Je dois dire que j’ai quand même beaucoup de mal à accepter le fait que Noël se passe en été, ici en Australie. Il fait une chaleur presque accablante, on est loin des flocons glacés et des bonhommes de neige. Ici, la cheminée fait place au feu de camp sur la plage et les chocolats chauds font place aux cocktails. Même si je n’ai jamais vraiment apprécié Noël, ni les fêtes en général, je reste une personne conventionnelle. Enfin. Je hausse les épaules, faudra que je m’y fasse me dira-t-on. Je regarde alors l’heure sur ma montre. Ving heures et six minutes. J’ai fait l’effort de ranger mon appartement aujourd’hui, peut-être parce que je suis motivée à redémarrer une nouvelle vie, la troisième du nom. Après le fiasco qu’a été mon anniversaire et mon arrivée à Brisbane en général, j’ai décidé qu’un peu de renouveau ne me ferait que du bien. Je cherche du boulot, un peu partout, et j’enchaîne les entretiens d’embauche. Je me suis même inscrite sur un site de rencontre… Enfin, mon premier-rendez vous avec un homme s’est lui aussi soldé en un échec cuisant, après que le hasard ait mis une nouvelle fois Gabriel sur mon chemin. Je soupire. J’espère que le destin arrêtera de s’acharner sur moi et me laissera enfin vivre la vie que je mérite… Ou peut-être qu’une vie de débauche et de malheurs est ce que je mérite après tout? Je tourne la tête et mes yeux se posent presque machinalement sur la couverture du journal local posé sur l’ilot principal de ma cuisine. Ce soir a lieu un spectacle de sons et lumières annonçant l’ouverture du marché de Noël de Brisbane, au pied d’un sapin géant expressément installé pour l’événement. Je me dis alors que je pourrais bien y faire un tour, histoire de voir ce que vaut un Noël en été. Et ça tombe plutôt bien, l’événement a lieu à vingt-et-une heures. Juste le temps pour moi d’aller enfiler une tenue un peu plus appropriée: une robe en voile rouge et blanche et des ballerines assorties. Je prends quand même la précaution de mettre un gilet, sait-on jamais que les saisons s’inverseraient soudainement… Je me mets en route après avoir attrapé mon sac au passage. Il ne me faut qu’une petite demi-heure pour arriver au lieu de l’événement, noir de monde. On dirait que tout Brisbane s’est passé le mot, ou peut-être que tout Brisbane lit ce stupide journal local. Je me faufile à travers la foule, du moins j’essaye jusqu’à ce que je me prenne un coup de coude assez violent sur la tête. « Aïe, putain! Vous pouvez pas faire attention? » Je me masse le haut du crâne et relève la tête en direction du propriétaire de ce coude étrangement musclé. Je regrette d’être aussi petite, surtout dans ce genre de moments. L’homme tourne sa tête dans ma direction et retire ses lunettes de soleil dans une expression de surprise profonde. Je ne peux m’empêcher de pousser un petit “oh” de surprise moi aussi. Loghan. Ici. Je crois que si le destin était une personne, elle aurait bien vite eu mon poing dans la gueule. « Lo…Loghan? Qu’est-ce que tu fais ici? » Je me rends compte de la bêtise de ma question à l’instant où je la pose, mais on va mettre ça sur le compte du coup de coude qui a bien du me griller quelques neurones au passage.
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Dernière édition par Constance Allen le Jeu 17 Déc 2015 - 22:29, édité 1 fois
Les jours passent et se ressemblent. Beaucoup trop depuis quelques temps, et ça a tendance à me rendre complètement fou. Depuis l’annonce de Constance à propos de sa grossesse, je tourne en rond comme un lion dans sa cage, et ma tête est à deux doigts d’exploser toutes les cinq minutes à force de réfléchir, de penser. J’ai essuyé toutes les hypothèses, toutes les éventuelles idées que j’aurai pu avoir pour me sortir de là, ou alors assumer le choix d’avoir un enfant, une famille, une nouvelle famille. Il se passe quelque chose de spécial avec Constance, je ne peux pas le nier, ça a été comme ça, depuis le début. Et même si on s’est plus déchiré qu’autre chose, il y a ce petit truc qui persiste à chaque fois que je la vois. Cette jalousie quand je la vois ou l’imagine dans les bras d’un autre. La possessivité, comme si j’avais besoin de ne l’avoir que pour moi, uniquement pour moi. Evidemment, j’aurai pu ne pas jouer au con, rester calme, ne pas aller voir ailleurs, essayer de lui donner l’exclusivité qu’elle semblait réclamer. Mais je ne suis pas comme ça, et Caitlyn est arrivée, tombant dans mes bras. Avant, il y avait plein de femmes. Et puis il y a eu Constance, et Caitlyn. Aujourd’hui, plus aucune des deux. Mais quand je ferme les yeux, c’est le visage de Constance que je vois. Son visage, son sourire, le pétillement de ses yeux, son corps parfait, son caractère de merde, son franc parler, et notre bébé. Cette idée me glace le sang, et pourtant, je dois bien l’admettre. Enfin, au départ j’ai quand même essayé de me persuader que ce gosse était celui de l’autre abrutit avec qui elle couche, couchait, enfin peu importe. Ce Bryan de qui j’ai fait la connaissance à son anniversaire. Et quelle connaissance. J’aurai préféré me couper un bras que d’aller la voir chez elle ce soir là. Il est dix-huit heures quand je reçois un sms, et me rends compte que je suis là, étalé dans mon canapé comme une grosse loque depuis près de trois heures. C’est Kelya qui me propose de l’accompagner au concert ce soir. Elle sait que je ne ne travaille pas cette nuit, et compte bien profiter de ma présence. Sans plus tarder je lui réponds positivement. J’ai besoin de me changer les idées, voir autre chose que les quatre murs de cet appartement miteux. D’ailleurs, je ferai peut-être bien de trouver mieux. Après une bonne douche et un changement radical de style vestimentaire, je grimpe sur ma moto et me dirige vers le ventre ville de Brisbane où est dressée une scène assez énorme. Il y a déjà beaucoup de monde, mais je ne tarde pas à trouver ma meilleure amie qui m’attendait comme convenu devant le magasin de jouets. Je l’embrasse et me dirige avec elle dans la foule. Elle me tient par la main et m’entraîne avec elle jusqu’au milieu des gens, et je la laisse faire. Une fois bien placés, Kelya trépigne, elle a l’air d’aller plutôt bien. « Tu restes là ? Je vais nous chercher à boire ! » Elle me montre le kiosque un peu plus loin, il y a un monde fou. Je hausse les épaules et la laisse partir avant de me tourner vers la scène. Il fait une chaleur à crever ici, et je me décide à retirer mon manteau. Mais manque de bol, je donne un coup à quelqu’un, et me tourne rapidement pour m’excuser. « Aïe, putain! Vous pouvez pas faire attention? » « Pardon je… Constance ? » Constance. C’est pas possible. Mon regard se plonge dans le sien, avec cette intensité que nous connaissons si bien. « Lo…Loghan? Qu’est-ce que tu fais ici ? » Je finis de retirer ma veste et la garde en main avant de hausser les épaules de manière un peu nonchalante. « Bah comme tu vois, j’avais envie d’aller faire un tour de kayak. Je me suis dit que c’était encore ici le mieux ! » J’esquisse un fin sourire un peu taquin. Même si je suis en colère contre elle rapport à la dernière fois chez elle quand je l’ai surprise avec ce gars - et compris qu’elle me donnait des leçons mais qu’elle n’était pas mieux que moi - je suis aussi dans une position délicate. Je ne veux pas trop me froisser avec elle, après tout, elle porte mon enfant. « Et toi alors, t’es toute seule ? T’as pas ramené ton voisin ? » Plus fort que moi.
J’en ai marre de ce putain de hasard. Pourquoi diable faut-il que je tombe sur la dernière personne que j’ai envie de voir? Et en plus faut-il aussi que cette personne m’amoche au passage. Je me frotte encore le haut du crâne, c’est qu’il en a sous le coude ce Loghan. Comme si je ne le savais pas. Je lui pose cette question stupide, à laquelle il me répond avec son flegme légendaire: « Bah comme tu vois, j’avais envie d’aller faire un tour de kayak. Je me suis dit que c’était encore ici le mieux ! » Je le regarde avec des yeux noirs. « Excellent. T’es pas sensé… j’sais pas, être le patron d’une boîte de nuit? Tu travailles pas? » Je me montre curieuse, trop curieuse mais sa présence m’intrigue autant qu’elle me fait chier. Je me dis que le seul moyen de m’éloigner de toutes ces personnes qui me rendent malade est vraiment de vivre sur une île déserte. J’en ai marre de ces rencontres fortuites. Et ce n’est pas comme si je ne faisais pas d’effort pour m’éloigner de lui, de Bryan, ou encore même de Gabriel. Je me suis inscrite sur un site de rencontres, c’est dire à quel point je suis tombée bas. Et même avec ça, j’arrive encore à tomber dessus. Deux fois en une semaine. Et vu l’issue de mes pseudos-retrouvailles avec Gabriel, je ne suis pas à l’abri de faire une autre connerie. « Et toi alors, t’es toute seule ? T’as pas ramené ton voisin ? » Je lève les yeux au ciel. J’aurais surement ri s’il n’avait pas été la source de mes plus grands malheurs de ces derniers mois. Je me dis d’ailleurs que j’ai bien fait d’avorter. Élever un enfant dans cet environnement, que dis-je, ce sac de noeuds qu’est ma vie, est juste insensé. « Je n’ai besoin de personne pour vivre. » Mon ton est froid. Il me regarde avec amusement, loin de se douter à quel point je me contiens en sa présence. Alors d’accord, mon comportement n’a pas été très réglementaire envers lui. D’accord, j’ai mes torts. Mais merde, est-ce qu’il pourrait arrêter d’afficher ce sourire narquois? J’ai envie de l’étrangler. « Tu attends quelqu’un? Ou tu t’amuses juste à foutre des coups à toutes les personnes qui ont le malheur de t’effleurer? » J’espère qu’il comprendra le sous-entendu de ma question parce que, quoi qu’on en dise, c’est moi qui ai le plus souffert dans cette pseudo-relation qu’on a entretenue. C’est lui qui m’a trahi en premier, avec cette espèce de pétasse blonde. C’est lui qui se fichait de moi. Et il aura beau me reprocher tous les maux du monde, la seule personne qui éprouvait de réels sentiments entre nous deux c’est bien moi. Maladroitement, certes.
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Dernière édition par Constance Allen le Jeu 17 Déc 2015 - 22:30, édité 1 fois
Sa questions est idiote, et elle s’en rend compte au moment où elle la prononce, je le vois dans ses yeux. Evidemment, si je suis là, c’est pour la même chose qu’elle : pour le concert. Mais non, elle pose quand même la question, sûrement déstabilisée par ma présence. Alors je la taquine un peu, jouant au con, comme d’habitude. Mais ça n’a pas l’air de la faire rire, au vue de ses yeux noir. « Excellent. T’es pas sensé… j’sais pas, être le patron d’une boîte de nuit? Tu travailles pas? » Je hausse un peu les épaules « On est fermé le lundi soir, je pensais que t’avais bossé avec moi pendant un petit moment, mais t’as visiblement tiré un trait sur cette période. » Ça me fait chier de l’accepter, mais il faudra bien que je m’y fasse à un moment donné. Tomber sur Constance ce soir, ce n’était pas vraiment dans mes plans, surtout que je suis avec Kelya. Enfin, ce soir. Kelya et moi ne formons pas un couple, de toute évidence. J’enfouis mes mains dans mes poches et continue de la regarder sans faillir, parce que je ne peux m’en empêcher. En même temps, elle est tellement belle. Finalement, je lui demande pourquoi elle est seule, et ajoute un petit quelque chose de cynique, qui me ressemble bien. Je n’ai pas spécialement envie de parler de Bryan, mais c’est sorti tout seul. « Je n’ai besoin de personne pour vivre. » Sa phrase est claire, nette, et précise, elle ne pourrait l’être plus. Son ton froid me glace presque le sang, et je me contente de hocher la tête. En même temps, que répondre à ça ? Je souris légèrement, parce que son image de la femme indépendante lui va bien, même si je sais que ce n’est qu’une façade. Parce que si elle cède aux avances de tant d’hommes, ce n’est pas pour rien. La solitude ne lui plait pas, et elle tente de le cacher du mieux qu’elle peut. « Tu attends quelqu’un? Ou tu t’amuses juste à foutre des coups à toutes les personnes qui ont le malheur de t’effleurer? » Je lève les yeux au ciel en soupirant et la regarde finalement. « J’y peux rien si tu t’es foutue sous mon coude au moment où je retirais ma veste. » Si son sous-texte est assez explicite, le mien l’est tout autant. Parce que oui, je suis sans doute fautif de lui avoir fait du mal, dans cette histoire, mais elle est aussi fautive de l’avoir bien voulu. Elle aurait tout à fait pu continuer de me repousser, plutôt que de tomber dans mes bras. Ça aurait évité beaucoup de choses douloureuses. Mais à côté de ça, je ne peux pas dire que je regrette, loin de là. J’ai vécu avec elle quelque chose d’unique. Je n’ai pas répondu à sa question quant au fait que je sois accompagné ou non, mais Kelya arrive pour y répondre. « Tiens je t’ai pris une bière ! » Je tourne la tête pour poser mon regard sur Kelya et lui souris « Merci. » « Oh, Constance ! » Je les regarde se faire une accolade amicale et je fronce un peu les sourcils. Parce que non, je ne parle jamais de mes conquêtes à Kelya, ni rien de ce qui se rapproche de ma vie personnelle, au final. Enfin si, je lui avais parlé de ma fille Sara, mais c’en est resté là. Surpris de ce spectacle, je les regarde toutes les deux. « Comment tu vas ? » « Wow wow wow, vous vous connaissez toutes les deux ? » Kelya rit un peu et secoue la tête. « Tu n’as pas le monopole de toutes les connaissance de cette ville ! » Je soupire un peu. « Bon, puisque tu es en bonne compagnie, je vais retourner vers le bar, j’ai croisé un ami. » Elle nous regarde tour à tour avec un mince sourire amusé au coin des lèvres. « Vous avez sûrement un tas de choses à vous dire ! » Elle me donne une tape sur l’épaule et s’éclipse à nouveau, me laissant seul avec Constance, et ma bière, que je regarde pour éviter de regarder la jeune femme. Je me racle un peu la gorge. « Tu en veux ? » Je lui tends la bière avant de me raviser. « Quoi que… je crois que c’est pas conseillé dans ton état. » Bien sûr, je fais référence à sa grossesse. Il serait peut-être temps d’en parler.
J’ai été tellement méchante avec Loghan la dernière fois que je l’ai vu que je ne me sens pas vraiment à l’aise là, face à ses sarcasmes et son sourire tellement faux. Je sais qu’au fond il doit se sentir trahi, qu’il doit regretter chaque seconde de chaque minute passées à mes côtés. Il doit se dire qu’il a drôlement perdu son temps avec moi et que je ne suis qu’une cagole de bas-étage qui n’est même pas capable de se protéger en plus de cela. Je garde mon calme et je fais comme si de rien n’était, mais à l’intérieur je bouillonne. Peut-être parce que je ne digère pas qu’il m’ait fait la morale le jour de mon anniversaire, peut-être parce que je ne pensais jamais le revoir un jour. Ou bien peut-être parce qu’il a raison au fond et que cette réalité m’agace. Ça m’apprendra à sortir de chez moi tiens. Je m’essaye moi aussi au sarcasme, sans grand succès. « On est fermé le lundi soir, je pensais que t’avais bossé avec moi pendant un petit moment, mais t’as visiblement tiré un trait sur cette période. » Je hausse les épaules en le regardant. « Faut croire que j’avais la tête ailleurs, on se demande bien où… » J’essaye de le piquer là où ça fait mal, sauf que ça me fait mal aussi. Je me rappelle de cette tension ambiante entre nous deux, brisée en une soirée sur le bois de son bureau dernier cri. J’avale ma salive. Je n’ai toujours pas retrouvé un boulot convenable depuis que j’ai donné ma démission à Loghan et je m’estime heureuse d’avoir assez d’argent de côté que pour survivre, auquel cas j’aurais dû envisager de le supplier de me reprendre. Ma fierté en aurait pris un sacré coup tout de même. Et je n’aurais jamais pu l’accepter. Je lui demande alors s’il est venu accompagné et en profite pour glisser un autre sous-entendu. « J’y peux rien si tu t’es foutue sous mon coude au moment où je retirais ma veste. » Évidemment, il a toujours une bonne excuse. Et il a l’air de me faire comprendre que c’est aussi de ma faute si tout ce merdier m’est tombé dessus. Je me contente de lever les yeux au ciel et m’apprête à lui répondre quand nous nous faisons interrompre par… Kelya. Tiens donc. « Tiens je t’ai pris une bière ! » Je la regarde minutieusement déposer la dite bière dans la main de Loghan, en prenant soin de noter toutes les émotions de son visage. Car si ces deux là fricotent ensemble, je préfère le savoir tout de suite. « Oh, Constance ! Comment tu vas ? » Elle me reconnaît bien évidemment. Aussi étonnant que cela puisse paraître, nous nous sommes connues à Londres. Il y a longtemps. Et nous nous sommes retrouvées ici, par hasard, la seule connexion entre nous étant évidemment ce cher Loghan. « Kelya ma belle, ça me fait plaisir de te voir! » Je saute dans ses bras en prenant grand soin de jeter un regard assassin à Loghan au passage et me défais ensuite de mon étreinte pour reporter mon attention sur elle. « Je vais très, très b… » « Wow wow wow, vous vous connaissez toutes les deux ? » Je me fais interrompre sèchement et détourne malgré moi mon regard en direction de Loghan. « Tu n’as pas le monopole de toutes les connaissance de cette ville ! » Bien dit Kelya. Je lance un grand sourire à mon ancien amant avant que la jeune femme ne poursuive: « Bon, puisque tu es en bonne compagnie, je vais retourner vers le bar, j’ai croisé un ami. » Oh non. À choisir, j’aurais préféré que ce soit lui qui s’en aille. Je suis obligée de rester avec lui du coup et la perspective d’un énième règlement de comptes me donne la nausée. « Vous avez sûrement un tas de choses à vous dire ! » C’est cela, oui. Je la regarde s’en aller, perplexe, avant que Loghan ne brise le silence. « Tu en veux ? » Il me tend sa bière et retire son geste au moment où j’allais l’attraper. Il le fait exprès? « Quoi que… je crois que c’est pas conseillé dans ton état. » Ah oui, mon état. MON état. C’est vrai que je lui avais fait croire que j’allais garder cet enfant après tout. Comment vais-je pouvoir lui annoncer? « Quel état? Tu croyais vraiment que j’allais garder cet enfant Loghan? Regarde-moi, je suis misérable. Je n’ai plus de boulot, j’ai un tout petit appartement et je sais à peine m’occuper de moi-même… » Et bien, faut croire que ce n’était pas si difficile que ça après tout. Je baisse les yeux et remarque qu’il fait de même. Quelque chose me pique dans la poitrine, je crois bien que je ressens de la peine… Dans ce qui est sensé me servir de coeur. J’arrive à murmurer dans un soupir: « C’était la meilleure chose à faire. Pour tout le monde » J’ai un coup de chaud soudainement, surement à cause de tous les gens autour. Ou de la situation. Je redresse la tête. « Tu veux pas qu’on aille un peu plus loin? » Il ne dit rien. Il me hait, je le devine dans son silence. « Loghan, s’il te plaît. » Quitte à se dire adieu une nouvelle fois, autant le faire dans les règles de l’art pour changer.
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Dernière édition par Constance Allen le Jeu 17 Déc 2015 - 22:30, édité 1 fois
C’est vrai qu’on a pas été tendres l’un avec l’autre. Depuis le début. Je pense que n’importe qui nous rirait au nez en apprenant qu’on va avoir un gosse ensemble. En y regardant de près, c’est ridicule, faut bien l’avouer. Mais bon, je me suis promis d’être là pour ce gamin, comme j’essaie de l’être pour ma fille de 20 ans. Comme d’habitude, on continue de s’envoyer des vacheries à la gueule, parce que c’est plus fort que nous, et aussi parce que c’est dans notre tempérament. Si on nous enlevait ça, on ne serait plus Constance et Loghan. « Faut croire que j’avais la tête ailleurs, on se demande bien où… » Je soupire un peu et enfouis mes mains dans les poches de mon pantalon, remontant légèrement les épaules. Oui, je suis fautif sur certains points, mais Constance ne m’a pas ménagé non plus. D’ailleurs, les images de son anniversaire sont un peu trop en train de me revenir en pleine face. Ce crasseux qui posait ses mains sur elle… il faut que je pense à autre chose, et vite. Heureusement, Kelya ne tarde pas à arriver, mais je suis sous le choc en voyant qu’elles se connaissent toutes les deux. Kelya s’est bien gardée de me dire qu’elle connaissait Constance. Bon, faut dire que je ne lui ai pas vraiment parlé d’elle, mais vu comme elle réagit, elle avait pourtant l’air d’être au courant de notre liaison passée. Par contre, je ne suis pas sûr que Constance soit au courant du fait que j’ai couché avec Kelya il n’y a pas si longtemps. Bref. Kelya propose de nous laisser seul à seul avec Constance, et je la regarde s’éloigner, me demandant bien quel ami elle pourrait rejoindre ici alors qu’elle a l’air de dire qu’elle n’en a pas beaucoup, mis à part moi. Finalement, je propose à Constance de boire dans mon verre, mais je me ravise bien vite, repensant au fait qu’elle est enceinte. « Quel état? Tu croyais vraiment que j’allais garder cet enfant Loghan? Regarde-moi, je suis misérable. Je n’ai plus de boulot, j’ai un tout petit appartement et je sais à peine m’occuper de moi-même… » Je fronde les sourcils, sentant la colère s’emparer de moi. Elle a fait ça sans même m’en parler ? Elle ne m’a même pas posé la question. Je serre les mâchoires faisait bouger les muscles au niveau de mes tempes. Je la fusille du regard. « Mais tu… » « C’était la meilleure chose à faire. Pour tout le monde ». Je viens passer mes mains dans mes cheveux courts, n’arrivant pas à trouver quoi dire, quoi faire. Je manque de souffle. Pas que je voulais absolument de cet enfant, mais juste, je me sens trahi. « Putain Constance t’aurai pu m’en parler quand même ! ». Elle redresse la tête pour me regarder, et je vois son regard légèrement humide, alors que le mien est toujours empli d’une certaine colère, et d’un peu de peine, aussi. « Tu veux pas qu’on aille un peu plus loin? ». Je suis dégoûté. Dégoûté qu’elle m’annonce ça maintenant, qu’elle s’est débarrassé du seul lien qui aurait pu perdurer entre nous, alors que je lui avais fait comprendre que j’aurai pu être le père de ce bébé. « Loghan, s’il te plaît. » Je soupire et détourne mon regard avant de prendre sa main pour nous faufiler dans la foule, alors que le concert commence. Les gens râlent, mais je m’en fous, je continue de nous frayer un chemin, et heureusement assez rapidement, nous nous retrouvons hors de la foule, où je lâche sa main. Je marche encore un peu, m’éloignant du monde, sentant la présence de Constance derrière moi. Je me retourne d’un seul coup et plante mon regard dur dans le sien. « T’en as rien à foutre de tout en fait. De tout et de tout le monde ! » Je suis excédé de ressentir toute ces choses pour elle. Je me déteste de m’être attaché à elle alors que je sais qu’elle ne saura jamais m’apporter ce dont j’ai besoin. « Ça te coûtait quoi de m’appeler ou de m’envoyer un message pour me dire que tu allais avorter ? Je sais pas, j’aurai pu au moins venir avec toi. Mais nan, comme d’hab, t’en as fait qu’a ta tête… » Je soupire encore et détourne mon regard d’elle.
Avorter n’a pas été un choix facile à faire. Ce n’est d’ailleurs jamais un choix facile à faire. J’ai tout envisagé, mais une seule chose était certaine: cet enfant n’aurait pas eu de père. Car quand bien même Loghan aurait voulu s’en occuper, je ne l’aurais pas envisagé. J’aurais pu faire des efforts, moi, me concentrer sur cet amour transféré. J’aurais pu arrêter de fumer pour cet enfant, arrêter de me droguer. Essayer de lui faire mener une vie digne de ce nom. Mais en aurait-il été de même pour Loghan? J’avais retourné la question dans tous les sens et j’en étais arrivée à la conclusion que non. Loghan est un homme instable, impulsif, et puis il a déjà expérimenté la chose et ça s’est soldé par un échec. Alors pourquoi aurais-je été différente? Enfin, il est trop tard pour émettre des réserves. Et puis, ma principale motivation était que je ne suis tout simplement pas prête à assumer un tel rôle pour le moment. Encore moins seule. Ce n’est pas ce que je suis venue chercher en m’exilant, une amourette compliquée et un enfant par accident. Ma poisse qui me rattrape, comme toujours. Je n’ai jamais eu de chance, ni en amitié, ni en amour, ni en rien. Alors j’ai fait ce qui me semblait être le bon choix, autant pour moi que pour ce petit bout d’être. Mon corps en a été chamboulé bien évidemment et je me suis réfugiée dans encore plus d’anti-dépresseurs que d’habitude. Et puis j’ai tenté de nouvelles choses: trouver un boulot et m’inscrire sur un site de rencontres. J’ai essayé de tuer le temps avant que le temps ne me tue. Mais évidemment le destin ne l’entendait pas de cette oreille. Apparemment nos chemins n’étaient pas fait pour se séparer, du moins pas tout de suite. Peut-être faut-il juste que je lui avoue ce que j’ai fait, peut-être qu’avec ça le destin me fichera la paix. Rendre des comptes et se séparer. Je me lance alors et lui avoue de but en blanc. Tourner autour du pot n’a jamais été mon truc de toute façon. « Putain Constance t’aurais pu m’en parler quand même ! » Je baisse les yeux, consciente d’avoir surement fait un faux-pas. Il a quand même fallu que le hasard pousse mon crâne contre son coude pour m’en rendre compte. Soudainement, des bouffées de chaleur gagnent mon corps frêle. Je me sens défaillir, comme toutes les fois où je me suis retrouvée en compagnie de Loghan, bien que les autres fois le mot “défaillir” avait un tout autre sens. Bien plus agréable que ce que je ressens aujourd’hui. Je l’implore alors d’accepter que l’on s’éloigne. Pour discuter. Il finit par céder et me prend par la main pour m’emmener en dehors de cette foule de plus en plus oppressante. Je respire mieux. Loghan avance plus vite et j’ai du mal à le rattraper, mais je n’ai pas le temps de réagir qu’il fait un volte-face et plante les poignards qui lui servent de yeux dans les miens. « T’en as rien à foutre de tout en fait. De tout et de tout le monde ! » Je suis saisie et me confonds en explications. Enfin, j’essaye. « N-Non, c’est… » « Ça te coûtait quoi de m’appeler ou de m’envoyer un message pour me dire que tu allais avorter ? Je sais pas, j’aurai pu au moins venir avec toi. Mais nan, comme d’hab, t’en as fait qu’a ta tête… » Pourquoi est-ce que tout le monde s’acharne à me couper la parole? Je marque un temps de pause, au cas-où monsieur se plairait à ajouter quelque chose. Il soupire et détourne le regard. Je m’avance vers lui. « Combien de fois dois-je te répéter que je n’ai besoin de personne Loghan? Est-ce que tu comprends au moins ce que je dis? Est-ce que tu m’écoutes? » Le rouge me monte aux joues, je m’emporte trop facilement. J’en ai marre qu’on me prenne pour un enfant. « Tu dois avoir pitié de moi mais je t’assure que je suis capable de supporter ça. J’ai surmonté beaucoup d’épreuves dans ma vie… Des bien plus graves. Et je suis toujours là. Et non, j’en ai pas rien à foutre. Ni de toi, ni de personne d’autre. » Je soupire à mon tour, fatiguée de devoir me justifier. « Tu es…enfin, tu as été quelqu’un qui a pris énormément de place dans ma vie. Mais parfois il faut savoir se sacrifier, pour le bien de tout le monde… » Je parle évidemment de ce “nous” bien trop compliqué. Notre relation devenue destructrice, presque malsaine. « Je… Je tiendrai toujours à toi, Loghan. » Y a rien à faire, je n’arriverai jamais à lui dire les vrais mots. Les mots qui font du bien. Parce que je refuse de replonger et de souffrir à nouveau. « Je regrette de t’avoir foutu dans ce merdier, vraiment… » Je n’ai pas non plus envie de lui dire que je suis désolée. Ma fierté sans doute, déjà trop bafouée.
Je ne sais pas trop quoi ressentir. Depuis plusieurs jours, je ne dors plus, pour la simple et bonne raison que j’ai dû réfléchir comme un dingue à cette situation, à ma relation avec Constance, à ce bébé qu’i venait d’apparaître. Et d’un seul coup, de but en blanc, elle souffle sur le château de cartes, sans scrupules. On dirait qu’elle n’a plus d’émotions, qu’elle n’est plus la même. J’ai mal, je crois. Je suis énervée surtout en fait. Alors une fois que nous sommes un peu plus loin, je ressens le besoin de lui dire ce que je pense. Je hausse la voix, comme j’en ai l’habitude, parce que je suis excédé, parce que j’en ai marre, parce que depuis que Constance est dans ma vie, elle l’a rendue plus belle, mais aussi bien plus compliquée. « Combien de fois dois-je te répéter que je n’ai besoin de personne Loghan? Est-ce que tu comprends au moins ce que je dis? Est-ce que tu m’écoutes? » Je soupire et plonge mon regard rude et froid dans le sien. Elle m’énerve avec ça. Fierté mal placée. Je serre un peu les mâchoires, faisant bouger les muscles au niveau de mes tempes, et je me fais violence pour l’écouter, même si j’ai juste envie de l’engueuler, encore. « Tu dois avoir pitié de moi mais je t’assure que je suis capable de supporter ça. J’ai surmonté beaucoup d’épreuves dans ma vie… Des bien plus graves. Et je suis toujours là. Et non, j’en ai pas rien à foutre. Ni de toi, ni de personne d’autre. » Je ne la lâche pas des yeux, pire même, je la dévore du regard. Mes yeux détaillent les formes de son visage que je connais déjà par coeur, je ne vois pas bien quoi dire, quoi ajouter à ça. J’ai toujours réponse à tout, mais là je suis fatigué de me battre. De toute évidence, même si elle dit qu’elle n’en a pas rien à foutre, elle se comporte comme si c’était tout l’inverse. Et oui, ça me blesse. « Tu es…enfin, tu as été quelqu’un qui a pris énormément de place dans ma vie. Mais parfois il faut savoir se sacrifier, pour le bien de tout le monde… » Je secoue la tête et laisse finalement mon regard flirter avec le sol. « J’ai pas dit que c’était pas une bonne idée. J’aurai juste aimé être au courant. Pas être mis devant le fait accompli une fois que c’était fini… c’est juste une question de bon sens Constance. » Ma voix est beaucoup plus calme, peut-être même un peu trop. « C’était pas que ton gosse, c’était le mien aussi. Tu comprends ? Même si on aurait été des parents en carton, c’était mon gosse. C’est… » Je soupire et passe nerveusement ma main derrière mon crâne. « C’est pas grave. Toute manière c’est trop tard maintenant. ». Un silence s’installe et je finis par la regarder à nouveau. « Je… Je tiendrai toujours à toi, Loghan. » Mon coeur s’accélère un peu plus, parce que ce genre de choses, ça fait du bien à entendre, même si la façon dont elle le dit, ça ressemble plus à un adieu qu’à autre chose. « Je regrette de t’avoir foutu dans ce merdier, vraiment… » J’enfouis mes mains dans mes poches avec nonchalance, laissant un moment de flottement dans l’air. « Ouais… mais bon, je préfère en retenir les bons moments. » Effectivement, même sortant de ma bouche, ça sonne comme un adieu, et ça a tendance à me serrer le coeur. « Et maintenant ? » Mon regard à travers le sien est puissant, empli de tout un tas d’émotions qui me traversent. J’aimerai la prendre dans mes bras, lui dire que je ne veux pas la perdre, mais je me sens démuni. Parce que je n’ai jamais dit ça a personne, jamais ressenti ça auparavant. « Chacun repart de son côté et on fait comme si on s’était jamais rencontrés ? » Clairement, ce n’est pas ce que je souhaite, parce que même si elle a foutu un beau bordel dans ma vie - qui en était déjà un avant qu’elle arrive - elle a aussi fait beaucoup. Elle a fait fondre ce soeur de glace qui trônait dans ma poitrine, elle m’a fait me sentir plus vivant que jamais. Mais ça, comment lui dire ?
Je fais la fille forte, mais au fond je craque. Je sais parfaitement bien que je ne sais pas vivre toute seule, que j’ai toujours besoin de compagnie pour ne pas sombrer. Je le sais, je suis psychologue après tout. Mais ne dit-on pas que le coordonier est toujours le plus mal chaussé? Et bien, avec moi cela se vérifie. Je dois être la psychologue de formation qui doit le plus mal se gérer dans la vie. Je suis un foutoir ambulant et je ne mérite en aucun cas qu’un homme s’attache à moi, même si j’en ai le besoin vital. Y a qu’à voir comment le dernier a fini… Enfin, je crois que je dois quand même des explications à Loghan, malgré tout ce qu’il s’est passé. Malgré tout le mal qu’il m’a fait et tout le mal que je lui ai fait. Pour être quitte. Pour s’en aller le coeur un peu plus léger, si tant est qu’un coeur soit présent. Car pour moi il n’y en a plus depuis longtemps. Je m’énerve un peu sur lui, je n’ai jamais eu le chic d’y mettre de la forme. Je ne suis pas douée pour les franfreluches ou les déclarations, donc je parle comme je pense. Quitte à paraître brusque, parfois. « J’ai pas dit que c’était pas une bonne idée. J’aurai juste aimé être au courant. Pas être mis devant le fait accompli une fois que c’était fini… c’est juste une question de bon sens Constance. » Je secoue la tête, consciente de ne pas avoir fait ce que toute personne sensée aurait fait. « J-je sais, Loghan. J’suis pas douée pour ça… Le bon sens, c’est pas mon truc. » Je regarde mes pieds. « C’était pas que ton gosse, c’était le mien aussi. Tu comprends ? Même si on aurait été des parents en carton, c’était mon gosse. C’est… C’est pas grave. Toute manière c’est trop tard maintenant. » Je relève timidement mon regard pour faire face à Loghan, qui semble mélancolique, presque nostalgique de cet enfant qu’il n’aurait jamais eu. J’ai de la peine pour lui soudainement. C’est vrai qu’il a raison, qu’on aurait été des parents tout bonnement merdiques, mais on avait quelque chose tous les deux. On a partagé l’espace de quelques mois quelque chose de merveilleux, mais de tellement destructeur aussi. Et tout ça s’est envolé dans le vent chaud de la ville Australienne. Comme tous les souvenirs, comme mon passé, comme toute ma vie finalement. Je lui dis alors que je tiendrai toujours à lui, parce que malgré tout ce n’était pas rien. Et que je regrette aussi. Même si nous ne sommes pas faits pour être ensemble, je sais qu’il ne méritait pas tout ça. Toute cette mascarade. Mon inconstance si caractéristique. « Ouais… mais bon, je préfère en retenir les bons moments. » Je hausse les épaules, je suis d’accord avec lui et je ne sais pas trop quoi rajouter. « Et maintenant ? » Ces deux mots résonnent dans mes oreilles pendant quelques secondes, comme s’ils étaient remplis d’un ultimatum implicite. « Chacun repart de son côté et on fait comme si on s’était jamais rencontrés ? » Son regard semble triste, comme s’il ne souhaitait pas ce qu’il venait de dire. Et à vrai dire, moi non plus. Je ne peux me résigner à m’en aller, à le laisser là. Je repense à Gabriel, à la connerie monumentale que nous avons commise, à son air hargneux, sa rancoeur à mon égard et le fait qu’il m’ait laissé tomber comme un vulgaire chien. Et je regarde Loghan, tout penaud, m’en voulant surement pour beaucoup de choses, mais qui souhaite néanmoins que je reste dans sa vie. Je soutiens son regard. «Tu crois qu’on pourrait tout recommencer? » Il me lance un regard interrogateur. « Enfin, plutôt effacer les mauvais souvenirs et devenir amis? » Décidément, je ne fais que dire des choses stupides aujourd’hui. À vrai dire, je suis complètement déstabilisée.
J’essaie de lui faire la morale, mais je sais bien qu’avec elle, ça ne sert à rien, ça n’a jamais servi à rien. Constance est un électron libre, je ne le sais que trop bien, puisque je suis comme elle, peut-être même en pire. Alors ma voix reste calme, posée. Je dis ce que j’ai à dire mais je ne m’emporte pas, je suis fatigué de me battre avec elle. « J-je sais, Loghan. J’suis pas douée pour ça… Le bon sens, c’est pas mon truc. » Evidemment. C’est facile à dire. M’enfin, elle a été psy quand même, elle doit bien avoir un minimum de bon sens et de jugeote, du moins je l’espère, pour elle, pour ce qu’elle est, ce qu’elle deviendra. Je sais qu’elle a vécu des choses difficiles, et en entrant dans sa vie, on ne peut pas dire que je l’ai beaucoup aidée, mais j’ai espoir, pour elle, qu’elle tombera sur mieux que moi. Je parle pas de son clochard de voisin. Non, quelqu’un de mieux que ça. Je lui fais comprendre simplement que j’aurai aimé être courant, parce que ça me concernait autant qu’elle. Mais Constance reste Constance. Finalement, je lui demande, calmement, ce qu’il advient de nous désormais. Après toutes ces crises, toutes ces engueulades, tout ce bordel créé autour de nous. J’ai l’impression d’avoir pu créer avec elle quelque chose d’aussi fort que destructeur, et j’en avais besoin. Mais est-ce vraiment une bonne idée que de continuer comme ça , à l’aveuglette, pour foncer droit dans un mur duquel nous sommes conscients ? « Tu crois qu’on pourrait tout recommencer? » Je penche un peu la tête sur le côté, fronçant légèrement les sourcils pour lui dire que je ne comprends pas où elle veut en venir. Recommencer ? Recommencer quoi au juste ? « Enfin, plutôt effacer les mauvais souvenirs et devenir amis? » Mon coeur implose à l’instant où elle prononce ce mot. Ce mot qui me donne envie de vomir presque. Amis ? Mais qu’est-ce qu’on ferait en tant qu’amis ? Elle va me le dire ? On ira faire nos courses, on passera des soirées à regarder des DVD en mangeant du pop corn, je serai le tonton de son futur gamin qu’elle aura avec un autre mec, elle me racontera ses déboires amoureux ? Non… jamais de la vie. Autant mourir. Je soupire, faisant se soulever mon torse suffisamment pour que l’air qui entre dans mes poumons puisse réoxygéner un peu mon cerveau. Les muscles de ma mâchoire de serrent et se desserrent assez vivement, ce qui ne traduit rien de très bon. J’hésite encore entre la réponse sincère qui nécessite que je lui dire que je ne veux pas d’elle comme amie, ou alors celle qui me ressemble plus, lui dire oui et m’enfuir, pour ne plus jamais lui répondre au téléphone, ne plus jamais lui ouvrir la porte, et l’oublier, comme j’aurai dû le faire depuis bien trop longtemps. « Ok. Soyons amis. » Je ne changerai jamais. Je me pince un peu les lèvres, le regard encore noir, perdu dans tous ces sentiments contradictoires. « En parlant d’amie, je vais aller rejoindre Kelya. On se revoit un de ces quatre ? » Je m’approche d’elle, pose mes deux mains sur ses épaules dans un geste froid et dépose un baiser sur sa joue. « A bientôt Constance. » Je fuis son regard, volontairement, je ne voudrais pas y lire autre chose qui me retiendrait. Je rejoins Kelya sans me retourner et elle fronce déjà les sourcils alors que je ne suis pas encore près d’elle. « Oulà, qu’est-ce qu’il se passe ? » « Pas envie d’en parler. » « Elle t’a éjecté salement. » « Ohlala mieux que ça ! Nous sommes amis ! » Je lui sers un faux sourire dégueulasse et attrape son verre pour en vider la totalité. « Et t’as dit oui espèce d’abrutit ? T’as dit oui et tu vas jamais répondre à ses appels ! Putain Loghan je te connais par coeur ! Cette fille est folle de toi, elle te dit maladroitement qu’elle veut que vous voyez amis simplement parce qu’elle ne sait pas comment te dire qu’elle tient à toi, et toi tu lui dis oui ? » Elle a envie de s’arracher les cheveux, je le vois bien. « Retourne la voir. DE SUITE ! » « Quoi ? Mais t’es folle ! Jamais de la vie ! » Et puis quoi aussi. Et puis sans trop réfléchir, j’exécute, je fais demi tour, trouvant rapidement Constance qui n’a pas bougé d’un centimètre. Je me jette presque sur elle, une main dans son dos et l’autre à sa nuque, et je viens l’embrasser à pleine bouche, langoureusement, alors que je peux sentir nos coeur battre plus fort dans nos poitrines. Voilà. Voilà ce que je veux.
Je regrette ma proposition aussitôt après l’avoir faite. Qu’est-ce que je peux être cruche parfois. Ca en devient presque consternant. Que crois-je au juste? Que je peux être amie avec lui? Je n’ai jamais été son amie et je ne le serai jamais. C’est tout bonnement impossible. Je ne le supporte pas. Et lui encore moins. Alors sans baisers fougueux, sans ébats passionnés, qui nous réconcilient la plupart du temps et nous font croire qu’il y a une éventualité à tout, comment pourrions-nous faire? Non. Impossible. Il arbore un air assez étrange et je devine qu’il doit penser la même chose que moi. Qu’il doit se dire que je suis bien débile, ou bien naïve de croire qu’un telle chose puisse être possible. Voire même envisageable. Il prend une grande respiration, il a du mal. Je le remarque et détourne mon regard l’espace de quelques secondes. Je n’ai pas envie d’être son amie. Mais de quoi ai-je envie? C’est bien ça la question. Je ne sais plus rien, je suis perdue, ma vie est un océan trouble et pollué. « Ok. Soyons amis. » Je reporte mon attention sur lui et le regarde d’un air circonspect. Il est trop poli pour être honnête, trop bref pour être sincère. « En parlant d’amie, je vais aller rejoindre Kelya. On se revoit un de ces quatre ? » Mes yeux s’écarquillent alors qu’il vient me déposer un léger baiser sur la joue. Tout ce qu’il y a de plus amical. Et ça me tue. « À bientôt Constance. » Il n’ose même pas me regarder. Ma bouche s’ouvre, se tord, puis se referme alors qu’il s’éloigne sans plus aucun mot. Je le regarde s’en aller, littéralement consternée. Clouée sur place même. Je voulais éviter des adieux déchirants, et bien là je crois que c’est encore pire. Il m’a éjectée en beauté et je ne peux absolument rien y faire. Je ne vais pas courir après lui après tout, si? Je l’aurais surement fait si nous avions été seuls, mais avec Kelya dans les parages, je ne pourrais oser une telle démonstration… Une démonstration de quoi au juste? Je secoue la tête. Je devrais me ressaissir, m’en aller, plus loin, revenir dans la foule et profiter des animations du marché de Noël. Mais après cette rencontre fortuite, je n’en ai plus vraiment envie. Je n’ai plus envie de rien. Ma gorge s’assèche, mes mains sont moites. Le diagnostic est précis: il me manque déjà. Je soupire avant de m’éloigner un peu plus loin et de m’asseoir sur un banc libre. Je prends ma tête entre mes mains avant de respirer un grand coup. Il faut que je sois forte. Que j’arrête de céder à mes pulsions, à leurs pulsions. Il faut que j’arrête d’être aussi vulnérable, aussi malléable. Comme si j’avais de la pâte à modeler à la place du coeur. Je fixe un point dans le vide qu’a laissé Loghan avant de voir une tâche se diriger vers moi. Une carrure assez forte, mais floue. Je sors de mes rêveries pour me focaliser sur cette forme au loin et je reconnais celui qui m’a laissé quelques minutes plus tôt. Quelle ironie. Il fait de grandes enjambées et je me sens obligée de me relever pour être sûre qu’il ne me passera pas devant. Il me fixe et je sens le temps s’arrêter autour de nous. Qu’est-ce qu’il me veut? Je crains l’espace d’une seconde qu’il revienne pour me gifler de lui avoir fait de la peine mais je déchante vite alors qu’il m’attrape avec fougue pour m’embrasser. Comme ça. Devant tout le monde. Je lui rends son baiser car après tout, je ne pourrais jamais le rejeter. Pas moi. Je ne suis pas assez forte pour ça, même après avoir essayé. Je passe ma main dans ses cheveux et prolonge cet instant interdit avant de finalement me défaire de son étreinte et de plonger mon regard dans le sien. « Loghan… » Je secoue la tête. « Pourquoi faut-il toujours que tu compliques les choses? » Je soupire en souriant. Après tout, je crois que j’aime ça.
Je ne voulais pas ça, je ne voulais pas parler de tout ça avec elle, j’aurai encore préféré ne pas la revoir, ou dans d’autres circonstances, ou j’en sais rien. Mais on sait très bien, elle comme moi, que parler n’est pas ce que l’on fait de mieux. Ça part toujours dans tous les sens, on s’engueule, on dit des choses qu’on regrette la seconde qui suit, surtout sans s’excuser, et ça finit mal. Toujours. Il n’y a jamais eu une fois où on a discuté de choses un peu plus profondes, et que ça s’est bien fini. Ça me désespère. Alors pour éviter le drame, la nouvelle crise, je préfère de loin lui donner ce qu’elle semble me demander, ou du moins, l’illusion de sa requête. Ça suffira pour passer à côté de la catastrophe. Je le regrette déjà, mais je n’ai pas trouvé mieux pour m’échapper en plus ou moins bonne et due forme. De toute manière, je me rassure que c’est mieux comme ça, que ça ne rimait à rien, et qu’au moins, on ne se fera pas plus de mal qu’on s’est déjà fait. Finalement, ce n’est peut-être pas la plus mauvaise carte, celle de la protection. Et même si elle ne me ressemble pas, elle doit bien lui ressembler, à elle. Je fais donc demi tour pour rejoindre Kelya. Mais c’est pire. Je regrette, je ne m’en rends pas compte tout de suite, c’est Keya qui me fait me rendre compte des choses. Ça va vite, trop vite dans mon cerveau. Mon coeur semble s’emballer d’un coup alors que je me rends compte réellement de ce qu’il se passe. Non. Je ne veux pas que ça se termine comme ça. Je dois faire les choses bien. Mieux. Alors sans réfléchir plus longtemps, je fais à nouveau demi-tour et cours en direction de Constance, là où je l’ai laissée un peu plus tôt, il y a quelques minutes à peine. Elle est encore là. Je ne réfléchis pas, je plonge sur ses lèvres, l’embrassant avec une passion qui nous est propre. D’abord surprise, elle finit par venir passer sa main dans mes cheveux et ce simple geste me fait comprendre que j’ai bien fait. Que ce n’est pas une erreur que d’avoir fait demi-tour pour elle, d’avoir repensé à ma réponse à sa proposition. Nous mettons fin à notre baiser et je la regarde avec intensité, le souffle un peu plus court. « Loghan… Pourquoi faut-il toujours que tu compliques les choses? » Je secoue à mon tour la tête, et viens glisser mes mains le long de ses bras pour attraper ses mains. « Constance, je t’ai menti, j’ai aucune envie d’être ami avec toi. Je pourrai pas. Tu me connais suffisamment pour savoir que c’est pas mon genre. Je fais pas les choses dans la demi-mesure. » Une de mes mains lâche la sienne et viens caresser délicatement sa joue. « Je sais pas exactement ce qui a fait qu’il y a ce truc entre nous, je le comprends pas non plus à vrai dire. Mais il est clair que je ne pourrai jamais te donner l’amitié que tu me demandes. C’est soit on arrête de se voir, soit… j’en sais rien, soit on essaie quelque chose, ce sera forcément bancal, mais on peut toujours essayer… » Dans son regard, je sens un blocage, je ne sais pas exactement déceler quoi. « A moins qu’il y ait quelqu’un d’autre ? » Je suis loin d’être idiot. J’espère simplement que ce n’est pas son voisin, l’autre clochard là. Mais peut-être que si c’est quelqu’un de bien, je la laisserai tranquille. Après tout, elle mérite sûrement quelqu’un de mieux que moi. Ce n’est pas la première fois que je lui dis.
Je ne sais pas pourquoi il est revenu à moi. Je ne sais pas pourquoi il a fait demi-tour, pourquoi il s’est soudainement épris d’un regain de sentiments à mon égard et est venu sceller ses lèvres contre les miennes. Encore une fois. Est-ce qu’il a été retrouver Kelya? Est-ce qu’elle lui a dit quelque chose? Est-ce qu’il s’est tout simplement rendu compte qu’il ne pouvait juste pas tourner les talons et s’en aller, pour enfin prendre de mes nouvelles quelques jours plus tard en tant qu’ami? Toutes ces réflexions se bousculent dans ma tête alors que je relâche enfin mon étreinte pour passer ma main dans ses cheveux et lui demander pourquoi il s’acharne de la sorte à rendre ma vie de plus en plus compliquée. J’ai l’impression que tous mes sentiments sont concentrés dans une sorte de boule située dans le bas de mon ventre et qu’elle ne cesse de se remuer, tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt m’étouffant, tantôt me rendant euphorique. « Constance, je t’ai menti, j’ai aucune envie d’être ami avec toi. Je pourrai pas. Tu me connais suffisamment pour savoir que c’est pas mon genre. Je fais pas les choses dans la demi-mesure. » Il attrape mes mains et je remarque une lueur dans ses yeux, comme une minuscule lumière. Celle de la folie sans doute. Mais il a l’air convaincu de ce qu’il dit. Il en vient même à me caresser la joue. Exactement comme dans les plus beaux et les plus douloureux films romantiques. « Je sais pas exactement ce qui a fait qu’il y a ce truc entre nous, je le comprends pas non plus à vrai dire. Mais il est clair que je ne pourrai jamais te donner l’amitié que tu me demandes. C’est soit on arrête de se voir, soit… j’en sais rien, soit on essaie quelque chose, ce sera forcément bancal, mais on peut toujours essayer… » La manière qu’il a de se laisser planer ses propositions vagues me fait sourire. C’est vrai qu’il est comme ça, Loghan. Il n’est pas doué pour formuler clairement ce qu’il veut, il préfère jouer avec le silence, pour que ce dernier souffle à l’autre ce qu’il n’a pas le courage de dire. Et cela me rappelle soudainement quelqu’un. Gabriel. Mon regard se durcit, perdue dans mes pensées, je divague. Je revois celui qui a partagé les plus beaux jours de ma jeunesse. Je revois sa rage, sa rancoeur, ses traits durs et ses mots assassins. Et puis… je revois sa détermination à me donner du plaisir, de la folie mêlée à de l’envie. De la haine mêlée à de la passion. Il y a une semaine. « À moins qu’il y ait quelqu’un d’autre ? » La voix de Loghan me ramène doucement à la réalité. Mon regard le fixe. Je secoue la tête pour chasser mes pensées et reporte mon attention sur celui qui venait implicitement de me faire une belle déclaration. Prise de cours, je ne sais que répondre. Quelqu’un d’autre… Y a-t-il vraiment quelqu’un d’autre? C’est vrai qu’il y a eu Bryan un moment, mais depuis mon anniversaire, les choses se sont apaisées et mon mystérieux voisin a décidé de s’éclipser de ma vie. Non, ce n’est pas lui le “quelqu’un d’autre”. Mais est-ce que Gabriel… Je baisse les yeux. « Y a personne Loghan. Enfin… » Je me rappelle de la détresse que j’ai ressentie lorsque mon meilleur ami s’en est allé, sans un regard, sans un mot à mon égard, après m’avoir vulgairement fait l’amour dans une pièce confinée. Mes mains se serrent dans celles de Loghan et je relève mes yeux légèrement embués. « J’ai besoin de temps. Je ne veux pas te dire que quelque chose est possible, parce que je n’ai pas envie de te faire du mal. J’ai plus envie de te voir débarquer avec un bouquet de fleurs et de me retrouver pendue aux lèvres d’un autre homme… » Je respire un grand coup. « Je sais que pour le moment, ce serait voué à l’échec. Et j’ai pas envie que ça le soit… » Je plonge ensuite dans ses bras. Parce que j’en ai besoin. Je colle ma tête contre sa poitrine et le serre très fort. « On se fait du mal Loghan. Tellement… » Je me laisse aller contre lui, contre son corps fort. Un corps qui pourrait m’aider à braver de grosses tempêtes, j’en suis sûre.
J'ai besoin de savoir, besoin de savoir où on en est, où on va ? Est-ce qu’il y a un avenir, est-ce qu’on serait capables de construire quelque chose, aussi bancal soit-il ? Je crois n’avoir jamais eu autant de sentiments pour quelqu’un. A la base, je pensais que Kelya était la personne qui me fallait, mais j’étais bien trop aveuglé par les saloperies que j’ingurgite depuis trop longtemps. Quand j’ai croisé le chemin de Constance, c’est là que j’ai compris. Que j’ai compris qu’on pouvait vivre dans l’espoir du lendemain. Dans l’espoir tout court. Mais les choses ne sont jamais faciles, et la preuve en est. Constance reste distante, pourtant, c’est moi qui suis revenu vers elle, qui ai fait le premier pas. Mais ça ne semble pas lui suffire. « Y a personne Loghan. Enfin… » Il y a un mot en trop. J’ai un instant de recul, alors que ce sentiment dans ma poitrine me serre un peu plus ce qui me sert de coeur. Enfin, enfin quoi bordel ? Je lâche finalement ses mains alors qu’elle était en train de les serrer plus fort. Je ne comprends pas pourquoi cette jalousie soudaine. Je n’ai jamais été jaloux, ni de personne ni pour personne. Alors pourquoi elle ? J’ai le sombre sentiment que pour la seule fois où je m’attache, je vais le regretter. « J’ai besoin de temps. Je ne veux pas te dire que quelque chose est possible, parce que je n’ai pas envie de te faire du mal. J’ai plus envie de te voir débarquer avec un bouquet de fleurs et de me retrouver pendue aux lèvres d’un autre homme… » En même temps, qui aurait envie de ça, sérieusement. Avec elle, j’ai appris à devenir un autre homme, et je me rends compte que j’aurai mieux fait de rester comme j’étais. Tout ça pour quoi au juste ? Comme elle dit, arriver avec un bouquet de fleurs et me retrouver face à cette femme qui fait battre mon coeur un peu plus vite, dans les bras de quelqu’un d’autre. Les images de ce moment me reviennent et un frisson désagréable vient me saisir. Je serre un peu plus les mâchoires. « Je sais que pour le moment, ce serait voué à l’échec. Et j’ai pas envie que ça le soit… » Je crois malheureusement qu’il est déjà trop tard. Mais finalement, elle vient se serrer contre moi et je n’ai même pas à coeur de la repousser. Je n’en ai pas la force non plus. Pourtant, je reste les bras ballants, je n’arrive pas à la serrer contre moi. « On se fait du mal Loghan. Tellement… ». J’ai comme du mal à respirer, mais je ne montre rien. Au contraire, je fais comme si de rien n’était. Je viens alors doucement l’entourer de mes bras, délicatement, quelques secondes à peine, avant d’empoigner ses bras délicatement. Je ne veux pas lui faire de mal. « Tu as raison Constance. Autant arrêter les frais tout de suite. » Je l’éloigne de moi, la force presque, et elle ne résiste pas plus d’un quart de seconde. « Et ne me dis pas qu’on se retrouvera quand ce sera plus clair dans ta tête ou dans la mienne. Parce que ce ne sera jamais le cas. Autant être lucides sur les choses. » Je la lâche, à contre coeur, mais parce que je dois le faire. « Je te souhaite d’être heureuse Constance. Vraiment. » Je m’approche d’elle et dépose mes lèvres dans un baiser tendre sur son front, avant de faire un pas en arrière, et finalement me retourner. Cette fois, je ne ferai pas demi-tour. Je dois me faire violence, c’est certain. Mais je suis forcé de constater qu’elle n’est pas celle qui me comblera. Ou alors, ce n’est pas le moment. Bien que je doute qu’il y ait un jour réellement un moment propice à nos retrouvailles. C’est le coeur lourd que je m’en vais retrouver Kelya. Je sais que plus rien ne sera pareil désormais.