Non, de toute évidence passer son temps libre à la salle de sport en compagnie de patients n’est pas dans ses habitudes, mais cela ne s’applique pas pour les personnes qui étaient d’abord ses amis avant de prendre rendez-vous avec lui (souvent bien plus de force que de gré par ailleurs). Lucas est l’ami d’un ami en plus d’être le sien, il est donc évidemment une exception à la règle ; et quand bien même, les règles ne devraient pas exister à partir du simple moment où passer du temps en sa compagnie est une idée positive dans le cœur de l’anglais. Aussi, il adore évidemment le reprendre sur sa posture face à une machine ou une autre, et c’était encore ce qu’il était en train de faire avec un immense sourire avant qu’un appel ne le coupe dans son élan. Et s’il était prêt à raccrocher de suite, le prénom affiché de son mari le fait revenir sur son idée, si bien qu’il lance un simple et rapide « je dois le prendre », assez loin des effusions d’amour dégoulinantes de tendresse dont il avait toujours été question à la mention de son couple jusque là. Maintenant, au moins, quand Rory l'appelle, il n'existe plus neuf heures de décalage avec New York.

Il quitte la salle avec sa bouteille d’eau pour prendre le temps de répondre à son mari à l’air libre, prenant ainsi le temps d’inspirer cet air frais lui faisant le plus grand bien au coeur d’une conversation n’ayant aucune justification particulière, si ce n’est de se donner des nouvelles l’un de l’autre. Ils marchent encore sur des oeufs depuis le retour de Rory des Etats-Unis, même alors que ce dernier remonte déjà à plusieurs semaines, mais Swann en est certain : petit à petit, tout va mieux. Petit à petit, ils vont mieux, même s’il doit se forcer à afficher un sourire lorsque son regard croise celui de Lucas à travers la baie vitrée - avant, bien sûr qu’il affichait un éternel sourire niais dès qu’il était question de son petit-ami, devenu fiancé, devenu mari. Maintenant, il doit réapprendre ça aussi et est le premier surprise du terme apprendre. Il ne revient pas sur l’idée qu’il n’en est pas moins l’amour de sa vie, malgré les difficultés traversées par leur couple. A vrai dire, en pensant à Arthur et à Greta, ils sont plutôt terriblement chanceux à ce niveau là ; et peut-être que l’exemple est particulier, lui aussi. Il n’hésite d’ailleurs pas à tenir Rory informé des dernières avancées entre les deux tourtereaux aux allures d’amants maudits, laissant la discussion dériver, s’étaler, s’éterniser. Elle s’éternise assez pour que la fraîcheur de l’extérieur semble soudainement l’attaquer, le faisant ainsi penser à rentrer. Mais une fois de plus, la pensée n’acte aucun geste, si bien que seule la silhouette de Lucas dans l’entrebâillement de la porte le fait réfléchir à nouveau. « Tu as besoin de moi ? » Incapable de dire combien de temps est passé, il demande naturellement, spécifiant ensuite à Rory qu’il ne parle pas à lui mais bien à Lucas ; oui le Lucas que connait Greta aussi ; oui c’est fou ce hasard quand même. « T’as l’air un peu pâle, ça va ? » Il finit par ajouter, ses sourcils se fronçant doucement alors qu’il s’approche de lui, comme si ses yeux avaient une quelconque capacité d’analyse. « Je te laisse, on se voit ce soir. Oui, je t’aime. » finit-il par annoncer au bout du téléphone, son attention focalisée sur Lucas seulement désormais.