Je ne sais plus où j'en suis. Ca fait déjà plus d'un mois que mon mariage est foutu et avec ma femme ça ne s'arrange pas. Je sais qu'elle va vouloir demander le divorce, que même moi je n'arrive plus à la regarder dans les yeux et que je sais que c'est la meilleure solution. Mais le problème c'est que je l'aime encore. C'est ce qui fait que je suis totalement perdu. Je me sens tellement fourvoyé, tellement trompé, et pourtant même si je lui avais rendu la pareille, je ne lui avais rien dit ne me sentant pas fier de l'avoir fait, je me sens juste con d'avoir agi de la sorte. J'avais été si gamin ce soir-là. Et pourtant je repense souvent à Selina, me demandant ce qu'elle devenait, si elle allait bien, si j'allais la revoir un jour. Sûrement pas. Elle n'est, comme le dise souvent les jeunes, une simple conquête d'un soir. Mais moi, pauvre vieux con qui est marié depuis trop longtemps, ce n'est plus de mon âge. Et pourtant, j'aime passer mon temps dehors, dans des endroits où les femmes sont dénudées plutôt que de les passer dans la même maison que ma femme. Je pense assez souvent à me prendre un petit studio. J'ai vraiment du mal à vivre avec elle. C'est sûrement ce que je vais faire, comme ça elle pourra baisé avec sa petite putain quand elle le voudra, sans que je débarque dans ma propre maison à l'improviste. Bref, je me fais à l'idée à force, même si j'ai cette haine et ce dégoût encore en moi. J'étais en train de me balader de façon fantomatique pendant ma pause déjeuner au marché de Noël, je n'avais pas encore eu l'occasion de m'y rendre et il était peut-être temps pour que je trouve un petit cadeau pour ma sœur. Sûrement que je passerais mon pauvre Noël et nouvel an avec elle, comme un pauvre esseulé sans amis. Me voilà morose, de mieux en mieux. J'aperçus alors au loin un stand de sandwicherie de charcuterie et m'y dirigeais. Mais j'eus un léger mouvement de recul quand je vis la fameuse Selina. Pas de chance de changer de direction, on s'était retrouvé nez à nez, surpris de se retrouver là, à peine un petit mois après notre aventure. Je ne savais pas du tout comment me comporter, alors je me contentais de sourire. Bêtement, mais je lui souriais. Et encore une fois je me sentais con.

Elle était là, juste devant moi, celle qui avait permis ma vengeance mais aussi ma grande culpabilité, mais aussi ma grande libération. Et je me sentais gêné, terriblement gêné. Pourtant une part de moi voulait la saluer en la prenant dans mes bras et une autre part de moi voulait la remettre dans mon lit. Je la trouvais encore plus belle sous la lumière du jour. Mais la gêne dominait tout et ce fut elle qui commença à parler. C'était pas plus mal, j'avais du mal à trouver ce que je pouvais lui dire à part des banalités grossières. C'est bien ça. Lui répondais-je avec un léger sourire en coin avant de rajouter Et comment oublier la féline … Lui disais-je simplement en guise de réponse à sa remarque sur mon prénom et mon visage, mais je ne lui en tenais pas du tout rigueur. D'ailleurs j'ai eu comme l'impression de recevoir un petit reproche quand elle me parla de ma fuite au lendemain matin. Oui excuses moi, j'avais un avion à prendre pour le boulot que j'avais déjà manqué la veille par la faute de … enfin je ne sais pas si tu t'en rappelles mais je vais pas t'embêter avec ça. En tout cas, je suis vraiment désolé d'être parti comme un voleur. Je peux te payer un café pour me faire pardonner ? Lui proposais-je en essayant de reprendre un peu de l'assurance que j'avais l'autre soir une fois bien imbibé d'alcool même si la morosité avait été surtout présent. Avant bien sûr que Selina commence vraiment à me taper dans l'oeil. J'avais rencontré quelques femmes après elle, ou même après ma femme à l'époque, mais jamais une femme comme cette blonde n'avait réussi à rester dans ma mémoire ainsi. Peut-être n'était-ce que passager et qu'une fois ce café pris, je ne la reverrais plus jamais et que je finirais par l'oublier.

Cette soirée-là, on avait un peu trop bu, et même si je ne l'avais pas spécialement remarqué chez la jeune femme, elle me le confirmait à présent. Autant parce qu'elle n'était pas sûre de mon nom, mais aussi parce qu'elle me l'affirmait. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Je lui souriais même à cette réponse, mais un peu gêné, un peu en coin, sans vraiment réussir à tenir son regard toujours aussi envoûtant, mais qui me rendait mal à l'aise aujourd'hui. En attendant moi, je n'avais pas réussi à boire autant pour oublier son nom si félin qui m'avait marqué. Je lui rendais son sourire à propos de ce surnom, de façon un peu plus marquée, moins gêné, jusqu'à ce que je lui explique la raison de mon départ précipité C'est pas vraiment ça. J'aurais pu partir dans la nuit oui si on ne s'était pas rencontré, mais c'est surtout la faute de ma … enfin, de celle qui m'a … enfin je ne sais pas si tu t'en rappelles et j'ai pas vraiment envie d'en reparler, c'est le bordel en ce moment. Je ne lui mentais toujours pas, c'est juste parce que j'avais trop peur de lâcher que c'était ma femme. C'est alors que je me suis rappelais que j'avais toujours mon alliance. Et si on allait boire un café, elle la verrait forcément. Du coup, j'espérais au fond qu'elle refuse, ça m'éviterait des explications, j'en ai bien assez avec ma femme. Mais j'eus quand même un sacré pincement au cœur quand elle refusa. Elle dut voir ma déception puisqu'elle rajouta bien rapidement qu'elle plaisantait. Et je souriais bien plus franchement. Allons-y alors. Lui disais-je en oubliant de nouveau que j'avais un énorme secret pour elle que j'allais devoir malheureusement lui annoncer la nouvelle. Plus moyen de m'échapper. Oui oui ça a été, rien de bien spécial, c'était juste un congrès, j'ai l'habitude. Répondais-je en haussant les épaules, me rappelant ce week-end où j'étais vraiment ailleurs, repensant sans arrêt à ce que j'avais vécu. La concentration n'avait pas été présente du tout.

C'est bien la seule avec qui je n'arrive vraiment pas à dire ce qui s'est passé clairement. Oui elle sait ce qu'il s'est passé, enfin je lui ai raconté, mais je ne lui ai pas avoué être marié avec cette traîtresse, à quoi bon de toute façon. Je ne voulais rien gâché et je crois bien que je la voulais dès le premier regard échangé, sinon je n'aurais fait aucun effort pour garder mon mariage secret et ma bague hors de la portée de sa vue. Même s'il y avait des chances qu'elle l'ait vu mais qu'elle n'en tienne pas rigueur. Enfin, vu son état alcoolisé elle n'avait sûrement pas fait attention. En attendant ça me faisait plaisir qu'elle ne veuille pas en parler davantage, parce que je risquais de lui avouer la vérité. Oui il le fallait. Sinon elle allait le découvrir toute seule et ça risquait de mal se passer pour moi. Merci. Lui répondais-je simplement dans un léger sourire avant qu'on ne dirige vers le premier café. Elle se rappelait également que j'étais médecin et elle commençait à me faire oublier tous mes désagréments de ces quelques derniers jours, encore une fois. Oui c'est ça, en urgence. Spécifiais-je, je ne sais pas pourquoi. Elle aussi avait eu un congrès et c'est souvent intéressant, mais cette fois-ci, je n'avais pas vraiment pu suivre étant totalement ailleurs. Peut-être ne pourrait-elle pas le comprendre, vu que je ne lui avais pas dit toute la vérité. Je préférais rester donc un peu évasif Oui, ça permet d'apprendre de nouvelles choses, de rencontrer de nouvelles personnes. Lui répondais-je pour continuer la conversation alors qu'on arrivait dans le café et qu'on prenait place à une table. Je croisais mes mains sur la table et la regardais dans les yeux, bien trop sérieux Selina, il faut que je t'avoue quelque chose … Lui disais-je de façon peut-être un peu trop mystérieuse. J'allais avoir du mal, je le sens, mais je lui devais bien ça. De toute façon, il y avait peu de chance qu'on se revoit par la suite, donc autant lui dire ça, au cas où on se recroise une autre fois dans la ville.

Quand je précisais de nouveau à Selina que j’étais dans les urgences, elle eut bon de faire un petite remarque que je pris avec un bon sourire amusé On est beaucoup oui, mais tu as bien une chance … Lui répondais-je d’un coup un peu gêné par mes paroles. Je ne sais pas si elle l’avait remarqué, mais j’étais loin d’être un dragueur, et dire ce genre de choses me font rougir ou me mette mal à l’aise et je continue maladroitement. Du moins, ça c’était avant, aujourd’hui j’essaie de faire plus attention depuis que je suis sur le marché de nouveau. Sûrement parce que j’ai du prendre de la maturité avec l’âge et surtout dans mon couple. Toujours est-il que j’appréciais que la blonde n’insiste pas pour en savoir davantage sur mon couple, et c’est aussi ça qui me fait dire qu’elle mérite la vérité, même si ça ne risque pas de changer grand-chose au final, je pourrais me sentir bien plus léger. Mais pour l’instant notre sujet de conversation portait sur les conférences, congrès et autre, pas toujours facile pour tenir éveillé et être attentif à chaque seconde. Tu ne te trompes pas en effet. Mais je n’en ai pas non plus très souvent, et parfois elles sont à l’étranger alors j’en profite aussi pour visiter un peu le pays. Lui répondais-je en souriant. C’était bizarre et en même temps agréable de parler ainsi avec elle. C’est alors que je me suis dit qu’il était temps de tout lui avouer. Il fallait que je me lance. Et oui c’était peut-être la pire des nouvelles, mais sûrement pas de sa vie. Après tout, il y avait des chances aussi pour qu’elle s’en foute. Mais elle lâcha une information qui m’interpella, qui m’intriguait et j’avais une envie subite de savoir ce qu’il s’était passé de pire chez elle. Je m’apprêtais donc à lui avouer ou tout du moins essayer quand une serveuse vint nous voir pour nous prendre nos commandes Tu veux quoi comme café ? Tu peux prendre autre chose aussi hein ! Oui parce que c’était une simple proposition qu’on fait toujours pour passer du temps avec la personne, rien n’oblige à prendre un expresso ou un dérivé du café. Quand la serveuse repartit avec toutes les infos nécessaires, voilà que c’était mon tour. Je reposais mon regard grave sur la demoiselle et lui proposais Tu as su éveillé ma curiosité. J’espère que t’auras toujours envie de me parler après ma nouvelle pas très agréable. Oui je voulais savoir ce qu’il lui était arrivé mais je me voyais très mal lui demander ce que c’était, vu notre relation très récente. Il se pourrait que je ne t’es pas dit toute la vérité l’autre soir. Sûrement parce que je savais que ça me porterait préjudice, mais je suis marié, celle qui m’a trompé n’est autre que ma femme, et je t’assure que c’est uniquement sur ce point que je t’ai menti. Oui parce que ça ne m’en déplaise, je lui avais menti et je devais assumer. Quitte à ce qu’elle parte sans même prendre la peine d’attendre sa boisson.

Pouvoir m'occuper de Selina si elle avait un problème ? Oui ça me plairait, j'insisterais même pour que ce soit moi qui m'en occupe. Je m'en sentirais redevable, après tout maintenant je la connais assez bien, du moins intimement, et j'espérais au fond que cette conversation ne se terminerait pas avant que j'en sache davantage sur elle. En attendant, elle semblait aussi bien curieuse à mon sujet, ou juste aux destinations que j'avais faite pour mon travail J'ai fait beaucoup d'états des États-Unis et quelques pays d'Europe aussi. Bizarrement je n'ai pas beaucoup de conférences en Australie, quelques fois à Sydney mais c'est tout. Disais-je dans un petit rire. En même temps l'Australie n'est pas non plus le pays le plus développé niveau médecine. Ou alors ils ont pas vraiment l'envie de partager leur savoir. Je ne suis pas non plus aller à la meilleure université du monde, mais on a eu de la chance d'avoir des intervenants conséquents dans la médecine. Finalement j'avais eu raison de lui spécifier qu'elle n'était pas obligé de prendre un café vu qu'elle opta pour un thé au caramel. J'aimais bien ça moi aussi, mais avec mon boulot et surtout en ce moment j'ai davantage besoin de caféine. Il était temps de lui apprendre la vérité et j'avais vraiment du mal, tellement que je lui faisais part que j'espérais qu'elle serait toujours apte à se confier à moi après cette nouvelle qui risquait de la bouleverser. Mais finalement, elle le prit vraiment bien, bien plus que ce que j'aurais pu imaginer. Même s'il est évident qu'elle était un peu déçue, je pouvais le voir. Et elle ne m'en voulait même pas. J'étais chanceux ou quoi ? Mais c'est comme si j'avais besoin de me faire châtier, parce que j'avais trompé ma femme aussi, mais j'avais trompé également mon amante, même si elle restait que d'un seul soir. Tu sais, je n'étais pas si bourré que ça quand je t'ai dis que me femme m'avait trompé. Je voulais simplement te le cacher pour ne pas que … enfin J'ai toujours du mal à parler de ce genre de choses, c'est fou J'avais juste envie de finir la soirée avec toi. Finis-je par dire un peu désinvolte en haussant les épaules.

Finalement, le fait de parler de mes voyages d’affaire put retenir un peu plus le moment où j’allais devoir lui annoncer la nouvelle que je lui avais caché et que je me sentais le besoin de lui annoncer. Je lui disais donc où j’étais allé en gros, puisque j’en avais fait des villes et des états. Et elle semblait vraiment intéressée, tellement qu’elle me demandait quelle vite avait été la meilleure selon moi. Je me suis mis à réfléchir quelques instants pour finalement lui répondre J’hésite entre Capri et Londres. Elles ne se ressemblent pas du tout, mais toutes les deux ont leur charme bien particulier. Lui répondais-je avec le sourire avant de renchérir T’es déjà allée plus loin que l’Australie toi ? Histoire d’en savoir plus sur elle également, et ne pas parler seulement de mes expériences. Surtout que par la suite je lui annonçais une nouvelle qui n’allait pas la laisser de marbre et risque de ne plus jamais vouloir me reparler. Je ne sais pas pourquoi je tenais autant à être dans ses bonnes grâces, sûrement que c’est ce dont j’ai besoin au final. Sûrement parce que je l'aime bien également. Mais où tout ça pouvait bien nous mener ? Pas très loin. Faudrait déjà que je débarrasse Sawyer de ma tête et que je déguerpisse du plancher aussi. Mais c'est une autre histoire. Oui c'est ça. Lui répondais-je toujours aussi honteux de lui avoir cacher cette énorme vérité qui aurait changé la donne si j'avais été honnête ou si elle avait vu mon alliance. D'ailleurs elle l'avait même senti apparemment, mais l'alcool avait eu pitié pour moi au final. C'est alors qu'elle me posa la question qui me mit mal à l'aise, de nouveau. Parler de ma femme ne me réussissait guère depuis ces derniers temps. Tu as le droit de me poser la question, après tout, je t'ai impliqué dans l'histoire sans que tu ne le demandes … Mais oui, je lui ai dis. Je voulais lui faire mal moi aussi, mais je ne suis pas sûr d'avoir vraiment réussi. C'est pas plus mal je suppose. Disais-je en haussant les épaules, me rendant compte alors que mes paroles avaient été un peu déplacées par rapport à elle et que je les regrettais.

Apparemment Selina n’était pas allée en Europe, n’ayant jamais visité les deux villes que je préfère dans toutes celles où j’ai pu aller. Je lui retournais donc enfin la question et j’apprenais qu’elle avait vécu une bonne année à New York. Ce n’était pas rien. Mais franchement, je ne sais pas du tout comment on peut survivre dans ce genre de ville. Déjà que Londres est trop active par moment pour moi, alors New York j’ai bien cru ne jamais revenir vivant. Ah oui, New York. C’est une ville sympa oui, mais bien trop bruyante et active pour moi. Les urgences me suffisent amplement. Disais-je dans un petit rire. Déjà que ce n’est jamais de tout repos, alors si en plus en sortant du boulot ou pendant mes jours de congés c’est pour retrouver cette ambiance dans la ville, ce n’est pas la peine. Mais bon, ce n’est que ma propre opinion. Je préfère largement Capri. C’est assez l’inverse de New York à vrai dire. C’est alors que le sujet tabou rentra en jeu et qu’on se mit à discuter de tout ça, de l’adultère de ma femme, de mes réactions, et je m’en voulais de lui avoir avoué que la nuit passée avec elle n’était qu’une sombre vengeance à la base. Mais elle le prenait vraiment bien, comme tout le reste à vrai dire, et ça m’impressionnait. Je ne m’attendais pas rester trente seconde de plus après lui avoir annoncé cette nouvelle. Non elle ne comprendra pas, elle ne m’aime plus, elle n’a juste que de l’affection pour moi. Je n’y crois plus. Nous deux, c’est foutu. Et puis quand bien même, si elle voulait tout arrêter avec … l’autre et se remettre avec moi, je crois que je ne pourrais plus jamais l’aimer comme je l’ai aimais, je ne sais pas si j’aurais un jour la force de me coucher de nouveau à ses côtés. Confiais-je alors à Selina, même si certainement, elle ne parlait de ça avec moi que par complaisance et qu’elle s’en fichait royalement de ma vie de couple qui a royalement merdé. Mais bon, ça fait toujours du bien de s’avouer ce genre de chose, je le sais depuis longtemps qu’entre ma femme et moi c’est terminé, mais il a fallu cette horrible révélation pour m’en rendre compte.