux… Tu regarda tes amies, leur dit au revoir et te dirigea vers Samuel qui s’était retiré un peu plus loin. Tu fis quelques pas au jogging, ta jupe de cheerleader rebondissant autour de toi. « Est-ce que ça va ? Tu m’inquiète, qu’est-ce qu’il y a ? » T'inquiéter pour Samuel était une deuxième nature depuis que tout semblait exploser autour de lui. Tu espérais vraiment qu’il n’était rien arriver une fois de plus, ayant peur que ce soit la goutte qui fasse déborder le vase une fois pour toute.

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Tu ne pouvais pas dire à quel moment tu étais tombé amoureux d’Hadley Chapman. Ça avait toujours été une évidence à tes yeux, au même titre que le gazon était vert, que le ciel était bleu, qu’avec Della, vous étiez un trio inséparable. Maintenant qu’un morceau manquait à votre trio depuis plusieurs mois maintenant, il était plus évident que jamais que votre duo en était un qui était impossible à classifier, à définir. Si tu avais longuement grogner sur la manière qu’elle avait de te qualifier de petit frère, il y avait un moment maintenant qu’elle avait cessé de te regarder la manière dont un regarde un frère, un ami. Tu t’étais longuement demandé si c’est ton subconscient qui te jouait des tours, qui voulait voir des choses qui n’avaient pas lieu d’être, mais après ce moment au cimetière, tu étais presque certain de toi. Certain de ce qu’elle ressentait pour toi, au même titre que ce que tu ressentais pour elle. Et pourtant, même avec cette conviction, tu n’étais pas parvenu à franchir la ligne que tu avais rêvé de détruire depuis si longtemps, paralysé par une peur qui avait pris le contrôle de tout ton univers. Tu ne saurais dire ce qui avait change aujourd’hui, mais tu étais décidé à ne pas la laisser te mener par le bout du nez plus longuement. Tu avais trop perdu, tu étais trop perdu pour te permettre de passer à côté de quelque chose que tu voulais depuis si longtemps. Pour passer à côté de quelqu’un qui te donnait encore envie de t’accrocher à quelque chose quand tu avais eu l’impression que plus rien ne faisait de sens. C’est avec un feu au ventre que tu te retrouves sur le terrain de football à nouveau, ton équipe désormais dans les vestiaires, les filles de l’équipe de cheerleader sur le point de prendre le même chemin. Tu dois attraper Hadley avant qu’elle ne parte, avant que tu ne perdes ton élan de courage. Et c’est ce que tu réussis à faire, quand elle salue ses copines qui vous regardent d’un drôle d’air, mais ça t’importe peu parce que tu ne vois qu’elle. Il n’y a jamais eu qu’elle. Ses longs cheveux blonds, son regard bleuté, ses lèvres pulpeuses que tu rêves de goûter depuis que tu as à découvert à quel point ça peut être agréable, d’embrasser une fille. Hadley et son caractère si puissant, sa force tranquille, sa présence inestimable dans ta vie. Hadley qui est la seule à faire battre ton cœur de cette façon saccadée et intense, celle qui attire toute ton attention dès l’instant où vous vous retrouvez dans la même pièce. Elle est une évidence si grande dans ta vie, bien trop grande pour le garçon d’à peine dix-huit ans que tu es, mais le genre d’évidence pour lequel tu te dois de prendre une chance, de prendre un risque. « Est-ce que ça va? Tu m’inquiètes, qu’est-ce qu’il y a? » Tu secoues tout de suite la tête, dans le but premier de la rassurée. « Non, non, y’a rien de grave. » que tu ajoutes, parce que pour une fois, tu ne t’étais pas mis les pieds dans les plats, tu n’avais pas fait de connerie, pas causé de bagarre. Rien qui n’aurait pu inquiéter la jeune femme en somme, pour une fois. Ton souffle est court simplement parce qu’elle est proche de toi, et ça ne se peut presque pas, l’impact qu’elle peut avoir sur toi alors qu’elle ne fait que respirer dans ta direction. « J’voulais juste clearer l’air, après l’autre jour… » que tu commences maladroitement, ta nervosité apparaissant dans la manière dont tes doigts ne cessaient de glisser le long de la peau de son poignet. Son regard s’accroche au tien et finalement, toute restreinte, toute possibilité de discussion t’échappent complètement alors que ta main libre s’accroche à son menton pour qu’elle lève la tête vers toi, tes lèvres trouvant les siennes dans un baiser d’abord incertain, mais dans lequel tu n’hésitas pas un seul instant à y mettre tout ce que tu ressentais pour elle. Ton front se colle contre le sien après quelques secondes, incapable de te défaire de cette proximité nouvelle entre vous. « Fuck, si tu savais à quel point ça fait longtemps que j’ai envie de faire ça… » que tu murmures, tes lèvres toujours si proches des siennes, sans que tu n’oses t’en emparer à nouveau.

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Ton regard scrutait le sien dans l’espoir d’y déceler ce qu’il avait à te dire. Tu n’étais pas sûre de ce que tu y lisais, voyais qu’il hésitait à te dire ce qu’il avait à te dire. La peur avait pris place dans ton ventre qui lui soit arrivé quoi que ce soit. Si Samuel avait toujours pris une place immense dans ta vie, il était maintenant l’entièreté de celle-ci. Tes amies te reprochaient de tout abandonner lorsqu’il était là pour se concentrer sur lui, comme si la terre arrêtait de tourner, mais ce qu’elles ne comprenaient pas, c’était qu’elle arrêtait effectivement de tourner. Tu t’ajustais à lui, à son humeur, à ce qu’il voulait faire pour être capable de continuer de respirer. Bien sûr que vous aviez vos différents, que tu l’engueulais lorsqu’il se battait dans une fête où vous étiez tous les deux présents ou bien encore lorsqu’il faisait exprès pour s’en prendre au joueur le plus costaud de l’équipe adversaire, mais c’était que de l’inquiétude. Parce que s’il lui arrivait quoi que ce soit, tu ne t’en remettrais jamais. Samuel était le centre de ton univers et tu ne savais pas comment le lui faire comprendre. Ce mouvement de ses doigts sur la peau de ton poignet te causait des chocs électriques jusque dans le haut du bras. Tout ton corps était tourné vers lui, tendu vers lui. « Non, non, y’a rien de grave. » Ton visage s’adoucit, les sourcils que tu maintenais froncé sans t’en rendre compte se détendirent, dans l’attente qu’il ose enfin attaquer ce qu’il avait à te dire. Vous étiez en plein terrain de football, mais tu avais l’impression d’être seule avec lui, que tout le monde s’était dispersé alors que tu étais pas mal convaincue qu’il devait y avoir des curieux à vous regarder. Tu n’osais pas prononcer un mot, le laissant essayer d’organiser ses idées pour te dire ce qu’il avait à te dire. « J’voulais juste clearer l’air, après l’autre jour… » Ton coeur se mit à battre rapidement. Tu étais à peu près certaine qu’il parlait de cet après-midi-là, au cimetière alors que Della avait pu être au première loge de ce je t’aime échangé sans qu’il y avait aucun autre mouvement de la part de l’un ou de l’autre. Sa main sur ton menton, tu le laissas te guider doucement, entre ouvrant tes lèvres, prête à reçevoir ce baiser tant espérer depuis beaucoup plus longtemps que tu ne voulais te l’avouer. Lorsque ses lèvres trouvèrent les tiennes, tu t’abandonna à lui, fermant les yeux et le laissant mener votre premier baiser, mais en répondant toutefois à ce dernier. Tu avais le vertige, des papillons qui s’agitait dans ton ventre. Il fut le premier à rompre le contact de vos lèvres, gardant vos fronts appuyés l’un sur l’autre. « Fuck, si tu savais à quel point ça fait longtemps que j’ai envie de faire ça… » Un léger sourire se dessina sur tes lèvres. « Je crois que j’en ai une petite idée. » Tu passas tes bras autour de son cou, plaqua ton corps contre le tien. Maintenant que tu avais la confirmation que c’était ce qu’il désirait lui aussi, tu n’arrivais plus à mettre de la distance entre toi et lui. Tu n’avais qu’une envie et c’était de te fondre en lui, de ne plus jamais le lâcher. Si tu avais l’impression de ne plus savoir comment respirer quand il n’était pas là, tu savais maintenant que son absence te serait douloureuse, insupportable. Tu déposa tes lèvres contre les siennes encore une fois, ayant besoin de ce baiser qui se fait toutefois plus fougueux. Si le premier s’était fait un peu plus timide, celui-là n’avait plus aucune retenue, plus assumé. Et cette fois-ci, ce fut toi qui imposa une distance de quelques centimètres à peine. « Tu es coincé avec moi maintenant Samuel Wellington. » Une phrase lourde de sens, que tu réussis à prononcer entre deux respirations.