Way down we go (Chris & Elias)

(#)Mar 29 Oct 2024 - 8:10

Dans un hôtel à Sydney, début novembre 2024.

Elias déteste depuis toujours les grands évènements mondains organisés par les rédactions. Trop de faux sourires, de bavardages creux et de poignées de mains serviles. Pourtant, ce soir, il se tient au bord du balcon d’un hôtel cossu de Sydney. Le journaliste scrute la foule à travers les grandes baies vitrées. Le whisky dans sa main gauche est encore intact, les glaçons fondent lentement. Dehors, l’air frais porte des relents d’océan et de pluie à venir. Ce parfum familier le ramène à Byron Bay, à une époque révolue.

Elias a accepté cette invitation après s’en être convaincu : l’événement est une bonne couverture pour récolter quelques confidences, dénouer des langues de cadres trop éméchés, recueillir les potins les plus croustillants du moment. Il ne baisse jamais sa garde ; même dans ce genre de soirée, le jeune homme reste en alerte, prêt à capter un murmure compromettant ou un regard fuyant. Ce soir, Elias n’est pas uniquement venu pour ça.

Chris est là. Elias l’a aperçu après être entré, entouré d’un groupe de jeunes journalistes en quête de reconnaissance. Ils boivent ses paroles, sourient trop fort à ses blagues, se précipitent bien trop dans une flatterie mal placée. Cette scène le frappe par sa banalité. Chris Logan, le rival. Un sourire franc, un look soigné, cet air de fausse camaraderie. Celui-ci séduit tant les recrues fraîches. L’année écoulée depuis leur dernière rencontre n’atténue pas le ressentiment. Au contraire.

« Chris… » murmure Elias pour lui-même. Son regard se durcit.

Le souvenir de leur dernière collaboration, si on peut appeler ça ainsi, lui revient comme un coup en pleine mâchoire. Elias se revoit dans les locaux sombres de cette entreprise de sécurité privée, quelques secondes avant de déclencher volontairement l’alarme. C’est une décision froide et calculée. Un coup bas, certes, pourtant nécessaire selon lui. Chris a voulu prendre des risques sans calculer les conséquences. Le cadet s’est assuré de lui en faire payer le prix. Une rivalité comme la leur n’a pas de place pour les dilettantes ou les faux-semblants de loyauté.

Elias prend une longue inspiration, repose son verre. C’est le moment de faire face à ce passé inachevé. La main dans la poche de sa veste, il sent le bord usé de son carnet rouge, où sont griffonnées les notes d’une nouvelle enquête. « Faut bien tuer le temps pendant qu’on attend l’inévitable », a écrit l’auteur en marge d’une page. Un sourire cynique étire brièvement ses lèvres avant de disparaître.

Elias pousse la porte-fenêtre, s’avance à travers la foule. Les conversations s’évanouissent autour de lui, se dissolvent dans un brouhaha indistinct. Il a une façon de se mouvoir dans ce genre de rassemblements : le jeune homme ne se fraie pas un chemin, Elias tranche au travers, impassible. Les regards se posent sur lui sans s’attarder, comme s’il était une ombre.

Enfin, Elias arrive à quelques mètres de Chris. Ce dernier rit encore à une plaisanterie. Il attend. Leur regard se croise. C’est rapide, une seconde à peine, assez pour voir Chris se raidir, comme s’il venait de prendre une décharge électrique. Logan termine sa discussion avec les jeunes autour de lui, puis se dirige vers le bar d’un pas détendu. Le journaliste le sait : il n’en est rien. Elias le suit, garde une distance mesurée.

Chris est accoudé au bar, commande un verre d’un ton faussement décontracté, lorsque Elias s’approche. Il attend de se faire remarquer par Chris avant de parler. Les muscles de son visage se crispent légèrement, un rictus trahit un mélange de colère, de résignation.

« Logan. »

Elias sent la tension dans l’air. Un instant suspendu, un silence remarqué par eux seuls, un échange de poings serrés fermement. Tout autour, les gens continuent de rire, de trinquer, d’échanger des banalités. Pour eux, l’hôtel entier semble être devenu une zone de confrontation silencieuse, un champ de bataille psychologique, un ring prêt pour l’affrontement des deux rivaux. Il sent le goût du sel sur sa langue, un reste de l’air marin. Cela le ramène à l'instant présent, à l’échange inévitable, à cette bataille si souvent reportée.

Elias s’approche du bar, se place à côté de Chris, fixe un point devant lui. L’espace d’une respiration, les mots se bousculent dans son esprit. Il n’est jamais du genre à tourner autour du pot.

« Alors… Ça t’a plu, la petite visite guidée ? »

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(#)Dim 3 Nov 2024 - 12:17

Way down we go

Novembre 2024 - @Elias Elvery
Sur la route - Sydney

Bien qu'il détestait par-dessus tout les événements mondains, Chris avait été contraint par son employeur d'y prendre part, à son plus grand regret. En effet, même s'il était détesté par une grande partie de ses confrères, sa popularité dans le métier plaisait aux jeunes qui voulaient en savoir davantage sur lui, ses méthodes, ses dossiers etc... Il jouait donc le jeu car il savait que son employeur était également dans la salle et ne manquerait pas de lui faire des reproches s'il jouait au vieux loup solitaire comme à son habitude. Alors il était entouré d'un groupe de jeunes, racontant des anecdotes ainsi que quelques blagues pour tenir l'échange dans une ambiance joviale. A cet instant, il n'avait pas encore remarqué la présence d'Elias à cette même soirée. A vrai dire, il ne s'attendait même pas à le voir ici. En tant qu'indépendant, il était certainement encore plus solitaire que lui et il devait détester ces événements au moins autant que lui. Alors, lorsqu'il croisa furtivement son regard à quelques mètres seulement du petit groupe qui lui tournait autour, cela suffit à faire disparaître le sourire de façade qu'il s'était forgé pour la soirée. Une certaine rancœur remontant en lui, il n'arrivait plus à faire semblant et décida donc de s'éloigner des jeunes pour aller au bar afin de boire quelque chose de plus fort, réfléchissant déjà à une vengeance vis-à-vis de celui qui n'avait pas hésité à le trahir et à le mettre en porte-à-faux dans cette entreprise de sécurité où Chris avait bien cru se faire épingler pour la 1ère fois de sa vie. En cherchant à s'enfuir, il s'était retrouvé coincé au deuxième étage de la société avec plus aucune solution que de sauter par une fenêtre au cœur d'un buisson. S'il avait réussi à se protéger la tête dans la réception, il n'avait malheureusement pas pu éviter quelques cicatrices au niveau des jambes et des bras, cicatrices qui n'avaient pas disparus depuis. Alors qu'il sortait juste du buisson, les lumières venaient de s'allumer au 2ème étage du bâtiment, les gardes de sécurité ayant été à deux doigts de mettre la main sur lui, il réussit malgré tout à s'enfuir en boîtant au milieu de la nuit noire alors que les gardes ne pouvaient que constater qu'une des fenêtres avait été ouverte... Chris n'oublierait jamais ce coup en traître, car il était convaincu que c'était Elias qui avait volontairement enclenché l'alarme alors que lui se trouvait au rez-de-chaussée, prêt à fuir les lieux très rapidement.

Alors que Chris attendait le whisky qu'il venait de commander au bar, il remarqua qu'Elias s'était rapproché pour s'installer non loin de lui. "Logan." dit-il alors en guise d'introduction avec de l'animosité sur le visage. C'était quand même culoté de sa part après le coup qu'il lui avait fait. "Elvery..." répondit-il sur un ton d'indifférence "Je suis surpris de te voir ici... cela fait quoi ? Presque un an que je n'avais pas entendu parler de toi..." S'il savait bien à quand remontait leur dernier échange, il préférait laisser paraître comme si cela ne l'avait pas marqué, une quelconque banalité dans la vie mouvementée qu'ils avaient. Elias n'était rien pour lui et ne méritait d'ailleurs pas son attention. Puis un instant de silence s'installa entre eux, comme s'ils se jaugeaient, se demandant lequel des deux ferait le premier pas vers l'autre. Clairement pas Chris en tout cas. Il reçut son verre entre temps et ne se gêna pas pour en boire une gorgée, tout en ignorant royalement l'homme qui se tenait à ses côtés. "Alors... ça t'a plu, la petite visite guidée ?" Ce fut Elias qui rompit le silence le premier après avoir pris une grande respiration. Cela suffit à faire émerger un sourire amer sur le visage du journaliste. "Honnêtement ?" Chris tourna alors le regard vers Elias pour lui répondre et voir sa réaction en direct. "A mes yeux, cela n'était clairement pas à la hauteur de la précédente visite à laquelle nous avons pu participer tous les deux..." Il le toisait alors du regard car il saurait forcément à quelle "visite" il faisait allusion à cet instant...
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(#)Dim 3 Nov 2024 - 22:56

Elias le sait : Chris ne perdra pas l’occasion de lui renvoyer la balle. Depuis cette fameuse nuit, il s’attend presque à un retour de bâton, une vengeance bien calculée, voire même un traquenard organisé avec soin. Le journaliste n’a rien tenté… pour l’instant. C’est décevant, en réalité, comme une promesse non tenue. L’australien le fixe, un sourire las s’esquisse sur ses lèvres. Elias observe ce visage empreint d’indifférence feinte, ces muscles crispés sous un masque d’impassibilité. Il en est d’ailleurs certain : Chris a passé l’année à maudire son nom à chaque nouvelle enquête.

A vrai dire, Elias s’en moque. Les ambitions déçues de Chris, ses rancunes, ses colères refoulées… cela lui inspire juste une vague d’amusement. Après tout, dans ce métier, seuls les plus tenaces survivent. Il est prêt à tout pour se maintenir au sommet.

D’un geste calme, Elias tourne le poignet pour regarder le fond de son verre, jauge la quantité d’alcool restante. Il pourrait tenter une approche plus posée, enterre la hache de guerre. Le jeune homme le sait déjà : Elias ne le fera pas. Pour lui, la compétition est essentielle. Il n’a aucune intention de jouer les amis, pas après avoir enduré tout ça pour obtenir sa place. Encore moins après avoir infligé tout ça à Chris sans l’ombre d’un regret.

« A mes yeux, cela n'était clairement pas à la hauteur de la précédente visite à laquelle nous avons pu participer tous les deux... »

Elias recule d’un demi-pas pour observer Chris avec ce sourire fin, presque carnassier réservé aux moments où il se sait en contrôle. Sa remarque ne le touche guère ; au contraire, elle lui confirme avoir réussi à marquer son rival. Il n’a jamais cessé de se vanter intérieurement de cette alerte déclenchée. Un coup de maître, sans conteste. Voir son effet aujourd’hui – il le laisse paraître – a quelque chose de terriblement jouissif.

Elias plisse légèrement les yeux, fait mine de réfléchir avant de répondre.

« C’est sûr, Logan, on n’a pas tous les jours l’occasion de te voir courir comme un lapin pris au piège. Et je t’assure, la vidéo est presque aussi drôle que dans mes souvenirs. »

La provocation est calculée. Elias le sait : Chris, avec son sourire forcé, son air faussement calme, bouillonne en réalité de l’intérieur. C’est exactement l’effet recherché.

Les doigts d’Elias pianotent sur le bord du bar. Il laisse le silence s’étirer entre eux. Le regard de Chris, un peu plus incisif, ne l’affecte pas. Dans cette fausse camaraderie teintée d’un cynisme latent, le plus jeune décèle un autre jeu. Cela l’étonne à moitié ; Elias le sait pertinemment, son coup bas de l’année passée a laissé des traces. Tant mieux, pense-t-il. Le blogueur n’a jamais cherché à s’excuser pour cet incident. Un échec pour Chris, surtout un succès pour lui, au prix de quelques règles de bienséance.

Pour lui, Logan est avant tout un rival, pas un allié. Le faire sortir du jeu avec cette alarme, cela le confirmait : lui, si enthousiaste, n’a pas sa place dans des affaires au-delà de l’amateurisme. S’il s’agissait de se montrer intransigeant pour avancer, Elias n’hésiterait pas un instant à réitérer. Dans ce métier, on ne gagne pas sans écraser les autres. Son carnet rouge ou ses principes de stoïcisme ne l’en dissuadent certainement pas.

Pourtant, ce soir, une tension distincte l’anime. Un mélange d’impatience, de satisfaction, d’excitation. Cette retrouvaille imprévue est devenue le point d’ancrage pour quelque chose de plus grand, de plus décisif, de plus introspectif. Alors, au lieu de se précipiter dans une explication, Elias choisit d’explorer les failles.

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(#)Lun 4 Nov 2024 - 16:22

Way down we go

Novembre 2024 - @Elias Elvery
Sur la route - Sydney

Alors que Chris venait enfin de faire référence à leur précédente rencontre qui s'était soldée par la trahison d'Elias, il vit reculer légèrement ce dernier alors qu'il avait un sourire mesquin, limite démoniaque alors qu'il le détaillait. S'il avait en doute, certes léger mais existant tout de même étant donné qu'il n'avait jamais eu de preuves, si ce n'est son silence à la suite de cet événement, à le regarder ce soir devant lui dans cette posture, il était désormais convaincu que c'était Elias qui avait fait le coup. Et non seulement, il ne semblait pas le regretter, mais en plus il en semblait fier. Chris sentait déjà les picotements de la colère jaillir au plus profond de lui avant que son acolyte ne vienne confirmer ses suppositions avec ses propos "C'est sûr, Logan on n'a pas tous les jours l'occasion de te voir courir comme un lapin pris au piège. Et je t'assure, la vidéo est presque aussi drôle que dans mes souvenirs." La provocation lancée par Elias était de taille et la surprise put se lire dans le regard de Chris. Se contentant de lui rendre un sourire forcé avant qu'il ne regarde à nouveau son verre et qu'il le fasse tourner devant lui pour en sentir toutes les effluves de son alcool avant d'en boire une gorgée à nouveau. Une vidéo ? Mais quelle vidéo ? Ils avaient pris la peine de désactiver toutes les vidéos du bâtiment avant d'entrer à l'intérieur, Chris n'était pas aussi stupide que cela pour laisser des traces aux futurs enquêteurs lorsqu'ils venaient constater les effractions par la suite. Non s'il y avait une potentielle vidéo de cette nuit-là, c'est que ce salaud était resté caché quelque part et avait sorti son téléphone pour le filmer en train de sauter du bâtiment et s'enfuir ensuite comme il le pouvait. Mais de toute manière, étant donné la noirceur de la nuit tombée et la tenue et cagoule de la même couleur qu'il portait ce soir-là, il doutait fort que la vidéo enregistrée soit exploitable pour le faire chanter ou quoique ce soit d'autre, il ne pouvait pas être reconnaissable dessus. Qu'espérait-il donc de lui en lui tenant de tels propos hormis le fait de se révéler coupable aux yeux de Chris ? Dans tous les cas, Chris n'allait pas tomber dans sa pitoyable tentative de le déstabiliser. Au contraire, maintenant que Chris avait la certitude qu'Elias était bien le traitre qu'il avait envisagé, il allait pouvoir commencer à préparer sa vengeance. Une vengeance est un plat qui se mange froid... et Chris frappera au moment où Elias s'y attendra le moins et il insistera exactement là où ça pourrait faire le plus de dégâts... Si ce petit morveux voulait jouer à ça alors il trouverait un adversaire à sa mesure. Des ennemis, il en avait déjà et pas qu'un peu, mais au sein propre de son métier, si beaucoup le détestaient, aucun n'avait osé jusqu'à aujourd'hui se frotter à lui. Elias serait donc le premier... Et Chris s'assurerait qu'il en soit également le dernier.

"Qu'est-ce que tu veux Elvery ?" Lui demanda alors Chris. Un sourire acerbe ayant naturellement pris place sur son visage alors qu'il reposait son verre sur le comptoir du bar. "Tu n'as plus aucun dossier pour te faire bander, alors t'en viens désormais à venir casser les couilles à tes propres confrères ?" Un excès de vulgarité ne ressemblait guère à Chris en temps normal, preuve qu'il n'était pas indifférent à Elias, mais aussi preuve de son mépris à son égard. Ah Elias pouvait bien s'en réjouir par avance mais il ne savait pas vraiment ce qu'il venait de déclencher avec ses aveux. Bien qu'il avait largement de quoi faire à côté, Chris venait d'ouvrir un dossier ELMERY au sein de son cerveau et il ne le refermerait que lorsqu'il aura obtenu justice à hauteur de l'affront qu'il lui avait fait et qu'il semblait vouloir faire perdurer dans le présent et le futur. Chris n'hésiterait pas à fouiller dans son passé, à le suivre, à enquêter auprès de toutes les personnes qu'il a été ou qu'il serait amené à côtoyer afin de trouver la faille ou plutôt les failles. Ce talon d'achille, cette faiblesse, qui pourrait lui permettre de lui rendre enfin la monnaie de sa pièce.
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(#)Mer 6 Nov 2024 - 21:56

« Qu'est-ce que tu veux Elvery ? Tu n'as plus aucun dossier pour te faire bander, alors t'en viens désormais à venir casser les couilles à tes propres confrères ?»

Elias le fixe. Ses yeux brillent d’une lueur amusée. Pour quelqu'un comme lui, cette confrontation avec Chris est une scène théâtrale. Il savoure l’instant, observe chaque détail de la colère contenue dans les traits crispés de son rival, profite d’avoir le dessus sur la situation. Ce dernier se donne tant de mal à garder une façade impassible. Le Chris, là, devant lui, n’a jamais oublié l’humiliation subie un an plus tôt, cet instant où tout a basculé pour lui. Et l’écrivain s'en délecte. Voir cette rancœur frémir sous la peau de son concurrent, c’est presque jouissif.

Elias laisse planer un silence, juste assez long pour appuyer sa position de domination. Chris, lui, ne bouge pas, comme figé dans un combat interne pour garder la maîtrise. Il le sait, pour l’avoir expérimenté souvent, combien cette colère rentrée peut être une arme redoutable ou un poison lent. Mais pour l’heure, cela l’indiffère. Son rival est là, à cracher ses reproches, à se perdre dans des élans de rage mal maîtrisés. Le cadet, lui, garde son calme, comme un prédateur prêt à attaquer au moment exact, sans un mouvement de trop.

Elias passe une main sur sa cicatrice sous l’arcade, un geste discret devenu un ancrage. Cette marque, vestige de son adolescence, lui rappelle : il a toujours été prêt à encaisser les coups pour affirmer sa place. Et ce soir, même avec ce rival amer face à lui, cette résilience reste intacte.

Chris a tout faux s’il croit le faire flancher. Il ne comprendra jamais la complexité de ce métier, de cet univers où il faut savoir manipuler, provoquer, voire écraser ceux en travers de notre route. Elias se tient là, le corps légèrement incliné en arrière, le regard froid, une expression presque désabusée sur le visage. Pour lui, la rivalité avec Chris est un moyen d’affirmer encore une fois son territoire, de lui rappeler : Elias ne se laisse jamais atteindre. Si Chris pense le rabaisser à des excuses, il se trompe lourdement.

« Si tu savais, Logan, » murmure-t-il finalement, son ton empreint d’un calme implacable, « j’ai jamais eu besoin de casser les couilles de personne pour me faire une place ici. C’est peut-être bien ce qui te rend dingue, non ? »

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(#)Jeu 7 Nov 2024 - 16:04

Way down we go

Novembre 2024 - @Elias Elvery
Sur la route - Sydney

Après avoir cherché à provoquer Elias avec des propos vulgaires, Chris vit l'autre journaliste le regarder avec une expression amusée qui se dessinait sur son visage, avant qu'il ne garde le silence. Est-ce que Chris avait réussit à le choquer ? Sûrement pas, cela l'étonnerait beaucoup, non il se doutait que son concurrent attendait le bon moment pour préparer son prochain esclandre à son attention. Qu'attendait-il ? Que Chris perde son calme et fasse un cirque au milieu de cette assemblée journalistique ? Il pouvait toujours attendre car cela n'arriverait jamais, il n'avait absolument aucune emprise sur lui. De toute manière Chris n'avait plus de famille, très peu d'amis, quelque part il n'avait que Had à qui il tenait suffisamment pour qu'il en vienne à perdre son calme. Donc à moins qu'il ne vienne le provoquer sur ce sujet, il n'y avait absolument aucune chance qu'il ne lui donne satisfaction. Puis, il le regarda passer l'une de ses mains sur son visage avant qu'il ne détourne le regard pour regarder à nouveau devant lui, rebuvant une gorgée de son verre comme s'il n'existait plus, se demandant juste quand il se déciderait à enfin le laisser tranquille. "Si tu savais, Logan" Il l'avait entendu murmurer à côté de lui, et si Chris restait attentif à ce qu'il pouvait dire, il ne tourna pas la tête pour autant. S'il savait quoi d'abord ? Ce qu'il lui voulait ? Justement ce n'était pas pour rien qu'il lui avait posé la question, quel était donc l'intérêt de le faire languir davantage alors ? "J’ai jamais eu besoin de casser les couilles de personne pour me faire une place ici. C’est peut-être bien ce qui te rend dingue, non ?" ajouta-t-il finalement à son attention, en essayant de le provoquer à son tour. Mais cela n'eut que l'effet de lui déclencher un léger rire avant qu'il ne se tourne à nouveau face à lui avec un large sourire sur le visage. "Sérieusement ? Tu n'as rien trouvé mieux que cela ? Tu crois vraiment que ça m'intéresse de savoir si tu as ta place ici ou pas ? Tu te trompes totalement sur moi Elvery... Je suis peut-être celui dans cette salle qui a le plus envi de foutre le camp d'ici alors que tu aies eu besoin de casser les couilles de quelqu'un ou pas pour te faire une place ici me passe royalement au-dessus de la tête. Tu aurais même dû me le dire plus tôt, je t'aurais cédé ma place avec grand plaisir..." Il secoua la tête avec nonchalance avant de reprendre son verre et de le finir d'un seul coup. "Sur ce, si tu n'as rien de mieux à me proposer, au plaisir de ne pas se revoir alors..." Chris s'apprêtait à faire demi-tour si Elias était incapable de lui proposer un sujet qui pourrait au moins provoquer en lui l'envie soit d'en savoir davantage soit de creuser un sujet car il n'avait clairement pas envie de parler de la pluie et du beau temps avec lui...
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(#)Mar 19 Nov 2024 - 11:32

Elias savoure chaque syllabe de sa propre réplique comme un gourmet face à un plat rare. La réaction de Chris, prévisible, sans surprise, attendue, dégage cette odeur familière de frustration mal contenue. Voir cet homme se démener, tout en essayant d'afficher une indifférence forcenée, c’est une scène parfaite pour le désamorcer encore davantage. Il observe son rival esquisser un sourire bravache, vider son verre comme s’il voulait s’en débarrasser, répondre sur un ton mi-agacé, mi-sarcastique.

« Sérieusement ? Tu n'as rien trouvé mieux que cela ? Tu crois vraiment que ça m'intéresse de savoir si tu as ta place ici ou pas ? Tu te trompes totalement sur moi Elvery... Je suis peut-être celui dans cette salle qui a le plus envi de foutre le camp d'ici alors que tu aies eu besoin de casser les couilles de quelqu'un ou pas pour te faire une place ici me passe royalement au-dessus de la tête. Tu aurais même dû me le dire plus tôt, je t'aurais cédé ma place avec grand plaisir... Sur ce, si tu n'as rien de mieux à me proposer, au plaisir de ne pas se revoir alors... » rétorque Chris. Ce dernier laisse percer une nervosité dans ses mots voulue masquée par l'ironie.

Elias sent sa propre mâchoire se crisper imperceptiblement, il continue à afficher son air désinvolte. Derrière ce masque, l’amusement commence à se muer en irritation. Chris est là, tente de retourner la situation, s’enferre dans des réponses fuyantes, des bravades insignifiantes, comme s’il cherchait désespérément à échapper à l’étau d’un échange pour lequel il n’est visiblement pas préparé. L’australien connaît cette technique : agiter une fausse désinvolture, feindre de ne pas être affecté, rester distant pour mieux s’en sortir. Un jeu d’enfant. En réalité, Chris se débat dans un silence piquant non comblé.

Elias aurait pu lui emboîter le pas, le laisser partir sans un mot, le laisser tranquille. Quelque chose le retient. Peut-être une pointe de sadisme déguisée en curiosité. Peut-être est-ce l’envie de le voir se débattre encore un peu, le plaisir de tester à quel point son rival peut encaisser sans craquer, l’envie de le retrancher dans ses limites. L’idée le fait sourire intérieurement. Chris semble en être convaincu : il a eu le dernier mot, prêt à partir, sans se retourner. Il affiche ce sourire condescendant. Ca lui va si mal. L’australien ne lui en laisse pas le luxe. Elias franchit calmement la distance entre eux, pose une main, nonchalante, ferme, directe, sur l'épaule de Chris.

"Dis donc, Logan," lance Elias d’une voix tranquille, presque intime.

Le ton de ses mots a changé, comme si Elias s’adressait désormais à un ami d’enfance. C’est un coup calculé, une façon de faire baisser la garde de Chris, de lui rappeler sa faculté à manipuler la scène à sa guise, d’y introduire les silences, les paroles là où il le veut.

Elias rapproche son visage, suffisamment pour que Chris sente son regard perçant sous l’éclairage tamisé du bar, sans perdre ce sourire mi-détaché, mi-énigmatique arboré.

"Tu crois sérieusement que je t’ai juste coincé ici pour le plaisir de parler de ta carrière ? Ou de la mienne, d’ailleurs ?"

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