danger gets me high
Oscar &  @Andréa Eames  ☆ crédit/chevans

L’intensité qu’il met dans l’effort lui fait presque tourner la tête, ses jambes qu’il ne sent plus, les fourmis dans tout son corps, il a presque la nausée. Il n’a pas mis de compteur, ne sait pas depuis combien de temps, il court à s’en déchirer les poumons. Sur l’instant, son cœur bat si fort qu’il lui semble qu’il pourrait s’arrêter. Ici, au milieu de cette forêt. Combien de temps avant qu’on le retrouve, que les gens commencent à faire des commentaires. « Trop jeune pour mourir d’une crise cardiaque. », « Heureusement qu’il n’avait pas d’enfant. », « Faut aller bien mal pour se tuer à l’effort comme ça. » Sa cheville qui glisse lui offre un vol plané dans les feuilles. Le choc avec le sol le force à s’arrêter, couché parterre, il comprend que les choses ne peuvent plus durer comme ça. Qu’il faut que cela prenne fin, la nausée qui le guette. L’envie d’y retourner, qu’il fait taire. Faire du sport lui vide la tête, lui permet d’oublier sa dernière interaction avec sa femme. Elisa ivre morte qui vomit dans leur lavabo, ces mots pour lui, son regard vide. Il veut tout oublier, mais sa cheville lui fait mal, tout son corps crie stop. 
 
Il attrape son téléphone, c’est une mauvaise idée. Il le sait même avant que ses doigts ne tapent le message pour proposer à Andrea de le rejoindre au bar ce soir. Elle ne boit pas, lui en a envie, mais ne veut pas la tenter, sa sobriété à un prix bien plus important que l’abattage de son mal-être. Andrea est disponible, il lui donne rendez-vous, regarde sa montre. Il espère ne pas croiser Elisa à la maison, s’il rentre maintenant, il a ses chances. Quand il gare la voiture, celle de sa femme est là. Il hésite un instant, mais sait qu’il a des affaires dans son bureau, qu’il peut juste rentrer et ressortir aussi vite, de toute façon, il doute qu’elle lui adresse la parole. Quand il pénètre dans les lieux, ils sont vides, elle n’est pas dans le salon. Oscar ne se pose pas beaucoup plus de questions, il préfère faire avorter dans l’œuf l’inquiétude qui commence à le saisir. À la place, il se change et quitte la maison aussi vite. Le bar est relativement vide quand il arrive. En semaine, il n’y a que les piliers de bar et quelques couples, peut-être des premiers rendez-vous. Il commande un coca et va se poser près du billard pour attendre Andy qui ne tarde pas à débarquer. Un sourire vient instinctivement se coller sur son visage quand il la voit venir vers lui, le cœur moins lourd, bien plus efficace que le sport, sans doute. « Je suis content que tu aies pu te libérer. » Il vient l’éteindre, se dit que c’est amical, que c’est ok. Depuis qu’ils se sont retrouvés à la salle de boxe, elle est son secret. Mais jusqu’à ce soir, leurs rencontres étaient restées sportives : salle de boxe et quelques courses pour se maintenir en forme, il avait gardé un espace de sécurité avec elle. Qu’il était en train de faire voler. « Ça me fait plaisir de te voir. Qu’est-ce que tu bois ? » Elle jette un œil à son verre, il se demande si elle pense encore à l’alcool. Commande sa boisson au bar et la retrouve à la table haute qu’il a réservée quelques minutes auparavant. « Comment tu vas ? Et comment vont les enfants ? » Il se sent bien, mais un peu anxieux… Sans doute conscient qu’il joue avec le feu. Son mariage est déjà au plus bas, aller boire un verre avec la femme qu’Elisa lui a demandé de rayer de sa vie, n’est sans doute pas un acte de sagesse.

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