It’s never too late to apologize.
@isabel flores  

Partagée entre énervement, humiliation et une légère envie de rire face à l’ironie de la situation, Gina regagnait la fête qui battait toujours son plein au coeur du casino. Se prendre la tête avec Eva n’était clairement pas prévu au programme de sa soirée. Elle pensait venir, saluer le maire et d’autres personnes importantes, sa pavaner dans sa robe Versace couleur argent, boire un verre ou deux de champagne et puis rentrer chez elle. Elle se levait super tôt pour un shooting photos le lendemain matin donc elle voulait pouvoir se poser chez elle ne serait-ce que quelques heures. Pour souffler un coup et anticipé la redescende de ce qu’elle avait prit avant de venir. Mais il avait fallut que Eva lui fasse perde du temps en flirtant avec un sommelier… n’importe quoi, heureusement qu’elle appréciait et respectait suffisamment son employée pour ne pas s’offusquer de trop lorsque celle ci la remettait à sa place. C’était peut-être même l’une des rares qui avait le privilège de pouvoir répondre avec autant de piquant à la blonde. Bon, du coup toutes ces embrouilles lui avait donné soif et clairement, ce n’était pas la flute de champagne quasiment vide qu’elle avait encore à les mains qui ferait l’affaire. Elle se faufilait jusqu’au bar, sourire charmeur toujours collé aux lèvres, saluant brièvement quelques têtes connues sur son passage. Tout ce qu’elle voulait c’était un shot de tequila et éviter Liam Hemsworth qui allait encore lui tenir la jambe pendant une heure si elle re-croisait son chemin. C’est dans un soupire de soulagement qu’elle arrivait à hauteur du bar, s’accoudant à ce dernier (qui était quand même un peu haut pour elle, soyons honnête) avant de tomber nez à nez avec un visage qu’elle ne connaissait que trop bien : Isabel, son assistante préférée, qu’elle n’avait pas vu depuis plus de deux ans maintenant, était là, derrière le bar, un tablier noir autour de la taille, un torchon et un verre entre les mains, essuyant la verrerie d’un geste assurer. Gina restait bouche bée un instant, prise de court, n’osant plus commander son shot tant elle pouvait entendre la voix de sa psy raisonnée dans son crâne : « L’important est de se pardonner à soi-même et puis, dans les situations où ton comportement était déraisonnable et où tu as fait trop de mal : d’accepter d’avoir eu tort et de s’excuser. » Soit disant que le pardon avait quelques chose de thérapeutique… Meh, en cet instant elle détestait un peu sa psy, mais bon, elle l’a payait pour ça non ? Donc autant suivre ses conseils. Après quelques secondes de flottement elle posait sa flute vide sur le comptoir du bar avant de demander : « Un shot de tequila et… 5 minutes de ton temps ? » Elle esquissait un sourire, bien loin de celui assuré qu’elle affichait habituellement, celui ci s’apparentait plus à une grimace de malaise. Elle détestait ce genre de situation. Revoir une pseudo-ex n’était pas le problème mais décider d’être vulnérable et honnête : ça c’était une de ses grandes crainte. « Peut-être deux shots en fait, il va me falloir un peu de courage pour m’excuser comme il se doit. » ajoutait-elle très sérieusement, son regard trahissant sa sincérité alors qu'elle se remémorait leur dernière conversation et a quel point elle avait été horrible ce jour là.

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Le regarde de Isabel était glacial, bien loin de celui qu’avait connu Gina jusqu’à ce jour. On sentait sans mal toute la rancoeur et le dédain qu’elle ressentait pour la blonde. Mais comme il était coutume entre elle : la brune s’exécutait, servant deux shot de tequila avant de les poser bruyamment devant Gina, les petits verre claquant contre le bois du comptoir. "Cinq minutes," Le regard de Gina passait des verres à Isabel qui avait toujours le visage fermé. "Et pas une de plus. » La blonde regrettait de ne pas avoir demander plus du coup. « Merci. » soufflait-elle. Elle prenait une profonde inspiration, jouant du bout des doigts avec l’un des deux shots qui se trouvait devant elle. Son ventre était tellement nouée d’angoisse qu’elle ne savait même pas si elle allait pouvoir avaler ça. Cinq minutes ça passait vite et elle n’avait pas eu le temps de mettre de l’ordre dans ses pensées. En même temps elle ne s’attendait pas à revoir Isabel, ou en tout cas pas ici, pas ce soir, alors qu’elle était défoncée, un brin agacée par Eva et le frangin Hemsworth. « J’ai été horrible avec toi. » admettait-elle enfin. « Mais je ne t’apprend rien. » ajoutait-elle, le regard fuyant. Elle se mordait la lèvre inférieure, déglutissant. Elle aurait dû commandé un verre d’eau en fait. Jamais elle n’avait eu un trac pareil et la gorge aussi sèche, alors qu’elle faisait des directes à la télévision cinq soir par semaine. Mais c’était plus facile de faire des blagues et raconter de mensonge devant toute l’australe que d’être honnête avec quelqu’un qu’elle affectionnait. « J’ai été très égoiste. Comme souvent. J’ai eu peur de m’attacher à toi, peur de t’aimer un peu trop, du coup je t’ai fait volontairement du mal pour que tu partes. Parce que j’suis trop lâche. » ça faisait mal de parler en mal de sa personne à voix haute. En général elle était plutôt de celle qui se jetait des fleurs à la moindre occasion, que ce soit sur le ton de l’humour ou sérieusement. Elle buvait enfin l’un des shots de tequila, grimaçant un peu en sentant l’alcool lui bruler la gorge. Une forme d’hydratation bien relative, mais bon, au moins ça la poussait à aller au bout de ce qu’elle voulait dire. « T’es en aucun cas obligée de les acceptés, mais je tenais quand même à te présenter mes excuses. » Elle reportait enfin son regard bleu, légèrement rougi, sur Isabel. Elle scrutant le visage de la brune pour une réaction, quel qu’elle soit. « J’aurais jamais dû de traiter comme je l’ai fait. T’es quelqu’un de… » elle marquait une pause, cherchant ses mots. Non pas qu’elle n’avait pas une longue liste de compliments qui lui venait déjà à l’esprit, simplement qu’elle avait peur de trop en dire, peur de peut-être laisser un peu trop entrevoir toute l’affection qu’elle avait pu avoir pour la brune, malgré son traitement envers elle. « T’es super et tu mérites d’avoir une copine sûr de ce qu’elle veut. » Concluait-elle alors que ses prunelles continuait de scruter le visage de la brune. Elle était sincère, au point ou elle s'en sentait presque bête. Elle aurait préféré être à poils devant tout le monde plutôt que de dire ce genre de chose, dire ce qu'elle avait sur le coeur. Elle repoussait le second shot de tequila vers Isabel avant d’ajouter : « Le second est pour toi. Et si t’as une pause à un moment et que tu veux m’insulter pour te défouler : j'suis dans le coin pendant encore une petite heure. » Elle esquissait un sourire, attrapant son sac à main, prête à tourner les talons pour retourner à la fête, maintenant qu’elle avait fait l’un des trucs les plus difficiles et étrangement à la fois gratifiant et humiliant de sa vie.

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Avouer tout ça avait un peu retourné le ventre de Gina et le shot de tequila n’avait pas vraiment aidé. Elle s’éloignait donc du bar, longeant presque le mur en priant pour que le frère de Thor ne sorte pas de nul par pour lui parler du dernier chien qu’il avait adopté, avant de se faire tirer dans le couloir où se trouvait les toilettes. Elle manquait de tomber de ses talons mais remerciait intérieurement Isabel de lui indiquait au passage l’endroit où elle allait pouvoir vomir ce qu’elle venait de boire. Enfin, pas tout de suite, clairement. La brune croisait les bras sur sa poitrine, observant Gina d’un regard sombre. L’américaine attendait sagement, voyant bien que la barmaid en avait gros sur le coeur. « T'as été ignoble, ouais »  Gina hochait lentement la tête ne pouvant qu’être d’accord avec ces propos. Puis l’australienne reprit la parole, se lançant dans un discours un brin confus et saccadé. On sentait qu’elle avait déjà tournée le problème dans tout les sens, qu’elle avait eu trop de temps pour y réfléchir et pour murir cette rancoeur envers Gina. Et cette rancoeur était plus que justifiée, puisqu’en effet la blonde avait été horrible, détestable, méprisante, irrespectueuse et tout autre synonyme dans le genre. Elle l’avait traité comme une merde, il n’y avait pas d’autre mot. Totalement drunk on power, elle c’était prise dans un engrenage vicieux où rabaisser Isabel lui avait donné l’impression d’avoir un pouvoir tel que rien ne pouvait lui être reprocher. Son cerveau court-circuité par la cocaïne et son égo déjà surdimensionné, elle c’était prise pour une reine tyrannique. (Heureusement qu’elle n’avait été comme ça qu’avec Isabel et pas avec d’autres personne de son staff, sans quoi elle aurait depuis longtemps été cancelled.) « Si tu voulais que je parte, t'avais qu’à le dire, Gina. »  concluait-elle un brin essoufflée. La blonde hochait de nouveau la tête, sans trop savoir quoi dire. Isabel avait raison sur toute la longueur, donc à quoi bon renchérir. C’était déjà difficile de s’excuser en temps normal, mais si en plus il fallait qu’elle se rabaisser et se critique ça rendait l’exercice encore plus délicat. « Oui. J’aurais dû simplement te le dire. » confirmait-elle. « Mais c’est pas ce que j’ai fait, d’où mes excuses. Tardives, certes, mais sincères. » Son regard bleu se perdait un instant alors qu’elle réfléchissait à comment se racheter au près de la brune. Isabel avait déjà mis ses mains dans ses poches et semblait être prête à repartir se cacher derrière son bar. Gina la stoppait d’un geste de la main, la retenant, ne voulant en aucun cas rester sur un note aussi négative. « Dis moi ce que je dois faire pour me faire pardonner et je le ferais. » lâchait-elle. « La dernière fois j’étais … j’étais pas dans mon état normal, » Techniquement si vu sa consommation de plus en plus régulière, mais bon, elle gérait peut-être moins bien à l’époque. « j’ai déraillé et j’avais l’impression d’être spectatrice du carnage  » Vrai, sa voix intérieure lui hurlait d’arrêter les frais alors qu’elle poussait cette foutu boite de chocolat au bord du canapé. Elle se revoyait le faire et se détestait pour ça.« et quand j’ai repris mes esprits t’étais trop loin pour que je puisse te rattraper et m’excuser. » Elle repoussait machinalement une petite mèche brune qui venait de tomber devant les grand yeux sombre d’Isabel. « J’ai pas envie une nouvelle fois de te voir partir blessée. » Elle avait fait assez de dégât la dernière fois, il était hors de question qu’Isabel reparte avec ce même regard sombre et cette même mine déçue. « J’pensais pas faire ça ce soir, sans quoi j’aurais préparé un speech mieux construit, clairement not my best work là, mais… Dis moi. Je ferais n’importe quoi. » Son regard bleu était un brin suppliant, pourtant c’était pas vraiment vrai, elle ne ferait pas vraiment ‘n’importe quoi’, elle avait bien trop à perdre ! Mais elle acceptait sur l’instant de faire une confiance aveugle en Isabel, espérant que la brune saurait être raisonnable dans ses requêtes. Elle ne voulait pas faire la même erreur qu’avec Marceline et se faire une sorte d’ennemie à vie.  

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Elle n’avait pas l’impression de s’enfoncer. Sur le moment elle pensait même s’en sortir plutôt bien, parce que pour une fois elle été vraiment honnête, disait quasiment tout ce qu’elle pensait, sans faire vraiment le tris. Et peut-être que là était le problème : elle aurait du faire un léger tris, réfléchir d’avantage au répercutions des quelques mots qui franchissaient ses lèvres. « Alors pourquoi tu l'as pas fait plus tard, hein ? Le lendemain, par exemple. Ou deux semaines plus tard. Deux mois, j'en sais rien. Mais ça fait deux ans, Gina, et t'as pas été foutue d'entrer en contact avec moi pour me les présenter, tes excuses. Ce qui laisse entendre qu'au fond, t'en avais rien à foutre. J'imagine que t'avais pas non plus prévu de tomber sur moi ce soir, vu ta tronche quand tu m'as aperçue derrière le bar. »  Elle grimaçait un peu en entendant ça. Isabel marquait un point important : le timing. La blonde avait attendu deux ans avant d’enfin s’excuser et si elle l’avait fait ce soir c’était parce que le destin avait mis la brune sur son chemin.« Parce que j’étais dans le déni complet, terriblement égoïste et lâche. Je me persuadais que c’était un mal pour un bien. Que j’avais été cruelle mais que ça éviterait que tu me brise le coeur plus tard. Mais depuis quelques mois je vais en thérapie et je travaille sur tout ça, j’apprend à assumer mes erreurs, à m’excuser, à penser aux autres et aux répercutions de mes actes. Donc oui c’est deux ans plus tard, mais mieux vaut tard que jamais, non ? Il n’est jamais trop tard pour tenter d’être une meilleure personne ! » lâchait-elle, débitant aussi vite que Eminem. Elle avait été trop lâche pour faire la démarche avant, donc au final ce coup de pouce du destin qui avait mis Isabel sur sa route était plutôt le bienvenue, ou en tout cas elle le pensait. Elle aurait juste voulu que ces excuses soient acceptés un peu plus facilement. Mais non Isabel semblait catégorique, chassant même la main de l’américaine qui tentait de la recoiffer gentiment. Aucune geste de tendresse n’étaient donc autorisés.
Au pied du mur Gina tentait un peu le tout pour le tout, regrettant presque ses mots à l’instant où elle les prononçait. « N'importe quoi, hein ? »  Et merde. Elle avait espéré avoir en face d’elle une Isabel raisonnable et rationnelle, mais non, elle avait une Latina remontée à bloque, probablement l’une des personnes les moins raisonnables sur quinze kilomètres à la ronde. « Oui, enfin dans— » tentait-elle de négocier mais déjà Isabel la coupait pour annoncer sa demande : « Fais une annonce publique. Dans ton émission ou sur ton compte instagram. Raconte ce qui s'est passé - sans occulter les détails embarrassants, sans chercher à déformer la vérité - et prends vraiment tes responsabilités, cette fois-ci. »  Et sans que Gina n’ai le temps de protester la brune lui filait entre les doigts, retournant en direction du bar. « Isabel ! » tentait-elle quand même, « Tu sais très bien que j’peux pas faire ça ! » mais elle ne se retournait pas, disparaissant dans la pièce principale où la fête battait son plein. Une annonce publique ? Vraiment ? Donc en gros se tirer une balle dans les deux pieds et même les genoux en disant au monde entier qu’elle avait abusé de ses pouvoirs, qu’elle n’était pas mieux que c’est vieux mec blanc cis-genre qui harcelaient sexuellement leur employée ? Qu’elle était une sorte de prédatrice sexuelle, bonne à être cancelled ? Elle voulait qu’elle mette fin à sa carrière, à tout ce qu’elle avait construit et qu’elle se retrouve sans rien ? Elle avait déjà perdu sa famille en faisant son coming out, maintenant elle allait perdre le seul truc qui lui permettait de garder la tête hors de l’eau ? La seule chose dans laquelle elle se donnait corps et âme ? Non, non, non. C’était tout simplement impossible, autant lui demander de sauter du building de ABC, ça revenait au même. Un suicide professionnel, revenait à un suicide, purement et simplement. Elle savait avoir fait du mal à Isabel en la traitant comme une moins que rien, elle avait bien compris que cette dernière été passée par une période délicate suite à sa démission (sans pour autant en connaître les détails) mais elle était certaine que ça ne valait pas une auto-destruction totale. Mais vu la rancoeur dans les yeux noir d’Isabel, de simple excuses évasives ne feraient pas l’affaire. Jeter l’éponge ? Se contenter de ce refus de pardon et passer à autre chose ? C’était une option tentante. Après tout ce n’était pas comme si Isabel était la seule fille en ville. Gina avait plein d’autres prétendant et prétendantes… Mais la brune l’obsédait un peu plus chaque jour et la revoir ce soir n’avait pas vraiment arranger les choses. Elle passait une main dans sa tignasse blonde, échappant un soupire, reposant son dos contre le mur. Même une robe Versace sur mesure ne suffisait pas à la reconquérir, c’était quand même fou ! En temps normal elle aurait probablement menacer Isabel, parce qu’elle avait le pouvoir de lui ruiner la vie si elle le voulait, puis elle serait passé à autre chose, abandonnant l’idée d’être quelqu’un de bien. A quoi bon après tout. Mais elle ne payait pas sa thérapeute pour faire l’inverse de ce qu’elle recommandait durant ses séances ! Et puis, elle n’avait pas fait tout ses efforts pour en arriver là : la boule au ventre dans le couloir d’un casino, à quelques mètres de Nicole Kidman et de tout le gratin du pays, à se torturer l’esprit pour une gamine qui servait des verres derrière le comptoir.
Elle tirait son téléphone portable de son petit sac à main, pianotant sur ce dernier, préférant se tourner vers son groupe d’amie pour se plaindre de sa soirée, avoir des conseils de Olive qui était la gentillesse incarnée et quelques blagues foireuses de Mac. Puisun rapide message à son chauffeur pour qu’il vienne la chercher. Elle ne comptait pas retourner au bar, ni même retourner à la fête. Sa soirée se terminait là, elle n’avait plus vraiment le coeur à jouer les jeunes femmes souriante et solaire. Eva se débrouillerait pour réseauté. Gina, elle, prenait congé. Elle allait rentrée, enfiler une paire de Uggs et un pyjama et s’échouer au fond de son lit.