Depuis que Julian s’était disputé avec Madison, il avait l’impression de vivre constamment dans un mauvais rêve. Le temps semblait s’être figé pour lui. Mais dans la réalité, les journées défilaient à une vitesse folle. Elles se ressemblaient toutes : fades, longues, ennuyeuses, sans saveur. Quelque chose semblait s’être brisée à l’intérieur du brun. Il n’avait plus le goût à rien, et tout ce qu’il faisait il le faisait machinalement, comme un robot. Il allait au boulot et essayait d’être le plus productif possible si on considérait l’état d’esprit dans lequel il se trouvait. Heureusement qu’il n’avait pas perdu d’affaire, sinon il s’en serait voulu et cela l’aurait encore plus miné. Chez lui, il essayait de ne pas trop montrer son mal-être à Lauren. Entre eux, rien n’avait changé. Elle poursuivait ses efforts et ils ne se disputaient plus. Alors il ne voulait pas que ses problèmes avec l’organisatrice se répercutent sur elle, même si ce n’était pas simple du tout de faire comme si tout allait bien. Alors il feignait d’être fatigué, épuisé moralement. Pour se coucher plus tôt, pour expliquer le fait qu’il ne parlait que très peu. Lorsqu’il était seul, l’avocat se repassait en boucle la scène qui s’était déroulée dans l’appartement de l’anglaise. Il se souvenait de tout dans les moindres détails, comme s’il la revivait encore et encore. Elle avait laissé une trace qu’il pensait indélébile en lui, et il était persuadé que c’était aussi le cas pour Madison. Il n’oublierait jamais ce qu’elle avait dit, ce qu’elle avait fait, ni ce que lui-même avait dit. Il se remémorait tous les regards qu’ils avaient échangés, toutes les insultes qui avaient été prononcées. Tout cela lui retournait littéralement l’estomac. Il ne comprenait pas comment les choses avaient pu autant déraper, et comme il avait pu tellement se laisser aller. Il regrettait presque toutes ses paroles, notamment les dernières qui avaient été dites uniquement dans le but de faire mal et de blesser la brune. Mais au fond, il ne regrettait pas que cela se soit passé. Au moins, il savait à présent ce que la jeune femme pensait et inversement. Leur relation n’était pas faite pour durer de toute façon, il aurait simplement préféré qu’ils se quittent en bon termes. Pour pouvoir continuer de la voir, de lui parler, de travailler avec elle. A présent il devait définitivement tourner la page puisqu’ils ne voulaient plus se voir. Il n’avait pas encore contacté une autre agence pour organiser son mariage d’ailleurs, et il ne savait pas quand il aurait la force de le faire. Parfois, il se demandait si ce n’était pas mieux de demander à Lauren de s’en charger. Au moins ce serait rapidement fait et il savait que dans un mois ils seraient mariés. Mais il était bien trop bouleversé pour vraiment passer à l’acte ou y réfléchir sérieusement. Il préférait attendre que le temps fasse son œuvre. Un soupire s’échappa de ses lèvres. La vérité était que Madison lui manquait affreusement. Il ne se passait pas une heure sans qu’il ne pense à elle, sans qu’il ait envie de la retrouver pour se jeter à ses lèvres. Mais il ne le pouvait pas, et cela le rendait fou. Son absence le brisait un peu plus chaque jour, en même temps que cela lui faisait se poser des questions. Il ne parvenait pas encore à comprendre pourquoi il n’arrivait pas à se défaire d’elle, pourquoi il l’avait tellement dans la peau. Jamais il ne s’était mis dans un tel état pour une fille, jamais. Mais l’anglaise était unique, et même lorsqu’elle ne faisait plus partie de sa vie elle trouvait le moyen d’être là. Toujours là. « Monsieur, votre café. » L’avocat sortit de ses pensées dans un sursaut. Il avait complètement oublié qu’il venait de quitter le travail, et qu’il s’était dirigé dans le premier café qu’il avait trouvé pour se redonner un peu d’énergie. Il ne dormait que très peu ces derniers temps, et très mal. Il était constamment fatigué et cela se voyait. « Merci. » Il s’excusa dans un sourire et attrapa sa tasse avant de se retourner pour trouver une place. Le Starbucks était plein à craquer, mais vraiment. Il se demanda d’ailleurs pourquoi il n’avait pas simplement pris à emporter pour pouvoir le boire tranquillement en voiture. Mais il se rappela la raison : il ne voulait pas rentrer tout de suite. Et il était un peu tôt pour boire un verre dans un bar de la ville. Alors il s’était dit que rester dans un café ça ne pouvait pas lui faire de mal. Son regard noisette balaya la salle et se posa sur la seule place de libre qui restait, en face d’une jeune femme. Il releva les yeux vers elle et la reconnut dans la seconde : Madison. Si le moment n’était pas aussi mal choisi, il aurait très certainement éclaté de rire. Mais là il avait envie de tout sauf rire. Pourquoi les cieux s’acharnaient-ils ainsi sur lui ? Ne souffrait-il déjà pas assez ? Il fit un mouvement de recul, prêt à partir avant de se raviser. Peut-être que ce n’était pas un châtiment, mais un coup de pouce du destin. Peut-être que c’était là l’occasion pour lui d’essayer de recoller les morceaux, et de ne pas fuir pour une fois. Car oui, il avait repensé à tout ce que l’organisatrice lui avait balancé à la figure, et elle n’avait pas tord bien au contraire. C’était un lâche, qui passait sa vie à se servir des autres, à se reposer sur ce qu’il avait, et surtout à fuir devant le moindre problème. Elle l’avait cerné tellement facilement en un rien de temps. Il ne se battait jamais, il ne s’était pas battu pour elle. Seulement pour la blesser et la faire partir, ce qu’il avait parfaitement réussi. Mais là, il voulait faire autre chose. Il ne parvenait pas à croire que ça pouvait réellement se terminer ainsi entre eux. Il ne voulait pas que les horreurs qu’il avait dites soient les dernières choses qu’elle entende de lui. Alors il prit son courage à deux mains et se dirigea vers la table de la brune. « Je peux m’asseoir ? » demanda-t-il une fois qu’il fut à sa hauteur pour attirer son attention. Il vit immédiatement à quel point elle était surprise de le voir, et encore plu qu’il lui demande ça. Sans attendre son autorisation, il s’assit en face d’elle. Il avait demandé par politesse, mais demander c’est se soumettre à un possible refus. Or il ne voulait pas partir, il voulait parler à têtes reposées et surtout qu’elle l’écoute. Il voulait rectifier le tir, dire ce qu’il pensait vraiment sans essayer de la blesser. « Écoute, Madi…son. » se rattrapa-t-il, imaginant qu’elle ne voulait pas qu’il utilise son surnom. « Je suis désolé pour la dernière fois, sincèrement. Je regrette ce que j’ai dit. » Julian s’excusait, alors qu’il s’avait que la politesse voulait qu’on demande à la personne de nous excuser. Mais il savait pertinemment que l’anglaise ne lui accorderait pas son pardon aussi facilement, alors cela ne servait à rien de le lui demander. Elle devait juste savoir qu’il ne pensait pas tout ce qu’il avait dit, ou du moins qu’il s’en voulait de la façon dont cela avait été fait. « J’aimerais qu’on ait la chance de parler, calmement. De s’expliquer les choses, et de le faire bien. » Il baissa le regard durant une fraction de secondes avant de capter à nouveau celui de la brune. « S’il te plaît. » C’était certainement la dernière chose qu’il lui demanderait, sa dernière requête. Ensuite, elle n’entendrait plus jamais parler de lui, comme ils se l’étaient dits.
« Mistakes are always forgivable, if one has the courage to admit them. »
Il y avait miles et une chose auxquelles penser tous les jours et pourtant Madison ne pensait qu'à une chose : Julian, elle avait beau faire un tas de choses pour arrêter d'y penser elle n'y arrivait pas. L'avocat prenait énormément de place dans ses pensées et ce depuis la première seconde, mais les suppositions et les rêveries faisaient désormais parties du passé, elles avaient laissé place à de la rancœur et à du mépris. Tout c'était passé si vite, il y avait seulement quelques semaines ils nageaient dans le bonheur, un bonheur qui ne se résumaient qu'à quelques heures par-ci, par là mais qui étaient d'une préciosité inestimable. Elles avaient considérablement décuplé ses sentiments en son égard, plus qu'elle ne le pensait, au point que sa chute lui semblait interminable. Elle aurait pu se terminer si Julian n'avait pas débarqué chez elle, mais sa venue n'avait fait qu'empiré les choses, il lui avait montré tous ses mauvais côtés en l'espace de quelques minutes, il était passé du statut d' homme qui lui faisait du bien à celui d'homme qui lui faisait du mal. C'était prévisible, tous les hommes qu'elles fréquentaient finissaient dans la deuxième catégorie, mais elle ne s'était pas imaginée que cela arrivait aussitôt avec lui, pas avant qu'il ne passe la bague au doigt de sa fiancée. Les paroles du benjamin des Grimes lui revenaient sans cesse, elles avaient éclipsé toutes les autres, toutes celles qui l'avaient fait sourire. Les injures marquaient plus que des compliments, même si elles restaient d'une extrême rareté. Elle ne comptait plus le nombre de moment durant lesquels elle pleurait, la plupart de ses larmes étaient déversées le soir dans sa salle de bain une fois qu'elle s'était démaquillée. Elle essayait de faire bonne mine à l'extérieur, mais c'était difficile de faire semblant avec ses cernes qui étaient de plus en plus creusées, elle prétextait qu'elles étaient dues à sa surcharge de travail et du blues hivernal, elle omettait de parler de l'aide son employée pour que cela paraisse plus crédible, la plus grande partie de son entourage ne savait pas qu'elle en avait une. D'ailleurs elle se reposait entièrement sur elle, elle avait cessé les sauts d'humeur pour lui laisser plus de responsabilité, ainsi elle se faisait pardonner de ses écarts de conduite, lui montrait qu'elle pouvait avoir confiance en elle, mais surtout elle gagnait du temps pour se reposer. Un repos qui n'était pas très efficace, qui était plus propice à ses pensées négatives qu'autre chose, mais elle n'avait pas la force de se mettre corps et âme au travail. Elle se demandait s'il avait déjà choisi une autre agence d'événementiel, s'il se bougeait plus rapidement maintenant qu'il ne l'avait plus dans sa vie, elle espérait profondément que non. C'était égoïste, mais penser qu'il n'avait rien fait diminuait sa douleur, ainsi elle s'imaginait qu'elle l'avait suffisamment marqué pour qu'il ne passe pas à autre chose à la vitesse éclaire. En réalité c'était plus ou moins le cas puisqu'il avait pris le risque d'aller chez elle au lieu de rester sagement chez lui, mais cela ne l'empêchait pas de douter de lui. L'envie de le revoir était tout aussi forte que celle qu'il reste en dehors de sa vie, chose qui la torturait. Elle quitta son appartement, non pas pour chercher à le voir mais pour s'aérer l'esprit, elle avait plus de facilité à le faire dans des endroits dans lesquels elle n'avait pas été avec lui.
Madison avait immédiatement pensé à son refuge, le starbucks coffe, lieu dans lequel elle n'avait jamais emmené le beau brun parce qu'elle savait qu'elle y était une tête un peu trop connue, malgré une foule constante, les clients du salon du café étaient très changeants, elle ne voyait que rarement les mêmes têtes et voyait plus de touristes qu'autre chose, ce qui faisait d'elle une personne reconnaissable pour le personnel. Dès qu'elle le pouvait elle se mettait toujours au fond, à la place la plus calme et aujourd'hui celle-ci était libre alors elle s'y jeta dès qu'elle reçue sa commande. Elle avait une grande boisson chaude en sa possession, ainsi que quelques pâtisseries, mais au lieu de savourer directement sa nourriture, elle sirota sa boisson tout en tapotant sur son portable qu'elle avait posé sur sa table. Pendant ce temps l'organisatrice d'événementiel ne prêtait plus la moindre attention à ce qu'il se passait autour d'elle, se pensant tranquille pour une longue durée étant donné que la plupart des clients venaient en groupes et qu'il n'y avait qu'une seule place en face d'elle. Elle s'était trompée puisque quelqu'un vint s'approcher d'elle et pas n'importe qui, Julian... La brunette le pensait adepte de bars plutôt qu'autre chose, elle était plutôt étonnée de le voir ici et cela se voyait. Il pouvait désormais voir qu'elle était dans un mauvaise état et qu'elle n'avait même pas cherché à le cacher avec du maquillage. Il lui avait demandé s'il pouvait s'asseoir, chose à laquelle elle répondu : « Je croyais que tu ne voulais plus jamais me voir. » Son ton était sec. Malgré tout elle ne lui demandera pas de partir, voyant qu'il semblait plus précautionneux que la dernière fois elle accepta de l'écouter avec attention. L'avocat s'excusa, lui dit qu'il regrettait ce qu'il lui avait dit, il faisait preuve d'une maturité à laquelle elle ne s'attendait pas après toute la virulence dont il avait fait preuve. Il voulait qu'ils se parlent sans véhémence, c'était une demande qui lui semblait raisonnable, de toute manière ce n'était pas dans un endroit comme celui-ci qu'ils allaient s'en mettre plein la tronche. « D'accord. » Elle serrait sa boisson dans sa main. « Par quoi veux-tu commencer ? »Madison ne voulait pas lui déballer tous ses ressentis dans l'immédiat, à vrai dire elle n'avait pas vraiment envie de le laisser choisir ce dont ils allaient discuter en premier, elle reprit donc la parole :« Je pense qu'il serait logique de commencer par le début, de pourquoi tu ne m'as pas prévenu que tu passerais à la télévision... et pourquoi avoir fait le mort juste après ? » C'était ses principales questions, des questions qu'elle n'avait pas pu lui poser lors de leur dernière entrevue, étant fermée à tout dialogue. Elle avait envie de lui laisser une chance de lui donner des éclaircissements, après tout il était là pour ça alors autant le questionner directement plutôt que de tourner autour du pot. Madison n'avait pas de craintes particulières, qu'il lui donne des raisons valables ou non ne changerait rien à la situation, elle ne redeviendra pas sa maîtresse, mais au moins cela lui apportera des réponses, des réponses qui l'aideraient certainement à mieux dormir, lui éviteraient de se faire davantage de scénarios, elle était lasse de se triturer les méninges à son sujet.« Réponds sincèrement tu n'as plus rien à perdre. » Parce que quoiqu'il lui réponde elle n'irait pas voir sa fiancée, sa famille ou d'autres personne pour leur balancer la vérité, elle se contentera de garder cette histoire pour elle, évitera de continuer à en parler aux personnes qui étaient déjà au courant pour que tout cela n'appartienne plus qu'au passé. Chercher la vengeance ne lui servirait à rien, ne la mènerait nulle part à part à d'autres problèmes parce que la scénariste pourrait très bien essayer de l'atteindre, de tout lui faire payer et tout pardonner à Julian, même si elle ne la connaissait pas le peu qu'elle avait vu et entendu lui suffisait à la faire penser qu'elle était quelqu'un de dévouée et de tenace, mais surtout le faire souffrir lui, lui faire tout perdre ne lui amènerait aucune satisfaction puisqu'elle n'était pas du genre à se réjouir du malheur des gens en général, encore moins de ceux des personnes qu'elle avait pu aimer...
« Je croyais que tu ne voulais plus jamais me voir. » Julian se contenta d’encaisser sans rien dire. De toute façon, il l’avait bien mérité. Mais même s’il s’attendait à être traité ainsi, cela lui faisait quand même mal de voir à quel point il n’y avait plus rien entre lui et Madison. Ils s’étaient éloignés, définitivement. Il n’y avait plus de tendresse quand elle lui parlait, ni quand elle le regardait. C’était froid, distant. Ils n’étaient plus que des inconnus, voire des ennemis. Cette réalité le faisait souffrir, mais il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il s’assit quand même, se permettant d’observer la brune quelques instants. Elle n’était pas maquillée, et il pouvait remarquer sans difficulté qu’elle allait au plus mal. Jamais, il ne l’avait vue dans cet état. Son cœur se resserra, il savait que c’était lui le responsable de tout cela… Lui qui ne souhaitait auparavant qu’être avec elle et la faire se sentir bien, voilà qu’il l’avait rendue malheureuse. Triste destin. L’avocat commença par s’excuser, reconnaissant avoir franchi les limites. C’était la moindre des choses, et c’était surtout sincère. Il ne pensait pas la moitié de ce qu’il lui avait balancé à la figure la dernière fois, et l’autre moitié était sortie de manière bien trop agressive et exagérée. Leur dispute n’avait été qu’un dialogue de sourd, c’était à celui qui faisait le plus souffrir l’autre. Il s’était complètement emporté et avait dévoilé une facette qu’elle ne connaissait pas, que seule Lauren connaissait. Sa colère avait été à la hauteur de sa déception et de sa douleur. En arrivant chez elle il avait déjà compris, qu’il l’avait perdue. Cette vérité l’avait fait souffrir et repoussé dans ses derniers retranchements. Le soir même, il regrettait déjà ses paroles. Mais le mal était déjà fait. Il espérait pouvoir changer tout cela aujourd’hui, c’est ce qu’il proposa à l’organisatrice qui accepta sans hésitation. « Merci. » dit-il simplement. Elle n’était pas obligée de rester et de parler avec lui, mais elle le faisait. « Par quoi veux-tu commencer ? » Le brun tourna les yeux vers la jeune femme, et ouvrit la bouche avant de se raviser et de la refermer. Il ne savait absolument pas par où commencer. Il ne pensait pas qu’elle accepterait aussi facilement, alors il n’avait pas pensé à ce qu’il dirait ensuite. « Euh… » Il se passa la main dans les cheveux alors que les idées se bousculaient dans sa tête. Il avait tellement de choses à dire, d’explications à donner. Heureusement, Madison vint à son secours. « Je pense qu'il serait logique de commencer par le début, de pourquoi tu ne m'as pas prévenu que tu passerais à la télévision... et pourquoi avoir fait le mort juste après ? » L’italien se raidit l’espace d’un instant et réprima un soupire. Elle entrait directement dans le vif du sujet. D’un côté, elle avait raison. C’était certainement ça le début de tout, et il devait lui expliquer. D’un autre côté… il avait déjà du mal à se l’expliquer lui-même. Et puis parler comme ça, de sentiments, de choses intimes, ça n’avait jamais été son fort. Mais il le lui devait bien, après tout ce qu’ils avaient vécus, ils ne pouvaient pas juste se quitter sur toutes les insultes qu’ils s’étaient dites. « Réponds sincèrement tu n'as plus rien à perdre. » Il hocha de la tête, plus pour lui que pour lui répondre. « Oui, tu as raison. » confirma-t-il. Il n’avait plus rien à perdre, puisqu’il l’avait déjà perdue. Avant de commencer à parler, il attrapa sa tasse de café et en bu une gorgée. « Alors… » Il commença par s’éclaircir la gorge avant de poser son regard noisette sur Madison. « C’était assez bizarre ce qu’il se passait en fait. Lauren a pas mal changé depuis plusieurs semaines, on ne s’engueule plus, on ne se crie plus dessus… Quand elle m’a parlé du remake et tout, elle m’a expliqué qu’elle avait besoin de moi. Tout allait bien entre nous, je ne me voyais pas refuser juste pour la blesser. Et comme je l’ai dit, c’est ma fiancée, je me dois de faire des efforts pour elle… » Il baissa les yeux quelques instants, pour chercher ses mots. « Je ne savais pas comment t’en parler. Ca allait trop vite, d’un seul coup. Je ne savais pas ce que ça signifiait pour moi, j’ai pensé que ça ne te regardait pas forcément. Que de toute façon ça ne changerait rien, alors pourquoi t’inquiéter ? Et puis là-bas, j’ai compris que quelque chose avait changé. Déjà parce que j’étais publiquement son fiancé maintenant, son futur époux. Je ne pouvais plus la laisser. Et aussi parce qu’elle avait changé, vraiment. Ou je ne sais pas si c’est moi qui a changé, mais c’est différent. Et lorsqu’on est revenu, je ne savais pas quoi faire vis-à-vis de toi, je ne savais pas quoi te dire, je ne savais pas… » Le brun cessa de parler, honteux de ce qu’il disait. Il se rendit compte qu’il n’avait tout simplement pas su quoi faire, alors il avait été lâche. « J’ai fui, tout simplement. C’est ce que je fais de mieux, tu l’as très bien compris. » Il ne disait pas ça sur le ton d’un reproche, c’est juste que Madison avait pointé ce défaut la dernière fois et elle avait parfaitement raison. « Je crois que ça devait s’arrêter entre nous, mais que d’un côté je n’en avais pas envie… Alors j’ai laissé couler. Je suis désolé. » s’excusa-t-il en toute sincérité. Il regrettait ses paroles, mais aussi son comportement. Il avait eu faux sur toute la ligne. « Tu ne méritais pas ça, ni tout ce que j’ai dis. » Mais ça, elle le savait déjà. Il poussa un profond soupire avant de s’appuyer un peu plus contre le dossier de sa chaise, sa main entourant toujours sa tasse de café. « Au fond, je crois que je ne voulais pas te perdre. Pas officiellement tout du moins. » Il laissa un léger rire ironique s’échapper. « On dirait que je me suis trompé sur toute la ligne… » Il s’était bien trompé ouais. Et le pire, c’est qu’il avait fait du mal autour de lui, spécialement à la jeune femme. C’est ce dont il s’en voulait le plus. « Mais je ne t’ai pas menti. Je n’aime pas Lauren, je ne l’ai jamais aimée. Je ne suis pas venu vers toi juste pour mettre du piment dans ma vie, j’étais vraiment à bout… Tu m’as fait remonter la pente, tu m’as fait me sentir bien. » Julian releva les yeux vers l’anglaise, pour appuyer le poids de ses mots et être sûr qu’elle comprenait ce qu’il disait. « Tu es importante pour moi Madison, plus que tu ne le crois. Plus que je ne le pensais… » Il n’avait même pas remarqué qu’il parlait encore d’elle au présent. Il n’arrivait vraiment pas à réaliser qu’elle était sortie de sa vie, qu’il n’aurait pu jamais l’occasion de l’embrasser, ni même de la serrer dans ses bras.
« Mistakes are always forgivable, if one has the courage to admit them. »
Plus un seul sourire ne se dessinait sur ses lèvres, elle semblait l'avoir perdu en même temps qu'elle l'avait perdu lui, c'était une action qu'elle ne savait plus faire de manière sincère, elle ne le faisait plus que pour camoufler son mal-être. Ici il n'était pas question de cacher quoique ce soit, il n'y avait personne pour l'interroger sur son état, elle n'avait pas à se justifier, elle pouvait tirer la tête sans que cela ne dérange personne. Enfin personne c'était vite dit, elle voyait bien que l'avocat était attristé de la voir comme cela, mais comme il était responsable de son malheur il n'avait rien à lui dire à ce sujet. Il l'avait remercié d'avoir accepté de discuter, ce n'était pas grand-chose pour elle. Lorsqu'elle lui demanda par quoi il voulait commencer il ne savait même pas quoi répondre, cela commençait bien, heureusement qu'elle elle savait par où commencer. Cela n'avait pas l'air d'être plaisant pour lui, mais s'il ne savait même pas comment débuter cette conversation il n'avait pas le choix alors il devait se lancer, ce qu'il fit. Il avait l'air d'avoir besoin d'avoir beaucoup de temps de réflexion, il ne s'était pas préparé à lui donner ses explications et ça se sentait, il risquait donc d'être maladroit. Peu importe, elle lui avait dit oui alors elle allait rester et écouter ce qu'il avait à lui dire même si ce n'était pas très bien formulé. Il commença par lui dire que sa fiancée avait changé depuis un certain nombre de semaines, qu'ils ne s'engueulaient plus, que tout allait bien... il lui décrivait la vie d'un couple épanoui en somme. Madison commença à s'imaginer qu'il avait développé des sentiments pour Lauren-Rose pendant leur liaison et cela lui faisait encore plus mal. Ses longs sourcils s'étaient légèrement froncés, la dureté de son regard avait laissé place à de la peine. Julian n'avait pas encore terminé alors elle le laissa réfléchir à ce qu'il allait lui dire par la suite. Il tint un discours d'homme véritablement perdu, il ne savait même pas qui avait changé si c'était lui, la scénariste ou les deux. Hélas elle ne pouvait pas répondre à sa place, elle ne connaissait pas sa fiancée et elle ne savait aucunement comment il était avant de la rencontrer. L'avocat n'avait pas trouvé de meilleure solution que de fuir et c'était bien triste d'en arriver à là après ce qu'ils avaient pu vivre, elle avait pu comprendre la première fois qu'il puisse fuir pour éviter de recommencer à fauter, mais la seconde fois elle n'avait pas pu le comprendre, il avait mis le pied dans la liaison et il semblait l'assumer, mais d'un coup il disparu de la circulation. Il lui dit qu'il était partagé entre l'envie de continuer et celle d'arrêter, qu'il n'avait pas su choisir, qu'elle n'avait pas mérité un tel traitement, mais cela ne changeait rien parce qu'elle pensait qu'à présent il avait des sentiments pour sa fiancée, qu'il ne ferait plus machine arrière.
Alors qu'elle comptait prendre la parole, il ajouta qu'il n'avait jamais aimé la scénariste et qu'elle n'avait jamais représenté une simple distraction, qu'elle avait vraiment été une bouffée d'oxygène, qu'elle avait plus d'importance qu'il ne le pensait. Son cœur se serra, sa première idée lui simplifiait les choses, lui aurait permit de passer à autre chose pour de bon mais ces nouvelles paroles la touchaient... non elle ne devait pas craquer, il fallait qu'elle s'en tienne à ce qu'elle avait prévu. Elle soupira.« Julian... » Elle avait baissé son regard. « J'ai du mal à tout comprendre. »L'organisatrice d'événementiel le regarda à nouveau.« Pendant des années ça se passait mal avec ta fiancée, tu la trouvais invivable et là d'un coup elle s'est transformée comme par magie ? »Il fallait croire qu'elle avait sentit que le beau brun risquait de lui échapper et qu'il fallait qu'elle se rattrape.« Là maintenant, pendant que tu me voyais ? Et pas avant ? » L'organisatrice d'événementiel ne savait plus quoi penser.« Ce n'est pas plutôt toi qui a changé d'attitude avec elle ? Qui est devenu plus attentif à ses besoins, plus conciliant ? »La brunette savait très bien que dans un couple les efforts devaient venir des deux côtés, que la situation pouvait difficilement s'améliorer si seulement l'une des deux personnes y mettait du sien.« J'ai l'impression que tu ne me dis pas tout. » Son monologue lui avait paru sincère, mais cela ne l'empêchait pas de le trouver incomplet.« J'apprécie quand même toutes tes explications, cela fait du bien de ne plus être totalement dans le flou. J'imagine que c'est à mon tour de parler... » Elle lâcha sa boisson qu'elle avait tenu tout le long de leur discussion pour pouvoir poser ses mains sur la table.« Il était plus évident d'expliquer mon comportement que le tien, mais je vais quand même te dire certaines choses. »Madison pinça sa lèvre intérieure et le regarda droit dans les yeux.« Ça va certainement te paraître stupide mais... j'ai eu comme un choc quand je t'ai vu à la télévision avec elle. Avant c'était la femme fantôme, sans visage, sans voix, ce n'était qu'un prénom, c'était comme si... comme si elle n'existait pas jusqu'au moment où l'émission télévisée me donna une gifle, littéralement. »C'était plus facile avant de le voir alors qu'elle n'avait rien de concret sur sa fiancée, quand elle ne connaissait pas sa manière de la regarder et de lui parler.« Elle a l'air de t'aimer d'un amour fou, je n'ai rarement vu une femme regarder un homme comme cela, ça m'a fait sentir coupable j'imagine. Je me suis énervée contre toi l'autre fois, mais j'étais aussi énervée contre moi-même dans le fond, même si ma colère n'était déversée que sur toi. »Mis à part si l'on considérait ses bourrages de gueule comme une punition infligée à elle-même.« Je n'ai pas envie d'être ce genre de femme, responsable du malheur d'une autre. Je fais mon métier parce que j'aime voir les gens s'épanouir, s'amuser, s'aimer, s'unir, en te fréquentant j'ai l'impression de faire tout l'inverse... même si à toi je te fais du bien, j'ai peur que cela ne soit pas suffisant. J'en ai gros sur la conscience, Julian. » Elle retira ses mains, déposa ses coudes à leurs places et tenu son visage dans ses mains. « Mais... mais qu'est-ce que j'aimais être avec toi. »Sa voix était tremblotante, elle sentait les larmes monter. « J'en veux à l'univers tout entier de ne pas nous avoir rassemblé avant, bien avant. »
Julian parlait depuis deux ou trois minutes, peut-être un peu plus même. C’était un véritable monologue, dans lequel il se livrait tout en essayant de donner à Madison les explications qu’elle attendait – et méritait. Il n’avait absolument rien préparé, puisqu’il ne s’attendait pas à la croiser ici et encore moins à ce qu’elle lui laisse la chance de s’expliquer. Alors il prenait son temps, pour bien trouver ses mots, pour bien décrire ce qu’il avait ressenti et pensé. Son discours était parfois maladroit, mais il était sincère. Il n’essayait même pas d’enjoliver les choses ou quoi, il savait pertinemment qu’il était pleinement fautif et il avait décidé d’assumer à cent pour cent. Il devait arrêter de fuir, que ce soit ses problèmes ou ses responsabilités. Depuis toujours, il criait haut et fort qu’il voulait qu’on le traite comme un adulte et non pas comme le dernier de la fratrie, qu’il en avait marre d’être dans l’ombre de ses frères et sœurs ou de ses parents. Mais ses actes n’avaient jamais suivi ses paroles. Il s’était toujours réfugié derrière Sean, derrière Milena, derrière leur père. Au moindre souci, au moindre obstacle, il baissait les bras et attendait qu’on le tire d’ici. Il était enfin temps de grandir, de devenir un adulte, d’être celui qu’il voulait être. Et cela commençait aujourd’hui, avec Madison. Il ne l’avait pas épargnée ces dernières semaines, que ce soit par son comportement ou les paroles qu’il avait prononcées. Mais il essayait de rectifier le tir désormais. Il ne pensait pas qu’elle lui pardonnerait, ni même qu’ils repartiraient de zéro. Non, il n’y avait aucune chance pour que ce soit le cas. Mais l’anglaise méritait de savoir, de comprendre, pour pouvoir avancer. C’était plus pour elle que pour lui qu’il faisait ça, pour qu’elle cesse de se questionner et qu’elle continue de vivre. Elle lui avait pourtant dit qu’elle n’avait jamais eu de chance en amour, et malheureusement il n’avait fait que se rajouter à sa liste de déceptions. Il s’en voulait de la rendre malheureuse, de n’être qu’une nouvelle désillusion, de ne pas avoir été meilleur que les autres. L’organisatrice le laissa parler sans l’interrompre, bien qu’elle fronça des sourcils à certains moments elle ne fit aucune remarque et il l’en remercia intérieurement. Quand l’italien eut fini, elle poussa un soupire tout en baissant les yeux, alors que lui les relevait vers elle. Puis la brune lui fit part de son incompréhension, et des nouvelles questions qu’elle se posait désormais. La main de l’avocat se crispa quelques secondes autour de sa tasse de café, il s’en voulait de ne pas avoir été aussi clair qu’il le souhaitait. Alors il écouta les questions qu’elle lui posa, afin de pouvoir lui répondre du mieux possible. Leurs regards se croisèrent et ne se quittèrent pas. Il avait toujours aimé la couleur de ses yeux, entre le bleu et le vert. Ils étaient magnifiques, et il adorait s’y perdre. Mais il ne le pouvait plus, alors il détourna les yeux pour rester concentré sur ce qu’elle lui demandait. Encore une fois, il fut agréablement surpris par la capacité qu’elle avait d’analyser les choses correctement, de mettre le doigt là où il fallait, d’aller à l’essentiel. Depuis qu’il l’avait rencontrée, le brun avait été fasciné par l’esprit vif que possédait l’organisatrice. Il lui trouvait de nombreuses qualités, et très peu de défauts finalement. « Nous nous sommes connus à New-York, et nous y sommes restés un an. Ça s’est très bien passé. Puis nous avons déménagés à Sydney, et là tout a changé. Elle a changé, je te jure que je ne me fais pas de films. Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais depuis je n’ai plus été heureux… » Sa mâchoire se crispa, il n’aimait pas repenser à tout cela ni en parlait à Madison. Mais elle devait le croire, il avait vécu un calvaire ces dernières années en compagnie de Lauren. « Je crois que tu as raison. Comme d’habitude. » avoua-t-il dans un demi-sourire. « Elle a changé, elle a sûrement du voir que je m’éloignais. Mais j’ai changé aussi. Tu m’as changé. Je crois qu’avec toi, j’ai été heureux à nouveau… Et du coup, j’ai été plus conciliant avec elle, je n’avais plus envie de lui faire la guerre. Elle a du croire que je faisais des efforts, alors elle s’est mise à en faire… » Pendant qu’il parlait, l’avocat fixait le fond de sa tasse. Il n’était pas sûr de ce qu’il disait, mais c’était la seule explication possible au changement de comportement de Lauren. Avant de rencontrer Madison, il était imbuvable et dès que sa fiancée lui disait quelque chose il montait dans ses tours. Parce qu’il était malheureux, il avait l’impression d’être au bord du gouffre et il ne savait pas quoi faire. Mais Madison l’avait sorti de là, lui avait redonné le goût de vivre. Alors il s’était calmé avec Lauren, ne voulant plus perdre de temps ni d’énergie dans des disputes inutiles. Elle avait du penser qu’il faisait un pas dans sa direction, alors elle avait fait de même. Et au final ils s’étaient rapprochés, subtilement, imperceptiblement. Si elle savait qu’il l’avait trompée… « Je suis désolé. » lâcha-t-il une nouvelle fois. Il était désolé d’avoir tout gâché avec elle, et de s’être rapproché de Lauren en même temps qu’il passait du temps avec elle. Finalement, la brune décida de parler à son tour pour lui donner des explications. Il n’était pas certain qu’elle soit obligée de lui en donner, mais il la laissa poursuivre et l’écouta sans l’interrompre. « Ça va certainement te paraître stupide mais... j'ai eu comme un choc quand je t'ai vu à la télévision avec elle. Avant c'était la femme fantôme, sans visage, sans voix, ce n'était qu'un prénom, c'était comme si... comme si elle n'existait pas jusqu'au moment où l'émission télévisée me donna une gifle, littéralement. » L’italien hocha doucement de la tête tout en évitant de croiser le regard de Madison. Il n’avait jamais pris la peine de se mettre à sa place, de chercher à savoir ce que ça lui avait fait de les voir ensemble. Maintenant il le savait, et il s’en voulait de ne pas l’avoir prévenue avant. « Elle a l'air de t'aimer d'un amour fou, je n'ai rarement vu une femme regarder un homme comme cela, ça m'a fait sentir coupable j'imagine. Je me suis énervée contre toi l'autre fois, mais j'étais aussi énervée contre moi-même dans le fond, même si ma colère n'était déversée que sur toi. Je n'ai pas envie d'être ce genre de femme, responsable du malheur d'une autre. Je fais mon métier parce que j'aime voir les gens s'épanouir, s'amuser, s'aimer, s'unir, en te fréquentant j'ai l'impression de faire tout l'inverse... même si à toi je te fais du bien, j'ai peur que cela ne soit pas suffisant. J'en ai gros sur la conscience, Julian. » Il se mordit l’intérieur de la joue, peiné par tout ce que lui disait la jeune femme. Il ne pouvait que la comprendre, et décidément pas lui en vouloir. Au final, c’était quelqu’un de bien qui voyait sa conscience la rattraper et sa morale se rappeler à elle. Elle avait des valeurs, des principes, et il avait tout remis en cause. Et l’inverse était vraie aussi, jamais il n’aurait pensé être capable de tromper sa compagne. Et pourtant… Peut-être qu’au final, c’était bien mieux comme ça. Qu’ils ne se voient plus, que chacun vive sa vie de son côté. Ils n’étaient peut-être pas bons l’un pour l’autre. C’était ce qu’il pensait, jusqu’à ce que l’anglaise mette son visage dans ses mains. « Mais... mais qu'est-ce que j'aimais être avec toi. J'en veux à l'univers tout entier de ne pas nous avoir rassemblés avant, bien avant. » L’avocat releva les yeux vers Madison. Sa voix tremblait, ses yeux brillaient. Il resta quelques secondes interdit, ne sachant pas quoi dire ni quoi faire. Il déglutit, sa lèvre inférieure tremblotant légèrement. Elle avait raison, c’était injuste. Il se permit de se pencher en avant, de venir poser sa main sur le bras de la jeune femme. Leur relation n’avait pas été que sexuelle. Il avait appris à la connaître, et à l’apprécier pour qui elle était. Au fond, il aimait la personne qu’elle était, et il savait qu’il ressentait des choses pour elle. Des choses qu’il n’avait jamais ressenties pour aucune autre femme. Mais elle arrivait trop tard dans sa vie, à un moment où il allait s’unir à un autre pour toujours. « Moi aussi. » dit-il tristement. Il en voulait à l’univers tout entier, mais surtout à ses parents. Et à lui aussi. Julian se rendit alors compte à quel point il était attaché à Madison, elle qu’il ne connaissait que depuis quelques mois. Il comprit alors que contrairement à ce qu’il avait toujours pensé, le temps ne le ferait pas tomber amoureux de Lauren. Il ne l’aimerait probablement jamais, car ils n’étaient tout simplement pas faits pour être ensemble. « J’en ai tellement marre… » pensa-t-il à haute voix. Il n’en pouvait plus, de faire ce que les autres voulaient qu’il fasse, de ne jamais penser à lui, de devoir faire sa vie avec une femme dont il ne voulait pas. Leur relation avait beau s’être améliorée, cela restait cordiale. Il n’explosait pas de joie avec Lauren, ne sentait pas son cœur battre à tout rompre, ne se voyait pas dans dix ans à ses côtés. Il devait prendre le contrôle de sa vie, faire ses propres choix. « Je ne peux pas épouser Lauren. » C’était dit, et c’était une évidence à présent. « Je ne peux pas l’épouser parce que mes parents le veulent, ou parce qu’elle m’aime. Je dois penser à moi, à ce que je veux, à ce que je ressens... » Il fixa Madison, véritablement troublé. Il était à la fois perdu et pourtant il n’avait jamais été aussi sûr de ce qu’il souhaitait. « C’est toi que je veux, c’est toi qui me rends heureux. »
« Mistakes are always forgivable, if one has the courage to admit them. »
Sa relation avec sa fiancée était loin d'être leur sujet favori, ce qui était normal mais le fait d'en parler aussi peu avait laissé pas mal de zones d'ombres pour Madison. La fois où ils en avaient le plus parler c'était lors de leur premier dépassement de la ligne rouge, quand ils partageaient un bain, il s'était montré récalcitrant à l'idée d'en parler, mais elle avait fini par réussir à lui soutirer quelques mots à son sujet. L'organisatrice d'événementiel se souvenait parfaitement de tout ce qu'ils avaient pu échanger lors de ce mémorable jour, c'est pour cela qu'elle était encore plus troublée à présent, ses nouvelles paroles lui laissaient comprendre qu'au tout début il était heureux avec elle, que cela n'avait pas commencé chaotiquement, qu'il avait réussi à être épanoui avec elle au final. Cela lui faisait peur parce que cela voulait dire qu'ils étaient capable de vivre ensemble avec un minimum d'harmonie, que contre toute attente ils pouvaient être ensemble sans que cela ne soit un calvaire et qu'elle pouvait être l'élément déclencheur, celui qui les réconciliait. La voilà de nouveau plongée en pleine cogitation, et si elle avait procédé autrement ? Et si elle lui avait résisté, l'avait laissé malheureux ? Son couple se serait peut-être détériorée au point de se briser de lui-même sans intervention extérieure, peut-être qu'il serait célibataire à l'heure actuelle. Elle n'en savait trop rien, ne sachant pas vraiment s'il était capable de prendre des décisions de lui-même, elle n'en avait pas l'impression, tout d'abord parce qu'il semblait être dans le droit parce que sa famille baignait dedans, parce que sa relation avait été choisie par ses parents mais aussi parce que c'était elle qui avait enclenché cette liaison extraconjugale. Il lui disait qu'elle avait raison comme d'habitude, mais avoir toujours raison ne lui apportait rien parce que cela ne résolvait pas ses problèmes, et encore moins leurs problèmes du moins pas pour l'instant. « Je... je ne sais pas comment je dois le prendre. Si je dois être contente de t'avoir apaisé ou si je dois m'en mordre les doigts parce que j'ai arrangé les choses entre elle et toi malgré moi. »Madison se rendait compte qu'elle était paradoxale, elle voulait avant tout le bonheur des gens et là elle était à la limite de lui dire qu'elle aurait préféré qu'ils soient malheureux, qu'ils continuent de s'en mettre plein la tronche pour mieux le récupérer. Elle était tout simplement humaine en laissant surgir de l'égoïsme, elle montrait qu'elle n'était pas parfaite. La brunette s'épancha à son tour, n'aimant pas que les efforts soient à sens unique elle se sentait quelque peu obligée de le faire. Il se montra silencieux tout le long, mais son visage n'était pas neutre, elle voyait bien qu'entendre tout ça ne faisait que de le chagriner un peu plus, mais elle alla quand même jusqu'au bout de sa pensée, elle finit par lui dire quelque chose qu'elle n'avait pas prévu de lui dire, elle s'était laissée emportée par l'émotion.
La jeune femme s'attendait à ce que l'éternelle ritournelle revienne, qu'il lui réponde qu'eux deux c'était impossible, qu'ils allaient devoir s'y faire, que bientôt il serait un homme marié, mais il lui dit qu'il ressentait la même chose qu'elle, qu'il en avait marre, qu'il ne pouvait pas épouser Lauren. Elle n'y croyait pas, elle avait l'impression que son cerveau déformait la réalité pour la lui rendre plus agréable comme si elle subissait subitement l'effet d'une drogue hallucinogène. Il ajouta que c'était elle qu'il voulait, que c'était elle qui le rendait heureux, mais cela ne la faisait pas exploser de joie pour autant, pour la simple et bonne raison que ce n'était que des paroles et non des actes et que rien ne valait des actes. « Mais... qu'est-ce que tu vas faire ? » C'était bien beau de lui dire ça mais s'il ne se bougeait pas derrière cela ne servait à rien. Leur destin était entre ses mains et rien qu'entre les siennes, cela la frustrait toujours grandement. Elle le fixait avec ses grands yeux alors qu'il était encore penché en avant à lui toucher le bras. La jeune femme déposa sa main sur la sienne. « Tu ne peux pas lui dire du jour au lendemain que tu la quittes, surtout quand les choses s'améliorent entre vous, elle va se douter de quelque chose. » L'organisatrice d'événementiel gardait ses pieds bien ancrées dans la terre, sachant à quoi ses rêveries la menaient à chaque fois.« Elle pourrait mener son enquête et tomber sur moi... » L'idée qu'elle puisse la ruiner l'effrayait plus qu'il ne pouvait se l'imaginer. « Écoute je pense que tous les deux nous nous laissons aller, que nous laissons nos émotions prendre le dessus mais il faut que l'on pense d'une manière plus rationnelle. Je ne veux pas qu'on prenne une décision à la va vite et qu'on le regrette le lendemain. » C'était surtout lui qui risquait de le regretter, de payer le prix le plus fort, elle ne voulait pas qu'il soit amené à la détester parce qu'elle l'aurait poussé à prendre une décision trop précipitamment, sans peser le pour et le contre.« Je veux que l'on parte chacun de notre côté, qu'on ne se voit pas durant quelques jours pour pouvoir réfléchir correctement, pour ne pas être influencé par quoique ce soit... une fois qu'on aura tous les deux mûrement réfléchi on se retrouvera d'accord ? On choisira une bonne fois pour toutes ce que l'on doit faire. »Même si cela impliquait qu'ils soient encore séparés, elle pensait que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire, de plus sage. Peut-être qu'elle regrettera ses termes plus tard, mais certainement pas plus que si elle l'avait laissé partir en besogne. « Après ce qu'on a pu vivre je pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire... ne reproduisons pas les mêmes erreurs, je ne veux pas que ça se termine en bain de sang, je ne veux plus qu'on se dispute comme ça, plus jamais. »
« Je... je ne sais pas comment je dois le prendre. Si je dois être contente de t'avoir apaisé ou si je dois m'en mordre les doigts parce que j'ai arrangé les choses entre elle et toi malgré moi. » Julian se rendit compte de son erreur et se gifla intérieurement. A trop vouloir en dire, à trop vouloir être sincère, il en avait trop fait. Il ne voulait pas que Madison pense que c’était de sa faute à elle si ça n’a pas marché ou s’il s’était réconcilié avec Lauren. Non ce n’était pas ça, absolument pas ! C’est juste qu’elle lui avait permis de respirer à nouveau, de vivre. Elle l’avait détourné de ses soucis quotidiens, de sa vie qui ne le rendait plus heureux. Elle l’avait apaisé et bien plus que ça. Il avait eu l’impression d’être un adolescent parfois avec elle, flirtant pour la toute première fois de sa vie. Ou encore d’être un aventurier, quand ils s’étaient enfuis ensemble et s’appelaient par d’autres prénoms. Elle lui avait offert la possibilité de croire au bonheur, qu’il connaîtrait des jours meilleurs. L’anglaise n’avait rien fait de mal, absolument rien. C’est lui qui avait tout gâché. Parce qu’il n’avait pas cru en lui, pas cru en elle, ni en eux. Il n’avait jamais osé pouvoir quitter Lauren pour vivre sa vie. Il n’avait pas vu en Madison autre chose qu’une maîtresse. Depuis le début, depuis le jour où leurs regards s’étaient croisés dans le bureau de la jeune femme et qu’il l’avait choisie pour organiser son mariage, il savait que rien ne pourrait durer entre eux. Que cela ne durerait que quelques semaines, peut-être des mois. Pas qu’il avait imaginé qu’il puisse se passer tout ce qu’il s’était passé, ça aurait pu ne rester qu’un simple flirt. Mais elle avait brisé ses réticences les unes après les autres, lui donnant toujours envie de plus sans qu’il ne le croit vraiment. Et finalement, il s’était servi de son bonheur retrouvé pour recoller les morceaux avec sa fiancée. Il avait été lâche et manipulateur, comme toujours. Madison avait été une échappatoire, lui permettant de fuir sa vie conjugale merdique. En aucun cas elle ne devait se sentir responsable, c’était lui l’unique responsable. Car il n’avait pas vu plus loin, tout simplement. Il aurait aimé lui dire tout ça pour la rassurer mais aucun son ne sortit de sa bouche. Tout restait coincé dans sa gorge, il ne pouvait strictement rien dire. Il se contenta de baisser légèrement la tête, frustré d’être si impuissant. Jusqu’à ce que la brune reprenne la parole, pour évoquer un regret. Un simple et unique regret qui servit de déclic dans l’esprit de l’avocat. Comme si elle venait de trouver la clé permettant de libérer toutes les envies qu’il avait enfouies, tous les sentiments qu’il réprimait. A présent, tout était clair. Il s’était trompé sur toute la ligne, depuis le début. Il existait un autre chemin, une autre possibilité, un autre choix. Celui de prendre sa vie en main, de devenir le Julian Grimes qu’il voulait être, de ne plus rester dans l’ombre de sa famille. Il n’était pas obligé d’épouser Lauren, il pouvait rompre leurs fiançailles et choisir la femme qui lui plaisait réellement : Madison. Peut-être que c’était utopique, avec tout ce qu’il s’était passé la dernière fois. Mais il devait au moins essayer, pour une fois se battre pour elle après tout ce qu’elle avait fait pour lui. Elle le méritait. Une fois qu’il lui eut dit tout ce qu’il pensait réellement – c’est-à-dire qu’il la voulait elle, il put lire la surprise dans ses yeux. Elle ne devait pas s’y attendre, sûrement pas à cet instant en tout cas. « Je… » Qu’est-ce qu’il allait faire ? Elle avait le don de lui poser des questions qui le ramenait à la réalité en quelques secondes. Elle allait tout de suite au fond des choses, c’est ce qui lui plaisait chez elle. « Je vais commencer par lui parler, je pense. » répondit-il naïvement. L’organisatrice déposa sa main sur la sienne et le brun la regarda quelques instants, savourant ce geste banal mais qu’il avait cru ne plus jamais recevoir. Mais Madison reprit la parole pour lui expliquer que ça n’avait pas de sens, que cela ferait souffrir Lauren en plus de lui mettre la puce à l’oreille. Elle avait peur des représailles, ce qu’il pouvait aisément comprendre. Une polémique serait fatale pour elle et sa clientèle. « Je ne peux pas non plus simuler de fausses disputes, je préfère jouer la carte de la sincérité. » Il expliquerait à Lauren que malgré leur rapprochement depuis un certain temps, tout cela n’était qu’une illusion. Cela ne pouvait pas effacer les horribles années qu’ils venaient de vivre, et encore moins le fait qu’il ne l’aimait pas et ne l’aimerait jamais. Elle finirait par comprendre que c’est aussi dans son intérêt à elle. En la quittant, il lui laisserait la chance de rencontrer un homme qui saurait l’aimer. « Je suis d’accord pour qu’on s’éloigne quelques jours Madison, mais je vais la quitter. Je ne reviendrai pas dessus. » dit-il fermement. « Je ne le fais pas que pour toi, mais pour moi aussi. Durant ces dernières années, je n’ai été heureux qu’avec toi durant ces derniers mois. Je pense que c’est assez pour comprendre qu’elle n’est pas la femme avec qui je veux passer ma vie. Et… » Il inspira pour prendre du courage. « Je suis prêt à me mettre ma famille à dos. Même si je pense que Sean et Milena finiront par comprendre, comme ma mère. Le plus difficile à convaincre sera mon père… mais ils sauront lui faire entendre raison. Et sinon tant pis, je n’ai pas besoin de lui. » finit-il assez durement. Il n’avait jamais eu une relation fantastique avec son père, alors bon. A presque 30 ans, il ne devait plus craindre son père. Les dernières paroles de l’anglaise le touchèrent profondément, et il serra sa main dans la sienne en ne la quittant pas des yeux. « Ca ne se reproduira plus. Je te le promets. » Il n’avait jamais autant souffert qu’après avoir quitté son appartement la dernière fois, il ne voulait plus revivre ça un jour. Il avait envie de se pencher par-dessus la table pour embrasser la brune mais il ne savait pas s’il pouvait, sûrement que non. C’était peut-être encore trop tôt, même pour lui après tout. Il finit par lâcher sa main, à contrecœur. « Je vais y aller alors… On se revoit dans quelques jours ? » demanda-t-il, comme pour être sûr qu’il ne se tournait pas des films. Il avait vraiment cru la perdre pour toujours. Une fois qu'elle lui répondit positivement, il se leva et planta son regard dans le sien. « Prends soin de toi... A bientôt. » la salua-t-il un peu maladroitement, n'ayant pas l'habitude d'être distant avec elle. Et puis finalement, il se mit à marcher pour sortir du café et rentrer chez lui. Peut-être qu'il ne parlerait pas le soir même à Lauren, ni même le lendemain. Mais cela ne saurait tarder, car cette fois il avait lui-même pris une décision dans sa vie.