good evening heartless
w/ @Phoebe Jensen  ∆ crédit/tumblr&pint

Deux semaines s'étaient écoulées depuis la fameuse matinée où Seth, fidèle à lui-même, avait congédié Phoebe. Les journées défilaient et il n'avait toujours pas eu de nouvelles de sa voisine de palier, ni ne l'avait croisé par hasard au coin des escaliers. Pas plus qu'il n'avait entendu du bruit provenir de chez elle, mais ce dernier point était plutôt habituel. C'était comme si elle n'avait jamais existé. Il l'avait déçue, il le savait. L'américain l'avait lu dans le regard désabusé de la brunette et compris à travers ses paroles. Il avait affirmé qu'il n'était pas capable de lui donner ce qu'elle attendait de lui, elle s'était désolée qu'il ne fasse pas même l'effort d'essayer. Et elle avait raison. La jeune femme avait mis les pieds dans son monde en y faisant un grand bond, se laissant porter par les jeux que Seth dirigeait toujours. Quant à lui, il n'avait même pas voulu essayer. Pourquoi? Parce qu'il n'était pas comme ça. Parce qu'à ses yeux, l'amour n'existait pas, alors à quoi bon donner de la tendresse et se murer dans des illusions qui ne pouvaient mener qu'à la frustration et à l'échec? L'archéologue préférait le confort de ses schémas habituels: rencontrer, s'amuser, prendre du plaisir, et remercier. Etait-il seulement capable de faire l'amour? Il n'en avait pas la moindre idée. Les derniers jours n'avaient pas été de tout repos, et bousculé par la poursuite de ses fouilles - officielles et officieuses, en parallèle - l'américain n'avait pas eu le temps de tellement réfléchir à son histoire avec sa voisine. Il lui était arrivé de penser à elle, parfois, tard le soir quand il rentrait d'une longue journée et qu'il franchissait le palier silencieux qui séparait son appartement du sien. Mais ces vagabondages de l'esprit étaient rapidement balayés par le quotidien qui revenait au galop. Pourquoi penserait-il à elle, de toute façon?

Brisbane ne manquait pas de célibataires, qui partageraient sans doute davantage ses penchants particuliers. Du sexe sans sentiments, sans prise de tête. Juste un moment de pure extase, une parenthèse enchantée avant le silence. Des femmes qui ne logeraient pas en face de son appartement, pour commencer. Et donc, qu'il ne serait pas obligé de croiser s'il n'en avait pas envie. L'archéologue n'avait ni le temps ni l'envie pour les complications, sa vie étant déjà assez complexe telle qu'elle était. Alors pourquoi est-ce que la vue de ce visage d'une douceur innée le perturberait?

Ce soir, il avait rencontré Melissa - ou Melody, peu importe - à l'Octopus, le casino de la ville. Il y était pour affaires, elle y était pour le divertissement, pour dilapider les maigres restes de son salaire du mois dans les machines à sous, et boire des cocktails hors de prix avec sa bande de copines. Elle était grande, blonde, perchée sur des talons qui lui faisaient des jambes interminables. Ce n'était pas son genre, mais il s'en contenterait pour ce soir. La demoiselle lui avait mis le grappin dessus alors qu'il sirotait un whisky au comptoir du bar de l'établissement, et quelques verres et une courte discussion plus tard, il l'avait embarquée dans sa voiture et ramenée à West End. Elle était extravertie, solaire, légère, mais elle n'intéressait pas du tout l'archéologue. Pas pour autre chose qu'une soirée divertissement, un one shot pour remédier à ses envies et besoins de mâle dominant. Et une fois qu'il eut pris ce qu'il y avait à prendre - et elle aussi, par la même occasion - il la raccompagna à la porte de son appartement, qu'il ouvrit pour la laisser s'en aller. Elle le remercia, déposa un baiser furtif sur ses lèvres et lui souhaita une bonne nuit, filant par les escaliers. Au même moment, sa voisine faisait irruption sur le palier, accompagnée par une silhouette à peine plus petite, que Seth identifia rapidement comme sa fille. Et bien entendu, elles avaient assisté à toute la scène. Loin de se démonter, l'américain força la politesse. "Bonsoir, Phoebe.", la salua-t-il, gratifiant sa petite - qui ne l'était d'ailleurs plus tant que ça - d'une signe de tête. La brunette avait un panier dans les bras, sans doute allait-elle faire quelques emplettes nocturnes avant que les magasins ne ferment. "Comment... Comment tu vas?", demanda-t-il, et la question n'avait rien d'une formule de politesse: il voulait vraiment savoir si elle allait bien.    



   

Le temps s'était écoulé rapidement depuis que j'avais claqué la porte de l'appartement de Seth après avoir compris que, j'avais été prise pour une imbécile et qu'il ne voulait pas la même chose que moi dans notre relation. J'avais joué son jeu, curieuse de découvrir l'univers dans lequel il baignait, mais il ne voulait pas tenter de venir dans le mien plus doux, plus tendre et surtout avec de l'amour. Deux semaines que je n'avais pas vu son corps dans l'immeuble que nous partagions, deux semaines sans même regarder par le judas de la porte pour tenter de l'apercevoir. Deux semaines que je lui en voulais terriblement d'avoir pu faire naître des sentiments pour lui dans mon organisme. J'étais persuadée au moment de ma rencontre avec lui, qu'il ne pourrait pas avoir une incidence comme celle-ci sur moi et pourtant, la preuve était que j'avais envie de bien plus que de simple moment d'échange brutaux dans nos lits. Mais sa réponse, m'avait laissé penser que de toute façon je ne méritais rien d'autre que ce genre de choses. Je n'étais plus une femme à aimer, brisée trop souvent par les hommes. Peut-être qu'il faudrait à l'avenir que je reconsidère mes désirs sentimentaux.

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, Keïla était passée me voir et elle avait conviée son petit ami à nous rejoindre dans la soirée pour le repas. Une occasion de le voir et de discuter d'un potentiel emménagement ensemble. Les parents de Ethan étant parfaitement d'accord avec cette idée afin qu'ils puissent vivre enfin leur vie. Quant à moi et bien que leur couple fonctionné depuis de nombreuses années maintenant, je n'étais pas certaine que mon adolescente de seize ans puisse parfaitement, se rendre compte de ce que cela impliqué et surtout, je ne voulais pas qu'elle m'annonce une grossesse surprise à l'âge de dix sept ans, comme j'avais pu le faire avec mes parents. Cependant, Keïla avait un caractère bien trempé et elle avait toujours des arguments intéressant à débattre et tandis qu'elle abordait le budget que j'avais évoqué, elle ouvrait la porte de mon appartement afin qu'on puisse aller faire les courses pour le repas du soir.

Mon regard se posa alors soudainement sur une blonde perchée sur des talons à n'en plus finir, elle semblait s'être habillé rapidement car, sa tenue n'était pas du tout en accord autant par les couleurs que par les formes de ses vêtements. Je la voyais alors poser rapidement un baiser sur les lèvres de mon voisin de palier, ces même lèvres que j'avais moi-même embrassées régulièrement, ces lèvres qui avait parcouru mon corps, mon épiderme et qui avait réussi à me donner un plaisir intense. L'idée même qu'il puisse faire de même avec cette blonde venait me donner des hauts le cœur et par la même occasion me le brisé. J'entendais alors Keïla faire une légère remarque tandis que la femme quittait l'immeuble et que mon regard continuait de percer Seth.

Je sortais de mes pensées alors que sa voix se fit entendre dans l'immeuble, "Bonsoir Seth !" Lançais je à mon tour essayant de ne pas paraître trop froide, bien mal acquis lorsqu'on me connaissait un peu. Peut-être que s'était la raison pour laquelle, Keïla me piqua mon panier et proposa de filer au magasin. "...Quoi mais...Keïla !" Je lançais alors qu'elle dévalait les escaliers tout en indiquant que je devais sans doute parler avec mon voisin. J'ouvrais un instant la bouche surprise en la fixant alors que Seth reprenait la parole à nouveau. "Je..." Qu'est-ce que je pouvais bien répondre à cette question ? D'ailleurs, je ne savais même pas exactement comment la prendre, sincèrement ? Curieusement ? "J'ai le cœur brisé mais...Je fais face...Au moins je m'estime chanceuse de ne pas être retombée dans mes travers alcoolique ! Et toi ? J'ai l'impression que ça va..." J'avais penché rapidement la tête vers les escaliers, faisant référence à la blonde qui était sortie de son appartement. "Enfin...Je ne te jette pas la pierre...tu m'as expliqué après tout...C'est juste moi qui suit trop idiote pour ne pas avoir compris." Il était libre de faire ce qu'il voulait, après tout, nous n'étions pas en couple et nous ne le serions surement jamais.

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La manière froide et formelle que sa voisine eut de le saluer confirma à Seth qu'elle lui en voulait toujours. L'américain n'aurait pas imaginé que des sentiments puissent s'installer aussi rapidement, malgré les bons moments qu'ils avaient partagé. L'alchimie entre eux découlait des agréables sessions de sexe et à ses yeux, ils ne se connaissaient pas assez bien pour développer autre chose qu'une affection mutuelle. Mais Seth n'était pas le genre d'homme romantique à s'éprendre facilement d'une femme, loin de là. Il ne souhaitait cependant pas de mal à ses conquêtes, et sans doute encore moins à sa voisine, qu'il n'aimait pas voir dans cet état. L'archéologue la préférait souriante, enivrée par le plaisir et les traits sublimés par l'extase. Le souvenir de son corps fébrile tremblant sous ses doigts le fit regretter d'avoir été aussi sévère avec elle. Peut-être aurait-il dû mettre les formes, essayer de ne pas dévoiler la brutale vérité avec autant de placidité, comme si tout cela ne l'atteignait pas. Seth l'ignorait peut-être - ou ne voulait simplement pas le croire - mais tous les êtres humains n'étaient pas égaux quand il s'agissait de développer des sentiments envers leurs congénères.

La présence de la fille de Phoebe, une petite Keïla pétillante à l'énergie intarissable de la jeunesse, apaisait la gravité de la situation. Elle n'était certainement pas au courant de ce qu'il s'était passé entre le voisin et sa mère, et ces histoires d'adultes ne la regardaient pas. Phoebe ne pouvait donc faire étalage de ses ressentis devant elle. C'était sans compter sur l'esprit d'initiative de l'adolescente - ou probablement sentait-elle une certaine tension sur le palier - qui arracha le panier de courses des mains de sa mère avant de dévaler les escaliers à vive allure. Seth la regarda filer avec un léger sourire sur les lèvres, amusé par les similitudes entre les deux Jensen. "Elle te ressemble...", constata-t-il, reportant son regard sur la brunette. La légèreté de ce constat fut rapidement balayée par les aveux de la jeune femme, qui prétendait que son coeur brisé ne l'avait pourtant pas poussée à retomber dans l'alcool. Et c'était tant mieux, car Seth s'en serait probablement voulu d'être la cause de sa rechute. Ses lèvres se pincèrent, réaction de navrance face à l'accusion dissimulée qu'elle avait formulé. "Ce n'était pas mon intention, crois-moi.", laissa-t-il échapper. Excuses non prononcées, demander pardon n'était pas son style. Demander pardon d'être lui-même, encore moins. Il aurait pu mentir, pour lui faire plaisir. Il savait si bien le faire en temps normal. Mais il avait estimé lui devoir la vérité. Son intention n'avait pas été de la blesser, ni de provoquer chez elle des sentiments autres que le plaisir sans conditions et sans engagement. Comment aurait-il pu deviner qu'elle y mettrait du coeur?

Il ignora sa question alors qu'elle lui demanda comment il allait - visiblement bien, sous-entendant le passage de la blonde qui venait de quitter son appartement. L'archéologue ne s'attendrissait pas aussi facilement que sa voisine, prenant le bon temps là où il se trouvait, saisissant les occasions qui pouvaient l'être. Si en plus de tout cela il avait le loisir de s'adonner aux pratiques qu'il aimait, pourquoi s'en priverait-il? "Ecoute, Phoebe...", commença-t-il, pas encore certain de ce qu'il voulait réellement dire, mais se sentant obligé d'adoucir les mœurs. "Je ne pensais pas que...", que quoi? que tu tomberais amoureuse? les mots étaient beaucoup trop forts, le terme faisait beaucoup trop peur. "Enfin, je suis désolé si je t'ai laissé croire qu'il pouvait y avoir autre chose entre nous, la dernière chose que je souhaite, c'est te faire du mal.", c'était sorti. Désolé. Un mot qu'il n'avait pas souvent eu l'occasion de prononcer. Et Seth le pensait sincèrement.

Peut-être aurais-je dû vérifier dans le judas de ma porte avant de l'ouvrir ou guetter les bruits dans le couloir ? J'aurais immédiatement pu savoir qu'il était sorti de son appartement, mais il avait fallut que je sois absorbé par les propos de Keïla qui continuait de vouloir me convaincre de l'emménagement avec son petit ami. Je n'étais pas pour, ni contre réellement, j'avais juste peur de perdre ma petite fille, celle que j'avais tenue dans mes bras le jour de sa naissance et que je n'avais plus jamais lâché jusqu'au jour où j'avais dû me rendre en Corée du sud. Quoi qu'il en soit, Seth m'avait salué avec politesse et je tentais de cacher la froideur de mon coeur dans une salutation qui se voulait quelque peu détachée. Loupé, une fois encore tout mon être me trahissait et le timbre de ma voix avait vacillé suffisamment pour que Keïla puisse comprendre en un regard, qu'il avait quelque chose entre moi et mon voisin de palier. Elle avait toujours eu un esprit vif et arrivait rapidement à percevoir les choses, comme le jour de ma séparation avec son père, elle l'avait su avant même que j'ouvre la bouche pour lui expliquer. Peut-être même qu'elle l'avait perçu avant moi ? Quoi qu'il en soit, elle prenait le panier de mes mains et s'échappait rapidement derrière la blonde qui avait embrassée Seth avant de partir.

J'entendais vaguement l'archéologue me dire qu'elle me ressemblait, avant que je ne réponds à sa question. Comment j'allais ? Comme une idiote qui s'était éprise trop vite d'un mauvais garçon ? Comme une sotte qui avait le cœur bien trop en chamallow ? Pourquoi avait-il eu fallut que je m'attache à lui aussi vite ? Un coup de foudre ? Un besoin trop intense qu'un homme puisse poser ses yeux sur moi et me désirer avec une fougue que je n'avais connu que dans ses bras ? Plutôt que de me cacher derrière des faux semblant, je préférais donc lui offrir la vérité. Ce n'était nullement pour qu'il change quoi que ce soit, il était comme il était et j'avais juste à être moins idiote. J'aurais dû me douter qu'il n'y aurait rien de plus lorsqu'on avait commencé à se charmer, n'est-ce pas ? Il n'avait pas eu l'intention de me briser le coeur, "J'imagine effectivement...Ou alors ce sont les gens pas net qui se lève le matin en se disant qu'ils vont briser le cœur de quelqu'un...Mais vu ta surprise au réveil, effectivement je peux te croire sur ce point." Je pinçais un peu mes lèvres réalisant que mes propos étaient sans doute totalement idiot ou alors ils n'avaient aucune logique ? Il fallait dire que je n'aimais pas spécialement ce genre d'instant.

En tout les cas, je lui retournais la question bien qu'au vu de la blonde qui sortait de son appartement, il allait bien. C'était agaçant car, à présent je me demandais si, elle avait été mieux que moi. Si, il avait pris plus de plaisir avec elle qu'avec moi et mes pensées parasites de la sorte, me tapaient sur le système. Heureusement, il reprenait la parole et je me concentrais sur lui et ce qu'il semblait vouloir me dire car, en général les conversations qui commençaient de la sorte, amenaient souvent des surprises. Je soupirais légèrement alors qu'il venait de s'excuser, "Tu as pas à t'excuser Seth...En réalité dans l'histoire je suis la seule à blâmer ! J'aurais dû savoir qu'il n'y aurait rien de plus entre nous que ce qu'on faisait déjà..." Je posais ma main sur mon front en secouant la tête, "Je ne comprends pas très bien pourquoi j'ai cru qu'il pouvait y avoir autre chose, que tu aurais pu avoir envie de construire un truc...Mais au moins comme ça, je sais." Je souriais rapidement, bien entendu que j'appréciais ses excuses bien que j'estimais avec le recul qu'il n'avait pas à le faire. "Et donc...cette fille..." Je pointais les escaliers du doigt, "Elle était mieux que moi ?"

Je réalisais alors soudainement ce que je venais de dire à voix haute et je me tournais rapidement pour ouvrir la porte de mon appartement, "Laisse tomber ! Je ne veux pas le savoir !" C'était quoi au juste mon problème maintenant ? Vraiment, j'étais une idiote d'avoir pu demander ce genre de chose, je me tournais vers lui en souriant, "Vient ! Je peux t'offrir un truc à boire histoire d'annoncer que la hache de guerre est enterrer ? Enfin si, tu ne veux pas t'en emparer pour la mettre dans un musée..." Je riais légèrement en espérant qu'il accepterait ma proposition.