Unfinished Business - ft Lincoln Reddington

Nova López a écrit:: Unfinished Business
Dans un monde où tout le monde m'impose des règles, je préfère tracer mon propre chemin, même si cela signifie s'éloigner des attentes.

Cela faisait déjà plusieurs semaines que Nova avait pris ce rendez-vous. Normalement, il aurait dû y aller avec sa mère, ce qui aurait été plus logique. Mais il n’avait aucune envie de se coltiner une vieille Espagnole, qui parlait mal anglais et avait des problèmes de mémoire. Ni la patience, ni l’envie. De la patience, il n’en avait jamais eu de toute façon. Plus il tenait sa mère à distance, mieux il se portait. Alors, il avait pris ce rendez-vous sans lui en parler, presque impulsivement.

Il devait donc se rendre chez Reddington & Associé.e.s pour son rendez-vous fixé à 17h.

Peut-être ressentait-il une pointe d'anxiété en s’apprêtant à prendre le volant. Il n’y pensait pas vraiment, mais il était tendu. Parler à nouveau de la mort de son père n’était pas chose aisée. Demander de l’aide ? Encore moins. Il espérait que cela ne s’éterniserait pas. Tout ce qu’il voulait, c’était se défaire de cette histoire, éviter davantage de problèmes judiciaires.

Et sans compter le coût de la consultation, qui allait être exorbitant, comme d’habitude. Nova avait, bien sûr, complètement oublié de demander un devis.

Pour couronner le tout, il devait être au travail à 20h. Il dormait surtout la journée, car il bossait une grande partie de la nuit. Il espérait donc, un peu vainement, ne pas être en retard.

Il avait jeté ce fichu papier reçu d’un procureur de Madrid : un maudit bout de papier qui indiquait que la police souhaitait l’interroger dans le cadre de l’enquête sur la mort de Juan et sur les dettes laissées par son cher papa. Conneries, songeait-il.

Tout ce qu’il voulait, c’était qu’on le laisse tranquille. Être libre, sans contraintes, sans devoir répondre de quoi que ce soit. Et surtout, rien qui touche à son père, avec qui il n’avait plus de contact depuis ses 11 ans.

López roulait vite, presque dangereusement, distrait par ses propres émotions. Il devait panser ses maux d’une manière ou d’une autre. Se détendre, penser à des choses plus agréables… des choses qui lui remontaient le moral. Il s’était promis de se rendre au cabinet sans rien, mais merde, il était trop à cran. Il y avait encore la moitié d’un vieux bédo dans le tableau de bord. Tant pis, il le prit entre ses lèvres et l’alluma. S’il sentait le cannabis, tant mieux ; au moins, ça calmait un peu son anxiété.

Il conduisait une vieille Chevrolet de 1971 qui ne passait pas inaperçue. Il alluma son enceinte Bluetooth, continuant d’aspirer et d’expirer l’épaisse fumée blanche de son pétard. La chanson Copacabana passa, et il se mit à chanter, faux mais à tue-tête, tout en roulant :

« Coooopacabanaaaa, ah ah ah ah, talking havana have a bananaaaaa. »

Il secouait la tête et bougeait le haut de son corps au rythme de la musique, n’étant plus qu’à trois minutes de son rendez-vous.

Enfin, il arriva. Le bâtiment était moderne, épuré, le genre d’endroit dans lequel Nova ne se sentait pas du tout dans son élément. Il écrasa son joint sur le tableau de bord sans ménagement, montrant bien son indifférence pour tout ce qui est matériel.

Il sortit, muni de son fichu papier, puis s’approcha de la porte d’entrée du bâtiment, qu’il poussa – cette fois – délicatement. Il vérifia l’odeur de son col : passable, il n’empestait pas le cannabis. Toutefois son odorat n'était pas le plus fiable.

Il s’installa sur l’un des sièges de la salle d’attente. Anxieux, il gesticulait, remuant nerveusement une jambe en vérifiant l’heure sur son téléphone.

Ah, Nova et la patience… Pas vraiment une grande histoire d’amour. Il détestait attendre. Mais pour cette fois, il devait se montrer un peu sérieux. Aucun intérêt à faire une scène. « La patience est mère de sûreté », comme dirait sa mère. Tsss, conneries, pensa-t-il encore, en regardant nerveusement la porte du bureau de l’avocat.

@Lincoln Reddington