it feels too good to stop
feat. @Olive Sterling ☾jeudi 14 novembre 2024.
On était sur une bonne journée de
merde. Lui qui n'avait jamais été du matin, s'était retrouvé convié à une réunion de crise à neuf heures. Au programme de ce meeting improvisé : un débrief de sa dernière interview avec Harper pour promouvoir l'émission qu'ils partagent. Un entretien diffusé la veille et qui n'a pas tardé à faire du bruit dans la presse à scandale, au grand désespoir du présentateur. On y pointe du doigt l'état second dans lequel il s'est présenté, concluant avec hâte sur une consommation de stupéfiants excessive. Sans parler de cette
foutue vidéo prise à son insu en backstage. Un film amateur de 45 secondes où on le voit se disputer avec sa coanimatrice après l'enregistrement. Une scène qu'il avait essayée de contenir quand Harper, elle, s'était laissé aller à des cris et des esclandres en tout genre. Sans doute pour cela qu'Aaron s'attend à la voir, elle aussi, convoquée ce matin là… Pourtant, quand il arrive devant la salle de réunion qu'on lui a indiqué à l'accueil, il ne voit personne. Stuart arrive peu de temps après, suivi par son assistant à qui le Fowler lâche un sourire tendu. Le producteur lui serre la main sans lui adresser un mot, avant de l'inviter à entrer dans la salle d'un simple geste. Aaron s'exécute fébrile. Il s'assoit du côté droit du bureau trônant au centre de la pièce, quand Stuart, lui, prend le côté gauche, toujours avec une sévérité effrayante.
« Nous n'attendons pas Harper ? » Pour une fois qu'il a envie de la voir, Stuart lui coupe l'herbe sous le pied d'un
« Non… Commençons » Pendant une heure entière Aaron se voit rabâcher que son comportement devant et derrière la caméra a été inacceptable et que leur émission avec Harper risque d'en pâtir… Soixante secondes durant lesquelles il essaye de se faire aussi petit qu'une souris. Qu'un mulot même. Il écoute, est souvent en désaccord, mais acquiesce tout de même. Il n'ose contredire, ou pointer du doigt sa collègue, de peur d'empirer sa propre situation. Il sait qu'il a merdé, l'a reconnu aussitôt l'enregistrement de l'émission terminé… Mais de là à lui mettre un avertissement ? Il ne l'avait pas vu venir. Le meeting se termine par un
« On compte sur toi pour que ça ne se reproduise plus ... » de Staurt. Aaron acquiesce comme un enfant qui vient de subir un gros savon de la part d'un parent.
« Et pour nettoyer ton image de ces calomnies ... » Difficile de prouver quelque chose qu'on n'a jamais fait ou pris. Mais il trouvera. Il fera en sorte de trouver un moyen de prouver qu'il ne consomme rien d'illicite.
« Allez, passe une bonne journée » Un sourire crispé se dessine sur ses lèvres. Une bonne journée ? Assez compliqué à imaginer après ce… lynchage semi-gratuit. Sans un mot de plus, Stuart se lève et va disparaître dans le couloir. Ça semble si facile pour son boss de passer d'un état de colère intense à un relâchement total… Aaron lui ne sait pas faire et passera sa journée à ressasser les mots de cet échange à charge.
Il avait envoyé un message à Olive sur sa pause déjeuner. Cherchant un visage familier et réconfortant vers lequel se tourner alors que sa journée ne faisait qu'aller de mal en pis. Après un entretien individuel compliqué, voilà qu'il devait supporter Gina toute la journée en vue des préparatifs de Noël… Heureusement la Sterling lui avait répondu assez rapidement, l'invitant à la rejoindre chez elle pour profiter d'une soirée tranquille. Un plan parfait pour oublier ses déconvenues du jour. Vers dix-huit heures, il quitta donc les studios ABC en direction de Fortitude Valley un peu plus au nord. Un quartier dans lequel il n'est pas venu depuis longtemps, principalement parce qu'il s'est calmé sur les soirées endiablées jusqu'au petit matin. À ça, il préfère maintenant les retrouvailles en comité de taille raisonnable, mais surtout avec des visages connus. Un quartier sur lequel il n'aurait pas parié de retrouver Oli ... Mais soit, il s'arrêta chez un petit caviste non loin de l'adresse indiquée par son amie. Il y prit une bonne bouteille de vin rouge australienne, sans doute trop chère pour sa qualité, mais ça lui faisait plaisir. La bouteille sous le bras, il passa devant une chocolaterie qui lui fit de l'œil.
Fuck le régime. Il avait envie de lâcher prise ce soir, et si cela devait passer par l'achat compulsif d'une boite de chocolat pleine de mendiants et perles fourrées de praliné à la noisette, il acceptait la sentence. C'est avec sa bouteille sous l'aisselle, et son petit sac bleu plein de chocolats dans la main, qu'il sonna chez Olive. Un peu stressé. Mais surtout content de la revoir. Quand il vit son petit minois apparaître derrière la porte son sourire se fit encore plus grand.
« Bonsoir » murmura-t-il avant d'aller déposer un baiser sur sa joue. Un contact qu'il laissa durer un peu en longueur. Il lui tendit ensuite la bouteille, puis le sac bleu en carton rigide.
« Je n'ai pas pu résister ! » Il en avait très envie de ces chocolats.
codage par aqua