"J'suis plus sure que c't'enfant là va être une source de bonheur. Regarde le cui là. Ca fait dix minutes que j'le regarde je sais pas c'qui me retient d'aller lui kicker l'cul. (..) Je connais mes ressources moi. Mon enfant me fait cette tête là je lui en colle une vite fait."
Ken Scott - Starbuck
Ça faisait déjà sept mois. Et Sélène se sentait énorme. La crevette devenait de plus en plus un cachalot en fait. Ça commençait à devenir flippant. Bien sur, Maximiliano et Asla la soutenaient, et elle aimait déjà ce petit être, parce que la jeune femme était un bisounours et qu'il y avait bien une raison pour laquelle elle n'avait pas avorté. Mais bon. Elle avait peur. Peur notamment de ne pas réussir à être une bonne mère. Bah oui, merde, elle n'avait que 25 ans, ce gamin n'avait pas de père, elle n'avait pas l'impression d'avoir elle-même été élevée par les personnes les plus équilibrées du monde et elle ne savait pas si elle était assez mature tout simplement.
La jeune femme faisait donc les cent pas dans l'appartement qu'elle partageait avec sa coloc islandaise, son ventre lui semblant excessivement protubérant, les mains placées dans le bas de son dos. Elle venait de s'enfiler toute une boite de ferreros rocher et se sentait rassasiée, mais angoissée. Il fallait qu'elle parle à quelqu'un, vraiment. Et Asla était au travail. Personne auprès de qui se plaindre qu'on allait pas être à la hauteur. Désolant.
Sélène en était rendue à se ronger les ongles, assise sur le bord du canapé, lorsqu'elle eut une illumination. Riley. La petite amie de son meilleur ami (et ex petit ami, mais vraiment, ils n'étaient pas restés longtemps ensemble). Cette jeune femme très gentille donc Maximiliano était tombé amoureux était mère d'une petite fille de trois ans. Si par miracle elle ne travaillait pas ou n'était pas occupée aujourd'hui, Sélène pourrait peut-être lui rendre visite afin de soulager ses angoisses. Bon, cela ne changerai pas de son rôle de boulet habituel, mais tant qu'à être un poids pour son entourage, autant l'être jusqu'au bout. Et puis Riley était sympa. Heureusement sinon l'étudiante aurait décrété qu'elle ne méritait pas son meilleur ami.
La jeune femme se leva alors péniblement et alla composer le numéro de l'intéressée sur le téléphone fixe de l'appartement. Par chance, elle était en congés, et accepta de bon cœur que Sélène vienne lui rendre visite. Cette dernière entortilla donc sa longue écharpe multicolore autour de son cou, passa son manteau gris élimé et se rendit dans le quartier de Toowong, non loin de là où se trouvait sa fac, mais plutôt du côté calme, familial et résidentiel. Sélène trouva sans problème la jolie petite maison de Riley, et frappa à la porte vaguement stressée par le fait qu'elle ne la connaissait pas si bien que ça tout bien réfléchi, qu'elle se trouvait stupide, et qu'elle allait être une mauvaise mère. Surement. En plus, elle était pauvre.
La jeune trentenaire lui ouvrit la porte, et Sélène lui adressa un sourire gêné, enfonçant ses mains dans ses poches. -Salut Riley ! Ehm, je suis désolée de te déranger... C'est juste que comme je t'ai dit j'angoisse à mort hm... En vrai je suis pratiquement persuadée que je vais être une très mauvaise mère. J'suis foutue.
Elle se racla la gorge pour se donner une contenance et farfouilla dans son sac en toile rapiécé pour en sortir un truc enveloppé dans un torchon qu'elle tendit gentiment bien qu'un peu brusquement à son interlocutrice en disant : -Tiens, je t'ai apporté une brioche tressée que j'ai faite pour te remercier d'avoir bien voulu répondre à mes questions... Kayla et Maximiliano sont avec toi ?
Sélène afficha le sourire stupide/gêné le plus adorable qu'elle connaissait, attendant que Riley l'invite à entrer. Pauvre bébé, il avait décidément une future mère qui ne savait pas prendre sa vie en main.
La maison était d'un calme absolu, je n'étais absolument pas habituée à ce que ça le soit. C'était presque flippant. Ma fille était chez ses grands-parents paternels pour quelques jours pendant les vacances de Noël, c'était une tradition depuis sa naissance. Même si ils n'étaient plus ma belle-famille je ne voulais pas qu'ils disparaissent de sa vie. Eux ou même son père, je ne leur refuserais jamais de la voir. Maxi n'était pas à la maison non plus, il était retourné dans son appartement pour la journée. Il passait tellement de temps ici que Mila lui avait demandé si il était encore son colocataire. Bien que je n'appréciais pas du tout la jeune femme, je lui avais conseillé d'y retourner et de la voir. Je ne voulais pas couper Maxi de ses amis. Voilà que je me retrouvais seule chez moi, à ne pas savoir quoi faire de ma journée. Je me plaignais de ne jamais être chez moi tranquillement et voilà que j'en avais l'occasion. Alors que je pensais ma journée dénuée de tout intérêt, j'avais reçu un appel de la jeune Sélène. Au ton de sa voix je la sentis un peu paniquée, plutôt compréhensible quand on était enceinte de sept mois et sans compagnon. J'avais apprécié cette jeune femme à notre première rencontre, passant outre le fait qu'elle était une ex de Maxi. Elle dégageait une telle générosité qu'on avait envie de la câliner. J'avais accepté avec grand plaisir qu'elle vienne me rendre visite, je présageais qu'elle avait sûrement besoin de moi. On se connaissait peu mais je lui faisais déjà confiance. Installée dans mon canapé, j'attendais sa venue avec une revue entre les mains. J'ignorais de quoi elle voulait parler mais je me doutais que cela avait un lien avec sa grossesse, le seul sujet sur lequel je pourrais la renseigner. La sonnette retentit et j'allais lui ouvrir la porte aussitôt. Sélène et son écharpe multicolore, son manteau tendu par son ventre imposant et son sourire lumineux. « Salut Riley ! Ehm, je suis désolée de te déranger... C'est juste que comme je t'ai dit j'angoisse à mort hm... En vrai je suis pratiquement persuadée que je vais être une très mauvaise mère. J'suis foutue. Je lui souris, amusée par son discours. J'avais bien compris que son état la tracassait et qu'elle avait l'habitude de se rabaisser, Maxi me l'avait confirmé. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle ouvrit son sac pour en sortir quelque chose enveloppé dans un torchon «Tiens, je t'ai apporté une brioche tressée que j'ai faite pour te remercier d'avoir bien voulu répondre à mes questions... Kayla et Maximiliano sont avec toi ? »
J'affichais un sourire semblable au sien, émue par la jeune femme qui se tenait devant moi. Je m'écartais de la porte et d'un geste je lui indiquais d'entrer « Sélène, je t'en prie entre. On va s'installer tranquillement au salon. » Elle me passa devant afin que je puisse refermer la porte. La brioche tiède entre les mains, j'observais la jeune femme découvrir mon intérieur. « Merci pour la brioche, c'est une très jolie attention que je serais incapable de te rendre tellement je suis une catastrophe en cuisine. C'est Maxi qui se charge de tout en général. » dis-je ne la guidant vers le salon. Je la laissais se débarrasser de ses vêtements alors que j'allais chercher un plat et un couteau dans la cuisine attenante, ouverte sur le salon. « On est toute les deux aujourd'hui, Kayla est avec ses grand-parents et Maxi est à la coloc', Mila en avait marre de pas le voir.» Mon agacement était perceptible et je me doutais que Sélène devait savoir que je ne portais pas cette fille dans mon coeur. Je reviens m'installer à côté d'elle avec un plateau avec brioche, théière, tasses et verres de jus d'orange. Tout ce qu'il fallait pour un goûter parfait. « Bon alors, raconte moi tout. Qu'est-ce qui t'angoisse à ce point ? » dis-je avec le sourire le plus doux que j'avais en ma possession. Je la comprenais, j'étais passée par des phases de peur et de questionnement comme n'importe quelle future mère. À la différence que moi j'étais en couple, que j'avais ma famille alors que Sélène était seule. Lorsque Maxi m'en avait parlé, j'avais automatiquement proposé mon aide. Et j'étais bien contente qu'elle m'ait appelé. « Tu sais, douter de soi c'est tout à fait normal dans ton cas. C'est une étape importante, stressante mais je peux t'assurer que tu n'es pas la seule dans ce cas.» J’espérais qu'elle me croit.
"-Qu'est-ce qu'une personne normale ferait dans cette situation ? -Une personne normale ne s'rait pas dans c'te situation."
Ken Scott - Starbuck
Riley accueillit Sélène avec un sourire, pour son plus grand bonheur, se montra très enthousiaste quant à sa brioche, ventant au passage les qualités culinaires de son nouveau petit ami. Cette remarque fit sourire la jeune femme, et elle répondit, tout en retirant son manteau et son écharpe : -Et c'est qu'il se débrouille pas mal le bougre, hein ?
Elle avait déjà eu l'occasion de goûter des petits plats préparés par Maximiliano, et savait de quoi elle parlait. Il leur arrivait même d'échanger des recettes. La différence majeure entre eux étant que, quand les plats de Maxi avaient plutôt belle allure, ceux de Sélène étaient relativement disgracieux. Mais bon. Donc en général, les gens ne lui en voulaient pas trop de leur avoir fait goûter ses expériences gastronomiques.
Sélène suivit Riley jusque dans son salon, tandis que son hôtesse lui expliquait que la petite était chez ses grand-parents, et que Maximiliano n'était pas là. L'étudiante hocha la tête à la mention de Mila, tout en levant un peu les yeux au ciel. Elle n'avait rien fondamentalement contre la coloc de son meilleur ami, mais elle avait généralement mal avec les pestes dans son genre. Elle ne lui avait jamais fait de sale coup, donc leurs relations étaient cordiales, il leur arrivait même de plaisanter lorsqu'elles se voyaient, mais Sélène ne voulait surtout pas que Mila pique une crise de jalousie envers Riley. Cette femme était trop gentille pour mériter ça.
Elle fut soulagée de pouvoir s'asseoir sur le canapé de cette dernière, le bébé commençant à peser son poids. La jeune maman vint rapidement la rejoindre, posant un plateau goûter sur la table basse devant elles et lui demandant de lui expliquer ses angoisses. Elle enchaîna sur des paroles rassurantes, lui expliquant qu'il était normal de stresser. Sélène lui adressa un sourire reconnaissant. -Merci... En fait, je me demande vraiment comment je vais faire pour réussir à m'occuper d'un tout nouveau petit être humain alors qu'il sera super fragile, qu'il aura pas de père, et que je ne suis pas toujours capable de m'occuper correctement de moi-même... Comment je vais pouvoir faire pour qu'il soit équilibré ? Je veux tellement qu'il soit heureux... Et quand je lis les magazines ou que je vais sur des forums tout le monde a tellement de principes et d'opinions différentes... A chaque fois que je pense à un truc que je voudrais faire pour éduquer mon enfant, je lis ou j'entends un truc qui m'explique qu'en fait c'est mal, ça va le traumatiser, etc.
Elle fit une pause, regarda ses mains, remua les lèvres, un tic qu'elle avait pris quand elle était songeuse, puis continua :
-Tu vois, je sais que je vais souffrir pendant l'accouchement, et je m'en fiche, tout comme le fait que je ne vais pas pouvoir faire des nuits complètes avant des mois, je suis prête à faire tout ça. Mais j'ai juste peur que malgré tous mes efforts, mon enfant ne soit pas heureux...
Attendant la réponse de son aînée, elle se mit à fixer la bouteille de jus d'orange comme si c'était la chose la plus fascinante au monde, espérant qu'on allait l'inviter à se servir, car comme toute bonne femme enceinte qui se respecte elle avait souvent -voire tout le temps- faim et soif, et qu'elle n'était pas assez proche de Riley pour oser se servir sans sa permission.
Dernière édition par Sélène Wiszniewski le Mar 12 Jan 2016 - 16:56, édité 1 fois
Si il y avait bien quelqu'un avec qui je pouvais parler de Maxi sans gêne c'était Sélène. Elle le connaissait tout aussi bien que moi, voir plus. Elle avait accepté notre relation sans problèmes, avoir quelqu'un de notre côté c'était plutôt agréable. Au moins avec elle je pouvais parler librement et pourquoi pas tirer quelques informations. «Tu parles, c'est un vrai chef ! Sans lui je crois que Kayla serait nourri à base de surgelés. » Mon petit-ami était doué dans bien des domaines, la cuisine en faisait partie et je ne pouvais que le remercier. Il comblait mon niveau plus que misérable aux fourneaux pour le plus grand plaisir de ma fille et de moi-même. Je pris les affaires de Sélène pour les ranger avant de m'installer à ses côtés. J'essayais au maximum de créer une ambiance agréable afin qu'elle se sente à l'aise. Même si elle ne l'exprima pas clairement, je remarquais qu'une fois installée Sélène sembla se détendre. Je pouvais comprendre pourquoi, ce petit gabarit portait un bébé et ça pouvait clairement épuiser au moindre mouvement. Je la regardais en souriant, cherchant à la mettre en confiance afin qu'elle se livre. Sa situation n'était pas facile et à tout vouloir garder pour soi ça pouvait être nocif pour elle ou le bébé. Lorsqu'elle commença à parler, je me tu, l'écoutant. Je comprenais ses craintes, j'en avais eu de semblables même si ma situation était plus facile. Contrairement à Sélène, Kayla était née dans une famille « riche », avec un toit au dessus de la tête et deux parents. Ma fille avait été entourée d'amour et d'affection de toute sa famille, créant ainsi une sorte d'équilibre. Sélène était loin de tout ça et ça la stressait. L'entendre avoir peur, se dire qu'elle ne serait pas à la hauteur, que malgré les efforts elle pensait que tout était fichu me faisait mal. Comment un événement si heureux qu'une naissance pouvait provoquer tant de peine ? Mon sourire persista sur mon visage alors que je me penchais pour servir le jus d'orange et lui tendre le verre. Elle avait peur de gêner et jamais elle ne se servirait d'elle-même. « N'hésite pas à te servir. SI tu veux manger autre chose, dis le moi. » dis-je calmement avant de boire une gorgée de mon verre. Je le reposais sur la table avant de me tourner vers elle. Riley en mode grande sœur ça commence maintenant.
« D'abord, fais-moi le plaisir de ne plus lire ces conneries du web ou des forums. Ce n'est pas là que tu apprendras à être mère. En fait, être mère ça s'apprend au fur et à mesure, et c'est différent pour toutes les femmes. C'est instinctif, toi seule sait ce qui est bon ou non pour ton bébé alors les autres tu t'en fous. Avoir des craintes c'est tout à fait normal, je te le dis des erreurs tu vas en faire parce que tu es humaine et que ça arrive, mais tu vas apprendre de tes erreurs. Ton enfant sera heureux parce qu'il sera avec toi et que tu l'aimeras de tout ton être.» Je ne voulais pas être une donneuse de leçons, je voulais juste l'aider et l'aiguiller. J'avais eu mes parents et des amies pour me faire ce discours pendant ma grossesse. D'ailleurs lui parler de mon cas pourrait peut-être l'aider à se rendre compte que rien n'est jamais parfait. «Tu sais, ma fille, ça n'a pas été tout rose tout le temps. Ce bébé il n'était pas forcément prévu, on avait tout les deux un boulot prenant mais on a fait avec. J'étais heureuse d'avoir ce bébé parce que ça collait à l'image de la famille parfaite. Deux parents, une maison, une voiture. Mais c'est après que ça s'est gâté. En fait j'ai eu une sorte de baby-blues qui s'est étendu à toute mon existence. J'ai négligé Kayla les deux premières années de sa vie parce que j'étais tout le temps au travail. Et le pire dans tout ça c'est que je ne faisais pas d'effort pour rentrer plus tôt ou avoir mes week-ends. Je me suis prise une claque quand un jour je me suis rendue compte que la famille parfaite ça n'existait pas. Ce qui la rend parfaite c'est les efforts qu'on fait pour la consolider, l'amour qu'on porte à nos proches, les petites attentions et tout ça mon mari et moi on ne le faisait plus. On a fini par se séparer puis divorcer comme tu le sais, et je me suis promis de ne plus négliger Kayla comme je l'ai fais. » Je pouvais dire que j'avais plutôt bien réussis cet objectif, je prenais beaucoup plus de temps pour moi et ma fille et puis Maxi avait considérablement arranger les choses. Sa présence me faisait de bien qu'il en faisait à la petite. « Alors tu vois, ta situation n'est pas catastrophique. On a tous nos faiblesses mais aussi nos forces. Tu ne le sais pas encore mais tu es quelqu'un de fort Sélène, il faut juste que tu en prennes conscience. Tu es déjà prête à faire des efforts après la naissance alors que le petit n'est pas encore né, tu t'inquiètes suffisamment pour lui avant de t'inquiéter pour toi et ça, ça fait déjà de toi une mère. Tu n'es pas toute seule, Maxi et moi sommes là si tu as besoin. » dis-je en souriant. J’espérais avoir réussi à lui ouvrir les yeux. Ce n'était peut-être pas une étape facile, mais dans la vie rien ne l'étais et je serais ravie de pouvoir l'aider.
"Si c'est ainsi dans tous les cas, on grandit, on ne choisit pas. Et sur le fil, il faut tenir en équilibre"
La Grande Sophie - Même pas
Sélène rit à la remarque de Riley. Le fait qu'elle admette qu'elle ne cuisinait pas elle même pour sa fille suffisait déjà à rassurer quelque peu la future maman. On ne pouvait pas être parfaite. Elle se détendit quelque peu. Son hôte l'incita à se servir, et l'étudiante ne se fit pas prier deux fois. Après avoir remercié la jeune femme, elle se servit un verre de jus d'orange et une tranche de brioche. Elle but une gorgée avec délectation, mais ne pensa même pas à entamer sa nourriture, aussitôt happée par le discours de Riley. Son ton autoritaire et sur d'elle même de grande sœur la mit immédiatement à l'aise. Sélène s'enfonça un peu plus dans le canapé et se sentit mieux. Elle était heureuse que quelqu'un lui ordonne de ne pas prêter attention à ce qui était écrit sur internet et dans les magazines. D'un côté au final, heureusement que sa mère n'était pas là pour lui donner encore plus de conseils à la con.
-D'accord madame, dit-elle en riant, baissant les yeux vers ses mains. Je vais essayer de me fier à mon instinct. J'imagine qu'on fait toutes des erreurs...
Elle avait complètement oublié sa brioche et sa faim perpétuelle de femme enceinte lorsque Riley se mit à lui raconter ses difficultés, son baby blues, et ses regrets. Sélène regardait la trentenaire, respectueuse, et admirative, malgré le fait que la jeune femme était en train de lui raconter des choses négatives sur elle. Elle trouvait merveilleux qu'elle s'ouvre à elle ainsi, et cela lui permettait de se sentir beaucoup mieux par rapport à sa situation et à ses propres défauts. Elle ressentait même beaucoup d'empathie à l'égard de Riley.
Mais ce qui était encore plus génial, c'est qu'elle ne parla pas que d'elle, mais tenta également de valoriser Sélène, en lui disant qu'elle était déjà une maman, et qu'elle allait prendre conscience de sa force. Pour sa part, la future mère avait envie de prendre son interlocutrice dans les bras.
-Woh... J'aurais jamais cru que tu avais eu tant de difficultés... Tu t'en es vraiment bien sortie au final. J'espère que ce sera pareil pour moi... Merci beaucoup, tu ne peux pas savoir à quel point ça compte pour moi ce que tu me dis. Je vais essayer d'être aussi forte que tu l'as été et que tu penses que je peux l'être -elle se caressa le ventre- Je vais tout faire pour que ce bébé soit heureux... J'espère juste que je vais être assez mature pour tout gérer, et que la transition dans ma vie ne va pas être trop brutale...
Sélène prit une grande inspiration et regarda le plafond, commençant à dépiauter un petit morceau de brioche qu'elle porta lentement à sa bouche, et mâcha avec un air pensif sur le visage.
-Qu'est-ce que tu penses qu'il faut impérativement que je prépare avant l'arrivée du bébé ? J'ai vraiment peur d'oublier des trucs.
Elle sourit doucement, puis ajouta :
-En tous cas, Maxi et toi vous êtes bien trouvés, vous êtes aussi adorables l'un que l'autre.
Elle le pensait réellement. Si elle n'avait pas eu de chances avec ses dernières expériences sentimentales, au moins Maxi avançait bien et avait trouvé quelqu'un qui lui semblait parfait. Avec un bébé sur les bras maintenant, elle ne retrouverait peut-être jamais quelqu'un, pensait-elle parfois, mais elle ne s'en inquiétait pas vraiment au quotidien. Ses angoisses ne concernaient pas cet aspect là de sa vie, en ce moment.
Raconter mon parcours à Sélène n'avait rien de moralisateur. C'était même le contraire, je voulais lui prouver qu'on pouvait toute faire des erreurs. Il ne fallait pas se fier à l'image des gens. Derrière l'image de femme active et mère, j'étais une trentenaire angoissée de la vie et incapable d'assumer ses sentiments pleinement. Je travaillais sur mes angoisses et c'était ce que je voulais que Sélène fasse. Elle en était tout à fait capable. Mes premiers conseils furent d'assumer ses erreurs et de ne pas écouter les autres. Chaque femme est différente, chaque décision est différente. C'est à elle de savoir ce qu'elle doit faire ou non, encore plus pour son enfant. « Bien sur qu'on en fait. C'est humain de se tromper, et puis après tu rectifies le tir et ça a mieux. Fie-toi à ton instinct et si vraiment tu paniques, tu peux toujours m'appeler. » dis-je en souriant. Il fallait qu'elle comprenne que j'étais là si elle voulait. J'avais eu un coup de coeur pour cette gamine et je voulais l'aider au maximum. Mon histoire sembla la surprendre, peut-être que ça cassait l'image qu'elle avait de moi. Si pendant un moment j'avais eu honte de mes actions, aujourd'hui j'essayais d'en tenir compte et de ne pas recommencer. Avec Maxi j'avais l'impression que ça pouvait mieux se passer, c'était différent avec lui mais dans le bon sens du terme. « Quand je te dis que tout le monde fait des erreurs.» plaisantais-je « Je ne me fais pas de soucis pour toi. Tu es une fille intelligente, tu sauras ce qu'il faut faire et bien sur que tu seras forte. Je te le redis, tu peux me demander ce que tu veux quand tu veux. » J'esquissais un sourire en la voyant caresser son ventre. Elle était bien avancée dans sa grossesse, le petit bout pointerait bientôt le bout de son nez et je devais avouer que j'étais tout aussi impatiente. « J'espère que je verrais ce petit bout, j'adore les bébés et je dirais même que ça me manque de ne pas cajoler de tout petit. » J'avais toujours souhaité plusieurs enfants, ne souhaitant pas que Kayla grandisse seule. Le destin en avait fait autrement et même avec Maxi, je ne pensais pas avoir la chance d'avoir d'autres enfants. Je n'allais pas lui imposer cela alors qu'il débutait à peine sa vie.
Sélène se mit enfin à manger sa brioche, outrepassant sa crainte de déranger. Elle posa une question essentielle et à laquelle je pouvais répondre. «Je dirais que le plus important c'est d'avoir un coin dodo avec un berceau, si possible en dehors de ta chambre pour l'habituer rapidement. Mais je peux déjà te dire que tu voudras l'avoir près de toi au début. En suite un coin où le changer avec des couches de plusieurs tailles différentes, des vêtements là aussi de différentes tailles. D'ailleurs j'aurais sûrement quelques affaires de Kayla si ça t’intéresse, des trucs unisexes. Et puis après tout ce qui est biberon, stérilisateur, tétines. Ça dépend si tu veux allaiter ou non. » Je ne savais pas si elle avait réfléchi à tout ça ni si elle en avait les moyens. C'était une question délicate que je n'osais pas lui poser, je pourrais toujours me débrouiller pour que Maxi lui en parle. C'était un coup que d'élever un enfant mais il y avait d'autres solutions qui pourraient lui convenir. « Je sais que tu t'inquiètes pour le coût de tout ça mais t'en fais pas, y a d'autres solutions adaptées. Là aussi si tu veux des conseils tu me demandes. » J’espérais qu'elle ne le prenne pas mal, il n'y avait aucun jugement de ma part. Son commentaire sur ma relation avec Maxi me fit sourire. Peu de personnes était au courant et j'étais toujours contente de voir que notre relation passait bien. « C'est vrai que j'ai beaucoup de chance de l'avoir. Je ne pensais pas pouvoir aimer de nouveau mais il a croisé mon chemin, j'ai mis du temps avant d'accepter que Maxi s’intéressait vraiment à moi. » J'en avais perdu du temps avec mes angoisses débiles, à douter de tout tout le temps. J'avais failli le perdre avant même d'avoir entamer une vraie relation. « J'ai failli tout faire capoter, alors faut le féliciter de bien vouloir me supporter. » plaisantais-je avant de moi-aussi attacher la brioche
"So viele Fragen, was die Zukunft vielleicht bringt. Was könnte anders sein ? Welch Weg werd ich gehn ?"
Unheilig - Das Leben ist schön
Sélène se sentait déjà beaucoup mieux. Elle était enfoncée dans le canapé de Riley, car son ventre commençait à lui peser, et caressait justement l'important renflement qui se trouvait sous son t-shirt. Riley était vraiment rassurante. Elle disait à Sélène de se fier à son instinct, et cela plaisait à la jeune femme. Elle aimait bien cet état d'esprit. Elle sourit, et répondit : -Oui tu as raison, c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Ce n'est pas en me morfondant et en étant tout le temps angoissée que je vais rendre mon enfant heureux. Et puis ce ne serait pas un bon exemple. Tu voudras vraiment bien que je t'appelle si jamais j'ai encore des questions vaseuses et que je suis totalement paniquée ? Je suis vraiment un boulet des fois...
... Souvent, pensa-t-elle. Mais bon, Asla arrivait la supporter, et malgré les épreuves, il semblait que Maximiliano soit encore et toujours son meilleur ami. Comme quoi, même les dingues et les paumés peuvent être appréciés. Riley lui prodigua de nouveau quelques encouragements, et Sélène sourit timidement en regardant son ventre. Cette femme était décidément très gentille. Elle espérait qu'elles allaient pouvoir devenir amies. Si sa relation avec Max perdurait, ce que Sélène espérait, elles allaient probablement être amenées à se voir souvent. D'ailleurs, elle pensait demander à son ami d'être le parrain du bébé. C'était la personne la plus indiquée pour ce rôle, après tout.
Elle vit Riley sourire en la voyant caresser son ventre, et lui fit part de son envie de voir un jour l'enfant. -Evidemment que tu le verras... A vrai dire je pensais demander à Maximiliano d'être le parrain, étant donné que c'est mon meilleur ami... Tu penses que c'est une bonne idée ?
Sélène n'osa pas vraiment faire de commentaire lorsque son interlocutrice déclara que cela lui manquait de cajoler des tout petits. Elle aurait aimé lui dire qu'elle aurait peut-être d'autres enfants, mais elle avait peur que cela soit mal interprété par Riley. Etant donné que celle-ci était en couple avec son meilleur ami, elle ne voulait pas donner l'impression de s'immiscer dans leur vie de couple. Ils n'étaient pas ensemble depuis très longtemps. Mais cela amusait Sélène d'imaginer son ami papa.
Elle écouta ensuite avec attention la jeune femme lui donner des conseils pour ses futurs achats et la préparation de la chambre du bébé. Elle buvait tellement les paroles de Riley que c'était presque si elle prenait des notes. Il allait falloir qu'elle mette de l'argent de côté, et qu'elle regarde du côté des occasions. Un bébé, ça coûte cher, et elle le savait. Ce fut également un point que son interlocutrice évoqua. Elle avait bien compris la situation de Sélène. -Oui, je compte allaiter, si j'y arrive et qu'il n'y a pas de problème, commença-t-elle. C'est gentil, si ça ne te dérange pas je veux bien que tu me prêtes ce qu'il te reste des affaires de Kayla... Enfin, je te les rendrai bien sur si tu en as besoin pour toi ou pour quelqu'un d'autre, mais ça m'aidera vraiment. Oui au fait, est-ce que je t'avais dit que j'attends un petit garçon ?
Maxi lui avait peut-être déjà dit, vu qu'il l'avait accompagnée à l'échographie. Par contre, Sélène n'avait encore aucune idée de prénom, et procrastinait grandement dans cette tâche.
-En tous cas, reprit-elle, je commence déjà à mettre de l'argent de côté pour acheter ce dont j'aurais besoin. Et je pense que je vais aller regarder du côté des magasins ou sites internet d'occasions.
Puis le sujet de conversation revint à la relation entre Riley et le meilleur ami de Sélène. C'était vraiment touchant de l'écouter raconter qu'elle avait eu du mal à croire que son baby-sitter s'intéressait à elle. Elle sourit avec amusement lorsque la jeune femme lui avoua avoir failli tout faire capoter.
-Je suis heureuse que tu aies eu tort à son sujet alors. On fait tous des erreurs dans une relation. Qu'est-ce qui s'est passé ? Si ce n'est pas indiscret bien sur.
Encore une fois, bien qu'elle soit proche de Maximiliano, sa vie de couple était sa vie de couple, elle ne pouvait donc demander à trop en savoir. Il lui avait déjà dit qu'il y avait eu un malentendu avec sa colocataire, Mila. Sélène était curieuse, mais elle ne voulait pas embarrasser Riley.
Comment ne pas craquer devant Sélène ? Sa maladresse teinté de bonne volonté la rendait touchante. Je le sentais tellement sincère dans ses paroles. Malgré son jeune âge, elle essayait de tout faire pour que ça se passe bien et j'étais persuadée que ça se passerait bien. J'essayais au maximum de la rassurer en lui disant que être mère ça ne s'apprenait pas dans les livres mais que ça se ressentait. « Tu vois, tu comprends déjà comment te comporter. » dis-je en souriant « Il n'y a pas de questions vaseuses ou stupides, et je te le répète tu peux m’appeler quand tu veux. Et si t'as besoin d'aide quand tu fais des courses ou autre là aussi n'hésite pas, que ce soit moi ou Maxi, on peut t'aider. » Elle n'allait pas tarder à accoucher alors il lui faudrait beaucoup de repos. J'étais persuadée que Maxi serait tout aussi présent que moi pour l'aider. Ce n'était pas une situation facile à vivre, et j'étais curieuse de voir comment mon petit-ami réagissait face à la grossesse. Ce n'était pas un sujet qu'on avait abordé entre nous, j'étais un peu anxieuse quand à parler de cela alors la situation de Sélène pourrait m'ouvrir les yeux sur la question. « T'es loin d'être un boulet, arrête de te rabaisser. Tout le monde a des défauts mais aussi des qualités, c'est juste que tu ne les vois pas encore. » ajoutais-je. J'étais toute émue en la voyant caresser son ventre. C'était quelque chose que je me voyais bien vivre une nouvelle fois, enfin que j'aurais envie de vivre. Elle était réellement touchante. Je lui fis part de mon envie de voir son petit une fois qu'il serait né parce que bon j'adorais les bébés. Elle me fit par de son envie d'avoir Maxi comme parrain, je la sentais un peu anxieuse. « Je suis sur qu'il sera ravi. C'est un joli geste que de le choisir et il en sera touché je suis sur. » Qui ne le serait pas. C'était une preuve de respect et d'amour pour la personne que l'on choisissait pour ce rôle. C'était important de choisir la bonne personne, après tout elle aurait un rôle important dans la vie de l'enfant. Voilà pourquoi mon frère était le parrain de ma fille, c'était tout naturel puisqu'il était dingue de sa nièce.
On évoqua les achats qu'elle devrait faire mais connaissant sa situation financière je lui proposais de récupérer des affaires de Kayla. Après tout un autre enfant n'était pas au programme alors je pouvais bien me séparer de quelques affaires. « Ne te stresse pas pour ça, ce n'est pas comme si j'en avais encore besoin. Kayla a bien grandit et je n'ai pas d'autre bébé de prévu donc..» Je reprenais un morceau de brioche, louant ses talents de cuisinière alors qu'elle m'annonçait attendre un garçon. « Oh super ! Un petit mec dans ta vie, ça va te changer. J'ai hâte de le rencontrer. » J'imaginais déjà Maxi jouer avec, ça serait drôle de le voir jouer au foot avec un petit garçon vu que Kayla était loin d'aimer ce genre de sport. « Oui tu as raison, je suis sur que tu trouveras de jolies choses. Et puis je peux toujours te conseiller si tu as en as envie, je te le redis je suis disponible si besoin. » Il ne fallait pas qu'elle se sente gêner de me demander. J'étais ravie de pouvoir l'aider, comme je le ferais avec mon frère si un jour il se trouvait quelqu'un pour fonder une famille. Notre conversation dévia sue ma relation avec Maxi et ça ne me dérangeait pas. Sélène était la seule ex que je supportais et pour cause, elle n'en avait pas après lui. Et puis elle le connaissait bien alors elle saurait me conseiller. « Eh bien, la différence d'âge m'a pas mal secoué en fait. J'ai eu peur..J'ai encore peur d'être jugé parce que je suis plus âgée que lui tu vois. Je n'aime pas trop m'afficher en public alors si on commence à me traiter de cougar..» plaisantais-je, un peu gênée. Je commençais à m'y faire parce que Maxi faisait preuve de patience avec loi. « Et puis j'ai du mal avec Mila. Tu dois sûrement la connaître, sa façon d'être avec Maxi ne me plait pas tellement et ça réveille ma jalousie. Le pauvre a du endurer mes crises de jalousie, mais c'est plus fort que moi ça ne passe pas du tout avec elle. » Rien que de penser à elle m'énervait. Elle vivait avec lui, elle avait d’innombrables occasions de briser notre relation et ça m'effrayait. « Mais bon j'ai trente et un an, je n'ai pas à être jalouse d'une gamine de son âge. C'est stupide de ma part. » souriais-je. J'étais assez curieuse de voir comment Sélène voyait Mila et si elle partageait mon avis.
Riley était tellement encourageante. Sélène avait presque hâte que son bébé sorte et qu'elle fasse enfin connaissance avec lui, grâce à leur conversation. Elle ne regarderai certainement plus les enfants dans la rue avec autant d'appréhension. Elle sourit à la copine de son meilleur ami, qui lui disait qu'elle ne devait pas hésiter à la contacter si besoin, et à solliciter son aide.
-Merci beaucoup Riley, ton aide est vraiment précieuse, c'est adorable de ta part.
La doctorante grimaça légèrement en riant lorsque son interlocutrice lui demanda d'arrêter de se rabaisser. Il était vrai que Sélène avait souvent recours à l'auto-dérision afin de se protéger des remarques des autres. Surtout depuis qu'elle s'était retrouvée à la rue. Elle anticipait, quoi.
-Aha, d'accord, je vais essayer d'arrêter de me voir comme un boulet. Mais tu avoueras qu'avec quinze kilos en trop c'est pas facile.
Elle rit, et écouta la réponse de Riley quant à sa suggestion de demander à Maxi d'être le parrain du bébé. Celle-ci se montra très favorable à l'idée, et Sélène sourit donc et répondit : -Parfait, je lui proposerai la prochaine fois qu'on se verra alors.
Revenant au sujet des affaires pour bébé que Riley allait lui prêter, elle la rassura en lui disant qu'elle n'avait pas prévu d'autre enfant pour le moment, et qu'il n'y aurait donc aucune urgence. Cette fille était vraiment super prévenante. Elle était heureuse que son meilleur ami ait trouvé quelqu'un d'aussi bien.
-Ok ok, mais il ne faudrait pas que tu te prives d'avoir un autre bébé pour moi, dit-elle sur le ton de la plaisanterie.
Elle se demanda en disant ces mots ce que Maxi pouvait bien penser de la question "enfants". Oh bien sur il les aimait, sinon il ne serait pas devenu le baby-sitter de Kayla, mais pour lui même ? Quand se voyait-il en avoir ? Avec qui ? Sélène se promit d'aborder un jour le sujet avec lui.
Entre temps, Riley s'était montré très enthousiaste à l'annonce du sexe du bébé, et avait déclaré qu'elle avait hâte de le rencontrer. La future maman passa ses mains sur son ventre :
-Moi aussi, maintenant, je crois bien. Tu as réussi à me remonter le moral !
Comme pour approuver ses paroles, le bébé donna un coup contre les parois de l'utérus de Sélène qui grimaça en lâchant un "ouch" surpris.
-Je crois que lui aussi a hâte de te rencontrer ! Et il a bien raison, avec toutes ces attentions que tu as pour moi, on dirait presque que je suis ta petite sœur.
Puis les deux jeunes femmes repartirent sur le sujet de la relation entre Maximiliano et Riley. Cette dernière expliqua à Sélène qu'elle avait eu du mal à assumer la différence d'âge entre elle et son copain. C'était compréhensible, mais bien dommage. Elle lui parla ensuite de Mila, qu'elle avait un peu du mal à encadrer. Sélène hocha la tête. Ce n'était pas la personne qu'elle aimait le plus au monde, et elle comprenait qu'on puisse carrément ne pas l'apprécier.
-Je vois... Moi je ne trouve pas ça choquant quand on vous voit, Maximiliano et toi. Tu as trente et un an, comme tu le dis, pas cinquante ! Et quand bien même, vous faites ce que vous voulez. Les gens n'ont pas à juger les relations des autres... Pour ce qui est de Mila, elle a un côté très peste, et c'est mon côté bonne poire qui fait que je m'entends relativement bien avec elle. Rassure-toi, tu n'es pas la seule à avoir du mal avec elle. Fais simplement abstraction, elle n'est pas grand chose dans la vie de Maxi comparé à toi... Ta réaction n'est pas stupide, on est tous humains, ça arrive d'être jalouse de manière irrationnelle...
Surtout depuis que ses hormones se faisaient capricieux, Sélène ne pouvait pas se permettre de juger les réactions de Riley. Et puis, encore une fois, elle connaissait Mila et savait comment elle pouvait se montrer...
Me priver d'un enfant. La phrase me surprit. Le sujet bébé n'avait plus eu réellement de sens pour moi dés l'instant où j'avais divorcé. J'avais trente et un an, je n'étais plus vraiment apte à avoir un enfant. Et puis avec Maxi ce n'était pas envisageable. J'avais déjà l'impression d'être un poids pour lui, de le freiner dans sa vie alors un enfant. Il n'avait sûrement pas envie de se poser de cette façon. Kayla venait d'avoir quatre ans alors je n'avais qu'à profiter de ses jeunes années. « Oh ne t'en fais pas pour ça. Ce n'est plus à l'ordre du jour » dis-je en souriant. Notre conversation sembla lui remonter le moral. Je le voyais dans sa façon de se tenir, de se parler. Sélène avait juste besoin que quelqu'un l'écoute et la conseille. Une grosse n'était pas une étape facile à vivre quand on était seule alors si je pouvais l'aider, je le ferais. Elle était proche de Maxi par association elle était proche de moi. J'avais donc hâte de voir ce petit bout, ce dont je lui fis part. Apparemment mes mots avaient traversé sa peau puisqu'elle lâcha un petit « ouch ». Avant même qu'elle le dise je pouvais deviner. Le petit avait donné un coup et je me souvenais que Kayla était un vrai footballer, m’empêchant de dormir paisiblement. Je lâchais un petit en entendant la jeune femme. Petite sœur. Ca me plaisait bien comme terme. « Même si tu me files un coup de vieux, je te considère comme tel. Je n'ai qu'un frère et je crois que j'aurais bien aimé avoir quelqu'un à m'occuper plus jeune. Sélène je te le redis mais si t'as besoin de quoi que ce soit, n'hésites pas.» souriais-je « Je sais à quel point Maxi t'apprécies alors tu peux déjà te considérer comme ma famille. » J'étais sincère dans mes mots. Accepter Maxi dans ma vie c'était m'ouvrir à sa vie et à ses proches, famille et amis comprit. Sélène était importante pour lui. C'est d'ailleurs sur notre relation que la conversation dévia. C'était étrange de parler de mon couple à quelqu'un d'aussi jeune mais bon, Maxi l'était aussi. Elle le connaissait sûrement mieux que moi et peut-être qu'elle m'aiderait à le comprendre. Je ne voulais pas faire d'erreurs. Sélène me surprit dans ses mots. Apparemment j'étais la seule qui avait un soucis avec la différence d'âge. Vu de l'extérieur ça ne semblait pas si étrange que cela. Effectivement je n'avais pas cinquante ans mais tout de même, il y avait presque huit dans de différence entre nous. Je n'étais plus toute jeune, je n'avais pas les mêmes enjeux de vie. «C'est..déstabilisant. Maxi est génial, vraiment. Je l'aime mais j'ai peur qu'il ne veuille pas la même chose que moi. J'ai eu une vie avant lui, je ne suis plus à cette période où on expérimente, on rencontre, on change. Tu vois ce que je veux dire ? » Sélène me donna également son avis sur Mila. Je fus surprise qu'elle s'entende bien avec elle tellement elles étaient différentes. Je lâchais un rire quand je l'entendis confirmer que d'autres avaient du mal avec elle. Au moins ça me rassurait. « J'avais l'impression d'être une mégère. Je veux faire des efforts pour Maxi, mais elle me donne du fil à retordre. Elle fait tout pour nous séparer. » Je refoulais mes pensées quand à la relation Mila/Maxi. Je ne pouvais pas le blâmer pour avoir eu une aventure, lui aussi a eu une vie avant moi. « Merci de m'avoir écouté en tout cas. Ca fait du bien de parler parfois, je n'ose pas trop aborder ce sujet avec Maxi parce qu'on risquerait de se disputer. Et je veux éviter ça. Je suppose que chacun va devoir faire des concessions pour que ça fonctionne. » Cela voulait dire que je devrais être plus gentille avec Mila, ça prendrait du temps mais Maxi en valait le coup. « En tout cas, tu es la bienvenue ici. Tout le temps. J'ai hâte que ton bébé arrive, ça te changera la vie à coup sur. C'est une jolie histoire qui commence et je n'ai aucun doute sur tes capacités. Dans la vie il faut garder espoir, et dans mon cas le mien s'appelle Maxi. » J'avais sûrement un sourire niais sur le visage mais parfois c'était juste ce qu'il fallait pour que la vie reprenne un sens.