Duncan s’était levé de bonne heure et surtout de bonne humeur. Deux jours de repos après un rush aux urgences, c’était pile ce qu’il lui fallait. Sortant de son lit aux alentours de huit heures à cause d’une toute petite boule de poils qui avait visiblement faim, il prit la direction de la cuisine pour nourrir son chaton. Quand sa nouvelle responsabilité, celle d’élever un chat fut rempli, il se dirigea directement vers la salle de bain pour prendre une longue douche chaude. Fermant les yeux sous l’eau, il s’égara à penser à ce qu’il allait faire aujourd’hui.
Cette journée, il allait la passé avec Roman. C’était devenu une habitude et c’était loin de lui déplaire. Roman était une patiente avant tout et c'est ce qu’il s’efforçait de penser bien qu’il savait très bien qu’il y avait autre chose. La première fois qu’il l’avait vu, il avait tout de suite su que rien ne serait pareil. Roman ne serait pas une patiente ordinaire et lui mettrait bien trop de son cœur pour réparer le sien. Il travaillait souvent sur de nouvelles technologies, de nouvelles avancées sur les quelques cas rares comme Roman avaient pu ou étaient sur le point de se faire opérer dans d’autre pays mais il était hors de question qu’elle soit la première à subir ce genre d’intervention surtout vu les risques que ça comportait. Elle n’avait pas fait comme avec tous ces autres docteurs et pour une raison étrange, elle était revenue le voir bien qu’il n’avait pas vraiment de solution immédiate pour sa pathologie. Au fil de ces rendez-vous à l’hôpital, il avait comprit que quelque part elle était brisée, comme lui mais à sa manière et un peu maladroitement, puisque pour un docteur cela ne se faisait pas du tout, il lui avait proposé de se revoir mais en dehors de l’hôpital.
Six mois plus tard, voilà où nous nous trouvions désormais. Duncan ouvrit de nouveau les yeux, coupa l’eau et sortit de la douche pour se sécher et d’habiller. Il avait oublié presque toutes les règles de déontologie qui parler des relations « Docteurs - Patients » bien qu’il n’est jamais osé franchir cette ligne dont on ne revenait jamais ensuite. Dire qu’il n’y avait jamais pensé serait un mensonge car Roman était sublime. Son sourire était de loin ce que préférait Duncan. Pensant à elle, il alla récupérer son appareil photo, car en plus du reste, ils avaient une passion commune pour la photographie et c’était leur programme du jour. En descendant les escaliers, il donna une petite caresse à son chaton lui faisant promettre d’être sage. La boule de poil répondit par un ronronnement mais c’était impossible de savoir ce que cela voulait dire réellement.
En sortant de chez lui, Duncan en profita pour passer par une pâtisserie achetant celle que préférée Roman mais aussi la sienne. C’était au cas où elle n’aurait pas prit de petit déjeuner, lui en tout cas ne l’avait pas fait. Le problème avec être docteur c’est qu’il mangeait vraiment à n’importe quelle heure. Ils s’étaient donné rendez-vous dans un parc, un des plus magnifiques de la ville. Bien sur elle était déjà là, ce qui donna tout de suite le sourire à Duncan. Roman prenait des photos, elle avait un don pour ça. Il s’approcha d’elle alors qu’elle était assise sur un banc. Il arriva par derrière se penchant à hauteur de son oreille en murmurant.
Elle l’avait choisi. Lui et personne d’autre et c’était une évidence depuis le jour où elle l’avait rencontré. Elle se réveilla le coeur léger, comme à chaque fois qu’elle savait qu’elle allait le voir. Comme s’il exerçait un pouvoir de guérison temporaire sur son petit coeur mal formé. Il l’aidait à aller mieux et elle en ressentait une différence phénoménale depuis six mois. Elle était moins agressive, moins exécrable. Elle aimait plus la vie, même si elle gardait ses moments de faiblesse. La tristesse d’être seule, la mélancolie de l’amour, le poids d’un coeur brisé par le temps. Elle ne pouvait y échapper et parfois, il lui arrivait de se morfondre, seule le soir. Mais beaucoup moins souvent maintenant qu’elle fréquentait son nouveau cardiologue. Leur relation était étrange. Elle ne savait dire s’il l’appréciait réellement ou s’il avait juste envie de l’aider, en bon samaritain qu’il était. Roman était d’ailleurs très friande de ses histoires d’héro humanitaire en Afrique. Elle adorait Duncan, elle adorait sa gentillesse, sa vivacité d’esprit et sa philosophie de vie. Avec lui, elle avait appris à se sentir plus légère, comme quand elle virevoltait dans les airs du temps où elle était une danseuse étoile. Il lui avait expliqué que la vie valait la peine d’être vécue, qu’il fallait savoir se contenter de peu, que chaque instant était bon à prendre, que rien ne devait être laissé au hasard. C’est ainsi que depuis six mois ils se voyaient aussi souvent que possible, lui après ses gardes, elle quand elle n’avait pas de rendez-vous professionnels. C’était le cas ce jour là. Ils s’étaient vus à l’hôpital pour un simple check-up et il lui avait proposé une matinée au parc un peu plus tard dans la semaine. Elle était allée chez le coiffeur la veille, pour changer de tête, comme à l’accoutumée. Roman, c’était une fille qui vivait sur le moment, qui avait appris à appliquer le carpe diem. Elle adorait ces changements futiles mais radicaux, passant du blond au brun sans gêne aucune. Et puis, il fallait dire que tout lui allait, ça facilitait les choses. Elle avait opté pour un roux flamboyant, avec le retour du printemps, les températures un peu plus chaudes. Elle avait envie de rayonner, de montrer qu’elle allait bien. Enfin, pour le moment. Elle se réveilla et passa directement par la case douche, le tout en musique. Elle adorait l’époque motown et se faisait un plaisir de se déhancher sur du Dianna Ross ou du Michael Jackson. Elle sortit de sa douche après une bonne quinzaine de minutes et regarda l’heure avant d’ouvrir la bouche dans une expression de profonde surprise. Il ne lui restait qu’une autre quinzaine de minutes avant l’heure du rendez-vous fixé avec Duncan. Tant pis, elle se dit qu’elle sautera le petit-déjeuner pour une fois. Elle s’habilla en quatrième vitesse d’un jean clair et d’une chemise en voile blanche. Elle se maquilla légèrement et enfila une paire de baskets avant d’attraper son appareil photo professionnel au vol et de grimper dans sa voiture et de mettre les gaz. Elle arriva malgré tout en avance et se décida à prendre quelques photos d’animaux gambadant dans les étendues vertes du parc. Elle était assise sur un banc, l’air concentré. Elle sursauta soudainement quand elle entendit quelqu’un murmurer à son oreille de par-derrière. Elle se retourna et fit un grand sourire à Duncan avant de le tapoter sur l’épaule. « Ne me fais plus peur comme ça, je suis cardiaque je te rappelle! » Elle rit avant de remettre son appareil photo dans sa housse de protection. Duncan vint s’asseoir à ses côtés, un drôle de paquet en main et lui tendit d’un geste gêné. Roman reconnût le logo d’une pâtisserie non loin du parc et le regarda d’un air malicieux. « Mais qu’est-ce que c’est, mmmmh? » Elle fit mine de se creuser la tête et ouvrit le paquet. Elle découvrit sa pâtisserie préférée, une mini tartelette au citron meringuée. « Oooooh Duncan, fallait pas! » Elle passa son bras libre autour du cou du jeune homme avant de poser un léger baiser sur sa joue. « J’ai même pas pris mon petit-déjeuner en plus, comment t’as deviné? Tu m’espionnes? » Elle rit une nouvelle fois avant d’enfourner la tartelette dans sa bouche.
Duncan eut un léger rire, heureusement le coeur de Roman ne risquait rien dans un petit sursaut. Le jeune homme la suivait médicalement depuis six mois et il ne laissait aucun détail au hasard. Il voulait qu'elle puisse continuait sa vie normalement même si c'était difficile, il en convenait tout à fait. Duncan voulait qu'elle soit heureuse tout simplement. Au début, il avait lu une étude qui montrait que la thérapie en dehors des hôpitaux était très bénéfique pour les personnes qui devaient s'y rendre souvent. Ils finissaient pas détester l'hôpital et ils y sentaient toujours très mal alors Duncan avait eu cette idée de donner rendez-vous à Roman à l'extérieur. Il gardait toujours sa place de docteur et elle de patiente mais au fil des jours c'était devenu plus fort entre eux même s'il ne voulait pas l'avouer. Désormais, il la voyait à l'extérieur de l'hôpital par simple plaisir de la voir. Son sourire lui faisait toujours le même effet que la première fois qu'il l'avait vu sans parler qu'il l'a trouvé toujours plus belle à chaque fois qu'elle changeait de couleur de cheveux. Duncan roula des yeux avant de venir la rejoindre sur le banc.
- Heureusement pour toi, tu as choisi l'un des meilleurs médecins du pays. Tu es donc sauvé.
Sur ces mots, il lui tendit le petit paquet venant tout droit de la pâtisserie. Deux tartelettes donc, une au citron pour elle et une à la framboise pour lui. Duncan se mit à sourire. Difficile pour lui de résister, dès qu'il voyait un quelconque objet ou n'importe quoi qui lui faisait pensé à Roman, il l'achetait surtout s'il savait qu'elle apprécierait ou en aurait l'utilité. Elle déposa un rapide baisé sur la joue de Duncan et même si se fut bref, il profita de ce moment avant de la regarder dans les yeux.
- Tu me ressembles un peu et comme je n'ai pas déjeuner ce matin, j'en ai déduit rapidement que toi non plus. Je n'oserais jamais t'espionner…
Souriant en coin, il croqua dans sa tartelette prenant soin de ne pas en mettre partout. Heureusement il y avait des petites serviettes en papier dans la boite en carton où étaient les pâtisseries deux minutes plus tôt. Il pensa à quelque chose et son regard s'éclaircit d'un coup.
- Il faudrait que tu passes chez moi j'ai deux choses à te montrer. Déjà, j'ai adopté un petit chat. Tu vas l'adoré, il est tout noir et tout petit. Et deuxièmement… J'ai enfin fini d'aménager mon sous-sol pour en faire une chambre noire. Je vais pouvoir enfin développer quelques photos moi-même.
Duncan fit un large sourire tout en la regardant.
- Oh et j'allais presque oublié le plus important, ta nouvelle couleur de cheveux te va merveilleusement bien.
Elle dévora sa petite tartelette au citron meringuée. Elle n’avait pas spécialement faim, mais pour cette petite douceur là, elle avait l’appétit d’un ogre. Elle pourrait littéralement tuer pour cette tarte, celle-là et aucune autre. Elle adorait le contraste entre le côté acidulé du citron et la douceur de la meringue. C’était tout elle, c’était son histoire, sa vie. Elle était constamment tiraillée par l’envie de vivre une vie tranquille et son côté passionnée, qui la mettait souvent dans des situations inhabituelles. C’était son dessert préféré, celui qui la définissait toute entière et qui la ravissait en une simple bouchée. « Tu me ressembles un peu et comme je n'ai pas déjeuner ce matin, j'en ai déduit rapidement que toi non plus. Je n'oserais jamais t'espionner… » Elle lui répondit la bouche pleine et de la meringue toute autour des lèvres. Elle avait l’air d’un enfant. « Pourtant je te jure que d’habitude je prends le temps de déjeuner. C’est juste que là, je sais pas, je me suis éternisée sous la douche. Enfin, tu vois…. » Il la regarda avec un drôle d’air, probablement parce qu’il ne comprenait rien de ce qu’elle racontait tellement elle avait les joues remplies de pâtisserie. Il rit même de la jeune femme, qui à son tour ne put s’empêcher de lui tapoter l’épaule. « Arrête de te moquer de moi! Je me régale, j’y peux rien! » Elle termina la bouchée qu’elle venait de prendre en mâchant bruyamment et en regardant le jeune homme d’un air complice. Il changea de sujet après quelques instants. « Il faudrait que tu passes chez moi j'ai deux choses à te montrer. Déjà, j'ai adopté un petit chat. Tu vas l'adoré, il est tout noir et tout petit. Et deuxièmement… J'ai enfin fini d'aménager mon sous-sol pour en faire une chambre noire. Je vais pouvoir enfin développer quelques photos moi-même. » Elle termina sa tartelette pendant qu’il lui expliquait ce qu’il devait lui montrer. Elle haussa les sourcils et lui fit un grand sourire, visiblement ravie des deux nouvelles. « Oh et j'allais presque oublié le plus important, ta nouvelle couleur de cheveux te va merveilleusement bien. » Elle secoua la tête en guise de remerciement avant de continuer: « Oooooh un petit chat, j’adore! Même si je crois que je suis allergique, faudra qu’on vérifie. Et je suis contente pour ta nouvelle pièce, je suis sûre que tu nous vas nous sortir de terribles photos! » Elle lui fit un clin d’oeil complice. « Qui sait, on pourra peut-être exposer ensemble un jour… » Il lui sourit, visiblement ravi de l’idée. Elle le regarda ensuite terminer sa tartelette avant de sortir son appareil photo de sa trousse à nouveau. « J’ai une idée pour notre première collaboration… » Il la fixa attentivement, ne voulant pas perdre une miette de son éclair de génie. « Le thème du jour sera… » Elle imita le son d’un battement de tambour avant de lancer: « … le bonheur! » Elle alluma son appareil photo et enleva le cache avant de mitrailler un couple s’enlaçant sur un banc en face d’eux. Elle montra ensuite le résultat à Duncan d’un air plus que satisfait. « L’amour, y a rien de plus beau, hein? Aujourd’hui on capture des sourires, des rires, des regards, tout ce qui exprime le bonheur, d’accord? » Elle lui tendit la main pour signer leur accord.
Duncan observait Roman pendant qu'elle mangeait sa tartelette. C'était plus fort que lui, il observait toujours les gens mais en particulier elle. Tout ce qu'elle faisait, elle le faisait avec grâce même manger une pâtisserie tel un ogre. C'était sans doute son coté de danseuse de ballet. Il aurait tellement avoir pu la connaître à cette époque là et la voir danser, cela devait être quelque chose de merveilleux. C'était d'un œil protecteur qu'il l'observait du moins c'est ce qu'il s’efforçait de penser car il savait que si un jour il se mettait à développer d'autres sentiments pour Roman, il ne pourrait plus être son docteur et ça c'était tout simplement impossible. Heureusement pour lui, Roman se mit à parler et ça lui permit de sortir de ses pensées. Il fronça légèrement les yeux et les sourcils puisqu'il ne comprenait pas grand-chose à ce qu'elle disait. Un mot sur deux peut-être mais ce n'était pas tout à fait clair. La regardant dans les yeux, il ne pu s'empêcher d'échapper un léger rire.
- Je n'ai absolument rien compris à part, jure et éternisé. Je suis content que ça te plaise.
Quand il se mit à parler de ce qu'il avait changé chez lui comme le fait d'avoir prit un chat ou refais son sous-sol, c'était une façon détournait de lui proposer de venir chez lui. Là-bas, c'était un endroit calme, loin de l'hôpital et il oubliait presque qu'il était son docteur et elle, sa patiente. Roman reprit la parole et il se mit à sourire en roulant des yeux. Il se mordilla la lèvre avant de lui répondre.
- Non tu n'es pas allergique aux poils de chat. Par contre tu es allergique à certains médicaments et aux crétins qu'on rencontre dans les bars généralement.
Le jeune homme se mit à rire lui tirant la langue en faisant une légère grimace au passage. Il connaissait son dossier médical presque par coeur et la partie sur les allergies étaient importante pour un traitement adapté. Il acquiesça de la tête tout en finissant sa pâtisserie. Elle avait peut-être raison, peut-être qu'un jour leurs photos seraient accrochés l'une à coté de l'autre à une exposition mais bon ce n'était pas vraiment ce qu'il recherchait. Lui, il aimait juste prendre des photos et les exposer dans un album ou placarder sur le mur de son bureau chez lui. Quand elle parla de collaborer ensemble, il s'attendait à tout. Roman était pleine de vie, beaucoup plus que lui et elle avait souvent des idées un peu dingue qu'il n'aurait jamais imaginer de faire seul. Duncan était toujours assit sur le banc et il la regardait se lever. Il sortit lui-même son appareil photo prenant soin d'enlever correctement le cache sur l'objectif. Le bonheur… Si c'était ça le bonheur alors c'est elle qui devrait prendre en photo car ces derniers temps, elle était la seule source de son bonheur. Le couple qu'elle photographiait ne lui inspiré en aucun le bonheur car pour sa vie n'avait été qu'un échec sur le point de vue sentimental et ça depuis toujours. Duncan se leva et regarda les clichés qu'elle venait de prendre.
- Je pourrais te citer tout un tas de trucs bien plus beau que l'amour.
Roman lui lança un regard qui voulait en dire long et ça le fit sourire. Ce sujet n'avait jamais fait de lui quelqu'un de très optimiste. Il haussa doucement les épaules en la prenant en photo.
- Ne me fais pas cette tête, tu sais ce que je pense de l'amour ? Aller marché conclu.
Duncan fit semblant de se mettre un doigt dans la gorge pour vomir puis il lui serra la main. Il se contenterait de prendre des familles en photos, des enfants ou bien même des fleurs qui recommençaient doucement à fleurir en ce début de printemps. Il fit un tour sur lui-même regardant autours d'eux pour voir ce qu'il pourrait prendre en photo bien qu'il ne voyait qu'une seule personne, Roman.
Quand Duncan lui parla de sa nouvelle lubie, sa petite boule de poil qui devait sûrement être en train de gambader dans sa maison à l’heure de leur rendez-vous, Roman glissa subtilement qu’elle pouvait être allergique. Mais elle n’en savait rien au fond, elle s’en fichait. Elle savait que si elle devait mourir de quelque chose, ce serait dû à sa malformation cardiaque et à rien d’autre. Elle avait déjà son lot de malheurs que pour s’intéresser à de vulgaires tests d’allergies. « Non tu n'es pas allergique aux poils de chat. Par contre tu es allergique à certains médicaments et aux crétins qu'on rencontre dans les bars généralement. » Elle le regarda rire et tirer la langue. Elle ne put s’empêcher de sourire alors que ses yeux trahissaient toute la tendresse qu’elle éprouvait à l’égard du jeune médecin en cet instant. Elle adorait le voir ainsi, plus qu’en blouse blanche et avec un stéthoscope autour du cou. Elle aimait ces moments passés avec lui, ces instants d’innocence, ces discussions et ces sourires échangés. Cela lui permettait de s’évader, d’oublier la morosité de son existence depuis qu’elle avait appris qu’elle était condamnée, que son seul rêve était brisé. « Je ne traîne plus dans les bars, je suis bien trop vieille… » Elle haussa les épaules. Elle ne pensait pas réellement ce qu’elle disait, elle aimait juste quand Duncan lui rappelait toutes ces petites choses qui lui réchauffaient le coeur. Qu’elle n’était pas vieille, pas laide, que sa couleur de cheveux lui allait bien. Tout ce qui pouvait lui décrocher un sourire. C’était comme une thérapie pour elle. Il était sa thérapie. Un éclair la traversa quand elle décrocha le cache de son appareil photo pour prendre un cliché du couple installé en face d’eux. Duncan la rejoignit quelques instants plus tard pour observer le résultat. Il n’avait pas l’air convaincu. « Je pourrais te citer tout un tas de trucs bien plus beau que l'amour. » Elle leva les yeux au ciel avant de lui faire une moue triste. Elle n’aimait pas quand il lui disait ce genre de choses, quand il lui montrait qu’il était désillusionné. Elle savait qu’il avait connu des déceptions amoureuses mais elle ignorait pourquoi il était obstiné à ce point de croire que l’amour ne valait rien. « Ne me fais pas cette tête, tu sais ce que je pense de l'amour ? Allez, marché conclu. » Elle le regarda mimer un geste de déglutition avant de lui serrer la main d’un air excédé. « Tu m’énerves Dun! » Elle lui fit la moue comme si elle râlait puis s’en alla quelques mètres plus loin pour prendre en photo un enfant qui jouait dans l’herbe. Elle s’accroupit d’ailleurs pour mieux se focaliser sur la petite scène quand elle se fit soudainement bousculer par une masse assez imposante. Elle tomba à la renverse et vit en tournant la tête un gros chien s’en aller en gambadant dans l’herbe. Duncan accourut à ses côtés et elle ne put s’empêcher d’éclater de rire. Elle posa sa main sur son visage. « Non, mais ça n’arrive qu’à moi ce genre de trucs! » Elle ne voulait même pas se relever, elle était très bien là. Mais Duncan lui tendit la main et elle dût l’attraper pour ne pas le laisser en plan. Il l’aida à se relever et essuya les quelques brins d’herbe venus tâcher sa chemise en voile blanche. Elle soupira. Ça ne faisait même pas dix minutes qu’elle était là et elle était déjà tâchée de partout…
Le nez et les yeux de Duncan se froncèrent quand il entendit la réponse de Roman puisqu'elle avait le même âge que lui à quelques mois près et il ne la trouvait en aucun vieille. Au contraire, elle était sûrement à un âge de sa vie où elle était vraiment belle. De toute façon c'était simple, plus Duncan la regardait et plus il la trouvait sublime. Peut-être que s'il n'avait pas été son docteur, il aurait osé lui dire plus de choses mais c'était plus compliquer que ça alors il essayait de placer subtilement ses mots, c'était comme ça qu'il en était venu à parler du bar. Il la surprotégeait ou alors il n'osait pas admettre que si un jour elle trouverait un homme pour partager sa vie cela lui ferait vraiment mal. Pour tout dire, c'était un mélange des deux, il l'a protégé car il tenait beaucoup à elle.
- Je refuse que tu dises ce genre de chose car cela voudrait dire que je suis moi-même vieux et je ne souhaite en aucun cas admettre une pareille chose… Pour ce qui est de traîner dans les bars, cela n'a vraiment aucun intérêt crois-moi. Il y a deux semaines j'ai voulu aidé un mec dans un bar au final je les aidais mais en le conduisant aux urgences.
Duncan se mit à roulé des yeux en repensant à cette soirée, c'était vraiment idiot d'avoir été dans un bar juste parce qu'un ami lui avait conseillé de sortir. En plus de ça, il s'était fait posé un lapin. Cette soirée avait vraiment été minable et il s'était rendu compte que les bars n'étaient plus aussi brancher que lorsqu'il était encore à l'internat. Ils continuèrent à échanger et Roman se mit à hausser le ton, ce qui le fit rire sur le coup. Il aimait bien la titiller sur des sujets où ils étaient rarement d'accord. C'était toujours source de débat même si l'histoire se finissait bien, après tout, ils ne pouvaient pas être d'accord sur tout ? C'était un peu ce qu'on appel « compléter l'autre ». Il la regarda s'éloigner avec une légère petite moue sur la bouche. Duncan ne pu s'empêcher à cet instant précis de la prendre elle en photo, prenant elle-même un enfant, un peu plus loin dans l'herbe du parc. Le sourire de Duncan s'effaça lorsque Roman se retrouva bousculé par un gros chien qui passait à coté d'elle. Il se mit à courir pour la rejoindre, se penchant à son tour pour l'aider à se relever.
- Tout va bien ?
Lui tendant la main, elle pu se relever et Duncan ne pu s'empêcher d'une nouvelle fois l'observait bien que sa chute n'avait pas été brutale, cela l'avait quelque peu surpris. Il regarda son chemisier tâchait, pour lui ce n'était pas vraiment grave mais les femmes, elles faisaient toutes une montagne pour pas grand-chose. Il glissa sa lèvre inférieure dans sa bouche avant de répondre.
- Tu veux passé chez toi pour te changer ? Sinon tu vas faire une fixette sur la tâche et après tu ne regarderas pas où marcher… Et après…
Il se mit à sourire tout en la regardant. Ce n'était vraiment pas son genre de faire une fixette sur ce genre de chose mais une fois de plus il la taquinait, ce qu'elle du comprendre puisqu'elle lui donna une légère tape au niveau de l'épaule.
Roman adorait lâcher des piques sur sa propre personne, parce qu’elle savait parfaitement que Duncan la contredirait aussitôt. Il pensait surement qu’elle manquait de confiance en elle. À vrai dire, elle cherchait juste quelques compliments la plupart du temps. Elle ne manquait pas réellement de confiance en elle, bien que depuis qu’elle eût apprit à propos de sa malformation cardiaque, elle perdit quelques gallons de son assurance légendaire. Son rêve se brisa en même temps que son coeur, et il lui fallu beaucoup de temps pour réapprendre à aimer la vie. Enfin, elle regarda Duncan avec amusement lorsque celui-ci prit la parole pour la sermonner et, par la même occasion, lui faire la morale. Elle adorait quand il faisait cela. Elle se disait dans ce genre de moments qu’il ferait un père exemplaire. « Je refuse que tu dises ce genre de chose car cela voudrait dire que je suis moi-même vieux et je ne souhaite en aucun cas admettre une pareille chose… Pour ce qui est de traîner dans les bars, cela n'a vraiment aucun intérêt crois-moi. Il y a deux semaines j'ai voulu aidé un mec dans un bar au final je l’ai aidé mais en le conduisant aux urgences. » Elle haussa la sourcil quand il lui expliqua sa mésaventure avant d’éclater de rire. « Aux urgences? Mais qu’est-ce que t’as fait encore? Tu t’es battu? » Son regard s’assombrit aussitôt quand elle envisagea une telle chose et il la rassura en deux temps trois mouvements. Ils continuèrent à discuter quelques minutes avant qu’elle ne se décide à aller prendre en photo un jeune bambin dans l’herbe. Prise par sa passion, elle ne remarqua pas qu’un gros chien courrait dans sa direction et elle se fit donc percuter de plein fouet, ce qui la fit éclater de rire. Elle jeta machinalement un regard vers son appareil photo, qui n’avait pas l’ombre d’une égratignure. Elle se dit qu’il valait bien son prix, après tout. Duncan accourut à sa rescousse et lui tendit la main. Elle rit encore quelques secondes avant de se laisser relever par le jeune homme. « Tout va bien ? » Elle se regarda, histoire de voir si tous ses membres étaient à leur place et remarqua une imposante tâche d’herbe sur son chemisier blanc. Duncan le remarqua également. « Roh, mon nouveau chemisier… » Elle marmonna quelques mots inaudibles. « Tu veux passer chez toi pour te changer ? Sinon tu vas faire une fixette sur la tâche et après tu ne regarderas pas où marcher… Et après… » Elle lui lança un regard noir avant de lui taper l’épaule. « Je suis pas aussi superficielle, oh! » Il mima un geste de douleur théâtral. « Outch… Moi aussi je t'aime Roman Lancaster... » Elle lui tira la langue et ils rigolèrent ensemble. Elle décida qu’elle n’avait pas besoin de se changer, que cet incident faisait partie des risques du métier. Ils continuèrent leur séance photo improvisée et finirent par rentrer de leur côté, Duncan ayant une urgence à l’hôpital. Comme d’habitude…
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