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 joamie + take shelter

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Message(#)joamie + take shelter EmptyVen 4 Déc 2015 - 11:14

Flâner d'une boutique d’antiquaire à l'autre a toujours agréablement fait passer le temps. J'ai un certain goût pour les vieilleries, notamment en matière de mobilier. Tout se ressemble aujourd'hui, et plus rien n'a de charme comme ce qui ornait les maisons d'avant. Ayant parfois l'après-midi de libre, depuis que je partage mon poste avec ma co-rédactrice en chef, et vu le temps radieux, j'avais décidé de prendre le soleil dans cette rue bordée de ces vitrines qui gardent un pied dans le passé. Mes pensées sont toujours positives lors de journées aussi belles. Le ciel dégagé de tout nuage semble permettre à l'esprit de passer le balai sur les idées encombrantes et pessimistes. Je ne pense pas à Joanne. Ni à Hannah. Ni à quoi que ce soit. Ce sont des moments de flottement, de rêverie. Pas de téléphone, rien qui puisse me rappeler à ma vie. Je ne suis que dans l'instant présent, portant mon corps d'un bout à l'autre de la ville, un pas après l'autre. Sentant le soleil sur a peau. Et le ciel éclaircir mon esprit. Il y avait dans une des boutiques, sur mon chemin, une serviette noire en cuir usé. Un sac terriblement classique et un brin austère, mais non sans charme, avec son loquet doré. L'ouvrant, l'inspectant, j'avais trouvé dans le rabat une sorte de poche secrète particulièrement bien dissimulée dans la doublure. Et là se trouvait un tas de lettres, en excellent état grâce à leur cachette. Curieux, j'ai passé de longues minutes à les lire de travers, assis dans un coin de la boutique. Les lettres dataient du siècle dernier. La correspondance concernait un homme et une femme. Un militaire et une infirmière. Au fil des lignes noircies, mon coeur n'a cessé de palpiter. Sur celles de l'homme, on pouvait presque encore sentir l'odeur de la terre malaise du front d'où il écrivait. L'écriture de la jeune femme était appliquée, ronde, douce. Mieux que n'importe quel roman, les lettres m'ont finalement gardé en haleine pendant deux heures. « Ils n'existaient pas » avais-je dit à Joanne quand elle avait évoqué cette fantaisie d'autres vies, l'autre jour, dans mon bureau. Ni eux, ni les autres. Ils n'existaient pas, et ces histoires antérieures aux nôtres n'étaient que des histoires. Des contes pour enfants qui n'avaient aucun rapport avec nous. Ils n'étaient pas réels, ils n'avaient aucune incidence sur notre présent. Ni cela s'est mal fini, ce n'est pas parce qu'un de nos couples fictifs était voué à l'échec. C'est parce que Joanne, et elle seule, avait décidé qu'il n'y aurait pas de fin heureuse pour nous. Avant de partir, elle s'était mise face à moi pour m'embrasser. Ses lèvres m'avaient donné la sensation de brûler les miennes comme un fer chaud, s'en était insupportable. C'était un coup en plein coeur. Comme si elle n'avait pas fait assez de mal comme ça. Non, il fallait qu'elle m'embrasse une dernière fois pour me rappeler tout ce qu'elle m'a arraché sans raison. Pour me donner le coup de grâce. Une fois la jeune femme hors du bureau, j'ai renvoyé Daisy. Comme ça, sur le coup de la colère et de la douleur. Elle l'avait laissé entrer, alors que cela était son rôle de l'éviter. Elle n'avait pas fait son travail, et cela méritait sanction. C'était la seule et unique fois depuis qu'elle travaillait pour moi qu'elle avait failli. Et la voilà sans plus d'emploi, pour avoir failli le mauvais jour. Elle pourra blâmer Joanne, elle aussi. Mon ex-fiancée, que je garde si bien éloignée de mes pensées, a désormais envahi mon crâne. Les lettres entre mes mains brûlent mes doigts autant que son baiser. Ces feuillets prennent peu à peu une importance considérable, sans que je sache pourquoi. Le militaire et l'infirmière. Je veux savoir qui ils sont. Il n'aura fallu que quelques papiers sortis d'un autre temps pour que je m'attache à eux, que je veuille reconstituer leur histoire comme un immense puzzle. L'antiquaire me les cède gratuitement. Ce n'est que du papier à ses yeux, mais des lettres d'une grande valeur pour moi désormais. Je les glisse dans la poche intérieure de ma veste, soigneusement pliées, un peu compact. En remontant la rue, le ciel se couvre. En quelques minutes, il pleut des cordes. Et quand j'arrive à l'emplacement où j'ai garé ma voiture, celle-ci n'y est pas. Disparue. Envolée. Ou plutôt, volée, tout court. Dedans, mon téléphone, mon porte-feuille, tout. La pluie s'intensifie, je ne peux pas rester là, dehors et penaud, plus longtemps. Reconnaissant le quartier, je reconstitue rapidement un itinéraire ; en deux minutes de course, je me retrouve au pied de l'immeuble de Daisy. Qui est aussi l'immeuble de Joanne. Quelle foutue ironie. « Allez, Daisy. Allez, sois chez toi. S'il te plaît. » je murmure en appuyant sur l'interphone à côté de son nom. Qu'aurait-elle de mieux à faire ? Mais elle ne répond pas. Il n'y a sûrement personne. Alors je n'ai plus qu'à atteindre là, sous le porche, que la pluie cesse.
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Message(#)joamie + take shelter EmptyVen 4 Déc 2015 - 12:20

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I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive


Les parents de Joanne étaient revenus à Brisbane, pour une durée indéterminée, en vue de la situation de leur plus jeune fille. Au déjeuner, cette dernière avait mangé chez eux. Au début, les conversations se voulaient agréables et conventionnelles, jusqu'à venir au sujet de conversation qui allait faire verser des larmes et perdre tout sourire. Mais cela faisait longtemps que Joanne n'avait plus souri. Elle s'avouait chanceuse de les avoir, et il y avait Gabriella et James aussi. La première semblant déterminée à lui fare prendre du poil de la bête. Jane et Martin étaient surtout inquiets sur la plan financier. En effet, Joanne ne travaillait plus. Elle avait pu faire quelques mois d'économies lorsqu'elle avait vécu avec Jamie, elle puisait là-dedans. Ca n'allait certainement pas suffir jusqu'à après l'accouchement, mais elle était en train de négocier difficilement avec son supérieur et son médecin pour qu'elle puisse venir travailler. Ce n'était pas gagné. Tout feu tout flamme, son père n'hésita pas une seule seconde à négocier avec son propriétaire afin d'acheter l'appartement, et le mettre au nom de Joanne. Martin était un homme très économe et s'était promis de garder cet argent pour des situations compliquées, et c'en était une. Joanne était plus qu'embarrassée par ce geste, mais reconnaissante avant tout. Et puis, ils n'étaient pas revenus pour rien à Brisbane, ils comptaient bien bichonner leurs enfants -ça leur manquait certainement, à ne plus pouvoir le faire qu'à des moments poncutels durant l'année. Et puis sa mère s'enthousiasmait surtout pour le bébé, elle qui ne voyait que les côtés positifs. Elle allait l'adorer, ce premier petit-fils. Joanne sortait alors de chez eux, fatiguée car elle n'avait que très peu dormi la nuit précédente, pour se rendre à son appartement. Le temps avait été si clément jusque là, voilà qu'il pleuvait des cordes. Elle garait sa voiture dans la rue, et son coeur ne fit qu'un bond lorsqu'elle vit cette silhouette masculine qu'elle connaissait par coeur. Joanne soupira après avoir retiré les clés du contact. Que faisait-il là ? Il n'était certainement pas venu la voir elle. Joanne savait qu'il y avait pas mal de personnes travaillant à l'ABC qui habitaient dans le coin. Mais cela ne justifiait pas le fait qu'il soit trempé jusqu'aux os. Elle l'observait pendant peut-être cinq ou dix minutes. Mais personne ne venait lui ouvrir, et il restait malgré tout planté là. Elle récupéra le sachet de courses, ayant fait des emplettes avant de rentrer, puis se décida enfin à sortir de sa voiture, parapluie d'une main, son sac à main et le cabas de l'autre. Une fois sous le porche, elle replia l'objet et fit en sorte d'avoir une main libre pour récupérer ses clés. Il était là, juste à côté de lui, il n'y eut qu'un bref échange de regard. "Bonjour." dit-elle, tout de même, en mettant la clé dans la serrure. La main nerveuse, elle eut un peu de mal à la déverrouiller et l'ouvrir. Une fois fait, elle soupira, puis retenant la porte avec son dos, elle regarda son ex-fiancé. "Tu veux rentrer ?" finit-elle par lui demander, de sa voix douce. "Le temps que la pluie s'arrête." Et pas plus. "Je voulais me faire du thé et... Il me semble qu'il y ait encore des vêtements à toi chez moi. Des habits secs." Malgré sa santé de fer, cela ne l'empêcherait pas d'attraper froid avec des vêtements aussi mouillés. La jeune femme regarda brièvement le ciel, les nuages semblaient vouloir rester encore là pendant de nombreuses heures. Joanne comptait aller voir son psychologue plus tard dans l'après-midi. Elle ne pensait pas qu'il accepterait de venir chez elle. Chez elle. Il y avait aussi pas mal de souvenirs qui s'étaient ancrés, là-haut. Jamie semblait préférer rester ici, ce qu'elle pouvait comprendre, mais il ne pouvait pas lui reprocher de ne rien avoir proposé. Voyant qu'il ne se décidait pas, Joanne bloqua la porte avec le tapis de l'entrée avec ses pieds, et ajouta. "Ma porte restera ouverte, si jamais." Elle n'allait pas non plus le forcer à aller quelque part où il ne le voulait pas. Les mains toujours pleines, elle grimpa les escaliers pour arriver au deuxième étage et entra chez elle, laissant, comme elle l'avait dit, la porte entrouverte. La jeune femme déposa son sachet sur l'un des éléments de la cuisine, afin qu'elle puisse se débarrasser de sa veste, de son parapluie et de ses chaussures. Pendant qu'elle les rangeait, une partie de ses achats tombaient par terre. Joanne manqua pas de lever les yeux au ciel pour ses étourderies, et retourna dans la cuisine pour ramasser les deux trois paquets. Après quoi, elle mit de l'eau à chauffer sur sa gazinière. Son coeur battait tout de même à foller allure, lorsqu'elle se rendit dans son séjour -la pièce du bureau était bordélique et en plein travaux, la bibliothèque vidée et prête à migrer dans le salon, où elle avait réussi à faire un peu de place-, pour faire un peu de rangement, à se demander s'il allait monter ou non.

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Message(#)joamie + take shelter EmptyVen 4 Déc 2015 - 13:09

Adossé au mur, à côté de la porte de l'immeuble, je garde les mains dans les poches de mon pantalon trempé, le regard posé sur le bout des nuages gris que je peux apercevoir. J'observe la pluie tomber, encore et toujours, inlassablement, parfois tout droit vers le sol, parfois légèrement de biais, poussées par la petite brise qui s'est aussi levée. Un vent tiède qui colle un peu plus ma chemise à ma peau et me donne une sensation de froid. Cela ne serait pas étonnant que j'attrape la crève d'ici quelques minutes, si le beau temps ne revient pas. Et vu l'épaisseur de la bande de nuages qui s'étend à perte de vue, le ciel ne se dégagera pas de si tôt. Je suis bloqué sous ce porche pour quelques heures sûrement. Je n'ai qu'à prendre mon mal en patience. Mon regard se pose sur la voiture qui vient de se garer sur le parking de la résidence. Le moteur est coupé, mais personne n'en sort. A travers l'averse, je ne devine pas de qui il s'agit, mais espère de tout coeur pour que ce soit Daisy -et que celle-ci soit capable d'être assez clémente pour me laisser entrer. C'est une toute autre silhouette qui apparaît finalement. Petite, des cheveux blonds. Je soupire et maudit le destin qui a décidé de s'acharner contre moi. J'imagine des petits yeux vicieux posés sur moi, riant de m'avoir ôté ma fiancée, mon fils, mon foyer. Ce n'est pas assez. Retirons lui aussi la voiture, le téléphone, les papiers, pour que ce soit plus amusant. Mettons-le sous une pluie diluvienne, et quand il n'en pourra plus de se battre contre la mauvaise fortune, quand il pensera qu'on ne peut pas faire pire, plaçons l'ex-fiancée sous son nez. Et là, le tableau sera parfait. Je murmure à peine une formule de politesse en réponse à celle de Joanne. Je ne lui adresse pas un regard, rien. Si elle a de la jugeote, elle en fera de même, ouvrira la porte, et rentrera chez elle en me laissant là comme si elle n'avait pas remarqué a présence et me vêtements mouillés. Sans lever le petit doigt, je la laisse jongler entre ses clés et ses courses. Mais elle s'arrête,un pied dans le hall, pour me proposer d'entrer. Je ne réagis pas, le regard bas, posé sur la grande flaque d'eau qui s'est formée sur le bitume face à moi. Monter, retourne dans son appartement, voir des souvenirs ressurgir dans les coins de chaque pièce. Même pour être au chaud et m'éviter de tomber malade, je ne m'en sens pas capable. Je n'en ai aucune envie. « Non, merci. » je murmure finalement, histoire d'être poli. « Ca finira bien par s'arrêter. » Elle bloque la porte quand même et s'en va. Même sa gentillesse m'écoeure et hérisse mes poils. Je n'ai pas besoin qu'elle se montre aimable pour avoir bonne conscience, qu'elle fasse semblant d'en avoir quoi que ce soit à faire de moi. On ne peut pas prétendre avoir de l'intérêt pour quelqu'un qu'on est capable de lâcher comme elle l'a fait. Ce n'est qu'hypocrisie. Une dizaine de minutes passent. La pluie bat toujours. Le vent me semble plus frais. Je regarde la porte de l'immeuble, toujours ouverte. L'intérieur, où il fait sûrement bon. Je peux entrer dans le hall, au moins. Cela ne rime à rien de rester dehors par fierté. Alors je pénètre dans l'entrée et referme la porte derrière moi. Passant une main dans mes cheveux, je constate que mes mèches brunes sont toujours trempées. Des gouttes perlent à leurs extrémités et glissent sur ma nuque jusqu'à ma chemise, toujours mouillée elle aussi. Ce n'est pas prêt de s'arrêter. Et je ne vais pas rester ici toute l'après-midi. Ravalant mon orgueil, je me décide à grimper, doucement, les escaliers. A quelques marches du second étage, je jette un coup d'oeil hésitant vers la porte de l'appartement de Joanne. Peut-être qu'elle n'a pas laissé sa porte ouverte, comme elle avait dit qu'elle le ferait. Peut-être l'a-t-elle refermée entre-temps. Mais non, je peux voir la lumière à travers l’entrebâillement. Mon coeur se serre tristement. Je n'ai aucune envie d'entrer là-dedans, de la voir, de lui demander un service. Pourquoi ne me laisse-t-on pas avec ma volonté de ne plus rien avoir en rapport avec elle ? Je soupire une nouvelle fois. Courage. Je frappe à la porte pour m'annoncer et l'ouvre un peu plus, sans oser faire un pas à l'intérieur. « Je... » Croiser son regard me rend muet. Alors je pose le mien sur le sol, croise les bras, me renferme. « Je peux utiliser ton téléphone ? » je demande finalement, à contre-coeur, les mots fusant rapidement comme si je souhaitais m'en débarrasser le plus vite possible. « La voiture a été volée et… mon téléphone était dedans. J'ai juste besoin d'appeler quelqu'un pour qu'on vienne me chercher. » Ce n'est l'affaire que d'une minute. Appeler chez Hannah, lui demander d'envoyer son chauffeur ici. Je pourrais ensuite passer par le poste de police, toujours aussi ironiquement, pour signaler le vol de l'Audi avec tout ce qu'il y avait dedans. Et par la banque, peut-être, pour faire désactiver et refaire faire toutes mes cartes de crédit. Quelle perte de temps. « Et je peux en profiter pour récupérer mes affaires. »
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Message(#)joamie + take shelter EmptyVen 4 Déc 2015 - 13:47

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I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive


La pluie était diluvienne, il n'y avait pas un chat dehors. Joanne l'avait remarqué en regardant brièvement à travers la baie vitrée. Quel triste temps. Ne s'attendant pas à ce que Jamie ne vienne finalement entrer dans son appartement, elle sursauta lorsqu'il fit son apparition, le regardant d'un air neutre. Son coeur s'emballait une nouvelle fois, c'était incontrôlable, Joanne aimerait tellement avoir un pouvoir là-dessus. Sans qu'ils ne s'y attendent, leurs regards se croisaient, pendant une fraction de seconde. Chacun pris au dépourvu, ils n'eurent pas le temps de ressentir un quelconque sentiment négatif et le transmettre de manière foudroyante à l'autre. Non, c'était un simple échange. Lui ne voyait que ses yeux bleus et elle ne voyait que ses beaux yeux verts. Ses si beaux yeux verts. Cela était suffisant pour stopper Jamie dans son élan, lorsqu'il commença à lui parler. Jamie se reprit rapidement, demandant le téléphone de la jeune femme. Elle acquiesça d'un signe de tête, et lui tendit son portable. Joanne n'y avait rien changé, il y avait toujours une photo de Jamie en fond d'écran. Celle de l'écran de verouillage, la jeune femme l'avait pris à son insu, alors qu'il peignait. N'ayant pas de véritable oeil de photographe, elle l'avait pris à la va-vite, avec ses lunettes et sa chemise neuve déjà bien tâchée. Il était en trois quart de dos. Et la photo de l'écran d'accueil, c'était une photo d'eux deux, celle que Jamie lui avait envoyé après qu'ils s'étaient promenés ensemble pour la première fois dans le parc, avant Londres. Elle aimait ces photos, au fond, et puis, n'avait jamais songé à les changer depuis leurs séparations. Jamie connaissait sont téléphone et il y avait déjà ces photos là avant qu'ils ne se séparent. Elle était sincèrement désolée d'entendre que son ex-fiancé ait été victime de vol. Ce n'était pas parce qu'ils étaient séparés qu'ils fallait ne leur souhaiter que du mal. Du moins, ce n'était pas dans les intentions de Joanne. [color=#006699"J'espère que tu n'auras pas trop d'ennuis."[/color] dit-elle en toute sincérité. Elle savait qu'il laissait parfois ses papiers dans la voiture, il suffisait que le voleur ne s'en rende compte pour qu'il vienne vider son compte bancaire par des virements ou diverses dépenses. Jamie réclamait également de récupérer les affaires qui lui restaient. Deux chemises, un pantalon, et l'une de ses montres, qu'il avait volontairement laissé ici au début de leur relation "Bien sûr." dit-elle tout bas, se dirigeant vers sa chambre. Mais de loin, elle entendait l'eau bouillir dans la casserole. Elle arrêta rapidement le feu, puis déversa l'eau dans la théière, laissant ensuite les feuilles de thé infuser. Enfin, Joanne allait dans sa chambre et récupéra dans sa commode, les vêtements en question. Ceux-ci étaient soigneusement pliés. Elle revint dans le salon, et les posa sur la table de la salle à manger, la montre surplombant le tout. Il attendait qu'on lui réponde, le téléphone collé à l'oreille. Joanne partir alors se servir du thé. Elle sortit une première tasse, puis se servit, une large colonne de fumée s'échappant du contenant. Elle hésita un instant, réfléchit, les yeux dans le vide, avant de se décider à sortir un second mug, qu'elle remplit également. Ses deux tasses en main, elle le rejoignit, déposant s tasse à lui sur la table. "Si jamais tu en veux..." dit-elle tout bas. "Quelqu'un peut venir te chercher, alors ?" demanda-t-elle, non plus qu'elle ait particulièrement hâte qu'il parte, mais c'était certainement ce que lui désirait le plus en cet instant. Joanne avait même pris le temps de sortir un drap de bain propre, qu'elle avait laissé sur son lavabo, si jamais il comptait se doucher avant qu'il ne se change. La jeune femme restait accueillante malgré tout. Quand elle le regardait, c'était sans haine, sans amour, sans sentiment particulier. Le ton neutre, sans pour autant qu'elle était totalement fermée et inexpressive. Elle était surtout fatiguée. Il fallait bien évidemment qu'elle se remémore le moment où elle l'avait embrassé, dans un élan de colère et d'une certaine rancoeur, sans nul doute. C'était peut-être idiot, mais Joanne avait eu cette vague impression que le goût de ses lèvres avait changé, comme s'ils en avaient touché d'autre. Lorsqu'elle en avait parlé à son psychologue, celui-ci lui avait dit. "Selon les émotions que nous avons à un moment t, le goût pour certaines choses peuvent changer du tout au tout." Et elle le crut, trouvant son raisonnement juste.

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Message(#)joamie + take shelter EmptyVen 4 Déc 2015 - 14:42

Cet appartement est trop chargé de souvenirs pour que j'y mette un pied. Il y a le soir où je lui ai rendu visite par surprise, quelques jours avant de partir pour Londres. Et tout ce qui s'en est suivi sur ce canapé et qui étaient, jusqu'à il y a peu, de bons souvenirs. Aujourd'hui , cela ne ressemble qu'à une erreur. Il y a la fois où elle est venue me chercher au poste de police après une nouvelle bagarre de bar, m'a amené ici. Je lui avais tout raconté à propos de Kelya. Elle m'avait rejeté pour ça. Je me souviens être parti, à sa demande. Être revenu pour la retrouver sous une douche glacée. Et faire l'amour dans sa chambre, avant de lui proposer de venir vivre chez moi. A l'époque, tout semblait tumultueux et compliqué. Avec le recul, c'était une période facile et insouciante. J'étais idiot. J'aurais du la laisser sous le jet d'eau. Rentrer chez moi. Comme elle l'avait demandé. Cette soirée marquait le début de la course pour moi. Elle trouvant tous les moyens de filer entre mes doigts, et moi essayant de la rattraper et de m'accrocher à elle par tous les moyens, sans plus d'orgueil ni de dignité. J'aurais du comprendre que cette histoire ressemblerai toujours à cette soirée. Et qu'un jour, elle me rejettera de nouveau, et je ne reviendrai pas vers elle. Alors je ne passe pas le pas de la porte. Je reste dans l'encadrement, d'où je prends son téléphone avec un signe de tête signifiant merci. « Non, ce n'est pas si grave, juste… fâcheux. » dis-je en haussant les épaules. J'achèterais une nouvelle voiture, un nouveau portable, un nouveau portefeuille. Je referais mes papiers, mes cartes de crédit. Dans une semaine, tout sera parfaitement normal, et remis à neuf. Quand mon regard se pose enfin sur l'écran du téléphone de Joanne, mon coeur bondit, ma respiration se coupe. C'est moi. Une photo volée à un moment où je ne m'y attendais pas, une photo dont j'ignorais l'existence. Je glisse mon pouce dessus. L'écran suivant, c'est nous. Ma main devient moite. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ces photos sont toujours là. Pourquoi elle ne les a pas changé. J'inspire profondément pour reprendre mes esprits. Je cherche d'abord à voir si Joanne n'a pas déjà le numéro d'Hannah dans son répertoire. Mais il n'y est pas. Elle l'a sûrement supprimé. Je le compose donc moi-même, et lance l'appel. Pendant ce temps, la jeune femme sort mes affaires, sert du thé. « Merci, mais ça ne... » La tonalité cesse, l'appel est pris. « Allô ? Hannah ? » Je me suis tourné pour donner le dos à Joanne, et parle tout bas afin qu'elle ne puisse pas entendre. Je ne veux pas qu'en sachant que j'appelle la comédienne, elle fasse un de ces cheminements logiques typiquement Joanne et en vienne à la conclusion que je lui avais menti par rapport aux clichés du baiser et qu'il y avait quelque chose entre nous à ce moment là. « Est-ce que je peux emprunter ton chauffeur ? On m'a volé la voiture, je suis ch… » chez Joanne. Cela ne me semble pas être un détail à donner à la brune. Je ne sais pas comment elle réagirait. « Je suis coincé dehors, dans la résidence de pine rivers, et tu as vu le temps... » Elle m'explique qu'elle a beaucoup à faire, et que la voiture lui est utile pour le moment, mais elle pourra passer me prendre quand elle aura terminé, et nous rentreront ensemble, si ça ne me dérange pas. « Non, bien sûr, je comprends. Je vais rester au sec, alors ça ira. Je t'attends. Appelles-moi sur ce numéro quand tu seras là, mon téléphone était dans la voiture. » Cela risque tout autant de créer une scène. Bon dieu, dans quelle situation bancale je me trouve… « Merci. A plus tard. » Je raccroche et tends le téléphone à sa propriétaire. « On passe me prendre dans une heure. Je vais juste… Emprunter ta salle de bains, histoire de me changer et éviter d'attraper froid. Puis je redescendrai dans le hall. » Cela signifie que je dois entrer dans l'appartement. Dans cet endroit trop familier. Je n'ai pas vraiment le choix, alors j'y mets un pied, puis l'autre. Sur la table de la salle à manger, je vois ma vieille montre briller au dessus d'une petite pile de vêtements. Celle que je lui avais laissé. Sans un mot, je prends une chemise et le pantalon, et file dans la salle de bains me changer. Quand j'en sors, je ferme la porte et appuie mon dos dessus. Le regard posé sur la porte de l'appartement vers laquelle je devrais me diriger. Une partie de moi se dit que ce thé ne me ferait pas de mal. « Alors… C'est un garçon, hm ? »
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Message(#)joamie + take shelter EmptyVen 4 Déc 2015 - 15:24

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Jamie avait rapidement eu quelqu'un au bout du fil. D'où elle était, la belle blonde ne pouvait entendre ce qui était dit, ni de qui il s'agissait. Tant qu'il trouvait un moyen de rentrer chez lui, sain et sauf. Joanne souffla doucement sur la surface de l'eau brûlante, il était bien trop chaud pour elle. Elle buvait généralement le thé tiède, sans pour autant être déjà froid. Elle adorait tenir le mug chaud entre ses doigts en attendant, pour radoucir des mains habituellement froides. Et puis, se faire un thé par un temps de pluie pareil, avait un petit air de cozy qu'elle appréciait beaucoup, même si la situation aurait pu être parfaitement électrique. Mais tout restait dans une certaine neutralité pour le moment, comme si l'un, comme l'autre, ne cherchait pas à se remettre en conflit. En couple ou non, ils avaient tous les deux horreur de se disputer, même si Jamie devait la détester au possible. Une poignée de minutes plus tard, il lui rendit son téléphone, expliquant qu'on viendrait le récupérer d'ici une petite heure. Joanne fit signe qu'elle avait compris par un signe de tête. Il pouvait rester le temps qu'il voulait, il ne la dérangeait pas, étrangement. Et Jamie mit les deux pieds dans la maison. Ce n'était l'histoire que de quelques centimètres, mais le revoir franchement le pas de la porte fit bondir son coeur de manière inattendue. Alors, elle se souvenait de tout ce qui s'était passé ici. Jamie se dirigea vers la salle de bains, où il s'y changea rapidement, sans prendre de douche chaude. "Comme tu veux." dit-elle tout bas. Pendant ce temps, Joanne s'était adossée sur le mur qui était juste à côté des baies vitrées, sur le côté. La tête reposée aussi contre celui-ci, elle pouvait certainement fermer les yeux et s'endormir. Elle se sentait si fatiguée, et se doutait bien qu'il ne s'agissait pas que d'un épuisement physique. Elle regardait l'extérieur, gris, monotone, toujours sa tasse de thé entre ses dix doigts. Toutes ces belles images défilaient devant ses yeux, tous ces beaux souvenirs. La première fois qu'ils se sont entièrement désirés, la première fois qu'ils avaient fait l'amour, qu'ils était sortis ensemble. Même des moments moins exceptionnels mais qui avaient autant de valeur aux yeux de la jeune femme. Mais le goût de ses lèvres lui réapparurent subitement, c'était si différent. Peut-être que ce n'était pas une histoire d'émotions ressenties au moment t. Du bout de ses doigts, Joanne effleura ses propres lèvres, pensives, alors que son ex-fiancé resortait de la salle de bains avec des habits secs. Adossé contre la porte, elle avait bien remarqué qu'il regardait avec envie la sortie, ce qui était compréhensible. Mais le voir ainsi lui fit un pincement au coeur. Elle tentait de fuir certaines pensées en se disant continuellement que tout était de sa faute, qu'elle l'avait voulu, qu'elle ne le méritait pas. Méthode de moins en moins efficace. Elle se sentait prête à le voir partir, et à ne pas le revoir avant l'accouchement. "C'est ça, oui." dit-elle, en le regardant brièvement, avant que ses yeux tristes ne viennent regarder l'extérieur. La tasse de Jamie était toujours là, sur la table de la salle à manger. "Je ne voulais plus tellement attendre pour savoir et, ma mère n'arrêtait pas de me questionner, pour pouvoir choisir correctement les couleurs pour les broderies." Maintenant, Jane le savait, et s'était lancée de plus belle, il était impossible de l'arrêter. "Et..." Elle semblait plus hésitante. "Je savais que c'était la dernière chose que je pouvais encore te donner." Connaissant son impatience, et sa hâte, bien qu'il haïssait la femme qui portait l'enfant. Elle pointa rapidement du doigts ce qui était anciennement son bureau, où il y avait également sa bibliothèque pour ses livres et d'autres affaires. Là, la pièce était quasiment vide, avec quelques cartons, des essais de peinture sur l'un des murs. "J'ai aussi commencé à aménager la chambre en devenir." Puis elle secoua la tête, se disant qu'il ne s'intéresserait certainement pas à ce genre de détails. Le téléphone de la jeune femme retentit. Elle le sortit de sa poche et y vit le nom de son psychologue. "Mince, j'ai oublié le..." rendez-vous. "Allô ? Oui pardon, je suis désolée, j'ai..." Elle regarda Jamie. "J'ai eu un contre-temps, je ne pourrai pas venir aujourd'hui... Oui, bien sûr... Mais... Vous n'êtes pas la semaine prochaine ?... Je vois... C'est une autre psychologue qui vous remplace... Ah... Non, je... je préférerais attendre la semaine suivante dans ce cas...Oui... Merci... Au revoir, Mr. Horton. Oui, à bientôt." Et elle décrocha, ne réalisant qu'après qu'elle avait mentionné le nom de psychologue. Ca non plus, ce n'était certainement pas une information qu'il voulait savoir. Mais grâce au professionnel, Joanne se reprenait très doucement en main, ça ne lui était que purement bénéfique. De l'une de ses mains, elle effleura son ventre, le regardant avec une très grande affection. Le bébé ne manquera pas d'amour, elle le savait. Il ne manquera ni de son père, ni de sa mère. Joanne n'allait plus que vivre pour lui, ce si petit foetus qui devient si grand. Sortant de ses pensées, elle regarda Jamie, avant que ses yeux ne se déportent sur la tasse qui lui était destiné. Elle saisit cette dernière, et s'approcha de Jamie, tout en maintenant une distance correcte en vue de la situation. "Tiens." dit-elle doucement. "Ca ne... peut que te faire du bien, pour avoir autant été sous la pluie." Joanne posa son propre mug sur la table, prise d'une douleur dans le bas du dos. Pour avoir été debout une bonne partie de la journée, elle en payait un peu les frais. Elle se retint de grimacer et se massa légèrement, prenant son mal en patience. Ca allait passer, et puis, elle ne voulait pas vraiment s'asseoir pour le moment.

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Message(#)joamie + take shelter EmptyVen 4 Déc 2015 - 19:18

Il semble que le sujet du bébé soit le seul capable de nous empêcher de nous disputer. Il est la dernière chose qui nous lie, et qui nous liera pour toujours. Il est d'ailleurs le seul sujet que nous avons en commun désormais. Je ne me vois pas discuter tranquillement avec Joanne de mes journées, du travail, de ce que je fais depuis qu'elle est partie, de comment je vais. Il faudrait évoquer Hannah, le fait que j'ai posé mes valises chez elle depuis des semaines. Je me fiche de son avis sur la question, je veux juste éviter une nouvelle scène. Je n'ai pas envie de lui demander comment elle se porte, si elle se sent mieux maintenant qu'elle est de retour chez elle, dans son monde, dans sa petite vie, si elle voit quelqu'un. Je ne veux pas savoir si elle est heureuse, si elle va parfaitement bien, alors que je me sens toujours aussi vide. Je ne veux pas non plus qu'elle ose étaler son malheur, si jamais elle ne va pas bien, alors que c'est elle qui a tout gâché et qui a voulu cette situation. Je préfère la traiter comme une étrangère, une vague connaissance, comme une voisine qu'on croise régulièrement dans l’ascenseur et à qui on adresse deux mots histoire de faire passer les étages plus vite. Et là, j'ai une heure à tuer. Parler du bébé me semble donc une bonne manière d'éviter un silence trop pesant. Quoi que ne pas dire un mot m'irait tout aussi bien, mais ce n'est pas ainsi que l'on remercie quelqu'un pour son hospitalité. « J'ai hâte de le voir... » je murmure, pensif. J'ai hâte de le tenir dans mes bras, voir à quel point il est minuscule, le sentir gigoter, entendre ses gazouillements. Je ne pourrais avoir de véritable contact avec lui qu'une fois qu'il sera mis au monde. Alors je n'ai qu'une envie, c'est que ce jour arrive, et que je puisse de nouveau être vraiment père. Finalement, qu'il s'agisse d'un garçon ne me fait pas grand-chose. Il est en pleine santé, et c'est tout ce qui compte. Je suppose qu'il faudra rouvrir le débat du prénom lorsqu'il sera là. Il n'est plus question que son enfant porte le prénom du frère décédé de son père qu'elle n'aime plus. Je me demande de quelle couleur elle a décidé de peindre la chambre. « Tu ne devrais peut-être pas le faire toute seule. » je fais remarquer en désignant son profil arrondi d'un signe de tête, sous-entendant qu'elle n'est pas vraiment en état de se lancer dans de grands travaux de peinture. Elle pourrait très bien confier cela à une entreprise, ou être aidée par des amis. Mais je ne crois pas que ce genre d'effort soit très conseillé pour elle. Son téléphone coupe court à la conversation. Pendant une seconde, mon coeur accélère à l'idée qu'il s'agisse d'Hannah. Mais je comprends bien vite que ce n'est pas le cas. Je n'écoute que d'une oreille. Ce ne sont pas mes affaires. Qu'il s'agisse d'un psychologue m'interpelle tout de même. La dernière fois qu'elle s'était trouvé face à ce genre de professionnel, la séance avait été un véritable fiasco. Suite à cet appel, je reste silencieux. « Je croyais que tu détestais les psys. » dis-je histoire articuler quelque chose. Je ne trouve plus quoi dire pour faire un peu de conversation. Nous n'avons vraiment plus rien à nous dire, et je n'ai pas la motivation pour me forcer. La jeune femme s'approche finalement de moi avec la tasse de thé qu'elle m'avait préparé. Trouvant impoli de refuser -et puis, cette boisson me fait de l'oeil depuis tout à l'heure- je prends la poignée du mug. « ...merci. » je souffle comme s'il m'était difficile d'avoir à la remercier de quoi que ce soit, le regard toujours aussi froid. Parce que je me rends compte qu'il est difficile de haïr une personne ayant ce genre d'attention envers vous, et pourtant, elle ne mérite que ma rancoeur. Ce n'est pas une tasse de thé qui changera ça. Je souffle doucement à la surface de l'eau. Mon regard se pose sur les fenêtres sur lesquelles s'écrasent les goutte de pluie. Le tas de lettres me revient subitement en mémoire. J'étais si trempé que le papier a peut-être pris l'eau. L'encre a pu, par malheur, baver et s'effacer, rendant les phrases désormais illisibles. Je repose la tasse sur la table basse et retourne rapidement dans la salle de bains pour récupérer mes vêtements mouillés et tire le paquet de feuilles de la poche de ma veste. Les lettres sont un peu humides. J'en déplie une pour voir l'étendue des dégâts. Rien de grave, ou presque. Mais désormais, ces feuillets qui avaient si bien survécu à travers les décennies se retrouvent abîmées dès leur sortie de la serviette qui les cachait au monde, quelques minutes après leur arrivée dans le vingt-et-unième siècle. Par ma faute. Je m'en veux terriblement. Je les dispose religieusement en petits tas au-dessus d'un des radiateurs de l'appartement afin de les faire sécher. La dernière lettre, elle, est un peu plus imbibée que les autres. L'encre d'un côté du pli s'est calquée sur l'autre bout du papier comme un buvard, et quelques mots ont disparus. J'ai l'impression d'avoir arraché les dernières pages d'un roman en exemplaire unique. Daniel et Lucy doivent me maudire. Désormais, personne ne pourra savoir comment se termine leur histoire. Personne à part eux.  
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Message(#)joamie + take shelter EmptySam 5 Déc 2015 - 14:09

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I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive


"Moi aussi..." répondit-elle automatique, aussi à voix basse, ses yeux toujours rivés sur l'extérieur. Une partie d'elle rêvait de le voir dans les bras de Jamie, aussi contradictoire sa pensée pouvait-il être. Mais ce serait certainement la dernière fois qu'elle verrait une expression de pur bonheur sur son si beau visage. Voir son fils, leur fils, en bonne santé, et le plus beau de tous les bébés, à n'en pas douter. Elle avait hâte de pouvoir sentir ses coups dans son ventre lorsqu'il se retournerait, savoir qu'il vivait déjà, en son ventre, se manifestant comme il le pouvait. Une problématique s'affichait néanmoins à l'horizon. Etrangement, Joanne avait toujours le prénom d'Oliver en tête. Impossible de s'en défaire, même si c'était elle qui avait décidé de rompre avec son fiancé, de mettre fin à leur vie si parfaite. Ce n'était pas de gaieté de coeur, mais c'était la seule issue qu'elle avait, au lieu de se battre. Si là, on venait lui demandait si elle l'aimait toujours, Joanne resterait longuement silencieuse, hésitante, bien que la réponse était si évidente. Bien sûr qu'elle l'aimait encore, plus que tout. Elle ne lui voulait aucun mal, elle n'allait rien lui reprocher. Elle se devait d'assumer, et ce n'était pas à cause d'une simple histoire de fierté. Jamie lui recommanda de ne pas s'occuper seule des travaux de la future chambre. La jeune femme n'avait certainement pas les moyens pour faire appel à des professionnels. "Mon père a tenu à s'en occuper. Je l'aide comme je le peux." dit-elle en haussant les épaules. Mais Martin ne laissait guère faire sa fille, préférant qu'elle prenne le temps de se reposer et de prendre soin d'elle. Il avait toujours été bricoleur, et sa motivation n'était pas mesurable, lorsqu'il s'agissait de son petit-fils. Joanne décolla le téléphone de ses oreilles, ayant eu son psychologue au bout du fil. Elle avait manqué une de leurs séances, et elle ne voulait pas certainement pas avoir sa remplaçante, cela signifierait comme repartir à zéro. Jamie ne manqua pas de marquer sa surprise, quant au fait qu'elle voit un psychologue. "Le Dr. Winters m'a fortement incitée à prendre quelques séances suite à... ce que j'ai fait, et à ce qui vient." Le fait de devenir mère célibataire, d'être capable de jongler entre l'enfant et sa vie active. Et puis, comprendre pourquoi elle en était venue à rendre sa bague de fiançailles. Horton avait déjà pris connaissance de beaucoup de choses et d'événements de sa vie. Elle haussa les épaules, les yeux baissés. "Je suppose qu'il a fait appel au bon consultant." dit-elle tout bas. "Je le vois plusieurs fois par semaine depuis..." Depuis qu'elle avait rompu avec Jamie. Cela lui faisait finalement beaucoup de bien de parler à une personne qui était totalement neutre dans cette histoire. Il ne venait jamais aux conclusions avant d'avoir tous les éléments dont il avait besoin, il cherchait à comprendre, et à ce que Joanne se comprenne elle-même. Il avait vite compris à quel point elle était perdue, indécise, n'étant jamais capable de prendre une bonne décision -et que lorsqu'elle tentait d'en prendre, ce n'était jamais la solution la plus convenable. La bel Anglais finit par accepter la tasse de thé qu'elle lui tendit, cela ne l'empêchait pas d'utiliser un ton glacial, déversant encore sur elle toute sa rancoeur. Soudain, il posa sa tasse sur la table et se rua sur dans la salle de bains. Inquiète, Joanne lança "Tout va bien ?" Elle le vit de loin sortir un petit paquet d'enveloppes, de lettres, supposa-t-elle. Il les regardait avec une grande attention, comme si ces papiers étaient d'une valeur inestimable, ce qui devait être le cas. Il les déposa avec précaution sur un radiateur. Joanne devina qu'elles étaient trempées à cause de la pluie. Le papier avait l'air d'avoir un certain âge, mais semblait être intact. Sa curiosité devenait plus forte qu'elle-même, elle désirait tellement savoir ce dont il s'agissait. "De quoi s'agit-il ?" demanda-t-elle timidement, s'approchant de la lettre qui était le moins endommagé. Joanne déposa sa tasse sur la table, également. D'une manière extrêmement délicate, elle prit la lettre, et la déplia comme s'il s'agissait du document le plus précieux au monde. Son coeur râtait un battement à plusieurs moments, au fur et à mesure qu'elle lisait ces quelques lignes. La date, les circonstances, beaucoup de détails lui rappela instantanément ces récits qu'ils se racontaient, que s'ils ne pouvaient pas s'aimer durant une vie entière, ils se retrouveraient dans la suivante. Ces quelques détails concordaient parfaitement et suffirent largement à la jeune femme pour la convaincre de plus belle de ces histoires dont ils se plaisaient à s'imaginer, à leurs heures perdues. Toujours avec grand soin, elle replia la lettre et la déposa sur le radiateur. Secouée, elle fit dos quelques secondes à Jamie, retenant quelques larmes d'émotions. Elle renifla, essuyant rapidement ses larmes. Non, elle ne devait pas pleurer, ce n'était pas le moment. "Tu avais dit qu'ils n'existaient pas..." dit-elle finalement tout bas, ses yeux se rivant sur l'extérieur. Elle savait. Au fond, elle savait que c'était eux. S'il n'y croyait pas, pourquoi diable aurait-il gardé ces lettres ?

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Message(#)joamie + take shelter EmptyDim 6 Déc 2015 - 13:51

Nous aurions du faire la chambre du bébé tous les deux, à la maison. Je nous imaginais bien passer des week-ends tous les deux à faire la peinture, changer le sol, choisir le mobilier, la décoration, les peluches qui veilleront sur lui la nuit. Finalement, elle s'en occupe avec son père, ici, dans ce petit appartement. Je n'ai plus besoin d'aménager quoi que ce soit désormais. Je suppose qu'on ne passe pas un bébé d'un logement à l'autre comme on s'emprunte et on se rend un paquet de sucre. Je ne me vois pas imposer à un être fragile tous ces déplacements, ces changements de décor, d'environnement. Je viendrai sûrement le voir ici, et passerai quelques heures avec lui de temps en temps, en attendant qu'il soit assez grand pour venir chez moi quelques week-ends. Ce n'est pas vraiment ainsi que je m'imaginais notre vie, notre famille. Cela n'a rien à voir avec tout ce que je prévoyais pour nous. C'est un avenir si pénible et triste qui se dessine désormais. « Tes parents sont en ville alors. » dis-je sans attendre de réponse. Ils sont sûrement venus prendre soin d'elle, maintenant que ce n'est plus ma mission. Ils doivent me détester désormais, par principe. Je n'étais pas assez bien pour leur fille, et sûrement disent-ils qu'elle a eu raison de rompre nos fiançailles. Ils auront leur petit-fils pour eux d'autant plus souvent. Ils pourront s'en occuper et aider un peu Joanne -car je suppose qu'elle ne voudra jamais de la mienne. Un psychologue s'ajoute à la liste de son entourage récent. Un thérapeute qui semble lui convenir et qui a miraculeusement réussi à la faire revenir à plusieurs séances. « Tant mieux s'il t'aide. » je murmure, me fichant étrangement de ce qu'elle lui dit, des sujets qu'ils abordent. Peut-être que le psy verra quel cas désespéré elle est et jettera l'éponge rapidement. Je ne pense pas qu'il y ait quelque chose à faire pour elle, et remédier à son absence de confiance en elle, d'estime et de courage. Surtout lorsque la principale intéressée est convaincue qu'elle ne changera jamais. Cela lui fera une personne à qui faire la conversation, voilà tout. Je me précipite finalement pour récupérer mes affaires, et les lettres cachées dans ma veste. Sûrement la soudaineté de ma réaction et ces papiers que je pose sur son radiateur l'interpellent. « Oui, oui, tout va bien... » je marmonne en terminant d'inspecter les feuillets un par un. Je souhaitais garder ma découverte pour moi, n'en parler à personne, et peut-être me lancer dans cette chasse au trésor à la recherche du passé de ces deux amants afin de reconstituer l'histoire. Jalousement, je voulais qu'ils ne soient qu'à moi. Pourtant, je réponds tout de même à Joanne ; « Ce n'est rien, juste… Des lettres que j'ai trouvé chez un antiquaire. » La question est de savoir à qui appartenait la serviette dans laquelle elles se trouvaient, et pourquoi elles se sont retrouvées dans cette doublure, si bien cachées. Peut-être que leur ancien propriétaire, s'il est envie, saura m'en dire plus sur le couple des lettres. « Elles datent des années quarante. Elles étaient cachées dans la doublure d'un sac depuis tout ce temps. On me les a laissées gratuitement, le vendeur n'y voyait pas de valeur, mais moi... » Moi, c'était comme si ma vie en dépendait. J'ai besoin d'en savoir plus, de réunir toutes les pièces du puzzle. Je m'interrompt lorsque la jeune femme en prend une et se met à la lire. Elle comprendra sûrement pourquoi je les ai prises. Le contenu sembla réussir à secouer la blonde qui voit là la preuve que nos fantaisies de vies antérieures sont bien réelles, alors que j'avais dit qu'elles n'existaient pas. « Et c'est le cas. C'était des histoires qu'on se racontait, voilà tout. De la fiction. » dis-je en m'asseyant dans un fauteuil du salon et récupérant ma tasse de thé au passage, le visage plongé dans une totale neutralité. « Ce n'est pas parce que je trouve la correspondance d'un militaire et d'une infirmière que ça veut dire quoi que ce soit, Joanne. » Ce n'est qu'un hasard. Elle sait mieux que personne que je ne crois absolument pas au hasard. Mais cette fois, je préfère m'accorder le bénéfice du doute. « De toute manière, tu l'as dit toi-même, ça se termine sûrement mal. » j'ajoute en haussant les épaules. Alors que ce soit eux ou pas ne change rien.
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Message(#)joamie + take shelter EmptyDim 6 Déc 2015 - 14:29

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Il tentait de rester le plus neutre et le plus froid possible, même lorsqu'il s'agissait de parler de leur fils, la dernière chose qui les unissait, quelque part. C'était triste que cela ait fini ainsi, Joanne ne pouvait pas se le cacher. Mais elle savait très bien que c'était elle qui avait déclenché tout ce précipice et qu'elle devait vivre avec. Elle regrettait, souvent, même. Jamie était certainement moins limité avec ses obligations, désormais, il était plus libre de ses mouvements. Tout comme le reste du monde, les parents de Joanne ne comprenaient pas la réaction de leur fille, pourquoi elle avait rompu avec lui alors qu'ils savaient à quel point elle pouvait l'aimer. Ses actes insensés, c'était cela qui les avait alarmé, puis vinrent à en discuter au médecin de Joanne. D'où la prise en charge par un psychologue. Au début, Joanne pensait qu'on la prenait totalement pour une folle, prête à être internée, enfermée à double tour dans une pièce blanche et vide, dépourvue de fenêtre. C'était un peu l'impression qu'elle avait, au fond. Jamie semblait également totalement indifférent concernant les séances qu'elle prenait. Il devait certainement penser que le psychologue lui-même en aurait assez de la voir, noter qu'il n'y avait rien à faire, mais c'était pourtant lui qui venait encore beaucoup vers elle pour une séance supplémentaire. A croire qu'il avait assez d'éléments pour la sortir de là. Le bel homme regardait avec attention les lettres, disant que tout allait bien, alors qu'il inspectait avec inquiétude chacun des papiers. Il finit par expliquer à son ex-fiancé ce dont il s'agissait. "C'est incroyable..." murmura-t-elle en regardant de près l'une des lettres avant de commencer à la lire. Joanne était passionnée par ce genre de choses, les documents papier avaient très souvent beaucoup plus de valeurs que n'importe quel objet à ses yeux. Ne serait-ce que par le papier utilisé, sa qualité, le nombre de fois qu'il a été plié, malencontreusement tâché, la courbe de l'écriture, les mots utilisés. Chaque détail avait son importance. La lire la bouleversa un peu, mais Jamie ne manqua pas de lui remettre les pieds sur terre. "Tu semblais bien y croire lorsque nous en parlions." dit-elle tout bas, non pas avec un ton déterminé. Il recadra assez rapidement la situation, coupant sec ce que Joanne aurait pu dire. En gros, il voulait dire que ce n'était pas la peine d'espérer quoi que ce soit. Que ces lettres ne serviront jamais de catalyseurs afin qu'ils se retrouvent. Il la rejetterait, de toute façon. "Alors pourquoi les as-tu prises ?" Elle connaissait sa passion pour les papiers anciens, la curiosité qu'il avait pour ce genre d'histoires. Mais si ça lui rappelait trop Joanne, il ne les aurait jamais pris. Elle ne comprenait pas, à croire qu'il se torturait tout autant qu'elle, comme quand elle n'avait pas changé les fonds d'écran de son téléphone. "On ne sait pas comment ça se termine, j'ai bien vu que les lettres les plus récentes ont pris l'eau." répondit-elle, en regardant quelques autres écrits. Elle lisait l'un de la dénommée Lucy. "Elle parle de Darwin, dans cette lettre-ci, et c'était peu avant le bombardement de la ville." Ca rendait Joanne triste, quelque part. Les probabilités de mourir durant ce carnage était haute, elle ne serait que très peu surprise si la jeune infirmière faisait partie de la liste des victimes. Et le soldat, lui, risquait sa vie quotidiennement au front. Quelle était la probabilité qu'ils puissent finir leur vie ensemble ? "Tu n'as jamais cru aux simples coïncidences..." dit-elle en un murmure, s'éloignant finalement du radiateur. Elle récupéra sa tasse de thé et se posta au même endroit que précédemment. Elle n'avait pas foncièrement envie de le rejoindre en s'asseyant dans son canapé. "Tout avait son sens, tout était expliqué, lié à d'autres faits..." Peut-être se refusait-il de l'accepter, tout simplement. Mais Joanne y croyait, vraiment. Elle avait là des preuves, des faits, ils avaient existé en des âges plus anciens. Joanne sursauta lorsqu'on téléphone sonna une nouvelle fois dans sa poche. C'était sûrement James, ou Gaby, ils se faisaient tous les deux énormément de soucis pour elle, ne comprenant pas trop sa manière d'agir. Joanne elle-même ne comprenait plus, et se cherchait beaucoup. Elle n'eut même pas le temps de dire quoi que ce soit qu'une voix féminine parlait de l'autre côté du combiné. La jeune femme la reconnut immédiatement, et elle sentit sa respiration se couper longuement, son coeur s'arrêter un instant. La mine grave, elle ne dit pas un mot, s'approcha de Jamie afin lui tendre le téléphone, en maintenant un certaine distance avec lui. Apparemment, Jamie avait très rapidement fait son choix aussi, puisque la femme qui venait de l'appeler n'était autre qu'Hannah. C'était donc elle, qui l'avait appelé. Le puzzle se construisait alors petit à petit. "Je suppose que c'est pour toi." dit-elle d'un ton neutre au possible, quoi qu'un peu froide. Et Joanne n'avait plus vraiment d'appétit, plus vraiment envie de boire son thé. Sans dire mot, et d'une manière tout à fait normal, elle se dirigea dans sa cuisine, pour jeter le liquide dans l'évier, et déposa sa tasse sur la table. Appuyée contre l'un des éléments, elle tentait de calmer son coeur qui battait à toute vitesse. Elle regarda par la fenêtre, et il pleuvait encore des cordes. A croire que le ciel pleurait un peu pour elle.

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Message(#)joamie + take shelter EmptyDim 6 Déc 2015 - 15:24

Le contact de ce papier sur mes doigts créée toujours une étrange chaleur sur mon épiderme, traverse mes bras, noue un peu mon estomac et serre mon coeur. Ces lettres ont un effet des plus étranges sur moi. Elles ont pris une importance considérable dès les premières lignes. Il avait suffit que je découvre la date et le contexte d'écriture de cette correspondance pour que je m'en éprenne. J'ai parfaitement conscience, dans le fond, de me rattacher à ces histoires de vies antérieurs, de vouloir en savoir plus, savoir comment cette histoire se termine, comme pour trouver des réponses par rapport à Joanne et moi. Pourtant, il n'y a rien qui nous lie à ce militaire et cette infirmière, de près ou de loin. Rien qui puisse laisser penser qu'ils ont un quelconque rapport avec nous. Seulement ce pressentiment, cet instinct qui me dit que ces lettres sont importantes, que je dois les avoir, et que je dois remonter le fil jusqu'à leurs origines. Néanmoins, je ne veux pas m'avouer cet attachement à ces histoires. Nous étions si complices lorsque nous les imaginions à deux. Nous avons créé des personnages et des contextes qui nous plaisaient bien. Des scénarios et des chutes qui nous rassuraient et donnaient une certaine logique à notre relation qui n'en a jamais eu. C'était romantique et romanesque de se dire que nous étions ensemble d'une vie à l'autre. C'était beau. Mais tout ceci sortait de notre imagination. Tout était modelé pour que les histoires collent. « C'était très arrangeant, d'y croire. » je réponds avec une certaine froideur. Et il était arrangeant pour Joanne de supposer que ces vies se sont mal terminées par le passé comme pour trouver un semblant de justification pour ses actes. Mais non. Ces personnages inventés n'ont pas d'influence sur nous. Il n'y a que nous, et ce que nous faisons dans le présent. Alors pourquoi tenir autant à ce tas de feuilles de papier et d'encre ? « Je n'en sais rien. Je les ai lues, elles m'ont plu. Je trouvais cette histoire touchante. » Elle l'était. On pouvait sentir dans absolument chaque mot écrit tout l'amour qu'ils se portaient l'un à l'autre. L'impatience de se revoir, de se retrouver, l'attente de la fin de cette guerre qui les séparait. Je me demande s'ils se sont revus, s'ils ont vécu ensemble, s'ils ont eu des enfants. Et s'ils ont des descendants, peut-être aimeraient-ils avoir ces lettres à la valeur inestimable. A moins qu'ils ne soient mort à Darwin et au front. « Je me suis dit que je pourrais faire des recherches sur eux, pour... Juste pour en savoir plus, et comprendre pourquoi elles ont atterri là. » Car cela m'intrigue. Les lettres étaient bien pliées, bien cachées. Il y a forcément une raison à toutes ces précautions. Quelqu'un tenait déjà à ces feuillets autant que moi. Et puis, je dois savoir comment cette histoire se termine, et je dois le trouver moi-même, maintenant que la dernière lettre est illisible. « Par ma faute. » je murmure en passant un main sur mon visage. J'aurais du prendre le sac avec. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas fait. Joanne ne manque pas de souligner que je ne crois pas aux coïncidences. J'ai toujours trouvé des liens entre les événements afin de les expliquer, leur trouver une logique -pour me rassurer, dans un sens. Cette fois, il est plus facile de voir dans l'apparition de ces lettres un pur hasard. « J'ai appris que parfois les choses arrivent sans raison. » je réponds avec cette même froideur, mais surtout, une pointe de rancoeur dans la voix, et un sous-entendu terriblement lourd. Oui, parfois, les événements n'ont pas d'explication. A mes yeux, les décisions de Joanne n'en ont pas. Nous étions heureux, elle a tout gâché, elle est partie, point barre. Il n'y avait pas de raison à cela. Elle-même ne parvient pas à m'en fournir. Je bois mon thé pendant que la jeune femme décroche son téléphone, puis me le tend. A son regard, je comprends qu'elle sait exactement qui est au bout du fil. Et je suis presque satisfait de voir que cela semble l'atteindre, alors que je prends l'appareil avec un léger sourire. « Oui, Hannah ? » Plus besoin de cacher l'identité de mon interlocutrice. Celle-ci doit aussi avoir reconnu Joanne. Et elle ne tarde pas à me demander si c'était bien elle qui avait pris l'appel, la voix contrariée. « Je suis chez Joanne, oui… Est-ce qu'on peut en parler plus tard ? » Je la vois bien m'attraper les épaules pour me secouer, me demandant ce que je faisais là-bas, pourquoi je m'infligeais ça alors qu'elle fait absolument tout pour que je l'oublie et que j'aille mieux, alors qu'elle est là, elle, et que mon ex-fiancée n'a su que me briser. Ce sera ce soir, quand elle sera rentrée chez elle, car elle est retenue tout l'après-midi et ne pourra pas être là plus tôt -et donc, venir me chercher. « Je comprends, ce n'est pas grave. Je vais appeler un taxi. A plus tard. » Je raccroche, puis je termine mon thé assez rapidement pendant que je compose le numéro d'une compagnie de chauffeurs et demande à l'un d'eux de passer me prendre le plus vite possible. Cela fait, je pose le téléphone sur la petite table, et me lève pour aller déposer ma tasse dans l'évier de la cuisine où Joanne se trouve. « Mon chauffeur sera là dans une dizaine de minutes. Je ne vais pas te déranger plus longtemps, je vais l'attendre dans le hall. » Je retourne dans le salon pour récupérer mes affaires, mes vêtements, ma montre. Les lettres n'ont pas vraiment eu le temps de sécher, et je crains de faire une nouvelle catastrophe en les repliant, mais je le fais quand même avec délicatesse, veillant à ne pas faire baver l'encre.
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Message(#)joamie + take shelter EmptyDim 6 Déc 2015 - 16:27

take shelter
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive


Jamie ne manquait jamais le coche pour lui faire un reproche, bien entre les lignes, finement joué, comme à son habitude. Il restait un expert en maîtrise de mots et parvenait à se faire comprendre sans trop d'efforts. Joanne restait de marbre à ses petites attaques, piquer là où cela faisait encore mal, même pour elle, il n'était pas nécessaire de répondre quoi que ce soit à ce sujet. Lui non plus, ne comprenait rien, ne cherchait pas à la comprendre, à savoir ce qu'il se passait dans sa petite tête même si son fonctionnement était des plus complexes. Ils avaient chacun leur vision du monde, peut-être était-ce altéré d'une manière différente pour chacun d'entre eux, mais il y avait toujours ces pièges, ces futilités, qui faisait que l'autre restait plus ou moins incompris. Joanne s'était perdue dans ce labyrinthe là, et, au lieu d'y trouver une issue, elle préférait briser les murs de leur relation compliquée afin de pouvoir y échapper. Tout ceci n'avait aucun sens pour le bel homme, son ex-fiancée restait en fait un énorme point d'interrogation. Comme s'ils ne se connaissaient pas et qu'ils ne s'étaient jamais connus. Et voilà qu'il avait trouvé un bon moyen de consolation en se jetant dans les bras d'Hannah, devina Joanne. Celle-ci avait bien remarqué le sourire vicieux de satisfaction, ce qui la mit encore plus hors d'elle. Cela semblait bien lui faire plaisir de la blesser ainsi, une contre-attaque en bonne et due forme. Même s'ils n'étaient plus ensemble, aussi improbables cela pouvait-il être, Joanne n'allait pas voir ailleurs. Ca ne l'intéressait pas. Il y avait pourtant Hassan, et certainement d'autres hommes qui viendraient vers elle, mais non, ce n'était pas ce qu'elle voulait. Joanne cherchait encore ce qu'elle voulait, à vrai dire. La jeune femme était restée dans sa cuisine, pensive, ne désirant pas entendre leur conversation téléphonique. Elle se fichait bien sur le moment de ce qu'ils se disaient, mais ça allait certainement la ronger bien plus tard. Jamie se rendit alors dans la cuisine, venant déposer sa tasse rapidement vidée. Alors comme ça, la charmante Hannah ne pouvait pas venir la récupérer et Monsieur devait rentrer chez lui en taxi. Cela ne l'atteignit pas. Rien ne la touchait pour le moment, mais il était certain que toute l'émotion allait remonter une fois que la porte aura claqué derrière lui. Joanne fit signe qu'elle avait bien tendu juste par un geste discret de la tête, le visage neutre. "Très bien." dit-elle tout bas, alors que Jamie revenait sur ses pas afin d'aller récupérer toutes ses affaires. Les vêtements trempés, les habits qui étaient encore chez Joanne depuis tout ce temps, et les lettres. Même de loin, elles étaient encore bien humide. Ce fut avec une grande délicatesse que Jamie les récupéra. Elle le regarda faire, sans dire mot, puis récupéra son téléphone portable, que son ex-mari avait laissé sur la table basse du salon. Il semblait être prêt à partir. Joanne eut une soudaine illumination, et se dirigeat vers le buffet, où il y avait une pochette, avec de nombreux papiers. Parmi ceci, une enveloppe, contenant les toutes dernières images de la dernière chose qui les reliait entre eux. Leur fils. "Attends." dit-elle avant d'ouvrir l'enveloppe en question. Elle s'approcha de lui avec trois clichés sous différentes vues en main. "Tu... Tu voulais continuer à avoir des nouvelles de lui." Elle ne savait pas ce qu'il faisait de ces clichés, s'il les conservait précieusement où s'il les jetait une fois qu'il les avait regardé sous tous les angles. "Ca date d'hier." précisa-t-elle. Joanne était toujours impressionnée à la vitesse à laquelle le bébé prenait forme. Elle se souvenait encore de sa toute première échographie, avec ce petit coeur qui battait tellement vite. Là, le rythme s'était sensiblement ralenti. On devinait ses membres, sa tête, son ventre, ses jambes. "Il commence aussi un peu à bouger, j'ai demandé à Winters s'il était possible de faire un enregistrement vidéo de l'échographie. Je lui ai demandé de le faire en deux fois, je me suis dit que tu voudrais peut-être le voir par toi-même."

crackle bones
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Message(#)joamie + take shelter EmptyDim 6 Déc 2015 - 19:07

Ma veste est toujours trop mouillée pour que je l'enfile, je dois donc rester en simple chemise et porter les lettres à la main. Repliées, elles forment de nouveau ce petit tas rectangulaire que j'avais trouvé chez l'antiquaire, serrées les unes aux autres, dans l'ordre, et maintenues ensemble par un un petit fil en corde. Je les tiens dans une main, et de l'autre, j'ai récupéré mes vêtements, aux aussi pliés avec soin. Par automatisme, mon regard glisse sur chaque meuble, assise, table, afin de vérifier que je n'oublie rien. Mais je n'ai plus grand-chose à oublier désormais. Je m'apprête à me diriger vers la porte de l'appartement lorsque Joanne m'arrête dans mon élan. Tourné vers elle, je plisse les yeux en la regardant dégainer une autre grande enveloppe marron, et en sortir des clichés. Je devine qu'il s'agit de ses dernières échographies avant qu'elle ne me les donne. Mes deux mains prises, je pose les lettres sur la table basse pour prendre les clichés que la jeune femme me tend. Rapidement, j'ai besoin de tout poser et de m'asseoir, comme pris d'un vertige. Je reste longtemps silencieux, à simplement observer les photos de notre fils. Il n'a jamais semblé si réel, si présent, si proche. Il est là, juste là. On le devine parfaitement, toutes les formes sont là, tout le petit être prend véritablement forme. Le mois dernier, il était plus petit, moins formé. Il évolue à une vitesse folle. J'ai une main plaquée sur ma bouche, un peu déboussolé en observant ces bras et ces jambes qui se dessinent, et sur sa tête un relief qui ressemble à un nez et une bouche. Oui, je reste là, sans voix, pendant de longues minutes, admirant notre enfant dans le moindre détail, sur chaque angle de l'échographie. Il est magnifique, et il sera beau, à n'en pas douter. Bien sûr qu'il est encore minuscule et doit terminer de grandir, que ses os, ses muscles, ses organes ne sont pas encore au point. Mais il existe, il en vie, en bonne santé, il poursuit sa croissance, et sa simple présence le rend merveilleux. Notre petit miracle. On pourrait presque dire qu'il me manque. Ne pas pouvoir glisser ma main sur le ventre de Joanne, poser ma tête dessus pour somnoler près de lui, lui parler un peu… Il y a quelques jours, j'aurais immédiatement pris la jeune femme dans mes bras en voyant ces clichés, je l'aurais embrassée avec amour et fierté, je lui aurait dit à quel point je l'aime, à quel point tout ceci me rend heureux. Maintenant, plus rien. Passé l'euphorie, devant la photo, la peine reprend sa place. Quand Joanne me propose d'avoir une copie de la vidéo de l'échographie, je réponds, à voix basse ; « Bien sûr, j'adorerais voir ça. » J'adorerais surtout être là, pendant les consultations, pour le voir. Mais je suppose qu'une vidéo est toujours mieux que rien. Je soupire. Quel gâchis. Quel merveilleux gâchis. Ce n'était pas supposé se passer comme ça. Nous avions tout. Comment a-t-elle pu mettre fin à tout ça ? Comment peut-être imposer ça à son enfant, elle qui voulait tant avoir une famille ? Mais une famille sans père dans l'équation semble parfaitement lui convenir. « Je me demande comment tu lui expliqueras qu'il ne peut pas voir son père tous les jours. » dis-je finalement entre mes dents, débordant d'animosité. Quelle histoire elle inventera, quel mensonge elle lui fera gober pour qu'il comprenne que sa famille est en réalité brisée. Il ne manquera pas d'amour, mais de repères oui Il ne comprendra sûrement pas pourquoi ses parents ne vivent pas sous le même toit comme tous les autres. Pourquoi son père n'est là que rarement. Elle qui disait que je ne serais pas un père absent… Ca ne pourrait pas être pire. A travers la fenêtre du salon, je devine une voiture arrivant sur le parking de l'immeuble. Mon taxi. « Il faut que j'y aille. » dis-je en attrapant rapidement mes affaires, vêtements dans une main, clichés dans l'autre « Hum… Merci de m'avoir invité à entrer. » je marmonne par politesse, le regard fuyant, mon esprit suppliant de partir aussi vite que possible, perturbé à l'idée de passer cette porte sans un baiser, sans rien. Juste de la froideur. « Au revoir. » Je fille dans le couloir, l'escalier, le hall, passe la porte de l'immeuble et cours jusqu'à la voiture avant de finir trempé de nouveau. Après avoir donné l'adresse d'Hannah, le taxi démarre et prend la route. Ce n'est qu'une fois arrivé chez la comédienne que je réalise que j'ai laissé toutes les lettres sur la table basse du salon. Chez Joanne.
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