« Tu es prêt à jouer ? » est la question que me posait toujours Edward lorsque nous nous rendions ensemble à une soirée. Bien entendu, mon père n'a pas la même définition du jeu que celle du commun des mortels. Un peu de cleptomanie, un peu de manipulation, de brisages de couples, de mises en lumière de secrets, étaient tout ce qu'il fallait pour l'amuser pendant ces longues heures. Et lui il fallait toujours un complice, ou mieux, un concurrent, pour rendre la chose plus intéressante. J'étais son partenaire de choix, à Londres. C'était une des rares choses pour lesquelles il me trouvait bon -et vous n'avez pas idée de ce que l'on peut être capable de faire pour recevoir un peu d'estime paternelle dans une vie qui en a toujours grandement manqué. Nous ''jouions'' tous les deux à faire tomber des aristocrates, humilier des familles, leur faire perdre des sommes astronomiques. Le tableau de chasse est long, et il n'y a pas de quoi être fier de ces dégâts qui n'existent que pour combler l'ennui -même si parfois une bonne vengeance peut justifier de grands moyens de ce genre. Edward était persuadé que je ne pourrais jamais jouer contre lui. Que je resterai éternellement son valet. Alors cet après-midi là, quelques jours après son arrivée à Brisbane avec ma mère pour un mois de vacances auprès de leur cher fils, après avoir écumé les événements aux rythmes d'un à deux par jour, je suis déterminé à lui prouver le contraire. Seul face à eux deux, moins d'une semaine suffit pour que mon esprit glisse vers les pires travers de famille. Chassez le naturel, comme on dit, il revient au galop. On peut me qualifier d'influençable, et peut-être que je le suis. Joanne avait une excellente influence sur moi. Maintenant qu'elle n'est plus là, je me laisse porter par Hannah, et la venue de mes parents achève en moi le retour d'une personnalité disparue depuis quatre ans. Une personnalité qui est la seule que je sache être capable de me faire survivre sans Joanne. Champagne à la main, nous traînons sur le gazon de la grande Garden Party qui précède les courses hippiques. Il est rare de parvenir à mélanger mon père au reste de la population de cette manière, mais l'événement se veut chic et prestigieux. Posté à côté d'Edward, dans un costume blanc éclatant, je prends une gorgée de bulles en observant les invités. Il m'explique qu'un certain type tente de lui faire perdre un paquet d'argent en achetant directement à la source certaines de ses actions au sein d'une des plus connues des agences immobilières de luxe parmi celles qu'il contrôle. Une menace d'humiliation qui me fait sourire en coin, mais plus pour le plan qui s'échafaude dans ma tête que pour le plaisir de voir mon paternel perdre plus que je ne lui ai déjà pris. « Dawson essaye de se débarrasser de ses actions foireuses dans la branche européenne de Coldwell Banker. L'immobilier de luxe est au point mort, il perd des centaines de milliers de dollars depuis quelques mois. Il lui faut un pigeon. Je pense que sa femme couche avec Parks. Il y a eu pas mal de rumeurs sur quelques bruits suspects dans les toilettes de Mariott pendant la soirée où nous étions lundi, et je l'ai vue sortir d'un cabinet d'avocats l'autre jour, donc je pense qu'elle songe au divorce. Parks travaille avec Manning, c'est leur holding en devenir qui veut racheter tes parts chez Christie's. Donc, en faisant pression sur Mrs Dawson (qui n'y connaît rien en affaires, c'est une vraie pie, et divorcer d'un homme ruiné est bien moins avantageux pour elle et son amant), il y a moyen de la convaincre de forcer Parks à acheter les parts de son futur-ex-mari en lui faisant croire que tu comptes les racheter juste après. Il sera trop heureux de te rouler dans la farine tout en faisant le bonheur de sa belle et arrêtera de réfléchir pour foncer dans le tas, tu sais qu'il peut être tête brûlée. Quand Manning apprendra pour ce placement foireux, et quand Parks comprendra que tu vas le laisser avec ça sur les bras, qu'il se mettra aussi à perdre des millions, le holding ne sera plus d'actualité, et l'un comme l'autre seront trop faibles pour te prendre quoi que ce soit. » Ca règle le problème en moins d'une semaine. Edward me regarde de haut en bas, un rictus au coin des lèvres que je ne lui connais pas. « Je suis impressionné. » J'aurais pris cela pour une insulte il y a quelques semaines. Mais cette fois, le chemin moral plongé dans un épais brouillard, cette pseudo fierté que je devine dans le regard de mon père m'apparaît comme la lumière d'un phare vers laquelle me diriger, sans regarder la noirceur des eaux sur lesquelles je navigue. Je termine ma coupe d'un traîne et la dépose sur le plateau d'un serveur. « Le premier qui fait signer le chèque à Parks avant la fin de la soirée gagne sa résidence dans le sud de la France. C'est la première chose qu'il vendra quand il commencera à perdre, et j'en ai envie depuis des années. » Je pense régler l'affaire vite et bien en travaillant la future ex-femme au corps -à ce qu'il paraît, avec certains regards et sourires, il est difficile de me refuser la moindre faveur, c'est l'occasion de le vérifier. Alors que nous nous apprêtons à nous séparer chacun de notre côté pour lancer la partie, une présence trop familière me fait tourner la tête pour voir cette silhouette blonde par dessus mon épaule. Depuis quand est-elle là ? « Joanne ? » Edward se tourne à son tour, l'air ravi de croiser la jeune femme, un large sourire presque sympathique sur les lèvres. « Miss Prescott, toujours loin de sa place. » Depuis leur arrivée, mes parents ne cessent de me reprocher d'avoir conçu leur petit-fils avec une personne de la plèbe, et que cette relation ait été un fiasco au point que ce soit elle qui rompe et non l'inverse. Ils me l'avaient dit, qu'ils me répètent, on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Edward pose sans hésitation sa main sur le ventre de Joanne. « En voilà un profil bien rond. Comment se porte mon petit fils ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"Tu sais très bien que j'adorerai t'emmener avec moi dans les plus belles soirées de ta ville, ma chérie, mais je ne voudrais pas que l'on abuse de ta méconnaissance de ces soirées." dit Victoria d'un air sincère. "Déjà, tu me surprends à être venue jusqu'ici, je pensais que je n'entendrai plus jamais parler de toi après que tu te sois séparée de Jamie." Cette nouvelle l'avait attristée, elle qui les trouvait si parfaits ensemble, si complémentaires. "Il y a tellement de créateurs qui ont adoré ton minois d'ange et qui sont prêts à faire n'importe quel offre pour que tu deviennes leur muse." Victoria était pleinement satisfaite de sa découverte. La directrice de Vogue savait exactement comment tirer avantage de cette situation, son but étant simplement de la mettre en valeur, comme elle le mériterait. Elle ne lui ferait jamais de mal et la bichonnerait éternellement, la gardant très précieusement sous son aile. Sa gentillesse l'a complètement fait craquer. Bien sûr, il y avait les intérêts dans sa petite histoire de marketing, Joanne en avait conscience. Mais s'il n'y avait que ça en contrepartie pour lui permettre de croiser plus souvent Jamie, cela lui convenait. Peut-être que ça lui permettrait d'avoir une meilleure image d'elle-même, aussi. Vee avait très bien compris la principale raison de sa venue ici. Joanne avait longuement, très longuement réfléchi à toutes les options possibles, absolument toutes. Il lui en avait fallu, de franchir le seuil des portes de Vogue et de faire face à toutes ces silhouettes élancées et parfaitement vêtues pour arriver jusqu'à son bureau. "Je ne vais pas non plus te lancer dans la gueule du lion dès le début, je ne suis pas hâtive à ce point." dit-elle en sirotant son expresso qu'on venait juste de lui rapporter. "Et donc, tu serais d'accord pour la photo de l'éditorial, nous sommes d'accord ?" Joanne acquiesça d'un signe de tête. "Ne t'inquiète pas, tu ne seras pas seule. Il serait temps de te présenter enfin, que tu sois avec Jamie ou non. Cet univers de dingue a besoin de personnes aussi adorables que toi." Vee était tellement fière de sa trouvaille, de ses idées. Il y avait quelques conditions que la jeune novice avait accepté. Celle sur laquelle Vee avait insisté était les vêtements. Elle voulait s'occuper personnellement de ses tenues pour les événements où Joanne se rendrait grâce à elle. Hors de question de laisser une occasion de la critiquer. Personne ne se moquait, quand c'était Victoria qui habillait. Il y avait donc cette course hippique, des plus huppés, avec des tenues claires et des grands chapeaux. Le temps était des plus radieux, tout le monde profitait du beau temps. Vee avait insisté pour que l'un de ses bras droits, Pedro - un homme typé hispanique, plus que charmant, mais dont les parents sont australiens- l'accompagne, du moins pour le début. Il était particulièrement galant, et ne manquait pas de classe, un beau visage. Durant le trajet, Joanne avait appris qu'il était homosexuel. Cela restait totalement insoupçonné, il était un homme particulièrement viril et il tenait à garder sa vie privée bien pour lui et son compagnon. Pedro guida la nouvelle protégée de Vogue dans le jardin, lui présentant ça et là de grandes figures aristocratiques, les moins vipères d'entre elles. Elle n'était pas tout à fait son élément, mais elle se surprit à être à l'aise lors des conversations, parlant également très peu de sa vie privée. Joanne portait une robe corail, parfaitement adaptée à son ventre rond et à sa silhouette - on avait passé des heures à réajuster sa tenue. Ses cheveux étaient lâches, légèrement ondulées, et elle ne portait que très peu de bijoux. Vee insistait auprès de ses stylistes de rester proche de sa personnalité, de ne rien exagérer, qu'elle reste Joanne. Elle entendit soudain son prénom au milieu de la foule, dite par une voix qu'il connaissait par coeur. Il était bien là. Elle désenchanta rapidement lorsqu'elle vit ses parents. Apparemment, leur séparation l'a poussé à retrouver contact avec eux. Jamie avait tellement apprécié humilier son paternel en lui volant son titre. Edward ne manqua pas de s'approcher de la jeune femme, qui restait de glace face à lui. Pedro était parti un peu plus loin il y quelques minutes de cela, ayant retrouvé un ami de longue date. "Je suis parfaitement où je devrais être." dit-elle d'un ton neutre. Edward arqua un sourcil. "J'étais invitée." Pas la peine de lui donner plus d'explication. Il posa une main sur le ventre de Joanne, geste qu'elle n'appréciait absolument. Elle lui enleva sa main d'un geste sec. "Ce n'est pas votre petit-fils." "Bien sûr que si, il est de mon sang." "Jamie en est bien le père, mais vous ne ferez jamais partie de sa famille." "J'ai le droit de décider d'être présent ou non." "Pour quoi ? Pour détruire sa vie ?" Edward haussa les épaules, mine de rien. "Il reste mon petit-fils. C'est mon droit de le voir." Joanne soutenait sans mal son regard. "J'ai encore un enregistrement téléphonique de ce genre de désagrément que votre femme préfère ignorer, vous savez ?" Elle parlait bien évidemment de la fois Edward avait faillé la violer. "Je ne suis pas certaine que vous aurez le droit de faire grand chose auprès de mon fils après une telle preuve." dit-elle d'un ton calme. Elle ne voulait pas qu'Edward fasse partie de sa vie, de près comme de loin, ça ne serait que délétère pour son enfant. Ce ne fut qu'après avoir mis les choses à plat que Joanne réalisa que les parents de Jamie savaient déjà le sexe du bébé. Surprenant qu'il ait partagé cette information avec des personnes qu'il ne portait pas tant que ça dans son coeur. Le père Keynes ne voulait plus vraiment parler avec elle, elle l'ennuyait certainement. "N'oubliez pas de bien vous laver les mains, vous venez de toucher une roturière si simple d'esprit." lui dit-elle d'un air faussement désolé. "Lord... Ah non, j'ai failli oublié, ce n'est que Mr. Keynes, il est vrai que votre fils a merveilleusement su vous voler votre titre." "Et un coup de maître !" répliqua-t-il, avec un large sourire. "N'allez pas prétendre que vous êtes fier de lui, vous ne l'avez jamais été. Juste pour faire bonne figure, je suppose. Cela ne fera pas de vous un meilleur père." dit-elle, alors que Pedro s'approcha d'elle, avec son plus beau sourire. "Un problème, Joanne ?" "Nous mettions juste quelques éléments au clair." lui dit-elle, ce qui, au fond, était on ne peut plus vrai. Il l'invita à tourner les talons en posant une main amicale sur son dos. Joanne n'avait adressé qu'un bref regard à Jamie avant de s'éloigner d'eux. "Pas évident de tenir tête à ce monstre de Keynes." dit Pedro, amusé. "Vu sa tête, tu as su le déstabiliser, c'est pas très courant. Et rien que pour ça, je t'apprécie encore plus !" s'exclama-t-il. "Tu le connais ?" "Qui ne le connait pas, par ici ? Victoria déteste Edward, autant qu'elle puissa adorer Jamie." Pedro disait connaître l'homme qu'aimait Joanne, ils s'étaient croisés à plusieurs reprises durant différentes soirées. La belle blonde gardait toujours un oeil sur Jamie, discrètement, au loin, pendant de longues minutes. "Tu tiens vraiment à lui, pas vrai ?" dit-il tout bas. "Alors pourquoi as-tu rendu ta bague ?" Il n'accusait rien, il cherchait simplement à comprendre. "Quelqu'un a su toucher là où ça faisait mal et à me faire comprendre que je n'appartiens pas à ce monde." Ses yeux bleus ne quittaient pas Jamie. "Et pourtant, t'y voilà, comme un poisson dans l'eau, en plus." dit-il, confiant. "Je n'ai eu que d'excellents retours te concernant. Que de compliments." Il cherchait certainement à lui faire comprendre qu'elle était tout à fait capable d'en faire partie, tout en restant elle-même. Edward et sa femme s'éloignèrent de son fils, Joanne sauta sur l'occasion. Elle s'excusa auprès de Pedro pour aller vers son ex-fiancé. Il était dos à elle. "Il est parti se laver les mains, ou répandre de méchantes rumeurs à mon égard ?" demanda-t-elle en voyant Edward s'éloigner. Elle haïssait cet homme. Elle ressentait sa main posée qu'il avait posé sur sa cuisse, ses lèvre sur les siennes. Joanne ne put cacher ce sentiment de dégoût qui crispait légèrement son visage. "Je ne voudrais pas qu'il approche notre fils." finit-elle par dire. C'était le dernière nous qui restait entre eux. Jamie savait comme elle que leur enfant allait en pâtir si Edward apparaissant dans sa vie.
La joute entre Joanne et mon père ne manque pas d’être incisive. Je les observe avec un léger sourire en coin, sans trop savoir de quel côté me ranger. J’hésite à me dire que les deux m’amusent, ou les deux m’ennuient. Je garde les mains dans les poches, regardant l’un puis l’autre pendant qu’ils parlent, vois leurs réactions. La jeune femme sait toujours comment tenir tête à Edward, et celui-ci ne comprend toujours pas comment un être joli mais insignifiant peut être capable de le faire rapidement courir jusqu’à perte d’arguments. Il faut qu’il a bien mal joué en s’introduisant dans ce qui a été chez nous pour essayer d’avoir l’objet de son désir par la force. Un coup qui n’était absolument pas digne de lui, sans pour autant être étonnant de sa part. Sauf que personne jusqu’à présent n’avait su mettre la peur qu’il inspire naturellement de côté pour retourner la situation à son avantage. C’est croire que la justice ne se corrompt pas et ne se manipule pas comme tout le reste, et c’est tout à l’image de Joanne. Edward voit rapidement la perte de temps qu’est ce débat et se détourne de la jeune femme, m’adressant un sourire qui se veut complice. Il semble presque fier de la manière dont je lui ai arraché son titre, et dans le fond de son esprit étrange et pervers, je ne doute pas qu’il l’est un peu. Mais Joanne ne manque pas de contredire ce point, réussissant à me porter un coup au cœur. En quoi cela puisse être si difficile à croire que mon père puisse avoir un minimum d'estime pour moi en voyant ses chères leçons appliquées à la perfection ? Même s’il en a été lui-même la victime, il peut être bon joueur après tout –et tout n’est que jeu pour lui. Il peut bien être fier, non ? Pourquoi dénigrer cela ? Mon regard ne se pose plus sur Joanne, vexé. Elle s’en va à ce moment là, et c’est tant mieux. Je reconnais un des proches de Victoria du coin de l’œil. J’en déduis que Vee n’a pas laissé filer sa trouvaille malgré tout. Ce qui me contrarie un peu plus, c’est qu’elle soit visiblement en train de jouer le jeu. En train de joyeusement s’enfoncer dans un monde qu’elle regardait de haut, lui trouvant tous les pires qualificatifs – mon monde, celui à cause duquel elle m’a quitté. Des interprétations se scénarisent dans ma tête, toutes plus détestables les unes que les autres. Je récupère une coupe de champagne alors qu’Edward me tape l’épaule pour me signifier qu’il part en chasse afin de gagner notre pari. Soupirant, je cache mon agacement derrière une gorgée de bulles et dissimule un regard irrité derrière mes lunettes de soleil. Joanne ne tarde pas à revenir. Sa présence rend toujours les battements de mon cœur un peur différents, mais je m’efforce de les faire cesser du mieux que je peux. « Ni l’un, ni l’autre. Il est parti… jouer. » je réponds, haussant les épaules. Je n’adresse pas un regard à la jeune femme, ne regardant que mon père qui sourit et discute, bien entouré. Je sais déjà quelle stratégie il va adopter, et quelle sera la mienne –si on daigne me laisser prendre part à la partie. « Il se fiche bien de toi désormais. Tu avais de l’intérêt quand tu menaçais de faire partie de la famille, et peut-être qu’il te trouve toujours à son goût, mais je pense que tu n’es plus que l’utérus sur pattes qui porte son petit-fils à ses yeux. Et ce n’est pas le genre de chose qu’on prend le temps de dénigrer. Pas quand il y a plus amusant à faire. » Le contenant n’a pas d’importance, mais le contenu, lui, est l’une des rares choses qui a un sens aux yeux d’Edward. Son sang, son nom, sa famille. Il a une forme d’amour étrange et sans limites pour ces concepts, mais plus pour l’honneur du mot « famille » que pour ses membres. Ma mère ne m’a jamais aimé autant qu’Oliver par exemple, m’ignorant à la perfection plutôt que de m’humilier –cela était la tâche de son époux. Pourtant, à ses yeux, il était important de passer les fêtes ensemble après quatre ans sans se voir pour cette période de l’année. Parce que je ne suis pas important, mais « la famille », elle, l’est. « Il le verra quand tu même, tu sais. C’est son petit-fils. » dis-je après un court silence et une nouvelle gorgée de champagne, avec une neutralité à glacer le sang, comme s’il était parfaitement normal que mon fils puisse voir son grand-père. Je n’ai même pas besoin de regarder Joanne pour lire la surprise et l’effarement sur son visage. « Ne fais pas cette tête. C’est son droit, c’est aussi son sang, même si ça te déplait. Et la famille est une chose des plus importantes chez nous. » Je doute qu’ils dénigreront l’enfant à cause de sa mère. Il restera, qu’importe l’autre moitié de son sang, leur petit-fils, leur famille –comme si la noblesse de nos gènes prend le pas sur tout le reste et que sa mortelle de génitrice n’aura su lui transmettre que de beaux yeux bleus. Le prénom de Joanne disparaîtra de leur vocabulaire. Mais le garçon, lui, sera sacré pour eux. « Il le verra une ou deux fois par an, ça ne lui fera pas de mal. » j’ajoute, faisant un effort de dédramatisation. Mes parents ne quitteront Londres pour rien au monde. Alors les seules occasions qu’ils auront de voir leur petit-fils sera soit de se déplacer jusqu’en Australie, soit les rares moments où j’irais en Angleterre avec lui, autour de la date anniversaire d’Oliver. Marie, ma mère, s’approche de moi avec un air si las qu’elle pourrait s’étaler au sol et se laisser mourir d’ennui sur place. « Mon chéri, je vais rentrer à la maison. » La maison étant ma maison, que je leur prête le temps de leur séjour. Vivant chez Hannah, mes parents pouvaient bien envahir un espace où je ne mets les pieds qu’en fin de semaine. « Je me sens fatiguée, et les courses, ça n’a jamais été mon truc. » Elle dépose un baiser sur ma joue, presque tendre de sa part. Quand son regard se pose sur Joanne, il devient des plus froids et durs. Elle la toise, de haut en bas, avec ce mouvement de recul terriblement snob –et tellement elle. « Ne perds pas ton temps avec elle, tu veux ? » me lance-t-elle avant de partir en dégainant son téléphone pour appeler un chauffeur privé
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Joanne avait presque oublié que tout n'était qu'un immense plateau de jeu pour celui qui aurait du devenir son beau-père. Celui-ci ne faisait comme si de rien n'était, mettant à bien son plan comme il le prévoyait. Jamie n'adressait pas un regard à la jeune femme, regardant tout comme elle les faits et gestes d'Edward. "Tant mieux, je n'en attendais pas plus de lui." A vrai dire, il pouvait penser n'importe quoi d'elle, elle s'en ficherait totalement. Joanne ne l'appréciait véritablement pas. "C'est d'ailleurs étonnant qu'il s'intéresse au bébé qui n'a que le quart de son si majestueux génome. Alors que la moitié ne vient que d'une femme qui vient des bas quartiers." Edward la voyait ainsi, elle le savait, Jamie ne pouvait pas la contredire là-dessus. "Ca reste une fierté malgré tout, je suppose." ironisa-t-elle. Comme si Joanne allait lui donner le nom de famille de son père, Edward pouvait toujours aller se brosser. Le bel homme se plut à lui rappeler qu'il le verra de toute façon, son petit-fils. Cela l'exaspéra au plus haut point et Joanne ne le lui permettra jamais. Il suffirait de quelques heures pour qu'il lui empoisonne l'esprit avec ses médisances et son esprit vicieux et tordu. Il méritait un bien meilleur grand-père qu'Edward Keynes. "C'est sûr que ton père a d'incroyables valeurs familiales, il suffit de voir comment il se comporte avec toi." rétorqua-t-elle, les sourcils froncés, en regardant le premier concerné. C'était peut-être blessant, mais c'était vrai. Il suffisait de voir comment Edward lui parlait en privé pour comprendre que la notion de famille avait une bien étrange définition à ses yeux. "C'est juste l'assurance de faire perdurer votre nom de famille." Qu'il n'aura pas, de toute manière. Joanne se montrait peut-être extrêmement méfiante à ce sujet, et elle savait qu'elle n'avait pas tort de l'être. "Il est vrai que pour les rares fois où je l'ai vu cette année, ça m'a fait le plus grand bien." dit-elle d'un ton neutre. "Ca commencera d'abord par une fois ou deux, puis plus souvent, jusqu'à ce qu'il a réussi à faire rentrer dans son crâne que je suis la plus ignoble des mères, que je ne mérite pas cet enfant, et qu'il fera en sorte qu'il soit correctement éduqué par ses soins. Jusqu'à ce que je ne puisse plus jamais le revoir, à force de faire des pots-de-vin ici et là pour faire tourner la législation en sa faveur." Tout le monde savait qu'être mère célibataire était loin d'être aisé. "Comme ça il moulera comme il le voudra son parfait nouveau petit Keynes pour qu'il devienne la nouvelle fierté familiale, effaçant avec soin ce qu'il restera de moi sur lui. Il deviendra alors un Keynes à part entière et tout sera merveilleux." Et il en était capable. Edward savait toujours comment faire pour avoir ce qu'il voulait. Jamie allait certainement dire qu'elle exagérait, que ce n'était que des appréhensions qu'elle grossissait à force d'argument non-fondées. Un lourd moment de silence régna entre eux. Elle trouva ça des plus surprenant que Jamie se mette à s'accrocher autant à ses parents, à rechercher toute leur affection. Joanne devina qu'il était perdu, qu'il cherchait une nouvelle ancre, autre qu'elle. Elle le regarda tristement un bref instant, avant de baisser les yeux. "Donc non, il ne verra pas ce grand-père là. Je déposerai l'enregistrement et mon témoignage demain, d'ailleurs." dit-elle, faisant bien sentir qu'elle ne changerait pas d'avis là-dessus. Marie apparut près de son fils, lui annonçant qu'elle quittait les lieux. Elle ne manqua pas de regarder froidement la femme enceinte, Joanne lui soutint le regard sans soucis. Marie pouvait la regarder comme bon lui semblait. "Il doit être suffisamment grand pour savoir avec qui il peut perdre son temps, je pense." rétorqua-t-elle avec cette inattendue légèreté. Joanne n'aurait jamais deviné être capable de tenir tête ainsi, à croire qu'elle commençait sérieusement à se battre pour ce qu'elle convoitait le plus au monde. Ses maux dos dos la reprirent soudainement. Victoria avait peut-être oublié le fait qu'il n'était pas nécessairement recommandé de porter des talons lorsque l'on était enceinte. Ca allait dans un premier temps, mais le douleur devenait rapidement et difficilement supportable. Elle s'appuya en posant une main sur le bras de Jamie afin de les retirer, ses pieds nus étant en contact direct avec l'herbe - ce qui était particulièrement agréable. Elle tenait ses chaussures d'une main, notant que la lombalgie s'était amenuisée, mais qu'elle était toujours bien présente. Elle souffrait silencieusement. Ce fut seulement de longues secondes plus tard qu'elle réalisa que sa main était toujours contre lui. Elle rompit immédiatement le contact "Pardon". dit-elle. Il n'aurait certainement pas voulu qu'elle le touche, même si cela était un peu hasard.
Edward ne pouvait pas rêver mieux qu'un petit-fils, un petit garçon. Non seulement pour faire perdurer le nom, et s'ajouter aux nombreux mâles qui composent la famille depuis toujours, mais aussi pour avoir une nouvelle chance. Une troisième chance d'avoir le vrai descendant qu'il pense mériter. Les deux premiers essais ont été de cuisants échecs et autant d'humiliations aux yeux d'un homme bourré d'ego. Oliver était si prometteur, si parfait, si malléable et docile tout en ayant une certaine force de caractère qui lui était propre, un esprit vif, inventif, et une présence aussi magnétique que celle de son père. Il attirait tous les regards, tout l'attention, naturellement, partout où il allait. Il émanait de lui une parfaite élégance, un charme quasiment hypnotique, et une réelle intelligence qui aurait pu mettre le monde à ses pieds. Son suicide a été l'échec de toute une vie pour Edward, de ceux dont on ne se relève jamais. Même s'il a essayé de rattraper la chose avec moi, il n'a jamais vraiment cru que j'avais la moitié du potentiel de mon frère. Qu'importe mes efforts, qu'importe la mascarade dans laquelle je m'enfonçais toujours plus pour lui, je n'étais pas à la hauteur, je n'étais pas Oliver. Le premier enfant avait eu tout son amour, le premier fils, toute sa fierté. Et moi, s'il venait à me demander l'heure, il allait tout de même revérifier par lu-même. « Je ne suis pas certain que tu sois bien placée pour critiquer les valeurs familiales de qui que ce soit quand on voit avec qu'elle facilité tu as fait éclater celle qui aurait du être la nôtre. » dis-je avec froideur avant de prendre une nouvelle gorgée de cette coupe de champagne qui est décidément trop petite. Joanne n'a pas tort lorsqu'elle fait le récit des années à venir si Edward a l'autorisation de voir notre enfant. Il mettra le grappin dessus comme jamais, car il sera sa dernière chance de façonner un homme à son image avant de quitter ce monde. Il sera parfaitement capable de le manipuler de manière à ce que ce soit le garçon lui-même qui ne veuille plus voir sa mère. Il lui promettra grandeur et prestige, et il n'en faut pas plus pour un enfant. Il aura ainsi la meilleure instruction qui soit dans les plus grandes écoles, il sera entouré de grands personnages et évoluera dans des cercles d'excellence qui lui assureront un avenir brillant. Il pourra profiter de tout ce qu'un Keynes profite, tout ce qu'il n'aura qu'à moitié s'il reste avec Joanne. Il peut être la fierté de la famille, ma fierté. Mais le mépris qu'injecte de la jeune femme dans chacun de ses mots en décrivant tout ceci, en définissant le Keynes à part entière qu'elle oublie peut-être que je suis moi-même, serre de plus en plus mon coeur et fait grossir une amertume qui rend chaque battement plus difficile et plus lourd. « Je ne savais pas que mon nom était si abject à tes yeux. » Il semblait pourtant lui plaire quand il était encore dans ses projets de devenir une Keynes. L'énervement tend mes muscles un à un. La jeune femme persiste et signe ; Edward ne fera pas partie de la vie de son fils, et pour s'en assurer, elle portera plainte dès le lendemain pour s'assurer qu'il ne puisse plus jamais l'approcher. Mesure idéaliste. Je ne crois pas qu'elle ait l'envie ou le courage de se lancer dans ce genre de procédures, démarrer un procès contre un tel mastodonte. Mais surtout, elle n'hésite pas une seule seconde à s'attaquer de front, de cette manière, à mes propres parents, l'une des seules choses auxquelles je peux me raccrocher en ce moment. Ils sont venus dès qu'ils ont appris que Joanne avait rompu. Ils sont là, et elle non. Elle qui continue de jouir sans moi des avantages d'un monde qu'elle dit détester et qui est soit disant la raison de cette rupture. Elle m'abandonne en se justifiant ainsi et s'y enfonce encore plus. Et pour une fois que j'ai un minimum d'estime et de soutien de la part de mes parents, elle veut s'en prendre à eux -et ce quelques jours avant les fêtes. Je ne sais vraiment pas pour qui elle se prend. « Qu'est-ce qui coche chez toi, hein ? » je demande avant que ma mère fasse son apparition. Après son départ, je reste un moment silencieux. La main de Joanne sur mon épaule m'hérisse le poil. A travers mes lunettes de soleil, je pose sur elle un regard lourd signifiant qu'il est hors de question qu'elle me touche ainsi. La roturière. « Tu penseras à te laver les mains. Tu as touché un ignoble aristocrate, un Keynes qui plus est. » dis-je avant de finir ma coupe d'une traite et de m'éloigner. Je file en direction de Mrs Dawson pour enfin mettre un pied dans la partie. L'idée étant de lui faire comprendre que je sais qu'elle souhaite divorcer de son mari, mais qu'il serait plus avantageux pour elle de voler la moitié du compte en banque d'un homme encore riche -ce qui ne risque pas d'être le cas s'il continue à perdre autant. Je joue à la perfection sur mon désamour bien connu pour mon père, lui faisant croire qu'il est tellement aux abois que si son amant achète les fameuses actions perdantes de son mari, Edward sautera sur l'occasion pour les racheter en prévision de ses pertes du côté du marché que veut lui imposer la holding -le tout rendant son amant encore plus riche, et faisant perdre des millions à mon père. Je lui présente cela comme un parfait échange de bons procédés. Elle s'enrichit pendant que je ruine mon père -tout du moins, c'est ce dont elle est absolument persuadée au bout de deux autres coupes de champagne, quelques regards charmeurs (car les cinquantenaires aiment voir qu'elles plaisent toujours), et quelques farces pour la faire rire. Avant de la quitter sur cet accord, elle ne manque pas de me glisser des avances, soit disant sa limousine est bien assez grande pour y faire tout ce que nous voulons. C'est avec un adorable baiser sur ses phalanges que je la déboute en lui disant que mon coeur est pris.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"Parce que tu sais, toi, peut-être, ce que sont les valeurs familiales ?" lui rétorqua-t-elle. Lui qui avait toujours été le vilain petit canard, celui qui sortait du lot, qui ne devait pas en faire partir. Qui était le mieux placée pour connaître le véritable sens des valeurs familiales. Joanne avait grandi dans ce bain et n'était pas parvenue à les maintenir pour la propre famille qu'elle comptait fonder avec le beau brun. "Et ce n'était pas facile." ajusta-t-elle au dernier moment. Pas facile de briser un coeur, ni de l'assumer, pas facile de quitter la personne que l'on aimait le plus par peur du monde dans lequel il faisait partie. Jamie pensait faire part de ces Keynes qu'elle pouvait mépriser. "Je pensais que tu ferais la distinction entre le Keynes que tu es toi, et le Keynes que tu as comme père. Tu ne voulais pas qu'on puisse te comparer à lui." Elle regardait Edward au loin. "Et je ne pense pas que tu veuilles que cela change." La question que lui posait Jamie juste avant que sa mère n'arrive sous-entendait qu'il la prenait pour une folle. Que quelque chose ne tournait pas rond pour que ses choix n'aient aucune cohésion l'une l'autre. Joanne le reconnaissait. Jamie n'hésita pas à lui renvoyer la balle en plein tronche lorsqu'elle l'avait touché pour se soutenir. Elle le regarda, incrédule, puis il fila comme le vent vers une autre personne. Pedro réapparut. Lui avait vraisemblablement compris à quoi les Keynes s'amusaient ce jour-là. Joanne ne comprenait pas grand-chose à ce dont il parlait, mais elle en voyait toutes les significations. Jamie qui cherchait cette éternelle reconnaissance de son père, en entrant dans son jeu, en devenant comme lui. Elle devinait aisément ses rires loin d'être naturels, son côté enjôleur très efficace auprès de la cinquantenaire. Le voir ainsi la désolait. La jeune femme réfléchissait. A ce qu'elle pourrait faire, à réveiller Jamie de ce cauchemar. Elle ne demandait pas de le récupérer de suite, mais il fallait qu'il se réveille. Elle le vit faire le baise-main à la cinquantenaire, alors elle s'approcha, l'entendant dire que son coeur était déjà pris. "Jamie..." dit-elle alors qu'il était encore dos à elle. Mrs. Dawson fit rapidement l'amalgame et offrit un sourire tendre à la belle blonde. Elle s'en alla, les laissant seul à seul, une nouvelle fois. Joanne se mit face à elle, et, sans hésiter -mais avec grande délicatesse-, elle lui retira ses lunettes de soleil. "Comme ça tu n'as plus rien pour te cacher." dit-elle tout bas, tenant toujours sa paires de solaires. Elle le regardait, clignant à peine des yeux. Joanne prit une profonde inspiration. "Ne fais pas ça, Jamie." Son air était désolé, sincère, mais déterminé. "Tu vas le regretter, plus que tout autre chose. Comme ça tu sauras ce que je ressens en te regardant droit dans les yeux." Elle prit également sa flûte de champagne vide de ses mains pour la déposer sur le plateau d'un des serveurs. "Et puis, l'alcool ne te réussit vraiment pas." dit-elle tout bas. "Pas la peine de me rappeler que je dois être bien la dernière à te dire ce genre de choses, je le sais." commença-t-elle, histoire d'anticiper sur la suite des événements. "Mais tu sais très bien comment ça se terminera. Tu vas tout fare pour réussir, tu y parviendras, je n'en doute pas un seul instant. Mais tu t'attends à quoi ?" Ses yeux brillaient, ne le quittaient toujours pas une seconde. "Tu es bien assez vulnérable en ce moment, par ma faute, et tu le seras encore plus au moment où tu t'attendras à ce qu'il te prenne dans ses bras ou te montre un brin de reconnaissance. Et ce sera le parfait moment pour te détruire, pour faire de toi un bouc émissaire. Et lui, il ne regrettera absolument rien." Contrairement à elle. Depuis le début, son ton était des plus doux, des plus calmes. Elle aurait adoré lui caresser tendrement la joue et les cheveux à ce moment là. Malgré sa petite taille, elle parvenait à rester face à lui, à se maintenir face à lui, bien que la tâche était des plus difficiles. "Si tu veux tellement lui ressembler, alors prends mon coeur et détruis-le, fais le tomber en miettes, de toutes les manières qui te sont possibles. Parce qu'il a toujours été à toi, et le sera toujours. Alors fais-en ce que tu veux, même s'il saigne depuis déjà bien longtemps. Tu n'es plus à ça près. La vengeance parfaite, tu pourras dire qu'on est quitte." dit-elle en commençant à marcher en arrière, après avoir mis sa paire de lunettes dans la poche avant de son costume. Il l'avait déjà en quelque sorte détruit, en allant se consoler dans les bras d'Hannah. "Et peut-être que là, oui, ton père sera fier de toi." dit-elle avant de se rapprocher du buffet afin de se faire servir un verre de jus de fruits et prendre quelques sucreries. Elle était à deux doigts de pleurer, mais se retenait du mieux qu'elle pouvait, il n'y avait même pas les larmes au bord des yeux.
« Je serais toujours comparable à lui. Ca reste mon père. » dis-je d'un ton monocorde et résigné. J'ai voulu aller contre cette idée pendant un temps, quand Joanne réussissait à me convaincre que je n'étais pas comme Edward, que nous n'avons rien en commun, que je peux être une meilleure personne que lui. Aujourd'hui, je ne sais plus rien. Ce que je vois, c'est quelqu'un qui a tout. Quelqu'un qui ne connaît pas le malheur car il gagne à tous les jeux qu'il impose au monde. Quelqu'un qui ne connaît pas la peine car les émotions ne font pas partie de l'équation. Quelqu'un qui a du succès dans tout ce qu'il fait, de respecté, et qui restera sûrement dans les mémoires d'un grand nombre de personnes, et pas forcément en mal. Il s'adapte à tout, survit à tout, ne laisse rien ni personne l'atteindre, et en sort toujours gagnant ou grandi. S'il n'était pas aussi malfaisant, mon père pourrait être un vrai héros. Quoi qu'il en soit, il réunit toutes les qualités, les capacités dont j'ai besoin en ce moment. Si je peux être la moitié de cette personne, je sais que je pourrais tenir le cap. Si je peux avoir son estime, juste un peu de sa fierté, alors j'aurai gagné quelque chose dans la bataille. J'ai toujours été capable de lui ressembler, d'être comme lui, et parfois meilleur que lui dans ses propres jeu sans qu'il ne soit capable de le voir et encore moins de l'admettre. Ce n'est pas ce que je souhaite être, alors je n'en use jamais, mais je connais par coeur les mécanismes de la fausseté et de la manipulation permettant de convaincre ou persuader quelqu'un qu'il veut ce que je veux. Si je n'ai jamais été convaincu d'avoir assez de charisme ou de charme pour en user comme Oliver le pouvait, je n'ai jamais manqué d'arguments et d'imagination pour créer un labyrinthe dont l'esprit peine tant à se sortir qu'il se retrouve bien obligé de s'en remettre à moi pour le guider. Pourtant, on m'a plusieurs fois répété qu'un sourire suffisait à inspirer à n'importe qui l'envie de me plaire. Alors c'est armé de tout ceci, en parfait élève, en bon Keynes à part entière, que je parviens à enclencher la machine qui ruinera un ennemi de la famille. Je n'ai pas le temps de me réjouir de cette réussite à venir que Joanne refait son apparition. Rien que le son de sa voix me retourne tout entier, les vibrations venant secouer comme un séisme mes fragiles fondations. En sa présence, je sens que je pourrais m'écrouler à tout moment, et c'est sûrement le plus insupportable. La jeune femme retire mes lunettes, m'ôtant l'unique et maigre défense que j'avais, et me débarrasse de la coupe dont je ne saurais pas dire le nombre. Je ne saurais pas dire si mon regard la fusille, ou la supplie de me laisser tranquille. Je ne demande qu'à réussir à me relever, et elle revient toujours enfoncer le couteau dans la plaie, le tourner encore et encore pour me maintenir autant à terre que depuis qu'elle m'a laissé. Vulnérable. Tous ses mots continuent d'agrandir les fissures qui sont là depuis des jours, les même par lesquelles Edward s'infiltre dans mon crâne. Je ne sais pas ce qu'elle cherche à faire à part me blesser un peu plus. Pourquoi est-ce qu'elle dit de telles choses. Pourquoi est-ce qu'elle m'arrache aussi le maigre espoir que j'ai d'enfin être accepté dans ma propre famille. Ma mâchoire se serre. Je n'en peux plus de la voir prendre toutes les convictions, les faire voler en éclats, et ensuite me narguer en disant qu'elle m'aime. « Est-ce que ça t'amuse de tout piétiner sur ton passage comme ça ? » je demande, revenant à la charge près d'elle au niveau du buffet. Je fais signe au serveur de me donner un verre – non, pas de champagne cette fois, un whisky, merci. En attendant ma boisson, je me tourne vers la jeune femme et la force à me faire face, approchant mon visage du sien pour attraper son regard à quelques centimètres de distance. « Tu m'a rendu une bague et tu as tout pris en échange. Mes espoirs, mes convictions, ma famille, absolument tout ce que je pensais avoir. Tout ce que je pensais pouvoir être un jour. Et maintenant tu viens aussi mettre en doute l'une des dernières choses auxquelles je peux me raccrocher ? » Elle ne connaît pas Edward, elle ne sait rien de sa manière de fonctionner. Je reste son fils, et je sais que si je parviens à lui plaire, je suis bien la seule personne au monde contre laquelle il ne fera rien. Si je me hisse à sa hauteur, s'il est fier, il ne cherchera pas à me détruire ou me faire du mal. « Je ne cherche pas à me venger de toi, tout ce que je veux c'est avancer. » Et pour ça, je dois de nouveau construire un personnage. Je n'ai jamais été fichu d'avoir une personnalité propre ; je suis le courant, je m'adapte, je fais en sorte d'exister pour quelqu'un ou pour un certain but. J'ai l'impression d'être un caméléon qui ne se souvient plus de sa vraie couleur. « Tout ce que j'essaye de faire, c'est devenir quelqu'un de capable de survivre là-dedans sans toi. » dis-je la gorge serrée, le regard brillant et planté dans le sien, puisqu'elle tient tant à voir jusqu'à quel sous-sol elle m'a fait descendre. J'attrape le verre que le serveur me tend, et devine à son regard que l'émotion qui borde mes yeux est bien trop visible. Alors je remets mes solaires sur mon nez, ma fine muraille, et prends une gorgée du whisky. « Tout le monde n'y arrive pas aussi bien que toi. » j'ajoute en retrouvant un ton plus froid. La voilà qui évolue dans mon monde aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau. Elle s'est bien moqué de moi.
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Joanne comptait se servir en boisson et en gourmandises quand Jamie la prit par surprise, l'incitant à son tour à la regarder droit dans les yeux. Elle hochait négativement la tête à sa question, alors qu'il approchait doucement son visage du sien. Elle ne comprenait pas ce qu'il cherchait à faire, mais elle sentait son coeur qui s'accélérait sensiblement à cette approche. Il disait vouloir avancer, savoir vivre sans elle. Ses yeux bleus se bordèrent doucement de larmes, voyant au travers du regard de Jamie tout le mal qu'elle avait pu lui faire jusqu'ici. Sa respiration était saccadée par l'émotion et Jamie cachait la sienne en réenfilant sa paire de lunettes de soleil. "Pourquoi penses-tu que je fais tout cela ?" lui demanda-t-elle aussitôt, la voix tremblante. "Tu crois que je suis venue de bon coeur, que je ne fais ça que pour mon image ? Tu sais très bien ce que je pense de moi-même." Même si une certaine confiance en soi s'était construite un peu depuis, Victoria se donnait beaucoup de mal pour cela. Joanne avait le regard aussi sincère que possible, et approcha à son tour son visage du sien. Elle voyait très bien ses yeux au travers de ses lunettes. "Tu voulais que je m'y fasse, tu voulais savoir que tu pouvais compter sur quelqu'un pendant ce genre d'événements, comme dans la vie de tous les jours." Joanne regarda autour d'eux, brièvement. "Que je sache me battre pour nous trois quand tu n'en auras pas la force, que je nous protège." Elle avait trouvé cette volonté, cette détermination on ne sait où, et les puisait quotidiennement. Joanne restait tout de même rassurée sur un point, c'était qu'il n'avait pas ce désir de vengeance, de vouloir la faire souffrir autant qu'elle. C'était déjà une bonne chose, selon elle. "Je t'ai dit que je ferai n'importe quoi pour y parvenir, recoller tous les morceaux. Et j'ai longuement réfléchi, à trouver des solutions." Elle soupira. "Et l'une d'entre elles était de se rendre chez Victoria, et à espérer qu'elle se souvienne un peu de moi. C'était le seul moyen à mes yeux pour pouvoir te voir, me prouver que je suis capable de survivre à tout ça. Recoller les morceaux, même si pour le moment, c'est plus un échec qu'autre chose." La jeune femme avait tellement envie de se loger dans ses bras, sentir sa chaleur, son odeur, s'y sentir en sécurité. Tout son amour, toute son affection, tout ceci lui manque cruellement. La véritable punition, elle était là. "Mais je reviendrai, et je continuerai jusqu'à ce que ça marche, jusqu'à ce que je trouve de plus solide pour tout recoller et reprendre là où j'ai tout détruit." Joanne ne pensais pas que repartir à zéro était la meilleure des solutions, ils l'avaient déjà tenté une fois. Peut-être qu'elle trouvera ce qu'il y a de mieux, le jour où ça se présentera. "Comme pour tout, il y a des conditions, mais je les ai accepté." Certaines ne lui posaient problème, elle appréhendait pour beaucoup d'autres. "J'y arrive seulement parce que je sais ce qu'il pourrait y avoir au bout, que c'est bien la seule chose que je convoite le plus au monde." C'était une fois qu'elle l'avait perdu qu'elle s'était rendue compte de l'énormité de son erreur. Certes, elle avait un enfant, tout le monde pourrait penser qu'elle était une femme comblée, après avoir obtenu ce qu'elle désirait le plus au monde. Mais le creux en elle était toujours là, là où Jamie avait sa place, là où il régnait en maître. Il n'y avait rien pour cicatriser ou pour arrêter les saignements. Elle était enceinte, elle aimait son fils plus que tout, mais elle se sentait vide, incomplète, en détresse. Qu'il était étrange de voir son visage d'aussi près. Elle avait l'impression qu'il n'était plus le même, certainement parce qu'elle savait que ce si beau visage avait été touchée par une autre femme, certainement. Il ne lui appartenait plus, et ce, depuis longtemps, alors que Joanne ne s'était approchée d'aucun homme, elle n'avait pas été tentée une seule fois parce qu'il n'y en avait qu'un seul qui avait le droit de la toucher, et il se tenait juste en face d'elle.
Je ne me suis pas découvert d'amour pour le whisky. Mais il faut dire ce qui est, c'est plus fort que le champagne, et actuellement, j'ai besoin de quoi noyer un peu mon esprit endolori. Je me fiche bien de l'état dans lequel je peux finir. Je veux juste que le monde devienne flou, plus facile, plus drôle, que la joie et la peine s’emmêlent, que plus rien n'ait vraiment d'importance. Je me dis qu'après ce verre, je me ferai conduire jusqu'à chez Hannah. Je prendrai quelques autres verres dans les bouteilles de son père. Si elle est là, avec un peu de chance, elle m'accompagnera. Elle veut réduire sa consommation, mais je doute qu'elle me refuse quoi que ce soit. Nous finirons sûrement dans son lit. Et là, le monde aura l'air de tourner un peu plus rond. Oui, à ce moment, je donnerais n'importe quoi pour qu'elle soit là. Avoir juste sa main dans la mienne. Avant, Joanne avait cette présence qui me rassurait et me rendait plus fort. Aujourd'hui, elle n'est qu'un bourreau de plus sur la liste. J'en viens même à me demander si le fait qu'elle m'ait plaqué juste après avoir rencontré Vee et avoir pu constater d'adoration de celle-ci pour elle est vraiment un hasard, sachant qu'elle joue ses coqueluches ce soir, habillée par ses soins -la patte est évidente- et accompagnée d'un de ses protégés. Qui sait si je n'ai pas tout bonnement été pris pour un idiot. « Je n'en sais rien, Joanne, je ne comprends rien à la moindre de tes décisions. » dis-je le nez dans mon verre, essayant d'ignorer au mieux la jeune femme qui se poste face à moi, qui cherche mon regard à travers mes verres opaques. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un rictus ironique au coin des lèvres. Alors quoi, il fallait qu'elle me quitte et qu'elle le regrette pour enfin trouver la motivation de se bouger ? Tout ce que nous avions avant ne suffisait pas, elle n'en voyait donc pas la valeur ? Maintenant seulement elle apprend à prendre sur elle, être un peu plus forte. « Eh bien tu t'en sors bien mieux avec l'aide de Vee qu'avec la mienne. » dis-je tout bas. Néanmoins, oui, sa volonté de recoller je ne sais quoi est un échec. Parce qu'il n'y a plus rien à recoller. Notre fils est tout ce qui tient encore solidement. Joanne persiste, et je ne sais pas si je trouve que c'est une preuve de courage ou de bêtise. Elle veut reprendre où nous en étions, et cela me semble particulièrement ridicule. « Bon courage avec ça. » Mon verre en l'air, je trinque à ceci et reprends une gorgée de whisky. « Et je suis censé faire quoi en attendant ? Attendre, stagner, te pardonner bien gentiment ? » Sa naïveté et son idéalisme ne semblent pas avoir de limites. Elle ne peut pas me demander de vivre dans un monde figé en attendant qu'elle revienne à la rescousse, comme une fleur. J'ai besoin de plus, de quelque chose pour tenir et survivre, et des photos de mon fils une fois par mois ne suffisent pas à me sauver du vide qui s'est installé. Je ne peux pas me permettre de mettre mon monde sur pause parce que Miss Prescott a des regrets. « Tu crois vraiment qu'on peut juste effacer le fait que tu m'aies abandonné sur un coup de tête, et reprendre où on en était ? Vraiment, Joanne ? Tu crois que c'est en te pavanant dans quelques soirées sans craquer face à la moindre remarque que j'aurais l'impression que tu tiens la route, que tu ne me referas pas ce coup là ? » Après tout, si elle est capable de briser des fiançailles sur un coup de tête, pourquoi est-ce qu'elle ne le referait pas face au prochain obstacle ? « Nous étions fiancés. C'était un engagement, une promesse. Je voulais faire ma vie avec toi, avoir une famille avec toi. C'est tout ça que tu as brisé. Ce n'est pas qu'à moi ou à cet environnement que tu as tourné le dos. Tu as dit non à tout ce que nous aurions pu construire, tu es partie avec notre fils. » Ils me manquent, tous les deux, atrocement. Hannah ne sera jamais Joanne, leur présence n'a rien à voir l'une en comparaison de l'autre, ni mon amour pour elles. Et la présence de notre enfant, le voir prendre plus de place semaine après semaine, pouvoir lui parler, sentir qu'il est là, est tout autant difficile à vivre. Et chaque jour qui passe, je m'enfonce dans ce manque, et je me souviens à qui je le dois. « Je ne vois pas ce que tu pourrais faire pour que j'oublie ça. » Même si je sais qu'une partie de moi n'attends que ça. Des preuves. Qu'elle m'inspire de nouveau confiance. Que je me voie de nouveau faire ma vie avec elle. L'autre partie se complaît dans la relation facile que j'ai avec la comédienne. « Tu as choisi à ma place que je ferais mieux d'être avec Hannah, et tu sais quoi, j'applique ça à la lettre. Et je suis bien avec elle. Je ne vois pas pourquoi je briserai son coeur pour toi. »
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La psychorigidité de Jamie lui faisait presque peur. Il ne voulait rien entendre, refusant tout en bloc, déformant à son tour des vérités par un enchaînement de pensées qui s'appuyaient sur des faits incompris, ou mal compris. Bien sûr qu'aucun d'eux n'oubliera tout ce fiasco, ses conséquences. Jamie et sa relation malsaine avec Hannah, Joanne et ses tentatives désespérées. L'échec devenait de plus en plus cuisant, lourd à porter. Le bel homme enchaîna ses phrases, lui faisant clairement comprendre que tout était peine perdue, qu'elle n'y arriverait pas. Se moquant bien d'elle en trinquant faussement à sa détermination et ses volontés qui s'ébranlaient peu à peu. Plus la conversation avançait, plus ses yeux se bordaient de larmes. Non, bien sûr qu'il ne voudrait pas briser le coeur de la si belle Hannah, elle était certainement la dernière chose qu'il lui restait. "Et pour combien de temps durera ton idylle avec elle ?" commença-t-elle. "Tu sais très bien qu'elle est volage et tu auras beau être et rester Jamie Keynes, au bout d'un moment, je pense qu'elle se lassera. Et là, ce sera elle qui te brisera le coeur, après avoir cru que tu pourrais continuellement à t'accrocher de cette manière, plus qu'étrange, à elle." Son ton était calme, malgré sa gorge serrée et l'émotion dans sa voix. Joanne posa son verre de jus vide sur le table, ne faisant plus trop attention où Pedro ou Edward pouvaient se trouver. "Qu'y'a-t-il de pire entre lever la main sur celle qu'on aime et rompre lâchement des fiançailles ? La question se pose." dit-elle en captant son regard vert. "Et pourtant, j'ai oublié, Jamie. Je t'ai pardonné. Cela m'a pris des semaines, certes, notre relation était presque compromise, et pourtant, je suis revenue." Elle avait eu besoin de ce temps de latence, à voir si elle se sentait capable de surmonter ce défaut qui avait hanté leur vie depuis le début. Mais ils avaient sur faire face, et avancer, l'un comme l'autre. Il n'y avait pas de raisons qu'elle n'y arrive pas à son tour, cette fois-ci. "Je trouverai." maintint-elle, le regard déterminé. Joanne ne savait pas si cela relevait d'une coïncidence, mais elle avait remarque son ex-fiancé avait dit notre fils et non pas mon fils. Il y avait toujours ce nous. Ce n'était peut-être qu'une ombre, mais il était bien là. "Pendant que tu te feras piétiner par tes parents et t'imprégner totalement d'Hannah, je trouverai." Un long moment de silence régna entre eux, alors que tout continuait à vivre autour d'eux, à discuter, négocier, draguer. Cela annonçait certainement la fin de cette conversation, qui se terminait, une nouvelle fois, bien mal. Joanne baissa la tête, résignée, elle savait qu'elle ne changerait rien ce jour-là. Néanmoins, elle se risque de sa s'approcher de lui, et de se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre sa joues avec sa bouche. Elle effleura à peine sa peau avec sa bouche. La jeune femme voulait l'embrasser tendrement, rien de plus. Mais rien que de là où elle était, elle sentait que Jamie était différent. Son odeur avait changé, elle aussi. Il ne lui appartenait plus, plus du tout. Il n'était plus à elle. Joanne ne le toucha pas, lui chuchotant alors. "Je serais à jamais à toi." lui chuchota-t-elle alors à la place. "Je t'appartiendrais toujours." Puis elle revint à sa place initiale, avec un sourire forcé. Elle réajusta un peu la veste de Jamie. Celle-ci lui allait parfaitement bien, comme d'habitude. "Tu... Tu es très beau comme ça." dit-elle timidement. "Je suis certaine que tu vas gagner une nouvelle fois contre lui." dit-elle en faisant un signe de tête en direction de d'Edward Keynes. Joanne récupéra les escarpins qu'elle avait laissé à côté d'elle, et expira longuement. "Tu me manques." dit-elle tout bas. "Tu nous manques." Oui, Jamie manquait à son fils, Joanne le ressentait. "Prends soin de toi surtout, Jamie." dit-elle en toute sincérité avant de reculer de quelques pas. "Au revoir." Pedro ne parvint pas à l'intercepter alors qu'elle quittait les lieux. Elle voulait juste rentrer chez elle, ou passer le reste de la journée chez Gabrielle. Elle allait rendre les habits empruntés en très bon état, et allait réfléchir sur autre. Il fallait qu'elle trouve autre chose.