@Kipplin Belov

Les deux parties s’entendaient, l’accord était conclu, il ne restait plus qu’à l’entériner. Andy eut à peine le temps de voir le regard de son ami changer que Kipp l’attirait à lui. Le ton de sa voix envoya une décharge électrique directement dans ses entrailles et des dents coquines se refermèrent brièvement sur le lobe de son oreille, faisant taire toute forme de protestation… s’il en avait eu au départ. Andy l’aurait directement plaqué contre le mur si Kipp ne s’était pas empressé de les faire sortir du bar. C’est au contact de l’air frais de l’extérieur qu’Andrew réalisa à quel point il avait chaud. Et Kipp continuait à dire qu’il n’avait aucun talent pour la séduction? Sérieusement?

Il avait plu. Le sol était mouillé et une bruine tombait encore, loin d’être désagréable après la chaleur étouffante du bar. Kipp l’entraîna jusqu’à sa voiture. Andrew pouvait voir son propre véhicule stationné un peu plus loin. Il devrait pouvoir passer la nuit ici sans problème. De son côté, Kipp déclara quelque chose en russe, ce qui fit sourire Andrew. En fait, son sourire n’avait pas quitté son visage depuis qu’ils étaient sortis du bar. Sérieusement, il n’en manquait que peu avant qu’il ne commence à glousser de rire comme une ingénue. « Je t’ai déjà dit que j’adorais lorsque tu parles le russe? Pour autant que je sache, tu pourrais être en train de m’insulter, ça n’a pas d’importante. Tout à l’heure, je veux en entendre plus. » Lorsqu’ils seront au lit et que sa propre bouche sera occupée à faire des choses…

Ils prirent la route et Andrew réalisa rapidement qu’ils ne se dirigeaient pas du tout en direction de son appartement. Il était presque certain qu’ils n’allaient pas chez Kipp non plus. Plutôt que d’en faire la remarque, il laissa le juge conduire, jetant à l’occasion un coup d’œil à son élégant profil que la lumière des lampadaires éclairait sporadiquement. Avec lui, il fallait s’attendre à tout et ça faisait partie du jeu. À cette heure de la nuit, les rues de la ville étaient presque vides. Andrew regardait les édifices défiler tout en laissant son imagination vagabonder. S’il ne craignait pas de provoquer un accident, il tendrait la main pour le toucher. L’attente était de plus en plus insupportable. En règle générale, Andrew était un homme patient, mais dans certaines circonstances comme maintenant, il l’était beaucoup moins. Au bout de quelques minutes, Kipp arrêta la voiture devant un endroit familier. Andrew connaissait l’hôtel pour l’avoir fréquenté à quelques reprises, et ce, toujours en excellente compagnie. L’anticipation fit battre son cœur un peu plus rapidement. Ils échangèrent un regard et Kipp descendit de la voiture. Andrew aurait pu en faire de même, mais il avait envie d’être une princesse alors il attendit que son ami vienne lui ouvrir la portière. « Prêt pour une nuit inoubliable? » Andrew s’esclaffa. « Je n’en attends rien de moins. » Andrew s’extirpa du véhicule pour se rapprocher de Kipp. Pendant un instant, il fut tenté de l’embrasser sur les lèvres, mais il se contenta d’un baiser sur la joue, sa main venant prendre appui sur sa poitrine. Sous ses doigts, le cœur du juge battait furieusement en écho au sien. Il se mordit la lèvre. Son regard en promettait davantage lorsqu’ils seront à l’abri des regards.

C’est en marchant côte à côte qu’ils entrèrent à l’intérieur de l’hôtel. Andrew laissa Kipp se charger des détails. Après tout, c’était son idée de venir ici. « Je veux du champagne », déclara-t-il sur un ton qui frôlait l’insolence. En fait, il trouvait extrêmement difficile de garder son sérieux. Il n’avait pas assez bu pour être ivre, mais l’excitation du moment suffisait à le mettre dans un état qui s’en rapprochait. L’homme à la réception lui jeta un regard auquel Andy répondit d’un clin d’œil. Tant qu’à venir à l’hôtel, autant profiter de leurs services.

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Naturellement, Andrew ne comprit rien à ce que Kipp lui dit en russe, mais ça n’empêcha pas chacun des mots de faire naître en lui des frissons qui se répercutèrent dans tout son corps jusqu’à lui donner la chaire de poule. Il y avait quelque chose d’incroyablement sexy et d’exotique dans l’intonation de sa voix, et comment elle devenait plus grave lorsqu’il usait de sa langue maternelle plutôt que l’anglais. Lui en avait-on déjà fait la remarque.

À l’hôtel, Kipp demanda une chambre donnant sur la mer. À cette heure de la nuit, il ne risquait pas de voir grand-chose depuis la fenêtre, mais le lever de soleil promettait d’être magnifique à condition de tenir jusque-là. Le juge restait imperturbable alors qu’il terminait la transaction. Le personnel de l’hôtel agissait en véritables professionnels, mais aucun d’eux n’était idiot et ils avaient l’expérience de ce genre de clients. Ils savaient très bien ce qui se passerait dans cette chambre. Ils n’avaient aucun bagage bien qu’il ne serait pas déraisonnable de croire qu’ils auraient pu laisser leur sac dans la voiture en attendant de voir s’ils pouvaient réserver une chambre à la dernière minute. L’humain a l’esprit tordu par nature et a tendance à assumer le pire dès le départ. Andrew ne faisait pas preuve d’une grande discrétion non plus à la façon dont il jetait des regards à Kipp, ajoutant ici et là un petit commentaire afin de s’assurer d’avoir lui aussi ce qu’il voulait. « Vous en demandez des choses, Maître McKinley… Je vais demander réparation pour tout ça. » Cette remarque fit naître un sourire sur le visage d’Andrew. « Vos conditions seront les miennes. » Il fut tenté de glisser un « monsieur le juge », mais même lui savait se garder une petite gêne à l’occasion. Les membres du personnel ne feront aucun commentaire en leur présence, mais rien ne les empêcherait de bavarder dès qu’ils auront le dos tourné. Il suffisait que ça tombe dans les mauvaises oreilles pour que pour que la rumeur grandisse et échappe à tout contrôle.

Kipp demanda la bouteille de champagne à laquelle il ajouta ses propres envies : foie gras et chocolat. Une combinaison qu’Andrew trouva particulière. Il paya la chambre et on lui remit la carte magnétique qui leur en donnait l’accès. Kipp l’attrapa ensuite par le bras pour l’amener à lui. Andy n’opposa aucune résistance et se laissa entraîner vers l’ascenseur. « Et qu’est-ce que j’ai en échange du champagne, hein? » Andrew s’esclaffa doucement. « Un peu de patience, tu verras. » Le rush d’adrénaline, Andrew le ressentit également lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent devant eux. Le duo y pénétra et il laissa Kipp appuyer sur le bouton. Il n’avait pas trop fait attention au numéro de la chambre ni à l’étage où ils devaient se rendre. À l’instant où la porte se referma, Andrew posa ses mains de chaque côté du visage de Kipp et il l’embrassa avec ferveur jusqu’à le plaquer contre la paroi, son corps pressé contre le sien, frustré par la présence des vêtements qui leur faisaient derrière. Il pouvait encore gouter au sucre qui restait sur ses lèvres de son cocktail et ça lui donna soudainement envie de les mordre. Il pinça la lèvre inférieure entre ses dents en rompant le baiser aussi fiévreux que bref, les portes de l’ascenseur s’ouvrant à nouveau sur eux. « Est-ce une démonstration suffisamment convaincante, monsieur le juge, ou dois-je revoir mon argumentaire? Si c’est le cas, je vous invite à retirer vos vêtements, ce qui devrait faciliter grandement la suite des choses. » Honnêtement, il aimait beaucoup ce petit jeu, peut-être plus qu’il ne le devrait, mais était-ce vraiment important? Andy sortit de l’ascenseur à reculons sans quitter des yeux Kipp. Il avait les joues rougis à cause du baiser et de l’excitation qu’il avait provoquée. Il déboutonna les premiers boutons de sa chemise dont le collet commençait à le serrer. « Quel est le numéro de la chambre déjà? » Demanda-t-il à voix basse pour ne pas déranger les autres dormeurs de l’autre côté des portes closes.