« Kenny … J’ai très envie de … » Son regard me fait fondre, elle a des yeux bleus à tomber par terre. Je ne sais pas exactement où je me trouve, mais mon esprit n’est occupé que par cette blonde plantureuse qui ne me lâche plus du regard. Ses mains baladeuses passent de ma nuque, à mon torse, pour glisser jusqu’à mon pantalon. En temps normal, je me serais mis à bafouiller et en voulant m’enfuir, je lui aurais renversé mon verre sur sa sublime robe ou je me serais étalé lamentablement dans ma fuite. Pourtant là, rien. Mon corps refuse de bouger, bien au contraire, mes mains parcourent à leur tour le corps de mon interlocutrice d’une manière tout à fait détendu, comme si mon cerveau ne contrôlait plus rien, mais plutôt mon subconscient. Je la saisi par la nuque pour approcher son visage du mien et alors que nos deux souffles s’entremêlent, je tourne son visage pour avoir la bouche contre son oreille. « Moi aussi j’ai envie de toi, poupée ! » Et alors que nos lèvres vont bientôt rentrer en contact, tout se brouille …
Mon réveil s’égosille pour me faire exploser le tympan. J’ouvre doucement les yeux, que je referme aussitôt, brûlé par la lumière du jour qui filtre à travers les stores. Je gémis, en m’étirant de tout mon long avant de sentir un détail gênant sous mon ventre. Je lève la couverture pour voir qu’à travers mon caleçon, mon entrejambe est tendu à son max. Je soupire, c’est de la faute de ce rêve, un peu trop réaliste à mon goût. Maintenant, je me retrouve comme un con. Me redressant, je finis par me lever pour sortir de ma chambre lorsqu’une musique retentit dans toute la maison. Je mets un certain temps avant de reconnaître la sonnette. Je reste alors comme un con au milieu du couloir, regardant tour à tour la porte, puis mon caleçon. C’est simplement impossible que j’ouvre comme ça. « ELLIE ! ON A SONNE ! » Ma sœur va sûrement m’insulter, en me disant que j’ai qu’à ouvrir moi-même, mais non, silence total, il ne se passe rien. Je regarde rapidement l’horloge et je me rends compte qu’on est en plein milieu de l’après-midi et qu’il est tout à fait logique qu’Ellie ne soit pas là : Elle est au travail. Disons qu’en tant que chômeur, on a plus trop la notion du temps. La musique résonne de nouveau dans toute la maison, je me résous alors par aller ouvrir la porte, attrapant un coussin au passage pour couvrir mon petit oiseau. Je tourne de l’autre main la clé pour découvrir qui est mon visiteur du jour. Et là j’ai la chance de voir qu’il s’agit d’une visiteuse et par n’importe laquelle : Kyrah.
« Tiens, salut ! Tu … Euh … Ça va ? » On pourrait penser qu’elle me dérange, mais c’est pas du tout le cas, au contraire, je suis contente de la voir, mais comme à mon habitude, je ne sais pas parler à une fille normalement sauf à Ellie, mais ce n’est pas une fille. C’est ma sœur quoi. Et puis du coup je suis gênée d’être face à elle, avec un coussin pour cacher mes parties intimes. « Euh … Je t’en prie rentre … » J’ai pas du tout l’air con, nom de dieu, pourquoi ça n’arrive qu’à moi ?
Allongée au fond de mon lit, les yeux rivés sur le plafond d’un blanc presque pure, je reste immobile, les mains sur mon ventre et les oreilles attentives au moindre bruit. J’attends que Kelya s’en aille, qu’elle aille travailler, pour pouvoir enfin sortir de cette chambre. Je ne supporte plus de voir grand monde, et je fuis mon amie et hôtesse tout simplement pour la bonne raison qu’elle est psychologue, et que je n’ai aucune envie qu’elle me force à faire une thérapie. Je sais bien que je vais mal, que je me replie sur moi-même, mais je n’arrive pas à passer par dessus ça. Je suppose que ce sont les étapes naturelles d’un deuil ? Une fois que la porte a claqué, je quitte mon lit, enfile une robe de chambre en polaire plus douce d’un lapin, et descends à l’étage inférieur pour trouver la cuisine. Plusieurs minutes devant le frigo, c’est le bip qui me rappelle à l’ordre, me faisait comprendre que le frigo est ouvert depuis trop longtemps. Un large soupir plus tard, je décide de ne pas manger, de toute façon, je n’ai pas faim. Une bonne douche me remettra sans doute sur pieds.
Il est près de quinze heures quand je me mets à ranger ma chambre, ne me demandez pas pourquoi Un besoin de faire quelque chose de mes dix doigts autre qu’appuyer sur le bouton de la télécommande pour changer de chaîne, sûrement. Je tombe, au fond du placard, sur ce vieux sac à dos miteux que j’avais lorsque je vivais dans la rue, lorsque Kelya m’a repêchée en me proposant cette chambre. Nostalgique, je m’assieds sur le sol pour plonger ma main à l’intérieur, farfouillant pour voir ce que je peux bien y trouver. Plusieurs broutille plus tard, je tombe sur une boîte, grande comme une boîte de dvd. Mais ce n’est pas un DVD, c’est une édition limitée d’un jeu que j’avais acheté pour Kenneth, et que je n’avais jamais réussi à me résoudre à revendre, même quand j’en aurai eu largement besoin. Ce jeu vaut une petite fortune, je me souviens vaguement l’avoir acheté à un mec qui n’y connaissait rien, et qui revendait simplement les jeux de son gamin récemment engagé dans l’armée. Bref. Ce jeu me rappelle combien j’aimais passer des journées entières à jouer avec Kenny, tous ces moments complices, à rire comme deux gamins, à se chamailler comme si nous avions toujours été ces amis si particuliers. Je sais que sa soeur, Ellie, aurait bien aimé qu’on finisse par se mettre ensemble, mais Kenny n’a jamais été vraiment mon type de mec, même s’il est craquant, il faut bien l’avouer.
Je ne sais pas exactement pourquoi, mais me vient l’envie de me bouger le cul. J’entends les paroles d’Elio qui raisonnent en moi, lorsqu’il m’a dit que si j’avais survécu à cet accident, ce n’était pas pour me détruire derrière. Et me couper du monde n’est pas une solution. Je file vers chez Ellie et Kenny, en espérant y trouver quelqu’un, le jeu bien au fond de mon sac. Sur le chemin, j’essaie de prendre conscience de la vie, du fait que même si j’ai perdu beaucoup, j’ai aussi sûrement beaucoup à gagner. Je sonne à la porte, le coeur battant un peu plus fort, quand la porte s’ouvre enfin, après la 2ème tentation de sonnerie. J’allais abandonner. C’est Kenny que j’aperçois, visiblement à peine réveillé, et à moitié à poil. Je ne peux m’empêcher de sourire, et quand alors je baisse les yeux sur ce coussin qu’il tient fermement devant son caleçon. « Tiens, salut ! Tu … Euh … Ça va ? » Je penche la tête un peu sur le côté, ce sourire à la fois taquin et malicieux coincé au coin de mes lèvres. « Salut Kenny ! » Ce gars m’a toujours fait rire, pas seulement par son sens de l’humour parfois décalé, mais aussi et surtout par sa maladresse ambulante. « Euh … Je t’en prie rentre … » « Merci ! » J’entre alors, le laissant refermer la porte, et je me retourne vers lui. « Je sais, ça fait longtemps que j’ai pas donné de nouvelles, il s’est passé beaucoup de choses en un an et… » Je le vois là, bloqué, les deux mains sur son pauvre coussin. Je ne pose pas la question, je devine sans aucun problème ce qui peut bien se passer. « … et avant de finir mon méa culpa, je vais te laisser aller t’habiller. Pas que ce soit désagréable à regarder, mais juste parce que je sens bien que tu n’es pas vraiment prêt à m’écouter, je t’entends penser de là où je suis… » Oui, et ces pensées ne ressemblent pas trop à ‘elle m’a manqué’, mais plutôt à ‘j’ai l’air d’un con’. Mais je souris de plus belle, parce qu’il m’amuse, et que je suis contente de le voir.
Je ne sais pas c’est quoi le pire. Être obligé de me cacher avec ce coussin parce que j’ai fait un rêve un peu trop érotique et que du coup Kyrah, que je n’ai pas vu depuis un moment, me surprenne dans cette position plus que douteuse ou alors que ce rêve est la chose la plus folle que j’ai fait sexuellement parlant. Je suis lamentable. Comme d’habitude, Kyrah a une énergie d’enfer, il suffit d’entendre sa manière de me saluer, je n’ai même pas besoin de la regarder pour savoir qu’elle a un grand sourire aux lèvres. Ça fait un moment qu’elle n’est pas venue nous voir, pourtant rien qu’à entendre sa voix, je me souviens bien vite de tous les moments drôles qu’on a vécus ensemble. Enfin, drôle pour elle, car la plupart du temps c’est lorsque je me mets dans des situations cocasses et qu’elle se moque gentiment de moi. Elle finit par rentrer chez Ellie, comme je l’ai gentiment invité auparavant et je referme la porte derrière elle, en jonglant entre ma main gauche posé sur le coussin et la main droite. Elle se retourne vers moi et commence à parler, mais c’est vrai que comme elle le remarque, je ne suis pas très attentif, trop concentré par mon problème ‘’physique’’. Elle m’envoie m’habiller et je la gratifie alors d’un grand sourire de mettre fin à mon supplice. « Assis-toi si tu veux … je n’en ai pas pour longtemps. » Je tourne alors pour me diriger vers la chambre que ma grande sœur chérie m’a gracieusement prêtée il y a maintenant deux ans de cela, manquant de tomber en me prenant le pied dans le fil de la lampe, me rattrapant in extremis à la table, pour m’enfuir à vive allure vers ma chambre. Histoire de ne pas trop faire poireauter Kyrah, j’attrape le premier pantalon ample qui me tombe sous les bras, ce qui me permettra de cacher mon ‘’énorme’’ problème, puis je fouille dans mon armoire à la recherche d’un pull aussi large, juste au cas où. De retour dans le salon, je me remémore les paroles que Kyrah a prononcé en rentrant et je prends un air surpris. « Ça va faire un an qu’on ne s’est pas vu ? Autant ? » Pas que sa présence ne m’a pas manqué, mais j’ai passé tellement de temps sur ma console que j’ai l’impression de lui avoir parlé encore la semaine dernière. C’est comme quand Ellie dit que ça va faire 4 mois que je n’ai pas ramassé mon linge sale dans la salle de bain, alors que j’ai l’impression qu’elle me l’a demandé la veille. J’ai vraiment plus la notion du temps. « Tu faisais quoi ? T’es parti à l’étranger ? » Ou alors elle en avait simplement marre de passer son temps avec le looser de service, mais même si c’est le cas, Kyrah est bien trop polie pour ne pas me le dire. Je finis par m’asseoir à ses côtés avec un petit sourire timide, ne sachant pas trop comment on doit accueillir des invités, puisqu’habituellement Ellie est là pour faire la maîtresse de maison, je me sens stupide face à Kyrah. « Tu veux un chocolat ? » Est-ce que c’est le genre de chose qu’on propose aux invités ? Pas sûr, mais bon tout le monde aime le chocolat, donc ça passera. « Tu sais qu’on n’a jamais terminé notre partie de Mario Kart ? Je suis sûr que je peux retrouver la sauvegarde ! » Toute personne normalement constitué aurait eu un sujet de conversation tout autre, en un an, on peut faire beaucoup de chose. Ma sœur lui aurait par exemple demandait si elle a trouvé l’amour, un bébé en route ou tout autre bêtise de ce genre, mais je n’y peux rien, ce genre de sujet ne m’intéresse pas, simplement parce que j’y connais rien. Kyrah est celle qui généralement parle façon, je me contente de l’écouter et d’hocher la tête. Comme avec toutes les filles que je croise. Enfin non, avec les autres je bégaye, donc on a du mal à se comprendre.
Je venais avec un a priori, une petite angoisse de revenir comme ça comme une fleur après si longtemps, mais finalement, le sourire qui se tient sur mes lèvres traduit de mon contentement de retrouver le jeune homme, qui visiblement, n’a pas changé. « Assis-toi si tu veux … je n’en ai pas pour longtemps. » Je hoche la tête et le regarde partir en secouant la tête d’un air amusé, et puis je viens m’asseoir sur le canapé, celui-là même où nous avons partagé tant d’heure à boire de la limonade et jouer à des jeux tous plus abrutissant les uns des autres. Je regarde tout autour de moi, rien n’a changé ici. Kenneth ne tarde pas trop à revenir et je le suis du regard jusqu’à ce qu’il vienne me rejoindre sur le canapé. « Ça va faire un an qu’on ne s’est pas vu ? Autant ? » Je lui souris en hochant un peu la tête. Il n’a jamais vraiment eu la notion du temps, en même temps, tout ce qu’il passe à jouer à la console, ça ne doit pas aider. « Tu faisais quoi ? T’es parti à l’étranger ? » Cette fois, je secoue la tête à la négative avant de prendre la parole pour lui répondre. « Non non, je suis restée à Brisbane. Mon… mon père est mort. Ma mère et mon frère sont repartis en Russie et j’ai préféré rester là, pour la danse, tout ça quoi… » Je lui ai souvent parlé de ma passion pour la danse, je lui racontais mes cours au conservatoire, et il est même venu une fois à une de mes représentations de ballet. Mais je ne préfère pas lui parler du reste, de ces 8 mois à dormir sous les ponts, la débauche, la perdition, ma rencontre avec Elio, la fausse-couche, tout ça quoi… Je ne suis pas sûre qu’il serait la personne la plus à même de m’écouter et me comprendre. « Tu veux un chocolat ? » Il est trop mignon, on dirait un enfant. Qui offre un chocolat à un invité ? Il n’y a bien que lui, et ça me fait sourire, attendrie. « Oui, j’veux bien un chocolat ! » Je le laisse se lever pour aller dans la cuisine, et je peux le regarder quand même du canapé, et continuer de l’entendre et lui répondre. « Tu sais qu’on n’a jamais terminé notre partie de Mario Kart ? Je suis sûr que je peux retrouver la sauvegarde ! » Je ris et le laisse revenir avec nos deux chocolats chauds. « Ouais, faudrait que j’te mette la pâtée quand même ! » Je sais que je n’ai pas beaucoup de chances, il est très entraîné, ses pouces sont certainement les parties les plus musclées de son anatomie. Non, je plaisante, mais quand même. Ne vous avisez pas d’essayer de battre Kenneth Wheeler à un combat de pouces ! « Oh ! J’ai un truc pour toi ! » Je me retourne pour fouiller dans mon sac et je sors mon cadeau, à peine emballé dans un sac plastique ridicule. Il semble surpris, et je lui souris de nouveau. « Je l’avais acheté y’a un an, avant tout ça, et puis j’ai jamais pris le temps de venir te l’apporter. » Pourtant, je pense que de bonnes séances de jeux vidéos m’auraient aidée à penser un peu à autre chose pendant cette période difficile. Il ouvre finalement le sac pour découvrir la première version limitée de final fantasy VII, un vrai petit bijou. Son regard s’illumine, et ça me fait d’autant plus plaisir. Pour un mordu de jeux vidéos, je savais bien que ça allait lui faire plaisir, d’autant que je sais qu’il a fini tous les épisodes, sans aucune exception. « Comme ça tu pourras y rejouer avant qu’ils sortent le remake ! » Je hausse un peu les épaules, toute contente de l’effet que produit mon cadeau.
Je trouve quand même qu’à certain moment Ellie abuse. Elle me dit que je n’ai pas évolué depuis l’adolescence et pourtant, je trouve que j’ai beaucoup progressé. A Melbourne, je n’aurais jamais adressé la parole aussi facilement à une fille et surtout sans bégayer. C’est vrai que je ne suis toujours pas aussi à l’aise que quand je parle avec ma sœur, mais je m’ouvre. Et ça c’est un grand pas, même si elle pense le contraire. Kyrah est ce genre de fille que je n’aurais même pas osé regarder droit dans les yeux et là, on est assis l’un en face de l’autre en ayant une véritable conversation. D’ailleurs, je lui demande pourquoi elle a disparu pendant un an de chez la famille Wheeler et elle m’explique alors que son père est mort et elle est resté ici pour la danse contrairement à sa mère et son frère. Je me frotte l’arrière de la tête, regrettant presque d’avoir posé la question. Si elle se mets à pleurer, je jure que je me mets à pleurer avec elle. « Je suis désolé Kyrah. J’ai perdu mon père quand j’avais une douzaine d’années, donc je sais ce que ça fait. » Pourtant, même si la mort de mon père a toujours été triste pour ma famille, je trouve qu’on s’en est bien sorti. De toute manière, je pense que mon père avait un peu honte de m’avoir comme fils, donc notre relation pouvait être assez bizarre par moment. Je lui propose alors un chocolat, parce que le chocolat c’est la solution à tous nos problèmes, surtout mes chocolats gourmands. Elle accepte, je saute alors sur mes deux pieds pour me rendre dans la cuisine qui est rattaché au salon, ce qui nous permets de continuer à parler. C’est donc en versant du lait dans nos deux tasses que je lui rappelle notre fameuse partie de Mario Kart, car c’est mon principe principal : Toujours terminer une partie en cours. Je pense qu’après un an, c’est assez long pour qu’on la termine enfin. Elle n’est pas contre, elle me défie même en disant qu’elle va me mettre le pâté et j’ai un petit ricanement. « Jamais, je suis bien trop bon à ce jeu. » Je ne sais pas pourquoi, mais dès que ça concerne les jeux vidéo, j’attrape un excès de confiance en moi venant un peu de nulle part et qui disparait aussi vite qu’il est arrivé. Je rajoute le chocolat en poudre, ainsi que de la chantilly au-dessus avant de ramener les deux tasses dans le salon, en tendant celle pour Kyrah à la jeune blonde, mais cette dernière me surprend en se rappelant qu’elle a quelques choses pour moi. Super, j’adore les cadeaux également. Et là, je manque de renverser les chocolats, que je pose d’ailleurs très vite sur la table basse. « Je … Oh mon dieu Kyrah, c’est … » J’ai envie de pleurer tellement son geste mon touche, si elle savait à quel point elle tient une pépite entre ses mains. J’attrape alors le jeu et je saute partout comme un fou. Niveau virilité, on repassera. Je finis par me calmer et par m’asseoir à côté de Kyrah. « Bon par contre, tu ne dis rien à Ellie ! Je sais déjà ce qu’elle serait capable de me dire » Je me racle la gorge et je commence à prendre une posture théâtrale « Encore des jeux vidéo ? Ton but dans la vie c’est de finir puceau ? Tu n’as jamais eu envie de lâcher tes manettes et d’aller embrasser une jolie fille ? T’es un vrai looser. Et blablabla… » Et je suis plutôt douée pour l’imiter, heureusement qu’elle n’est pas là d’ailleurs, parce qu’elle n’aurait pas trop apprécié.
« Je suis désolé Kyrah. J’ai perdu mon père quand j’avais une douzaine d’années, donc je sais ce que ça fait. » Je sais qu’il est sincère, je sais aussi que toutes les autres personnes qui m’ont un jour dit qu’ils étaient désolés, l’étaient vraiment. Mais je n’ai jamais été proche de mon père, et on ne peut pas dire qu’on était d’accord sur beaucoup de choses, les peu de fois où on se voyait. Dire que ça ne m’a pas touchée serait mentir, mais je ne peux pas dire non plus que j’ai été si peinée que ça. Un peu, forcément, mais c’est une blessure surmontable. D’autres plus récentes ont été bien plus difficiles à surmonter, comme la perte de mon bébé, par exemple. Je laisse Kenneth s’en aller nous faire deux chocolats, je sens déjà qu’il s’applique, et je souris d’avance à l’idée de voir ce qu’il nous prépare. Pendant ce temps, j’essaie de le déstabiliser en lui disant que je pourrai bien le battre, même si je sais que ce n’est pas possible au final. Mais l’espoir fait vivre, c’est ce qu’on dit. Sur un malentendu, une crampe du pouce ou un truc de ce genre, je pourrai bien arriver à mes fins. Lorsqu’il revient, je ne tarde pas à lui donner mon cadeau, celui que je lui avais acheté il y a bien longtemps. « Je … Oh mon dieu Kyrah, c’est … » Il est vraiment adorable. J’aurai tellement aimé avoir un frère comme lui, le troquer contre le mien. Je devrais faire un échange avec Ellie, je suis sûre sûre qu’elle échangerait volontiers. Je le regarde sautiller comme un gosse et je ris d’autant plus, parce qu’il est trop mignon. Il finit par s’asseoir près de moi pour regarder le jeu sous toutes ses coutures. « Bon par contre, tu ne dis rien à Ellie ! Je sais déjà ce qu’elle serait capable de me dire » Je relève le regard pour le plonger dans le sien, et attends la suite avec impatience, parce que je connais ce regard pétillant, cette envie de jouer, et ce qu’il s’apprête à faire va beaucoup me faire rire. Chaque fois qu’il fait le clown, je suis je pense son public le plus réceptif. « Encore des jeux vidéo ? Ton but dans la vie c’est de finir puceau ? Tu n’as jamais eu envie de lâcher tes manettes et d’aller embrasser une jolie fille ? T’es un vrai looser. Et blablabla… » J’éclate de rire à son imitation. Je connais assez Ellie pour savoir que ça ne lui ressemble qu’à moitié, ou disons que c’est une belle caricature. « Tu la désespères, la pauvre ! » Je secoue la tête amusée, avant de prendre conscience d’une chose. « Attends. » Je le regarde fermement, presque choquée. « Attends attends, j’ai rêvé ou…. » Je secoue la tête pour me remettre les idées en place et je le regarde à nouveau. « Me dis pas que depuis un an, t’as toujours embrassé aucune fille ? Kenny ! Sérieusement ???? » Oui, je suis choquée. Parce qu’en dépit de son côté enfantin, Kenneth est un beau garçon, et pour l’avoir encore vu tout à l’heure en caleçon, il est pas mal foutu. Un peu sec, mais beaucoup de filles aiment les garçons fins. C’est sûr qu’à côté d’Elio, il n’est pas du même gabarit mais bon… Je vois qu’il est mal à l’aise et je ris un peu, amusée par la tournure des choses. « Non mais tu peux pas c’est pas possible. T’as quoi là ? 30 ? 31 ? » Il plisse les yeux et je lève les yeux au ciel. « Ok, je veux même pas savoir. Tu peux pas avoir passé une trentaine d’années sans avoir au moins embrassé une fille. En plus c’est vraiment pas compliqué franchement ! » Je m’approche de lui, prends son menton entre mon pouce et mon index, paume de main vers le ciel, et je m’approche pour déposer mes lèvres sur les siennes, délicatement, sans artifices, juste la simplicité d’un baiser. Lorsque je m’éloigne de lui, je vois qu’il est rouge comme une tomate et ça me fait rire, gentiment. « Tu vois, c’est un bon début ! »
J’adore recevoir des cadeaux, bon certes, comme un peu la plupart des personnes sur cette terre, mais moi j’adore vraiment ça. Que ce soit une paire de chaussette neuve ou la toute dernière console qui vient de sortir, je réagirais toujours avec la même joie sincère, simplement parce que j’aime à penser que les gens veulent me faire plaisir, ce qui me touche sensiblement. C’est pour le cadeau de Kyrah me mets dans un état fou, surtout que c’est une édition limitée, je suis sûr qu’Il n’y a personne qui possède cette version à Brisbane et ça c’est la classe internationale. Je me calme cependant très rapidement, lui demandant de garder le secret de ce cadeau auprès de ma sœur, car elle est capable de me faire des reproches pendant une décennie. Je l’imite, histoire de faire rire Kyrah, qui connait très bien Ellie et connait également ses réactions. Dire que je n’oserais faire ça avec aucune fille, avec Kyrah, je parle comme s’il s’agissait de ma sœur, sans que je me sente trop gêné, bien que je sois toujours impressionné par la moindre fille qui s’invite ici.
« Me dis pas que depuis un an, t’as toujours embrassé aucune fille ? Kenny ! Sérieusement ???? » Elle semble choquée, mais faut dire que je la comprends et que ça m’enfonce encore plus dans l’idée que je sois un véritable looser. En effet, je n’ai toujours pas embrassé de fille depuis un an, mais c’est bien pire que ce qu’elle pense, car … « Enfin depuis un an … Pour te dire vrai … Je n’ai jamais embrassé de fille tout court. » Bah oui, c’est ça le souci. Pour enfoncer encore plus le clou, elle me demande alors j’ai quel âge et j’ai l’impression que là, je suis déjà sous terre. « Euh … J’en ai trente-trois. » j’essaye de sourire, mais je suis très gêné, j’ai l’impression de passer pour un vrai idiot, mais bon, ce n’est pas si important que ça d’embrasser une fille, non ? Elle me dit que ce n’est pas très compliqué d’embrasser une fille et ça me laisse assez perplexe. Ça m’a quand même l’air plus complexe que ça n’a l’air. Elle dit ça, car elle a sûrement déjà dû passer l’étape du bisou, ce qui ne me surprendrait pas. Pas que ce soit une fille facile, jamais je me permettrais de juger Kyrah de la sorte, mais plus parce que c’est une jolie fille et je suis sûr que beaucoup de garçon ont déjà essayé de l’embrasser, un peu comme avec ma sœur à l’époque où ma mère ne savait plus comment l’empêcher de sortir avec ces petits copains d’avant. Elle a vraiment l'air choquée que je n'ai toujours pas embrassé de fille. « Pourquoi ... C'était quand ton premier baiser ? »
Et là, je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de Kyrah, mais elle m’attrape très rapidement, tellement vite que je n’ai pas le temps de réagir, par le menton avant de déposer ses lèvres sur les miennes avec une immense douceur. C’est un échange simple, mais tellement plaisant. Lorsque le contact se rompt, je ne peux m’empêcher de rougir, d’ailleurs mes oreilles se mettent à chauffer si fort, que j’ai l’impression qu’elles ne vont pas tarder à exploser. « Je … Kyrah … » Voilà, je ne sais plus où me mettre, qu’est-ce que je peux dire après une telle scène, je m’y attendais vraiment pas. « Mais … C’est vrai que … Que c’est simple ... Et cool aussi. » j’ai l’impression de passer pour un con, mais je comprends pourquoi les gens aiment s’embrasser, c’est quelques choses de très agréable. Je fixe alors Kyrah de manière soutenu, je dois d’ailleurs ressembler à un psychopathe, mais je n’arrive simplement pas à laisser sortir la phrase qui me brule pourtant le bout de la langue. Et puis un courage inattendu me prend, me disant qu’après tout si elle refuse, je n’aurais qu’à me prendre une baffe. « Tu peux recommencer … S’il te plaît ? » puis mon courage inattendu, disparaît aussi vite qu’il est arrivé. « Non … Désolé … Je n’aurais pas dû dire ça, oublie. » D’ailleurs j’attrape ma tasse, histoire de pouvoir me cacher le visage qui doit toujours être aussi rouge, voir plus.
« Enfin depuis un an … Pour te dire vrai … Je n’ai jamais embrassé de fille tout court. » J’ouvre grand la bouche, choquée de son aveu. Mais vite je me ravise dans ma réaction, me disant que ça doit être vraiment pas simple pour lui d’avouer une chose pareille. Alors je grimace un peu d’un air désolée. C’est là aussi qu’il m’avoue son âge. 33 ans. 33 ans sans jamais avoir embrassé une fille. Je suis vraiment sur le cul. Je ne pensais même pas que c’était possible. Surtout qu’il est mignon ! Je ne comprends pas où pourrait être le problème. « Pourquoi ... C'était quand ton premier baiser ? » Je ris un peu et secoue la tête. « Avec ou sans la langue ? » Je le taquine, évidemment. « Premier petit bisou sur la bouche j’étais en primaire ! » Je roule un peu des yeux avant de rire. « Bon disons que le premier vrai, j’avais onze ou douze ans quoi. » Je fronce un peu mon petit nez en voyant sa bouille, et je souris. « Ça va, c’est pas si grave que ça, t’en fais pas ! » Sauf que je ne peux décemment pas le laisser comme ça. Déjà, ça fait trop bizarre qu’il le dise. Qu’il avoue n’avoir jamais embrassé une fille, ça me semble complètement dingue. Alors sans vraiment réfléchir, j’attrape son menton pour ne pas qu’il m’échappe, et je viens poser mes lèvres sur les siennes. Délicatement, pour ne pas l’effrayer dès le premier baiser. Autant qu’il en ait un bon souvenir. Une fois que je m’éloigne, réouvrant les yeux et le découvrant tout rouge, je souris. « Je … Kyrah … » Je penche la tête un peu sur le côté, amusée. « Mais … C’est vrai que … Que c’est simple ... Et cool aussi. » Cette fois, un nouveau petit rire quitte mes lèvres. Il est vraiment trop mignon. J’ai l’impression de faire face à un enfant dans un corps d’adulte, et c’est bien le cas je pense. « Tu peux recommencer … S’il te plaît ? » J’ouvre un peu plus grand les yeux, surprise de sa demande. Pas par la demande en elle-même, mais surtout le courage qu’il a dû lui falloir pour arriver à me demander une chose pareille. « Non … Désolé … Je n’aurais pas dû dire ça, oublie. » Il se tourne et attrape sa tasse pour occuper ses mains et surtout ne pas me regarder. Cette fois je ris plus franchement. « Bon allez, arrête de faire l’enfant Kenny ! » Je me rends compte que je viens de lui parler sûrement comme doit lui parler sa soeur, et ce n’était pourtant pas mon intention. Je viens attraper sa tasse et la repose sur la table basse alors que je me rapproche de lui. « Maintenant que je suis là et qu’on a commencé l’apprentissage, autant en profiter ! L’avantage, c’est que même si tu te loupes, je vais pas m’enfuir en courant ! Autant que tu saches un peu ce que c’est pour la fille qui aura la chance que tu lui donnes cette attention particulière, non ? » Il continue de me regarder avec ses grands yeux limite apeuré, et je souris. « Bon, la règle de base, c’est que toi, en tant que garçon, tu te dois de faire la plupart de la distance entre toi et elle. disons 90/10. Regarde, en imaginant que je suis toi, et que toi tu es la fille. Je fais 90% du chemin… » Je m’approche de lui jusqu’à laisser quelques simples centimètres entre nos lèvres, et je murmure presque en les frôlant. « Et maintenant, c’est à la fille de faire le reste du chemin, si elle en a envie. » Cette fois il vient plaquer des lèvres contre les miennes et je souris contre celles-ci. « Très bien. Maintenant c’est à toi de faire les 90. Et il faut que tu me donnes envie de faire les 10% restants. Ferme les yeux, et concentre-toi sur tes émotions, sur ton coeur qui bat un peu plus fort. » Je viens poser ma main sur ton torse, juste au dessus de son coeur pour le sentir battre à une allure folle. « N’oublie pas de respirer, doucement, et approche-toi. » Doucement il s’approche, fait la plupart du chemin, et je finis le travail en venant poser mes lèvres sur les siennes, toujours dans un simple baiser. Ma main vient se poser sur sa joue et je le retiens un peu, mettant quelques malheureux centimètre entre nos lèvres, murmurant pour ne pas briser l’instant. « Garde les yeux fermés. Arrête de penser. Ressens juste nos souffles qui se mélangent. Je vais te montrer le baiser que préfèrent les femmes. Le baiser de cinéma. Pour l’instant tu gardes ta langue dans ta bouche. » Je réduis finalement l’espace entre nos lèvres et viens lui offrir un baiser un peu plus poussé, plus long, un peu plus intime aussi. Je le sens maladroit au départ, je sens qu’il ne sait pas comment s’y prendre, mais il trouve vite le rythme, et après un baiser de plusieurs secondes, j’y mets fin, doucement pour ne pas le brusquer. Lorsque je réouvre les yeux, les siens sont encore fermés et je souris. « Tu te débrouilles bien pour un débutant ! » Je caresse un peu sa joue tendrement avant de quitter le contact de ma main sur celle-ci. « Ça va, tu tiens le coup ? »
Je sais que Kyrah est choquée, je n’en doute pas une seconde, même ma sœur me répète à longueur de temps qu’elle n’en revient pas, alors qu’elle sait très bien comment je suis. Cependant, je ne peux m’empêcher de lui demander quand elle a reçu son premier baiser et c’est à mon tour d’être surpris suite à sa réponse. Elle avait à peine douze ans ? Mais à douze ans, on pense à autre chose, non ? C’était le début des jeux vidéo avec les anciennes consoles, on n’avait pas le temps de penser aux filles. Enfin, c’est ce que je faisais moi, peut être que pour d’autres c’était complètement différent.
Kyrah m’embrasse alors pour résoudre mon souci, afin que je sois débarrassé de ce dur poids de la première fois. C’est doux et agréable, mais c’est aussi surprenant. Je comprends et j’appréhende à la fois ce geste. Je veux être sûr de ce que cela provoque en moi et lui demande, sans réfléchir avant, qu’elle recommence. Lorsque je me rends compte que c’est un peu déplacé, j’essaye de me rattraper, me cachant derrière ma tasse de chocolat chaud. Elle se mets à rire, me disant que même si je me loupe, elle ne risque pas de s’enfuir. Voilà qu’elle veut se transformer en coach, c’est à mon tour de sourire, car je me dis que si Ellie serait présente, je suis sûr qu’elle ne prendrait pas ça très bien. Je perds cependant mon sourire lorsqu’elle pose sa main sur mon torse, j’avale d’ailleurs difficilement ma salive, sentant un certain stress se manifester en moi. Elle m’explique en gros comment se fait un baiser et je me rends compte que c’est bien plus compliqué que ce que ça à l’air, moi qui pensait qui fallait juste coller ses lèvres et se retirer. Je m’approche alors de son visage comme elle me l’explique, sentant mes joues me bruler de plus en plus, puis elle fait le reste du chemin en déposant de nouveau ses lèvres. Je sens d’ailleurs mon cœur qui commence à palpiter de plus en plus, ce qui est sûrement bon signe, n’est-ce pas ? Comme un idiot, je garde les yeux ouverts toujours surpris par ce contact, mais je vois bien que j’ai l’air stupide, alors je décide de finir les yeux jusqu’à ce qu’elle décide de rompre le lien. « Garde les yeux fermés. Arrête de penser. Ressens juste nos souffles qui se mélangent. Je vais te montrer le baiser que préfèrent les femmes. Le baiser de cinéma. Pour l’instant tu gardes ta langue dans ta bouche. » Comment ça ? parce qu’il existe différent type de baiser ? C’est que ça devient compliqué cette histoire. « Euh … » Pour le coup, je sais pas si je suis chaud, j’ai peur de mal faire les choses, mais Kyrah ne me laisse pas le temps de réfléchir. Le baiser n’est pas le même, ce n’est plus qu’un simple contact. Au contraire, cela devient un peu plus poussé, j’ai même l’impression que la chaleur de mes joues, s’installe également dans mon bas ventre. Je ne vois même pas qu’elle a retiré sa bouche à la fin, j’ai toujours les yeux fermés et d’ailleurs la bouche en avant, jusqu’à ce que je remarque enfin. Je me gratte l’arrière de la tête toujours autant gêné, surtout que Kyrah me complimente ce qui me rend nerveux, alors que ça devrait avoir l’effet inverse. « Euh … Merci. » Elle me demande ensuite si je tiens le coup et je baisse les yeux. « Je trouve ça compliqué … Et je me dis que si c’est compliqué pour une histoire de baiser, qu’est-ce que ça va donner pour le reste. » De quel reste je parle ? Vous savez ce qu’on fait après un baiser. Après des câlins et des caresses. Ce que les couples font pour se satisfaire quoi, je ne vais pas vous faire un dessin. Le fait d’en parler avec Kyrah, je sens de nouveau mes joues me bruler. Qu’est-ce que j’ai l’air stupide. Je pose ma tête entre mes mains, pensif, comme un gosse pas du tout satisfait.
Je fais du mieux que je peux. Je ne crois pas qu’il y ait vraiment de règles à respecter, j’essaie simplement de lui dire ce que j’imagine être le mieux pour faire plaisir à une femme. Cela dit, tous les goûts sont dans la nature, alors quelque chose qui plait à une femme pourrait bien déplaire à une autre. « Euh … Merci. » Je lui souris de plus belle, touchée par ses réactions. Il est vraiment trop mignon. Je préfère ne pas le dire à voix haute parce que je pense que ce qui pour moi pourrait être un compliment, passerait peut-être pour lui pour du foutage de gueule, et loin de moi l’idée de me foutre de lui. « Je trouve ça compliqué … Et je me dis que si c’est compliqué pour une histoire de baiser, qu’est-ce que ça va donner pour le reste. » Mon sourire s’élargit, et, amusée, je lui réponds du tac au tac. « T’inquiètes pas, je suis sûre que ça viendra tout seul ! » Je penche un peu la tête sur le côté pour essayer de capter son regard qu’il laisse traîner dans le vide. « Tu sais quoi ? C’est con. Y’a pas de règles. Si il faut, je suis en train de te montrer ce que moi j’apprécie, alors que la femme de ta vie pourrait aimer tout le contraire de ce que moi j’aime… » Je hausse les épaules. « Nous les filles, on est compliquées c’est vrai, mais ça n’empêche que quand un mec nous plait, peut importe ce qu’il fait, on trouve ça bien. » J’essaie de le rassurer comme je peux, même si ce n’est pas ce que je sais faire de mieux. Je viens m’approche un peu de lui, collant mes jambes le long des siennes, ma main vient caresser son dos. « Allez, ne désespère pas, je suis sûre que tu vas trouver quelqu’un qui te correspondra ! » Je plaque un baiser sur sa joue, et en souriant, je lui fais une proposition. « Tu veux essayer encore ? Peut-être que plus tu t’entraînes et moins tu auras peur le jour où ça t’arrivera pour de bon ? » Il tourne - enfin - la tête dans ma direction et je lui adresse un large sourire. Je sens bien qu’il en a envie mais qu’il n’ose pas. « Allez, fais pas ton timide ! » Je lui fais signe d’approcher et de respirer calmement. Et doucement je m’approche de lui, en nouvelle fois, il réduit la distance entre nos lèvres et ce baiser semble plus naturel que les précédents, signe qu’il apprend vite. Ma main vient de poser sur sa joue et glisse jusqu’à sa nuque, à la naissance de ses cheveux.
C’est le bruit de la porte d’entrée qui me fait sortir de se baiser, séparant mes lèvres du jeune homme avant de me retourner. « Oh mon dieu ! » Ellie. Merde alors. « Non non non non, ne vous arrêtez pas pour moi, je… je m’en vais ! » « Ellie non attends ! » Mais elle est déjà dehors. Je soupire et croise le regard de Kenny, un léger pétillement dans les yeux. Oui, cette situation m’amuse plus qu’autre chose. « Tu veux qu’on lui fasse croire qu’on est ensemble ? Ça pourrait être marrant non ? Depuis le temps qu’elle te fait chier et qu’elle espère que je te tombe dans les bras ! » Je ris un peu et mon téléphone se met à sonner. « Merde, excuse-moi. » Je décroche. C’est pour un entretien d’embauche pour un poste pour lequel j’avais postulé. Je raccroche et reporte mon attention sur Kenneth. « Je suis désolé mon chou, je vais devoir y aller, j’ai un entretient important. Mais on se revoir bientôt hein ! » Je me lève et récupère mes affaires avant de venir le serrer contre moi. « Ça me fait plaisir de te retrouver. Prends soin de toi. » Je plaque un baiser furtif sur ses lèvres et m’éloigne de lui en lui souriant, et puis je finis par passer le pas de la porte, le coeur plus léger qu’à l’arrivée.
Kyrah essaye de me rassurer en me disant que ça viendra sûrement tout seul et que lorsqu’une femme aime un homme, elle aime tous ce qu’il fait. C’est vrai, Ellie me l’a souvent dit, alors pourquoi ce ne serait pas vrai. C’est juste que par moment je pense vraiment que cette femme qui serait m’aimer pour toutes mes qualités et mes défauts n’existe pas. Je ne préfère rien dire à Kyrah, je ne voudrais pas avoir l’air complètement désespéré. Cependant, j’ai l’impression qu’elle sait lire dans les pensées, car elle me dit qu’elle est sûre que je vais trouver quelqu’un qui me correspondra et qu’il ne faut pas que je désespère, ce qui me fait sourire de plus belle. Kyrah peut être convaincante quand elle le veut. Elle m’embrasse sur la joue, ce qui me fait sourire, puis elle me demande si je veux réessayer. J’aurais l’air opportuniste si je réponds, je me contente donc seulement de la regarder l’air gêné, parce que je n’ose pas dire non, non plus, pour ne pas la vexer. Cependant, Kyrah ne me laisse pas m’échapper et m’embrasse de nouveau, je sens sa main dans ma nuque et mon bas ventre commence doucement à chauffer, j’espère ne pas avoir le droit de nouveau à voir mon engin se lever, je serais grave gêné, surtout devant Kyrah. Alors que le baiser ne s’interromps pas, j’entends la porte d’entrée s’ouvrir et là, le drame se produit. Ellie nous a surpris en train de nous embrasser. Tandis que ça fait rire Kyrah, je prends un air effaré. Elle me dit de faire croire à ma sœur qu’on est ensemble et là, je commence à secouer ma tête dans tous les sens. « Non, non, Kyrah il ne faut pas faire ça. » Elle ne se rend pas compte de l’enfer que ça va être pour moi. Madame soumission va devenir madame question. En gros, elle ne va faire que me poser des questions à longueur de temps et je ne pense pas pouvoir le supporter, je préfère encore quand ma sœur est méchante avec moi. Avant que j’ai le temps de dire quoi que ce soit, elle reçoit un appel qui semble assez important. Elle prend donc congé, en me disant que ça lui a fait plaisir de me revoir. « Ça m’a fait plaisir aussi, reviens quand tu veux ! » et alors qu’elle m’embrasse et qu’elle prend la poudre d’escampette, alors qu’elle est devant la porte, je l’appelle. « Kyrah ! » Elle se retourne vers moi et un grand sourire illumine mon visage. « Merci pour tous. » Et son visage s’illumine à son tour. Et elle disparaît derrière la porte. Soudain, je perds mon sourire. Mon dieu, je vais avoir le droit à une vraie garde à vue avec Ellie.