La petite fille laissait alors Raffaele lui bander les yeux avec ses mains et riait aux éclats. Il adorait les enfants et chaque fois qu'il venait au marché de Noël, il faut dire qu'il y passait beaucoup de temps, il s'amusait à faire tout un tas de bêtises avec les plus jeunes. Tantôt il jouait au foot avec une bande de garçons qui traînaient par là, tantôt il essayait de gagner des peluches pour des petites filles qui pleuraient devant les stands et ce soir... Ce soir il était tombé sur une demoiselle qui ne comprenait pas en quoi Noël était magique. Il l'avait entendue parler avec sa poupée et ronchonner pendant que les parents de la petite se promenaient dans les alentours à la recherche du cadeau de Noël parfait. Raffaele s'était alors arrêté pour bavasser avec la petite et après avoir gagné sa confiance, se retrouvait maintenant à poser ses mains devant les yeux de la gamine pour lui demander "Tu es prête?" Elle riait tout en serrant sa poupée dans sa main droite et en agitant son visage de haut en bas pour confirmer. Il fit tomber ses mains et alors la petite dessina un petit "o" parfait avec ses lèvres devant la beauté du sapin de Noël. "Pourquoi il m'a l'air plus beau maintenant?" Raffaele sourit en baissant son regard sur la petite qui le questionnait. "Parce qu'il y a eu l'attente, le phénomène de l'anticipation, le petit goût d'interdit et l'envie de croire que ça pouvait être magnifique. Puis quand c'est quelqu'un qui t'ouvre les yeux, ça a toujours un côté magique." Comprenant à moitié ses paroles d'adulte, elle chercha autour d'elle quelque chose et enfin sembla trouver son bonheur dans une grosse caisse en bois qui servait à stocker des bouteilles de vin autrefois. Elle la tira jusqu'à Raffaele avant de monter dessus et de placer ses petites mains autour des yeux du jeune Italien. Comprenant sa manoeuvre, il riait déjà et se félicitait d'être la source de tant d'ambition chez la petite. Lorsqu'elle fit tomber ses mains comme lui, il regarda le sapin et en une fraction de seconde ses pupilles se dilatèrent comme jamais en apercevant la plus inattendue des étoiles de Noël au travers des branchages. La petite s'enthousiasmait de voir le visage perplexe de Raffaele "C'est étonnant hein? tu ne t'attendais pas à voir ça?!" Raffaele secoua la tête sans parvenir à repondre. Il était dans un autre monde. Son regard suivait une sorte d'esprit qui ne pouvait réellement se trouver là. Il s'excusa vaguement auprès de la petite et partit à la recherche du visage qu'il venait de découvrir dans la foule des gens présents ce soir. Ce ne pouvait être elle. Et pourtant son coeur battait la chamade comme si il savait que personne d'autre ne pouvait avoir ces traits là. Il marchait, désorienté, parmi les gens qui le regardaient d'un air mauvais lorsqu'il les bousculait. Finalement il s'approcha assez près de l'ange blond qu'il avait vu quelques secondes plus tôt. Elle tourna légèrement la tête pour regarder un objet dans l'un des stands et il s'arrêta brusquement. C'était elle. Elena. D'instinct il fit un pas en arrière, réalisant que celle qu'il avait tant aimée, celle qui l'avait détruit, était ici à Brisbane. Des milliers de questions se mêlèrent dans son esprit mais il était déterminé à ne pas aller la confronter. Non, il avait besoin de temps pour digérer l'information. Il se décida donc à la suivre discrètement, voir si elle était ici seule ou accompagnée. Chercher ainsi à se donner du temps, tout en explorant ses options, tout en profitant de son avantage: il la voyait sans qu'elle ne sache qu'elle était observée.
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Dernière édition par Raffaele Valentini le Sam 6 Fév 2016 - 8:48, édité 1 fois
Le vendeur lui tendit un bonnet rouge de Père Noël qu’elle écarta d'un geste de la main et d’un éclat de rire. Il faisait bien trop chaud pour ce genre de choses, bien trop chaud tout court, s’en était étouffant. Passer Noël sans hiver était vraiment une expérience étrange. Pour autant, elle appréciait beaucoup l’ambiance que dégageait la ville à cet instant même. Depuis une semaine qu’elle était arrivée, elle n’avait eu de cesse de se promener, décidée à découvrir chaque recoin de Brisbane. Elle s’était assise sur le sable chaud les yeux dans les vagues, avant d’aller s’y jeter. Si elle avait brièvement travaillé sur sa petite princesse, elle ne commencerait l’enregistrement qu’après passé le cap de la nouvelle année ce qui lui laissait du temps libre. Déterminée à ne pas rester enfermée dans l’appartement que la production lui avait loué, elle avait réussi à obtenir un cours pour les enfants à la patinoire qui avait été ravie de pouvoir l’embaucher. Aujourd’hui ne dérogeait pas à la règle, après avoir flâné dans les rues ensoleillées et mangé à la terrasse d’un café, elle s’était mis en tête de découvrir le marché de Noël. Cette fête lui avait toujours plu et déambuler au milieu de guirlandes multicolores et de gens en shorts était des plus amusant. Les yeux remplis d’étoiles, elle observait le magnifique sapin exposé en plein centre de la place. Il y avait du monde, une foule compacte autour d’elle. Des enfants surexcités, des parents épuisés, des touristes traînant du pied et des couples qui peu importe l’endroit se dévoraient du regard. Sa plus grande crainte était de le croiser. Elle n’était pas encore allée à sa rencontre et ce n’était pas sans raison. Elle ne savait pas quoi lui dire, bien consciente qu’il ne lui pardonnerait certainement jamais ce qu’elle avait fait quelques années auparavant. Plus les jours passaient sous le soleil australien plus elle se demandait si elle devait même aller le voir. A quoi bon après tout ? Elle pouvait très bien faire son job et rentrer se marier en Italie après non ? Seulement, elle savait pertinemment qu’elle devait réussir à lui parler pour avancer dans la vie. Elle secoua la tête, ce n’était pas le moment de penser à tout ça et ses yeux se concentrèrent sur un petit vendeur au front plutôt dégarni qui la regardait avec un sourire pourtant ravageur qu’elle lui rendit. Elle songea qu’il devait être assez charmant dans sa jeunesse. Comme la plupart des jeunes hommes ici à Brisbane d’ailleurs. Ce qui ramena ses pensées vers lui. Elle craignait d’autant plus de le croiser ici, qu’il avait typiquement le profil du surfeur australien. Cent fois par jour, son coeur s’emballait en croisant des têtes blondes au sourire ultra light. Heureusement, ce n’était jamais lui. Elle continua sa progression, louchant sur divers objet, dont de nombreuses bougies aux parfums délicieux avant de s’arrêter à un stand de friandises où elle remplit un petit sac. Puis elle continua doucement sa progression à travers les stands.
Elena était ici. Voilà tout ce qui le préoccupait désormais. Marchant sans but entre les stands, cherchant désespérément la chevelure blonde de celle qui l'avait tant obsédé. Il ne pouvait y croire et pourtant il devait. Lorsqu'il la vit devant un stand qui parlait avec le vendeur, il entendit sa voix chaude et rieuse à distance sans pouvoir retenir un tremblement de jambe. L'émotion l'envahissait. Que faisait-elle ici? La question se posait enfin. Il voulait savoir mais pas se découvrir, pas sortir de l'ombre. Il digérait encore cette nouvelle surprenante. Savait-elle qu'il était à Brisbane? Il secoua la tête à cette pensée. Si elle le savait, elle serait venue lui dire qu'elle aussi ... quoique... A vrai dire, pourquoi aurait-elle fait cela? Mais pouvait-il seulement supposer qu'elle était venue jusqu'ici sans savoir que lui aussi était dans les eaux australiennes? Après tout, lui il avait gardé un oeil sur sa vie. De loin oui, mais il s'était toujours arrangé pour savoir un minimum de ce qui arrivait à celle qu'il avait tant aimée. Si bien qu'il savait qu'en ce moment elle devait être une femme mariée ou sur le point de l'être. Il fit un pas en arrière lorsque la pensée le heurta. Elena, épouse d'une autre. Il le savait que ça allait arriver mais il n'avait pas encore pris le temps d'acter que c'était possible que ça soit déjà fait. Il avait mis des océans entre eux, cherchant ainsi aussi à passer à autre chose et voilà que le destin lui faisait une terrible farce en la mettant ainsi sous son nez. Le rire cristallin de la jeune femme le ramena au marché de Noël et il fit demi-tour. Il devait rentrer chez lui avant de perdre la face en plein milieu des stands. Mais il avait envie de la suivre, de voir ce qu'elle faisait. Cependant ce n'était pas une bonne idée, il ne voulait pas se faire surprendre à l'épier.
Les dragées fondaient sur sa langue alors qu’elle progressait à travers la foule de curieux. Si elle essayait tant bien que mal de se délester l’esprit et de se reposer un peu, elle n’avait de cesse de revenir à l’idée que son premier amour pouvait débouler d’un instant à l’autre. Elle n’osait même pas imaginer sa réaction s’il la voyait là. Elle savait déjà qu’il lui reprocherait de ne pas être venu le voir, tant bien qu’il ne voulait certainement pas avoir affaire à lui. Elle avait compris au fil des ans, qu’une personne qui a autant compté ne disparaît jamais complètement, peu importe à quel point elle peut vous détester, elle est toujours là dans un coin, à attendre d’être sonnée. Raffaele est de ce genre de personnes. Elle avait toujours cherché à savoir ce qu’il devenait, où il allait, s’il avait quelqu’un dans sa vie, et si elle ne voulait pas en entendre parler il y avait tout de même toujours quelqu’un pour venir le faire. Voilà comment elle avait appris qu’il avait déménagé à l’autre bout du monde. Mais à présent, elle ne savait pas ce qu’il était devenu, s’il avait quelqu’un dans sa vie, des rumeurs ayant couru à ses oreilles qu’il avait suivi une jeune femme à Brisbane. Son coeur se serra à cette pensée. Elle avait toujours détesté le voir avec quelqu’un d’autre et ce n’était pas le fait d’être aujourd’hui fiancée et plutôt bien dans son couple qui changeait la donne. Elle s’arrêta à un autre stand, observant les objets en vente, refusant poliment les offres de la vendeuse avant de reprendre sa marche. Mais ses pieds refusèrent d’avancer, pétrifiée sur place, son palpitant s’était arrêté dans sa poitrine et elle dut se forcer à respirer. Le jeune homme tourna la tête et le corps de la jolie blonde se remit en marche. Ce n’était pas lui. Secouant la tête, elle décida de rentrer chez elle, trop effrayée de le croiser au milieu de tous ces gens. Au moins, dans son appartement, il ne risquait pas de lui apparaître.