La vendeuse fixait Hannah avec un sourire plus que professionnel sur les lèvres et Hannah lui renvoya le même sourire tout en lui tendant son chèque et en récupérant son sac. Est-ce que c’était tout ? Hannah avait réalisé qu’elle avait grand besoin de renouveler sa garde de robe. Et oui, comme toutes les petites filles à papa qui se respectaient, elle était accro au shopping mais plus que ça, elle était accro au luxe et aux petites attentions. Elle adorait voir les vendeuses se plier en quatre devant elle et lui réserver les meilleurs articles. Elle adorait entendre le prix exorbitant de quelque chose qu’elle pouvait s’offrir. Elle avait donc commencé par une bijouterie réputée et s’était achetée des nouvelles boucles d’oreilles en diamant. Oui, Hannah avait un faible pour les diamants et elle se disait qu’elle n’en avait jamais trop assez. « … Je vais jeter un coup d’oeil à vos bracelets. » finit-elle par répondre, retroussant déjà les manches de sa robe cintrée pour voir avec quelle nouvelle trouvaille elle allait repartir. Hannah faisait ce genre de folies une fois par mois, des folies payées par son père et elle se disait qu’elle en avait grand besoin en ce moment. Nyx avait réussi à faire publier un démenti concernant la fameuse photo d’elle et de Jamie et Jonathan lui avait proposé d’être l’égérie de la maison Deauclaire. Deux événements qui devaient se célébrer dignement et si Hannah s’était faite la promesse de réduire sa consommation d’alcool, elle ne s’était jamais promis de ne pas agrandir sa garde de robe. Et avec sa nouvelle coupe de cheveux, elle en avait grand besoin. Elle adorait ses cheveux court en fin de compte et aujourd’hui, ils avaient été bouclés par un coiffeur professionnel il y a de ça quelques heures. Le dit coiffeur qui l’avait évidemment reconnue et qui avait tenu à la faire passer avant ses autres clients. Faire de plus en plus d’apparition dans la presse people semblait aider Hannah au final.
Quelques achats plus tard, Hannah poussait la porte, les bras chargés, d’une de ses boutiques de créateur préférés. Elle pouvait encore faire des infidélités à Jonathan, l’annonce de l’arrivée d’Hannah dans la maison Deauclaire n’était pas encore officielle et puis, ça l’amusait bien d’énerver un peu plus le stylise. Oui, Hannah était d’excellente humeur, encore plus lorsque la gérante du magasin en personne se précipita à sa rencontre pour l’aider avec ses sacs de courses. « Merci. Est-ce que mes robes sont arrivés ? » « Oui Miss Siede, vous pouvez directement passer en cabine d’essayage. Est-ce qu’il vous faut quelque chose à boire, du champagne peut-être ? » Le sourire d’Hannah s’agrandit, cette vendeuse la connaissait décidément trop bien. « Hmm non… Je vais commencer par du thé, on verra bien par la suite. » répondit simplement l’actrice avant de se laisser guider dans l’arrière boutique.
La première robe, rouge vif, lui allait à souhait et Hannah finit par quitter sa cabine personnelle pour s’observer sous toutes les coutures en face du miroir. La robe suivait les formes de son corps jusqu’à la taille avant de s’évaser pour la partie basse, elle était courte et s’arrêtait à mi-cuisse, dévoilant ses jambes. N’importe qui aurait sans doute trouvé Hannah magnifique et l’une des vendeuses la complimenta aisément mais Hannah ne l’écouta pas vraiment. Seul son propre regard comptait et elle se dit qu’elle avait perdu du poids au cours des dernières semaines. À force de trop s’inquiéter pour et à cause de Jamie, elle avait alterné entre verre de gin et cigarettes, elle n’avait jamais été excessivement épaisse mais là, elle avait vraiment une taille de mannequin, au moins cette robe allait bien avec sa nouvelle coup de cheveux. « Hmm… Apportez moi la bleue s’il vous plait. » demanda Hannah, distraitement, s’observant toujours. Elle se voyait bien dans une telle robe, peut-être à la première de Macbeth, pour saluer le public après la représentation. Trop perdue dans ses pensées, Hannah remarqua une seconde trop tard qu’on l’observait et elle aperçu le reflet de Joanne dans le miroir. « Oh quelle surprise. » Hannah se tourna aussitôt, fixant la blonde qui elle aussi était venue faire des essayages.
Que dire ? Elles n’étaient certainement pas amies, l’avaient t-elles été un jour ? Hannah se disait que oui, elle qui avait promis à Joanne de lui montrer comment évoluer dans son monde, elle avait été la première à se refermer lors de ce fameux gala, et la photo. Hannah mentait si elle disait qu’elle n’avait pas pensé à la blonde, elle l’avait fait avec des regrets, elle lui devait probablement des excuses, probablement. « Bonjour je suppose. » dit Hannah après un instant de silence. Elle fixa Joanne une seconde supplémentaire avant de nouveau se tourner vers son propre reflet. « Tu devrais essayer ta robe dans un ton un peu plus clair, ça ferait ressortir davantage tes yeux. » marmonna Hannah, plus pour elle qu’autre chose.
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Quelle idée d'aller en ville. Jamie lui avait presque ordonné de sortir un peu en ville, de prendre l'air, craignant qu'elle ne devienne une hermite parmi tant d'autres. Ca l'évitait de continuer à se ronger continuellement concernant les résultats de l'amniocentèse. Cette angoisse la dévorait chaque jour un peu plus, elle frôlait l'une de ses crises de panique plusieurs fois par jour. L'air frais ne pouvait que lui faire du bien. Il lui avait dit de ne pas hésiter à se faire plaisir, lui donnant sa carte bancaire. Elle venait tout juste de recevoir un lot de robes uniques par Jonathan et Jamie lui en avait acheté quelques unes lors du soirée de gala de Vogue. Et son fiancé n'allait certainement pas s'arrêter là, le connaissant. Joanne déambulait dans les rues, ruminant des pensées peu positives. Elle passait devant d'innombrables magasins, sans faire l'effort de lever les yeux et contempler les vitrines. "Mademoiselle Prescott !" La jeune femme sursauta, et, le coeur encore peu remis de cette émotion, se retourna pour voir qui l'appelait. Une autre femme, vêtue entièrement de noir, à la silhouette élancée et aux cheveux auburn. Elle portait une insigne avec son nom. "Vous êtes bien Joanne Prescott, n'est-ce pas ?" Hébétée, Joanne la regarda longuement, un peu confuse. "Nous avons une connaissance en commun... Vee ?" La directrice de Vogue. Qu'est-ce qu'on pouvait bien lui vouloir. Elle acquiesça d'un simple signe de tête, muette. "Je vous ai vu marcher à travers nos vitrines. Vee m'a énormément parlée de vous il y a quelques jours." Que diable avait donc Victoria en tête ? Joanne la connaissait à peine, et elle s'était sentie bien ridicule face à elle lors du gala. "Elle m'a dit que vous craignez qu'il n'y ait pas grand chose qui vous aille." La vendeuse faisait allusion à sa grossesse, et à sa taille, certainement. Joanne n'était pas non plus naine, mais elle était loin d'avoir la taille d'une mannequin. "J'aurai quelques modèles de vêtements à vous proposer, à vrai dire." Elle écarquilla les yeux, mais le reste de son corps restait statique. "Appelez moi Natalie." dit-elle quelques secondes plus tard, d'un sourire sincère. Joanne haussa hasardeusement les épaules. "Je suppose que ça ne coûte rien d'essayer." Natalie voyait certainement quelque qui entrait dans son marketing pour aller ainsi à l'extérieur et accoster la jeune femme pour lui proposer quelques essayages. On débarrassa Joanne de sa veste et de tout ce qui pouvait l'encombrer. Le luxe de la boutique était affolante, la jeune femme n'avait clairement pas l'habitude de se rendre dans un tel endroit. On l'invita à la suivre, on lui proposa une boisson. Elle se permit de demander, très timidement, un chocolat chaud. Elle s'attendait à ce qu'on se moque de sa demande, à ce qu'il n'y ait pas le nécessaire, mais une autre vendeuse se déplaça rapidement à peine la demande faite. On s'occupait d'elle comme une reine, Joanne en était déroutée. Elle était certainement la cliente la moins exigeante qu'elles aient pu avoir. On lui fit essayer une robe de couleur verte, d'un tissu léger sans pour autant être de la mousseline. La couleur était foncé, et la tenue était uniquement cintrée jusqu'en dessous de sa poitrine. Une tenue idéale pour voir les mois de grossesse arriver. Puis une deuxième de couleur corail, un petit peu dans le même esprit, mais avec un magnifique dos nu, quelques perles et dorures cousues ici et là. Joanne se regardait longuement dans le miroir tandis que Natalie replaçait les tissus afin de la mettre véritablement en valeur. "Le corail vous va à ravir." dit doucement la vendeuse, satisfaite des choix proposées à la jeune femme. Joanne se retourna, puis vit la dernière personne qu'elle espérait voir ces dernier temps. Son coeur s'arrêta de battre, son san se glaça. Elle lui dit bonjour, presque comme si de rien n'était. N'osant pas la regarder dans les yeux, même si c'était via le reflet du miroir, elle dit tout bas, non sans douceur. Peut-être que la mannequin était sincère, qu'elle voulait simplement lui donner un conseil, peut-être que ce n'était que ses angoisses qui faisaient de ses émotions une hyperbol de ses émotions, peut-être que c'était le fait que la dernière fois qu'elle l'ait vu, c'était par les photos, peut-être était-ce le fait que Jamie veuille la refréquenter ; mais toujours est-il que Joanne prit relativement mal le commentaire. Attrappant le tissu entre ses doigts afin de ne pas marcher dessus ou l'abîmer, elle dit, d'une voix tremblante. "Il n'y a plus grand chose qui me va de toute façon." Joanne n'eut soudainement plus le coeur à essayer quoi que ce soit. Natalie, tentait de rattraper les pots cassés, comme elle le pouvait. "Nous trouverons ce qui vous correspondra le mieux, Mademoiselle Prescott, nous avons encore beaucoup de choix pour vous en réserve. Juste encore une. D'allure athénienne, de longs drapés blancs, et vous m'avez l'air de porter beaucoup d'attention sur les détails, laissez-moi juste vous la montrer." La vendeuse savait comment garder son sang-froid, sa voix restait douce mais assurée. Elle était dans le fond bienveillante, et ne cherchait qu'à satisfaire sa cliente. Celle-ci finit par acquiescer d'un signe de tête, se disant qu'elle partirait juste après, sans rien acheter. Il n'était pas nécessaire de s'aventurer par ici plus de temps que nécessaire. Joanne finit par silencieusement s'installer dans un des fauteuils, sentant ses jambes faiblir. Elle avait vu qu'Hannah avait bien maigri, puis elle avait coupé ses cheveux, aussi. Elle ne savait pas quoi lui dire, s'il fallait revenir sur quoi que ce soit. Toutes les vendeuses et hôtesses étaient parties chercher diverses choses pour les deux clientes présentes dans la boutique -vraisemblablement, toutes les deux étaient clientes de marque mais Joanne ne voyait pas en quoi elle arrivait à hauteur d'une personne qu'elle avait un jour considéré comme amie. Quelle naïveté d'y avoir cru, vraiment. Ecrire à Jamie, n'était pas une idée non plus. Alors, les yeux baissés, elle jouait nerveusement avec ses doigts. Des questions lui trottaient dans la tête. Beaucoup trop, à vrai dire, elle ne savait plus par où commencer. Joanne redressa sa tête, en direction du mannequin. Les yeux brillaient déjà par une certaine tristesse et un trop grand nombre de blessures. "Pourquoi, Hannah ?" dit-elle faiblement, la voix tremblante. "Pourquoi ?"
Joanne était probablement la dernière personne avec qui Hannah avait prévu d'attendre sa prochaine robe mais... fuir aurait été tellement futile. Et fuir quoi ? Hannah savait que tôt ou tard, elles devraient parler et qu'elle devrait s'excuser. Pas que pour le baiser mais pour le gala et probablement pour d'autres choses que les deux jeunes femmes n'allaient jamais dire à voix haute. Peut-être que sa présence dans la vie de Jamie avait toujours été un problème en soi, peut-être qu'elle avait toujours été plus qu'une simple amie ou encore sa meilleure amie. Elle s'était cachée derrière ce titre pour... pourquoi au juste ? Bonne question.
Hannah ne fixait déjà plus Joanne, concentrée sur son propre reflet. Car ce n'était pas tellement la façon dont les autres la percevaient qui l'intéressait non, c'était son regard à elle qui comptait. C'était probablement pour cela qu'elle se permettait d'être aussi cassante avec les autres. Joanne, même si elle ne semblait pas le voir, était sublime dans cette robe. Elle était tout le contraire d'Hannah qui bien qu'elle soit l'idéal de beaucoup de créateur, s'effaçait souvent dans ses robes. Pas Joanne, non, elle serait certainement magnifique dans sa robe de mariée. Joanne était enceinte, ça, Hannah le savait, Jamie l'avait mentionné dans le bureau de Nyx, elle allait avoir son conte de fées et sa fin parfaite, Hannah n'était qu'une petite ombre sur le tableau qui serait rapidement oubliée, c'était certain. Pourtant, Joanne posa une question qui paraissait bien importante à ses yeux. Hannah soupira, profondément, elle s'attendait à la question et Joanne avait raison, pourquoi tourner autour du pot ? Hannah pivota sur elle-même, fixant la blonde et non son reflet. « Je te dois des explications, j'avais pensé à t'appeler mais... Je crois que même moi je n'avais pas ce courage-là. » révéla l'actrice le visage vide de toute expression. Elle croisa les bras sur sa poitrine et marqua une pause.
Par où commencer ? Joanne, plus que quiconque méritait la vérité. Certes, cela n'allait pas apaiser la blonde mais c'était un début. « Je suis désolée Joanne, sincèrement, la situation a échappé à tout le monde et surtout elle m'a échappée. Je ne dis pas ça pour que tu me pardonnes ou quoi que ce soit du genre mais si tu veux la vérité eh bien...» Le pardon était franchement quelque chose dont Hannah pouvait se passer. Mieux que quiconque elle connaissait ses erreurs. « Tu veux savoir pourquoi ? Parce que c'était facile tout simplement, parce que Jamie est Jamie et que je suis moi. Nous nous sommes mutuellement poussés à bout ce jour là et tout le reste, le gala, toi, Kelya ça s'est mélangé dans mon esprit et j'ai fait la seule chose qui pouvait vraiment le blesser et le pousser à m'éloigner. » Sur le moment, cela lui avait paru logique, Hannah n'espérait pas que Joanne la comprenne non, elle ne pouvait pas comprendre, pas elle qui était promise, corps et âme à Jamie. Pas elle qui portait son enfant. Les choses étaient complètement différentes pour Hannah, il lui avait dit être possessif mais elle n'aurait jamais pensé que c'était à ce point-là. Elle avait pris peur et elle avait fuit, tout simplement, il avait refusé de la laisser partir alors elle lui avait fait du mal. Pour Hannah, tout ceci avait un vrai sens, elle avait été blessée, elle avait répliqué de la même manière.
« Je ne suis pas stupide et je n'ai pas la prétention d'être ce que je ne suis pas, je sais qu'il n'y a qu'une seule femme qu'il aime vraiment et c'est toi, j'ai toujours respecté ça. » En disant cela, Hannah faisait référence aux journalistes qui lui prêtaient une liaison avec Jamie. Ça n'avait jamais été le cas et elle espérait bien que Joanne le comprenait. Elle n'était pas du genre à voler l'homme d'une autre. « Et ce même si je ne l'ai pas beaucoup montré ces dernières semaines... Mais je sais que vous allez passer à autre chose. Il passera à autre chose Joanne... très vite. » Et il l'a déjà fait, se retint-elle d'ajouter, son regard dérivant quelques instants vers le ventre de la blonde. Finalement, elle avait bien fait d'apparaitre ce fameux soir, Joanne pouvait donner à Jamie tout ce qu'il désirait, Hannah non.
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Joanne pensait peut-être passer un bon moment, mais voir la mannequin dans la même boutique qu'elle la refroidit instantanément. Les instants de silence étaient lourds de beaucoup de choses, l'atmosphère était loin d'être agréable pour les épaules fragiles de la belle blonde. Il suffisait d'un simple mot pour créer une question qui était censée régler beaucoup de choses. La brune admit tout de même qu'elle devait expliquer certaines choses à la plus naïve des deux. Joanne avait bien du mal à la croire lorsqu'elle dit qu'elle avait l'intention de l'appeler. Un appel, un SMS, cela rendait toujours les choses plus simples. Hannah s'excusa et s'expliquer. Comme quoi la situation avait dérapé, surtout pour elle, qu'elle avait perdu le contrôle sur tout. Elle avait pourtant l'air parfaitement consciente lorsqu'elle disait qu'ils la faisaient bien rire. Elle se souvenait parfaitement de ces mots-là, comme de l'air hautain qu'elle avait sur son visage ce soir là. Joanne ne manqua pas d'écarquiller les yeux, à la fois surprise et choquée, de savoir qu'Hannah connaissait également Kelya. Nom qu'elle n'espérait plus jamais entendre, à croire que tout la poursuivait. Quelle idée d'être entrée dans ce monde fous. "Tu connais Kelya ?" demanda-t-elle d'une voix étouffée. Joanne pensait comprendre tout ce qu'elle disait, mais peut-être pas dans le même sens. Néanmoins, elle l'écouta attentivement jusqu'à la fin, ne manquant pas de dire qu'à ses yeux, Jamie n'avait qu'une seule femme dans sa vie, et que c'était elle. On aurait pu en rire, Joanne savait ô combien cette phrase sonnait incroyablement faux à ses oreilles. Par contre, elle ne savait plus s'il fallait en rire ou en pleurer. Dans tous les cas, la moindre réaction était quasi nerveuse. Le timbre de sa voix n'indiquait aucune méchanceté, aucune agressivité ; peut-être quelques remords. "Je me dois de te dire que tu as faux sur certaines choses." commença-t-elle, chaque mot qu'elle prononçait lui faisant à chaque fois des haut-le-coeurs. "Tu penses vraiment qu'il a refusé en bloc ton baiser ? Que... que ça ne l'a fait que l'éloigner de toi ?" Elle hocha la tête négativement, répondant par là à ses propres questions. Elle avait un sourire, profondément triste qui s'était douloureusement tracé sur son visage. "Tu penses vraiment, qu'à un seul moment, il dira qu'il n'a pas apprécié ce baiser ? Parce que ce n'était pas bien, parce que ce n'était pas moi ?" Elle haussa les épaules. "Au point où il en était, il aurait accepté n'importe quel signe d'affection venant de toi, même un si futile baiser..." soupira-t-elle en baissant les yeux. Joanne savait qu'elle avait raison. "Je ne suis pas dupe, Hannah. Je sais que je suis naïve, parfois même simplette et insouciante, que tout passe comme une lettre à la poste avec moi, mais je connais Jamie." Elle déglutit difficilement sa salive. "Que vous aurez beau vous disputer, vous réconciler et vous disputer à nouveau, il tiendra toujours toi. Ca a toujours été le cas, depuis que vous vous connaissez, je suppose." Nerveusement, elle réajusta quelques plis de sa robe - ce qui ne servit strictement à rien. "Et quand il tient à quelqu'un, il devient possessif. Il l'est beaucoup avec toi." C'était un fait. Des larmes bordèrent doucement ses yeux, Joanne la regarda. "Et je sais aussi très bien que s'il avait à choisir entre toi et moi, il n'y arriverait pas. Mariage ou pas." Finalement, deux sillons se formaient progressivement sur ses joues. "Bébé ou pas." Elle essuya rapidement ses larmes du dos de ses mains, renifla un peu avant d'essayer de très rapidement se remettre de ses émotions - chose dont elle n'était certainement pas capable. Elle se leva du fauteuil."Tu devrais lui demander un jour, tu verras par toi-même." Natalie finit par réapparaître avec la robe blanche dont elle avait parlé entre les mains. Elle invita sa cliente à venir l'essayer. Avant de retourner dans la cabine d'essayage, elle regarda Hannah. "Après, je le comprends. C'est tellement plus facile de discuter et débattre avec quelqu'un sans savoir à expliquer à chaque fois comment fonctionnent les choses, quelqu'un avec qui... je ne sais pas, avec qui il pourrait raconter des blagues vaseuses que seules les personnes nées avec une cuillère en or dans la bouche. Quelqu'un avec qui il ne doit pas être vigilant et sur ses gardes de peur qu'on le ne fasse une quelconque crise d'angoisse." Elle haussa les épaules. "Tu l'as dit toi-même, c'est facile. Parce que Jamie est Jamie, toi, tu es toi. Et Joanne reste Joanne." Son ton laissa clairement entendre le fond ses pensées et le peu d'estime qu'elle avait pour elle. Elle haussa encore une fois les épaules avant qu'elle n'adresse un sourire à la vendeuse, qui tira le rideau derrière afin qu'elle essaie enfin cette robe "J'avais contacté la styliste pour lui demander s'il était possible de faire des réajustements, pour que vous puissiez la porter dans les mois à venir, elle n'y voyait aucun inconvénient. Elle était même très enthousiaste à l'idée de voir l'une de ses tenues dans des circonstances plus particulières." Quelques minutes plus tard, Joanne sortait, se voyant enfin devant les grands miroires. De dos, de profil. Natalie était véritablement sous le charme. "Celle-ci vous va à la perfection, Miss Prescott. Juste quelques réajustement sur la longueur, et ce sera parfait."
Il y a avait une certaine tension et un malaise qui planaient dans l'air et Hannah avait beau les ignorer jusqu'à présent, elle ne pouvait vraiment plus le faire. Pas avec le discours que lui tenait Joanne. Hannah la regarda, presque bouchée bée alors qu'elle lui affirmait que Jamie aurait voulu plus d'elle. Et si Hannah ne voulait pas lui en donner plus. Et si... Hannah savait qu'elle avait blessé la blonde mais elle ne comprenait pas d'où venait la rancoeur de la fiancée de Jamie. Elle semblait triste, triste au possible et pas à cause d'un simple baiser non, à cause d'autre chose et Hannah ne comprenait pas. Et bien plus que de l'incompréhension, Hannah ressentait une certaine pointe de colère. Joanne, la fragile et innocente Joanne ne voyait que cette partie d'elle-même, elle semblait se renfermer sur elle et Hannah avait juste envie de prendre la blonde par les épaules et de la secouer. Pour qu'elle se réveille et qu'elle réalise qu'elle ne devait pas se plaindre mais bien être contente de toutes les choses qu'elle avait.
« Votre robe miss Siede. » Hannah venait d'être tirée de ses pensées par la vendeuse qui revenait avec un autre modèle. Hannah ignora la robe pour regarder Joanne qui apparaissait dans une nouvelle robe blanche, absolument superbe. Peut-être était-ce la nouvelle couleur de la robe mais rien ne parvenait à apaiser l'esprit d'Hannah et elle poussa un soupir avant de regarder les deux vendeuses. « Laissez-nous seules. Maintenant. » Les deux employées se tournèrent vers Hannah, leur sourire professionnel faiblissant et la Siede poussa un soupir exaspéré. « Maintenant. » répéta t-elle. Des hochements de têtes et des sourires gênés plus tard, les deux jeunes femmes étaient enfin seules. Hannah croisa les bras sur sa poitrine et se dirigea sans y penser vers son sac pour y tirer une cigarette. Tant pis pour les bonnes résolutions, elle en avait besoin. « Pourquoi est-ce que je dois m'excuser au juste Joanne, tu peux me le dire ? D'avoir embrassé Jamie et de vous avoir blessé ? Ça je veux bien m'excuser pour ça mais pour le reste.... Il va vraiment falloir que tu m'éclaires. » Hannah renvoya un nuage de fumée dans la direction de Joanne, elle se fichait bien de savoir si elle devait fumer ou non dans la boutique ou que Joanne était enceinte. Tout ça passait réellement au second plan et elle se disait qu'elle était bien naïve de croire que Joanne avait besoin de ses excuses pour se sentir mieux, bien naïve. « Ou bien tu veux que je m'excuse parce que je fais partie de sa vie et qu'on sait tous les trois que si tu n'étais pas apparue ce soir là, il aurait fini dans mon lit ? »
Hannah n'allait pas prendre des pincettes ou tourner autour du pot ou traiter Joanne comme une fleur délicate comme tout le monde semblait vouloir le faire. Si la blonde voulait la vérité, c'était la vérité qu'elle aurait et oui, Hannah n'avait pas eu des intentions très nobles en voyant Jamie ce soir-là, elle ne l'avait jamais nié et peut-être que cela avait toujours plané dans les airs. « Ça n'est pas ce qui s'est passé, il le sait, je le sais, tu le sais, alors ça ne sert à rien de se morfondre sur ce qui aurait pu arriver Joanne, vraiment pas. » Hannah était passée à autre chose, c'était la seule raison qui faisait qu'elle avait accepté Jamie dans sa vie, elle l'avait rangé dans une autre catégorie, c'était pour cette raison qu'ils avaient pu être amis, et seulement pour ça. « J'admets que nous n'avons pas l'amitié la plus conventionnelle du monde. Mais c'est tout ce que nous avons été l'un pour l'autre au cours des derniers mois. Je ne suis pas à lui et ce malgré ce qu'il aime dire ou penser, je me fiche de savoir comment il fonctionne. » C'était le sujet de leur discorde, Hannah n'appartenait à personne, pas à Jamie, ni à aucun homme d'ailleurs, elle aimait sa liberté et jamais rien ne pourrait la satisfaire, pas un homme, ni une bague. « Que les choses soient bien claires, des hommes comme Jamie je peux en avoir d'un simple claquement de doigts et si je voulais vraiment te le piquer... » Hannah esquissa un sourire mauvais, laissant le doute planer dans son discours.
« Ne m'accuse pas de tous tes maux Joanne. Si tu doutes, si tu ne te sens pas à ta place et si tu as peur de ma simple présence... Je suis désolée mais le problème ne vient pas de moi. » Non, pas d'elle, non, si le couple que formait Joanne et Jamie était bancal, ce n'était pas de sa faute. « Mais de toi. » conclut simplement Hannah. Elle sortit son cendrier de son sac et écrasa sa cigarette à l'intérieur, déjà satisfaite de sa brève dose de nicotine. Elle trouva sa place dans un des fauteuils, croisant les jambes. « Tu es avec Jamie, soit tu es avec lui à 100% soit tu ne l'es pas, c'est aussi simple que ça. Ce monde que tu préfères distancer de toi, c'est son monde mais... c'est ton monde aussi Joanne... ouvre les yeux, tu crois vraiment qu'une personne normale achète une robe à 6000 dollars et qu'on la traite aussi bien que nous ? » Hannah eut un regard sur la boutique et sur la robe de Joanne. Pas son monde ? C'était son monde quand il s'agissait d'acheter des robes et de profiter un peu de ce genre de plaisirs. « Je ne vais pas m'excuser d'être riche à ne plus quoi savoir quoi en faire mais il serait temps que tu admettes que même si tu le rejettes, tu en fais partie de ce monde. Et tu t'apprêtes à épouser un fils de Lord. Ça me parait comme le bon moment pour voir les aspects positifs et te dire que tu mérites tout ça... non? » Hannah eut enfin un sourire, elle se rappelait enfin qu'elle avait promis à Joanne de lui apprendre à être plus forte mais avant... il fallait vraiment qu'elle sache si elle voulait vraiment de tout ça.
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Joanne regardait son reflet, portant la robe blanche, presque avec une certaine lassitude. Elle n'avait pas le coeur à faire quoi que ce soit, tout ce dont elle voulait, c'était rester seule. Elle ne s'attendait à rien venant du mannequin, encore moins autant de virulence envers elle. La belle blonde se disait alors, petit à petit, qu'elle le méritait, qu'elle ne valait pas plus que ça. Mais à quel titre ? Quelles pouvaient être les raisons d'une telle rancoeur ? La liste était longue comme le bras, elle était épuisée d'énumérer quoi que ce soit. Chacune des questions d'Hannah était pertinente, mais horriblement blessante. Joanne commençait à avoir cette douleur thoracique oppressante. Comme dans un état de choc, elle ne parvenait même pas à réagir, à transmettre une quelconque émotion l'espace d'un instant. Mais Siede continuait, encore et encore, attaquant sans remords, à toucher là où ça faisait mal. C'était pertinent, certes, mais il y avait toujours bien des façons de le dire. Elle manquait aussi cruellement de modestie, disant qu'elle pouvait avoir n'importe qui à ses points. Ce dont Joanne voulait bien croire, connaissant bien la beauté d'Hannah et son assurance. Dieu sait combien d'hommes elle avair réussi à traîner dans son lit par un simple sourire. La pièce empestait la fumée de cigarette, ce qui fit légèrement toussoter la jeune femme par moment. Cette douleur à la poitrine persistait, ou devenait encore plus insupportable. Les yeux baissés, comme un chien battu, Joanne prenait de plein fouet chaque mot qu'elle disait, chaque phrase. Mais le coup de grâce, le coup fatal, vint quelques secondes après. Le problème, c'est moi. Et aussi loufoque cela pouvait-il être, cette triste vérité prit soudainement tout son sens pour la jeune femme. Toutes les disputes, les avis contraires, les incompréhensions, absolument tout s'expliqua alors aux yeux de la jeune femme. Je suis le problème, dans tout ça. continua-t-elle de se répéter, coincée dans une sorte de cercle vicieux. Elle continuait d'encaisser malgré tout ce qu'Hannah avait à lui dire. Au moins, elle ne pouvait pas lui reprocher son honnêteté. La robe qu'elle était en train d'essayer n'était pas cintrée, il n'y avait aucune raison pour qu'elle s'y sente oppressée, et pourtant elle avait l'impression que la somme d'argent qu'elle valait l'étouffait. Comme un soudain retour à la réalité, elle se dit qu'elle ferait bien autre chose que de s'acheter une robe avec six mille dollars, ou qu'importe la valeur du tissu qu'elle avait sur elle. Mais dans quel monde fous avait-elle pu atterrir ? Quelle idée de s'embarquer là-dedans, à rester enfermer dans sa coque et de naïveté. Joanne se trouvait tellement stupide d'avoir cru qu'on l'épargnerait peut-être, qu'elle avait pouvoir vivre son idylle sans soucis. Non pas qu'elle se plaignait de sa vie d'avant, ni du divorce d'Hassan, ni de quoi que ce soit. Mais elle pensait qu'elle avait le droit d'avancer dans sa vie comme n'importe qui, normalement. Qu'est-ce qui était normal, alors ? La mannequin avait fini de parler un bon moment. Joanne avait toujours la tête baissée, toujours avec cette même phrase qui tournait en boucle dans sa tête. "Je suis le problème..." dit-elle tout bas, certainement de façon inaudible. Hannah pouvait croire que Joanne acquiesçait d'un léger signe de tête parce qu'elle pensait qu'elle méritait cette vie en toute démesure, mais son esprit était en fait d'accord avec tout ce qu'elle avait dit avant. Et Jamie dans tout ça ? Lui-même était à bout de ses états d'âme, de son incapacité à s'adapter, de sa sorte de psychorigidité. Alors quoi ? Quelle était la solution. "Cette robe ne me va pas." dit-elle alors, trouvant la la seule excuse pour s'en débarrasser. Là, avec sa robe à elle, sa veste, ses chaussures, ça allait mieux. Là, elle était Joanne. Après, elle ne comptait pas acheter quoi que ce soit, on était venu la chercher, parce qu'on avait entendu dire que, et rien de plus. Hannah disait qu'elle faisait aussi partie de ce monde, la blonde n'en avait pas l'impression. Non, à vrai dire, elle n'en faisait pas partie, et ça n'avait jamais été le cas, fiancée d'un Lord ou pas. Elle se demanda comment le frère de Jamie avait pu tenir aussi longtemps dans un monde pareil. Hannah était toujours confortablement installée dans son fauteuil, attendant certainement une quelconque réaction de son interlocutrice. Joanne restait statique, muette, encore bien secouée par l'avalanche de paroles de la belle brune. Elle faisait aussi de gros blocages sur certaines choses qu'elle avait dites, qui étaient certainement anodine. "Je continuerai juste à m'acheter des robes Zara, Etam et autres boutiques où tu ne mets certainement jamais les pieds." Parce que pas assez cher, pas assez de bonne qualité. C'était largement suffisant pour la jeune femme. Ce n'était pas parce qu'elle baignait dans le monde du luxe qu'elle prenait forcément goût à tout. Sa voix était loin d'être accusatrice. Elle n'était rien du tout après, son ton sonnait vide, aucun sentiment positif ne passait réellement son esprit à ce moment là. Elle n'arrivait même plus à regarder Hannah dans les yeux. "C'est moi le problème." répéta-t-elle tout bas. Si Jamie avait fini avec Hannah, il n'aurait certainement pas autant de soucis à se faire, à s'inquiéter de sa santé fragile, de compenser sa totale insécurité. Non, vraiment, Hannah serait une compagne parfaite pour lui. Joanne ne pouvait pas vivre tous les jours comme ça, elle n'avait jamais pu. Elle qui pensait commencer à prendre un peu d'assurance, ce n'était qu'un mur de cartes qu'elle s'était bâtie, et rien de plus. Encore de longues minutes silencieuses passaient, mais une petite partie de l'esprit fusait et pensait à toute allure. Alors, elle s'approcha d'Hannah et posa dans le creux de sa main quelque chose de brillant. Un bijou. Oui, c'était bien un bijou. La bague de fiançailles. "Tu lui diras que... Tu lui diras ce que tu veux." A quoi bon, se disait-elle. Ce n'était qu'un cercle vicieux. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Joanne pensait avant tout au bébé. Vivre dans cette oppression quotidienne allait certainement devenir insupportable, une liste de facteurs favorisants à une fausse-couche s'allongeait en prenant en compte tout cet aspect psychologique. Personne ne devait ni ne pouvait la juger sur ses choix, car personne ne parviendra à décrire ce qu'elle pouvait ressentir à ce moment là. Les mots n'existaient même pas. Mais c'était loin d 'être de gaieté de coeur. Même ses yeux n'arrivaient plus à pleurer, mais son expression en disait certainement long. Alors Joanne tourna les talons, toujours avec cette horrible douleur dans sa poitrine. Elle avança vers la porte, et sentit qu'Hannah s'était levée de son fauteuil. Immédiatement, Joanne la regarda, et là, il y avait des larmes. Bien qu'émue, sa voix restait déterminée, mais craintive. "Non. Tu restes loin de moi. Restez tous..." Elle déglutissait difficilement, ses mains tremblaient, sa voix s'étouffait dans son désarroi. "Vous restez tous loin de moi." Si elle avait à choisir entre ça et sa solitude, la décision était vite prise. Elle n'en pouvait plus, et Hannah avait eu cet incroyable don de crever l'abcès et la pousser à bout. Joanne reprit sa route en faisant quelques pas en arrière, certaine de vouloir filer ensuite comme le vent.
Le discours d'Hannah avait été froid et cassant mais l'actrice avait porté sur Joanne le même regard qu'elle portait sur le reste du monde et elle n'avait pas hésité à lui dire la vérité. C'était ce que Joanne avait demandé alors Hannah n'avait fait que s'exécuter. Et pourtant... Pourtant tout dérapa en seulement quelques secondes et Joanna se focalisa uniquement sur un aspect du discours d'Hannah. La brune eut vraiment du mal à ne pas aller la secouer pour de bon. Elle ne voyait pas que c'était elle et seulement elle la clé de tous ses propres malheurs et qu'elle pouvait vivre une vie paisible si elle le voulait ? Il suffisait juste qu'elle apprenne à naviguer dans ce monde si hostile et qu'elle trouve un endroit où elle et Jamie pourraient être heureux, c'était tout. Ils l'avaient faits jusqu'ici, ils étaient forts, Jamie l'aimait, elle aimait Jamie, qu'est-ce qu'il avait de plus que ça ?
« Je... » Tout visiblement tout et la gorge sèche, Hannah regarda, complètement dépitée, Joanne qui remettait ses vêtements à elle, proclamant que c'était ce qui lui allait le mieux. Hannah aurait pu rire et lui dire que sa beauté était masquée comme ça, elle n'était plus rien, elle était commune. Jamie ne l'avait pas choisie pour ça pas vrai ? Pourtant, les mots manquaient à Hannah, était-ce les larmes de Joanne qui la clouaient sur place et qui l'empêchaient de parler ? Probablement, parce que Joanne n'avait pas ce truc, elle n'avait pas de masque, elle n'avait pas de moyen de cacher ses émotions et les ressentait toutes. Quelque part, c'était ce que Jamie aimait, la raison pour laquelle il avait choisi la blonde et pas Hannah. Hannah qui avait les mains qui se renfermait sur ... la bague de Joanne. Debout à présent, l'actrice fixa le bijou pendant une dizaine de secondes, le coeur battant la chamade dans sa poitrine. Elle voyait tout, elle pouvait voir le sourire de Joanne rien qu'en fixant cette bague, elle pouvait voir le sourire de Jamie également qui avait dû mettre un genou à terre avant de demander à la blonde de l'épouser. Jamie qui l'aimait... La main d'Hannah se referma sur le bijou au moment où une des vendeuses entraient dans la pièce. Miss Prescott, vous l'avez vu, elle est partie sans... C'était Hannah qui partait à présent, elle ne pouvait pas laisser les choses ainsi. Joanne ne pouvait pas fuir, c'était trop facile, elle n'était pas Hannah, elle ne pouvait pas être lâche et fuir ses sentiments parce que c'était tout simplement trop dur. Si c'était ça alors elle ne méritait pas Jamie, pas son amour où la façon dont il lui tenait la main ou la façon dont il la regardait et... Non, ça ne se terminerait pas ainsi, pas si elle pouvait faire quelque chose.
Hannah sortit de la boutique à la suite de la blonde et elle la chercha dans la rue, Hannah pouvait courir avec des talons et cela s'avéra d'autant plus utile aujourd'hui pour rattraper Joanne. Impossible de la manquer quand elle venait de vanter les mérites de sa robe il y a de ça quelques secondes. « JOANNE ! » La brune n'avait pas prévu d'hurler mais l'émotion était trop forte et tout se mêlait dans sa tête et dans son coeur. La confusion, le dégout, l'incompréhension et surtout elle pensait à Jamie. Joanne pouvait lui tourner le dos comme ça ? Elle n'avait même pas idée de la façon dont il parlait d'elle quand elle n'était pas là et à quel point il était prêt à se battre pour elle. Hannah se planta devant la blonde et elle lui tendit le bijou, de la colère plus que visible sur son visage.
« Sèche tes larmes et reprends ta bague. Si tu aimes vraiment Jamie, tu vas récupérer cette bague, aller l'épouser et m'oublier. » Tant pis si Hannah lui avait dit toutes les vérités qu'elle ne voulait pas entendre, il était temps de les assumer désormais. C'était trop facile de tout laisser tomber, et cet enfant alors, est-ce qu'elle voulait le priver de son père ? La blonde ne pouvait pas être aussi cruelle. « Ne me donne pas raison Joanne, moi qui ai toujours cru que l'amour ce n'était que pour les romans ou pour les pièces de théâtre je... C'est si facile pour toi de lui tourner le dos, c'est ça ? Hmm ? Je croyais que tu l'aimais ? Que c'était l'homme de ta vie ? Tu vas vraiment laisser un accident de parcours tout te gâcher ? Bats toi, remets-moi à ma place et réagis !» Hannah avait l'habitude de garder sa voix pour la scène uniquement, pas aujourd'hui, elle ignora le regard de quelques passants et pria pour qu'aucun photographe mal intentionné se trouve là. Quoi que... autant que quelqu'un soit là pour immortaliser le moment pas vrai? « Reprends ta bague ! » ordonna encore une fois Hannah, faisant un pas de plus vers Joanne.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Le début de pression médiatique. Les photos, les magazines. L'attente des résultats concernant le bébé, l'annonce du cancer d'Hassan. L'interview à venir dans Vogue. Les soirées à venir, les invitations qui s'accumulaient bien que la grande majorité soit ignorée. Et là, l'intervention d'Hannah. Joanne n'en pouvait plus, elle était à bout. Ce n'était qu'un début, la mannequin le lui avait bien fait comprendre. La jeune femme marchait dans la rue, sur le trottoir, n'ayant aucune d'où elle pouvait aller. Son esprit était encore trop embrumé par les émotions, elle ne parvenait plus à réfléchir. Elle avait besoin, elle manquait cruellement d'air. Joanne sursauta de plus belle lorsqu'elle entendit la mannequin hurler son nom derrière elle afin de l'interpeller. Soudain, Hannah était juste devant elle, le ton grave, dur, visiblement en colère. Elle lui retendit la bague de fiançailles, lui donnant l'ordre de la récupérer. "Et toi ? Penses-tu que c'est facile de s'habituer à une vie comme la vôtre ? Débarquer de nulle part et tout de suite prétendre de faire comme les grands ?" répliqua-t-elle, vidée. "Tu penses que c'est facile de ne pas savoir à quelle sauce on peut être mangée pendant une soirée, avec tous ces sourires vicieux et mesquins, à transformer toutes ces situations en opportunités ?" Elle aussi, commençait à s'énerver. "A attirer toutes les curiosités, à se plaire à me mettre mal à l'aise, sauf qu'ils ne savent que ça peut tout simplement me couper la respiration et me faire un aller-simple à l'hôpital ?" Ses iris bleus étaient constamment bordés de larmes. "Tu devrais demander à Kelya pour ça." Que sous l'appui de ses menaces, Joanne avait fait un malaise au beau milieu de la rue. "Et puis, par dessus-tout, il y a ces journalistes qui viennent me voir à la sortie d'une consultation pour le bébé, et revenir sur ces histoire de photos, à me dire que je suis des plus stupides pour continuer de fréquenter un tel homme." Joanne se frotta un peu les yeux, reprenant son souffle. "Ces p*tains de photos... On a beau savoir la vérité, qu'il y a forcément une explication, il y a toujours ces fichus détails qui t'empoisonnent l'esprit, et qui donnent raison à ce que la presse dit. Ca frôle la paranoïa, et l'expression l'amour rend fou prend alors tout son sens." Joanne regardait dans le vide, c'était d'ailleurs ainsi qu'elle se sentait. "Ca doit te faire rire, te faire jubiler, toi, ce genre de choses. Mais à la base, je reste une citoyenne lambda qui bosse dans un musée, et je me fais facilement abuser par ce genre de choses." Joanne se savait naïve, mais beaucoup moins qu'elle ne l'était. "Je comprends pourquoi Jamie voulait me laisser en dehors de tout ça, mais de l'autre côté, j'avais beaucoup de mal à accepter qu'il était accompagné par quelqu'un d'autre. Je n'ai jamais osé le lui dire. Et alors, il y a ces photos avec ces fausses spéculations, pour attirer l'oeil des lecteurs. Et quand l'on reste à la maison à longueur de journée en repos forcé, l'imagination va souvent bon train." Elle soupira. "Le serpent qui se mord la queue." Et cela pouvait rendre n'importe qui fou, ça aurait fini par détruire le couple, et Joanne était épuisée de leurs disputes, qui, bien qu'occasionnels, gagnaient en intensité à chaque fois. "Arrête de dire que tout est facile. Tu as l'air de savoir à quel point ce n'est pas vrai." Elle hocha négativement la tête. "Je ne suis pas comme vous tous, Hannah. Je peux pas me créer cette armure, prétendre être quelqu'un d'inatteignable." Elle reprit une expression dite plus tôt dans la boutique. "Joanne reste Joanne." Pas de semblant. "Et si un jour tu tombes amoureuse -ce que j'espère pour toi-, tu te rendras compte de tout ce que l'on peut faire par amour." L'extrême reste le meurtre, mais cela illustre bien la chose. Il y avait des gestes d'amour, qui, parfois, étaient difficiles à comprendre. "Ce n'est pas une question d'amour, tu n'as aucun droit de mettre le doute là-dessus parce que tu le sais autant que moi." dit-elle alors, bien plus sèchement. Hannah si fit plus insistante, avançant encore d'un pas. Le prenant pour un geste de menace, Joanne recula d'un pas, et éleva. "J'ai dit que tu restes loin de moi." Ses sourcils s'étaient froncés, mais on devinait aisément sa profonde peine qui se lisait dans son regard. "Tu l'as dit toi-même. Le problème, c'est moi." Elle inspira profondément, et le timbre de sa voix était tout particulièrement chargé d'émotions, le disant totalement à contre-coeur, attristée par cette fatalités. "Et tout problème est résolu lorsqu'il n'y en a pas." Donc, je dois quitter sa vie. Elle recula encore de quelques pas. "Ne t'approche plus jamais de moi." dit-elle, avant de tendre un bras, alors qu'un taxi disponible arrivait dans la rue. Le véhicule ne tarda pas à se garer, et Joanne embarqua. "Ou puis-je vous emmener, Madame ?" demanda poliment le conducteur, avant de l'avoir salué. Joanne hésita quelque secondes. "Auriez-vous un hôtel à me recommander ?" Un peu surpris, il proposa quelques lieux qu'il connaissait. "... quoi que mon frère m'a parlé l'autre jour d'un hôtel au sud de la ville. Le Rocklea, de Brisbane International. C'est un budget moyen, mais il m'a dit qu'il en a eu que des bons retours, alors..." "Ca m'ira très bien, merci." Arrivée sur place, Joanne prit une chambre simple. La porte fermée derrière elle, c'était le calme. Le silence plat. Pas de chiens, pas de Jamie, rien. Joanne se sentait vidée et ne savait que ressentir. Elle posa ses affaires sur le lit et s'allongea juste à côté. Elle n'avait même pas faim, mais elle fit l'effort de grignoter quelque chose en fin d'après-midi, juste pour le bébé, se fichant bien d'elle-même. Epuisée, elle finit par s'endormir vers vingt heures. Elle pensera à tout le reste le lendemain. Le soir-là, elle n'avait plus le coeur à grand chose.