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Message(#)joamie + together alone EmptyLun 7 Déc 2015 - 14:44

La maison est terriblement vide depuis quelques semaines. C'est un lieu que je fuis comme la peste, qui renferme bien trop de souvenirs. Sa présence est partout. Joanne. Dans les murs, dans les meubles, dans les fibres de chaque toiles accrochées au mur. En passant la porte, je m'étonne encore de ne pas trouver ses escarpins dans l'entrée. Je dépose ma veste sur un porte-manteau déserté. Il n'y a aucun son pour m'accueillir. Pas de petite voix féminine, pas d'aboiements non plus. Ben et Milo vivent avec moi chez Hannah pour le moment. Je ne suis pas sûr qu'ils s'y plaisent. Du moins, ils ont bien du mal à s'y habituer. De toute manière, ce n'est que temporaire. Ce n'est sûrement que temporaire… Le temps de retrouver le courage de rentrer ici tous les soirs après le travail. Pour le moment, j'en suis incapable. C'est quand l'absence et le vide m'assaillent de cette manière et me sautent au cou quand je passe cette porte que me prends l'envie d'exploser, et réduire toute cette maison et tous ces souvenirs en cendres. Je pourrais presque voir sa silhouette s'activer en cuisine, sortir un plat du four, ou assise dans le salon, bouquinant dans le canapé, Ben lui chauffant les pieds. Le temps est maussade au dehors, et le ciel d'un gris perle rend l'intérieur monochrome. Les couleurs semblent avoir été aspirées ailleurs. Pourtant, tout est toujours impeccable. Même si je ne viens plus ici en semaine, la femme de ménage passe toujours le lundi, et entretient cet endroit dont le sol que plus personne ne foule n'a souvent pas même besoin d'un coup d'aspirateur. Le frigo est éteint, vide. La baie vitrée, d'habitude ouverte en permanence, est verrouillée. Je n'ai vraiment plus l'impression d'être chez moi. Comme un courant d'air, je file à l'étage. Je ne m'attarde généralement pas, et je file à l'atelier quand je viens peindre, le week-end. Cette fois, je passe toutes les portes fermées jusqu'à la chambre que nous partagions. Des hauteurs du dressing, je tire une valise assez grande et l'ouvre entièrement par terre. La petite pièce est quasiment vide depuis que Joanne a récupéré toutes ses affaires, que 'ai renvoyé les robes chez Jon, et que j'ai commencé à exporter mes habits chez Hannah. C'est avec un certain soin que je prends quelques costumes, pantalons, jeans, chemises, t-shirts, cravates et chaussures dans la valise. Fatigué, il m'arrive par moments de me poster devant les armoires, et rester planté là quelques minutes, cherchant quel vêtement emporter, et finissant l'esprit vide, dans le vague, jusqu'à ce que je me réveille de ces léthargies. La journée a été riche en animations. Comme tous les ans, ABC organise quelques fêtes pour les employés à l'occasion de Noël, et elles ont lieu plus tôt dans le mois, avant que tout le monde ne parte en vacances -du moins, ceux qui ont cette chance. J'ai passé tout l'après-midi au marché de Noël, sur la patinoire sous le grand sapin, à encadrer une vingtaine d'enfants sur la glace avec quelques autres journalistes de la radio. Tous des enfants des employés. Malgré quelques chutes et quelques pleurs, ils avaient adoré faire des tours sur leurs patins, profitant de toute une animation organisée spécialement pour eux. Mon rôle n'avait consisté qu'à lacer des paires de patins et m'occuper des petits bobos s'il y en avait. Du reste, les animateurs avaient complètement capté l'attention de la horde de têtes blondes pendant des heures. Je me suis surpris à être plutôt confiant dans ma manière de parler et agir avec eux. Je suppose qu'une fois fait à l'idée de devenir père, on s'efforce de se montrer à soi-même que l'on est capable. Et durant l'après-midi, je me suis même trouvé assez doué et complice avec eux, malgré quelques maladresses. Je suis venu juste après que les enfants aient retrouvé leurs parents, le coeur lourd, conduisant jusqu'à Logan City dans l'Aston Martin que je me suis offerte pour remplacer l'Audi volée. Le contraste entre toute la joie de vivre sur la patinoire aujourd'hui et le silence de mort qui règne dans la maison est particulièrement déprimant. Tout ici semble si lugubre à côté du petit marché et de ses lumières scintillantes. La valise est faite, plus ou moins remplie. Vérifiant que je n'oublie rien, je remarque un petit point brillant dans la moquette. Du bout des doigts, je tire de là ce qui se révèle être un collier. Joanne a dû le laisser tomber en récupérant ses affaires. C'est sa petite voix derrière moi qui me fait sauter au plafond de surprise. « Tu aurais pu frapper ! » dis-je sur le coup, glacial. Mais sûrement a-t-elle frappé à la porte en bas, et n'ayant pas de réponse, s'est permise d'entrer. Il suffit que j'ai été dans une de mes absences pour ne pas l'avoir entendue. « Qu'est-ce que tu fais là ? » je demande sur le même ton, me redressant après avoir terminé de fermer la valise. Ce n'est plus chez elle, ce n'est plus chez personne, elle n'a rien à faire ici. Mais bon, puisqu'elle est là, je lui tends le bijou que je viens de trouver. « Tu as oublié ça. »
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Message(#)joamie + together alone EmptyLun 7 Déc 2015 - 17:41

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I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive


Elle y avait passé des heures. Des journées entière à lire et relire ces lettres, à noter le moindre détail qui pouvait parler de lui-même, la façon dont les phrases voguaient sur un jeune et naïf, mais pourtant déjà tant ancré dans leurs âmes. C'était devenu une sorte d'obsession, dessinant un portrait de Dan, et de Lucy, les voyant écrire avec énormément d'attention, bien que le temps était souvent compté, tous ces mots pour l'être aimé. Il y avait parfois quelques traces de terre sur les lettres de Dan. Celle de Lucy, avait comme une odeur de fleur, comme si une partie d'elle s'était imprégnée dans les fibres du papier légèrement jaunies. Il y avait ces quelques phrases qui avaient marqué Joanne, qui lui étaient étrangement familières. Elle ressentait, par ces écrits, à quel point ils s'aimaient, à quel point ils rêvaient de voir la guerre se finir et enfin construire une vie sereine, sans avoir le bruit de coups de feu ou les cris stridents de sirène annonçant un bombardement. C'était une belle histoire dont elle ne connaîtrait jamais la fin à cause de bavures, de gouttes de pluie qui s'étaient plus à diffusées quelques lignes, quelques phrases. Quelque part, cela rendait Joanne profondémment triste. Mais plus elle lisait, plus elle y croyait, dur comme fer. Une fois que l'idée avait germé dans sa tête, il était bien difficile de s'en défaire. Et là, il y avait des faits. Ils étaient là, juste là, sous ses yeux. Depuis que Jamie les avait oublié chez elle, Joanne s'était donnée une date limite pour les lui ramener. Ce n'était que l'histoire de quelques jours, et cela faisait deux rencontres certainement trop rapprochés pour chacun des deux. L'avoir vu l'avait tout de même sacrément retournée. Toutes les lettres avaient été manipulées avec soin et Jamie allait les retrouver dans le même état qu'il les avait laissé, sauf que la jeune femme les avait mis à sécher avec beaucoup d'attention. Elle était devant chez lui, sa maison. Il y avait une voiture garée juste à côté, Joanne supposait que c'était la nouvelle étant donné qu'il s'était fait voler l'Audi. Elle sonna, toqua à la porte à plusieurs reprises, mais aucune réponse. Joanne trouvait cela bien étrange qu'elle n'entende pas même les chiens aboyer. Tentant le tout pour le tout, elle enclencha la poignée, et entrouvrit la porte. Elle appela le nom de Jamie à plusieurs reprises, mais aucune réponse. Il fermait systématiquement la porte de la maison lorsqu'il n'était pas là. Il était si étrange de voir la baie vitrée donnant accès au jardin fermée, il y avait si peu de lumière. Comme si cette maison avait perdu toute son âme. On ne s'y sentait plus très bien, bien que chaque élément, chaque détail rappelait beaucoup de souvenirs à la jeune femme. Celle-ci grimpa alors à l'étage, et retrouva son ex-fiancé dans la chambre, perdu dans ses pensées. "Exc-..." commença-t-elle d'une voix douce, avant d'être agressivement coupée par Jamie. Elle sursauta également devant une réaction aussi impulsive, maintenant une certaine distance avec lui. "J'avais sonné, toqué... La porte était ouverte." dit-elle pour se défendre. "Je... Tu avais oublié ça, chez moi." dit-elle en lui tendant le petit paquet d'enveloppes, désormais bien sec, et qu'elle avait gardé précieusement jusqu'au moment de les lui rendre. "Je les ai laissé sécher, elles ne risquent plus rien maintenant." ajouta-t-elle d'une toute petite voix. A peine eut-elle le temps de finir de dire ce qu'elle voulait qu'il lui tendit quelque chose qu'il déposa rapidement dans le creux de sa main. L'un de ses rares colliers, que ses parents lui avaient offert le jour de sa majorité. "Merci..." dit-elle tout bas. Elle y tenait beaucoup à ce bijou. Joanne avait vu la grosse valise qu'il venait de fermer, soit il déménageait, soit il allait passer quelques jours chez Hannah. C'était du moins les deux premières options qui lui vinrent en tête. La deuxième l'écoeura quelque peu, son imagination allant bon train. "Ils y croyaient." dit-elle, toute pensive, faisant référence à Dan et Lucy. Elle haussa les épaules. "Ils sont tous les deux décédés lors des bombardements de Darwin, le 19 février 1942." Ce genre de documents la rendait tellement curieuse, mais elle n'avait pas beaucoup de temps devant elle tout ce qu'elle put faire était de trouver leur date de décès.

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Message(#)joamie + together alone EmptyLun 7 Déc 2015 - 18:45

Ce n'était pas dans mes plans de revoir Joanne de si tôt. Pour ne pas dire que je pensais réussir à m'en tenir éloigné jusqu'à l'accouchement. Même si je me souviens bien avoir oublié les lettres que j'avais dénichées il y a une dizaine de jours chez un antiquaire, même si je lui ai dit que j'aimerais avoir une copie des photos des échographies, je pensais lui écrire bientôt pour lui demander de m'envoyer le tout par courrier plutôt que de se déplacer à chaque fois. La voir ne me fait aucun bien.Je préfère me sentir seul et vide plutôt que de croiser son regard et voir défiler devant mes yeux, à chaque fois, la liste de tout ce que j'ai perdu du jour au lendemain. Je me suis réveillé un matin auprès de Joanne, blotti entre ses mèches blondes, tenant son petit corps contre le mien, une main sur son ventre arrondi. Le matin suivant, j'ouvrais les yeux dans le lit d'Hannah, nu auprès de la comédienne, le coeur brisé, sans plus de famille ni d'avenir, et n'ayant plus qu'elle pour recoller les morceaux. Elle est là pour moi. Et Joanne n'est là que pour me faire souffrir. Sa présence, sa voix, son regard bleu, tout est une torture. Je sais parfaitement feindre l'indifférence face à toute cette histoire quand je suis loin d'elle. J'arrive même à me convaincre que je ne ressens vraiment plus rien d'autre pour elle que la haine qu'elle mérite. J'arrive à me dire que je suis passé à autre chose, que je suis en train de me relever de cette rupture. Je crois, dur comme fer, qu'elle est partie en emportant l'amour qu'elle avait su m'insuffler avec elle. Que je suis de retour au point de départ, le Jamie qui ne sait pas faire battre son coeur pour qui que ce soit. Une fois devant elle, chacune de ces vérités laisse le masque tomber, une à une. Elles s'effondrent comme un château de cartes, et je dois retenir en moi autant de larmes que de cris en voyant que je dois tout reprendre à zéro sans jamais parvenir à créer de barrière plus solide. Je ne dois pas la revoir. C'est un besoin, vital, que de m'en tenir éloigné autant que possible le temps de me reconstruire, de savoir quoi faire et qui devenir maintenant que tout ce que je voulais être est parti en fumée. Cette fois, je tente de garder mes convictions intactes, et conserver ce masque de haine autant que je le peux. Je regarde Joanne froidement, comme un intruse, comme un parasite. Comme un meurtrier revenant sur les lieux du crime. « Et ça te donnait le droit d'entrer peut-être ? » je siffle en secouant négativement la tête, comme si elle n'est décidément bonne à rien, qu'une idiote sans jugeote. Elle devrait savoir qu'elle n'est pas la bienvenue ici. Si je ne répondais pas, elle devait partir, voilà tout. Elle pouvait m'envoyer un message pour me dire qu'elle était passée, qu'elle souhaite me rendre les lettres. Rester loin de moi. C'est comme lorsqu'elle m'a embrassé avant de quitter mon bureau à la radio. Elle ne cesse de retourner le couteau dans la plaie, l'enfoncer, maintenir la blessure grande ouverte. Elle fait comme chez elle, ici et sur mes lèvres, car tout ceci est son œuvre, et elle peut s'en féliciter. Je récupère le paquet de lettres sans dire un mot, et le glisse doucement dans une poche extérieure de la valise. « Ils croyaient à quoi ? » je demande en même temps. A la fin de la guerre, à leur retrouvailles, peut-être. A un autre conte pour gosses dans lequel ils vivront heureux pour toujours, auront des enfants, des petits-enfants, et leur diront que la guerre n'engendre que de la peine. Ils n'ont pas eu cette chance. Joanne m'apprend que les deux amants sont décédés. La même année, Darwin devenait un champ de ruines, et ils faisaient partie des cendres. « Dommage... » Voilà une triste fin pour cette belle histoire. Pour que les lettres soient en aussi bon état, elles avaient sûrement quitté la ville avant le bombardement. « Tu as fait d'autres recherches sur eux ? » je demande par curiosité, voyant dans son initiative comme une volonté de m'enlever aussi cette histoire des mains. Je les voulais pour moi, reconstituer le passé seul, et cela était important à mes yeux. Cela devait être un nouveau but, une manière de me pousser à avancer. « J'ai voulu retourner chez l'antiquaire pour essayer de savoir à qui appartenait le sac dans lequel elles étaient, mais le type est parti en vacances pour les fêtes, la boutique sera fermée jusqu'à la fin du mois. » Malchance, quand tu nous tiens. Et pour le moment, elle ne me lâche pas. Je soupire. Décidant d'écourter la visite de Joanne, je prends ma valise dans une main et commence à marcher vers la porte de la chambre. « Pas que je te jette dehors, mais je dois y aller, je suis attendu. » dis-je sèchement, lui indiquant la porte avec un signe de tête.
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Message(#)joamie + together alone EmptyLun 7 Déc 2015 - 20:12

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I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive


Jamie se plaisait bien à lui parler comme un chien, d'un ton sec, agressif. Il y avait une certaine violence verbale malgré tout, il ne pourra pas le contredire. "Oh je ne sais pas." dit-elle en fronçant les sourcils et en croisant les bras. "Tu me l'aurais certainement fait comprendre en me balançant de l'autre côté du couloir."Il avait bien réussi à la mettre d'un faible geste de l'autre côté d'une chambre d'hôpital, alors l'envoyer là-bas devait être un jeu d'enfants. "Tu sais tellement bien le faire." dit-elle tout aussi sèchement, ne le quittant pas une seule fois du regard. Il allait certainement se plaire à lui répliquer aussi quelque chose, à toucher là où ça faisait mal. Hannah l'avait déjà, et lui aussi en passant ses nuits dans les bras de cette dernière. Il serait certainement bien difficile d'aller au delà de ça. Elle avait au moins le visage tout aussi impassible que lui, si ce n'était plus. Il était même surprenant qu'il vienne à lui demander en quoi Dan et Lucy pouvaient croire. Elle haussa les épaules. Si elle lui disait quoi que ce soit, il finirait par râler de lui avoir également aussi ôter le plaisir de découvrir le mystère de toutes ces lettres. Elle ne voulait pas lui donner une nouvelle raison de lui en vouloir. "Tu le liras par toi-même." répondit-elle, le visage totalement neutre. Elle s'était tout de même permise de lui dire le dernier mot de leur belle histoire d'amour, qui finissait malheureusement en plein dans le contexte de la guerre. Leurs rêves, nombreux et intarrissables ne se réaliseraient donc jamais. Jamie lui demanda si elle avait fait davantage de recherches sur Dan et Lucy. "Non, je travaillais." dit-elle en toute simplicité. Après de dures négociations avec le médecin, Joanne pouvait un peu retourner au musée. Juste un peu. Ses journées se résumaient à régler de la paperasse, mais cela lui était amplement suffisant. Ca lui permettait aussi de se changer les idées. Et puis, le directeur était dans une sacrée galère depuis que Sophia s'était évaporée, il n'hésita pas trop longtemps à accepter les conditions de son médecin. La présence de Joanne leur enlevait une sacrée épine du pied pour l'organisation des expositions temporaires à venir. Et en contrepartie, Joanne avait aussi un revenu en fin de mois. Elle était encore très loin de la faillite, mais elle préférait anticiper certaines choses, on ne sait jamais. Elle ne comprenait pas pourquoi Jamie continuait à raconter ses malchances à Joanne, à lui expliquer qu'il n'a pas pu savoir qui avait revendu à l'antiquaire ce sac mystérieux, et par son biais, confié ces lettres. Alors qu'ils étaient séparés, au plus loin l'un de l'autre, ils trouvaient encore un intérêt commun, une obsession qui maintenant ce si mystérieux magnétisme entre eux. Ils étaient reliés, même en se haïssant. Jamie lui fit bien comprendre qu'elle était de trop, une intruse, et qu'il était temps qu'elle s'en aille. Joanne claque effectivement la porte, mais ce n'était pas derrière elle, à marcher dans le couloir afin de se rendre jusqu'à la sortie. Non, elle était toujours dans la même pièce que lui, face à lui, à maintenir ce regard vert qui l'avait fait craquer. "Oh, je suis certaine qu'Hannah saura se montrer patiente." dit-elle, sans l'ombre d'une hésitation. "Même si elle est au fond de son lit." Il n'y avait pas de réelles preuves -quoi que leur relation devait certainement bien faire couler l'encre-, mais Joanne ressentait que la relation entre Jamie et Hannah avait bien changé, devenant bien plus qu'intime. Un long silence régna dans la pièce. Il faisait sombre. "Dis-moi que tu me hais, Jamie." finit-elle par dire. "Dis moi que tu ne voudras plus jamais revoir." Et cela incluait bien évidemment l'accouchement. "Dis-moi qu'Hannah est un excellent lot de consolation, que c'est avec elle que tu aurais du donné cette bague." Ils devaient certainement s'entendre à merveille, ils venaient du même monde, s'y baignaient avec joie dedans ensemble. Joanne était désormais plus proche de lui, impassible. Son coeur, quant à lui, battait à grande allure. [color=#006699]"Dis moi que je suis la dernière des idiotes, que tu ne pouvais plus supporter le peu d'estime que j'ai de moi, ne plus supporter ce doute que tu faisais planer au dessus de moi, doutant des sentiments que j'avais pour toi.[/color@" Elle clignait à peine des yeux. [color=#006699]"Que j'ai pour toi. Et je prendrai absolument tout en plein, si c'est ce que tu cherches. Me faire ressentir ce que je t'ai fait subir. Tu me rendrais la monnaie de ma pièce, et c'est ce qu'il y a de plus légitime." Joanne restait tout de même un peu surprise qu'il veuille tout de même de l'enfant qui avait la moitié du génome d'une femme qu'il avait un jour aimé. "Chacun a sa manière de se mutiler, je suppose." dit-elle, le ton toujours neutre, ne le quittant toujours pas du regard. Lui avait besoin de se battre, de chercher les ennuis, de se couper, de se brûler la peau sous la douche. Elle, elle se blessait par des douches froides, et des coupures intérieures, qui ne touchaient pas la chair, mais l'âme. Joanne pensait ne pas mériter être heureuse depuis qu'Hassan lui avait révéla son cancer, la véritable raison de leur divorce. "Je t'aime, Jamie, et je t'aimerai toujours, mais ce ne sera pas avec moi que tu seras heureux." Il le sera bien plus avec Hannah, se disait-elle. Joanne avait toujours eu un frère ou une soeur pour prendre des décisions pour elle, ils trouvaient que leur benjamine n'était pas capable de faire les bons choix, et c'était une preuve. Elle n'était pas dans une famille où elle pouvait s'imposer, cela ne correspondait absolument pas avec le tempérament de la jeune femme. "Lis ces lettres, et dis-moi sans hésiter que tu n'y crois pas." Parce que Dan et Lucy, parlaient également de cette féérie des vies antérieures. C'était plus qu'un hasard pour Joanne

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Message(#)joamie + together alone EmptyLun 7 Déc 2015 - 21:39

« Ne me tentes pas. » j'ai répondu sans hésitation aux petites provocations mesquines de Joanne. La prendre par les épaule, la jeter dehors, j'en serais capable si elle n'était pas enceinte. J'ai bien assez de colère envers elle pour laisser la marque de mes mains sur ses bras afin qu'elle puisse avoir un maigre aperçu physique et palpable du mal qu'elle a pu causer. Elle le mériterait. Adoptant le même ton que le mien, la jeune femme demeure froide et neutre, parfois incisive. L'air est de plus en plus pesant, oppressant, électrique. Même mon rythme cardiaque s'accélère, mon coeur se battant contre toute la rage qu'elle m'inspire. Joanne a repris son travail au musée, contre l'avis premier de son médecin. Quelle idiote. « Les joies du retour à la vie de l'autre côté. » dis-je en haussant les épaules. Ici, elle n'avait à se soucier de rien, elle n'avait qu'à prendre soin d'elle et du bébé. Hors de ces murs, elle n'est plus rien qu'une autre fourmi qui tente désespérément de faire son bout de chemin sans encombres. Elle n'est qu'une anonyme de plus. Alors que j'approche de la porte, la jeune femme la referme pour m'empêcher de sortir et de la faire partir. Qu'elle cite Hannah avec autant de mépris et de dédain fait doucement bouillir mon sang. « Tu comptes me reprocher de coucher avec elle et d'essayer de passer à autre chose alors que c'est toi qui a rompu ? » je demande en reposant ma valise et en croisant les bras, prêt à l'entendre cafouiller en entendant haut et clair que l'actrice et moi avons quitté le stade de l'amitié. Je l'écoute exiger une liste interminable d'aveux qu'elle m'invente, pensant toujours savoir mieux que moi ce qu'il y a dans mon esprit. Je lève les yeux en l'air parfois, exaspéré par ce discours qui est, finalement, toujours le même, toujours celui que je m'évertuais à lui retirer de la bouche. Mes doigts serrent le tissu de ma chemise lorsqu'elle me dit qu'elle m'aime. Je crois que sans tout ce contrôle que je mets en place pour rester calme, je lui aurais collé une gifle pour qu'elle se taise. « Je n'y crois pas. » je réponds finalement, les dents serrées. « Et tu n'y crois pas non plus, sinon tu aurais eu confiance en nous, et tu ne serais pas partie comme ça. » Elle aurait su que, comme dans toutes ces autres vies, c'était notre destin d'être ensemble, et que rien ne pourrait arriver pour l'empêcher si nous restions tous les deux. Elle a brisé cela elle-même. Elle ne pensait pas que nous devions finir notre vie ensemble. « Nous avions absolument tout pour être heureux, et je l'étais avec toi. Je pensais que tu l'étais aussi. » Je pensais que tout allait bien, je voyais l'avenir avec tant d'espoir, de couleurs, de lumières. « Comment tu fais pour te regarder dans un miroir en sachant que tu as quitté le père de ton enfant de cette manière ? Que tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même ? » C'est peut-être faux de ma part de ne voir aucun tort de mon côté. Mais j'estime avoir toujours tout fait pour tout se passe bien, pour recoller les morceaux quand cela était nécessaire, pour la protéger, pour assurer cette vie à deux que nous voulions. « C'est vrai que tu es la dernière des idiotes. Tu es d'une stupidité, d'une incohérence, et d'un égoïsme sans égal. La prétention dont tu fais preuve en te donnant le droit de choisir à ma place avec qui je dois être me dégoûte au plus haut point. » je poursuis avec ce coeur tambourinant sur mes tempes si fort s'il me semble que mon corps tremble tout entier. Tout cette colère que je retiens et canalise dans des mots me fait tourner la tête comme un trop plein d'air. Je reprends, d'une traite, la haine dans les yeux, et le regard plongé dans le sien, les iris traversant et plaquant son crâne contre la porte. « Ce que je ne peux plus supporter, c'est de t'entendre oser me dire que tu m'aimes après m'avoir jeté plus bas que terre, c'est de te voir essayer de te dresser devant moi alors que tu n'as plus aucun droit d'exiger quoi que ce soit. Tu es partie. Tu as pris mon affection et tout ce que je pouvais t'offrir, et tu les a piétinés sous couvert de cette absence d'estime que tu as de toi-même. Mais la vérité, Joanne, c'est que tu es une orgueilleuse. Tu crois savoir ce qui est bien, ce qui est mal, tu crois pouvoir décider pour les autres, et surtout, tu t'es cru trop bien pour les gens comme nous. Tu crois que tu vaux mieux que nous, et c'est ce qui te faisait dire que tu n'étais pas faite pour notre environnement. Tu t'es crue meilleure que toutes ces personnes qui ne sont à tes yeux que le pire de l'espèce humaine, et il était hors de question que tu te mêles à cette bande de chiens. Tu pouvais jouir du luxe et de tous les avantages de cette vie, mais admettre que tu es comme toutes ces personnes qui te semblent si atroces, ça non. Et tout ça, Joanne, ce n'est que de la prétention. Parce que tu ne nous connais pas, tu n'as pas essayé de voir plus loin que la surface. Tu ne sais rien. Tu as refusé ma guidance, alors que c'est mon univers. Et te voilà partie par orgueil. A force de t'entendre dire des horreurs sur toi-même, on pense que tu n'est qu'une petite chose sans défense, et c'est se tromper au plus haut point. Tu es fière et arrogante. Et ce que je ne peux plus supporter, c'est que personne ne le voit. » Non, Joanne n'a rien d'un animal blessé, d'une demoiselle en détresse. Elle prend, elle jette, elle brise. Elle est comme n'importe qui. Aussi insignifiante que n'importe qui. « Hannah n'est pas un lot de consolation. Je l'aime, d'une toute autre manière que celle dont j'ai pu t'aimer, mais c'est le cas. J'ai besoin d'elle, et elle est là pour moi. Elle est là, et tu ne l'es plus. » Il serait facile de l'étiqueter comme une roue de secours, une porte de sortie, et je le comprendrais, mais ce n'est pas le cas. Nous ne sommes pas un couple, nous ne sommes pas ensemble. Nous nous appartenons l'un l'autre, et nous sommes libres. Cela durera le temps que cela marchera. Mais je sais déjà que ces sentiments là sont éphémères. Pas ceux que j'ai pour Joanne. « Elle n'aura pas ta bague. Personne ne l'aura. » Car c'est sa bague. « A partir de maintenant, si tu souhaites me parler, tu m'enverras un message. Tu m'enverras les échographies par courrier. Et tu resteras loin de moi. » Comme elle souhaite que nous autres, les monstres, restions loin d'elle. « La seule chose qui fait que je tolère ta présence, que j'accepte de te parler et que je ne te hais pas complètement, c'est parce que tu es la mère de mon fils. » D'un signe de tête, j'indique la poignée de la porte, comme pour ordonner qu'elle l'ouvre et me laisse partir. « Mais ce n'est pas une raison pour abuser de ma patience. »
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Message(#)joamie + together alone EmptyLun 7 Déc 2015 - 23:11

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I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive


Bien sûr que retourner à une certaine vie active était loin d'être la meilleure des décisions, mais au vue des circonstances actuelles, Joanne n'en avait vraiment pas le choix. Elle restait tout de même débrouillarde et ne voulait pas être constamment épaulée par ses parents. Jamie ne put s'empêcher de faire une remarque à ce sujet, Joanne ne daigna même pas répondre à ses pics, sauf celui concernant Hannah "Ah ! Mais vas te consoler chez qui tu veux mon cher, va satisfaire ta libido où bon te semble !" s'exclama-t-elle d'un air faussement amusé, avec un bref rire vicieux en fin de phrase. Sur le coup, elle s'en fichait bien, et en vue de la manière dont la conversation tournait, ça n'allait peut-être pas être demain la veille qu'elle allait regretter ce qu'elle disait. Mais seulement après une bonne nuit de sommeil, après qu'elle ait retournée dans tous les sens, ces conversations et à s'en vouloir peut-être un peu concernant certains. Jamie ne la croyait pas lorsqu'elle lui dit qu'elle l'aimerait toujours, cela ne la surprit qu'à moitié. Elle, elle restait convaincue de ses paroles. Joanne haussa les épaules, et finit par lui dire d'un ton las. "Crois ce que tu veux, Jamie." dit-elle avec une certaine lassitude. Et il commençait doucement son tsunami de reproches qu'elle lui réclamait tant. Il fallait crever l'abcès, même s'il fallait insister, il fallait que ça sorte à un moment ou à un autre, et Joanne préférait que ce soit à un instant où elle s'y attendait. Comme ici. Au moins, c'était fait. Il pensait tout savoir d'elle, et il n'avait jamais eu aussi tort."Tu ne sais absolument pas comment je vis tout ça, Jamie. Tu refuses que je fasse des suppositions sur des choses que tu fais, alors ne viens pas en faire sur moi." répliqua-t-elle. L'hôpital qui se foutait de la charité. Jamie envoyait une première petite salve à l'encontre de celle qu'il avait un jour aimé. Joanne croisait les bras, écoutant chacun de ses mots "Au moins, c'est dit. Ca en aura pris du temps, à sortir. Mais c'est dit." marmonna-t-elle à elle-même, se sentant étrangement mieux que les paroles commencent enfin à tomber. Il lui disait tout haut ce qu'il pensait tout bas, elle ne demandait que ça. Et il continuait dans une tirade qui durait de longues minutes. Il n'y avait pas un seulement moment où Joanne abaissait les yeux, entendant et acceptant chacune de ses paroles, l'écoutant la définir comme lui la voyait, perdu dans sa colère et la rancoeur qu'il lui portait. Enfin, il revenait sur Hannah. "Aime-la comme bon te semble, je m'en fiche." dit-elle en haussant les épaules, d'un ton froid et indifférent. Jamie posait ensuite ses conditions, son souhait de ne plus la revoir. Elle le coupa sèchement "Non." Son ton était tout aussi ferme et déterminé que le sien. "Il n'y aura plus d'images, plus rien." Et sans regrets. Il fallait reprendre qu'il avait les mots qu'il avait employé, puisque cela était tellement vrai "Autant me faire passer par la dernière des salopes en ce bas monde et aux yeux de tous. Mais je vais utiliser apparemment ces merveilleux mots qui me définissent pour te faire comprendre quelque chose. Je vais utiliser cette fameuse prétention, cet égoïsme sans nom et cette fierté démesuré pour que tu ne vois pas venir mon fils au monde. Et puis, après tout, cet enfant aura la moitié des grandes vertus de sa mère, pourquoi en voudrais-tu ?" Jamie ne voulait certainement pas devenir comme son propre père, mais bon. "Et comme ça, la question est réglée, tu n'auras plus jamais à me revoir, tu pourras continuer ta belle vie tranquillement, et la mienne de mon côté, et tout le monde sera heureux." dit-elle, comptant bien partir. Sauf qu'elle eut une dernière chose à lui dire. "Et si tu t'approches encore de moi. Si dans ta rage incontrôlable, tu tentes même de me toucher pour me faire revenir sur ma décision et me dire que je n'en ai pas le droit, je te dirai que si, et que ça deviendra même légal quand tu auras une injonction d'éloignement qui te pendra au nez. Et ça, tu pourrais filer autant d'argent que tu veux à la justice, ça ne passera pas. Je connais quelques soignants qui peuvent témoigner de tes violences. Et comme ça, nous serons fixés, et je n'aurai plus à me demander si je dois me repositionner à ce sujet ou non." S'il y avait autant de haine entre eux, ce n'était pas nécessaire qu'il soit là pour l'accouchement, avoir ce regard accusateur sur elle, lui disant qu'ils auraient pu être tous les deux heureux de voir cet enfant naître en bonne santé. La voix de Joanne était plus calme, revenant à un ton beaucoup plus habituel chez elle. "Vous disiez que je me trompais sur vous, que je vous connaissais mal. Qu'en est-il de vous, Mr. Keynes ?" lança-t-elle, en commençant à se diriger vers la porte de la chambre. "Nous nous sommes jamais véritablement connus, et ce ne sera jamais le cas." Il était temps de revenir au vouvoiement, puisqu'ils ne se reconnaissaient plus l'un l'autre. Jamie devenait pour elle un parfait inconnu. "Désormais, vous pourrez me haïr autant que vous le voudrez, si cela peut vous faire du bien. Adieu, Mr. Keynes." dit-elle en haussant les épaules, et fermant la porte derrière elle. En descendant les escaliers, des larmes de rage coulaient sur les joues de Joanne. Là, c'était véritablement fini, pour de bon, à n'en pas douter. Elle marchait sur le trottoir, dans ses pensées, elle avait garé sa voiture un peu plus loin, pensant qu'elle irait se promener ensuite dans le parc. Mais elle n'en avait pas le coeur. A moins de cent mètres de la maison de Jamie, trois garçons jouaient ensemble au ballon, sur la route. Les mères discutaient sur le trottoir, riant à coeur joie alors que d'autres coeurs n'avaient désormais plus qu'à pleurer. Elle était prête à passer chemin, et reprendra sa vie là où elle l'avait arrêté, mais elle constata au loin une voiture qui roulait anormalement vite. "Vous devriez quitter la route." dit-elle aux enfants, bien trop faiblement pour qu'ils ne l'entendent. Puis la voiture prit un virage. Mais il y avait eu tout de même des crissements de pneus, des pleurs, et des cris. Joanne était à terre, consciente, mais sacrément secouée pour qu'elle ne puisse comprendre quoi que ce soit à ce qu'il se passait. Une autre voiture, roulant aussi bien trop vite sur les enfants, et la jeune femme n'avait eu que pour seul réflexe de le pousser un peu -les deux autres étant moins en dangereux-, et elle prit la voiture de plein fouet. L'enfant était à terre, avec quelques égratignures, peut-être une ou deux entorses. Mais il ne comprenait pas pourquoi la dame avec les cheveux blonds ne parvenaient plus à bouger, qu'elle avait les yeux grand ouverts et le souffle momentanément coupé. Pour Joanne, tout n'était que des échos, des flous qui tentaient de se restructurer, en vain. Tout ce qu'elle voulait, c'était que le petit garçon soit sauf.

crackle bones
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Message(#)joamie + together alone EmptyMar 8 Déc 2015 - 15:02

La bombe lâchée, tous mes reproches, mon animosité, tout ce que je pouvais trouver de plus incisif et insultant à dire a traversé mes lèvres, déchargé mes poumons, et assailli Joanne comme elle le souhaitait tant. Au moins, je me sens soulagé d'un poids. Mes épaules me semblent moins lourdes, et mon coeur moins serré. Mais mon estomac, lui, n'est plus qu'un immense tas de nœud en attendant la réplique de la jeune femme. Et elle ne se fait pas attendre. Elle qui semblait insister pour que je puisse conserver un lien avec notre fils malgré tout vient de décider de le couper. Comme ça, d'un coup de ciseaux, sans remords. Plus de photos, plus de nouvelles, plus rien. Je ne serais pas présent quand il viendra au monde. Je ne serais sûrement pas présent du reste de sa vie. Elle me l'arrache, lui aussi. Elle me prend mon fils. Mon expression passe de la haine au choc et au désespoir en une fraction de seconde. Alors qu'elle avance dans son discours, mon regard se borde de larmes de tristesse puis de rage. Joanne oserait utiliser contre moi mes épisodes colériques. Elle n'hésiterait pas une seconde, si cela pouvait me tenir à distance de notre enfant. Mon corps se dévore en lui-même, tremblant, nauséeux. Comment peut-elle penser que je ne veux pas de mon propre fils juste parce qu'elle en est la mère ? Comment peut-être dire que je serais heureux sans lui ? Et surtout, comment peut-être lui faire ça, le mettre au milieu de ce conflit comme un os entre deux chiens qui se battent pour la récompense ? Il ne mérite pas ça, ce n'est pas son rôle de devenir une arme contre moi, un moyen pour elle de me blesser et me mettre toujours plus à terre. Elle n'a pas à l'utiliser de cette manière, l'arracher à son père par vengeance. Comment peut-elle nous briser à ce point, continuer de nous piétiner, de nous cracher dessus, creusant notre tombe toujours plus profondément ? « Tu ne peux pas faire ça, Joanne. C'est aussi mon fils. Tu ne peux pas... » je murmure, la voix cassée, la respiration saccadée. Malgré ma mâchoire et mes poings serrés, il m'est impossible de retenir quelques larmes qui viennent rouler sur mes joues. Cette chute n'en finira donc jamais, et je ne sais absolument pas ce que j'ai fait pour mériter une telle liste de châtiments. Elle continue à s'acharner sur moi, à me démembrer, serrer mon coeur de toutes ses forces entre ses doigts jusqu'à ce qu'il éclate, me poignarder sans relâche dans ces morceaux de chair qui promettent une longue agonie. « Tu n'arrêteras jamais de tout me prendre ? » je demande tout bas, la gorge serrée. Non, c'est vrai, je la connaissais mal. Ah, si seulement elle avait pu faire preuve d'autant de rage afin de se battre pour nous, plutôt que de se battre contre moi. Si seulement elle avait employé la même détermination, si elle avait été aussi implacable quand nous étions ensemble. Si elle avait employé autant d'énergie à faire front pour nous qu'elle en utilise pour me démolir… « Tu as raison. Finalement, toi aussi tu es un monstre. » Et elle était parfaitement à sa place dans mon monde d'être hideux et abominables dont elle ne voulait pas faire partie. Elle est aussi cruelle que je peux l'être, aussi écoeurante que mon père. Oh oui, désormais, il n'est plus question de retenir ma haine. C'est tout ce qu'elle mérite. C'est tout ce qu'elle méritait depuis le début. Mon mépris et ma haine. Et si elle m'empêche de voir mon fils, je me fais la promesse de la détruire à son tour. La détruire comme un Keynes sait le faire. Lorsqu'elle quitte la chambre, il demeure un moment de flottement. Ce moment où le désespoir, la peine, la colère et la haine se mélangent et forment une soupe infâme qui file dans le sang et prend possession du corps et de l'esprit jusqu'à ce qu'il ne reste rien d'autre que ce goût et ce parfum amers. Pendant une minute, les yeux toujours bordés de larmes, la vision floue, n'y voyant plus rien, je laisse toute cette colère sortir. La pièce termine en un immense champ de ruines, les lampes, les tables, brisées contre les murs, le miroir en morceaux, une commode déversée sur le sol. Assis là, à genoux et le front posé sur le bord du lit, je tente de respirer, me calmer. Mais il faudra un bon hurlement de rage et de peine pour que mon corps parvienne à se détendre.

Je referme la porte de la maison derrière moi et jette ma valise dans le coffre de la voiture neuve. A seulement quelques mètres de là, une dizaine de personnes s'agitent autour d'une ambulances, tous phares dehors. La curiosité me pousse à aller voir, savoir qui dans le voisinage a pu être blessé, espérant qu'il ne s'agit ni de Lehyan ou d'une de ses filles. Mais c'est Joanne qu'on dispose sur le brancard qu'on monte dans la camionnette. Je me fraye un chemin jusqu'à elle et lance à un ambulancier me regardant de travers ; « Elle est enceinte, je suis le père. » Alors il s'écarte pour que je puisse approcher. Voir son teint pâle, ses yeux fermés. Mes yeux n'ont plus de larmes et restent secs, mais je me liquéfie de l'intérieur. Elle a sûrement fait une nouvelle détresse respiratoire. Ce qui n'explique pas la présence de la voiture. Qu'importe. Elle semble bien prise en charge. « Vous avez son sac ? Il y a ses médicaments pour ce genre de crise dedans. » Le second ambulancier me montre le sac en question pour m'indiquer qu'ils ont déjà fait le nécessaire. Choqué, je reste étrangement calme. Pourtant, je me sens juste au bord d'un gouffre. « Vous savez si le bébé va bien ? » « Nous le saurons à l'hôpital. » Il n'est sûrement plus. Cela serait dans l'ordre ds choses. Le parfait point final à tout ceci. Il n'est plus, c'est certain. « Vous montez ? » me demande-t-on alors qu'on s'apprête à faire démarrer l'ambulance. J'hésite, muet, pendant de longues secondes. Finalement, j’acquiesce d'un signe de tête.
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