Ironiquement, non est la première chose qu’elle ait dite quand Safia lui a proposé de l’accompagner. Même si « proposer » est peut-être un excès de langage quand la formule exacte n’était pas « veux-tu venir » mais plutôt « tu viens » mais, de prime, l’impératif n’a pas réellement eu l’effet escompté. Yasmin a haussé les épaules avec dédain, effectué une grimace blasée qui semblait vouloir dire rêve toujours mais, déformation professionnelle oblige, elle a bien été contrainte de céder quand son amie lui a fait remarquer qu’il pourrait lui arriver malheur durant cette soirée, et qu’il serait donc plus judicieux que la lieutenant l’accompagne afin de garder un oeil sur elle. Ce n’est pas un oeil qu’il faut garder sur la danseuse mais bien une dizaine ; Safia n’est pas irresponsable (encore que) mais elle a tendance à boire à outrance et à devenir totalement ingérable quand elle est sous l’influence de l’alcool, c’est pourquoi, en marchant vers le lieu indiqué par les panneaux, Yasmin lui rappelle les consignes en lui crochetant le bras pour attirer son attention volubile : ’’Pas plus de trois verres, tu gardes ton gobelet avec toi, toujours, et tu ne pars pas avec le premier venu dans un coin sombre, compris ?’’ pour obtenir confirmation que le message est bien passé, elle abaisse légèrement le menton, interrompt ses pas et tourne son regard vers Safia pour tenter de capter le sien mais son attitude presque maternelle ne récolte rien d’autre qu’un ‘’Oh, détends-toi un peu ! On va s’amuser !’’ n’ayant écouté aucun mot des paroles prononcées par Yasmin, Safia sautille sur place en frappant dans ses mains, les plumes de sa robe blanche et courte voletant sur ses cuisses nues, une tenue semblable en tous points à celle portée par Yasmin - si ce n’est la couleur, puisque celle de la lieutenant est noire. ’’Tu m’énerves…’’ elle le grommelle en la suivant malgré tout, traînant le pas derrière son amie qui, incapable de se mesurer sous l’excitation produite par l’euphorie des fêtards endiablés, pousse un cri furibond en arrivant sur les lieux — heureusement que la musique vibrante étouffe un peu son exclamation exaltée, et que peu de personnes se retournent sur cette entrée.

Dans son dos, Yasmin roule des yeux d’un air agacé en se faufilant sur le côté pour ne pas être associée à la blonde extatique, un peu mal-à-l’aise dans cette ambiance festive qu’elle n’a plus tellement l’habitude de côtoyer depuis la naissance de sa fille. Elles sont loin, ces soirées endiablées où on délaisse les convenances et les bonnes mesures pour s’amuser dans une vision très bordélique du mot, et la mère célibataire fait résonner le bruit de ses cuissardes noires contre le sol en prenant une coupe entre ses mains gantées, dont le faux-cuir est recouvert d’un faux sang qui a également été éclaboussé sur son décolleté. Apportant son verre à ses lèvres maquillées de rouge, elle caresse l’assemblée d’un regard attentif en glissant sa main libre jusqu’à son serre-tête qui soutient deux petites cornes de démons, même si elle hésite à le retirer tant elle se sent ridicule ainsi accoutrée mais, elle n’a pas vraiment le temps d’effectuer ce simple geste puisqu Safia, toute rieuse et souriante, vient la chercher pour l’attirer sur la piste de danse, en l’obligeant à abandonner sa boisson après une seule gorgée seulement ’’Je te regarde de loin !’’ qu’elle promet en espérant que Safia relâche son emprise autour de son poignet mais, pugnace, la blonde ne lui laisse pas le choix. Une fois sur la piste de danse, Yasmin ne coopère pas vraiment mais se dérobe volontiers quand son amie se retrouve dans les bras d’un homme déguisé en momie et, se retournant un peu trop vite, elle se retrouve à écraser les pieds de quelqu’un dans sa fuite. ’’Oh pardon !’’ merde, elle doit pas l’entendre avec la musique ’’PARDON’’ elle ne reconnaît pas Helen, pas tout de suite du moins, puisque sa première idée est de débarrasser le plancher avant que Safia se lasse de sa cible. ’’Je ne vous ai pas fait mal ?’’

crédits/gifsbymel

something wicked this way comes

@Yasmin Hikmet  - 31 octobre 2024 - usine désaffectée, bal d'halloween
¤¤¤
crédits gifs (tumblr) / code (boté du sud )

« Bien sûr que si, elle va être trop décolletée ta robe ! ... elle date de tes années collège ou quoi ? Elle est toute serrée ! » Les essayages de dernière minute, ce n'était jamais une bonne idée. Surtout quand la soirée en question était le jour-même, et qu'il fallait s'y rendre d'ici deux heures, si les deux jeunes femmes voulaient en profiter un minimum. Pénélope avait insisté pour se rendre au bal d'halloween au tout dernier moment, réussissant à trouver une solution pour garder les jumeaux ce soir. Résultat, elle entraînait la chirurgienne dans son dressing pour trouver de quoi lui concocter un déguisement digne de ce nom. Ni une ni deux, Pen' lui avait tendu une robe blanche un peu trop courte, trop près du corps et décolletée à son goût. Aux yeux d'Helen, rien n'allait. Mais son amie lui certifiait le contraire, alors la brune finit par se laisser convaincre. Allez savoir pourquoi, la psychologue lui avait également dégoter un serre-tête auréole à plumes blanches, et des ailes d'ange à enfiler tel un harnais, mais qui se camouflait parfaitement avec les bretelles de sa robe. En se regardant dans le miroir, la chirurgienne hallucinait de son côté très dévergondé, mais une petite voix dans sa tête lui soufflait qu'elle se trouvait sexy, ce qui n'avait pas été le cas depuis un petit moment maintenant. Alors Helen se prêtait au jeu, se sentant bien dans ses baskets. Mais, un détail la préoccupait : et si elle croisait quelqu'un qu'elle connaissait ? Arriverait-elle à assumer ce côté déguisement sexy ? « T'as pas une perruque pour qu'on me reconnaisse moins ? » Visiblement, elle considérait que non. Et dans la seconde qui suivit, Pénélope lui tendait une perruque blonde. « Pourquoi tu as tout ça dans ton dressing ? Vous vous imaginez des scénarios avec Anthony ou quoi ? » Petite boutade, mais la présence de tous ces éléments était malgré tout légitimement questionnable, non ?

Le trajet vers la zone industrielle désaffectée se fit dans la bonne humeur, et en taxi, parce que les deux femmes prévoyaient d'utiliser l'alcool pour désinhiber un peu leurs sens. Honnêtement, Helen participait à la fête pour se libérer de toute la tension des derniers temps. Pas pour rencontrer qui que ce soit, pas pour se faire remarquer : juste pour kiffer. Et elle croisait très fort les doigts pour ne croiser personne de son entourage. C'était quand même très peu probable puisque l'événement avait fait du bruit ces dernières semaines. Rien qu'au travail, elle avait du endurer les messes basses de ses internes à propos de la tenue qu'ils envisageaient de porter. Alors, la perruque ne serait pas de trop, vraiment. Sur les lieux, la foule était si dense qu'Helen ne prenait même pas la peine de s'attarder sur les visages : elle espérait donc que les autres en fassent de même. L'intensité de la musique ne prêtait que très peu à l'envie de se chercher les uns les autres, la plupart des personnes déjà présentes semblaient d'ailleurs dans leur petit monde, à danser sur place, leur verre à la main. Si Pénélope se sentait prête pour aller danser aussitôt, c'était moins le cas de la chirurgienne qui trouva d'abord le chemin vers le bar, pour descendre quelques centilitres d'alcool avant. Est-ce que ses dernières déceptions amicales et amoureuses impactaient aujourd'hui sa confiance en elle ? Peut-être bien. En tout cas, peut-être plus que ce qu'elle ne voulait se l'avouer. Helen ressentait le besoin d'être aidé par quelques verres, elle se l'octroyait sans rechigner. Au bout du quatrième, elle remarqua Pénélope qui lui faisait de grands gestes pour qu'elle l'accompagne sur la piste, avant de se retourner et de disparaître à cause du mouvement de foule. Prête à la rejoindre, Helen eut bien du mal à se hisser parmi les nombreux danseurs sans se faire bousculer. D'ailleurs, au bout d'à peine quelques mètres, on lui marchait même sur les pieds chaussés d'escarpins blancs ouverts, laissant apparaître ses orteils soigneusement vernis de rouge. « oh pardon ! PARDON. » Helen fut partagée entre l'envie de râler et de laisser couler, puisque son objectif restait le même : kiffer l'instant présent. Mais la jeune femme vêtue de noir reprenait déjà la parole, l'empêchant de poursuivre sa route aussitôt : « Je ne vous ai pas fait mal ?» La chirurgienne ne regardait même pas la responsable, mais plutôt son gros orteil un peu douloureux, pendant qu'elle regrettait déjà amèrement de ne pas avoir mis une bonne paire de converse. Néanmoins, lorsqu'elle releva ses yeux sombres vers la jeune femme, Helen s'adoucit aussitôt, puisqu'elle reconnut facilement la policière Yasmin, avec qui elle avait partagé un thé à l'hôpital, le mois dernier. Malgré l'absence d'insigne et de vêtements plus sérieux, Helen était persuadée qu'il s'agissait d'elle. « Non, pas du tout, Yasmin. » Répondit-elle, en haussant la voix pour se faire entendre dans tout ce brouhaha. Elle se penchait alors vers elle, ses prunelles prenant alors le temps de détailler sa robe noire elle aussi plutôt sexy, ainsi que son décolleté à hauteur d'yeux. A vrai dire, c'était bien la première fois qu'Helen se sentit happer par l'envie de deviner les parcelles de peau qui se cachaient derrière le tissu à demi transparent d'un vêtement à ce niveau-là du corps d'une femme. Les circonstances, peut-être, et l'alcool. Chose indéniable en tout cas, la robe de Yasmin lui allait à ravir. Par contre, l'idée que la policière ne la reconnaisse pas ne lui traversait absolument pas l'esprit, et elle poursuivit, d'une voix plutôt familière : « Très mignonnes, vos petites cornes de démon... ça vous change de la dernière fois. » Mais elle continuait d'être très belle, et de paraître toujours aussi jeune. Quelle injustice.

Elle a écrasé le pied de quelqu’un — c’est le constat qu’elle fait en tordant sa bouche dans une petite grimace désolée, même si elle se rend rapidement compte que sa victime ne daigne pas lever le nez vers elle, le menton incliné vers son pied agressé qui attire bien vite les billes sombres de Yasmin, même si l’obscurité ne rend pas la tâche très facile ; heureusement que la demoiselle porte des chaussures blanches qui attire aussi bien l’oeil que les lumières ’’Est-ce que tout va bien ?’’ elle vérifie par acquis de conscience et, heureusement, l’orteil écrasé est toujours là ; un peu rouge, certes, mais toujours présent. C’est du vernis, pas du sang, hein ? Après examination, c’est bel et bien du vernis. Pas de quoi verser des larmes, donc, mais elle attend quand même que la (fausse) blonde relève son visage vers elle pour lui sourire d’un air contrit. C’est un joli minois qui se dévoile alors au milieu de la foule mais, comme Yasmin a spécifiquement notifié à Safia qu’elles n’étaient pas ici pour emballer mais seulement pour se détendre, elle abandonne toute idée de l’alpaguer dans un quelconque jeu de séduction. Il faut suivre les règles, surtout quand on les ordonne soi-même.

« Non, pas du tout, Yasmin. » entendre son prénom lui fait incliner le menton sur le côté tandis qu’elle plisse légèrement ses paupières, ses yeux traversant le beau visage de la blondinette comme si elle cherchait les lettres de son prénom entre son front et sa bouche, délicieusement charnue. La perruque ne l’aide pas mais, après une petite analyse de ses traits, le souvenir de son identité remonte à la surface par un ’’Helen ?’’ qui éclot sur sa bouche comme une fleur de ravissement, puisque la chirurgienne était bien la dernière personne qu’elle s’attendait à croiser ici. C’est une bonne surprise, une merveille même si elle se fie à la façon dont la belle détaille attentivement sa robe en jeu de transparence, s’attardant même sur… sa poitrine ? Yasmin hausse ses sourcils, baisse ses longs cils noirs sur son propre décolleté avant de les remonter vers la chirurgienne, ne se privant pas, au passage, de zieuter sur le col fendu de sa robe blanche, qui met divinement son corps en valeur. Elle n’est pas surprise de la trouver attirante mais, elle est étonnée d’être ainsi dévisager — mais peut-être se fait-elle des films ? Ce n’est peut-être rien d’autre qu’un intérêt tout à fait chaste pour sa robe. Oui, c’est sûrement rien de plus. « Très mignonnes, vos petites cornes de démon... ça vous change de la dernière fois. » machinalement, elle remonte ses mains gantées jusqu’à la pointe de ses cornes en coinçant la pointe de sa langue entre ses dents de devant, avant de sourire avec amusement. ’’Si les anges vous ressemblent vraiment, je veux bien me convertir.’’ qu’elle balance d’une voix malicieuse en plantant son regard dans le sien, ayant besoin de se rappeler qu’elle ne doit pas flirter. Difficile de s’en souvenir avec une femme comme Helen devant les yeux. ’’Je vais filer avant que mon amie me retrouve…’’ et l’oblige à rester sur la piste de danse, c’est ce qu’elle ne dit pas mais, jetant un regard en arrière, elle s’empresse de se faufiler à travers quelques corps dansant pour filer en direction d’une personne qui tient un plateau, avant de récupérer un verre dont elle ne sait guère ce qu’il contient ; qu’importe, elle avale le contenue en espérant que ça dissipe ses pensées. Il fait chaud ici, tout à coup, non ?

(624 mots)

crédits/gifsbymel

something wicked this way comes

@Yasmin Hikmet  - 31 octobre 2024 - usine désaffectée, bal d'halloween
¤¤¤
870 mots
crédits gifs (tumblr) / code (boté du sud )

Évidemment que tout allait bien pour ses pieds, ils se remettraient de ce mauvais moment. La douleur n'était déjà plus qu'un lointain souvenir lorsque la chirurgienne reconnut les traits de la policière, du nom de Yasmin, rencontrée le mois dernier. Depuis qu'elles s'étaient quittées, Helen n'avait pas nécessairement eu d'occasion pour laisser son esprit repenser à elle, et à ce moment agréable passé en sa compagnie à la cafétéria, qui avait grandement contribué à l'apaiser. Outre les jours suivants en se rendant dans la chambre de la femme victime des violences de son mari, le quotidien d'Helen avait repris son cours, et avait chassé la policière de ses pensées. Néanmoins, la croiser ici lui fit extrêmement plaisir, et la brune ne put se retenir de détailler le déguisement qu'elle portait pour la soirée. Chaque personne dans l'usine avait fait l'effort de se déguiser, mais seul celui de la policière attirait autant son attention, pour être honnête. Le regard déjà embué de la jeune femme s'attardait sur sa robe qui mettait délicieusement ses courbes en valeur, et son décolleté empêchait à son regard de s'en détourner, l'espace de quelques instants. Le vêtement transparent avait un côté très sexy, il fallait l'admettre. Et ce genre de pensées perturba assez rapidement la chirurgienne, qui mettait déjà ça sur le compte des premiers verres ingurgités tout à l'heure. Par chance, le lieutenant la reconnut à son tour, ce qui l'aida à se détacher de l'aura que dégageait son costume et des sensations étranges qui réchauffaient l'intérieur de son ventre. L'alcool, disait-elle. Rien que l'alcool. La chirurgienne se permit alors de faire une remarque sur ses cornes noires, qui lui donnait un côté diabolique très mignon. Le noir qu'elle portait mettait extrêmement bien en valeur sa peau hâlée, son costume était vraiment très réussi. « Si les anges vous ressemblent vraiment, je veux bien me convertir. » Un rire à peine audible s'échappa des lèvres de la chirurgienne, qui sentit presque ses joues rougir face au compliment masqué de la policière. Tout avait une certaine importance, tout à coup, de la bouche de Yasmin, alors qu'elle la complimente sur son apparence, ça lui faisait un petit quelque chose. Mais elle n'eut pas le temps de rétorquer, que la jeune femme reprenait la parole, prête à s'éclipser : « Je vais filer avant que mon amie me retrouve… » Le regard de la chirurgienne suivit la direction vers laquelle Yasmin s'était tournée, alors qu'elle n'était même pas capable de dire à quoi ressemblait cette fameuse amie. Au moment où elle cherche à reporter son attention sur la policière, cette dernière s'était déjà échappée vers l'extérieur de la foule en train de danser. S'offrit alors à Helen un sacré dilemme : rejoindre Pénélope, qui était désormais hors de vue, certainement en train de profiter à fond de cette première grosse soirée depuis son accouchement, ou suivre Yasmin, pour qui son esprit semblait trouver un tout nouvel intérêt, bien différent de celui de la première fois. Incapable de mettre des mots sur ce qui traficotait sa tête, son corps écouta ce dernier et elle fit à son tour volte-face pour quitter la piste de danse, dans le but de suivre Yasmin. Sauf qu'elle aussi, Helen ne la retrouva pas aussitôt, à cause de tout ce monde autour d'eux. Plissant les yeux, la chirurgienne sonda les environs et faisait doucement pivoter sa tête, pour chercher dans un rayon de quelques mètres la présence de la brune. Finalement, au bout de quelques secondes, elle était là, en train de boire un verre. Helen se demande l'espace d'un instant si Yasmin n'avait pas finalement souhaité l'éviter, en s'éclipsant de la sorte... elle lui avait semblé contente de la croiser, alors la chirurgienne osa revenir à ses côtés, en espérant sincèrement ne pas passer pour la lourdingue de service qui insiste pour lui parler. Parce que ce n'était que cela, au fond, qu'un désir d'échanger avec elle, rien de plus. « Ce n'est pas votre truc, de danser ? » Helen cherchait, par le biais de cette question, d'être confortée dans l'idée que ce n'était pas elle, qu'elle évitait, mais la piste de danse. « Il faut dire qu'avec cette odeur de transpiration, le bar est beaucoup plus attrayant. » Affirma-t-elle, en se servant un nouveau verre posé sur un plateau, sans vraiment se soucier de ce qu'il contient. Au pire, Helen était aux côtés de la policière, rien ne pouvait lui arriver, non ? « Je ne sais même pas ce que je viens de boire... » Souffla-t-elle, avant de poursuivre : « J'espère que personne ne drogue nos verres, sinon je suis la cible parfaite. » Elle se donnait l'air un peu stupide, en fait, d'avoir bu quelque chose sans s'interroger sur ce qu'elle s'apprêtait à boire, et l'idée lui déplaisait, alors elle usa de la malice et de la taquinerie, puisque généralement, ça marchait très bien auprès de son meilleur ami, pourquoi pas ici, hein ? « Vous me feriez bien une petite place aux enfers pour cette grave erreur ? Je serai ravie de recevoir ce châtiment, si c'est vous qui m'y ouvrez les portes. » A nouveau cette chaleur dans le ventre. L'alcool, toujours, n'est-ce pas ?

Elle a rechigné à se prêter au jeu de cette soirée déguisée mais, devant la silhouette angélique de la chirurgienne, Yasmin se murmure l’idée qu’elle a eu raison de céder face aux marchandages presque puérils de Safia — Safia, où est-elle d’ailleurs, celle-là ? La policière est venue précisément pour garder un oeil sur son amie volubile mais, force est d’admettre que c’est surtout sur Helen qu’elle lorgne, maintenant. Helen et sa robe échancrée qui découpe divinement bien sa poitrine généreuse, Helen et ses épaules menues, ses jambes interminables, la chute de son cou qui dévoile sa gorge parfumée, ses lèvres charnues à peine maquillées, les traits parfaitement délicats de son visage tout bonnement parfait… Véritablement, Safia est bien loin de ses préoccupations en cet instant. Elle devrait peut-être pivoter sur ses jambes pour voir que son amie est présentement en train de danser avec un homme mais, elle n’a même pas l’idée de la chercher dans la foule tant elle est obnubilée par le charme que dégage la fausse blonde — d’ailleurs, elle la préfère largement en brune. Brune ou blonde, en tous cas, elle revient rapidement sur la terre ferme pour se rendre compte qu’elle est une cible trop facile pour Safia et, décidant de s’éclipser, elle le fait avec toute l’urgence que la situation requière ; faudrait pas qu’on puisse le happer dans une nouvelle danse !

Trouvant refuge près du bar, elle se rapproche d’un homme déguisé qui tient un plateau garni de cocktails colorés, dont elle emprunte une coupe en se félicitant d’avoir pu semer la Tornade-Safia. Elle reste encore un peu troublée par sa rencontre avec Helen, surtout qu’elle a cru voir les yeux de la chirurgienne se balader sur son propre décolletée mais… Elle l’a sûrement rêvé. La seule conversation qu’elles ont eu n’a pas laissé sous-entendre que Helen était également attirée par les femmes, alors, en buvant une première gorgée de sa boisson, la policière se dit seulement qu’elle a compris ce qu’elle voulait comprendre, mais qu’il ne lui faut pas aller plus loin que ce qui est sous ses yeux : les faits ne lui donnent pas tellement raison. Ou peut-être que si ? « Ce n'est pas votre truc, de danser ? » un bras traversant son ventre et l’autre étant plié pour laisser son verre près de son visage, Yasmin tourne son menton vers Helen pour lui sourire avec un ravissement étonné, puisqu’elle ne s’attendait pas à ce que la belle chirurgienne la suive — ou alors Yasmin s’invente encore des chimères et Helen voulait seulement un verre, rien de plus. ’’Pas vraiment…’’ avoue-t-elle dans un petit sourire, inclinant davantage son buste en sa direction pour poursuivre la conversation ’’Enfin, disons que je n’aime pas trop être collée par des inconnus qui ont les mains baladeuses.’’ Helen pourrait avoir les mains baladeuses que ça ne la dérangerait pas du tout, mais elle se garde bien de dire cette précision « Il faut dire qu'avec cette odeur de transpiration, le bar est beaucoup plus attrayant. » elle ne peut s’empêcher de se demander si Helen l’inclut dans le lot des puants — ce serait surprenant parce qu’elle n’a pas vraiment fait d’efforts jusqu’ici, mais elle se contente de lancer un regard dédaigneux envers la foule, parmi laquelle elle aperçoit enfin la silhouette de Safia… en train de se déhancher plus que de raison « Je ne sais même pas ce que je viens de boire... » reportant son attention sur son verre, étrangement rougeâtre, elle grimace à son tour, incapable de lui répondre précisément mais, une chose est sûre : ils n’ont pas lésiné sur la quantité d’alcool. ’’Téquila, non ?’’ elle le propose comme si elle était parfaitement capable d’identifier un alcool plutôt qu’un autre, peut-être par une volonté inconsciente d’impressionner Helen « J'espère que personne ne drogue nos verres, sinon je suis la cible parfaite. » elle considère tout à coup son verre d’une autre façon et, machinalement, l’apporte près de ses lèvres pour renifler le contenu, alors qu’elle sait très bien qu’elle ne pourrait pas détecter la moindre drogue avec l’odorat ’’Tu crois ?’’ elle est passée au tutoiement sans même s’en rendre compte, poussant ses lèvres en avant dans une petite moue perplexe avant d’abandonner son verre sur le côté. Sait-on jamais.

« Vous me feriez bien une petite place aux enfers pour cette grave erreur ? Je serai ravie de recevoir ce châtiment, si c'est vous qui m'y ouvrez les portes. » est-ce qu’elle flirte avec moi ? Yasmin a l’impression que la chirurgienne flirte avec elle et, d’abord hésitante à la rejoindre sur ce terrain, ayant peur de se faire de fausses idées et de se faire rejeter par la même occasion, en se payant une bonne séance d’humiliation gratuite ’’Je serais ton guide avec grand plaisir, Helen.’’ sa voix a été un peu plus chaude que précédemment, et elle a avancé son menton de quelques degrés pour plonger son regard dans le sien, avant d’assurer ses arrières avec un petit rire visant à annuler ce qu’elle a dit juste avant, au cas-où ’’Tu es venue avec qui, toi ?’’

(894 mots)

crédits/gifsbymel

something wicked this way comes

@Yasmin Hikmet  - 31 octobre 2024 - usine désaffectée, bal d'halloween
¤¤¤
856 mots
crédits gifs (tumblr) / code (boté du sud )

Pénélope ne lui en voudrait pas le moins du monde de s'être défilée et d'avoir déserté la piste de danse ; tant qu'elle ne venait pas personnellement la chercher, Helen décida de rester près du bar, en compagnie de la policière, si cette dernière l'acceptait. Normalement, Yasmin n'avait aucune raison apparente de l'éviter, même si elle s'était éclipsée à vitesse grand V de la foule, mais Helen mettait cela sur le compte d'un gros manque d'envie de danser auprès de toutes ces personnes en transe à cause de la musique qui battait dans leurs oreilles. Être aux côtés de Yasmin intéressait beaucoup plus la chirurgienne, qui ressentait cette inexplicable attirance pour elle ce soir ; elle l'intriguait, autant psychologiquement que physiquement, puisque la brune était surprise de ressentir comme une chaleur dans son ventre pour des petits détails. « Pas vraiment… Enfin, disons que je n’aime pas trop être collée par des inconnus qui ont les mains baladeuses. » Elle marquait effectivement un point sur ce coup-là, et ça donnait encore moins envie à Helen de s'y aventurer de nouveau. Déjà qu'elle n'existait déjà plus depuis tout à l'heure, alors que la jeune chirurgienne avait décidé de la suivre jusqu'au bar. Et dans l'euphorie du moment, Helen s'était emparée d'un verre posé sur un plateau, et l'avait descendu sans même se poser la question de ce qu'il pouvait contenir. En réalité, ce n'était pas très malin, puisque le danger pour les femmes de se faire droguer dans ce genre de soirée était quand même grand. Allez savoir pourquoi, être aux côtés de la policière lui donnait le sentiment d'être intouchable. « Téquila, non ? » Helen haussa des épaules, incapable de préciser le nom de l'alcool présent dans ce qu'elle venait de boire. « Peut-être de la téquila, oui. » Boire n'était pas dans ses habitudes quotidiennes, alors faire la différence entre chaque, c'était une compétence qu'elle n'avait pas encore développé en tant qu'adulte -et qu'elle ne développerait probablement jamais, d'ailleurs. Sa remarque à propos de la drogue sembla faire réfléchir Yasmin à deux fois sur le contenu de son propre verre : « Tu crois ? » Bien sûr que la chirurgienne notifia aussitôt le passage du tutoiement, qui ne la dérangeait absolument pas. Cette soirée ne laissait pas vraiment de place à l'utilisation du 'vous', en réalité... ça faisait un peu trop poli, guindé, non ? Et puis, les effets de l'alcool chez la chirurgienne l'auraient probablement poussé tôt ou tard à le faire aussi de son côté, alors elle appréciait que ce soit Yasmin qui soit à l'initiative de ce cap entre elles. « A vrai dire, j'en sais rien. On saura ça d'ici quelques heures, j'imagine. » C'était un peu glauque à dire, mais pourtant bien vrai, malheureusement. Alors, dans un élan d'amusement, pour dédramatiser surtout la situation, Helen misait tout sur son indéniable talent pour l'espièglerie ; c'était bien la première fois qu'elle cherchait à le faire sciemment auprès d'une femme, parce qu'elle était quand même consciente que ça pouvait donner l'impression d'être dans une attitude de drague... mais l'idée de flirter avec Yasmin l'attirait, plus qu'elle ne la rebutait. « Je serais ton guide avec grand plaisir, Helen. » La voix de Yasmin la fit vibrer, lui faisant presque perdre son souffle. Entendre son prénom de sa bouche la rendait toute chose... Helen n'était pas certaine de comprendre ce qu'il lui arrivait, et tout en continuant toujours de mettre cela sur le compte de l'alcool, elle comprit que la policière n'était pas contre l'idée de rentrer dans son jeu plein de malices ; que les hostilités commencent, dans ce cas. « Rassure-moi, tu n'essaies pas de m'attirer pour ensuite me punir avec le fouet que tu caches sous ta robe ? » Elle prononçait sans difficulté le mot 'attirer', alors qu'elle se lançait sur un terrain totalement inconnu, mais il y avait ce côté très excitant qui l'invitait à en vouloir plus, alors elle espérait que Yasmin réplique sur le même ton. Elle eut d'ailleurs envie de lui préciser qu'elle avait suffisamment remarqué la transparence de sa robe pour savoir que la policière ne pouvait pas y dissimuler un tel objet, mais son regard sombre qui descendait le long de ses courbes semblait le faire pour elle. « Tu es venue avec qui, toi ? » - « Une de mes meilleures amies, elle a accouché en Juillet, c'est sa première vraie soirée depuis. » La conversation était désormais un peu moins tournée vers la séduction, mais Helen n'allait pas tarder à chercher de nouveau un regard un peu plus chaud, ou des mots davantage susurrés : « Elle m'a un peu forcé à venir, c'est d'ailleurs à cause d'elle que je porte une robe aussi serrée... c'est un déguisement de dernière minute. » Pour marquer ses propos, la jeune femme tirait sur le vêtement un peu trop court par rapport à ce qu'elle avait l'habitude de porter, et sans parler du décolleté qui défiait clairement la capacité de sa poitrine à ressentir un quelconque confort à l'intérieur -même si une bonne moitié se retrouvait un peu à l'extérieur, en fait.

« Peut-être de la téquila, oui. » peu importe ce qu’il se trouve dans son verre, Yasmin hésite un instant à en vider le mystérieux contenu pour se donner une bonne dose de courage, puisqu’elle sent bien qu’elle va en avoir besoin. À dire vrai, ce n’est pas la première fois qu’elle se retrouve dans une dynamique de séduction avec une autre femme — même si la révélation de ses attirances partagées a été tardive mais, face à la belle chirurgienne, hautement désirable dans sa robe qui met en valeur sa poitrine généreuse, la lieutenant n’est pas certaine d’avoir su déceler la bonne piste. Peut-être que son interlocutrice ne fait que rentrer dans son jeu lascif car elle a trop abusé de l’alcool ? Ou peut-être que la plus âgée des deux est trop troublée pour s’avouer qu’elle aimerait bien, dans le fond, que Helen flirte avec elle ? Songeant qu’il est préférable que l’une des deux garde les idées claires — sans compter qu’il lui faut veiller sur Safia puisque son amie ne peut pas le faire elle-même, Yasmin abandonne son verre sur le côté avant de croiser ses bras contre son buste féminin, le bout de ses doigts posé sur la courbe de ses coudes. « A vrai dire, j'en sais rien. On saura ça d'ici quelques heures, j'imagine. » elle est rassurée de constater qu’elle n’a pas plombé l’ambiance en évoquant les drogues que certaines âmes pernicieuses versent dans les verres d’inconnu.e.s — non pas que ce soit sa spécialité car elle préfère penser que c’est une déformation professionnelle — si bien qu’elle tourne son menton sur le côté afin de pouvoir la regarder avec un soupçon de malice dans les yeux, comme si elle la considérait complice de quelque chose qu’elles devraient garder secret. Quoi, exactement ? Ce prémisse d’attirance encore inavouée ? L’incompréhension de leurs yeux qui s’accrochent l’un à l’autre, qui se dévorent avant de se caresser, soucieux de s’effleurer, de se maintenir proches, de faire perdurer cette conversation qui prend une tournure tout à fait inattendue, mais qui est loin de déplaire à la policière. « Rassure-moi, tu n'essaies pas de m'attirer pour ensuite me punir avec le fouet que tu caches sous ta robe ? » haussant un sourcil sans perdre son sourire, Yasmin n’attend pas bien longtemps avant de pivoter sur les talons de ses cuissardes pour se tourner pleinement vers Helen, espaçant ses bras de quelques degrés comme pour donner une meilleure visibilité de sa tenue, toute en transparence et dentelles suggestives, avant que l’une de ses mains ne vienne se déposer sur hanche légèrement marquée. ’’Tu veux vérifier par toi-même ?’’ l’invitation est soufflée d’une voix sensuelle pendant qu’elle soutient son regard sans faillir, ses lèvres charnues dessinant la courbe d’un sourire qui est tout aussi lascif que le reste, puisqu’elle a bien du mal à réprimer son attirance pour la belle brune, maintenant. ’’Les fouilles corporelles sont ma spécialité normalement mais, je t’autorise à me faire de la concurrence… Enfin, si tu l’oses.’’ accoudant un bras au comptoir, elle pointe un regard emplit de défi sur la chirurgienne, comme si elle la provoquait pour tester ses limites, sans trop savoir où sont les siennes.

C’est peut-être pourquoi elle change radicalement de sujet en abordant quelque chose de plus prosaïque, au cas-où elle s’enfoncerait dans de mauvaises idées — pour changer « Une de mes meilleures amies, elle a accouché en Juillet, c'est sa première vraie soirée depuis. » machinalement, elle balaye la foule de danseurs mais elle ne parvient pas à se souvenir de l’apparence de ladite amie, n’ayant vu que Helen tout à l’heure — et pas seulement parce que sa robe et son décolletée sont une pure merveille qui donne envie de lui arracher (si) « Elle m'a un peu forcé à venir, c'est d'ailleurs à cause d'elle que je porte une robe aussi serrée... c'est un déguisement de dernière minute. » reportant son attention sur Helen, Yasmin arque l’un de ses sourcils en laissant son regard sombre glisser entre la fine bande de peau entre sa poitrine, effleurant la courbe de ses seins et leur peau délicatement veloutée, dont la simple vision fait naître quelques flammes dans son bas-ventre, réveillant des appétences qu’elle ne pensait pas voir fleurir ce soir. ’’Je te trouve…’’ prenant une fine inspiration pour ne pas laisser échapper quelque chose comme « tout à fait digne de rejoindre mon lit cette nuit », elle agrippe le coin de sa lèvre inférieure avant de reprendre, en remontant de force son regard dans celui de l’Ange. ’’…Divine. Il te va vraiment bien.’’ et là, elle s’entend dire, à demi sur le ton de l’humour ’’Mais je suis sûre que tu es encore mieux sans.’’ j’ai vraiment dit ça ? elle l’a dit, bien sûr qu’elle l’a dit, et c’est suffisant pour qu’elle se tourne afin de récupérer son verre, en avalant une bonne gorgée comme s’il lui fallait punir sa langue pour cette audace.

(877 mots)

crédits/gifsbymel

something wicked this way comes

@Yasmin Hikmet  - 31 octobre 2024 - usine désaffectée, bal d'halloween
¤¤¤
1 219 mots
crédits gifs (tumblr) / code (boté du sud )

A force de se perdre dans le regard brûlant de Yasmin, Helen n'était plus en mesure de savoir si c'était l'alcool qui lui faisait perdre ses sens, ou si c'était ses sens qui cherchaient à la faire boire, pour dissimuler cette attirance inédite pour une jeune femme. Toute l'atmosphère de la soirée se prêtait à un moment de flirt, mais la chirurgienne était la première surprise de toutes ces envies qui la tenailler à l'égard de la policière. Son déguisement était un appel à l'admirer encore et encore, à apprendre chaque détail de ses courbes délicieusement dessinées et mises en avant, dans toute cette dentelle. Mais tout le reste de son corps l'appelait aussi, indéniablement : ses lèvres voluptueuses, son regard de braise, sa peau hâlée, ses cheveux fins et brillants... sans parler de la grâce de son cou, de la naissance de sa clavicule qui semblait être divinement marquée. Comment pouvait-elle autant être attirante ? Et ce jeu, qu'elles entamaient toutes les deux, ne faisait qu'amplifier cette atmosphère lourde de sens entre elles... il faisait déjà chaud, à cause de la foule, du mouvement, de l'endroit. Mais rien que de se tenir à ses côtés, à quelques centimètres de ce corps qui l'attirait tout entier, Helen se sentait toute enflammée de l'intérieur. Et c'était un sentiment vraiment très... agréable, même si flirter n'était pas dans ses projets ce soir, ni les autres soirs. Avec Yasmin, c'était très différent ; elle voulait flirter avec elle, et elle désirait plus que tout que la policière le fasse en retour. Helen se lançait dans l'inconnu, alors elle comptait grandement pour que Yasmin l'épaule, la guide, l'aide. Jusqu'à maintenant, Helen n'avait pas le sentiment d'être à côté de la plaque... au contraire, elle considérait même plutôt bien se débrouiller, pour orienter la conversation vers des sous-entendus parfaitement bien dosés. En tout cas, en voyant la brune se planter face à elle, en espaçant ses bras de sorte à lui laisser l'opportunité de la fouiller, cela confortait Helen dans ses capacités à draguer et plaire, même à une femme. « Tu veux vérifier par toi-même ? » Évidemment que ses doigts fourmillaient d'envie de venir se poser contre ses hanches, puis de les faire remonter au niveau de sa poitrine, puis plus bas, comme elle avait pu le voir dans de nombreux films. Son esprit l'imaginait parfaitement en train de réaliser chaque geste avec une lenteur parfaite, pour que la policière sente le glissement de ses mains contre son corps offert sur un plateau à cet instant. Mais la chirurgienne n'était pas certaine de savoir oser ce rapprochement si rapide : « Les fouilles corporelles sont ma spécialité normalement mais, je t’autorise à me faire de la concurrence… Enfin, si tu l’oses. » Un 'wow' retentit dans sa tête, envoutée par tant de sensualité dans ce défi des plus alléchants. Helen en avait le souffle coupé, incapable de savoir elle-même si son corps répondrait à un tel challenge, alors qu'il meurt d'envie de goûter à son contact depuis tout à l'heure. « Tu me promets de taire tes réflexes de policière et de ne pas me plaquer contre le bar après ? » Souffla-t-elle en se penchant sa tête vers elle, rapprochant alors ses lèvres des siennes, si bien qu'elle aurait pu aisément sentir chacune de ses expirations contre sa peau. Malgré l'évidence de leur attirance, Helen n'était certainement pas encore assez assurée de ne pas faire fausse route, pour oser vraiment laisser sa main parcourir son corps. Alors elle usait toujours de malice dans ses propos, alors que son regard laissait difficilement croire que l'idée d'être plaquée contre le bar par Yasmin ne l'intéressait pas.

Une petite pause dans cet échange sensuel lui fit du bien, même si elle ne dura pas bien longtemps ; l'alcool, mais surtout, son désir, ne lui laissaient que peu de répit, l'invitant à chercher à nouveau toute l'attention de Yasmin. Ses billes foncées traduisaient tout le désir qu'elle ressentait ce soir pour elle, alors indéniablement, Helen cherchait la même chose dans celui de la brune. En évoquant son propre déguisement qui défiait les lois de la gravité au niveau de sa poitrine, capable de s'échapper à tout moment si elle avait eu l'idée saugrenue de se mettre à danser dans tous les sens comme Pénélope, la chirurgienne avait effectivement en tête de retrouver cette ambiance lourde de plaisir et de lascivité. Vu la manière dont Yasmin la regardait depuis tout à l'heure, Helen avait envie de croire qu'elle ne rêvait finalement pas, et qu'elle lui plaisait rien qu'un peu, pour qu'elle la dévore de son regard sombre : « Je te trouve… Divine. Il te va vraiment bien. » Le compliment la fit violemment rougir, et elle ne s'en cacha pas. Helen n'attendait que ça, que Yasmin lui donne le courage de flirter encore plus fort, de tester les limites de ses capacités à user de ses charmes. « Mais je suis sûre que tu es encore mieux sans. » Au départ, la chirurgienne ne fut pas certaine de bien entendre à cause de la musique, mais aussi parce que Yasmin s'était tournée si vite vers le bar après ça, qu'elle mit du temps à imprimer l'aveu de la policière, visiblement embarrassée. Ses mots frôlaient l'indécence... mais la force du désir qui l'envahissait à l'instant lui permettait de bien encaisser le choc. Savoir que les pensées de Yasmin allaient jusqu'à l'imaginer sans sa robe la rendait vraiment toute chose, si bien qu'elle s'autorisa le même cheminement alors que son regard savourait la vision de son corps cambré contre le bar. Le doute n'était plus permis, les deux jeunes femmes se tentaient beaucoup trop pour que ce ne soit qu'un jeu futile entre elle ; la séduction était véritable, authentique, et Helen comptait bien poursuivre dans ce sens, jouant avec sa propre capacité à ne pas céder trop vite à la tentation. Elle voulait rendre le désir et l'excitation encore plus palpables, alors la chirurgienne ne confirmerait pas les dires de Yasmin ; déjà, parce qu'elle n'avait toujours pas la prétention de se croire divine, même si le compliment faisait naître un véritable plaisir chez elle... mais aussi parce qu'elle comptait bien encrer l'envie de Yasmin de la découvrir nue dans un coin de sa tête, sans qu'elles passent nécessairement à l'acte aujourd'hui. C'était cette séduction-là, qu'elle maîtrisait à l'égard des hommes, et Helen était certaine que ça fonctionnerait aussi sur Yasmin. « A part un tanga en dentelle, il n'y a la place pour rien d'autre en-dessous... » Murmura-t-elle à son encontre, en venant presser son épaule contre la sienne, ce qui électrisa sa peau nue. En dévoiler un peu, mais pas trop. Lui adresser un regard empli d'innocence, mais coquin à la fois. Désormais bien plus assurée que tout à l'heure, puisque l'aveu de Yasmin avait gonflé sa confiance en elle, Helen arborait un air encore plus malicieux. « Je crois comprendre que tu aimes beaucoup la dentelle... » Sa main droite vint alors effleurer avec beaucoup de subtilité et de délicatesse la dentelle de sa robe sur son bras, puis jusqu'à l'arrondi de sa poitrine, avant de laisser retomber sa main dans le vide, mais Helen s'assura que le dos vienne délicatement frôler sa cuisse. Est-ce que Yasmin l'aimerait, sa dentelle à elle ?

L’aura d’Helen est magnétique, ce soir, et avant même qu’elle puisse réellement anticiper une quelconque insurrection pour ne pas tomber dans ses filets ô combien charmeurs, Yasmin est déjà prise au piège, collée à la toile d’araignée voluptueuse que la chirurgienne a tissé autour d’elle. Il devient de plus en plus difficile de détourner les yeux de sa silhouette, sublime dans les contours de cette robe légère, de son visage éclairé par les lumières colorées qui traversent la pièce comme des halo furtifs, de ses yeux qui pétillent, dégivrés par l’alcool ingéré, de ses lèvres charnues qui appellent aux plus tendres secrets… Elle voudrait bien, Yasmin, être la bouche complice qui reçoit leurs confidences mais, cette idée lui semble lointaine, comme un mirage auquel elle se serait abandonnée par complaisance. Elle joue avec le feu et, malgré toute sa lucidité, elle espère peut-être se brûler.

Mais quelque chose lui dit que la belle brune n’est pas totalement à l’aise dans cette dynamique inattendue, et Yasmin ne peut s’empêcher de se demander si la chirurgienne n’est pas présentement en train de tester ses limites concernant ses attirances ; elle ne lui en tiendrait pas franchement rigueur, Yasmin, mais il est clair que l’idée d’être une expérience ne lui sied guère. Pas au point de tourner les talons et de lui conseiller de trouver une autre proie pour assouvir les penchants de sa curiosité, mais une petite voix lui murmure néanmoins de rester sur ses gardes, de ne pas franchir une limite qui l’empêcherait de revenir en arrière et de rebondir sur ses pieds avec humour… Autant dire, donc, qu’elle oublie rapidement ce mantra dès qu’elle repose les yeux sur son interlocutrice, qu’elle dévore des yeux en la trouvant de plus en plus belle à chaque fois. « Tu me promets de taire tes réflexes de policière et de ne pas me plaquer contre le bar après ? » cela non plus ne l’aide pas à résister au chant des sirènes que ses oreilles perçoivent, puisqu’elle est diablement belle, cette sirène, et Yasmin caresse du doigt l’idée de plonger dans les abysses avec elle, à défaut de s’autoriser à l’effleurer. Helen est tout près, pourtant, si près que leurs épaules se frôlent dans de légères caresses à chacun de leurs mouvements, que son parfum délicat vient embaumer sa respiration et qu’elle est presque tentée de céder, là, tout de suite, sans attendre davantage, sans se laisser torturer par son air angélique qui la rend encore plus désirable, pour fondre sur ses lèvres avec un baiser qui ferait jaillir un feu d’artifices dans sa cage thoracique ; elle est certaine que les fusées et étincelles réanimeront son coeur qui s’est éteint depuis bien trop longtemps. ’’C’est une promesse que je ne suis pas sûre de pouvoir tenir.’’ qu’elle fait savoir en passant brièvement la pointe de sa langue sur le coeur de ses lèvres jointes, ses yeux braqués dans les siens comme pour ne pas rompre le charme de leur bulle scintillante, qui occulte jusqu’au vacarme qui les entoure ’’Ce serait si dérangeant ?’’ la démone hausse un sourcil sous la question qu’elle pose, s’octroyant le droit de faire la parfaite ignorante, une innocence couplée à son faux-air ingénu, qu’elle parade uniquement pour la forme puisque, elle a bien conscience d’être tout à fait l’inverse en cet instant.

Preuve en est, la lieutenant n’hésite pas à révéler que si la robe d’Helen est certes sublime, elle ne rechignerait pas à l’en dévêtir ; un aveu spontané pour lequel elle se maudit un peu, se rappelant sévèrement le mantra qu’elle semble avoir perdu en cours de route - depuis le début de cette conversation à dire vrai - en essayant de faire passer son sentiment d’embarras par l’alcool rugueux qui coule dans sa gorge en asséchant la surface de sa langue bien trop bavarde. Saleté de cerveau incapable de se contrôler devant un si joli minois ! « A part un tanga en dentelle, il n'y a la place pour rien d'autre en-dessous… » heureusement qu’elle a déjà avalé sa liqueur puisque, ne s’attendant sûrement pas à cette réponse, elle interrompt ses gestes avec une lenteur qui les immobilisent, si bien que son verre vide reste suspendu près de sa bouche pendant qu’elle tourne son menton vers Helen. « Je crois comprendre que tu aimes beaucoup la dentelle... » sur l’instant, Yasmin est prête à aimer beaucoup de choses et son contraire, juste pour le plaisir de voir ce sourire si charmant flanqué sur les lèvres de son interlocutrice. Dieu qu’elle est belle, Helen. Car elle n’a rien perdu de son air malicieux, la chirurgienne, et le contact de leurs épaules — quoique bref — est suffisant pour faire rejaillir l’espièglerie dans l’esprit de Yasmin qui, se délestant une bonne fois pour toutes de sa boisson, pivote en sa direction pour murmurer, d’une voix délicieusement autoritaire : ’’Je ne crois que ce que je vois.’’ ses sourcils dansent sur son front tandis qu’elle s’arme de courage pour avancer l’une de ses mains vers la robe de la chirurgienne, son index recourbé venant attrape la texture de sa robe afin de replacer correctement la bande de tissu sur la courbe de son épaule, davantage pour effleurer sa peau avec la sienne que par réel souci de replacer la bretelle au milieu de la clavicule, il faut bien l’avouer ’’Pour la dentelle…’’ reprend-elle en éloignant sa main, la reposant calmement sur le comptoir pendant que ses billes sombres s’accrochent à celles d’Helen, sa voix se faisant plus aguicheuse, enflammée par le contact aérien de cette main venue timidement à la rencontre de son corps : ’’…Il va falloir que tu obtiennes confirmation par toi-même...'’ mais il n'y aura aucune confirmation possible puisque, dans le dos de Yasmin, une silhouette surgit, décoiffée et presque ivre, qui s'accroche aux épaules de la lieutenant en criant un ''Je passe une soirée de dingue !'' Safia n'a pas vraiment conscience d'interrompre quelque chose et, même si c'était le cas, elle s'incrusterait quand même. ''C'est qui ?'' qu'elle demande en continuant à se dandiner au rythme de la musique, euphorique comme une adolescente lors de sa première virée nocturne ''Safia ! Enchantée !'' celle qui n'est pas enchantée, c'est Yasmin, elle se tourne vers le comptoir pour commander un autre verre.

(1098 mots)

crédits/gifsbymel

something wicked this way comes

@Yasmin Hikmet  - 31 octobre 2024 - usine désaffectée, bal d'halloween
¤¤¤
1 380 mots
crédits gifs (tumblr) / code (boté du sud )

Ce moment de flirt embrasait encore davantage l'ambiance du bal d'Halloween, il embrasait en tout cas fortement les sens de la chirurgienne qui aurait aimé pouvoir mettre le temps sur pause, pour se délecter à jamais de cette agréable sensation de plaire à quelqu'un. Après sept ans de relation et cinq années d'emprisonnement dans un mariage qui ne la satisfaisait finalement pas, Helen retrouvait les bons côtés du célibat, en laissant désormais le regard des autres l'atteindre et accepter leur intérêt. Elle l'avait fait aux côtés de Winston, et le plaisir était déjà présent, dans leur jeu de séduction. Mais ce qu'elle vivait là, aux côtés de la policière... ce moment avec l'ex-interne, ce n'était rien comparé à l'intensité de leurs regards et de leur désir, si palpable. La tension n'était pas la même, bien plus chaude, bien plus sensuelle encore. A travers les yeux sombres et malicieux de la policière, Helen se sentait différente ; cette drague, était différente. « C’est une promesse que je ne suis pas sûre de pouvoir tenir. » L'apparition de sa langue contre ses lèvres qui laissa une légère trace humide, lui fit entrouvrir sa propre bouche, dans un désir d'en sentir le goût, durant un baiser fiévreux. Était-ce au moins autorisé ? Qu'Helen puisse désirer l'embrasser ? « Ce serait si dérangeant ? » Son innocence la rendait encore plus attirante, alors que l'esprit de la chirurgienne s'activait déjà à peser les pours et les contres d'un tel geste de la part de Yasmin, dans ce lieu bondé. La liste des pours prenait largement le dessus sur le reste : « Je n'y vois personnellement aucun inconvénient... » Évidemment qu'elle mourrait d'envie qu'elle la plaque contre le bar, ça ne se voyait pas suffisamment ? « Je ne voudrais pas qu'on se fasse gronder par les serveurs... » Alors pourquoi pas garder cette idée de la plaquer quelque part, mais ailleurs qu'ici ? En réalité, tant que Yasmin assouvissait cette envie de la sentir contre elle, tout était susceptible de convenir aux yeux de la chirurgienne.

N'était-ce d'ailleurs pas cette même idée, qui était clairement sous-entendu dans l'innocence marquée par Helen, en précisant quel type de sous-vêtement elle portait sous sa robe qui, visiblement la rendait divine ? Il lui était impensable que la policière en ait un aperçu ici, devant une foule en délire, qui ne leur prêtait certainement pas attention. Mais effleurer plus explicitement son corps, c'était en parfaite intimité que ça se passerait. Là, Helen se permettait de laisser ses doigts effleurer son vêtement, et non sa peau. Malgré les effluves de l'alcool qui perturbaient ses sens, la chirurgienne ne franchirait pas une telle limite en public, elle savait garder une certaine retenue, sans pour autant faire disparaître son air malicieux flanqué sur ses lèvres. La tension était montée d'un cran, ça se sentait, et ça n'était pas prêt de s'arrêter. « Je ne crois que ce que je vois. » Helen était-elle prête à lui dévoiler la maigre dentelle qu'elle portait ? Complètement. Tout son corps le réclamait, désormais. Et Helen n'aurait jamais cru possible qu'un tel désir puisse se décupler au simple contact des doigts de la policière contre son épaule : c'était pourtant le cas. Une secousse, des papillons, ou qu'importe cela puisse être dans son ventre, la sonnette d'alarme retentissait dans sa tête. Helen désirait beaucoup plus qu'un baiser, ou une caresse. Elle voulait se perdre dans ses bras, toute entière. Elle ne voulait pas que Yasmin replace correctement sa bretelle, mais plutôt qu'elle la fasse glisser pour lui retirer, chiffonner, voire même déchirer sa robe, tant que la brune entamait la découverte de son corps brûlant de désir pour elle. « Pour la dentelle… Il va falloir que tu obtiennes confirmation par toi-même... » - « ça me v... » La dernière lettre n'eut le temps de franchir ses lèvres, qu'une présence inattendue vint percer leur bulle, pour les ramener à la brutale réalité : l'amie de Yasmin venait de la retrouver, puisque c'était ensemble qu'elles comptaient passer la soirée, tout comme Helen était censée être aux côtés de Pénélope. « Je passe une soirée de dingue ! » Elle aussi, avant qu'elle ne les interrompt dans quelque chose de beaucoup trop intense pour que tout son corps ne ressente pas de frustration à ce moment-là. La tension était brutalement retombée, pour le plus grand regret d'Helen dont l'esprit la torturait déjà face au fait qu'il leur aurait peut-être fallu une ou deux minutes de plus pour qu'elle puisse au moins découvrir le goût de ses lèvres somptueuses. « C'est qui ? Safia ! Enchantée ! » Qu'était-elle censée répondre ? A part un "peux-tu retourner danser ?" qui lui brûlait les lèvres, Helen était prise au dépourvu, d'autant plus que Yasmin s'était de nouveau retournée vers le comptoir, brisant ce contact entre leurs deux regards. Regrettait-elle ce moment ? Réalisait-elle, que ce n'était pas ce qu'elle voulait ? Helen était un peu perdue, à vrai dire... Elle revenait trop subitement dans la réalité de cette soirée, et l'interruption de son amie lui fit comme l'effet d'un nouveau manque de confiance en elle. Loin l'idée de croire que la policière se jouait d'elle, mais la chirurgienne était beaucoup trop novice dans les codes de drague auprès d'une femme, qu'elle ne saurait dire si ce moment était définitivement terminé, ou non. « Enchantée... » Le ton de sa voix était beaucoup moins enjouée que celui de l'inconnue, dont elle craignait tout à coup le jugement, alors qu'elle voulait se rapprocher de nouveau de Yasmin pour ne pas en rester là mais... sa présence l'intimidait de trop. « J'y vais... je vais... retrouver mon amie. » Elle la désignait de son pouce dans le vide, embarrassée, frustrée qu'on lui ait coupé l'herbe sous le pied ainsi. Sous ce flot d'émotions bien moins sympathiques que précédemment, la chirurgienne s'éclipsa dans la foule, à la recherche de Pénélope. Ses pensées la tiraillèrent, dans son entreprise, qui était vaine, il fallait bien l'admettre.

Essoufflée par l'effort, mais aussi par cette sensation de vide qui la tenaillait désormais, Helen chercha un endroit où reprendre ses esprits. Cet échange avec Yasmin la troublait si fort... à quel moment la policière était-elle devenue aussi attirante à ses yeux ? A l'hôpital, Helen ne s'était pas autant intéressée à elle. Mais ce soir, c'était autre chose... et ce quelque chose, la chirurgienne n'avait pas envie que ça cesse. En attrapant un nouveau verre sur le plateau d'un serveur qui passait par-là, Helen décida qu'elle n'abandonnerait pas ; elle n'aurait d'ailleurs pas dû s'échapper comme elle l'avait fait, c'était ridicule. Reboostée, parce que Yasmin lui plaisait vraiment, la jeune femme entreprit de la retrouver, en espérant qu'elle n'ait pas quitté le bar. Dans sa main, la chirurgienne tenait un flyer qui faisait office de publicité pour la soirée, et derrière lequel elle venait de s'empresser d'écrire son numéro de téléphone, car elle était bien déterminée à forcer la main au destin, pour revoir Yasmin en dehors de ce bal d'Halloween. Néanmoins, la déception fut grande lorsque son regard ne la reconnaissait pas parmi la foule... jusqu'à ce que la dentelle de sa robe, qu'elle voyait de dos, ne laissa nullement place au doute quant au fait qu'il s'agissait bien d'elle. D'un pas déterminé, Helen parcourut les mètres à l'envers pour rejoindre une Yasmin adossée au bar, alors que son amie lui tournait le dos pour rire avec le barmaid. Telle une féline prête à capturer sa proie, la chirurgienne se rapprocha dangereusement d'elle, jusqu'à se pencher contre son oreille, tandis qu'elle déposait délicatement le flyer plié en quatre dans sa main : « J'ai oublié de te donner ça, tout à l'heure... » La sensualité retrouvée dans sa voix, Helen plongea ensuite son regard dans le sien, alors que la pointe de son nez frôlé presque le sien : « Et ça... » Elle déposa un baiser furtif, sur sa joue, si proche de ses lèvres, qu'elle aurait donné beaucoup pour que Yasmin tourne volontairement la tête pour satisfaire ce désir toujours présent d'en goûter leur texture. Mais elle n'en ferait rien, bien décidée à réserver cela pour une autre fois, et lui donner envie de la rappeler pour que cette autre fois arrive bientôt.

Le jeu est autant plaisant que dangereux, et c’est peut-être ce mélange explosif qui met les sens de la lieutenant en émois. Elle n’est pas convaincue de plaire réellement à Helen, mais l’idée est grisante, euphorisante, elle se laisse volontiers séduire par l’idée que la belle chirurgienne n’est pas insensible ses charmes, par l’hypothèse de concrétiser toutes les suggestions lascives qu’elles se lancent, à demi-mots, promesses qui ne verront peut-être jamais le jour mais auxquelles elle prête un sens tout à fait étourdissant sur le moment, galvanisée par la chaleur qui se diffuse de son ventre jusqu’à son buste, se propagent dans sa poitrine et dans ses bras, filant jusque dans ses paumes qui résistent difficilement à l’envie de mettre à exécution les serments sensuels qu’elles ont partagé : ses doigts ont envie d’attraper ce tissu, devenu de trop, de partir à la rencontre du velouté de cette peau délicieusement parfumée, du galbe de ses seins parfaits, petits globes sur lesquels elle a envie de voyager, descendant ensuite dans le creux de ses hanches, sa taille marquée, ses cuisses fuselées, ses jambes longilignes, mises en valeurs par les talons qui rehaussent sa hauteur, suffisamment pour qu’elles fassent la même taille, équilibre parfait pour que leurs lèvres envisagent de se rapprocher mais… L’instant magique, suspendu, hors du temps, éclate en mille morceaux par l’arrivée volubile de Safia, qui prend toute la place comme elle a l’habitude de le faire. La blonde n’envisage absolument pas qu’elle vient d’interrompre quelque chose d’important, si bien qu’elle bouscule presque Yasmin pour tendre sa main en direction d’Helen, tout sourire, résolument loin de la réalité qu’elle dérange. « Enchantée... » la policière, qui ronge son frein, mordille nerveusement l’intérieur de sa joue en gardant le silence, sachant fort bien qu’elle ne saurait pas mesurer ses paroles si elle prenait le risque d’ouvrir la bouche : probablement qu’elle demanderait à son amie de retourner danser, mais le mal est déjà fait, n’est-ce pas ? « J'y vais... je vais... retrouver mon amie. » cela confirme les craintes de Yasmin, qui vogue un regard désolé vers Helen tout en se forçant à courber la commissure de ses lèvres avec compréhension, bien que la déception soit facile à détecter sur ses traits gracieux. ’’J’ai été contente de te voir…’’ sincère, elle accentue la courbe de son sourire en rajoutant, presque à regrets ’’…J’espère que tu passeras une bonne soirée.’’ pivotant sur ses jambes pour suivre Helen du regard, elle maintient sa position même quelques secondes après l’avoir perdue de vue, ramenée auprès du bar par Safia qui, débordante d’énergie, lui fait le récit de ses folles rencontres. Yasmin n’écoute presque rien, puisque toutes ses pensées sont tournées vers l’Ange qui vient de disparaître.

Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Elle se le demande une fois que l’euphorie de l’instant s’est dissipée, pour laisser deux sentiments contraires : l’incompréhension et la frustration. Elle aurait aimé poursuivre cette conversation — davantage que la conversation, tout en peinant à croire qu’elle a eu lieu. Est-ce que Helen est réellement intéressée par les femmes ? Intéressée par elle ?

La soirée traîne en longueur, et Yasmin ne se prête pas vraiment aux jeux des convenances festives, puisqu’elle n’a aucune envie de réitérer la dynamique de séduction avec quelqu’un d’autre. Aussi, elle est ravie quand Safia concède enfin à quitter la soirée mais, avant, la blonde souhaite faire ses adieux à ses « nouveaux amis » ; soit. Le dos aggloméré au comptoir, elle croise ses bras contre son buste en soupirant, se doutant que « les adieux » vont durer un peu plus longtemps que prévu, sans toutefois envisager de décamper sans son amie : elle est venu avec, elle repartira avec. Balayant l’assemblée du regard, avec un ennui absolument excessif dans les yeux, elle se fige quand la silhouette d’Helen se détache du reste, diablement séduisante dans la démarche qu’elle emploie pour la rejoindre, si bien que la lieutenant relâche ses bras le long de son corps en sentant son coeur s’accélérer dans sa poitrine — il devrait apprendre à se taire, celui-là « J'ai oublié de te donner ça, tout à l'heure.. » la proximité de leurs corps lui permet de sentir l’odeur délicate de sa peau, d’effleurer sa joue avec la sienne, d’entendre sa voix dans le creux de son oreille… Si c’est un piège, Yasmin veut bien se laisser capturer sans opposer la moindre résistance. Mais elle baisse d’abord les yeux vers le petit morceau de papier replié sur lui-même, sans tout de suite comprendre ce qu’il contient puisque, toute son attention est rapidement porté sur les lèvres qui viennent s’échouer sur sa joue, si proche de ses lèvres qu’il lui aurait suffi d’un maigre mouvement pour l’embrasser - elle aurait pu, elle aurait dû, elle en avait envie, mais elle n’a pas osé, figée sous le charme que la chirurgienne exerce déjà sur elle.

Leurs yeux se croisent encore une fois, Yasmin l’observe, admire ses traits, semble lui intimer une fascination inavouable par ses yeux plongés dans les siens puis, refermant ses doigts sur sa paume pour garder le précieux papier, elle murmure, comme une promesse qu’elle compte bien tenir : ’’À bientôt, Helen.’’ très bientôt, même.

(915 mots)

crédits/gifsbymel