| | | (#)Lun 21 Déc 2015 - 16:46 | |
| Svetlana travaillait depuis quelques mois au Pacific Wellness, et tout n'était malheureusement pas toujours rose. Dans un premier temps, elle avait été heureuse de trouver cet emploi stable, qui lui offrait une opportunité unique de mettre un pied dans une vie plus normale, plus conventionnelle. Ses premières semaines s'étaient bien déroulées : elle avait passé du temps avec d'autres secrétaires, qui lui avaient appris les ficelles du métier et qui s'étaient faits un plaisir de répondre aux questions qu'elle pouvait éventuellement avoir. En d'autres mots, cette première expérience loin des flashs crépitant avait été une véritable réussite... Jusqu'à ce qu'elle soit exclusivement affiliée à Esteban Miller, le kinésithérapeute du centre. Dès lors, son quotidien avait été nettement moins paisible, puisque le rejeton des Miller passait le plus clair de son temps à lui faire des reproches sur son travail – qu'elle faisait pourtant du mieux qu'on puisse l'espérer. L'éternel insatisfait trouvait toujours quelque chose à redire – trop comme-ci, pas assez comme-ça – et lui avait clairement fait comprendre qu'il ne pouvait pas la voir. Autant d'éléments qui avaient fini par rendre le climat glacial, et l'ambiance inexistante. Par conséquent, Svetlana n'avait qu'une idée en tête lorsque son emploi du temps le lui permettait : sortir, faire la fête, et s'amuser. Et ce soir là, alors que ses vacances hivernales venaient de commencer, Svetlana n'avait pas résisté à l'envie de sortir. Un groupe d'amies l'avait appelée pour lui proposer d'aller boire un verre dans un bar de Fortitude Valley, et elle s'était empressée d'accepter. Elle était rentrée chez elle pour se changer, et avait troqué son jean et son chemisier au profit d'une tenue plus décontractée, à savoir un short et d'un petit débardeur. Elle avait choisi de laisser ses longs cheveux détachés, qui tombaient en une cascade ondulée jusqu'au milieu de son dos. Elle avait retrouvé ses amies une heure plus tard, et une tournée des bars improvisée avait commencé. Un premier, un deuxième, un troisième, et voilà que les filles en proposaient un autre. Svetlana reconnut immédiatement le nom de cet endroit, qui lui était plus familier que ce que ses copines pouvaient s'imaginer. Elio, son ex petit-ami, officiait là-bas en tant que barman. Naturellement, elle eut un moment d'hésitation : elle ne voulait surtout pas retomber nez à nez avec lui, après ce qu'il avait osé lui faire. Un simple « Allez Svet', c'est vendredi, amuse-toi ! » de la part d'une de ses amies la fit redescendre sur terre. Elio ne travaillait jamais les vendredis soirs ; c'était sa soirée off. Une aubaine pour Svetlana, qui n'eut plus besoin de chercher une excellente excuse pour se dérober. Elle sourit largement et hocha la tête, chassant l'image d'un ex qui l'avait bafouée et humiliée sans raison valable. Elle entra dans le bar en compagnie de ses amies, et à peine furent-elles installées qu'un serveur s'approcha d'elles pour prendre leurs commandes. Fan inconditionnelle de cocktails alcoolisés, Svetlana opta pour un Cuba-libre. De quoi lui faire tourner un peu plus la tête ce soir, sans se soucier des conséquences. Elles furent rapidement servies, et trinquèrent – pour la énième fois de la soirée, et pour leur plus grand plaisir. Elle ne tardèrent pas à quitter leur place confortable pour aller s'amuser sur une piste de danse improvisée, où elles se mêlèrent aux personnes déjà présentes. Elle adorait ça, Svetlana : l'ivresse d'une soirée, où elle finissait tantôt par se déhancher lascivement, tantôt par sautiller sur place avec ses amies en fonction du rythme imposé par la musique. Ce qu'elle n'aimait pas, par contre, c'était les mauvaises surprises. Un homme trop entreprenant dont elle ne parvenait pas à se débarrasser. Un imprévu de dernière minute, qui l'obligeait à revoir ses plans. Ou un visage familier qu'elle n'avait surtout pas envie de voir. Malheureusement pour elle ce soir-là, cette dernière éventualité se fit plus réelle. Alors qu'un homme la faisait tournoyer sur elle-même, elle croisa un regard clair qui ne lui était pas inconnu. Un regard clair dans lequel elle s'était perdue plus d'une fois, et dans lequel elle se perdrait peut-être encore s'il n'en avait pas décidé autrement. Elio était là, et le contact visuel qu'ils venaient de partager ne laissait aucun doute : lui aussi avait désormais connaissance de sa présence ici. Elle s'excusa auprès de l'homme avec qui elle était en train de danser, et retourna à sa place initiale. Elle s'installa plus confortablement, s'empara de son téléphone et fit mine d'être occupée tout en sirotant son cocktail. Elle cherchait une échappatoire, et n'attendait désormais plus qu'une chose : que ses amies reviennent, pour leur proposer un autre lieu où sortir. |
| | | | (#)Mar 22 Déc 2015 - 12:20 | |
| « Elio je suis malade comme un chien… » Au bout du fil je soupire légèrement. « Je peux pas ce soir Olivia… » « Tu me dois bien ça ! » Son ton est sec est je me sens mal. Je sais bien que je dois beaucoup à Olivia et en premier des excuses pour le mal que je lui ai fait en la quittant alors je peux au moins faire ça. « Je vais trouver une solution. » A peine un merci avant qu’elle ne raccroche le téléphone mais je ne peux pas vraiment lui en vouloir, je sais que si elle me demande ce service c’est qu’elle doit être vraiment mal et ne pas avoir d’autres solutions. « Les jumeaux vous allez faire un petit coucou à votre grand-mère. » Ils sont contents, moi aussi. Je sais qu’Erin risque d’être un peu étonnée, et qu’elle prend encore de la distance avec les jumeaux, mais depuis l’accident de Scott elle semble vouloir un peu plus renouer le contact avec ces petits fils. C’est l’occasion parfaite et comme ça je n’ai pas besoin de me retrouver coincé avec ma belle-mère, nos relations sont un peu étranges depuis plusieurs mois et être seul avec elle me met mal à l’aise. Je dépose les jumeaux aussi vite que le baiser sur la joue de ma belle mère, après de vagues explications elle fini par accepter de les garder jusqu’à ce que Kaecy sorte du travail et puisse venir les récupérer. « Merci Erin je te revaudrais ça. » Je regarde ma montre je suis déjà en retard. Le patron va gueuler mais pour une fois j’ai une excuse, je ne suis pas supposé travailler le vendredi soir.
*** La soirée est plutôt mouvementée comme tous les vendredis, les commandes se suivent sans que je n’ai le temps de souffler. Je regarde à peine la salle, me concentrant sur les commandes que les serveuses m’amènent et les quelques personnes s’entassant derrière le bar. Il me faut attendre plusieurs heures pour que l’ambiance se calme un peu. Je souffle légèrement et scrute la salle, une bande de fille que j’ai vaguement vu arriver semble déchainée, et alors que je m’apprête à détourner le regard il s’accroche à une silhouette connue. Elle danse avec un homme. Elle m’a vu je le sais, même si elle baisse le regard et fait comme si ca n’était pas le cas mon regard vient d’accrocher celui de Sveltana. Cette fille avec qui j’ai eu une brève histoire, je n’avais pas vraiment envie d’une histoire sérieuse à l’époque mais Svelt’ était une gentille fille et je m’étais laissé séduire par ces atouts. Lorsque ma sœur était décédée je l’avais quitté parce qu’elle n’était de toute évidence pas la personne que je voulais voir à mes côtés de cette épreuve et depuis je ne l’avais plus revue. De l’eau avait sans doute coulé sous les ponts mais apparemment elle n’était pas décidée à venir me saluer. « Je prends ma pause Jo » Je saute par dessus le bar avec un sourire aux lèvres. Voir cette jolie fille me rappelle des souvenirs – plutôt des bons pour la plus part – je me dirige donc vers elle plutôt gaiment. « Salut Svelt’ » Je vais me poser à côté d’elle alors qu’elle relève à peine son regard vers moi. « On vient pas saluer son vieil ami ? » Le regard qu’elle me lance est tellement noir que je comprends de suites que nous ne sommes pas vraiment sur la même longueur d’onde. « Me regarde pas comme ça Svelt’ on est des adultes non ? On peut passer à autre chose ? Ca me fait plaisir de te voir. » Evidement ça n’est pas moi qui me suis fait jeter sans rien voir venir, mais je n’allais quand même pas rester avec elle juste pour lui faire plaisir ?
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| | | | (#)Dim 27 Déc 2015 - 13:22 | |
| Elle dansait avec ses amies, perchée sur ses talons hauts, et ne s'inquiétait pas du monde qui l'entourait. Un homme avait fini par l'approcher, et elle s'était laissée tenter par un collé-serré endiablé. Elle riait à gorge déployée, jouait avec ses cheveux, se dérobait dès que l'homme tentait de déposer ses lèvres sur sa peau nue. Svetlana n'était pas prude, mais elle n'était pas non plus une fille facile. Elle préférait s'amuser, sans penser aux conséquences. Mais ce soir, alors que tout avait si bien commencé, la Russe découvrit qu'un élément perturbateur risquait de venir tout chambouler. Alors qu'elle relevait la tête, elle croisa le regard clair de quelqu'un qu'elle ne pensait pas trouver ici. Elio Harrington s'activait derrière le bar et venait, comme elle, de prendre conscience de sa présence. Pour Svetlana, ce fut aussitôt la douche froide : sa bonne humeur s'évanouit instantanément, et ses pas de danse s'arrêtèrent. Elle regagna sa place initiale, et se dépêcha de siroter son cocktail pour fuir cet endroit au plus vite. Elle releva à peine les yeux de son téléphone alors qu'une voix bien connue l'interpellait pour la saluer. « Excusez-moi, on se connaît ? » Elle mima la surprise d'un air innocent, et reporta son attention sur son smartphone. Si avec ça, Elio ne comprenait pas le message... Svetlana n'était pas d'humeur à dialoguer avec son ex petit-ami. Elle n'était même pas d'humeur à se retrouver en sa présence. En revanche, lui semblait s'en foutre royalement. Il s'installa à ses côtés, « T'as raison, prends tes aises. » Grommela-t-elle en se redressant, avant de s'écarter d'Elio. Elle se rapprocha dangereusement du mur, mais préférait flirter avec ce dernier plutôt que de prendre le risque d'effleurer la peau de son ancien amant. « Si tu avais été un vieil ami, je crois que j'aurais été au courant. » Fit-elle remarquer en levant les yeux au ciel. Elle rangea son téléphone, jeta un dernier coup d'oeil à la piste de danse, et décida de ne plus compter sur la présence d'esprit de ses amies, toutes très occupées. « Je pensais qu'on l'était, oui. Mais j'ai des doutes te concernant. » Déclara-t-elle en roulant des yeux. Il avait beau avoir hérité de la garde des jumeaux de sa sœur, ça ne faisait pas pour autant de lui un homme accompli. « Passer à autre chose ? » Répéta-t-elle, avant de laisser échapper un petit rire désabusé. Si Elio semblait parfaitement à l'aise avec toute cette histoire, ce n'était pas le cas de la jolie Russe. Dire qu'elle avait mal digéré leur séparation relevait de l'euphémisme ; en réalité, c'était pire que ça. Tout allait bien et puis, du jour au lendemain, le ciel lui était tombé sur la tête. Il l'avait envoyée promener sans ménagement, et sans autre explication qu'il devait récupérer la garde de ses jumeaux. « Mais passer à quoi, au juste ? » Demanda-t-elle en secouant la tête. Que s'était-il imaginé, au juste ? Qu'ils allaient avoir une relation amicale basique, qu'ils iraient régulièrement prendre un café ensemble et qu'ils se raconteraient leurs déboires sentimentaux comme si de rien était ? C'était absolument inenvisageable pour elle. « J'aimerais pouvoir en dire autant, Elio. Mais ce n'est pas le cas. » Dit-elle, sans détour. Svetlana avait toujours été franche, et elle ne comptait pas faire mentir sa réputation pour éviter de blesser son ancien petit-ami. Après tout, lui n'avait pas pris de pincettes avec elle. « Je pensais que tu ne travaillais pas les vendredis. » Sinon, Svetlana n'aurait jamais mis les pieds ici. Mais ça, elle s'abstint de lui dire – de toute façon, vu son comportement, il devait bien s'en douter. |
| | | | (#)Lun 28 Déc 2015 - 16:38 | |
| La belle Sveltana a la rage en elle, ça se voit de loin et plus encore quand elle pose son regard noir sur moi. « Excusez-moi, on se connaît ? » Un léger sourire fend mes lèvres quand je l’entends parler, sérieusement elle va faire la gamin à se point et prétendre ne pas me connaître ? Je sais bien qu’on ne c’est pas quitté dans les meilleures conditions mais je n’ai pas l’impression de lui avoir donné de faux espoir, je l’aimais bien c’est une certitude mais de là à en faire la femme de ma vie – à m’engager sérieusement nous n’en étions pas là. « T'as raison, prends tes aises. » Je vais me gêner, si elle ne veut pas me parler je peux bien parler pour deux, le contact est toujours bien passé entre nous et j’ai la vive intention de faire en sorte que ça revienne. De toute évidence elle ne me porte plus dans son cœur, mais je peux peut-être retourner la situation. En tout cas le challenge me plait bien. Et Sveltana aussi, elle n’a pas changé, toujours aussi séduisante. « Si tu avais été un vieil ami, je crois que j'aurais été au courant. » « Touchée » Autant rentrer dans son jeu, elle veux sans doute des excuses mais je n’ai pas encore envie de les lui donner, son attitude me semblait plus être celle d’une gamine pourri gâtée à qui on n’aurait pas accordé son petit joujou.
« Passer à autre chose ? Mais passer à quoi, au juste ? » Levant un sourcil je regarde la jeune femme et son petit air de provocation qui commence légèrement à m’énerver. Elle se croit de toute évidence supérieure à moi ou du moins elle en donne l’impression – probablement pour donner le change. « A la moindre des politesses au moins. T’aurais pu venir me saluer par exemple, plutôt que de faire comme si je n’existais pas alors que tu m’avais clairement vu. » Je ne suis pas réellement vexé. Svelt' n’est pas la première fille à agir de la sorte et je dois bien avouer que la plupart du temps je le mérite même si j’aime m’amuser à prétendre que ça n’est pas le cas. Je n’ai sans doute pas été des plus tendre avec la jolie brune. Mais j’ai l’impression que j’avais quelques circonstances atténuantes. Quand on perd sa sœur faire le trie dans sa vie semble être une des étapes. « J'aimerais pouvoir en dire autant, Elio. Mais ce n'est pas le cas. » Elle est décidément bien remontée et je commence à douter de pouvoir la faire changer d’avis. Mais qui ne tente rien n’a rien. « Ca a le mérite d’être claire. Tu sais qui l’a été aussi il y a un an ? Moi avec toi ! » Me rapprochant un peu plus je viens me camper face à elle, la bloquant contre le mur. « Franchement Sveltana ! Fais pas comme si c’était vraiment venu de nul part. On c’est bien amusé mais c’était pas… Enfin t’aurais voulu faire quoi ? Pleurer avec moi la mort de ma sœur que tu connaissais même pas ? Etre la petite amie compréhensive et polie qui vient à l’enterrement et soutient mes parents ? Qui va élever mes neveux avec moi ? Je te voyais mal dans ce rôle et t’as beau tirer la gueule je doute que tu voulais le tenir. » Notre relation aurait sans doute pu durer encore un moment sans cet événement, on s’amusait bien, j’étais même plutôt heureux avec elle. Mais la vie en avait décidé autrement et moi aussi – sans demander son accord à la jeune femme c’est une certitude. « Je pensais que tu ne travaillais pas les vendredis. » Levant les yeux au ciel je retourne à ma place sur la banquette pour lui laisser un peu d’espace. « Je suis censé comprendre par là que tu m’évites sciemment depuis une année ? » Je ne pense pas mériter pareille attention. Nous fréquentions plus d’un lieu en commun, sa vie doit être bien compliquée si elle calcule tout pour m’éviter. Levant son regard encore une fois vers la piste de danse la jeune femme semble attendre de l’aide d’une de ces amies. « On dirait bien que tes amies sont occupées pour le moment, t’es coincées avec moi. » Pas de chance mais tant qu’elle ne me fuyait pas totalement je comptais bien rester là et continuer cette conversation.
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| | | | (#)Ven 1 Jan 2016 - 10:32 | |
| Elle avait espéré que sa froideur et sa méchanceté suffiraient à faire fuir son ex petit-ami. D'habitude, lorsqu'elle adoptait un tel comportement en compagnie des hommes, ceux-ci avaient tendance à fuir. Mais Elio était différent des autres : lui, contrairement aux autres, il l'avait eue. Il était déjà sortie avec la Russe, pendant quelques mois. Le plus gros du travail avait été fait ; il avait réussi, là où tant d'autres avaient échoué. « Dommage que ce ne soit pas coulé. » Répondit-elle du tac-o-tac, avant de tremper ses lèvres dans son cocktail. À défaut d'être sauvée par ses amies ou par la fuite d'Elio, elle pouvait peut-être se consoler avec l'alcool. « Tu vas me donner des leçons de politesse, maintenant ? Toi ? » Elle ricana, ouvertement moqueuse. Elle trouvait ça drôlement culotté, venant de la part d'un homme qui l'avait purement et simplement éjectée de sa vie sans ménagement. « Et puis tu aurais voulu quoi, au juste ? » Demanda-t-elle, confrontant ses yeux clairs à ceux d'Elio. Elle n'avait pas peur de lui ; elle le connaissait bien, et serait bien plus difficile à amadouer qu'autrefois. « Que je m'avance vers le bar, que je te salue, et ensuite ? » Elle attendait avec impatience qu'il lui relate la suite. Qu'attendait-il de cette entrevue, exactement ? Svetlana n'avait, clairement, plus rien à lui dire. Plus rien à partager avec lui. Elio pensait-il l'inverse ? Sans doute pas. « Je n'ai jamais dit le contraire. » Fit-elle en roulant des yeux. Son cœur manqua un battement lorsqu'il s'avança de quelques malheureux centimètres vers elle. D'un même mouvement, elle se recula le plus possible contre le mur – et regretta franchement de ne pas pouvoir s'y enfoncer davantage. Elle le trouvait proche, beaucoup trop proche. Elle mit une main entre eux deux, et ses doigts frôlèrent involontairement son torse. « Tu fais quoi là, exactement ? » Qu'elle demanda, nettement moins rassurée qu'auparavant. Revigorée par ses propos, il lui donnait désormais quelques armes pour se défendre. « Il n'a jamais été question que l'on en arrive là, Elio. Et tu le sais très bien. » Dit-elle, après avoir soudainement repris du poil de la bête. Svetlana ne lui avait jamais demandé l'impossible – seulement un peu d'égard. Évidemment que leur relation n'avait jamais été aussi suffisamment importante pour qu'elle ne devienne la belle-mère des neveux d'Elio, ou qu'elle ne joue la petite-amie parfaite auprès de beaux-parents qu'elle n'avait jamais rencontré. « On s'est bien amusé, c'est vrai. Je ne vais pas le nier. On s'était bien trouvé, nous, les deux fêtards. On avait la même philosophie de vie, on voyait les choses de la même manière. Ça avait plutôt bien démarré, jusqu'à... » Jusqu'au décès de sa sœur. Jusqu'à ce qu'il lui envoie un SMS pour la prévenir qu'il ne viendrait pas à leur rendez-vous du soir, et qu'il ne viendrait plus à aucun rendez-vous du tout. Jusqu'à ce qu'il la largue par téléphones interposés, sans même oser venir la voir pour lui expliquer les choses. « Tu veux que je te dise la vérité ? Je me suis sentie humiliée. » Et le mot était faible. La façon dont leur relation avait pris fin lui avait quelque peu retourné l'esprit, et elle avait longuement réfléchi pour essayer de comprendre... L'incompréhensible. « Je ne t'ai jamais demandé de me faire une place plus importante dans ta vie, Elio. J'aurais simplement aimé que tu aies un peu plus de considération pour moi. » Avoua-t-elle, presque honteuse. Elle avait pensé que cette histoire finirait par se tasser, mais elle devait se rendre à l'évidence : elle éprouvait toujours de la rancoeur à son égard. « Tu m'as traité comme on traite un coup d'un soir. Comme une fille qu'on baise et qu'on jette ensuite, sans conséquence. » Sauf que la fille en question avait partagé ses draps pendant de longs mois, et qu'ils avaient partagé un peu plus que quelques parties de jambes en l'air mémorables. En tout cas, ça, c'était l'avis de Svetlana. « Je ne t'évite pas. Je n'avais simplement pas envie de te recroiser. » Déclara-t-elle platement, mais avec honnêteté. Elle détourna ensuite le regard vers ses amies, qui s'agitaient toujours sur la piste de danse. Elle avait espéré qu'elles pourraient venir lui prêter main forte... En vain, visiblement. « Ça t'arrange, hein ? Tu jubiles, là ? » Demanda-t-elle en reposant son regard sur lui. Elle s'empara de son verre, et but une nouvelle gorgée de son cocktail. « Maintenant, à toi de répondre à mes questions : qu'est-ce que tu fais encore là ? Et qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ? » |
| | | | (#)Sam 2 Jan 2016 - 15:31 | |
| Des retrouvailles plus froides que celles-ci auraient difficilement été envisageables. J’en venais à me demander ce que je faisais là pendant ma pause, j’aurais du aller profiter et au lieu de ça je venais perdre mon temps avec une fille que j’avais déjà conquis il y a longtemps et avec qui je n’avais plus rien à gagner de toute évidence. « Tu vas me donner des leçons de politesse, maintenant ? Toi ? » Je l’avoue je n’étais peut-être pas le mieux placé. Que je m'avance vers le bar, que je te salue, et ensuite ? » La jeune femme me défiait du regard ce que je trouvais un peu étrange, elle avait pris du poil de la bête, ou alors c’était juste son comportement envers moi qui avait changé. Un de mes sourcils c’était légèrement levé en l’observant. « J’imagine qu’on ne saura jamais ce qu’on se serait dit… Grace à toi ! » En réalité je n’attendais rien d’elle, la seule chose que je ne supportais pas c’était l’indifférence. Qu’elle me crie dessus, m’insulte, me frappe si elle le veux ça me dérange beaucoup moins. « Tu fais quoi là, exactement ? » La proximité de mon corps semblait la mettre quelque peu mal à l’aise et c’était exactement ce que je cherchais. « Il n'a jamais été question que l'on en arrive là, Elio. Et tu le sais très bien. » Alors où était le problème. Pourquoi ce regard noir et ce dédain, j’avais fait ce que tout le monde attendait de moi à l’époque. C’est à dire pas grand chose de bien glorieux mais exactement ce qui me collait à la peau. « On s'est bien amusé, c'est vrai. Je ne vais pas le nier. On s'était bien trouvé, nous, les deux fêtards. On avait la même philosophie de vie, on voyait les choses de la même manière. Ça avait plutôt bien démarré, jusqu'à... » C’était une vérité sur laquelle je la rejoignais. Nous nous étions trouvé à l’époque, la personne que j’étais avant que ma sœur meure, quand j’étais insouciant et fêtard était la personne parfaite pour Sveltana. Elle n’en attendait pas trop de moi, m’acceptait avec mes mauvais côtés tout en profitant des bons. C’était une histoire simple et plutôt heureuse… Je ne pouvais pas m’en plaindre… Mais les choses avaient changé rapidement. « Tu veux que je te dise la vérité ? Je me suis sentie humiliée. Je ne t'ai jamais demandé de me faire une place plus importante dans ta vie, Elio. J'aurais simplement aimé que tu aies un peu plus de considération pour moi. » Je me souvenais vaguement de notre rupture. J’avais sans doute été rude pas de doute là dessus. Prendre les gens en considération n’avait pas toujours été mon point fort et après la mort de ma sœur je n’avais pas été tendre avec tout le monde. Mon regard était toujours posé dans celui de la jeune femme mais je faisais un peu moins le malin… Je ne m’étais pas rendu compte que je pouvais autant la blessé, ou plus tôt je ne m’étais même pas posé la question comme si ça ne comptait pas. « Tu m'as traité comme on traite un coup d'un soir. Comme une fille qu'on baise et qu'on jette ensuite, sans conséquence. Je ne t'évite pas. Je n'avais simplement pas envie de te recroiser. » Cette fois un peu honteux j’avais baissé le regard. Sveltana avait évidement été plus que ça et c’était peut-être aussi la raison pour laquelle il avait été plus simple pour moi de ne pas la revoir. Elle me rappellerait cette vie que j’avais avant que tout ne change. Elle me rappelait un insouciance et une vie qui me manquait trop souvent mais à laquelle je préférais ne plus penser – elle était loin. Comme cette relation que j’avais enterré et laissé derrière moi depuis longtemps. « Maintenant, à toi de répondre à mes questions : qu'est-ce que tu fais encore là ? Et qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ? » Son cocktail descendait à une vitesse folle alors que je remontais enfin le regard vers elle. « Je n’attends rien, je voulais prendre des nouvelles et savoir pourquoi tu m’avais évité. J’ai eu ma réponse j’imagine. » Je me levais cette fois pour la quitter. Si elle ne voulait pas parler avec mon je n’allais pas plus insister. Son discours m’avait légèrement perturbé et je ne savais plus trop comment réagir. Je retournais derrière mon bar et sans trop réfléchir je commençais à faire le même cocktail que celui qu’elle avait descendu très vite sans doute à cause de moi. J’hésitais un peu avant de retourner vers elle alors qu’elle était toujours seule et je lui tendis le cocktail sans trop savoir comment lui expliquer que c’était ma façon de m’excuser. « Je te dois bien ça, vu comme tu tires sur ton cocktail depuis que je suis venu te voir. » Je déposais le cocktail sur la table et m’apprêtais à faire demi tours puis je sentis le besoin de m’excuser… J’avais fait durer assez longtemps ce moment, je pouvais arrêter de faire le fier maintenant. « T’étais pas juste un coup d’un soir… Juste plus la personne qui me convenait. J’aurais du avoir le courage de te le dire en face à l’époque… Mais j’étais pas très courageux et très faible face à tes charmes. C’était plus simple de ne pas te voir. » Et de toute évidence je ne suis pas beaucoup plus doué pour les excuses. Mais la voir en face aurait été une tentation de plus pour rester dans une vie de simplicité sur laquelle je devais faire un trait. J’avais du faire mon choix à cette époque celui de m’occuper de mes neveux ou de les abandonner. Je n’avais pas voulu me laisser la chance de prendre une autre décision que celle que j’avais prise. J’avais choisi le moyen le plus simple de m'en assurer sans prendre les sentiments de Sveltana en conséquence.
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| | | | (#)Mar 5 Jan 2016 - 11:13 | |
| « Ça n'aurait pas été très passionnant, j'imagine. » Déclara-t-elle en haussant les épaules. Svetlana se sentit peu concernée par les propos quelque peu accusateur d'Elio. Elle le trouvait même franchement gonflé de se montrer aussi peu impliqué, et de faire comme si elle était la seule en tort dans toute cette histoire. La Russe avait un caractère bien trempé, et elle ne comptait pas se laisser faire – et encore moins par un homme dont elle n'avait plus de nouvelles depuis des lustres. Puisqu'il désirait connaître son point de vue et la raison de son manque de sympathie, Svetlana ne se fit pas prier : elle lui expliqua, point par point, pourquoi elle éprouvait un réel désamour pour lui. Pourquoi elle n'avait pas envie de le voir, et encore moins de lui parler. Pourquoi elle lui en voulait tellement, alors qu'il n'avait apparemment rien fait de particulier. Elle s'attendait à ce qu'Elio réagisse, qu'il proteste ou qu'il nie, mais il n'en fit rien. Il la laissa parler, l'écouta dans un silence presque religieux, et ne réfuta aucun de ses mots. Mais la Russe n'était pas au bout de ses surprises : les mots, calmes et polis d'Elio, la laissèrent sans voix. « Il semblerait. » Confirma-t-elle d'une petite voix, incapable d'aligner deux pensées correctes à la suite l'une de l'autre. Elle passa machinalement son doigt sur l'écran tactile de son téléphone, sans parvenir à se concentrer sur ce qui défilait sous ses yeux. Sa conversation avec Elio l'avait bien plus retournée que ce qu'elle avait imaginé. Elle se demandait si elle se sentait soulagée, ou si au final, toute cette conversation n'avait pas réveillé en elle des souvenirs qu'elle aurait préféré tasser et enterrer définitivement. Elle s'empara à nouveau de son cocktail, qu'elle était désormais déterminée à terminer. « C'est ta façon de t'excuser ? » Demanda-t-elle d'une voix nettement plus calme alors qu'Elio venait déposer un verre plein face à elle. Elle l'avait regardé faire sans broncher, observant avec attention les mains expertes du barman s'agiter pour la servir. Elle avait attendu qu'il finisse pour relever la tête vers lui, abandonnant son téléphone portable sur un coin de la table. « Ou c'est ta nouvelle façon de draguer les filles ? » Plus détendue, Svetlana s'autorisait même une blague de mauvais goût. Sa soirée avait été quelque peu chamboulée lorsqu'elle avait croisé le regard clair d'Elio, mais elle ne comptait pas renoncer à quelques moments de légéreté. « Mais merci. » Finit-elle par dire, inclinant la tête vers lui, en signe de politesse. Il tourna ensuite les talons, prêt à retourner au travail – mais il sembla changer d'avis, puisqu'il rebroussa chemin jusqu'à se poster face à elle. Et ce fut au tour de Svetlana d'écouter attentivement, sans jamais l'interrompre. Ces mots, elle aurait aimé les entendre dès le début. Elle aurait aimé qu'il lui dise la vérité d'emblée, plutôt que de la laisser dans le doute et l'incertitude. Elle aurait aimé qu'il se montre plus mature, plus fort, plus courageux – ça lui aurait évité de se sentir si incertaine, si seule, si humiliée. « Mieux vaut tard que jamais, j'imagine. » Commenta-t-elle après quelques instants de silence. Elle déglutit, et passa une main dans ses cheveux, dissimulant difficilement son malaise. « J'aurais compris, tu sais. » Finit-elle par dire. La Russe l'aurait sans doute mal pris, et aurait même peut-être osé essayer de contrer la décision de son amant. Comme Elio le soulignait si bien, elle savait jouer de ses charmes et de ses atouts, et ne craignait pas de s'en servir quand le besoin se faisait sentir. Mais la raison aurait fini par reprendre le dessus. Le ressentiment se serait atténué, pour ensuite disparaître. Elle n'était pas folle : elle savait parfaitement que sa relation avec Elio n'était pas suffisamment forte pour survivre à l'arrivée de deux enfants. Elle n'était pas prête, pas suffisamment amoureuse. « J'aurais peut-être eu du mal à l'accepter dans un premier temps, c'est vrai. Mais avec le recul... » Le temps apaise les esprits et les rancœurs. Le temps faisait de petits miracles, quoiqu'on en dise. Tout comme la vérité : le fait d'avoir pu lui dire tout ce qu'elle avait pu ressentir lorsqu'il l'avait lâchée comme une moins que rien par SMS la soulageait d'un poids. Elle n'était plus la seule à porter le fardeau ; maintenant, il savait. Qu'il en tienne compte ou pas ne l'intéressait guère, au final. « Qu'importe. Merci de m'avoir dit tout cela. » Ajouta-t-elle en toute sincérité. « Tu ne veux pas t'installer ? » Dit-elle en pointant du doigt la place libre face à elle. Ses amies jaseraient sans doute en la voyant en compagnie d'un homme, mais qu'importe : Svetlana ne se souciait pas des racontars qui circulaient sur son compte. Elle faisait tout comme elle le voulait, comme elle l'entendait. Libre et affranchie de toute règle, elle se fichait bien du monde qui les entourait. |
| | | | (#)Dim 10 Jan 2016 - 8:27 | |
| « C'est ta façon de t'excuser ? » La jeune femme semblait avoir compris le message, ce qui aurait pu me suffire. Je voulais m’excuser sans avoir trop à en dire, sans accepter ma part de responsabilité j’aurais alors bien pu m’arrêter là. Au final que Svetlana m’en veuille ou non ne changeait pas grand chose à ma vie. « Ou c'est ta nouvelle façon de draguer les filles ? » Haussant les sourcils je m’étonnais de cette point d’humour presque déplacée. J’avais heureusement d’autres atouts que ça pour draguer les filles. Et alors que je m’apprêtais à lui répondre une saloperie du genre « je ne fais pas dans le recyclage » je pris la peine, cette fois, de fermer mon clapet pour ne pas rendre la situation encore plus pesante. J’étais venu pour m’excuser pas pour enfoncer le clou de la haine un peu plus profondément. Bien que ça soit très tentant. « Mais merci. » La conversation aurait pu s’arrêter là. C’est d’ailleurs ce que je semblais décidé à faire du moins avant de tourner les talons pour tout lui déballer. Cette sincérité n’était pas si habituelle chez moi. Il y a un an je n’aurais jamais eu la courage de m’avouer coupable, et encore aujourd’hui ce n’était pas un tache facile. Mon ego en prenait un coup. Celui que j’avais été à une époque, assez sûr de lui pour se foutre des autres, pour ne pas se formaliser de les blesser, avait disparu. Elever deux gamins vous pousse à voir le monde autrement, à faire une distinction plus nette entre le bien et le mal. La façon dont je m’étais comporté avec Svetlana faisait partie de cette deuxième catégorie et elle méritait sans doute plus que mon vague désintérêt. « Mieux vaut tard que jamais, j'imagine. » « Oui j’imagine… » Mes révélations nous avaient tous deux plongé dans un certain malaise. Un silence étrange qu’il était difficile de combler par des mots tant l’ambiguïté de ce moment était palpable. « J'aurais compris, tu sais. J'aurais peut-être eu du mal à l'accepter dans un premier temps, c'est vrai. Mais avec le recul... » Je n’en avais jamais douté. « En vérité c’est pas pour toi que je m’inquiétais… Je te pensais assez forte pour tout surmonter… C’était pour moi… » Un égocentrisme dont je ne pouvais réellement me cacher. Peut-être la jeune femme aurait-elle compris mais moi ? Aurais-je pu faire face à la vie que j’abandonnais qui était matérialisé par cette relation avec Svetlana – et décider en connaissance de cause de la quitter. « Ma vie a changé radicalement après ça et… Je suis pas sûr que j’étais prêt à l’accepter totalement. J’ai juste… Très mal géré la situation et c’est toi qui en a payé le prix… » Je m’en rendais compte avec le recule et pourtant il était difficile pour moi d’imaginer une meilleure façon de faire qui ne m’aurait pas fait retomber dans mes vices. Cette séparation directe et brutale avait été la meilleure chose pour moi – mais uniquement pour moi. « Qu'importe. Merci de m'avoir dit tout cela. Tu ne veux pas t'installer ? » Ce revirement de situation était un peu étrange. Je ne savais plus vraiment comment agir. Peut-être avait-elle raison – nous ne pouvions pas vraiment être des amis. Probablement plus des amants alors qu’est ce que l’on avait encore à partager. « Je vais bientôt reprendre le boulot et… » J’étais entrain de me défiler alors qu’elle m’ouvrait un porte et voyant son regard se poser sur moi je compris que j’étais à nouveau entrain de foirer. De couper le peu de confiance qu’elle me réaccordait. « Mais je peux sans doute boire un verre. » J’allais m’asseoir à côté d’elle un peu mal à l’aise. Me rendant compte que je n’avais en plus rien à boire. « Alors qu’est ce que tu deviens ? Toujours la grande vie ? » La question était des plus banales mais je n’en avais pas d’autres. Du moins qui ne soit trop rudes pour une premier abord. Svetlana était une femme de talent quand je l’avais rencontré– et j’espérais qu’elle continuait de suivre ces rêves. Moi j’avais légèrement abandonné les miens au profil d’une vie plus rangée et d’un salaire correct… Parfois j’y pensais avec nostalgie.
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| | | | (#)Sam 16 Jan 2016 - 15:50 | |
| Le problème quand l'on clame son indépendance et sa force de caractère, c'est que l'on finit par faire croire aux gens que tout cela est vrai. Que peu importe ce qui nous tombe dessus, on s'en sortira la tête haute, et indemne. Svetlana l'avait expérimenté par le passé, et avait aujourd'hui l'occasion de l'expérimenter à nouveau avec Elio. Elle le regardait, presque incrédule. « Pour toi ? » Répéta-t-elle, les sourcils légèrement froncés. Il n'y avait aucune accusation dans ses propos ; elle ne comprenait simplement pas où il voulait en venir. « Tu craignais quoi, au juste ? Tu étais au pied du mur. » Fit-elle remarquer. Il avait toujours été évident que ce triste événement allait avoir des répercussions considérables dans la vie d'Elio. Ça, elle l'avait bien compris. Elle eut un petit rire désabusé alors qu'il confessait ses fautes, puis haussa finalement les épaules. « J'imagine que je devais passer par là. » Dit-elle simplement. La Russe se raccrochait à sa foi, qui lui susurrait que toutes les épreuves qu'elle avait traversé jusqu'à maintenant l'avaient été pour une bonne raison. Elle devait continuer de croire et d'espérer ; tôt ou tard, tout cela ne serait plus qu'un mauvais souvenir. Elle se hasarda même à provoquer le destin, en proposant à Elio de s'installer avec elle pour un court moment. « Ne t'en fais pas. Je ne veux pas te mettre dans l'embarras. » Fit-elle remarquer, comprenant parfaitement qu'il avait des obligations auxquelles il ne pouvait pas se soustraire. Svetlana jeta un coup d'oeil en direction du bar, où un de ses collègues s'affairait. Elio n'était sans doute pas indispensable, mais il était clair que les choses avanceraient plus vite s'il était présent. Elle reporta son regard sur lui lorsqu'il lui indiqua qu'il pouvait néanmoins prendre quelques minutes pour boire un verre. Avec surprise, elle le vit s'asseoir à ses côtés. Sans verre. Elle fit glisser sur la table le cocktail qu'il lui avait préparé, quelques minutes plus tôt. L'invitation était silencieuse ; Svetlana ne savait pas franchement comment s'y prendre pour rendre la situation plus légère, moins pesante. Elle avait peur de dire une connerie, ou pire encore, d'en faire une. Sa réconciliation avec Elio, si on pouvait appeler ça comme cela, n'était pas suffisamment ancienne pour qu'elle se comporte avec décontractation et naturel. « Je veux bien partager. » Finit-elle par déclarer avec un petit sourire malicieux. Frappée d'une timidité et d'une réserve soudaine, Svetlana ne savait plus comment réagir. Que faire ? Que dire ? Elle avait l'impression qu'elle marchait sur des œufs avec Elio. Par chance, ce dernier se décida à ouvrir la bouche, pour meubler la conversation. Soulagement. « Plus vraiment. » Répondit-elle en secouant la tête. Elio avait bien connu Svetlana, mais celle qu'il avait fréquenté s'était faite plus discrète les temps derniers. Depuis quelques temps, elle avait décidé de lever le pied sur ses anciennes activités – qui se résumaient en deux mots : se déshabiller pour un shooting de mode, et faire la fête jusqu'au bout de la nuit. « Je me suis un peu calmée. J'ai cherché un travail un peu plus... Conventionnel. » Et c'était comme ça qu'elle avait fini par devenir la secrétaire d'Esteban Miller au Pacific Wellness. Ce job était aux antipodes de ce qu'elle avait eu l'habitude de faire par le passé, mais ça lui convenait bien : ça lui permettait de garder les pieds sur terre, et d'avoir une plus grande conscience des réalités. « Mais je n'ai pas perdu l'habitude de sortir les week-ends. » Nuanca-t-elle en souriant. Les vendredis et samedis soirs, Svetlana savait qu'elle avait le champ libre pour s'amuser et profiter jusqu'à l'apparition de l'aube, et elle n'avait jamais eu l'intention de faire une croix dessus. C'était pour elle une occasion de penser à autre chose, et de clôturer dignement une semaine de travail chargée. « Et toi ? » Demanda-t-elle, curieuse d'en apprendre plus sur ce qu'il était devenu. « A quoi ressemble ta vie, maintenant ? » Lorsqu'elle l'avait rencontré, il clamait haut et fort son indépendance et son envie de profiter du moment précis. Il ne s'était jamais soucié du lendemain, et ne faisait pas de projets sur le long terme. Il s'amusait, riait, et son insouciance naturelle finissait de le rendre charmant. Sans surprise, donc, la Russe avait été séduite par cet homme fougueux et passionné. Elle avait désormais hâte de découvrir s'il l'était toujours tout autant. S'il avait su préserver cette part de lui. « Tu es heureux ? » Finit-elle par demander, impatiente de connaître sa réponse. Parce qu'après tout, c'était encore ça le plus important. Ce après quoi tout le monde courrait. Ce pourquoi les gens se disputaient, ou s'associaient.
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| | | | (#)Dim 17 Jan 2016 - 10:31 | |
| Peut-être aurait-je eu meilleur temps de me taire, de ne pas m’engager sur un chemin un peu scabreux. J’aurais sans doute dû simplement m’excuser sans en rajouter. « Pour toi ? Tu craignais quoi, au juste ? Tu étais au pied du mur. » Ce n’était pas tout à fait le cas. J’avais le choix… Un choix qui n’en était sans doute pas vraiment un pour la plus part des personnes et pourtant je m’étais posé la question. Celle de savoir ce que j’avais à apporter à deux gamins de leur âge. « J’aurais pu ne pas prendre leur garde… J’y ai même pensé… » Je n’en étais pas fier et pourtant c’était la vérité. « Je savais bien ce que ça voulais dire si je le faisais… Dire au revoir à ma vie… J’en avais pas envie. » Evidement. J’aurais préféré que ma sœur ne meurt pas – rester le tonton sympathique qui fait quelques conneries dans le dos de la maman mais je ne pouvais plus avoir cette place et en refusant leur garde je faisais un trait définitif sur eux les coupant du peu de famille qu’il leur restait. « J'imagine que je devais passer par là. » Je n’en étais pas aussi persuadé qu’elle. Je me cachais plutôt derrière l’idée qu’elle savait à quoi elle s’exposait en sortant avec un type comme moi. Je n’étais pas un modèle de gentillesse ou d’égard en vers les autres à cette époque.
Après hésitation j’étais venu m’asseoir à côté de Svetlana, perdant définitivement mon côté sarcastique et sur de moi du début. C’était bien ce que je détestais avec les excuses, elles vous mettent dans une position d’infériorité. « Je veux bien partager. » Poussant son cocktail vers moi elle m’avait adressé une petite moue qui ne me laissait pas vraiment l’opportunité de dire non. Sentant un certain malaise prendre place entre nous j’avais pris la parole, balançant des banalités qui pourtant nous aidaient à nous sortir d’une impasse relationnelle. « Plus vraiment. Je me suis un peu calmée. J'ai cherché un travail un peu plus... Conventionnel. » J’avais bien de la peine à l’imaginer dans un métier conventionnel, et encore plus quand je l’observais. Elle semblait toujours être cette fêtarde que j’avais connue, à vu d’œil rien n’avait changé et pourtant… « Mais je n'ai pas perdu l'habitude de sortir les week-ends. » Un léger sourire était apparu sur mon visage. « Je peux voir ça oui ! » Je l’avais bien vu danser, séduire les hommes, profiter de la vie. « Je t’avoue d’ailleurs que ça m’étonne que tu aies laissé tomber ton ancienne vie ? C’était un choix ? » J’avais de la peine à imagine Svetlana décider d’elle même de mettre fin à cette vie qui à l’époque semblait totalement lui convenir. Mais j’avais peut-être tord de penser comme ça. « Et tu entends quoi par plus conventionnel ? » Avec elle rien ne pourrait m’étonner comme réponse. Les critères de mon ancienne petite amie pour les conventions n’étaient possiblement pas les mêmes que ceux du commun des mortels.
« Et toi ? A quoi ressemble ta vie, maintenant ? » C’était une question à laquelle il m’était difficile de répondre. « Bien différente… Mais comme tu peux le voir je suis toujours ici… » Bien sûr j’avais d’autres espoirs, je voyais plus grand pour moi – mais comment allier cette nouvelle vie à ce que j’avais toujours souhaité pour mon futur ? « Je bosse beaucoup plus qu’avant, la vie coûte beaucoup plus cher quand on a deux gamins à charge. » Et oui ma vie avait sans aucun doute perdu un peu de son piquant, même si je ne m’interdisais pas d’y apporter un peu de fun quand je le pouvais. « Tu es heureux ? » C’était sans doute une bonne question, la meilleure même. « Oui… Je crois que oui. C’est pas ce que j’avais prévu mais ça va… Le tout c’est d’essayer de trouver un équilibre entre ce dont ils ont besoin et ce que je veux moi… » Je préférais voir le positif, penser à ces moments de bonheur qu’on partageaient tous ensemble. « Et… Je vais devenir père… » C’était la première fois que je l’annonçais aussi facilement, sans chercher à le cacher derrière des tonnes d’explications. Parce que Kyrah et moi n’étions de loin pas un couple traditionnel, pas un couple du tout même. Mais le fait que Svetlana ne connaisse rien de notre histoire m’arrangeait bien. « C’était pas vraiment prévu mais… Je crois que je commence à m’y faire. M’imaginer ce que ça sera d’avoir mon enfant… » Evidement j’avais les jumeaux mais ce n’étais pas là même chose même si je les aimais profondément « Encore du changement » J’avais abordé un léger sourire, sans savoir quoi rajouter. « Et tu… T’as quelqu’un dans ta vie ? » Evidement je m’intéressais. Peut-être un peu par esprit de possession même si il y a longtemps que je n’avais plus rien à dire sur les fréquentations de la jeune femme.
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| | | | (#)Mer 27 Jan 2016 - 17:28 | |
| « Et puis tu t'en serais voulu toute ta vie ? » Suggéra-t-elle, alors qu'il évoquait le fait qu'il aurait pu renoncer à la garde des jumeaux. Svetlana avait beau crier sur tous les toits ne pas avoir l'instinct maternel, elle n'était pas pour autant dénuée de compassion et de tendresse à l'égard d'un être innocent. Par ailleurs, ses croyances l'obligeait à avoir un certain sens du devoir – l'abandon était donc, pour elle, inconcevable. Et si Elio avait préféré rester avec elle pour s'amuser et profiter de la vie sans se soucier du lendemain plutôt que de s'occuper des jumeaux, nul doute que Svetlana aurait fini par se sentir mal à l'aise vis-à-vis de la situation. Voire même coupable. « Je comprends. » Acquiesça-t-elle. Elle ne le jugeait pas, bien au contraire. Elle n'aurait pas aimé se retrouver dans une situation pareille, aussi inconfortable. « Mais tu as pris tes responsabilités. Tu as fait ce qu'il fallait. » Finit-elle par murmurer d'une voix posée.
« Oui, c'était un choix. » Avoua-t-elle en haussant les épaules. Elle était bien consciente qu'elle avait opéré un virage à 180°, qui en avait dérouté plus d'un – à commencer par son agent, qui avait ruminé tout ce qu'il savait. « Je ne dis pas que ça durera éternellement, mais j'en avais besoin. » Parce que sa vie avait été chamboulée, parce qu'elle avait fini par ne plus savoir où elle en était, ni ce qu'elle voulait. Depuis ses seize ans et le début de sa nouvelle vie, la Russe avait toujours vécu à cent à l'heure. La fin de son adolescence avait été mouvementée ; son entrée dans une vie libre avait été fracassante. Elle avait enchaîné les projets, sans prendre le temps de lever le pied. Consciente que tout cela pourrait s'arrêter du jour au lendemain. « J'avais besoin d'un peu d'intimité. Et j'avais aussi besoin de voir à quoi ressemblait une vie normale. » Et, étrangement, ça ne lui déplaisait pas. Elle avait rencontré de nouvelles personnes. Avait de nouvelles tâches à accomplir. Des objectifs à remplir. Des comptes à rendre. Et surtout, sa pauvase médiatique lui faisait du bien. « Je suis secrétaire au Pacific Wellness. » Répondit-elle. Au service d'Esteban Miller, jusqu'à son prochain départ. Et après, elle verrait bien. Elle ne s'inquiétait pas trop, Svetlana : elle avait toujours rebondi. « Tu vois, c'est vraiment conventionnel cette fois-ci. » Plaisanta-t-elle. Plus d'extravagence, et un peu plus de normalité.
« Je vois ça. » Constata-t-elle, alors qu'il lui disait qu'il bossait toujours ici. Elle n'en avait pas été sûre – mais avait, par principe, tout fait pour éviter de le croiser. « Ce n'est pas trop difficile, de gérer ton boulot ici et la garde des jumeaux ? » Svetlana avait du mal à comprendre pourquoi Elio était toujours serveur, à vrai dire. Le job était connu pour ses contraintes horaires, et la Russe l'admirait pour essayer de concilier les deux. Elle hocha simplement la tête lorsqu'il lui confia bosser plus, afin de subvenir aux besoins de cette nouvelle famille. Un comportement louable, qui prouvait bien qu'Elio avait pris son rôle très au sérieux. « Alors c'est le plus important. » Conclut-elle d'une voix douce. Que ce soit directement ou indirectement, tout le monde courrait après ce sésame précieux et intouchable qu'était le fait d'être heureux. Doux sentiment, mais souvent éphémère. « Père ? » Une ombre passa le temps d'un instant sur le visage de Svetlana. Dire qu'elle ne s'était pas attendue à pareille révélation relevait de l'euphémisme. Elle se sentait désormais franchement déstabilisée et mal à l'aise. Elle aurait dû le féliciter depuis longtemps déjà, mais les mots restaient comme bloqués dans sa gorge. Cette annonce ne faisait que lui renvoyer au visage l'échec de sa propre vie sentimentale – quand bien même cet enfant était un « accident ». « Chercherais-tu les problèmes ? » Plaisanta-t-elle, faisant bien évidemment référence à ce qu'ils avaient dit précédemment. Un troisième enfant dans le lot, alors qu'Elio admettait avoir parfois du mal avec deux ? Visiblement, le serveur aimait les challenges. « Tu imagines quoi, alors ? » Elle était curieuse de savoir. Plutôt garçon, plutôt fille ? Quel prénom ? À quoi son quotidien allait-il ressembler ? Il y avait une multitude de questions, et tant d'hypothèses en guise de réponse. « Beaucoup de changement. » Confirma-t-elle en hochant la tête. C'était sa façon à elle, un peu maladroite, de l'encourager pour les étapes à venir. « Non, personne. » Avoua-t-elle en haussant les épaules. Ce n'était pourtant pas les prétendants qui manquaient ; simplement, Svetlana n'était plus aussi naïve qu'elle avait pu l'être par le passé. Elle ne se laissait plus aussi facilement avoir, et les échecs cuisants de ses relations de couple avaient été le coup de grâce. « Pour le moment, en tout cas. » Ajouta-t-elle, malicieuse. Elio ne serait sans doute pas surpris ; il la connaissait bien, après tout. Elle aimait s'amuser, profiter, se libérer l'esprit. Elle ne se préoccupait pas du lendemain – ou en tout cas, c'était ce qu'elle aimait faire croire.
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| | | | (#)Jeu 28 Jan 2016 - 17:57 | |
| « Et puis tu t'en serais voulu toute ta vie ? » L’évidence était apparemment bien présente, il m’aurait évidement été bien compliqué de me regarder dans une glace après un abandon de la sorte. J’hochais légèrement la tête pas très fier, le sujet était tout même sensible et l’évoquer avec mon ex n’était pas des plus banal pour moi. « Je comprends. Mais tu as pris tes responsabilités. Tu as fait ce qu'il fallait. » C’était bon de l’entendre parfois, de s’entendre dire qu’il avait fait les bons choix. Des reproches j’en avais bien assez – et pas sans raison je devais bien l’admettre mais parfois – parfois un petit commentaire encourageant pouvait me mettre un peu de baume au cœur. Je ne la remercie même pas pour ce commentaire. Ca aurait sans doute été étrange mais je n’en pense pas moins. De toute façon la conversation a déjà déviée sur elle, la personne qu’elle devient, les choses qu’elle a changées dans sa vie et qui sont pour le moins étonnantes quand on la connaît un peu. « Oui, c'était un choix. Je ne dis pas que ça durera éternellement, mais j'en avais besoin. J'avais besoin d'un peu d'intimité. Et j'avais aussi besoin de voir à quoi ressemblait une vie normale.» Je ne pouvais que comprendre, la vie que la jeune femme menait était loin de celle habituelle, et je l’avais partagé pendant un moment, après que j’ai moi-même reçu cet héritage conséquent que j’avais lapidé plus vite qu’il ne le faut de temps pour le dire, ne pensant pas une seconde aux conséquences de mes actes. « Je comprends… Et qu’est ce que tu en penses de cette vie du commun des mortels ? » Je ne me serais pas étonné qu’elle la trouve ennuyante. Après la folie qu’elle avait vécu pendant des années, la tranquillité devait lui sembler bien étrange. « Je suis secrétaire au Pacific Wellness. Tu vois, c'est vraiment conventionnel cette fois-ci.» J’étais surpris et un léger rire sortit de ma bouche. « Je dois dire que je ne m’attendais pas à ça. Il faut croire qu’on a tous les deux changés quelques trucs dans nos vies respectives. » Peut être pas pour plus mal au final. Certes, vivre avec les jumeaux n’est pas simple tous les jours mais ils m’apportent bien plus que ce que j’aurais pu penser, quand se ne sont pas des vrais crapules. « Heureusement j’ai Kaecy… Ma meilleure amie, je sais pas si tu te souviens d’elle ? » Elle était un peu moins présente dans ma vie les mois avant la mort de ma sœur, roucoulant dans les bras d’un italien, mais Svet’ l’avait rencontré une ou deux fois. « Elle est revenue d’Italie pour m’aider et… Elle vit avec nous. » Notre petite vie est un peu étrange mais ça marche plutôt bien pour le moment. Du moins c’était le cas mais avec l’arrivée du bébé j’ai de la peine à imaginer ce qui va se passer maintenant. Ce bébé que j’avais d’ailleurs amené dans la conversation avec un peu trop de naturel, ne cherchant pas vraiment à imaginer comment cette nouvelle pouvait raisonner dans l’esprit de la jeune femme. « Père ? » Il y avait de quoi être étonnée mais c’était pourtant la vérité. « Chercherais-tu les problèmes ? » J’avais bien vu son malaise et j’étais plutôt heureux qu’il se solde par un petit commentaire un peu rieur plutôt qu’une pique cynique. « Je crois bien que oui… » Dire que je n’avais pas réfléchi et que j’avais été con aurait été un euphémisme. J’avais carrément merdé mais j’étais bien décidé à assumer maintenant. « Tu imagines quoi, alors ? » La question me prenait de court, je n’avais pas vraiment pris le temps de me projeter jusqu’à maintenant. « Franchement, j’en sais trop rien… Je suis plutôt… inquiet et j’essaye de pas trop y penser… » La situation était bien plus compliquée que ce qu’elle pouvait sans doute imaginer mais je ne comptait pas m’étendre là dessus. Vrillant le sujet pour le ramener à elle. « Non, personne. » Au moins sur ce point là je n’étais pas étonné. Svet’ et sa liberté… Svet et son côté sauvage qui plaisait aux hommes mais la rendait aussi si… Inaccessible. « Pour le moment, en tout cas. » Je lui rendais son sourire malicieux. « Je me doute que ce n’est pas ce qui t’empêche de t’amuser. » Et pour s’amuser elle et moi nous étions beaucoup amusé ensemble… Et c’était de sacrement bons souvenirs qu’il me semblait voir aussi dans ces yeux. Bon dieu certaines parts de mon ancienne vie me manquaient carrément…
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| | | | (#)Lun 8 Fév 2016 - 17:45 | |
| « Tu n'en ferais pas un peu trop, là ? » Demanda-t-elle en souriant légèrement. Svetlana ne niait pas : jusqu'à maintenant, elle avait vécu une vie assez exceptionnelle, hors du commun. Elle avait passé la moitié de sa courte existence dans une secte, et la deuxième sous les feux des projecteurs. Drôle de virage, pour une fille dont la destinée se résumait à faire un bon mariage. « Pour le moment, elle ne me déplaît pas. » Avoua-t-elle. La Russe en était d'ailleurs la première surprise : elle avait pensé qu'une fois loin des podiums, son quotidien serait ennuyeux et sans intérêt. Qu'elle ne pourrait pas résister à l'appel du strass et des paillettes, et qu'elle finirait par y retourner en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Mais non. Les choses ne s'étaient pas déroulées ainsi. Elle avait trouvé un travail, avait appris à connaître des gens, et s'était mise à l'épreuve pour voir ce qu'elle pourrait endurer. Pour le moment, elle était plutôt fière d'elle, et du chemin parcouru. « La seule difficulté, ça a été quand on m'a annoncé les horaires. » Et quand les Miller lui avaient dit qu'elle devrait prendre son poste tous les matins pour neuf heures, elle avait eu envie de pleurer de désespoir. La reine de la nuit allait devoir se ranger, si elle voulait tenir la cadence. « Tu me connais : je n'ai jamais été du matin. » Expliqua-t-elle après avoir remarqué le regard interrogateur d'Elio. Mais apparemment, le passage à une vie plus rangée signifiait forcément faire des compromis. Alors la Russe s'était retroussée les manches. « Pour le meilleur. » Ajouta-t-elle, convaincue par ce qu'elle disait. La preuve, ils étaient désormais capable d'avoir une conversation – et ce, malgré leur passé commun. Si on avait dit à Svetlana quelques mois plus tôt qu'elle se retrouverait attablée avec son ancien petit-ami et qu'ils auraient une conversation normale, elle n'y aurait jamais cru. « Vaguement. Je ne l'ai pas beaucoup vue. » Et elle ne l'avait jamais franchement intéressée non plus. La relation qu'elle entretenait avec Elio lui suffisait amplement, et elle ne cherchait pas à tout prix à se faire des copines et encore moins à se faire accepter par l'entourage de son petit-ami. Ils ne s'étaient jamais cachés aux yeux des autres, et leur relation avait été tout ce qu'il y a de plus officielle. Pourtant, ils n'avaient jamais atteint ce stade, ce degré de proximité. « Je pense qu'une présence féminine ne peut pas vous faire de mal. Ni aux jumeaux, ni à toi. » Parce que c'était bien connu, tout homme qui voulait garder les pieds sur terre avait besoin d'une femme dans sa vie. Une mère, une sœur, une compagnie, une amie. Svetlana avait naïvement supposé qu'Elio ne pouvait compter que sur sa meilleure amie, mais ce qu'il avoua ensuite ne laissa guère place au doute : le barman avait une compagne. Une compagne à qui il avait fait un enfant même si, comme il le disait lui-même, rien n'avait été prévu. « Je comprends. » Assura-t-elle. Et c'était vrai : elle essaya de se mettre à sa place, mais n'y parvint pas réellement. Elle craignait d'avoir la trentaine et d'être toujours seule, mais devenir mère était encore plus angoissant que tout. Par chance, Elio ne lui laissa pas trop le temps de tergiverser sur la question, et détourna habillement le sujet sur quelque chose de plus... Léger. « Bien au contraire. Plus j'ai le champ libre, moins j'ai de scrupules. » Plaisanta-t-elle en haussant les épaules. Dès l'instant où Svetlana s'était libérée de ses chaînes, elle avait décidé de ne plus se soucier de ce que les gens pouvaient penser d'elle. On la prenait pour une fille aux mœurs légères ? Ce n'était pas le cas ; elle profitait simplement de la vie. Comme elle l'avait fait avec Elio, pendant de longues semaines. « Et si jamais le champ n'est pas libre, je m'arrange pour qu'il le devienne. » Dit-elle avec un clin d'oeil appuyé. Si elle avait été un peu plus sobre, jamais elle ne se serait permise une réflexion pareille. Si elle avait été un peu plus sobre, elle aurait réalisé qu'Elio pouvait prendre cette remarque banale pour du rentre-dedans. Elle s'empara du cocktail qui traînait au milieu de la table, et but une gorgée du Cubalibre. Elle plongea son pouce et son index dans le verre, et s'empara du morceau de citron vert imbibé de rhum et de coca-cola qui flottait. Elle rejeta ses cheveux bouclés derrière ses épaules, et planta son regard dans celui d'Elio.
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| | | | (#)Mar 29 Mar 2016 - 13:17 | |
| C’était plutôt étonnant de voir comme tous deux nous avions au final opté pour des directions de vie différentes de celles qu’on aurait pu nous prévoir. Par choix ou par obligation peu importe. « Pour le moment, elle ne me déplaît pas. » C’était tant mieux. J’étais heureux pour elle si son quotidien lui plaisait bien que difficilement capable de l’imaginer en secrétaire calme et concentrée. « La seule difficulté, ça a été quand on m'a annoncé les horaires. Tu me connais : je n'ai jamais été du matin. » Un rire amusé était sorti de ma bouche alors que j’imaginais tout à fait ces difficultés. « Fini les soirées jusqu’à pas d’heure quand tu veux. » J’avais de mon côté la chance d’avoir un job du soir, ce qui me permettait de garder mon rythme actuel mais aussi la chance d’avoir besoin de peu d’heure de sommeil pour être efficace. La conversation avait tournée pour revenir sur moi et sans trop savoir pourquoi je lui avais fait part de mon quotidien qui avait bien changé depuis l’époque de notre relation. Cette sorte de famille que Kaecy et moi formions, étrange mais rassurante pour les jumeaux. « Je pense qu'une présence féminine ne peut pas vous faire de mal. Ni aux jumeaux, ni à toi. » Elle ne croyait pas si bien dire. C’est une évidence que les jumeaux et moi serions perdus sans la présence rassurante de Kaecy à nos côtés. Et je ne pouvais que la remercier du plus profond de mon être d’être une amie aussi extraordinaire et une mère de substitution parfaite, pour les jumeaux autant que pour moi malheureusement pour elle.
Mais je m’en rendais compte ce genre de sujet était encore loin des préoccupations de Sveltlana, qui de son regard agile m’avait bien fait comprendre qu’elle n’était pas encore prête à se caser pour sa part, loin de là. « Bien au contraire. Plus j'ai le champ libre, moins j'ai de scrupules. » Ca ne m’étonnait pas d’elle et je reconnaissais bien là son côté félin de séductrice. « Et si jamais le champ n'est pas libre, je m'arrange pour qu'il le devienne. » Etonné par ces propos et l’intensité de ce moment je restais un moment stoïque regardant la belle rejeter ces cheveux en arrière. « Et bien je n’aimerais pas être l’une de tes rivales. » Dis-je histoire de détendre un peu l’atmosphère qui de mon côté était un peu montée. Svetlana avait plus d’un atout dans sa poche, en plus d’être une belle fille elle n’était pas bête et savait s’acclimater à peu de chose près à toutes situations. Elle passait bien partout et avec tout le monde. « Elio qu’est ce que tu fous ? » Jetant un œil à ma montre je réalisais que le temps de ma pause était fini depuis un bon moment déjà. « Le devoir m’appelle mais j’étais heureux de te revoir Svetlana. » Je me levais en lui adressant un sourire amical. « A une prochaine j’espère. » Maintenant que la glace était brisée j’avais bon espoir de la revoir avant qu’une nouvelle année ne s’écoule.
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