Finalement la vie australienne n’était pas si mal que ça. Il faisait chaud, beau la plupart du temps. Pour l’hiver, il y avait pire. Le matin, elle se levait à l’heure qu’elle voulait, même si chaque jour, ses paupières s’ouvraient aux alentours de sept heures et puis, mis à part les quatre premiers jours de la semaine où elle devait se rendre aux studios d’enregistrement pour deux heures de mixage, elle avait du temps libre à ne plus savoir quoi en faire. Alors elle profitait du soleil, même si sa peau refusait de bronzer et qu’elle tournait plus sur le rouge. Elle allait se baigner et plusieurs fois rejoignait, tout en contraste, la patinoire. Depuis peu, elle enseignait des figures ou tout simplement, comment tenir sur des patins à des enfants entre trois et douze ans. Chose très appréciable que de voir des gens réussir grâce à nous. Aujourd’hui, elle n’avait rien à faire et suite à un petit déjeuner ridicule, elle se décida à aller faire des courses pour remplir ce frigo qui de toutes manières était bien trop grand pour elle toute seule. Les supermarchés n’étaient pas vraiment le genre de lieu appréciés de la demoiselle, trop de monde, trop de choix dans les rayons et puis une attente incroyable aux caisses pour faire face des gens peu aimables. Elle les comprenait, se voyant très mal faire ce métier, mais tout de même… Aussi était-elle au milieu des surgelés en train d’hésiter entre deux marques de glaces, son chariot bien rempli, trop rempli même derrière elle. Sa main souleva le paquet au chocolat au niveau de son visage lorsqu’elle cru faire un arrêt cardiaque. Il était là. En face d’elle. Bon sang, elle n’avait pas prévu ça du tout. Depuis un peu plus d’un mois qu’elle était à Brisbane elle avait eu la chance inouïe de ne le croiser nul part et alors qu’elle baissait la garde voilà qu’il apparaissait dans un endroit peu propice aux engueulades, au moment où elle aurait presque oublié sa présence en ville. Pourquoi ne pas être allée le voir me direz-vous ? Elle n’aurait su quoi lui dire, un pardon n’aurait pas suffit et puis, elle avait apprit qu’il vivait chez cette garce. Hors de question donc d’aller le voir là-bas. En le voyant, son visage s’était refermé, tout en virant au rouge. Un rouge de colère, mais également de honte. Il ne devait PAS la voir. Elle lâcha subitement les paquets qui retombèrent bruyamment dans le bac. Il n’y avait pas d’échappatoire possible, mais elle n’avait pas l’impression qui l’ait vu. Dans les quelques secondes qui suivirent cette apparition, elle s’accroupit derrière les rayons de surgelés. Elle devait les contourner pour se diriger vers la sortie. Tant pis pour ses courses, elle s’arrêterait dans une épicerie pour ne pas mourir de faim aujourd’hui, mais elle n’allait pas rester ici. Progressant difficilement et sous le regard inquisiteur de clients du magasin, elle s’engagea à contourner les rayons avec l’espoir qu’il ne l’avait pas vue.
« If memories could kill, ours would have executated me. »
A marcher sans fin, à marcher sans raison, on finit toujours par se heurter à des obstacles que l'on n'avait pas vu venir. Raffaele avait récemment revu celle qui hantait ses pires cauchemars ainsi que ses plus doux souvenirs. Le sourire blanc de cette poupée dorée le ramenait des années en arrière, à une époque où tout lui semblait si merveilleux. Le Don Juan s'était assagi, il était devenu un homme sage, un homme fidèle, un homme... amoureux. Mais l'amour est dangereux. Il vous marque à vie. Il vous impose sa force sans que vous ne vous en rendiez compte et lorsqu'il vous déserte, tout ce qu'il vous reste c'est une cicatrice amère qui jamais ne vous quittera. Pourtant Raffaele avait appris à passer outre sa douleur. Il avait appris à avancer avec. Il l'avait même partiellement oubliée. Seules ses nuits lui semblaient difficiles parfois. Mais il trouvait toujours un moyen d'écourter celles-ci en travaillant ou en passant ses soirées en galante compagnie. Cependant bien qu'i; ait cherché à protéger son coeur, le destin s'était joué de lui. Il avait revu son ange blond et depuis, il n'avait eu de cesse de penser à elle. Elena.
Marchant dans le supermarché sans trop de but, il avait décidé de s'acheter de quoi cuisiner à Serena mais ne savait pas encore quoi. Il voulait la surprendre et lui prouver qu'il pouvait faire plus que de la pâtisserie. Passant dans les rayons, il tomba nez à nez avec un paquet de pâtes de marque italienne et sourit. non, c'eut été trop facile et elle l'aurait nargué pour ce choix ridiculement prévisible. Il continua son chemin jusqu'à ce qu'il aperçoive celle qu'il pensait avoir été un mirage une dizaine de jours plus tôt. Son coeur fit un bond en reconnaissant son premier amour. Elle adoptait une position assez étrange et la voyait zigzagguer dans le magasin tout en restant penchée. Soudain, il comprit. C'était lui qu'elle fuyait ainsi. Bien qu'agacé de ce comportement puéril, il ne voulait pas fuir. Il voyait en la regardant à quel point cela pouvait être ridicule de ne pas faire face à ses démons. Il avait besoin de savoir ce qu'elle faisait là et pourquoi elle s'efforçait tant à l'éviter. Il marcha droit sur elle, oubliant complètement le motif de sa présence dans le supermarché et alors qu'elle reculait, la laissa lui rentrer dedans en marche arrière. Elle se retourna, visiblement gênée de ne pas avoir regardé où elle mettait les pieds et lorsque son regard se posa sur lui, il croisa les bras. "Tu fuis quelque chose? Ou quelqu'un peut-être?" Son italien n'avait rien perdu de sa force. Il était toujours aussi élégant malgré ses mois passés en zone étrangère. Ses "r" parfaitement roulés lui donnait un côté sauvage et agressif bien que séducteur à la fois. "Qu'est-ce que tu fais ici Elena?" Son ton parfaitement maîtrisait trahissait le manque de surprise quant à cette rencontre. Mais il se fichait des interprétations qu'elle pouvait en faire. Il voulait juste savoir. Il en avait marre de jouer au chat et à la souris. Bien que sa question semblait banale, il en demandait bien plus que ça. Il ne voulait pas savoir ce qu'elle faisait dans le magasin mais à Brisbane et prévoyant qu'elle allait tenter d'éviter de répondre droit au but, il précisa "A Brisbane, que fais-tu à Brisbane Elena." Ses traits étaient durs et il luttait pour ne pas regarder plus attentivement la créature qu'il avait sous les yeux. Tout en elle le ramenait au passé. Et il ne voulait se souvenir de rien. Il ne voulait pas perdre une once de sa détermination, bien que sa présence le déstabilisait bien plus qu'il ne le laissait paraître.
« Par...don. » Il avait employé leur langue maternelle, mais qu’importe celle qu’il aurait pu user, elle aurait reconnu son timbre de voix. Ces intonations profondes et chantantes, cette point de séduction. Et puis au fond, elle venait de lui rentrer dedans, littéralement, ce qui laissait peu de place au doute. C’était bien lui. Il l’avait vue et sans étonnement était venu à sa rencontre. Qu’importe ce qui avait pu se passer, l’avoir aussi près d’elle, l’entendre lui parler, faisait résonner en elle tout ce qu’ils avaient pu vivre ensemble. Il resterait l’amour de sa vie, le premier. Pour autant, elle n’était pas ravie de le revoir, pas ici, ils n’avaient pas entretenu de vraie conversation depuis sa bêtise. Et si elle avait choisi Brisbane dans l’espoir de le retrouver, être ainsi prise au dépourvu ne lui plaisait guère, d’autant que son ton froid, maîtrisé et ses traits ne laissaient transparaître aucune surprise, pas de contentement. Au passage, elle songea qu’il y avait longtemps qu’un de ses jolis sourires ne lui avait pas été adressé à elle personnellement et son coeur se pinça légèrement. Elle connaissait ce regard, il était amer. Et à sa grande surprise, elle comprit qu’il avait déjà eu vent de sa présence en ville, mais se voyait mal lui demander le pourquoi du comment. Elle était clairement mal à l’aise, ne savait pas où se mettre. Complètement prise au dépourvu, elle ne savait que répondre, passait d’un pied à l’autre, tantôt fuyant son regard pour aller le chercher l’espace d’après. Elle ouvrit la bouche pour tenter une réponse, mais s’empêcha de parler. Elle allait passer pour une imbécile. Elle tenta un pas en arrière, tourna la tête. Fuir n’était pas une option, clairement pas. Elle tenta une réponse, qui elle le savait déjà ne lui plairait pas. « Je fais mes... » D’ailleurs, il la connaissait trop bien, puisqu’il vint la couper avant même qu’elle n’ait pu finir. Elle déglutit avant de réfléchir à la bonne réponse à lui donner. Avait-elle vraiment envie de lui demander pardon maintenant, au milieu des patates surgelées et des glaces à la vanille ? D’autant que l’emploi de l’italien attirerait forcément l’attention et Elena n’avait pas envie de créer un scandale au rayon frais. Il y avait mille endroits où elle aurait préféré se trouver qu’ici, à présent. Sans répondre à la question qu’il venait de lui poser, elle retourna à son caddie puisque de toutes manières, elle n’allait plus pouvoir partir en courant. « Je… Je double une princesse pour Disney, en italien. » Elle mettait dans sa voix toute l’assurance qui pouvait lui rester, tâchant de lui faire garder une certaine rigueur. Ne pas flancher, ne pas lui montrer qu’il la déstabilisait. Elle se tourna vers lui, avec pour idée de détourner un peu l’intention de sa personne, il n’allait très certainement pas s’en tenir à sa petite explication, d’apparence, elle débarquait juste dans la même ville que lui donc… Autant essayer de dévier la conversation, même si elle craignait fortement le retour de bâton. « Et toi donc ? Qu’est-ce qui t’amènes aussi loin de chez nous ? » Elle n’avait peut-être pas usé du bon terme, le nous était clairement mal venu, d’autant qu’elle craignait d’être la raison de son départ. Mais qu’importe, insolente, un grand sourire aux lèvres, elle essayait de reprendre du poil de la bête. Bon sang, ils se parlaient !
« If memories could kill, ours would have executated me. »
Alors que la femme réapparaissait dans sa vie, Raffaele ne pouvait aller moins bien. Il avait fui l'Italie dans l'espoir assez ridicule que la vie serait différente au loin. Mais rien ne se facilitait uniquement parce que l'on prenait ses valises et qu'on changeait de pays. Rien. Surtout pas les blessures de coeur. Il était venu jusqu'à Brisbane pour revoir le visage apaisant de Kaecy. Mais là où il pensait trouver du réconfort, il avait surtout trouvé une porte fermée. Et alors que celle qui lui avait claqué une énorme porte au nez, une porte à l'amour qu'il lui avait donné, alors que cette traîtresse était de retour dans un paysage voisin du sien... voilà qu'elle n'était pas là pour lui. Pire, elle l'évitait. Le regard d'Elena le rendait encore plus agressif. Elle fuyait. Dans tous les sens du terme. Alors qu'une petite part de lui pensait qu'elle était peut-être là pour lui, tout comme lui était ici pour Kaecy et pour elle, il réalisait que non. Il était venu régler ses problèmes avec deux femmes en même temps. Espérant qu'en retrouvant l'australienne, il pourrait passer à autre chose aussi en ce qui concernait l'italienne. Mais Elena n'était pas à Brisbane dans cet objectif là. Et bien qu'il pensait lui dire d'aller se faire voir, il réalisa qu'il était déçu qu'elle soit aussi... indifférente, aussi banale. Elle était ici pour le travail. "Quelle coïncidence." dit-il en grinçant des dents. Fallait-il qu'elle reçoive un emploi ici? Il ne prenait même pas le temps d'entendre qu'elle n'était plus sur la glace, qu'elle avait mis un terme à cette passion tout comme elle avait mis un terme à la leur.
Sans comprendre ce qu'elle faisait, il la vit reprendre contenance, récupérer son caddie et avancer nonchalamment dans les rayons en lui parlant comme si de rien n'était. Estomaqué par ce comportement dénué de toute raison, il la suivit sans savoir s'il le devait ou non mais écoutant juste sa rage qui lui indiquait de ne pas la laisser s'en sortir ainsi. Pas aussi facilement. Pas avec un sourire aussi ridicule et feint. Il "Tu dois bla..." Il s'interrompit en voyant qu'elle continuait d'avancer tranquillement et la retint par le bras pour la forcer à lui faire face. Ce bras qu'il tenait entre ses doigts lui rappelait tant de souvenirs. Des disputes ils en avaient eues. Et des moments de rage, ce n'était pas nouveau entre eux. Mais jamais rien d'aussi destructeur. Jamais rien qu'il n'ait pu pardonné. Jusqu'à ce que... Et maintenant, elle lui parlait comme s'ils étaient de vieux amis? "Tu crois que je vais tout simplement te parler? Comme ça? Là, dans un supermarché comme si on était de vieilles connaissances qui se rencontraient par hasard?!" Les clients qui passaient tout près d'eux regardaient en coin le couple se disputant en italien. Enfin pour le moment c'était surtout Raffaele qui parlait fort. Il n'avait pas encore eu l'occasion de lui dire tout ce qu'il avait dans le ventre et cela bouillonnait dans son ventre depuis si longtemps. Mais il ne savait pas si cela l'apaiserait ou si cela ne risquait que de rendre tout encore plus compliqué et plus douloureux. Ne pouvait-elle pas juste disparaître de sa vie? Ne le torturait-elle pas suffisamment dans ses souvenirs? "Je n'ai pas l'intention d'avoir cette discussion ici et maintenant Elena. Mais tu ne peux pas te pointer ici, me fuir, prétendre que tout va bien, faire semblant..." voilà ce qui faisait le plus mal, qu'elle fasse semblant. Qu'elle se comporte comme si rien ne les unissait. Comme s'il pouvait passer outre tout leur passé commun. "...faire semblant que tout ça n'a pas existé, faire semblant qu'on est amis." Il regardait autour de lui, saisissant une boîte de sardines sur l'étagère en passant près d'elle et la reposant quelques secondes plus tard. "Nous ne serons jamais amis Elena, jamais." Il semblait deviner qu'elle désirait peut-être cela, qu'elle voulait peut-être de meilleurs termes entre eux. Mais pas comme ça. Il ne savait même pas si il en était capable mais là, pour le moment présent, tout ce qu'il souhaitait c'était... il n'en savait rien. Mais il ne voulait pas céder quoique ce soit. Il lui en voulait encore tellement. Trop. Trop que pour prétendre qu'il avait oublié quoique ce soit.
Elle ne savait pas trop ce qu’elle faisait, pourquoi elle agissait comme ça. Elle tressauta légèrement à l’entendre grincer ainsi des dents. Etait-il ironique, avait-il compris qu’elle n’était pas là que pour ça ? Dans tous les cas, elle espérait pouvoir s’en aller, ne pas créer un scandale ici et surtout, elle n’était pas prête à s’en prendre plein la figure aujourd’hui. Combien de fois s’était-elle retrouvée à imaginer leurs retrouvailles, parfois ils se jetaient l’un sur l’autre, pour récupérer le temps perdu et à d’autres moments, ils finissaient par s’insulter de tous les noms. Pas le genre de choses dont elle avait besoin aujourd’hui. Pourtant, elle jouait avec le feu, récupérant ses courses et continuant à slalomer à travers les rayons. Il commença à parler, elle l’écoutait mais craignait le moment où il monterait le ton. Elle sentit sa prise sur son bras, qui la forçait à se tourner vers lui, ce qu’elle fit tout en se dégageant. Son contact la rendait folle dans tous les sens du terme. Chaque fois qu’il la frôlait ou croisait son regard elle se demandait qu’elle bêtise lui était passée par la tête de détruire ce qu’ils avaient ensemble. A l’heure qu’il est, la bague qu’elle aurait peut-être perdu serait celle qui la relierait à lui et pas à l’italien resté au pays. Mais la vie en avait décidé autrement. Elle le regarda fixement, tandis qu’il montait le ton, attirant l’attention sur eux. Elle était en train de perdre tout le semblant de la contenance qu’elle tâchait de se donner. Au fond, malgré ce qu’il pouvait dire ils étaient de vieilles connaissances, à une période de leur vie, ils se connaissaient même mieux que n’importe qui… Son visage était tordu par la colère, il la détestait elle s’en rendait bien compte et cette vérité était de la pure torture. Elle sentit son estomac se retourner et le sang lui monter à la tête, il l’accusait de maux dont elle n’était pas coupable, l’assenait de vérités blessantes. Elle détourna son regard de lui, bien au fait que si elle restait trop longtemps face à lui elle allait craquer. Voilà pourquoi elle n’était pas venue le voir. « Je te rappelle que toi comme moi, aucun de nous deux n’a essayé de relancer la conversation. Tu me reproches quoi au juste là ? De pas venir te parler ? Pour te dire quoi ? » Sa voix était partie dans les aigus sans qu’elle ne le veuille. Cette situation l’excédait au plus haut point. Il ne voulait pas qu’ils soient amis, mais ne voudrait certainement jamais revenir à leur passion d’antan, mais il voulait qu’elle vienne lui parler… C’était à s’en frapper la tête contre les murs. Elle attrapa un paquet de yaourt qu’elle posa sur le haut de son chariot. Elle avait le sale pressentiment que de toutes manières elle n’allait pas repartir avec ce qu’elle collectionnait avec soin depuis une heure. Elle s’arrêta brusquement pour se tourner vers lui. « Tu voudrai quoi ? Que je te dise que j’ai choisi Brisbane pour venir te voir et te demander pardon ? Et si c’était le cas ? Hein ! De toutes manières tu veux plus entendre parler de moi à ce que je sache et puis on ne pourra jamais être amis n’est-ce pas ? » Ses bras battaient l’air, elle reprit son souffle et songea qu’elle devait avoir l’air un peu folle. Mais il avait le don de la mettre hors d’elle. Cela faisait bien deux ans qu’elle n’avait pas été aussi énervée. Ses mains passèrent sur son visage, s’y attardant un moment avant de redescendre, elle cherchait à ne pas perdre trop la face, à ne pas lui montrer à quel point il pouvait être blessant. « Laisse moi avec mes conneries d’accord ? » Et la voilà qui repartait avec son chariot, bien décidée à aller payer.
« If memories could kill, ours would have executated me. »
En vérité, il ne savait pas trop ce qu'il attendait de cette actuelle conversation. Après tout, ils n'avaient rien à se dire à partir du moment où il refusait catégoriquement qu'ils soient amis. Mais il ne voulait pas partir, il ne voulait pas finir cela ainsi. Tout était tellement compliqué, si confus entre eux. Il aurait aimé soupiré bruyamment ou s'asseoir par terre et frapper des poings au sol comme un bébé mécontent. Mais c'était là le problème, il n'était plus en âge de faire des caprices. Et aucune mère ne viendrait le dorloter pour panser ses maux. Il était seul. Et celle qui avait été la seule à réussir à le consoler, c'était celle qui était aujourd'hui la source de ses plus grandes douleurs. Elle tenait bon, elle était énervée. Et il se rappelait soudain de la délicieuse Elena en colère. Celle qu'il plaquait contre le mur une fois qu'ils étaient rentrés dans sa chambre alors que ses parents étaient absents. Celle qui s'emportait avec rage lui disant de la laisser alors qu'il souriait à s'en casser la mâchoire et qui cédait avec rage en l'embrassant passionnément. Troublé par ce souvenir revenu à lui alors qu'elle partait dans les aigus, il crachota. "J'essaie de comprendre. Tu préférerais que je me casse? Ca aussi je peux le faire. " Il cherchait à la menacer pour voir si elle réagirait. Mais son but était surtout de gagner du temps car il n'avait aucune réponse. "Je te reproche d'avoir couché avec cet enflure de connard de mes deux. Je te reproche de pas m'avoir fait confiance. Je te reproche d'être ici et de faire comme si c'était normal. Comme si je devais le prendre naturellement..." Le ton montait peu à peu. Un vigile les surveillait du coin de l'oeil et Raffaele sentait qu'ils risquaient d'être mis dehors très vite. En Australie les gens tenaient au bon ordre et ne souhaitaient pas avoir à assister aux scènes de ménage des autres. Tout le contraire de l'Italie où crier était plus courant que parler.
"Est-ce que c'est pour ça? Elena réponds moi, sois honnête. Tu me dois au moins ça! T'es venue pour me demander pardon? Serieusement? Tu veux que je gobe un truc pareil? Ou tu ne fais que me manipuler parce que tu ne supportes pas que quelqu'un sur cette planète puisse te détester. " N'avait-elle pas assez joué avec ses sentiments? Il bouillonnait et finit par faire tomber un paquet de farine au sol lorsqu'elle lui répondit de la laisser avec ces conneries. "T'es pas croyable. Est-ce que tu t'entends?! Mes conneries?" Le vigile, conscient du point d'explosion imminent se présenta à eux en deux temps trois mouvements et sans qu'ils n'aient rien pu dire ni l'un ni l'autre les poussa dehors. Une fois à l'extérieur, Raffaele haussa les épaules "Ca fait des mois que penser à toi me coupe la faim. Voilà que maintenant par ta faute, je ne pourrai vraiment pas manger. "
Mille et une pensées parcourraient son esprit, des milliers d’actes, tous plus contradictoires les uns que les autres. Raffaele réveillait en elle trop de souvenirs, ceux qui l’empêchait de dire « oui », de dormir même parfois. Elle s’agaçait, avait envie de hurler, de lui taper dessus. Il représentait tout ce qu’il y avait eu de mieux dans sa vie et tout ce qu’elle avait bêtement perdu. En le détruisant lui, elle s’était également condamnée. Parce que l’amour c’est toujours ça, il n’y en a jamais un pour souffrir plus que l’autre. Elle se souvenait vivement de ce jour où il était parti en courant, la dernière fois qu’ils avaient tenu une vraie conversation. Aujourd’hui encore il continuait à lui reprocher quelque chose qu’elle ne pourrait jamais effacer, quelque chose qui la rongeait de l’intérieur. Il lui lançait tous ses petits couteaux sans se rendre compte peut-être, qu’elle souffrait tout autant que lui. Que tant qu’il lui en voudrait elle garderait la marque de cette bêtise qu’elle avait fait, aveuglée par la jalousie et qui l’avait éloigné d’elle. Elle se détourna, le visage déformé par la colère, elle ne se souciait plus du tout de ses courses, le supermarché n’existait plus autour d’elle. C’était injuste. Il était injuste. « Pas de problème, je t’en pris, fuis ! Tu le fais si bien ! » Elle criait presque maintenant, mais sa voix laissait clairement résonner qu’elle pensait tout le contraire. Elle aurait voulu lui dire que maintenant qu’elle était là, il ne devait plus partir. Mais c’eut-été trop facile ! Il continua à l’attaquer, de choses dont elle était certes coupable à la base, mais sur lesquelles elle n’avait plus aucune emprise. Cependant, tous ces non dis, toutes ces rancœurs devaient être mises sur la table un jour ou l’autre, c’était inévitable. Il voulait savoir, mais lui expliquer revenait également à parler de ses fiançailles, de l’homme à l’autre bout du monde, de qui elle tombait un peu plus amoureuse chaque jour – quoi que revoir Raffa lui faisait presque oublier Daniele – et elle n’en avait pas envie. Elle ne répondit pas tout de suite, bien trop occupée à réfléchir à ce qu’il lui disait, ce qu’elle devait lui répondre, aussi sursauta-t-elle lorsque le paquet de poudre blanche vint exploser au sol. Sans avoir le temps de comprendre quoi que ce soit, elle dû dire au revoir à son chariot et ils se retrouvèrent poussés à l’extérieur sans ménagement. Cela la calma légèrement et elle en oublia presque le pourquoi de sa colère. « Oui, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? J’ai fait une bêtise, une grosse connerie qui me hante tous les jours, si je pouvais je reviendrai en arrière et j’éviterai de la faire tu vois ?! » Son ton était las et presque résigné. Une boule se forma dans son ventre, elle avait envie de vomir. Elle le répugnait, quel sentiment horrible… Une envie de pleurer la prit soudainement, mais elle n’avait pas envie de tomber dans le mélodrame. « Je me fiche bien qu’on me déteste, je veux juste pas que... » Ses mots se perdirent. Que lui, la déteste, voilà ce qui était douloureux. Elle s’éloigna un peu de la porte d’entrée. Le ciel était dégagé, parfaitement bleu, presque ironique. Elle finit par se retourner, amère, le doigt pointé vers sa poitrine. « J’ai pourtant pas l’impression que tu sois affamé ! Serena va bien ? » Elle l’attaquait bassement, lui faisant bien savoir au passage qu’elle n’était pas dupe quant à son logement. Cette conversation était vraiment étrange et elle voyait difficilement où elle les mènerait...
« If memories could kill, ours would have executated me. »
Elle semblait chercher à tout prix la dispute. Du moins c'était ainsi qu'il le vivait. Il essayait de se maîtriser mais c'était peine perdue. Lui et Elena ensemble, deux Italiens plein de ressentiments et le coeur lourd, ça ne pouvait que donner des étincelles. "Moi?C'est Moi qui fuis?! Je te rappelle que c'est toi qui a été te réfugier dans les bras d'un autre dès que tu as eu un doute. Toi qui a fuis plutôt que de venir me confronter." Il le pensait vraiment. Pour lui, c'était elle celle qui était vraiment partie. Celle qui avait tout abandonné sur un coup de tête, détruisant tout ce qu'ils avaient. Tout ce que lui aimait. La seule chose qu'il aimait: leur relation.
Une fois dehors, elle s'emportait enfin pour de bon. Les bras allaient dans tous les sens tout comme les regards des clients qui arrivaient ou sortaient du magasin. Mais Raffaele n'en avait que faire. Seul son coeur l'inquiétait. Parce que cette fille si tempéramentale lui rappelait son Elena d'antan. Parce que cette fille lui brisait le coeur avec une force insoutenable. "Qu'est-ce que tu ne veux pas?" Il avait baissé le ton de sa voix aussi. Il sentait qu'elle était dans une faille, qu'elle était à bout et ne voulait plus la violenter psychologiquement. Mais il voulait savoir. "Termine ta phrase Elena, que ne veux-tu pas?" Il secouait la tête, prêt à entendre des choses douloureuses, des choses qui risquaient de lui tordre les entrailles.
Elle changea de répertoire par la suite et entendre Elena parler de Serena le mit dans une rage folle. Car c'était ce genre de sous-entendus, ce genre de propos qui les avaient éloignés. Mais aujourd'hui il n'avait plus rien à se reprocher, plus aucun devoir envers elle. "Qu'est-ce ... Je n'ai aucun compte à te rendre Elena. Aucun! C'est ma vie privée et tu as perdu ton droit de regard dessus depuis bien longtemps." Enervé il marchait tout en tournant en rond. Etait-elle encore jalouse? Il aimait l'idée mais ne voulait se l'avouer. "Tu n'as plus le droit d'être jalouse Elena. Ni de me demander ce qu'il y a dans ma vie. Est-ce que tu m'entends te demander comment ça va avec ton fiancé? Non. C'est parce que c'est ta vie, tu la fous en l'air comme tu veux, ce sont pas mes affaires. D'ailleurs, il est où là maintenant? Ca le gêne pas que tu parles avec moi?" Tout d'un coup, malgré le ton haut de ses paroles et leur son virulent, il changea d'optique et se rapprocha d'elle. "Il te laisse te promener comme ça? Venir me voir sans aucun souci?" Il marchait droit sur elle et s'arrêta à quelques centimètres en baissant son regard sur celle qu'il avait tant aimée. "Moi ça me rendrait malade de savoir ma fiancée aussi près de son premier amant, aussi proche de..." il posa un index sur sa joue pour soulever une mèche de cheveux blonds qui lui cachait la vue. "...de tous ces souvenirs." Mais il voulait juste lui dire que son Daniele était un enfoiré, pas se rapprocher d'elle. Pourtant il venait de le faire sans s'en rendre compte. Bien trop heureux d'avoir trouvé un prétexte de la toucher. Il laissa retomber sa main le long de son corps tout en continuant à la toiser.
La sensation que cette discussion ne les mènerait nulle part grandissait à chaque mot échangé. Il n’aurait de cesse de lui reprocher sa jalousie passée tandis qu’elle essayerait de s’excuser et d’obtenir son pardon. Comment lui faire comprendre qu’il n’aurait jamais accepté qu’elle vienne lui parler encore moins à l’époque de son erreur. Aussi à son injonction de continuer sa phrase, elle se contenta de croiser les bras sur sa poitrine comme pour se protéger des sentiments qu’il aurait pu déclencher en elle. L’attaque était plus facile que de se confronter aux vagues qu’il provoquait. Elle le regarda réagir au quart de tour face à sa jalousie sanglante. Oui, elle était jalouse, parce qu’au fond et même si elle même avait refait sa vie à l’autre bout du monde, elle ne supporterait jamais vraiment l’idée que de l’avoir perdu, l’autorisait lui à continuer sa vie. Non, elle n’aimerait jamais l’idée de le voir au bras d’une autre. C’est cet amour égoïste qui les avait perdu et qui semblait bien décidé à continuer son œuvre. Et puis il commença à parler de sa vie à elle, après tout il avait raison, elle continuait bien de vivre elle et ne lui demandait pas la permission. Mais apprendre qu’il se fichait de tout ça lui provoquait tout de même un léger pincement au coeur. Elle ne voulait pas croire, au fond d’elle-même, qu’il avait vraiment tourné la page, même si elle devait bien se l’avouer tout serait bien plus facile ainsi. Elle resserra ses bras sur sa poitrine lorsqu’il s’approcha, la défiant du regard. A quoi jouait-il bon sang ? Elle souleva un sourcil. « Je fais encore ce que je veux. » Même si elle doutait fortement que Daniele cautionne ce qu’elle faisait à l’instant même. Elle voulait lui répondre d’aller se faire voir, qu’effectivement il n’avait pas à se mêler de tout ça et qu’elle n’avait jamais demandé à lui parler aujourd’hui. Ce qu’elle ne se gêna pas de lui rappeler d’un air innocent. « Moui, fin c’est toi qui es venu me parler donc bon... » Elle évitait consciencieusement d’expliquer que son fiancé n’avait aucune idée d’à qu’elle point le choix de sa destination n’était pas due au hasard. En fait, elle mourait d’envie de l’envoyer balader et de partir se terrer dans sa chambre, mais il était proche, bien trop pour qu’elle ne sache comment réagir. Elle frémit au contact de ses doigts sur sa joue et ferma les yeux l’espace d’un instant, presque déçue de les sentir retomber aussitôt. Malgré elle, elle s’entendit lui répondre. « Il ne sait pas que tu es aussi à Brisbane. » Elle se maudit intérieurement. A présent, il avait toutes les cartes en main pour comprendre le pourquoi de sa présence. Elle s’en voulait également, refoulant le sentiment désagréable d’être en train de faire une bêtise monumentale. Son regard n’avait de cesse de voyager entre son visage, ses yeux qui continuaient à l’observer et le bitume autour d’eux. Elle se sentait déshabillée, fragile sous ce regard perçant. D’une petite voix, comme une enfant que l’on aurait prit sur le fait, elle se décida à terminer sa phrase laissée en suspens. « Je veux pas que toi, tu me déteste. » C’était dit. Mais que faire à présent ? Son corps entier lui criait de se blottir contre lui ou d’au moins tenir sa main. Le souvenir de leur premier baiser lui revint en mémoire, c’était elle qui s’était jetée sur lui, persuadée qu’il la laisserait tranquille par la suite. Mais ce n’était clairement pas la chose à faire là tout de suite. D’autant que sa tête la sermonnait sur ce qu’elle faisait et disait sans réfléchir aux conséquences directes de ses actes. Elle baissa la tête penaude et fatiguée par l’altercation.
« If memories could kill, ours would have executated me. »
Il ne s'en rendait pas compte mais il jouait avec le feu. En vérité, il en était plus conscient qu'il ne voulait le reconnaître. Elena avait toujours été sa faiblesse. Celle à qui il suffisait d'un sourire pour qu'il tombe à ses pieds. Mais cette époque était révolue, il ne pouvait plus se laisser ainsi manipuler par ce qu'il ressentait, par ce qu'il avait ressenti autrefois pour elle. Seulement, dans son for intérieur, il sentait encore des flammes qui auraient dû être éteintes depuis longtemps. Il cherchait à les ignorer, à faire comme si elles étaient le fruit de son imagination mais malgré tout, il les laissait le guider inconsciemment. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé tellement près de celle qu'il prétendait haïr. "Et qu'est-ce que tu veux exactement?" Elle lui avait sans le vouloir tendu une perche. Il pouvait ainsi poser une question qui le taraudait et sans détour. Il voulait savoir ce que cherchait réellement l'italienne. Parce qu'elle ne pouvait pas tout esquiver. Certes, elle le faisait encore en argumentant que c'était lui qui était venu lui parler mais il se fichait de ses manoeuvres pour repousser les vrais points importants. Elle ne s'en sortirait pas ainsi. Parce qu'au final, elle finirait par se coincer elle-même. Et c'est ce qu'elle fit lorsqu'elle lui avoua sans prévenir que son fiancé n'était pas au courant de la présence de Raffaele au même endroit qu'Elena. Un éclair de sagesse traversa le blond qui ne savait par où commencer. Il avait mille questions en tête suite à cette révélation. "Et toi, toi tu savais que j'étais ici?" Bizarrement, il connaissait la réponse. Il n'avait pas besoin qu'elle le dise, il savait. A la manière dont elle n'avait pas sourcillé en le rencontrant dans le supermarché, à la manière dont elle semblait même chercher à l'éviter... Mais cela voulait-il dire qu'elle était venue pour lui ou au contraire, qu'elle était venue malgré lui?
Elle finit par lui dire qu'elle ne voulait pas qu'il la déteste et la pression qu'il avait sur les épaules, les tensions qui l'animaient se relâchèrent. Il soupira lestement avant de la regarder droit dans les yeux et de faire un pas en arrière afin de ne plus être si proche de cette source de tentation. "Per che?" Ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire mais c'était le seul mot qui avait traversé la barrière de ses lèvres, pourquoi. Déprimé, il dit alors tout doucement. "Je ne te déteste pas. Mais à chaque fois que je te vois... eh bien, ce serait juste plus facile si je pouvais te détester, tu vois." C'était tellement dur à supporter. Il ne voulait pas céder, il ne voulait pas car il savait que ce qui l'attendait ce n'était que tourment et damnation. Une amitié avec elle le rendrait totalement vulnérable. Et ce n'était pas envisageable. Mais pouvait-il se permettre de ne plus la fustiger? Il se le demandait tout en regardant les yeux brillants de son ex amoureuse.
Elle détourna la tête à sa question, se demandant ce qu’il attendait exactement comme réponse, car elle le savait bien, il cherchait à lui extirper les vers du nez. Et fuir son regard évitait qu’il y lise quoi que ce soit. Il la connaissait trop bien et en aurait tout à fait été capable, même encore aujourd’hui. Au fond elle n’était pas sûre de savoir ce qu’elle voulait vraiment. Elle aimait Daniele, du moins elle l’espérait car se retrouver face à l’homme qu’elle avait tant aimé faisait tomber toutes ses convictions. Elle était venue ici dans l’espoir d’obtenir son pardon, s’assurer qu’il ne lui en voulait plus et ainsi se marier. Mais face à ces boucles blondes tout devenait incertain et au fond d’elle, une petite voix lui criait qu’il était la raison pour laquelle elle ne pouvait dire oui. Elle haussa les épaules pour éviter d’avoir à répondre. Elle se mordit la langue après avoir laissé échapper ces mots qu’elle aurait préféré garder pour elle. Forcément qu’il allait vouloir savoir, était-elle venue pour lui. Heureusement, elle avait l’excuse du dessin-animé et elle comptait bien s’en servir. Mais elle ne pouvait cacher qu’elle était au courant, tout comme il devait savoir où en était sa vie à elle, leurs amis étant les mêmes, ceux-ci les tenaient au courant de l’avancée des choses. Sa petite tête blonde se secoua de bas en haut alors que ses yeux revinrent se plonger dans les siens. Comme elle aurait voulu être moins bête et ne pas avoir tout fichu en l’air. A l’heure qu’il est, il serait sûrement toujours sien… Un poids lui tomba dans l’estomac lorsque sa question vint la percuter. Pourquoi ? Parce qu’ils ne s’étaient plus parlés depuis trop longtemps et qu’elle avait ce goût d’inachevé qui lui restait en bouche. Elle ne pouvait pas aller de l’avant sans son pardon et pourtant elle ne pouvait pas lui dire qu’elle avait besoin de ça pour aller épouser un autre aussitôt après. Elle l’avait déjà suffisamment fait souffrir comme ça. Pour autant, ses paroles la soulagèrent. Il ne la détestait pas. Mais ces mots libérateurs étaient lourds de sens, ils lui criaient que peut-être était-il dans le même cas qu’elle, à ne pouvoir l’oublier. Son coeur loupa un battement lorsqu’il comprit ce que cela signifiait. Elle jeta un œil à la route non loin d’eux et remarqua que ce qu’elle attendait était sur le point d’arriver. Le coeur battant à la chamade elle se rapprocha de lui, à moitié convaincue par ce qu’elle faisait. « J’ai besoin d’avancer Raffa. » Elle se mit sur la pointe des pieds et du bout des lèvres accrocha celles qui lui avaient tant manqué. Ce fut bref et délicat. Aussitôt après, elle courut à l’arrêt de bus sans demander son reste et monta dans celui qui venait d’arriver et qu’elle avait suivit de l’oeil tout ce temps. Elle ne réalisait pas tout à fait ce qu’elle venait de faire, mais elle avait ressenti le besoin d’agir, de prendre ce dont elle avait besoin avant de pouvoir aller de l’avant. Du moins c’est ce qu’elle pensait. Etait-elle vraiment en train de construire son futur ou bien venait-elle de faire un bond dans le passé ? Elle s’assit près d’une fenêtre, au final elle n’avait même pas finit ses courses...
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