you're injured ≈ kaleb

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Sortie de l'hôpital. Elle était sortie de l'hôpital. A dire vrai, elle pensait qu'elle y resterait beaucoup de temps. Un mois. Peut-être deux. Son hospitalisation avait duré, à dire vrai, seulement quelques jours. Huit jours, pour être précise. Et elle était plutôt contente d'avoir pu quitter l'hôpital bien plus tôt qu'elle ne l'aurait cru à dire vrai. Ca ne l'empêcherait pas pour autant de faire un procès à l'hosto pour l'énorme connerie qu'ils avaient fait. Enfin, ça, elle réfléchissait à cela. Et elle n'était pas certaine qu'elle ferait quoi que ce soit à ce sujet. Peut-être qu'elle laisserait les choses se faire, tranquillement, et qu'elle tournerait cette page. Elle avait besoin ... Oui, elle avait besoin de ne pas penser à tout cela. Elle avait besoin de penser à autre chose maintenant. De ne plus penser à tout cela. Elle avait besoin. De se libérer l'esprit. De tourner la page. Nathan avait eu raison au final. Elle avait flippé pour un rien. Seulement, ça voulait pas dire pour autant que tout était terminé. Elle devait y retourner. Pas pour un séjour. Mais elle devait récupérer tout un tas de paperasses qu'ils ne lui avaient pas donné à sa sortie. En même temps, Eireen n'avait pas cherché à prendre le tout tout de suite. Non, elle avait préféré s'en aller, sans demander son reste. Pour sûr. "Tu y vas cet aprèm ?" lui avait demandé Jasmine, sa cousine, alors qu'elles étaient en train de terminer leur déjeuner. "Ouais. Et après, j'espère bien que j'vais clore définitivement ce chapitre de ma vie et que j'aurais plus jamais à remettre les pieds là-bas." Ouais, elle espérait. Après, elle pouvait se casser une jambe et se retrouver à l'hosto. Mais bon, moins elle y passait, mieux elle se portait à dire vrai. "Si tu bosses pas ce soir, on pourrait faire un tour si tu veux." Sa cousine s'était contentée d'hausser les épaules. "Choses de prévue. Mais si ça s'annule, je pense à toi." Eireen termina son soda. "Bon, faut que j'y aille. J'passe voir Ju' rapidement et après, j'y go." Et hop, Eireen avait filé. Pourquoi voir Ju' ? Fallait dire qu'elle l'avait carrément oublié ces derniers temps à cause de son hospitalisation et tout ce qui s'en était suivi. Alors oui, il était au courant qu'elle voulait bien s'associer avec lui mais ils avaient mis ça un peu en stand-by. Le temps que ça aille mieux. Alors, quoi de mieux que d'aller le voir rapidement pour lui dire que tout était ok, que ça allait bien, et qu'ils allaient enfin travailler ensemble. Elle resta quoi ? Peut-être bien une bonne heure à papoter avec lui. Avant de finalement se rendre à l'hôpital. "Bon, c'est bon maintenant. Vous avez tout ? Vous allez pas me demander de revenir parce que vous avez oublié un truc ?" Ouais, ils n'en menaient pas large. Elle pouvait bien les emmerder un peu. Et tandis qu'elle récupérait toute sa paperasse, Eireen en vint à entendre des petites choses qui ne lui plaisaient guère. "Oui, apparemment, il était sur un circuit et il s'est méchamment mangé." L'air de rien, Eireen écoutait. Histoire ... de savoir de quoi les infirmières pensaient. "C'est le gars qui avait déjà eu un gros accident, non ?" Est-ce qu'elles ... étaient en train de parler de Kaleb ? Non. Pas possible. "Oui, c'est bien lui. Il était dans la presse y'a pas si longtemps que cela." Eireen avala sa salive. Kaleb ? A l'hosto ? Elle avait été odieuse avec lui la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Ca faisait quoi ? Trois semaines ? Ouais, à peu près. Eireen regarda l'infirmière qui venait de se charger de lui donner ses papiers. "Kaleb Mays est dans quelle chambre ?" L'infirmière n'avait guère envie de lui répondre. "Si vous vous me rendez ce service, vous vous évitez à vous et tout l'hôpital un méchant procès pour bavure médicale." Ouais, pas vraiment fière de faire ça mais bon. Elle se pointa, finalement, devant la chambre de Kaleb. Elle ne savait pas trop s'il avait envie de la voir vue comment elle avait réagi l'autre jour. Mais dans le fond, elle avait préféré l'éloigner. Dans le cas où ... dans le cas où elle aurait passé l'arme à gauche. Et sa meilleure défense, ça avait été de le faire souffrir. Pas top, certes, mais elle n'avait trouvé que cela pour le coup. Eireen prit une lente inspiration. Et elle frappa. Deux coups. Avant de rentrer dans la chambre. Il semblait inconscient. Ou peut-être qu'il dormait juste. Elle n'en savait rien. Elle s'était approchée. Histoire de constater les dégâts. Voir s'il allait bien. Ou si c'était grave. Ca lui faisait froid dans le dos. Elle aimait pas les hôpitaux. Et elle les aimerait encore moins après ça. "J'suis désolée ..." Pas certaine qu'il l'entendait. Enfin, s'il dormait juste ou s'il se reposait juste les yeux, oui, peut-être qu'il l'avait entendue. Mais si c'était plus grave ...

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feat. Eireen & Kaleb

Les entraînements avaient doublés en intensité. Depuis que le championnat moto s'était terminé, Kaleb avait retrouvé son équipe au complet. Cette dernière avait posé ses quartiers à Brisbane. Le pilote avait pris ses habitudes sur le circuit de Castle Park et il ne voulait pas en changer afin de ne pas à avoir à réadapter sa conduite à d'autres tracés. Pour l'instant, il avait besoin de retrouver son meilleur niveau. Ce qu'il essayait de faire sans cesse ces dernières semaines. Il n'appréhendait plus du tout sa moto. Il avait repris une conduite totalement sereine face à l'engin. Seuls les réglages de ce dernier mettaient parfois sa patience a rude épreuve. Non seulement, il devait retrouver son temps record d'avant son accident, mais il devait le faire sur une nouvelle moto. Certes, une moto qu'il avait depuis septembre mais avec laquelle il avait encore du mal. Ou alors, peut-être était-ce parce que cela faisait pas mal de temps qu'il n'avait pas participé à une véritable course. D'ailleurs, il avait demandé à Astrée de lui mettre des courses d'exhibition. Cela ne pourrait pas lui faire de mal. Et puis c'était mieux que de s’entraîner seul ou avec les poulains de la team. Cela faisait du bien à Kaleb d'avoir son équipe au complet à ses côtés. Celui lui donnait envie de se dépasser et de bosser encore plus pour faire les meilleurs temps. Seulement, il devait encore s'adapter à la moto. Celle-ci avait des réglages complètement différents de la sienne. Sa moto. Celle qui était encore à moitié réparé dans le garage de sa villa. Les soirs quand il ne sortait pas, il passait des heures au sous-sol pour la réparer. Il avait toutes les pièces. Et c'était un long travail. Seulement, Kaleb ne voulait pas l'abandonner. Cette moto lui avait gagner pas mal de courses et il ne pouvait pas s'en séparer. Même s'il n'en restait que l'arrière. Enfin, pour l'instant, il devait piloter une autre bécane. Kaleb commençait seulement à l'apprivoiser. Il apprenait à connaître les signes annonceurs de défaillances. Il arrivait parfois à la contrôler quand elle patinait, quand elle devenait difficile à tenir. Il faut dire que l'australien ne la ménageait pas. Il en venait à frôler ses meilleurs chrono. C'était des sensations agréables. Sentir qu'il était encore capable de tenir cette cadence. Seulement, son équipe le freinait un peu. Parce que Kaleb avait parfois un pilotage très limite pour obtenir ces chrono. L'équipe voulait qu'il se consacre d'abords aux réglages de la machine. Sauf que Kaleb voyait les choses autrement. Comment se poser sur sa moto et se contentait de faire des tours, sans le moindre enjeu ? Sans le moindre défis ? Ce n'était pas vraiment lui. Alors parfois, il appuyait sur la poignée des gaz. Il en avait besoin. C'était ça, sa passion. Depuis son accident, il retrouvait le plaisir de côtoyer son meilleur niveau, d'oublier presque ce qui s'était passé à Valence. Et cela ne lui était pas arrivé depuis des mois. Mais cette fois-ci, la machine refusa de lui obéir et après une entrée en ligne droite, bien trop serrée, la moto déstabilisa Kaleb. Lancé à près de trois cent kilomètre heure, le pilote passa au dessus de la moto qui quitta la piste en faisant plusieurs tonneaux, tandis que l'australien retombait lourdement sur le bitume avant de glisser sur le gravier tout proche et de percuter les rails de sécurité. Il resta inconscient quelques secondes avant d'ouvrir les yeux et de sentir une vive douleur à son épaule. Il se releva avec peine alors qu'une voiture de sécurité ainsi qu'une ambulance venaient vers lui. Il avait le côté droit très douloureux et sa main droite le lançait. Il jeta un œil à sa moto qui avait la moitié de son carénage endommagé ainsi que le guidon et la roue arrière. C'était la première moto qu'il bousillait depuis la reprise de son entraînement.

A l'hôpital, Kaleb fut prit en charge rapidement. On lui diagnostiqua une double fracture de la clavicule droite ainsi qu'une fracture de la main gauche. Il était prévu qu'il soit opéré le lendemain matin pour lui remettre des broches. En effet, ce n'était pas la première fois qu'il se fracturait l'épaule. C'était même la troisième fois. Quant à sa main, elle avait déjà été cassé cinq fois. Le pilote fut donc hospitalisé. Il avait quelques contusions ici et là, mais rien de méchant. Avec le crash de sa moto et ce qu'il en résultait, il devait se trouver chanceux de n'être pas davantage blessé. Et il l'était. Sauf que là, sur son lit d'hôpital, une atèle à son bras, un pansement sur son épaule, un plâtre à sa main et une grosse contusion au niveau des doigts, Kaleb avait du mal à apprécier cette nuance. Il se retrouvait à nouveau, au repos forcé pour au moins quinze jours. Ce qui réjouissait sa mère, après une grosse frayeur, qui savait qu'à présent, son fils pourrait passer les fêtes de fin d'année, sereinement... C'était vite dit. Kaleb était donc entrain de se reposer quand il entendit du bruit dans sa chambre. Les yeux fermés, il profitait de la morphine qui lui était administré en intraveineuse pour soulager la douleur à son épaule. Il gardait les yeux fermés, essayant de dormir. Ce qu'il n'arrivait pas à faire. Il avait eu la visite de son équipe et cela l'avait quelque peu remué. Il avait foiré son entraînement. Même si finalement, il n'y avait que des dommages légers. Pour Kaleb cela voulait dire plus de moto avant l'année prochaine. Il en était là dans ses pensées quand il entendit une fois familière à son oreille. Il garda les yeux fermés, restant un instant silencieux. Il était étonné d'entendre ces mots et encore plus de savoir Eireen dans sa chambre d'hôpital. Depuis leur dernière conversation, ils ne s'étaient pas revus. Le pilote finit par ouvrir les yeux avec difficulté. Il pensait au début que c'était la morphine qui lui jouait des tours. Mais non, la jeune femme était bien là, à côté de son lit. « Désolée pour quoi ? » Demandait-il, la voix enrouée.

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Elle aurait pu ... Elle aurait pu passer son chemin. Elle aurait pu entendre l'information et s'en aller. Se disant que ... Et bien, que Kaleb n'avait pas besoin d'elle. Après tout, c'était elle ... Elle qui avait volontairement voulu qu'il s'éloigne. Lui comme tant d'autres à dire vrai. Mais maintenant qu'elle n'était plus à l'hôpital, maintenant qu'elle n'avait plus à penser à tout cela, et bien oui ... Maintenant, elle reprenait contact, petit à petit, avec ceux qui lui tenaient à coeur. Et Kaleb ... Et bien, Kaleb était une de ses personnes. Même si elle ne savait pas comment il allait réagir. Est-ce qu'il serait content de la voir ? Ou bien est-ce qu'il allait la repousser comme elle avait pu le faire avec lui ? Honnêtement, Eireen n'en savait rien. Mais elle voulait en avoir le coeur net. Voilà pourquoi elle avait fait du chantage à l'infirmière. Elle savait très bien que ce n'était pas bien. Mais bon, c'était la seule manière, la seule façon d'avoir le numéro de sa chambre. Et c'était la seule manière qu'elle avait eu pour pouvoir rentrer en contact avec lui. Peut-être qu'elle allait se manger. Peut-être qu'il allait la renvoyer d'un revers de la main. Ca serait mérité à dire vrai. Et elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même. Alors, elle verrait bien. S'il voulait qu'elle sorte de sa vie, définitivement, elle le ferait. Ca serait dur. Mais elle le ferait. Enfin, pour le moment, elle était inquiète. Parce qu'elle ne savait pas ce qu'elle allait trouver derrière la porte. Elle ne savait pas si elle le verrait branché à plein d'appareils pour l'aider à vivre. Elle ne savait pas si c'était grave. Ou si ses blessures étaient superficielles. Et si c'était la blessure de trop ? Et s'il se retrouvait coincé à l'hôpital pour toujours ? Ou dans un fauteuil roulant ? Ou s'il s'était tellement foutu en l'air qu'il ne remonterait jamais sur une moto ? Eireen essayait de ne pas penser à cela. Non. Elle essayait ... de relativiser les choses. De se dire que Kaleb allait bien. Qu'il irait bien. Que ce n'était pas grave. Mais quand elle avait frappé à la porte, rien. Aucune réponse. Peut-être qu'il dormait. Ou alors, il était shooté à la morphine. Ou c'était plus grave. Ou il voulait pas répondre, tout simplement. Eireen appréhendait. Qu'il aurait-il derrière la porte ? Après avoir pris une lente inspiration, elle tourna la poignée. Et s'engouffra dans la salle. Kaleb dormait. Ou était inconscient. Elle ne savait pas. Elle voyait juste qu'il avait les yeux fermés. Elle s'était rapprochée de lui. Elle ne s'était pas assise. Parce que ... Et bien, parce qu'elle ne savait pas si elle allait rester. Le voir dans ce lit ... C'était difficile. Alors, elle avait eu quelques mots. Elle n'aurait pas pensé qu'il était réveillé, en fait, et qu'il avait tout écouté. Et bien évidemment, il ne tarda pas à lui poser la question. A savoir de quoi elle était désolée. "De beaucoup de choses." répondit-elle du tac-o-tac. "J'étais ... j'étais en train de récupérer des papiers suite à mon hospitalisation ... quand j'ai entendu des harpies parler ... d'un type qui était tombé à moto. Et il fallait ... que ... Et bien ... que j'en ai le coeur net." Qu'elle sache si c'était bien lui. Qu'elle sache s'il était blessé. Et à quel degré. "Mais ... j'suis peut-être pas ... la personne que tu aimerais voir ... Surtout ... après ce que j'ai pu dire l'autre jour." Ouais. Elle avait pas été sympa. Mais alors, pas du tout.

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feat. Eireen & Kaleb

Se trouver dans ce lit d'hôpital lui rappelait de mauvais souvenirs. La dernière fois qu'il avait occupé un lit médicalisé, c'était après Valence. Il avait morflé, passant des jours et des jours sans pouvoir bouger, sans en être capable à vrai dire. Et forcément, il n'aimait pas se trouver ici. Bien qu'il était conscient qu'il était suivi par de très bons médecins qui lui avaient permis de reprendre un peu plus vite ses entraînements. Kaleb avait beaucoup de respect pour tout ce personnel médical. Ici comme à Valence. Professionnels qui lui avaient sauvé la vie à plusieurs reprises. Alors encore une fois, il leur faisait confiance. Les médecins étaient les mieux placés pour savoir ce qui était bien ou non pour lui. Et puis, il était également suivi par ses propres médecins. Des chirurgiens du sport habitués à certaines blessures et qui savaient très bien comment les aborder. Malgré tout, cela ne rendait pas les choses plus simples. Ici, il ne pouvait pas avoir toutes les visites qu'il voulait. C'était surveillé. Et il n'avait qu'une hâte, pouvoir sortir. Seulement ce n'était pas pour l'instant. Avec cette nouvelle fracture de la clavicule, il en avait jusqu'à la fin de semaine. Il prenait donc son mal en patience. Et heureusement qu'il y avait les anti-douleurs pour lui faire oublier que la broche qui maintenant l'os de sa clavicule, s'était tordu sous l'impact et avait rompu un autre os dans la foulée. Cela n'avait rien de joyeux. Et Kaleb essayait d'y faire abstraction en essayant de dormir un peu. Sauf qu'une visite imprévue perturba ses plans.

Il avait donc posé ses yeux bleus sur Eireen. Quand elle prit la parole, il passait une mai sur ses yeux pour tenter de se réveiller un peu. Encore cette histoire d'hospitalisation. Kaleb ne savait même pas ce qui s'était réellement passé. Bien sûr, il avait pris des nouvelles d'Eireen via Dylan. Mais cette dernière lui avait seulement dit qu'elle n'était pas à l'hôpital. Alors le pilote n'avait pas trop compris ce qui s'était passé en fin de compte. Et il n'allait sûrement pas poser des questions à l'irlandaise. Parce qu'il se doutait qu'elle ne devait toujours pas être disposée à lui répondre. Alors il ne releva pas cette phrase. Il l'écoutait puis un mince sourire s'afficha sur ses lèvres, n'essayant pas trop de bouger parce que sa main était encore douloureuse. « Ça parle toujours à mon sujet, je te l'ai dis... » Même ici, on ne le lâchait pas. Il savait qu'on allait encore écrire sur lui, à cause de cet accident pendant son entraînement. Heureusement qu'il n'avait pas à supporter tout ça. Dans sa chambre, on le laissait encore un peu tranquille. « Et donc tu voulais voir les dégâts ? » Oui, pourquoi est-ce qu'elle était là ? Il ne le comprenait toujours pas. Elle avait pourtant été clair la dernière fois qu'ils s'étaient parlés. Même très clair sur le sujet. Kaleb n'avait pas été le bienvenu à ce moment-là. Puis aux derniers mots de la jeune femme, il ferma un peu les yeux avant de reprendre la parole et de la regarder de nouveau. « Je suis surtout surpris. La dernière fois, tu semblais ne plus avoir envie de me voir, alors pourquoi avoir changé d'avis ? » Ce n'était pas Kaleb qui l'avait repoussé. C'était elle, en le mettant quasiment dehors. Ce jour-là, ils s'étaient disputés sur ses aventures à Philipps Island. C'était la première dispute qu'ils avaient, depuis qu'ils se connaissaient. Kaleb s'était senti accusé injustement. Mais en même temps, il l'avait peut-être cherché. Enfin, il n'était pas en état pour repenser à tout ça. Ce qui était fait, était fait. Et il ne pouvait pas réparer ses erreurs. Et en même temps, il n'y avait rien à réparer.

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Il était là. Blessé. Elle ne savait pas trop ce qu'il avait. Elle ne savait pas vraiment quel était l'étendue des dégâts. Certes, il y avait des dégâts physiques. Mais peut-être des dégâts psychologiques également. Et ça, elle n'en savait rien. Eireen avait envie de lui poser tout un tas de questions. Seulement, avait-elle le droit d'être là ? Avait-elle le droit de l'interroger ? De lui poser tout un tas de questions ? Il y avait une question qu'elle ne lui poserait pas. Elle ne lui demanderait pas si ça allait ou non. Dans le sens où ... Et bien, dans le sens où elle savait que cette question était stupide. Elle avait détesté qu'on lui pose la question quand elle était à l'hôpital. C'était une question qui faisait mal au final. Une réponse qu'on ne voulait pas forcément évoquer. Alors, elle ne lui demanderait pas s'il allait bien. Parce qu'elle savait très bien, qu'au fond, il n'allait pas bien. Elle ne savait pas s'il était toujours attristé par rapport à leur dispute. Au fait qu'elle l'avait repoussé alors qu'elle aurait eu besoin de lui. Qu'elle était au plus mal à ce moment là. Elle avait été bornée. Elle regrettait. Mais elle ne pouvait pas revenir dessus à dire vrai. C'était trop tard maintenant. Et peut-être que c'était trop tard pour réparer. Peut-être que ... Elle n'en savait trop rien. Eireen ne savait pas si c'était une bonne idée qu'elle reste. Peut-être qu'elle ferait mieux de s'en aller. "Je sais que ça parle toujours à ton sujet. J'ai essayé de pas faire attention et de faire abstraction. Mais faut croire que j'y arrive pas." Non. Elle continuait à penser à lui. A se demander ce qu'il pouvait faire. "Quand j'me dis que c'est peut-être mieux pour toi que j'reste loin de toi ... y'a quand même quelque chose qui me ramène vers toi." Pour preuve. Puisqu'elle était là. Même si elle ne le voulait pas, elle tenait à lui. Que pouvait-elle faire ? Kaleb supposa qu'elle était là pour voir les dégâts. Elle se contenta d'un léger haussement des épaules. "Pour savoir ... Je sais pas vraiment pourquoi je suis là. J'ai entendu ... Et j'ai pas ... vraiment réfléchi. Et j'ai même menacé l'infirmière pour qu'elle me dise dans quelle chambre tu étais." Et maintenant, Eireen se disait que c'était peut-être la pire des conneries d'être venue. Peut-être qu'elle aurait mieux fait de le laisser tranquille. Il lui semblait froid. C'était ... soit l'accident. Soit il lui en voulait vraiment pour la dernière fois. Et elle irait pratiquement mettre sa main à couper que ... c'était à cause de la dernière fois. Alors, elle avait fini par s'asseoir sur le fauteuil qui avait à côté du lit. Non pas qu'elle n'avait pas envie de rester debout. Mais si elle devait lui dire de a à z pourquoi elle avait changé d'avis, ça allait être long. Très long. "La dernière fois ... J'étais ..." Elle pencha la tête légèrement sur le côté. "Ca a commencé avec cette histoire de presse. Y'aurait eu que ça, franchement, j'crois pas que ça m'aurait autant touché ... Mais ... voilà que trois jours après, après un léger malaise, on m'annonce que ma leucémie revient et qu'il faut absolument que j'me fasse hospitaliser pour faire des tests." Elle se rappelle encore de la conversation qu'elle avait pu avoir avec Shane. Et ensuite avec Leela. "Et j'l'ai mal senti ... Très mal. Et je crois qu'au fond, j'me suis dit que j'avais perdu cette bataille d'avance ... avant même de l'avoir mené." Très loin de la vérité, parce qu'elle s'était bien plantée. "J'suis restée une semaine à l'hôpital ... Pour qu'un connard finisse par me dire qu'en fait, y'avait eu un souci avec mes premiers examens et qu'ils s'étaient bien plantés au laboratoire." Quand elle avait appris ça ... Ouais, elle avait fait une scène. Une sacrée scène. "Et qu'en gros, ils avaient, par mégarde, échangé les résultats avec une autre personne et qu'ils étaient profondément désolés de m'avoir fait croire que j'étais malade alors que c'est pas le cas." Et voilà toute l'histoire. "Et si ... j'ai préféré m'éloigner de toi ... et de tout les autres ..." Elle roula un peu des yeux ... Parce que c'était pas la meilleure idée qu'elle avait pu avoir mais elle s'était que c'était sans doute mieux comme ça. "Parce que ... si elle était vraiment revenue ... et que ça m'aurait tuée ... ça aurait peut-être fait ... moins souffrir les autres." Elle était déprimée quand elle avait pris cette décision. Et il était vrai que sous la déprime, on ne prend pas toujours les meilleures décisions.

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feat. Eireen & Kaleb

Il essayait de faire un effort pour suivre la conversation. La morphine jouait sur son système et une somnolence l'invitait à rejoindre Morphée. Alors qu'il avait essayé pendant des minutes et des minutes de se reposer. Maintenant, qu'Eireen était dans sa chambre, il n'avait pas envie de dormir. Non. Parce qu'il avait peut-être besoin de réponses. Ou tout au moins d'une explication quant à sa façon d'agir la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Cela remontait à plusieurs jours, trois semaines, voire un peu plus. Il ne savait plus vraiment. Ce qu'il savait, c'est qu'il avait été déçu par ce dernier échange. Peut-être qu'il en avait voulu à Eireen pendant un bref instant. Mais à bien revoir la situation, les torts étaient partagés. Il fallait l'avouer. Kaleb avait apprécié tous les moments passés avec la jeune femme. A chaque fois un peu plus. Ce qui fait, qu'il lui avait fait souvent de la place dans son emploi du temps pourtant parfois très rempli. Parce qu'il avait envie de la voir. Parce qu'il avait envie de lui parler. Il avait parfois flirté avec elle. Il avait frôlé les limites. Parce que cela l'amusait. Mais aussi, pour être franc, parce que ça lui plaisait. Eireen lui plaisait. C'était quelque chose de nouveau pour lui. Il n'avait pas songé à garder ses distances. Et en même temps, cela aurait été très dur de le faire. Mais plus il passait du temps avec elle. Et plus elle venait perturber ces certitudes. Ce n'était pas bon. Pas bon pour lui, ni pour elle. Franchement, Kaleb n'avait jamais eu de petite amie. Enfin rien d'officiel. Ce genre de relation, il ne connaissait pas. Il ne savait pas ce qu'un petit-ami était censé faire lors de ces situations. Et puis, il passait sa vie sur les routes. Est-ce qu'il pourrait lui consacrer autant de temps à la fin de sa convalescence ? Quand il reprendra la route pour participer au championnat 2016 et à tous les grands-prix du calendrier ? Il n'était pas sûr de pouvoir le faire. Il n'était pas sûr d'être capable de le faire en fait. Et puis, il avait dit et redit à qui voulait à James, qu'il ne voulait pas de femme dans sa vie, de façon officielle. Il s'interdisait ce genre de relation, à cause de sa passion. Parce que sur une moto, il était du genre casse-cou. Avec les années, il avait appris à gérer les autres, à gérer sa course, mais pas sa course. Pour gagner, Kaleb prenait souvent des risques. Il avait déjà eu plusieurs accidents. Il n'avait pas envie qu'on le freine dans son métier. Qu'on lui demande d'être prudent. Parce qu'il se mettrai des freins et que sa conduite s'en ressentirai. Non, il n'avait pas envie de ça. Et il était persuadé que si les choses devenaient sérieuses avec la jeune femme, il allait devoir freiner sa fougue. Et ça, c'était difficile concrètement. Alors peut-être que l'irlandaise avait bien fait d'aborder le sujet avant que tout cela n'aille trop loin. Si cela n'était pas encore le cas. Eireen voulait une autre relation avec lui. Il avait fini par le comprendre. Mais il ne pouvait pas lui donner ce qu'elle voulait. La preuve, il s'était à nouveau blessé lors d'un entraînement. Il se retrouvait à l'hôpital.

Le pilote posa ses yeux sur Eireen quand celle-ci reprit la parole. A entendre ces paroles, ils étaient un peu comme deux aimants qui s'attiraient autant qu'ils se repoussaient. Ils avaient envie de passer du temps ensemble, mais en même temps, ils se repoussaient successivement pour ne pas réellement s'attacher. Bien que c'était devenu un peu plus compliqué ces derniers temps. Kaleb pensait pourtant, qu'elle en avait fini avec lui. Elle avait été très clair à ce sujet la dernière fois qu'ils s'étaient parlés. Alors il ne savait plus trop quoi penser de tout ça. Il fronça ensuite légèrement les sourcils quand elle expliqua qu'elle avait menacé une infirmière pour connaître le numéro de sa chambre. Il savait bien qu'elle avait du caractère mais là. Même si au fond, il était content de la voir, et surtout de voir qu'elle ne semblait plus aussi à cran que la dernière fois. Il écoutait la jeune femme. Le pilote avait besoin qu'elle s'explique. Sa leucémie était revenue ? Kaleb n'était pas étonné par ces mots. Quand elle avait parlé d'hospitalisation, il avait tout de suite pensé à ça. Défaitiste ? Non. Il savait que la jeune femme avait été malade par le passé. Et il savait également, pour avoir été bien informé par les spécialistes, qu'il y avait des risques de rechute. Kaleb garda ses yeux sur Eireen alors qu'elle poursuivait son explication. Et c'était une fausse alerte, enfin plutôt une foutue erreur de la part de l'hôpital qui avait mélangé des résultats. Pas très professionnel, c'était certain. Mais cela le rassurait de savoir qu'elle n'avait rien. Toutefois, il finit par dire après un silence. « Cela ne te ressemble pas d'abandonner avant de te battre. » Eireen donnait l'impression d'être une battante et il ne comprenait pas trop sa réaction. Elle avait toutes les raisons de se battre. Mais ce qui le troublait là, c'était qu'en fait Eireen et lui avaient le même discours. Eireen voulait s'éloigner de lui pour ne pas le faire souffrir en cas d'issue funeste avec sa maladie. Quant à lui, il ne voulait pas d'elle dans sa vie à cause de son métier à risque. Kaleb allait dire quelque chose quand on frappa à sa porte. Une infirmière entra, saluant Eireen avant de vérifier les constantes de Kaleb. Elle nota le tout dans son carnet avant de lui rappeler de ne plus rien manger après six heures pour entrer en salle d'opération dans les bonnes conditions. Une fois à nouveau seuls, Kaleb reposa ses yeux sur Eireen : « Ce n'est pas en s'éloignant des autres, qu'ils souffrent moins. » Oui même en façon ça, les personnes qui l'aimaient seraient forcément inquiet. « C'est en les repoussant que tu les blesses davantage. » Et c'était un peu ce qu'il avait ressenti à dire vrai. « Ça leur donne l'impression de ne pas être assez digne de confiance et d'être incapable de t'aider. » Eireen pouvait compter sur lui. Kaleb le lui avait déjà dit à plusieurs reprises. Mais apparemment, elle n'avait pas cru à ses paroles.

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Eireen n'était pas certainement qu'il voulait toute l'explication sur les raisons ... sur le pourquoi du comment elle avait préféré l'éloigner de lui. Oui, c'était sans doute stupide. Elle le concevait parfaitement. Mais elle avait eu cette réaction. Elle avait eu besoin de se protéger. Et de protéger les autres par la même occasion. Alors oui, sans doute qu'elle aurait pu le faire d'une autre manière. D'une manière bien différente. Peut-être qu'elle aurait dû simplemlent parler à ses proches. A leur dire qu'elle les tenait éloigner, c'était pas parce qu'elle ne les aimait pas. Mais c'était parce qu'elle voulait éviter qu'ils ne souffrent par la suite. Au final, c'était plus ou moins ce qu'elle avait fait. Elle avait préféré couper les ponts. De manière radicale. Et elle n'était pas forcément sûre qu'elle allait pouvoir rattraper tout cela. Si elle y arrivait, tant mieux. Si elle échouait, elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même. Et pour Kaleb ? Pour cette amitié qu'elle avait pu avoir avec lui ? Bien sûr. Si on lui laissait la décision, elle voulait récupérer ce qu'ils avaient. Seulement, c'était différent. Elle avait cru à des choses. Des choses qui n'existaient pas. Des illusions. Elle s'était enflammée. Après tout, ils n'avaient couché qu'une seule fois ensemble. C'était peut-être ça le problème. Le fait qu'ils avaient franchi la ligne. Ils n'auraient pas franchi la ligne, les choses auraient été différentes sans doute. Du moins, c'était ce que la demoiselle aimait à penser. Et puis, le fait de passer du temps avec lui, beaucoup de temps, n'avait pas forcément arrangé les choses. Elle ne commettrait sans doute pas la même erreur deux fois. Elle avait capté. Kaleb ne voulait qu'une chose d'elle : son amitié. Il était pas prêt à avoir une relation sérieuse. D'accord, c'était lui qui voyait après tout. Peut-être que ça lui conviendrait un temps. Mais peut-être que ça ne conviendrait pas à Eireen et qu'elle passerait à autre chose. Parce qu'après Camael, après sa rupture avec lui, après des fiançailles rompues, elle n'avait que papillonné à droite, à gauche. Ca lui allait. Mais pour combien de temps encore ? Là était toute la question. En tout cas, Kaleb n'avait pas cherché à l'interrompre. Il l'avait laissée parler. De bout en bout. C'était appréciable. "Je sais que c'est pas mon genre. Mais ça avait été tellement difficile la première fois que j'avais pas vraiment envie de repasser par cette case là ..." Du tout. Mais alors pas du tout. "J'étais qu'une pauvre gamine de dix ans à l'époque. Et là, quand tout te revient en pleine face, tu te dis que ça va être encore la même galère que pour la première fois. Et ça te fait baisser les bras d'avance." Et c'était ce qu'elle avait fait. Elle avait vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué en quelque sorte. Elle s'était imaginée tout un tas de trucs qui étaient faux. Elle ne rajouta rien. Et resta silencieuse. Non pas parce qu'elle n'avait rien à dire. Mais une infirmière se pointa. Elle ne mobilisa pas Kaleb bien longtemps et elle repartit assez rapidement. Elle attendait les reproches. A dire vrai, Eireen les attendait. Et ça serait mérité. Le pilote lui confia qu'au lieu d'éviter de blesser ses proches, c'était ce qu'elle avait fait, justement. Les blesser. "La confiance n'a rien à voir dans tout cela." Du tout. De toute manière, elle irait pas s'expliquer sur ses raisons. Elle avait agi comme ça. Elle ne pouvait pas revenir dessus. Elle ne pouvait qu'essayer de réparer. Et c'était pas certaine qu'elle arriverait à le faire avec tout le monde. "Ca m'a permis de réfléchir ... cette coupure ..." S'être coupée du monde, oui, ça permettait de faire une introspection de soi-même. "Sur nous ... Enfin, plutôt sur le fait d'un non nous. Des choses que j'avais pu imaginer. Que j'aurais aimé que ça se produise." Elle eut un léger hochement de la tête. "J'suis désolée. Pour la dispute de la dernière fois. J'crois que t'es passé au pire moment et ... j'ai dit des choses ... Que j'aurais pas dû dire. J'irais pas jusqu'à dire que tu as été mon souffre-douleur du moment mais presque." Et elle en était pas vraiment fière. "J'suis sincèrement désolée. Et si tu me dis maintenant que tu veux plus me voir et que tu préfères que j'reste loin de toi, alors, j'le ferais." Ca serait un peu difficile dans le sens où ils vivaient dans le même quartier mais bon. La balle était dans le camp de Kaleb. Dans le cas où ça se terminait là, sûrement qu'elle irait pleurer dans un coin le temps de digérer la nouvelle mais bon, elle chercherait plus ... A le voir.

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feat. Eireen & Kaleb

On pouvait dire par certains côtés qu'Eireen et Kaleb étaient pareils. Ils avaient tous deux connu des épreuves qui les avaient endurci plus jeunes, mais aussi qui leur avaient fait comprendre que la vie était précieuse. Qu'il fallait se battre pour en profiter. Et que jamais rien n'était acquis. Tous les deux avaient eu une période difficile. Eireen plus jeune avec sa leucémie. Maladie qui l'avait marqué, même encore des années plus tard. Kaleb parce qu'il avait été coupé jeune de sa famille, qu'il avait vu ses parents se disputer à cause de lui. Parce qu'il avait vu un de ses amis, se tuer dans un accident dont il se sentait encore responsable. Malgré le temps, malgré les expertises, Kaleb savait maintenant, qu'il allait vivre toute sa vie avec ce sentiment de culpabilité. Alors dès qu'un problème resurgissait, c'était difficile pour eux de ne pas regarder en arrière. De ne pas se souvenir de la peur, de la peine, de ce sentiment de culpabilité qui les rongeait. Coupable de faire de la peine aux autres, coupable de les faire souffrir. Les épreuves rendaient plus fortes oui, mais elles détruisaient à chaque fois un peu plus, ce qu'il restait de confiance envers l'avenir. Aucun d'eux ne voulaient vraiment faire de projets. C'était le cas de Kaleb. Il refusait de s'engager dans une relation. Il ne voulait pas risquer de perdre son envie, son besoin de repousser sans cesse ces limites. Et en ce moment, il recherchait cette sensation. Il voulait s'assurer qu'il n'était pas fini. Qu'on allait pouvoir compter sur lui à la prochaine saison. Qu'il pourra retrouver son meilleur niveau. Oui, il avait apprécié les moments qu'il avait passé avec Eireen. Même trop à vrai dire. Seulement, il n'était pas sûr d'être fait pour elle. Il n'était jamais là. Il passait son temps dans les circuits. Il voyageait pour ses sponsors et puis... il n'avait jamais eu de petite amie, alors il ne s'y connaissait pas trop en relation de couple.

Kaleb ne se prenait pas au sérieux. Quand il n'était pas sur un circuit, sur sa moto, il était un électron libre. Il voyageait, il sortait, il buvait. Il relâchait la pression. Et avec Eireen, il ne s'était jamais pris au sérieux. Il avait simplement profiter des moments qu'ils passaient à deux. Mais à présent, il se rendait compte qu'il avait fait une erreur. Parce qu'en agissant comme il l'avait fait, il l'avait blessé sans le vouloir. Ils avaient été proches mais Kaleb pensait qu'Eireen ne voulait rien de sérieux. Elle lui avait parlé de son ex et lui avait confié son envie de profiter. Alors il avait été dans ce sens, sans comprendre qu'Eireen s'attachait, et lui aussi... Il écoutait la jeune femme lui expliquer pourquoi elle avait agi comme elle l'avait fait. Elle avait baissé les bras avant même de se battre. Ce qui surprenait Kaleb. Même s'il savait que la jeune femme avait été marqué par cette épreuve. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Il comprenait. Même si comme il lui avoué, il aurait préféré qu'elle lui fasse confiance et lui explique ce qui n'allait pas. Voilà pourquoi Kaleb parlait de confiance. Depuis qu'ils se connaissaient, il ne l'avait jamais jugé. Il avait toujours essayé de la faire sourire et de lui faire comprendre qu'il était là si elle avait le moindre problème. Sauf que lorsque cela avait été le cas, elle lui avait tourné le dos. Mais que pouvait-il répondre à ça ? C'était sa décision. Elle avait cru prendre la bonne décision. Il l'écoutait sans l'interrompre. Une nouvelle fois, elle lui avouait qu'elle avait songé à quelque chose de sérieux entre eux. Et dans un sens, il n'avait rien fait pour qu'elle y songe différemment. Peut-être que pendant un moment, il avait aussi envisagé qu'il se passe quelque chose. « Je suis arrivé au mauvais moment... » C'était l'impression qu'il avait. Mais malgré tout, cela leur avait permit de parler, de clarifier et ils en avaient eu besoin. Kaleb s'était laissé emporté. Et il n'avait pas songé aux conséquences. Et peut-être que ses aventures à Philipps Island était une façon pour lui, de se détacher de la jeune femme. Même s'il fallait l'avouer, cela n'avait pas vraiment fonctionné. Le pilote garda ses yeux sur la jeune femme. « Là n'est pas la question... » Il passa sa main perfusé sur ses yeux avant de reporter son attention sur l'irlandaise. Vouloir la voir ou non. Ce n'était vraiment pas ce qui le tourmentait pour l'instant. Non, c'était plutôt le fait qu'ils attendaient tous les deux, quelque chose de différent de leur relation. C'était ça tout le problème. « Tu veux quelque chose que je ne peux pas te donner. » Il n'avait pas envie de quelque chose de sérieux. Il le lui avait déjà dit. « Et je doute qu'après tout ça, ça puisse redevenir comme avant... » Il n'avait pas envie de passer son temps à se dire si c'était correct pour lui, de faire ça ou ça. De dire ça ou ça. Ce serait différent d'avant. Il doutait qu'ils puissent redevenir amis comme ils l'avaient été. En tout cas pour l'instant. Il leur fallait peut-être un peu de temps pour digérer tout ça. En tout cas, c'était ce que pensait Kaleb. Il se reprochait cette situation.

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Au final ? Et bien, au final, plus elle était là, plus l'impression elle avait d'avoir fait une bêtise en rejoignant la chambre de Kaleb. Enfin, pas vraiment une bêtise. Mais disons ... qu'elle n'avait pas l'impression d'être à sa place à dire vrai. Elle avait l'impression que le pilote avait plutôt envie d'être seul. Et il n'avait pas envie qu'elle soit là. A moins que c'était son esprit qui lui faisait quelques tours. Peut-être qu'il était trop tard ... Qu'elle n'aurait pas dû venir. Du moins, pas aujourd'hui. Peut-être que ça aurait été plus simple s'ils avaient eu cette discussion un autre jour. A un autre moment. Peut-être que ça aurait été mieux. Ca savoir. Elle n'en savait rien. Elle était là. Et maintenant, elle avait envie d'être ailleurs parce qu'elle sentait qu'elle n'était pas la bienvenue. Peut-être la manière dont il la regardait. Avec cet air sérieux. Et pas très ... Pas très content. Ouais, il avait pas l'air d'être ravi. En même temps, il était blessé. Sans doute qu'il devait vouloir se reposer. Sans doute qu'il était fatigué et qu'il n'avait pas envie d'être là. Tout comme elle n'avait pas envie d'être à l'hôpital quand elle y avait été pour son hospitalisation. "En quelque sorte ... C'était pas prévu que j'ai de la visite ce jour là." Non, du tout. Parce que ses affaires étaient prête. Et parce qu'elle devait... se rendre à l'hôpital. Pour une bonne raison. Mais elle n'avait pas voulu à dire vrai. En tout cas, la conversation ... disons que ça ne menait nulle part. Eireen n'irait pas jusqu'à dire que c'était une discussion improductive. Mais presque. Kaleb n'avait rien répondu quant au fait qu'elle pouvait très bien le laisser tranquille, si c'était ce qu'il voulait. Elle resterait loin de lui. Ils ne se verraient plus. Et faudrait qu'il trouve quelqu'un d'autre pour garder Eina. Elle l'avait fait durant un temps. Elle avait arrêté après avoir su qu'elle était malade. C'était la dernière fois qu'elle lui avait donné des nouvelles d'ailleurs. Pour Kaleb, le problème, c'était ce qu'elle voulait. Elle aurait aimé, oui, qu'il se passe quelque chose entre eux. Il avait été très clair la dernière fois. C'était pas ce que lui voulait. "Voulait ... conjugue-le au passé. Parce que j'ai très bien compris la dernière fois que ça se produirait jamais." Bon, comme on le disait, normalement, ne jamais dire jamais. Mais là, c'était très mal parti pour que ça se passe autrement à dire vrai. Si elle devait faire une croix sur lui, elle le ferait. Et peut-être qu'ils pourraient simplement rester amis. Et dans le cas où ça ne collerait pas, dans le cas où cette conversation reviendrait, encore et encore sur le tapis, dans ce cas là, ça serait une croix définitivement. Plus de sentiments. Plus d'amour. Plus d'amitié. Ils redeviendraient de simples inconnus l'un pour l'autre. C'était peut-être la solution. Repartir de zéro. Comme s'ils n'étaient des inconnus. A voir. En tout cas, la dernière phrase de Kaleb avait été assez dure. Il doutait que ça puisse redevenir comme avant. "Bien ..." Elle avait fini par se lever. "Je voulais pas me battre contre ma maladie. Tu veux pas te battre pour ça. Okay. J'vais pas non plus lutter pour ça." Oui, elle baissait les bras. Il les baissait avant elle en quelque sorte. "J'te souhaite un bon rétablissement. Et j'espère que tu sortiras rapidement de ce lit." Elle allait pas rester. Sa présence ne semblait pas vraiment être appréciée. Donc, le mieux pour elle, et pour Kaleb également, c'était de partir.

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feat. Eireen & Kaleb

Kaleb luttait pour ne pas s'endormir en plein milieu de la conversation. Mais c'était difficile. Il sentait la morphine faire enfin son travail. Ce qu'il avait souhaité pendant des minutes. Et qu'il redoutait à présent, ne se sentant pas capable de la résister très longtemps à l'envie de fermer les yeux et de se reposer. Il n'avait quasiment pas dormi depuis son hospitalisation, des heures plus tôt. Pourtant, sous le coup de l'adrénaline, il n'avait pas tout de suite ressenti les conséquences de son accident. Malgré le choc et malgré la violence, le pilote s'était relevé du gravier sur lequel il avait glissé sur plusieurs mètres avant de se prendre la barrière de sécurité en fer. Il avait marché jusqu'à l'ambulance où les médecins l'avaient pris en charge. Ce n'est qu'une fois à l'hôpital quand on avait manipulé son épaule, qu'il avait senti la douleur dans tous les pores de son corps. Mais pour l'instant, il avait de la visite et il ne voulait pas qu'Eireen quitte la pièce sans qu'il puisse avoir une explication avec elle. Même si cette dernière s'avérait difficile, tant la situation était complexe. Mais ce qui était bien quand même dans un sens, c'est qu'il n'avait plus mal sur tout le côté droit de son corps, de son épaule meurtrie jusqu'à son bassin. Même sa main gauche ne lui faisait plus mal. A vrai dire, Kaleb était tellement shooté à l'opiacé, qu'il arrivait à oublier les fractures qu'il s'était infligé lors de sa chute. Heureusement, il arrivait encore à avoir une conversation et à savoir ce qu'il disait. Il écoutait la jeune femme lui raconter ce qui s'était passé. Il était rassuré finalement, que c'était une fausse alerte, qu'elle n'était pas malade. Qu'elle était même en pleine forme. Et finalement, c'était le plus important. Il ne lui en voulait pas pour la dispute qui les avait opposé. Mais cette dernière avait pas mal chamboulé leur lien malgré tout. Et c'était ce que Kaleb essayait de lui faire comprendre. Voulait, veut... sincèrement le pilote ne savait pas, malgré les dires de l'irlandaise, s'il fallait le conjuguer au passé. Il avait un doute là dessus. L'australien pensait sincèrement qu'Eireen n'avait pas abandonné cette idée qu'il se passe quelque chose entre eux. Il doutait et voilà pourquoi il avait dit ces mots. Faire comme si de rien était ? Kaleb n'était pas certain d'y arriver. Il n'était pas du genre à faire semblant, à oublier qu'il y avait eu un certain malaise entre eux. Il était sincère avec Eireen. Même s'il ne lui disait pas tout. Mais là, c'était par choix. Quand il la vit se relever, prête à partir. Elle semblait être piquée au vif par ces propos. Alors que pourtant, il n'avait fait que lui parler de son ressenti. Est-ce qu'il devrait faire comme s'il n'avait rien entendu ? Comme s'il n'avait pas eu cette discussion ? Comme si elle ne lui avait pas fait d'esclandre parce qu'elle avait appris qu'il avait couché avec d'autres femmes ? Il serra les dents aux propos de l'irlandaise et répliqua sèchement : « Il n'y a rien qui me donne envie de me battre ! » Il grimaça un peu. Il s'était légèrement relevé de son lit et la douleur à son épaule s'était réveillée. Il reposa ses yeux sur Eireen. « Tu m'as fais une scène alors qu'on était même pas ensemble. Tu imagines si c'était le cas ? » Et c'était un peu ça le problème. On disait tellement de merde sur lui. Est-ce qu'Eireen serait capable de faire le tri entre la vérité et le mensonge. Kaleb soupira. « Je crois pas à tout ça Eireen. C'est pas fait pour moi. J'arriverai pas à te rendre heureuse. Je serais toujours absent. J'aurais toujours un métier à risque. » Il ferma les yeux un instant sous la douleur qui parcourait son épaule, à croire que la dose qu'on lui avait mis était insuffisante. Ou peut-être était-ce lui qui en faisait trop et qui ne restait pas au repos comme on le lui avait demandé... « J'ai toujours vécu seul. J'ai jamais vu les gens heureux autour de moi. Pourquoi nous, ce serait différent ? » Oui pourquoi ? Ses parents s'étaient déchirés à cause de lui, de la moto, des compétitions. Sa mère ne comprenait pas son choix. Et maintenant il savait qu'elle ne le comprendrai jamais. Oui, il n'était heureux qu'avec sa moto. Il ne connaissait pas d'autre bonheur. Parce qu'il n'avait que ça dans la vie, jusqu'à présent. Il n'avait pas envie d'abandonner cette vie et de se sentir une nouvelle fois abandonné, parce que finalement, on ne l'acceptait pas comme il était. « Je ne serais jamais autre chose que ce que je suis. Je ne pourrais pas changer. J'aurais toujours envie de tester mes limites. Et tu entendras toujours un tas de trucs à mon sujet. C'est ça que tu veux, au quotidien ? » Il en doutait vraiment. Kaleb s'avouait déjà vaincu. Parce que même s'il se sentait bien avec Eireen, même s'il pouvait ressentir quelque chose pour elle, il ne verra jamais que les mauvais côtés. Il partira toujours défaitiste. Parce qu'il croyait en lui, en ses capacités en tant que pilote. Mais il ne croyait pas du tout en lui, en tant qu'homme qui pouvait avoir une vie sentimentale. Mais alors pas du tout...

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Là, tout de suite, Eireen aurait bien eu besoin d'une séance de bouddhisme, de zenattitude. Parce que ... Parce que cette conversation, c'était comme la dernière. C'était difficile. Oh, l'irlandaise ne s'était pas imaginée être dans un monde de bisounours et entendre Kaleb lui dire tout ce qu'elle voulait entendre. Elle s'était prise une claque la dernière fois, si on pouvait dire cela, et là, elle s'en prenait une nouvelle, en quelque sorte. La vérité ... Oui, la vérité, ça fait mal mine de rien. Mais elle ne pouvait pas non plus lui en vouloir. Parce que ... Il ne lui avait jamais promis monts et merveilles. Elle s'était trop attachée à lui. C'était le risque. L'élément déclencheur ? Oh, elle avait eu un crush dès le départ sur lui. Mais l'élément qui lui avait permis quelque peu d'espérer, à tort, c'était ... après le festival. Quand ils étaient rentrés. Cette petite blague qu'elle avait cherché à lui faire en rentrant alors qu'il était sous la douche. Ca aurait pu se stopper là. Elle aurait pu dire non. Sortir de la cabine de douche, sortir de la salle de bain. Et ça en serait resté là. Mais non. Elle n'avait pas pu lutter. Lui non plus d'ailleurs. Et voilà où ils en étaient maintenant. Pas au point de se déchirer et de ne plus se parler. Mais c'était loin d'être la joie. Grave. En même temps, ça devait pas être le bon moment pour parler de tout cela. Ils auraient dû en parler au calme. Elle aurait dû se limiter à venir lui dire bonjour et repartir tout aussi rapidement. Là, il était blessé. Il avait un cathéter et tout un tas d'autres tuyaux. Pas le bon moment. Clairement pas le bon moment. Peut-être qu'elle aurait dû venir avec une cagoule sur le visage. Pour quoi faire ? Il l'aurait pas reconnue comme ça. Elle aurait pu lui dire tout ce qu'elle avait sur le coeur et serait repartie. Ouais ... Non ... Il l'aurait reconnue quand même. Par sa voix. Par sa gestuelle. Par son parler. Par le vécu qu'ils pouvaient avoir tous les deux. A quoi bon lutter. Lui, il avait pas envie de le faire. C'était compréhensible. C'était lui qui était allongé. Lui qui était blessé. Lui n'allait pas bien. Lui qui n'était pas en forme. Se péter la gueule, ça faisait mal. Autant mal, sûrement, que se faire percuter par un camion routier. Enfin, elle, c'était pas un camion qui l'avait percutée en juin. Mais une voiture. Délit de fuite. Elle avait eu bien assez mal à dire vrai. Ses blessures avaient été sensiblement les mêmes que Kaleb. Ca craint. Ouais, voitures, motos, camions, tout ça, c'est dangereux mine de rien. Enfin. Le pilote avait donné son point de vue. Il était pas prêt. A ce qu'elle pouvait comprendre, elle avait presque l'impression qu'il avait peur de ce que ça pourrait donner. Qu'avait-elle répondu au fait qu'elle lui avait fait une scène ? Rien. Parce qu'il n'y avait rien à répondre à cela. Elle savait pas comment elle réagirait. Bien ? Mal ? A la je je-m’en-foutiste ? Peut-être. Elle n'en savait rien. Et elle ne le saurait sans doute jamais. Toutes les saloperies qu'on pouvait raconter sur Kaleb, oui, il était clair que c'était pas évident à digérer. Comme si on t'annonce un jour en fait que tu connais quelqu'un mais que cette personne, en vrai, a fait une usurpation d'identité et que tout est à recommencer. "Je ne sais pas ce que je veux." Si ... elle le savait. Quelqu'un qu'elle pourrait aimer. Et qui l'aimerait en retour. Rien de plus compliqué. Le reste, tout ce qui pouvait y avoir autour, c'était accessoire. Peut-être qu'elle ferai ce dont elle avait discuté avec Madison, une fois, sur le ton de la rigolade. Que les mecs, ce n'était pas pour elle et qu'elle finirait lesbienne. Non, si ça avait été le cas, sans doute qu'elle aurait changé de bord depuis un petit moment. "J'aurais peut-être juste aimé le découvrir. Voir si vraiment on était si incompatible que ça. Mais t'as été très clair sur le sujet." Kaleb pouvait pas être plus clair. "Et le message est très bien passé." Dur à entendre. Imaginer à un moment qu'ils auraient pu avoir un avenir ensemble. Et que tout se fracasse, d'un seul coup, tel un château de cartes. "Remets-toi bien." Eireen s'était approchée de lui. Juste pour déposer un baiser sur son front. Et elle s'était éloignée. Elle avait posé sa main sur la poignet de la porte, la mort dans l'âme. Elle ne craquerait pas. Non. Pas ici. Peut-être chez elle quand elle serait toute seule. Mais pas ici. Et sans un mot de plus, elle avait quitté la chambre de Kaleb. Il n'y aurait plus rien. Peut-être plus aucun contact. Juste le temps ... de digérer tout cela. Ou peut-être redevenir de simples inconnus, l'un pour l'autre.

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