On ne peut pas dire que les dernières semaines soient vraiment glorieuses. Les derniers mois non plus, en fait. Depuis que j’ai appris que j’étais enceinte d’Elio, tout s’est enchaîné, vite, très vite, trop vite. Et il faut dire que je n’ai pas vraiment eu le temps de prendre du recul, réfléchir, ou ce genre de chose qui semble essentiel dans la vie. Rien de tout ça. Je me suis éloignée des gens que j’aimais, mis à part Kelya, parce que je ne voulais pas que tout le monde sache que j’attendais un bébé. La honte peut-être, je n’en sais trop rien. Mais en fait, depuis que j’ai fait une fausse couche, c’est pire. Ce bébé, je m’y étais attachée, et puis, ça me permettait d’avoir un lien avec Elio, une vraie connexion, comme quand il mettait sa main sur mon ventre et que notre fille bougeait. C’est ce genre de moment qui me manque terriblement. Ça fait plus de deux semaines maintenant, et je n’arrive toujours pas à passer au dessus. Je dors, quasiment tout le temps, je déprime, et je n’arrive à parler à personne, à moins d’être bourrée. Et il faut dire que c’est assez fréquent ces derniers temps. Je dois me reprendre, absolument, si je ne veux pas tomber plus bas. A vrai dire, je ne sais pas trop s’il est possible de tomber plus bas que là où j’en suis. Je prends mon courage à deux mains et envoie un message à ma meilleure amie. En fait, je ne sais plus vraiment ce qu’est le sens du mot ‘amie’. Je ne lui ai pas donné de nouvelles depuis quoi… six mois ? Quelle amie en carton je fais. Je lui envoie un sms, profitant de l’absence de Kelya pour inviter mon amie ici. Aucune réponse, je m’y attendais. Je suis vraiment une moins que rien. Bouteille de vodka, vite. Je n’ai pas envie de sortir, je sais que si je sors, je finirais dans le lit d’un ou d’une inconnue, et j’en ai ras le bol de me souvenir de rien à mon réveil. Il faut que ça cesse. Après trois bons verres de Vodka, en petite tenue sur le canapé, je continue de zapper. Je finis par boire directement au goulot, ça va plus vite. Je m’arrête sur une chaîne complètement idiote, et reste bloquée là pendant quelques minutes avant que la sonnerie de la maison retentisse. Je me redresse, surprise, puis fronce les sourcils. Je me lève du canapé, pas encore assez bourrée pour tituber, mais assez pour avoir la tête qui tourne. Faudrait que je mange quand même. C’est donc en nuisette que j’ouvre la porte, sans réfléchir. « DAAAAAN ! » Je saute dans les bras de ma meilleure amie et la serre contre moi en sautillant sur place. « T’es venue, j’y crois pas ! Viens entre ! » Je me décale pour la laisser entrer et je referme la porte derrière moi. « Tu m’as pas répondu, je pensais pas que t’allais venir, du coup, j’ai commencé à boire sans toi ! » Je me mordille la lèvre inférieure avant de baisser les yeux sur le corps de la jeune femme, qui était encore tout mince et tout musclé quand on s’est vues la dernière fois. « Putain, mais t’as bouffé un sanglier ou quoi ? » Je m’approche d’elle et sans même lui demander la permission, je soulève son haut, découvrant avec stupeur un ventre tout arrondi. Je lâche le vêtement pincé entre mes doigts, et fais un pas en arrière. Danny, qui s’était toujours revendiqué comme étant une lesbienne, pure et dure, est enceinte. J’ai loupé un épisode, de toute évidence. « Oh merde… me dis pas que… fuck, Danny ! » Je la regarde avec de grands yeux choquée, et en même temps, une sueur froide coule le long de ma tempe, me ramenant à tout ce que j’ai perdu. Manquait plus que ça.
Depuis mon retour, ma vie a prit une tournure des plus inattendu. Il y a tellement de choses qui me sont tomber sur la tronche que par moment j'ai un peu de mal à me situer. Je me lève le matin et tout est flou, puis tout me reviens comme si on venait d'avancer un film en avance supra rapide. Parfois, ça me fait rester dans mon lit plusieurs minutes alors que je sais que je dois me lever pour me préparer à aller au boulot. En parlant de boulot, plus le temps passe, plus je me retrouve avec du temps libre. Moi qui est toujours été une femme active dans les dernières années, même durant mon temps en prison, me retrouver à ne pas pouvoir courir, sauter ou faire d'effort trop physique me rend les nerfs en boule. J'essaye de ne pas passer ma mauvaise humeur sur les gens autour de moi, mais parfois c'est plus difficile qu'on l'imagine. Disons que l'imbécilité humaine m'exaspère plus que jamais depuis quelques semaines. Je n'ai jamais été une personne vraiment grincheuse jusqu'à maintenant. Parfois, je me sens réellement coupable après coup. Comme quand j'ai fais pleurer le commis de l'épicerie avant hier. Le pauvre garçon. Je me suis senti tellement mal après coup de lui avoir étaler sa stupidité évident devant lui. Il ne risque plus jamais de vouloir croiser mon chemin. Ça au moins c'est définitivement clair et pas plus mal d'un côté non plus.
Je suis en train finir ma lessive quand mon téléphone vibre pour m'annoncer un nouveau message. Sans doute Jasper qui veut savoir si je veux manger avec lui ou encore Jesabel si elle peut passer me rendre visite ce soir. En général, c'est un de ses deux là qui m'envoie des sms. Quand je vois que c'est ni un ni l'autre, je suis surprise. Kyrah. Merde alors! Ça doit bien faire six mois qu'elle et moi ont à pas parler. Silence radio de son côté comme du mien. Je me suis surtout dis que ce fut à cause des toutes ses années à ne jamais donner de nouvelle à mon amie qui m'a valu un pareil traitement. Donc, j'endure le dure silence en espérant qu'il finisse pas prendre fin. Il semble qu'il va prendre fin aujourd'hui. Elle m'invite à la rejoindre à une adresse qui m'est inconnue. Pendant un moment, je me demande ce que je vais bien pouvoir faire. Je dépose mon téléphone sans lui répondre. Je suis un peu nerveuse. Je n'ai jamais eu la chance de lui dire que je suis enceinte et je ne sais pas trop comment elle va le prendre étant donner la réaction de la majorité des gens. Certains restent assez indifférent, mais en général, les réactions sont... assez terrible. J'ai vraiment peur de comment Kyrah va réagir après tout je lui ai toujours dis être une lesbienne à 200% et que les hommes ne m'intéressent pas du tout. Ce qui est toujours vrai. Mon écart de conduite, c'est comme ça que je vois ma nuit avec Jasper, est fâcheux, limite malheureuse, mais franchement je vie de mieux en mieux avec l'idée de devenir maman. Je mets un certain temps avant de me décidé à aller la rejoindre. Avant de partir, j'enfile un t-shirt noir assez large ce qui cache bien mon ventre enfin dans un premier temps parce qu'il est rendu plus qu'évident que je suis enceinte maintenant. J'enfile la nouvelle veste que je me suis procurer, puis attrape mes clés, mon portable et mon casque de moto avant de sortir de chez moi. Je roule tranquillement dans les rues, plus de folies sur deux roues pour moi. Je suis très prudente et on arrête pas de me dire de vendre mon engin pour une voiture. C'est mon bien le plus précieux! Hors de question que je m'en sépare... enfin pour le moment tout du moins. Je me gare devant l'adresse. Avant de frapper, je m'assure d'être à la bonne adresse.
Mon poing entre en contact trois fois avec le bois dure de la porte. Mon coeur bat la chamade dans ma poitrine alors que j'attends qu'on me réponde. La porte s'ouvre pour me révéler Kyrah.... en nuisette. Et bien, certaine chose ne change pas... Elle semble un peu trop heureuse de me voir. « DAAAAAN ! » Je suis assez surprise par son accueil... ma foi énergique? Elle me prend dans ses bras et bondit à de nombreuses reprises. « Hey Kyrah, heureuse de te revoir aussi. » Je ne peux que sourire malgré moi parce que faut avoué que j'ai toujours adorer cette fille. On est pas devenue amies toutes les deux pour rien faut dire. « T’es venue, j’y crois pas ! Viens entre ! » « Qu'est-ce que tu veux, tu me manquais trop. » C'est totalement la vérité. J'entre quand elle me donne le droit de le faire alors qu'elle referme la porte derrière nous. Il n'y a plus d'échappatoire maintenant. Va falloir être une grande fille et lui dire que tu es enceinte... putain j'ai la trouille plus que le jour où j'ai mis le feu au chat de la vieille voisine. « Tu m’as pas répondu, je pensais pas que t’allais venir, du coup, j’ai commencé à boire sans toi ! » Je mets les mains dans les poches de ma veste en fermant celle-ci sur moi dans un geste stupide de protection ou je ne sais quoi dans le genre. « Aouis, désolé pour ne pas t'avoir répondu. Disons que j'ai pesé le pour et le contre avant de venir. » Kyrah semble me regarder pendant un instant et je me dis que c'est le moment oû jamais de lui dire avant que la merde frappe le ventilo. Je suis sur le point d'ouvrir la bouche quand elle devance en parlant en premier. « Putain, mais t’as bouffé un sanglier ou quoi ? » Je fronce les sourcils en entendant sa phrase. Je sais pas si je dois mal le prendre ou pas qu'elle me dise ça. Encore une fois, je suis sur le point de dire quelque chose, mais elle me prend par surprise en soulevant mon t-shirt sans même un avertissement. Ça je m'y suis pas attendu. Son visage change du tout au tout quand elle voit mon ventre qui montre définitivement que je suis belle et bien enceinte. Quand j'ai dis merde frapper le ventilo... c'est exactement ce que j'ai voulu dire. « Oh merde… me dis pas que… fuck, Danny ! » Je soupire alors que je replace mon t-shirt comme il faut. « Je sais! Je sais! Ce bébé, crois-moi, est une grosse surprise pour tout le monde. J'ai fais une bêtise il y a quelques mois et tadem! Je suis enceinte, mais je suis toujours la bonne vieille Danny adoratrice à 1000 % du corps des femmes. Crois-moi sur ce point. Je me souviens même pas comme j'ai fini au lit avec le père du bébé... C'est un gâchis et je suis désolé que tu l'apprennes comme ça Kyrah. J'ai vraiment voulu te le dire, mais je ne savais pas trop comme. » Je me sens minable envers mon amie.
electric bird.
Dernière édition par Danny Beauregard le Sam 23 Jan 2016 - 23:11, édité 1 fois
« Hey Kyrah, heureuse de te revoir aussi. » Je sais pas si ça se voit que j’ai déjà un peu bu, mais de toute manière, Danny me connaît assez bien pour le savoir, juste en me regardant. Elle a sûrement déjà deviné. « Qu'est-ce que tu veux, tu me manquais trop. » Je souris, peut-être un peu comme une abrutie, je n’en sais rien, mais ça me fait vraiment plaisir qu’elle soit là, qu’elle soit venue. Ça me fait du bien de la voir, et puis je vais me sentir un peu moins seule ce soir, ça va me permettre de penser à autre chose. Enfin, ou pas. Je ne mets pas longtemps avant de remarquer que ma meilleure amie a quelque chose qui cloche. Je ne prends même pas le temps de poser réellement la question que déjà je soulève son t-shirt pour découvrir avec stupeur ce ventre tout rond. A peu près de la même grosseur que celui que j’avais il y a à peine quelques semaines, avant ma fausse couche, avant l’enfer. Mon coeur s’est accéléré d’un seul coup, et je regarde la jolie blondinette avec un regard noir, les sourcils froncés, dans l’attente sûrement qu’elle me donne une explication plausible. Elle qui disait n’aimer que les femmes, je suis sur le cul, il n’y a pas d’autre expression que ça. D’ailleurs, je m’en assieds sur l’accoudoir du canapé, juste un pas derrière moi. Je crois qu’il est mieux que je sois assise. « Je sais! Je sais! Ce bébé, crois-moi, est une grosse surprise pour tout le monde. J'ai fais une bêtise il y a quelques mois et tadem ! Je suis enceinte, mais je suis toujours la bonne vieille Danny adoratrice à 1000 % du corps des femmes. Crois-moi sur ce point. Je me souviens même pas comme j'ai fini au lit avec le père du bébé... C'est un gâchis et je suis désolé que tu l'apprennes comme ça Kyrah. J'ai vraiment voulu te le dire, mais je ne savais pas trop comment. » Je cligne des yeux, une fois, puis deux. J’ai vraiment du mal à y croire. Mon regard descend sur son ventre et je viens passer mes mains sur mon visage, énergiquement, comme pour vérifier que je ne rêve pas. Mais non, elle est bien là, et elle est bien enceinte. « Ok… je crois que je vais reprendre un verre… » Je me laisse tomber sur le canapé, à la renverse, et me repositionne correctement avant d’attraper la bouteille de vodka et me servir un verre, que j’engloutis en moins de deux. « On aurait accouché quasiment en même temps… » Je me doute bien qu’elle ne comprend pas là où je veux en venir, et elle vient me rejoindre pour s’asseoir près de moi sur le canapé. « Je… moi aussi j’étais enceinte. De cinq mois. Une petite fille. Et puis j’ai fait une fausse couche, y’a deux semaines. 16 jours pour être exacte. » Mes yeux rivés dans le fond de mon verre, je n’ose même pas la regarder. « Alors tu vois, j’ai pas de leçon à te donner. » J’esquisse un mince sourire triste en la regardant, les yeux troubles, et puis à nouveau je fuis son regard que je connais pourtant si bien, mais qui me brûle de douleur ce soir.
C'est facile de voir quand Kyrah a commencé à lever le coude. J'imagine aussi que le fais que je l'ai connu pendant un certain temps aide mieux à reconnaître certain signe. J'ai envie de rire de la voir dans cette état alors qu'il faut dire que la nuit est encore jeune voir même presque pas commencer encore. Certaines choses ne changent pas vraiment il faut croire. On a eu de nombreux moment par le passé dans le genre elle et moi. Que des bons moments qui se sont parfois terminer avec plus que de la simple amitié entre nous deux. Ce n'est pas mauvais, mais la première fois qu'on a couché ensemble... je dois dire que j'ai trouvé ça franchement bizarre. Après un certain temps, et plusieurs fois, ça m'est tout simplement passer. C'est Kyrah après tout. S'il y a quelqu'un avec qui je ne dois pas avoir peur de coucher c'est bien elle après tout... c'est une des seules personnes à qui j'ai toujours pu faire confiance... et je veux qu'elle soit toujours cette personne pour moi. Pas de jugement, pas de réelle attente, juste le plaisir de la chair et la certitude que demain tout va bien aller lors de notre réveil.
Je suis heureuse de revoir ma vieille amie. Ça sonne comme si on est passé la quarantaine et amis depuis les couches-culottes, je sais bien, mais elle a été ma meilleure amie avant que la merde ne frappe le ventilo dans ma vie. Pouvoir toujours avoir un lien avec elle après l'amie de merde que j'ai été dans les dernières années... ça me prouve qu'on est peut-être plus lier au final que je l'ai pensée. J'imagine que le fais qu'elle est bu aide aussi un peu à rendre le moment un peu moins difficile ou pleins de reproche. Ça me soulagement grandement à vrai dire. Malheureusement, le moment de joie de ce revoir l'une est l'autre est de courte durer. Quand Kyrah réalise finalement qu'il y a un truc qui cloche avec moi, elle ne me laisse pas le temps de m'expliquer ou bien de dire quoi que ce soit même. Elle va directement voir ce qui me prouve encore une fois qu'elle a belle et bien bu. Sans doute un tout petit peu trop pour être simplement ivre. Je tente alors de mon mieux de lui expliquer la situation en espérant que je vais pas me faire jeter dehors ou qu'elle ne va pas me piquer une colère... Je sais que ce n'est pas vraiment son genre, mais quand une personne a bu elle peut parfois faire des choses hors de son caractère habituelle. L'impulsivité a toujours été quelques chose que j'ai apprécier chez elle... maintenant ça va peut-être me jouer un vilain tour. J'espère que non au fond de moi. Elle semble vraiment sous le choc ce qui franchement ne m'étonne pas vraiment. C'est la réaction que j'ai généralement eux des gens en leur annonçant ma grossesses. « Ok… je crois que je vais reprendre un verre… » J'ai un mince sourire alors qu'elle se sert un verre pour l'engloutir presque aussitôt à une vitesse assez impressionnante. J'attends qu'elle parle de nouveau avant de dire quoi que ce soit. « On aurait accouché quasiment en même temps… » C'est moi qui se retrouve en état de choc maintenant. Je ne comprends pas tout de suite ce qu'elle me dit. « Quoi? » Je me déplace pour aller m'asseoir avec elle sur le sofa. Elle ne met pas de temps à m'expliquer. « Je… moi aussi j’étais enceinte. De cinq mois. Une petite fille. Et puis j’ai fait une fausse couche, y’a deux semaines. 16 jours pour être exacte. » Mon coeur devient lourd de tristesse pour mon amie. Je me sens mal et tellement triste en même temps. « Merde, je suis vraiment désolé de l'entendre Kyrah. Je sais que toi et moi avons perdu contact... j'en suis celle à blâmer en général pour toute cette histoire de merde... J'aurais vraiment voulu être avec toi. Je suis une amie de merde... pardon. » Les hormones me rendent foutrement plus sensible avec les gens faut croire. Dans un premier temps, elle n'ose pas me regarder. Pour moi, elle n'a rien à se reprocher. « Alors tu vois, j’ai pas de leçon à te donner. » Je tire doucement mon amie dans mes bras et la serre contre moi. C'est un peu difficile vu mon état, mais je tien vraiment à ce qu'elle sache que je compatis, que je ressens de la douleur de la voir ainsi. « Je comprendrais que tu veules que je m'en ailles maintenant. J'ai vraiment voulu te dire pour ma grossesse... mais je n'ai jamais été doué pour dire les choses ou pour les sentiments. Tu le sais bien, plus que personne même... Je souhaite vraiment pouvoir t'aider. »
Cette période est foutrement difficile pour moi, je dois bien l’admettre. Et prendre mon courage à deux mains pour arriver à reprendre contact avec les amis que j’ai perdu de vue n’est pas chose aisée. Pourtant, je me suis fait violence ce soir quand j’ai proposé à Danny de venir ici, me rejoindre. A la base, je ne comptais pas du tout lui parler de ma fausse-couche, ou du moins, pas de suite, comme ça, de but en blanc. C’est un peu trop… je sais pas, trop brutal. J’aurai voulu qu’on se retrouve dans la bonne humeur, comme c’était parti avant que je ne me rende compte que ma meilleure amie portait la vie, elle. Tout me revient en pleine face, toute les images, les sensation, la douleur, tant physique que morale. Je reprends un verre, mais je me rends bien compte que ce soit, ça ne servira à rien. Rien ne m’aidera à passer au dessus de ça, pas ce soir. Mettre des mots sur ma situation me blesse profondément, parce que ça veut dire accepter aussi ce qu’il en est, et même si c’est Danny, c’est foutrement douloureux. « Merde, je suis vraiment désolé de l'entendre Kyrah. Je sais que toi et moi avons perdu contact... j'en suis celle à blâmer en général pour toute cette histoire de merde... J'aurais vraiment voulu être avec toi. Je suis une amie de merde... pardon. » Je secoue la tête et viens passer mes mains sur mon visage, assez énergiquement, comme si ça allait tout effacer. « Non, toute manière j’aurai pas eu la force de te laisser pénétrer dans tout ce merdier… c’était trop compliqué et puis… » Je soupire et me force un maximum à ne pas laisser trop les émotions m’envahir. « Putain… » Je prends ma tête entre mes mains et cette fois, je me laisse aller, d’autant plus quand je sens que Danny m’attire à elle pour me serrer dans ses bras. En fait, si, c’est peut-être simplement de ça dont j’avais envie. Une amie qui puisse me serrer dans ses bras et me dire que malgré tout, tout finira par aller bien. « Je comprendrais que tu veules que je m'en ailles maintenant. J'ai vraiment voulu te dire pour ma grossesse... mais je n'ai jamais été doué pour dire les choses ou pour les sentiments. Tu le sais bien, plus que personne même... Je souhaite vraiment pouvoir t'aider. » Je viens poser ma main sur son bras et je reste dans ses bras quelques secondes. « Reste, s’il te plait. » Je ne lui dis pas que j’en ai besoin, mais ce simple geste suffit à comprendre. Je n’ai pas besoin d’en faire plus, d’en dire plus. Danny me connaît. Elle sait. Je reste là quelques minutes, le temps de me calmer, de calmer ces nouvelles larmes qui ont dévalé mes joues, encore. Moi qui croyais qu’on pouvait ne plus avoir assez de larmes pour pleurer, et bien c’est faux. Il y en a toujours, malheureusement. Je finis par me calmer, me faisant violence, et je me redresse un peu en essuyant mes larmes. Je prends une grande inspiration et récupère la bouteille sur la table avant de la porter à ma bouche pour en boire deux bonnes gorgée. « Voilà… ça va mieux ! Je t’en propose pas…! » Je laisse un petit rire con sortir de ma bouche et je repose la bouteille sur la table avant de me caler un peu mieux au fond du divan. « Bon alors raconte-moi, comment ça s’est passé tout ça ? T’as vu le loup ? » J’arque un sourcil pour la taquiner. Si de mon côté, je me suis toujours définie comme étant bisexuelle, aimant quasiment autant le corps des hommes que des femmes - bien que plutôt celui des femmes, Elio faisant grandement exception à la règle - je m’étonne vraiment de savoir que ma meilleure amie a succombé à un homme, alors qu’elle avait toujours prôné son homosexualité comme une fierté. « J’espère qu’il a quelque chose de particulier. Faudrait pas qu’il soit moche en plus, tu t’imagines avec un bébé moche ? » Je la regarde avec complicité et lui souris, avec hâte qu’elle me raconte.
Et bien cette visite ne se passe pas du tout comme je l’ai prévu au départ. Je me suis attendu à des cris bien entendu de la part de Kyrah parce que je ne lui ai pas dit pour ma grossesse, mais je ne me suis pas attendu à savoir qu’elle aussi a été enceinte il y a peu. Merde … J’ai l’impression que le monde se moque autant d’elle que de moi d’une certaine manière. Je veux vraiment que les choses retournent dans le droit chemin entre nous deux. Je ne veux absolument pas perdre Kyrah. Elle est ma meilleure amie depuis des années… enfin elle le fut avant mon misérable départ comme une voleuse en pleine nuit de Brisbane. J’ai beaucoup encore à me faire pardonner et je vais insister pour que notre relation amicale, en premier de tout, retrouve un semblant de normalité. J’ai l’impression que ça ne risque de ne jamais arriver vu toutes les merdes qui nous tombent dessus séparément et que la seule fois où un tente de reprendre le contacte… c’est pire parce que toutes les deux ont a cachés des trucs assez énormes à l’autre. Je me sens vraiment comme la pire amie au monde qui débarque au pire moment avec la pire nouvelle… aouis cette journée se transforme en catastrophe. Je frotte mon visage nerveusement. Kyrah ne semble pas du tout dans un bon état d’esprit et ça me fait un peu peur pour elle. Je la connais assez pour remarquer que la lumière dans ses yeux bleus n’est plus tout à fait là. Elle est comme éteinte ou masquée par quelque chose de profond. La douleur, la colère… l’angoisse? Je ne peux pas vraiment le dire. « Non, toute manière j’aurai pas eu la force de te laisser pénétrer dans tout ce merdier… c’était trop compliqué et puis… » Je soupire. Je crois qu’on est toutes les deux un peu beaucoup dépassée par tout ce qui se passe dans nos vies respectives. « Kyrah, tu n’avais pas à supporter tout ce merdier seul. C’est sans doute justement pour ça que c’est si difficile pour toi. Je ne suis pas psy, mais j’ai une certaine expérience quand il s’agit de repousser tout le monde pour tenter de se démerder toute seule. »
Je ne fus pas là avant ou pendant, mais je suis là maintenant et j’ai bien l’intention de le rester de manière définitive afin de lui apporter mon support. Enfin, seulement si elle me veut à ses côtés et que je vois que je ne rends pas les choses pires qu’elles ne le sont déjà. « Putain… » Je m’approche d’elle pour la prendre dans mes bras afin de tenter de l’apaiser un tout petit peu. Je lui explique que si elle veut que je parte, je vais partir pour ne pas lui causer plus de mal. Kyrah est trop importante, même si certains pensent le contraire parce que je suis partie sans donner de nouvelles. Elle a été là quand j’ai officiellement fait mon coming out devant mon père et a même applaudi en riant. Je ne peux pas oublier tout son soutien et maintenant c’est mon tour d’être là. « Reste, s’il te plait. » Je la serre un peu plus contre moi. « D’accord. » Je passe ma main dans son dos dans un premier temps, puis dans ses cheveux pour la rassurer alors que je sens bien qu’elle a réellement besoin de quelqu’un en ce moment pour la serrer dans leurs bras et dire que ça ira, que tout va s’arranger. Je ne suis pas du genre à être ce genre de personne, mais pour elle, je veux bien l’être sans problème. Ça me brise le cœur de la voir pleurer de cette manière et de ne rien pouvoir faire d’autre que de la serrer contre moi. Je la tiens en silence la laissant juste extérioriser ce dont elle a besoin. Kyrah finit par se reprendre. Mon amie attrape alors la bouteille d’alcool. Je peux sentir l’odeur de celle-ci d’où je suis. Ça me donne la nausée. L’alcool me donne des hauts le cœur! Vous pouvez le croire? Pas moi. « Voilà… ça va mieux ! Je t’en propose pas…! » Je grimace. « De toute manière juste l’odeur me donne mal au cœur. Je me demande si ça va rester après. Je n’espère pas! » Sinon je vais bien m’emmerder dans une vie sans alcool moi.
Kyrah se cale mieux dans le divan alors que je me redresse pour enlever ma veste et mes bottes. Une fois chose faite, je viens m’appuyer sur son côté en étendant les pieds. Je pose ma tête sur son ventre et lève les yeux vers elle. C’est une position que nous avons eu l’habitude de nous retrouver plus jeune. J’espère que ça ne va pas lui déranger… elle ne semble pas vraiment être contre alors je vais rester ainsi. « Bon alors raconte-moi, comment ça s’est passé tout ça ? T’as vu le loup ? » Je grimace dans un premier temps à son choix de mot avant de rire doucement. Elle commence à jouer avec mes cheveux. « Le loup? Sérieusement Kyrah? » Je ris de nouveau en lui lançant un regard amusé. Je suis heureuse d’entendre son ton taquin et il me fait plaisir de lui raconter l’histoire. « C’est un mec de la salle de gym. Loyd, mon patron, nous a présenté il y a quelque moi. Un type bien sympa et qui ne m’a pas fait d’avance quand il a su que j’étais lesbienne. Il l’a super bien pris en fait. Enfin bref, on est allé boire un verre. Ça rapidement dégénérer entre nous. Je ne me souviens pas vraiment comment on a fini dans mon lit. Je sais juste que quand je me suis réveillé le lendemain… j’avais l’impression que quelqu’un m’avait vidé un bidon de lait entre les jambes. Beurk! D’ailleurs c’est sans doute une des raisons pourquoi je ne vais jamais le refaire. C’est dégueu et salissant quand ça vient un mec! C’est encore pire à l’intérieur. Je ne vois pas comment tu peux vouloir ça. » Je lui offre une nouvelle grimace de dégoût en disant ma dernière phrase. J’ai toujours mis en avant mon homosexualité et ma grande fierté de l’être. Les quelques expériences avec des mecs avant mon coming out officiel se sont toujours limité à des simples baisés et jamais rien de plus. Jasper fut donc le premier et il sera le seul. Comme s’il sait que je parle de son père, le bébé décide de bouger. Je frotte alors mon ventre un instant en sachant que c’est la seule chose qui le calme. « J’espère qu’il a quelque chose de particulier. Faudrait pas qu’il soit moche en plus, tu t’imagines avec un bébé moche ? » Je secoue la tête en riant. J’attrape sa main qui joue encore dans mes cheveux pour nouer nos doigts. « Jasper, c’est son nom, est très loin d’être moche. Si je n’étais pas lesbienne, je crois que je voudrais bien de ce mec tous les jours dans mon lit. Les muscles saillants, les yeux bleu vif et blond. Je crois que c’est ta définition du dieu grec non? Enfin bref, c’est quelqu’un de bien. Il est cuisinier, très doué, et surtout il a décidé d’être présent dans la vie du bébé. Ça me fait étrange d’avoir quelqu’un qui veut volontairement prendre soin de moi comme lui. Ça me fait un peu peur aussi. Il y a deux mois, on a presque remis ça … » Je pose mon avant-bras sur mon visage afin de le cacher parce que je sais très bien que mon amie va réagir. Déjà que je m’attends à plus de questions particulières gênant sur ma seule nuit avec Jasper. Je connais Kyrah et elle ne va jamais le laisser vivre sans des détails. Jamais!
Je ne m’attendais pas à ça, évidemment. Je pense que personne au monde n’aurait pu s’attendre à ce que Danny tombe un jour enceinte par accident. C’est la dernière chose à laquelle on pense en la voyant, en la connaissant. Mais comme quoi, tout peut arriver. Ce qui me fait le plus bizarre, c’est qu’on soit tombées enceintes en même temps. Elle a juste eu plus de chance que moi, et son bébé est encore là, lui. « Kyrah, tu n’avais pas à supporter tout ce merdier seul. C’est sans doute justement pour ça que c’est si difficile pour toi. Je ne suis pas psy, mais j’ai une certaine expérience quand il s’agit de repousser tout le monde pour tenter de se démerder toute seule. » Je lâche un rire jaune. Ouais, parce que je connais Danny sur le bout des doigts, et qu’au moins, elle est consciente de ce qu’elle est, de sa manière de se comporter avec les autres. Je ne sais pas exactement ce que je veux, si je préfère qu’elle reste, ou qu’elle s’en aille. Mais rapidement je prends conscience que j’ai besoin d’elle, vraiment. Aujourd’hui plus que jamais. Alors je lui demande de rester. Nous nous installons un peu mieux et Danny reprend cette position qu’on a l’habitude, sa tête sur mes jambes et je baisse la tête pour la regarder, alors que mes doigts se glissent dans ses cheveux. Je lui demande de m’expliquer, parce que je suis curieuse de savoir ce qu’il en est, cette histoire me parait tellement folle. « C’est un mec de la salle de gym. » Déjà rien que ça, je roule des yeux d’un air désespéré. Je le vois déjà, grand super baraqué, des allures de bad boy. Un cliché quoi. Mais je la laisse continuer. « Un type bien sympa et qui ne m’a pas fait d’avance quand il a su que j’étais lesbienne. Il l’a super bien pris en fait. » Cette fois je fronce un peu les sourcils, comment ils ont pu en arriver à faire un gosse alors qu’il savait qu’elle aimait les femmes ? Sérieusement ? « Enfin bref, on est allé boire un verre. Ça rapidement dégénérer entre nous. Je ne me souviens pas vraiment comment on a fini dans mon lit. Je sais juste que quand je me suis réveillé le lendemain… j’avais l’impression que quelqu’un m’avait vidé un bidon de lait entre les jambes » Je grimace et ris en même temps par son allusion. « Putain t’es dégueulasse ! » Je secoue la tête amusée et la laisse continuer. « C’est dégueu et salissant quand ça vient d’un mec! C’est encore pire à l’intérieur. Je ne vois pas comment tu peux vouloir ça. » Je souris un peu en voyant sa grimace. « C’est juste parce que le tien c’est un blaireau ! Le mien il fait ça bien ! » Le mien. Je viens vraiment de dire ‘le mien’ en parlant d’Elio ? Mon dieu, c’est de pire en pire. Finalement, je demande à ma meilleure amie si ce mec a quelque chose de particulier, si c’est un mec beau et bien quoi. C’est important. Elle me fait la description dudit mec et je roule une nouvelle fois des yeux d’un air désespéré. Ouais, exactement ce que j’imaginais en fait. Cela dit, Elio est un peu de ce genre là aussi. Enfin dans le genre beau et foutrement bien foutu je veux dire. « Et surtout il a décidé d’être présent dans la vie du bébé. Ça me fait étrange d’avoir quelqu’un qui veut volontairement prendre soin de moi comme lui. Ça me fait un peu peur aussi. Il y a deux mois, on a presque remis ça … » « QUOI ?? » Je sursaute presque en laissant échapper ce mot qui vient du fond du coeur. « Putain mais rendez moi ma meilleure amie ! » Elle se cache avec son bras et je souris en la chatouillant un peu, ce qui nous fait rire toutes les deux. « Je suis sûre que c’est pas toi qui le voulais. C’est plutôt ce machin là… » Je soulève le t-shirt de Danny une nouvelle fois et je viens poser ma main sur son ventre tout rond, avec une pointe d’amertume alors que mon cerveau retrace tous les souvenirs que j’ai de quand ce bébé était encore en moi. « Il se passe quelque chose d’étrange, un lien particulier. Le bébé le sent. C’est sûrement lui qui t’a poussé à nouveau dans les bras de son père. » Je repose mon regard dans celui de ma meilleure amie avec un petit sourire triste, alors que je reprends. « Moi je la sentais bouger seulement quand Elio mettait ses mains sur mon ventre. » Une boule naît dans ma gorge et je soupire un peu, me raclant la gorge pour essayer de faire disparaître ce sentiment désagréable. « Tu as fait combien d’échographies ? Tu sais déjà si c’est un garçon ou une fille ou pas ? » C'est tellement étrange de parler de ça avec ma meilleure amie, de parler de ça alors que je connais mon sujet..
Je sais parfaitement que toute cette situation est plus qu’étrange pour mon amie. Elle le fut au début pour moi et je dois dire qu’elle l’est toujours encore un peu même après autant de mois pour m’y faire. Je ne crois pas franchement que je ne vais jamais m’y faire totalement même avec beaucoup de temps. Ajoutez à tout ça le très peu d’instinct maternel que j’ai toujours semblé avoir par le passé et vous avez une image encore plus nette de pourquoi les gens semblent tellement pris par surprise. Je ne doute pas que Kyrah pense la même chose que tous les autres. Moi, en mère? Jamais de la vie. Je ne leur reproche d’ailleurs pas du tout de ce moqué de moi en disant ça. C’est un peu étrange de discuter soudainement de ce qui m’arrive avec mon amie de longue date… avec cette fille que j’ai un lien d’amitié étrange très fort depuis des années, mais que j’ai aussi mal foutu après ma sortie de prison. Mais je veux mettre tout ça de côté pour le moment. Si Kyrah désire aborder le sujet plus tard, je vais répondre à toutes ses questions aussi honnêtement que je le peux, mais sinon… je préfère laisser le tout bien mort. C’est déjà assez étrange de parler de ma nuit avec Jasper avec elle. Bien entendu j’en ai touché quelques mots avec d’autres… mais jamais comme ça. Avec elle, je peux vraiment dire le fond de ma penser même si celle-ci est pas toujours très agréable ou donne une image dégoûtante comme je viens de le faire. « Putain t’es dégueulasse ! » Je rigole légèrement et continue à un peu me plaindre sur l’anatomie des hommes et mon dégoût prononcé pour eux. « C’est juste parce que le tien c’est un blaireau ! Le mien il fait ça bien ! » Je lève un sourcil en la regardant. « Le tien hein? Intéressant… enfin bref, ce n’est pas un blaireau… juste que je n’aime pas la sensation et en plus… il t’avait un de ces machins… je ne suis pas sur les deux côtés, mais je suis certaines qu’il est au-dessus de la moyenne. » Je grimace de nouveau alors que je dépose mon bras de nouveau sur mon visage.
La conversation continue et je lui en dis en peu plus sur Jasper. Je viens même à dire qu’on a failli remettre ça il y a peu de temps tous les deux. Comme je m’y suis attendu, la réaction de Kyrah est presque immédiate et très expressive si on peut dire. « QUOI ?? » Je fais tout mon possible pour rester cacher alors qu’elle continue à me parler. « Putain mais rendez moi ma meilleure amie ! » Je lève mon bras et lui offre une moue digne d’une enfant. Avant que je puisse dire quoi que ce soir, elle se met à me chatouiller. Ma réaction est immédiate. Je m’agite en rigolant pour échapper à ces doigts. « Je suis sûre que c’est pas toi qui le voulais. C’est plutôt ce machin là… » Je soupire en fermant les yeux. La plus part du temps, je ne laisse personne d’autre que Jasper ou Jesabel toucher mon ventre, mais bon Kyrah est une amie proche donc je ne dis rien. « Franchement, sur le moment… je me demande si je ne le voulais pas un peu aussi. Ce qui me fait le plus mal dans toute cette histoire… c’est que je ne peux pas lui renvoyé l’affection qu’il semble avoir pour moi. Quand je le regarde… quand il me sourit c’est comme si je suis la chose qui compte le plus… et ça me fait mal de ne pas pouvoir ressentir quelque chose de pareil quand je le regarde. Il va être un bon père… mais moi je ne sais pas si je vais être capable d’être une bonne mère… » Mon regard se perd dans le vide alors que je déballe tout ça à mon amie. Je n’ai pas vraiment eu la chance de parler de mes sentiments à qui que ce soit. Je vois l’opportunité de le faire avec elle et je la prends. « Il se passe quelque chose d’étrange, un lien particulier. Le bébé le sent. C’est sûrement lui qui t’a poussé à nouveau dans les bras de son père. » Je pose ma main sur la sienne quand elle vient pour l’enlever. Le bébé semble soudainement calme et très franchement, je veux vraiment que ça dure ainsi. Je garde les yeux fermé. « La bonne chose dans cette histoire c'est que je suis pas tomber sur un connard fini... » Il y a un drôle de calme qui s'installe entre nous alors qu'on fait la conversation comme si les dernières années d'éloignements n'existent même pas.
« Moi je la sentais bouger seulement quand Elio mettait ses mains sur mon ventre. » J'ouvre les yeux et la regarde alors que je serre sa main dans la mienne afin de lui faire sentir ma présente et tenter de lui donner le peu de confort que je peux lui offrir. « Je vie le contraire. J'ai l'impression d'avoir un petit joueur de foot dans le ventre tellement il s'agit sans arrêt... Jasper semble pouvoir le faire tenir tranquille et toi aussi faut croire. » Je garde le contact physique entre nous, mais sans la retenir. Je me sens plus à l'aise avec elle que je ne l'ai été avec la plus part des gens depuis mon retour. « Tu as fait combien d’échographies ? Tu sais déjà si c’est un garçon ou une fille ou pas ? » Mon regarde se perds au plafond alors que je lui répond d'un voix calme. «J'ai eu ma cinquième écho la semaine dernière. Mon médecin pense que c'est une fille, mais je vais vraiment le savoir au prochain. Franchement, je me sens mieux si c'est une fille qu'on petit gars même si je vais être heureuse avec un garçon. » Je me mets alors à jouer avec ses doigts pendant que je parle. C'est une chose que j'ai toujours fais un peu sans trop m'en rendre compte et Kyrah me laisse faire en général. Je crois qu'elle sait parfaitement que c'est un moyen pour moi de me concentrer sur quelque chose de simple alors que je me perds dans mes pensées. Certaines choses ne changent pas malgré toutes les années. Je sens une sensation familière qui me fait froncer du nez. « Et ça recommence... »
« Le tien hein? Intéressant… enfin bref, ce n’est pas un blaireau… juste que je n’aime pas la sensation et en plus… il t’avait un de ces machins… je ne suis pas sur les deux côtés, mais je suis certaines qu’il est au-dessus de la moyenne. » Je lève les yeux au ciel à nouveau, cette fille me désespère. Mais je préfère ne pas relever, il vaut mieux. Elle continue de me parler de ce fameux mec, le père de son bébé. Je sens l’émotion dans sa voix quand elle dit ne pas se sentir à la hauteur de ce qu’il lui apporte, comme si elle n’était pas capable de lui en offrir tout autant. Je connais tellement bien cette sensation, c’est désagréable, mais malheureusement nous ne pouvons pas aller contre notre nature profonde. « La bonne chose dans cette histoire c'est que je suis pas tomber sur un connard fini... » Je lui souris tout en continuant de passer ma main dans ses cheveux. « C’est déjà pas mal, t’as raison ! » Il vaut mieux avoir un bébé avec un mec bien qu’avec un connard, tout le monde le sait.
Nous en venons à parler d’Elio, du bébé que je portais il y a encore quelques semaines. C’est difficile, et déjà Danny vient prendre ma main dans la sienne pour me rassurer. « Je vie le contraire. J'ai l'impression d'avoir un petit joueur de foot dans le ventre tellement il s'agite sans arrêt... Jasper semble pouvoir le faire tenir tranquille et toi aussi faut croire. » Je souris un peu, un peu triste de repenser à tout ça, mais profondément heureuse pour mon amie. «J'ai eu ma cinquième écho la semaine dernière. Mon médecin pense que c'est une fille, mais je vais vraiment le savoir au prochain. Franchement, je me sens mieux si c'est une fille qu'un petit gars même si je vais être heureuse avec un garçon. » Je souris de nouveau, toujours cette amertume au fond de la gorge. « Moi c’était une petite fille. Elle se serait appelée Nina. On s’était même pas concertés avec Elio et on a eu la même idée. » Les yeux dans le vague, je repense à ce jour où il est allée la voir. Elle tenait juste dans sa main, et je n’ai pas eu la force de faire ce pas, et aujourd’hui je le regrette. Danny joue avec mes doigts et je la laisse faire quand je sens son ventre bouger. « Et ça recommence... » Un sourire naît sur mon visage et je repose ma main bien à plat pour essayer de sentir le bébé. « Salut bébé ! » Je n’ai pas beaucoup parlé à ma fille quand elle était dans mon ventre. J’aurai sûrement dû.
« C’est quand même fou qu’on ait vécu cette expérience en même temps quand même. Enfin, presque, tu as quand même plus de chance que moi. Mais bon c’est la vie. » Elle grimace un peu et je lui souris pour lui faire comprendre que ce n’est rien. Enfin, je fais semblant que ce n’est rien. « Toute manière, j’étais pas faite pour être mère. J’aime pas les gosses ! » Je laisse échapper un rire alors qu’à l’intérieur de moi j’ai envie de hurler, de fondre en larmes. Elio n’a pas arrêté de me répéter que je ferai une bonne mère. Il en était certain. Et pourtant j’ai perdu ce bébé. C’est bien le signe que je n’aurai même pas pu m’en occuper correctement. « Du coup, vous allez faire comment vu que t’as pas vraiment d’appart et tout ? Tu vas allez vivre chez lui avec le bébé ? » Voilà que j’ai des réflexions réfléchies et matures, c’est quand même fou ce que ça a changé en moi…
Par le passé, nos conversations de cœurs ont généralement tournée de manière très différente. Je n’ai jamais parlé de mec ou plutôt d’une relation sexuelle avec un mec avant aujourd’hui avec elle. Bien entendu, elle a toujours tenté de me faire regarder la gente masculine lors de nos sorties en boîtes. Elle m’a souvent balancer des « Tu as vu les fesses de ce mec! » ou encore « Je veux bien passé la nuit avec lui, pas toi? ». Vous voyez un peu le genre de conversation qu'on a pu avoir à cette époque. J'imagine qu'on peut dire qu'on a le même genre en ce moment si on y pense bien sauf que pour une fois c'est moi qui cause sur un mec avec qui j'ai couché de manière tout à fait accidentel, je risque jamais d'arrêté de le préciser ça. Je ne partage pas vraiment plus de détails croustillants par manque personnel de souvenirs. J'espère juste qu'elle ne va pas insister pour en savoir plu parce que ça va devenir franchement gênant si c'est le cas. Je sens même qu'elle risque de se foutre un peu de ma gueule aussi pour ne pas me souvenir de la seule fois que je le fais réellement avec un mec dans ma vie. Je ne vais pas m'en sortir si ça commence. « C’est déjà pas mal, t’as raison ! » C'est même très bien. Je lève les yeux vers elle en soupirant. « Pourquoi quand tu es pas attiré par les mecs tu tombes sur la seule bonne personne qui semble vouloir être volontairement avec toi? Tu veux bien m'expliquer? » Le découragement se sent bien dans ma voix alors que je dis ça.
La conversation va bon train. Malgré que je vois bien que c'est difficile pour elle, Kyrah semble vouloir parler de l'enfant qu'elle a perdue il y a peu. Je ne veux pas trop la pousser à m'en dire plus qu'elle n'est prête à le faire, mais je sais plus que quiconque que tout garder dans des moments difficiles c'est loin d'être ce qu'il faut faire et à long terme c'est plus que difficile sur la santé autant physique que mental... surtout mentale en fait. C'est ce qui me fait un peu peur. Elle a semble déjà abusé de l'alcool. Maintenant qu'elle a tendu la main et semble prête à me laisser être autour, je vais peut-être pouvoir lui filer un coup de main comme la vraie amie que je suis sensée être. Je ne vais pas la laissé couler sans avoir essayer de lui venir en aide par tous les moyens possibles. « Moi c’était une petite fille. Elle se serait appelée Nina. On s’était même pas concertés avec Elio et on a eu la même idée. » Je souris doucement à l'entendant. Jasper et moi ne sommes pas vraiment rendu là. On a pas franchement pris la peine de parler de prénoms ensemble. « On n'a pas parlé du tout de prénom ensemble... la seule chose que je sais c'est que l'enfant va porté le nom de famille de son père. C'est mieux de cette manière. Je ne veux pas lui donné le nom d'un homme qui ma pourri la vie pendant des années. » Kyrah sait très bien à quel point je n'aime pas du tout mon père et comment notre relation est tendu depuis toujours. Je crois que avec ce que je viens de dire, elle a compris que notre situation ne c'est pas du tout amélioré avec le temps. Au contraire même.
Le bébé se remet à bouger à mon plus grand malheur. Kyrah semble au contraire être ravis par ça. Elle pose d'ailleurs sa main sur mon ventre et parle au bébé. « Salut bébé ! » Le bébé réponds à sa salutation ce qui me fait grimacer, mais je finis quand même pas sourire peu de temps après. « Demande lui de rester tranquille un moment, tu veux bien ? » C'est une des conversations les plus étrange qu'on a eu et dieu sait qu'il y a en a eu entre nous et je ne me souviens pas de toutes ce qui est encore pire je crois. « C’est quand même fou qu’on ait vécu cette expérience en même temps quand même. Enfin, presque, tu as quand même plus de chance que moi. Mais bon c’est la vie. » Je me sens triste de l'entre dire ça. Je cherche à me rapprocher le plus possible d'elle malgré ma position pour lui faire sentir que je lui là. « J'aurais aimé que nos gamins nous emmerdes ensemble. Tu peux imaginé comment ça aurait été l'horreur? Deux vrais pestes, j'en suis certaine. » Oui, de vrai peste en effet. « Toute manière, j’étais pas faite pour être mère. J’aime pas les gosses ! » Je fronce les sourcils. Si elle pense ne pas être fait pour et moi alors? « Ky, si moi je peux être mère, merde tout le monde pour l'être! Ce bébé est pas encore né et je me sens comme si j'ai le droit à la tasse "pire mère au monde" alors... » Je ne dis pas ça que pour la rassurer c'est totalement vrai. « Du coup, vous allez faire comment vu que t’as pas vraiment d’appart et tout ? Tu vas allez vivre chez lui avec le bébé ? » Elle me pose des questions qu'on a pas encore vraiment aborder même si ma grossesse est maintenant assez avancer. « J'ai un appartement et lui en a un. On a pas franchement parler de vivre ensemble. Il gagne bien sa vie, mais moi ... c'est une autre histoire. Je suis qu'une pauvre ex taularde sans diplôme dont les compétences s'arrêtes à servir des verres ou à coller des baffes à des connards... enfin je me suis trouver un travail, mais je ne vais pas pouvoir bosser pendant un moment. Ça me fou les boules. » Le bébé semble d'accord parce qu'il me donne un autre signe de sa présence.
Je ne dis rien comme elle pendant un moment, je crois que comme moi, mon amie est perdu dans ses pensées. Après un moment, je me tourne sur le côté et lève la tête vers elle. « tu as pas envie de manger de la pizza? J'ai foutrement envie d'une pizza avec des olives... te moque pas. Je hais les olives, mais lui adore ça. Vas savoir pourquoi. » J'essaye de mon mieux de remonter l'humeur. Je ne suis pas doué, mais généralement, on a les conversations les plus amusantes autour d'une pointe de pizza. Je vais devoir me passé de la bière qu'on prend en général, mais c'est pas grave. Je peux faire avec si ça aide mon amie.