the scars on my mind are on replay crédit gif - axolotlsdirectory raelyn blackwell & @maxwell eames

Mon partenaire de galère a à présent un prénom et, moi, dans les décombre de l’avion, j’ai réussi à mettre la main sur un glock que j’ai caché dans mon dos, coincé entre ma peau nue et la ceinture de mon pantalon. Pour éviter qu’il s’échappe, je l’ai resserrée d’un cran. Ce n’est qu’une fois certaine que l’objet le plus précieux de mon butin était dissimulé que je suis revenue vers Eames avec le reste : une paire de lunettes de soleil, un couteau suisse et… Deux talkies walkies. « Je te préviens, je garde les lunettes. » Un sourire provocateur sur les lèvres, je les chausse immédiatement sur mon nez. Paire vintage au look aviateur, elles me donneraient presque un air d’aventurière. « Je suis pas sûre que j’aurais envie de te retrouver si je te perds, mais tiens. » Je lance dans sa direction le second talkie walkie pour qu’il l’attrape au vol. « Tu sais comment ça fonctionne ? » Moi non, mais cela ne doit pas être bien compliqué, si ? « J’ai trouvé ça et un couteau. Ça peut être pratique, mais aucune nourriture et pas d’eau non plus. T’as eu plus de chance de ton côté ? » Pas que j’ai l’intention de m’attarder sur cette île, mais il se peut que nous n’ayons pas vraiment le choix. Au moins, le brun et moi nous sommes rapidement mis d’accord sur un point : nous n’avons pas l’intention de rester inactif. Rassembler de quoi partir en expédition était notre objectif et maintenant que nous sommes prêts, nous pouvons nous mettre en route vers la forêt.

« Bon, j’espère que y’a pas trop de trucs bizarres là-dedans. » Que je commente, debout devant l’orée des bois, droite comme un i à côté de Eames. « Honneur aux dames je suppose, hein ? » J’ai les chocottes, mais puisqu’il est hors de question que je le montre d’une façon ou d’une autre, j’ai bien l’intention d’y entrer la première, dans cette foutue forêt. Accrochée à mon couteau suisse, je fais enfin un premier pas en avant. Très vite, la végétation se densifie et, au bout de deux cent mètres, nous n’apercevons plus qu’à peine le soleil. « Putain il fait sombre. Comment on est censés se repérer ? » A peine ai-je le temps de prononcer ma phrase qu’un rugissement se fait entendre. Ça a l’air loin, mais ça a l’air énorme et terrifiant. « T’as entendu ce que j’ai entendu ? »

Il était en train de fouiller dans une valise ne contenant malheureusement rien d’important quand il entendit la voix de Raelyn s’élever vers lui - ils étaient passés aux présentations entre temps, lui étant redescendu clairement d’un cran en comprenant que c’était une illusion de son esprit suite aux drogues qu’ils avaient dû inhaler tout ce qu’il semblait être vrai. « Je te préviens, je garde les lunettes. » Il eut un petit sourire en coin. « Elles t’iront mieux qu’à moi. » Et puis ce n’était franchement pas la chose la plus importante, le style, en ce moment. « Je suis pas sûre que j’aurais envie de te retrouver si je te perds, mais tiens. » - « Tu crèveras en dix minutes sans moi, t’as plutôt intérêt à me retrouver ouais. » Il ne lui avait fallu qu’une demi-seconde à lui pour prendre l’ascendant sur elle et il n’était clairement pas l’élément le plus dangereux dans le coin. « Tu sais comment ça fonctionne ? » - « Ouais attends regarde. » Il attrapa les deux appareils, les alluma et montra le bouton sur le côté de l’un. « Tu restes appuyé dessus quand tu parle, ça envoie le message à l’autre appareil, et tu relâches quand t’as fini de parler. Et l’autre peut faire pareil. »

« J’ai trouvé ça et un couteau. Ça peut être pratique, mais aucune nourriture et pas d’eau non plus. T’as eu plus de chance de ton côté ? » Dans la foulée, il lui récupéra le couteau des mains. « Merci. » Qu’il glissa dans sa poche avec le talkie-walkie. « Et nan, j’ai eu que des fringues dans les valises que j’ai ouvert. » Peut-être le butin d’un ou deux portefeuilles aussi, mais cela n’allait pas les sauver ici. « On va devoir trouver le reste ailleurs. Ca fait chier. » Parce-que cela voulait dire s’aventurer dans la forêt et le reste de l’île là où, il n’était pas idiot, ce n’était pas sécuritaire.

Les mains posées sur les hanches, il serrait les mâchoires en regardant la forêt devant eux. « Bon, j’espère que y’a pas trop de trucs bizarres là-dedans. » Oh, il était sur que c’était le cas pourtant; rien que de se tenir là, il ressentait quelque-chose de mauvais. « Honneur aux dames je suppose, hein ? » Avec un sourire forcé, il fit un mouvement de la main pour lui indiquer qu’elle pouvait y aller effectivement. Si elle voulait jouer les gros bras, qu’elle se fasse plaisir. Ce qui permit à Eames, lorsqu’elle lui passa devant, de remarquer la forme bombée dans le bas de son dos; oh, le sourire qu’il étira était on ne pouvait davantage amusé - il l’effaça aussi rapidement qu’il fut arrivé. « T’as qu’à crier si t’as peur. Je viendrai te secourir. » Comme le prince charmant qu’il n’était pas. Un pas devant l’autre, cependant même lui commençait à moins faire le malin. « Putain il fait sombre. Comment on est censés se repérer ? » - « Qu’est-ce j’en sais moi putain. » Comme s’il allait avoir une carte imprimée dans son dos.

De toute manière, ce n’était pas le problème principal présentement: un rugissement se dit entendre. Merde. « T’as entendu ce que j’ai entendu ? » - « J’ai entendu ouais. » Les sourcils froncés, il passa devant elle en quelques enjambées; pas tant pour la protéger du danger mais pour être le premier à mettre le regard surtout sur tout ce qui les entourait et surtout sur la provenance de ce bruit. « Tu disais pas vouloir des trucs bizarres hein ? Je crois que c’est mort là. »

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« Tu crèveras en dix minutes sans moi, t’as plutôt intérêt à me retrouver ouais. » - « Il te faudrait les gros bras qui vont avec la grosse tête pour être crédible en disant ça. » Et le jeune homme a presque l’air aussi malingre que moi. Je n’ai posé aucune question à ce sujet, pas plus que je ne lui ai demandé pour qui il m’a prise tout à l’heure lorsqu’il a tenté de m’étrangler, mais je suis observatrice. Deux gamins qui crevaient déjà la dalle avant d'atterrir ici, voilà ce que nous sommes et voilà sur quel genre de personne nous pouvons nous reposer pour survivre sur cette île de malheur. Nous n’allons pas aller bien loin, j’en ai peur. « Ouais attends regarde. Tu restes appuyé dessus quand tu parles, ça envoie le message à l’autre appareil, et tu relâches quand t’as fini de parler. Et l’autre peut faire pareil. » - « Ok, j’ai compris. » Je teste la manipulation, et l’appareil accroché à la ceinture de Maxwell me renvoie l’écho de ma voix. « Au moins ils ont des piles et l’eau les a pas flingués. » C’est déjà ça de pris. A mon sens, ma trouvaille la plus précieuse reste celle accrochée à ma ceinture et dissimulée sous mon t-shirt. Le flingue est aussi la raison pour laquelle je n’ai pas bronché lorsque le brun s’est emparé du couteau comme s’il était logique qu’il lui revienne plutôt qu’à moi. Qu’il fasse mumuse avec son canif, moi j’ai de quoi me défendre en cas de besoin. « Merci. Et nan, j’ai eu que des fringues dans les valises que j’ai ouvert. On va devoir trouver le reste ailleurs. Ça fait chier. » - « J’ai pas l’intention de dresser le camp de toute façon. Raison de plus pour partir tout de suite. » Prendre racine sur la plage serait tentant si nous n’avions pas les couilles de nous aventurer dans la jungle. Mais j’ai appris à me sauver moi-même plutôt que d’attendre que quelqu’un vienne m’aider. Question d’habitude.

« T’as qu’à crier si t’as peur. Je viendrai te secourir. » - « Ouais, t’es effrayant avec ton couteau suisse. » Je le raille, un sourire sur les lèvres. Un sourire qui disparaît malheureusement bien vite au bout de quelques mètre parcourus dans la jungle, d’abord parce que la végétation s’épaissit et nous rend aveugle, ensuite parce qu’un rugissement effrayant retentit. « J’ai entendu ouais. » Merde, j’aurais préféré qu’il s’agisse de l’effet de mon imagination ou d’un effet secondaire de la drogue qui disparaît progressivement de mon organisme. « Tu disais pas vouloir des trucs bizarres hein ? Je crois que c’est mort là. » - « Pour qu’on l’entende comme ça, ça doit être une bête énorme. » J’ai l’impression que toute la forêt a rugi avec l’animal, comme s’il se cachait derrière chaque arbre et chaque pierre de cet endroit de malheur. « On garde les yeux ouverts. Et si ce truc se montre, on court. » Ce sera chacun pour sa peau si nous devons en venir à ce point-là. « Faut qu’on continue à avancer dans la même direction, on trouvera bien le bout de l’île de cette façon. » Et nous aurons ainsi une meilleure idée de ce à quoi nous avons à faire. « Si on a été drogués, on est pas là par hasard. »

« Il te faudrait les gros bras qui vont avec la grosse tête pour être crédible en disant ça. » Lui délirant son plus beau majeur avec un sourire bien sur exagéré, Eames finit par secouer quelque peu sa tête: elle pouvait parler, elle n’était pas mieux dans cette catégorie là. Si elle se faisait attaquer, elle succomberait à cette dernière en un claquement de doigts.

Peut-être n’avait-il pas la force nécessaire pour se battre contre des colosses, mais en revanche lui avait déjà vu des talkie-walkie et pouvait se vanter de avoir comment ces derniers fonctionnaient; il donna les indications nécessaires à Raelyn pour qu’elle puisse rattraper la longueur d’avance qu’il avait sur la question. « Ok, j’ai compris. » Au moins, elle avait les neurones qui semblaient se connecter rapidement: ce n’était pas négligeable. « Au moins ils ont des piles et l’eau les a pas flingués. » - « Ouais. » C’était même un miracle, honnêtement.

« J’ai pas l’intention de dresser le camp de toute façon. Raison de plus pour partir tout de suite. » - « Alors on se bouge. » Ce qu’ils firent rapidement.

« Ouais, t’es effrayant avec ton couteau suisse. » Il eut un petit rire amusé. « Tu riras moins si je te sauve la peau à un moment avec ce couteau ridicule. » Au moins, il avait une arme en mains: ce n’était pas négligeable.

Dans la forêt, les choses n’étaient pas plus rassurantes que ce qu’ils avaient pu voir sur la plage  ou du moins tout ce que les choses autour d’eux pouvaient laisser supposer. Ils savaient que les choses n’étaient pas roses et qu’il y avait eu des manigances contre eux - ou au moins contre l’avion dans lequel ils se trouvaient tous -, puisque le crash n’aurait jamais du avoir lieux dans un premier temps. Mais à l’ombre des arbres maintenant, ils devaient en plus se méfier de la population locale qui rugissait dans l’ombre. « Pour qu’on l’entende comme ça, ça doit être une bête énorme. » Avançant à pas prudents, le regard aux aguets et le couteau en avant, Eames avait un mauvais présentement. « On garde les yeux ouverts. Et si ce truc se montre, on court. » Il eut un petit rire qu’il ne sut retenir. « Plus question de se donner un coup de main alors, hein ? » Elle ne jouerait pas à tous les coups la demoiselle en détresse, donc. « Faut qu’on continue à avancer dans la même direction, on trouvera bien le bout de l’île de cette façon. »

« Si on a été drogués, on est pas là par hasard. » - « On sait tous les deux qu'on a été drogués, non ? » Qu’elle ne se fiche pas de lui.

Il n’eut cependant pas le temps d’ajouter une remarque de plus que son regard s’ancrant au loin sur une silhouette: celle d’une bête qui se voulait plus grande qu’eux même à distance. Levant son bras à hauteur de la jeun femme pour l’arrêter dans son élan alors que ses propres pas s’arrêtaient, Eames indiqua du menton ce qu’il venait de voir.

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Tout semble trop miraculeux, entre notre absence de blessure malgré un soi-disant crash aérien, des objets bien pratiques disséminés ici et là et en parfait état de fonctionnement alors qu’ils ne devraient pas l’être… Si je n’avais pas déjà établi que nous avons été drogué, j’aurais senti maintenant que quelque chose cloche. Tout cela ne me dit rien qui vaille, et je me demande dans quel piège, quel jeu sadique nous sommes tombés. J’étais persuadée que ce genre de chose n'existait que dans les films. Et dire qu’avant de partir, j’ai dépensé sans compter - j’ai vité été rattrapée par mon manque de moyens, cela dit - pour remplir ma valise de jolis maillots de bain et vêtement digne d’un séjour sur une île paradisiaque. J’aurais mieux fait d’empaqueter plus de munitions pour l’arme à feu que j’ai trouvée.

« Alors on se bouge. » Je m’exécute, dégageant tant bien que mal un chemin dans la forêt épaisse, sans manquer de baragouiner dans ma barbe un « Y a quoi là-dedans ? King Kong ? » Supposé détendre l’atmosphère, supposé surtout me rassurer. Mais même ce trait d’humour n’empêche pas mon cœur de battre un peu plus vite. Je tente de ne pas le montrer à Eames, mais je suis terrifiée, malgré ma grande gueule et mon esprit rêche. « Tu riras moins si je te sauve la peau à un moment avec ce couteau ridicule. » - « Pour l’instant, tout ce que je vois, c’est que c’est notre meilleure arme et que tu la manies comme un enfant qui a trouvé le flingue de son père. » Je raille le brun parce que c’est dans ma nature, parce qu’il est hors de question de lui montrer que, étonnement, je l’apprécie plus que je ne l’aurais cru. Il faut un compagnon de misère plutôt décent, tout compte fait.

« Plus question de se donner un coup de main alors, hein ? » - « Fais pas ta pleureuse. » Je lève les yeux au ciel, jetant un rapide coup d'œil derrière moi et dans sa direction avant d’ajouter. « J’ai pas dit on court chacun dans une direction et que le plus rapide ou le moins malchanceux survive. J’ai juste dit on court. » Je n’ai pas parlé de l’abandonner à son triste sort. Toutefois, je ne suis pas naïve : je sais très bien que s’il est à un moment question de vie ou de mort, il ne réfléchira pas à deux fois avant de sauver la sienne et de me condamner ; j’ai l’intention de faire exactement la même chose. Mais tant que nous pouvons nous serrer les coudes, nous nous serrerons les coudes. Nous avons plus de chance de survie à deux que chacun de son côté. « On sait tous les deux qu'on a été drogués, non ? » - « Je mens pas comme je respire tu sais. » De façon générale, cette déclaration est un tantinet erronée. Mais là, en l'occurrence, je dis la vérité. « On a tous les deux été drogués. Sauf que je suis pas une fio-  » Fiotte comme toi, voilà ce que j’allais ajouter quand, quelques mètres devant nous apparaît une créature tout sauf sympathique, et une création qui était supposée être éteinte. Instinctivement, je recule de quelques pas et mon dos rencontre le torse de Maxwell. « Putain. » C’est impossible. « Putain. » Le dinosaure - dinosaure ?! - tourne son immense tête dans notre direction. « Putain. » Je suis incapable de dire autre chose. Sauf quand la bête rugit, avant de se mettre à courir vers nous. « On court ! » Sans demander mon reste, je détale, rebroussant chemin.

« Y a quoi là-dedans ? King Kong ? » Il ne releva même pas la remarque tant elle était déplacée et seulement là pour donner de la contenance à son discours à elle; il n’avait pas besoin de tout ça de son côté.

« Pour l’instant, tout ce que je vois, c’est que c’est notre meilleure arme et que tu la manies comme un enfant qui a trouvé le flingue de son père. » S’arrêtant un instant dans son avancée, il attrapa le bras de la blonde pour la tirer vers lui et lui planter son regard dans le sien - à défaut de la planter réellement avec le couteau qu’il avait dans les mains et qu’elle considérait elle aussi comme ridicule, n’ayant même pas pris le temps de le lui reprendre des mains quelques secondes plus tôt. « Je te jure que tu vas pas faire long feu et ce sera peut-être ma faute si tu continues comme ça. » Il lâcha sa prise sans ménager son geste pour repartir de plus belle: ils n’avaient pas le temps de s’attarder sur ce genre de choses, ils avaient une survie à prendre au sérieux bon Dieu.

« Fais pas ta pleureuse. » - « Et toi fais pas ta fillette là et avance. » - « J’ai pas dit on court chacun dans une direction et que le plus rapide ou le moins malchanceux survive. J’ai juste dit on court. » - « C’est la même chose te fous pas de ma gueule. »

« Je mens pas comme je respire tu sais. » Il tourna quelque peu son visage vers elle. « J’en sais rien, je te connais pas je te rappelle. » Ils s’étaient rencontrés quelques dizaines de minutes plus tôt sur la plage, il n’avait aucune idée de ce qu’elle pouvait faire ou non. « On a tous les deux été drogués. Sauf que je suis pas une fio- » Elle n’aurait pas le temps de terminer sa phrase, un bruit suspect se faisait entendre et une forme se mettant dans leur champ de vision. Si c’était presque amusant jusqu’alors, ce n’était plus du tout le cas: les vraies choses commençaient ici. Les pas de Raelyn la firent rentrer dans Eames, qui l’attrapa cette fois-ci avec un geste presque doux par les épaules pour qu’elle ne recule pas davantage - il était sur sa trajectoire. « Putain. » Ouais, putain: ils avaient devant eux quelque-chose qu’il n’auraient jamais du voir de leurs yeux, seulement dans un musée et encore. Même lui ne faisait plus tant le malin. « Putain. Putain. » - « Putain. » Ouais.

« Putain. » La bête se mit à rugir. « On court ! » Il n’aurait de toute manière pas attendu son signal: Maxwell avait déjà commencé à reculer avant même que la bête ne leur fasse sentir de loin son haleine, et lorsqu’il prit ses jambes à son cou il ne jeta pas un regard en arrière pour savoir si l’autre suivait: c’était acté qu’ils prendraient chacun leur survie entre leurs mains, et le reste serait à voir plus tard.