Mes mains sur les yeux de Dani et celles de Kaecy sur ceux de Scott nous nous regardons tous les deux avec un sourire complice. « Vous êtes prêts ? » Je suis presque aussi excité qu’eux, de les voir découvrir cet endroit. Kaecy et moi avons craqué pour cet appartement, bien plus grand que le dernier et plein de lumière, il y a quelques semaines déjà. L’appart est tout en haut de l’immeuble et monté sur deux étages, les jumeaux ne le savent pas encore mais l’étage du haut leur sera complètement dédié. Une chambre pour chacun d’entre nous – enfin les jumeaux partageront la leur de quoi m’improviser un petit studio pour faire de la musique dans la chambre restante en attend qu’ils ne demandent leur intimité. Et enfin nous avons de la place - de la place pour vivre sans se marcher dessus. On en rêve depuis tellement longtemps. Trouver cet appart a été une vraie aubaine et le petit coup de pouce d’une amie à ma mère qui dès qu’il a été libéré nous l’a directement réservé – pas de remise sur le marché – personne avec qui se battre il était pour nous. Et vu son prix et le quartier dans lequel il se trouve nous n’aurions pas pu rêver mieux. Les jumeaux, gardent les mêmes voisins à quelques rues près… C’était important aussi. « Bon à trois alors… Un… Deux… Trois. » Nos mains se lèvent pour laisser place à une demi seconde de silence, avant d’entendre les cris de joie des jumeaux qui sautent partout. « C’est chez nous ? » « Vraiment c’est chez nous ? » Je hoche la tête et ils se mettent à courir partout dans la pièce encore vide qui va nous servir de salon. « Ici on va mettre le canapé, et ici on pourra construire un toboggan et c’est… Il y a quoi en haut on peut aller voir ? » Je hoche la tête les regardant monter comme des fusées. Kaecy et moi avons pris la peine de mettre leur nom sur la porte et un petit mot pour leur dire que tout l’espace de libre serait dédié à leurs jeux. Il leur faut un moment pour déchiffrer mais à nouveau on les entend crier et se taper dans la main. « OUAAAIISSS » « On est les plus heureux du monde ein Scott ? » Ils dévalent à nouveau les escaliers et viennent nous serrer fortement dans leur bras. Je regarde Kaecy avec un petit air amusé. « Je crois que ça leur plait. » Evidement elle et moi avions une certaine appréhension. Celle aussi des les arracher à un lieu qu’ils commençaient à peine à apprivoiser. Mais au vu de leur réaction il est évident qu’on c’est fait du soucis pour rien. « Le premier camion devrait bientôt arriver, vous allez l’attendre en bas ? » Le quartier est plutôt tranquille, c’est le seul immeuble entouré de maisons plutôt chic et je sais que je peux les laisser descendre sans m’inquiéter. Je me rapproche de Kaecy et l’attrape pas la taille pour la serre contre moi tout deux regardant ce salon qui est maintenant le notre. « On va être bien ici… » C’est un renouveau, le moyen pour moi aussi de tourner la page, de passer à autre chose en me défaisant des souvenirs entassés dans notre ancien appartement. J’ai pourtant l’impression que mon enjouement n’est que moyennement partagé pas Kaecy. « Ca va toi ? » Je me tourne vers elle la mine un peu inquiète. Je dois bien l’avouer ces derniers temps je n’ai pas été un ami de très grande qualité, trop occupé à dealer avec mes autres problèmes je n’ai porté que peu d'attention à Kaecy… pourtant il me semble que quelque chose la perturbe. Depuis plus longtemps que ces quelques dernières minutes. « T’es pas heureuse qu’on déménage ? » Il me semblait pourtant que c’était ce qu’elle voulait elle aussi. Qu’on était d’accord.
Le déménagement. C’était la seule chose à laquelle Kaecy s’autorisait de penser ces derniers temps. Depuis qu’Elio et elle avait pu le visiter, sachant qu’il allait bientôt être remis sur le marché. Ils avaient tous les deux eu un coup de foudre pour cet appartement, se projetant sans aucun mal avec les jumeaux à l’intérieur. Alors, une amie d’Erin, la mère d’Elio, leur avait donné un coup de main et leur avait réservé l’appartement dès qu’il avait été rendu libre. Kaecy savait qu’elle ne saurait la remercier assez pour son geste, c’était tout simplement énorme ce qu’elle avait fait pour eux. Et aujourd’hui était le grand jour. Ils avaient tenu à garder secret leur futur lieu d’habitation aux jumeaux pour leur faire la surprise, et c’est les yeux cachés par les mains des deux adultes qui étaient censés s’occuper d’eux qu’ils entrèrent tous les quatre dans l’appartement. L’excitation de tout le monde était à son comble, et les jumeaux ne purent s’empêcher de courir dans tous les sens lorsqu’ils découvrirent l’appartement. Kaecy ne put s’empêcher d’avoir un sourire radieux sur le visage. Voir ces petites têtes d’ange aux anges, justement, c’était ce qu’ils chérissaient le plus avec Elio. « Je crois que ça leur plait. » « Oh oui, je crois aussi, heureusement tu me diras, les papiers sont déjà signés ! » Elle eut juste le temps d’avoir un petit rire avant que les jumeaux ne leur sautent dessus pour les remercier de ce nouvel endroit. Elio les envoya attendre le camion de déménagement en bas de l’immeuble par la suite, et même si ça stressait Kaecy de les savoir seuls en bas, elle savait aussi que malgré leur grand esprit d’aventure ils étaient des enfants raisonnables, et que le quartier était surtout calme; ils ne risquaient donc pas grand chose. Kaecy pouvait donc souffler maintenant. Mais souffler revenait donc aussi reprendre ses pensées d’avant le déménagement, et elle ne savait pas si elle avait vraiment envie. Ces derniers temps, elle avait l’impression que tas de choses arrivaient à mille à l’heure, et qu’elle n’avait le temps de rien analyser. Et puis, cette réapparition miraculeuse de Raffaele n’arrangeait rien. Elle savait de plus qu’ils s’étaient vu, avec Elio, et elle n’avait pas pris le temps d’en parler avec ce dernier. Elio la tira d’ailleurs de ses pensées en venant la prendre par la taille, d’un geste tendre. « On va être bien ici… » Kaecy eut un petit soupire et fit un petit sourire à Elio. « Oui, c’est sur, on va être bien… » Elle aurait aimé patenter à fond la joie d’Elio et des jumeaux, pleinement, car dans le fond elle était plus qu’heureuse de venir s’installer ici. Mais elle n’arrivait pas à apprécier à sa juste valeur ce moment. Elle ne cessait de revoir cette scène, plantés en plein milieu d’une rue, de Raffaele et elle se disputant comme deux idiots. Et puis, après tout elle ne pouvait pas oublier l’épisode tragique de la perte de son neveu. Elle n’en avait pas parlé non plus tant que ça avec Elio, car sur le moment elle s’était dit qu’elle n’avait pas à mêler sa peine à la sienne, il avait déjà assez de soucis à gérer. Mais maintenant, elle n’en pouvait plus, il y avait plein de choses qu’elle avait envie de laisser sortir, et il était pas improbable que ça arrive rapidement elle se connaissait. Aujourd’hui n’était cependant pas le bon jour. Elle ne voulait pas gâcher cette joie qui régnait au sein de leur foyer. Mais Elio semblait avoir capté quelque-chose, car il se tourna vers elle la mine inquiète. Bien joué, Kae. « Ca va toi ? T’es pas heureuse qu’on déménage ? » Kaecy fit un petit sourire à Elio, espérant que ça suffirait à éloigner ses doutes pour le moment. « Si si, ça va ne t’en fais pas. J’suis heureuse qu’on déménage, c’est juste que j’suis crevée. Mais ça va passer, hein, comme d’habitude. » Bon d’accord, elle avouerait que sa voix avait été légèrement plus sèche que ce qu’elle aurait voulu prendre comme ton, mais elle fit un geste de la main pour appuyer ses paroles et montrer à Elio qu’il devrait laisser tomber. Elle s’écarta d’ailleurs et alla se planter devant la fenêtre, qui leur offrait une vue magnifique sur un petit parc au coin de la rue et des immeubles datant surement de plusieurs siècles de l’autre côté. Les jumeaux étaient assis sur le banc juste en bas de l’immeuble, et ça soulagea Kaecy de pouvoir avoir un surveillance visuelle sur eux.
Ce nouvel appartement c’est l’aboutissement de quelque chose. La preuve que l’on peut s’en sortir elle et moi – mettre l’argent de côté pour se permettre cette petite folie n’a pas été une chose simple et a demandé une bonne dose d’engagement de son côté comme du mien. Alors je m’attendais à un peu plus d’enjouement que le : « Oui, c’est sur, on va être bien… » Prononcé comme une rengaine. Sans l’enthousiasme que j’aurais voulu entendre dans sa voix. Je la serre un peu contre moi n’osant pas de suite lui demander ce qui la perturbe car c’est évident quelque chose ne tourne pas rond. Je sais bien qu’elle aussi a vécu ma perte, lorsque Kyrah a perdu notre fille, Kaecy a été là, dans le silence acceptant que je n’ai pas envie d’en parler – acceptant ma peine et me soutenant comme elle a toujours su le faire. Et je ne me suis sans aucun doute pas intéressé à ce qui pouvait se passer pour elle – à la façon dont ça raisonnait dans sa propre vie. Cette naissance aurait tout chamboulé, on s’y préparait – on y préparait les jumeaux puis d’un coup plus rien. Le vide que j’avais comblé en prenant des médicaments à trop forte dose pour faire taire la douleur. Heureusement elle ne le sait pas – elle ne sait pas non plus que je n’ai pas arrêté, que je ne suis pas suivi pour ça et que parfois je me demande ce que ça pourrait faire de ne plus rien ressentir du tout – de faire tout taire en moi. Non elle ne le sait pas et je ne le lui dirais pas parce que ça ne serait que l’inquiéter pour ce que je considère n’être pas grand chose… Un processus de deuil par lequel il faut passer sans doute. « Si si, ça va ne t’en fais pas. J’suis heureuse qu’on déménage, c’est juste que j’suis crevée. Mais ça va passer, hein, comme d’habitude. » Son ton est assez sec pour que je ne puisse pas croire à ces propos une seconde mais que je comprenne bien qu’elle n’a pas du tout envie de m’en parler. Ou qu’en tout cas elle veut me faire passer ce message. Se séparant de moi pour aller se poster devant la fenêtre, le regard dehors. Je me rapproche à pas feutré d’elle, n’instaurant pas de contact cette fois. Le silence règne dans la pièce vide, j’attends de voir si elle va se décider à m’en dire plus mais – les bras croisés sur son torse – elle semble totalement fermée à moi. « Les gens devraient arriver vers 13 heure pour nous aider à décharger, ça va être toute une histoire pour monter les meubles jusque ici. » Je tente un petit sourire, évidement il y a l’ascenseur mais tout ne rentrera pas dedans. Heureusement plusieurs de nos amis ont accepté de nous donner un coup de main cet après midi. Mais ce matin nous sommes seuls pour décharger les premiers cartons que nous avons nous même emballé. Je vois bien pourtant que mes mots n’ont aucun effet sur elle, elle semble toujours aussi pensive… « Kaecy… » Ma voix se fait un peu plus douce alors que je me me rapproche encore un peu d’elle. « C’est normal que tu sois fatiguée, un déménagement c’est pas rien mais… Si il y a autre chose tu peux m’en parler… Je suis là… » Je la connais assez pour savoir que le vrai problème réside sans doute autre part. Dans l’idée qu’avec les derniers événements que j’ai vécu je n’ai pas envie – ou je ne suis pas prêt – pas capable de l’entendre. Je sais qu’il y a sans doute dix mille raisonnements dans sa tête que je suis loin d’imaginer. « Tu peux m’en parler… Me parler de tout… » Je ne me rends probablement pas compte de ce dans quoi je m’engage mais je le fais. A l’aveugle.
Kaecy soupira. Il était vrai qu’elle aurait du être plus qu’heureuse d’être ici en ce jour. Le quartier avait vraiment l’air bien, et ils n’étaient pas si loin que ça de leur ancien appartement. Elle s’était même rapprochée quelque peu de son travail, c’était un atout majeur. Mais elle ne pouvait pas, n’y arrivait pas. Elio revint vers elle, presque sans faire de bruits, comme s’il ne voulait pas vraiment la déranger de ses pensées. En temps normal, elle se serait retournée, lui aurait fait un sourire et il aurait repris une discussion tout ce qu’il y a de plus normal. Mais aujourd’hui, elle n’y arrivait pas, elle n’avait pas envie. Elle avait envie de rester dans ce petit monde un peu gris, même si ce n’était pas forcément agréable, c’était sûrement nécessaire. Mais Elio semblait vouloir la faire parler, et elle comprenait, elle faisait pareil avec lui. C’était aussi pour ça que leur relation marchait si bien, c’était qu’ils arrivaient aussi à pousser l’autre à se lâcher quand ils savaient que ça n’allait plus. Maintes fois ça leur avait fait du bien. « Les gens devraient arriver vers 13 heure pour nous aider à décharger, ça va être toute une histoire pour monter les meubles jusque ici. » Trouver la force de réagir semblait être trop compliqué pour Kaecy. Elle avait envie de lui dire qu’il fallait pas s’inquiéter, que ça irait vite et qu’en plus les jumeaux seraient ravis de mettre la main à la patte. Que ça leur ferait de beaux souvenirs à se remémorer les hivers froids au coin du feu, toutes ces choses là - mais ces choses là ne sortaient pas. Comment faire croire que tout allait bien aller quand les choses semblaient aller de travers ? « Kaecy… C’est normal que tu sois fatiguée, un déménagement c’est pas rien mais… Si il y a autre chose tu peux m’en parler… Je suis là… » Elio se rapprocha et elle soupira. Réaction étrange de sa part en sa présence. Elle ne voulait juste pas péter les plombs alors qu’il était à ses côtés, qu’il avait déjà ses problèmes à lui à résoudre. Il avait déjà assez de trucs en tête pour qu’elle vienne l’embêter avec ses histoires de coeur à la con. Même si elle en mourrait d’envie, elle passait toujours le bien-être des autres avant le sien, comme une vieille habitude dont on ne peut pas se débarrasser. « Je sais, je » Ne sachant si c’était par désespoir d’elle même se voir lui répondre de la sorte ou si elle tentait de se persuader qu’elle était réellement fatiguée, Kaecy ferma les yeux, comme pour se couper du monde extérieur, repartir à des temps où tout était plus simple. Ces temps d’Italie où le soleil réchauffait sa peau alors qu’elle se promenait avec Raffaele dans les rues étroites et tellement belles. Ou ces moments où ils jouaient ensemble, petits avec Elio dans le jardin, passant des heures à s’imaginer des pays et personnages imaginaires. C’était ces moments là que les jumeaux étaient en train de vivre, et c’était aussi pour ça qu’elle ne voulait pas exposer ses pensées maintenant à Elio, étant quand même à deux doigts de le faire, car elle voulait garder cette paix et ce calme régnant dans le salon pour que les jumeaux n’aient pas à subir leurs histoires une fois de plus. Ils avaient déjà assez de soucis pour leur jeune âge, pas besoin d’avoir à assister aux histoires de coeurs de leurs parents - si on pouvait les appeler comme ça. « Tu peux m’en parler… Me parler de tout… » Elle rouvrit alors les yeux, tournant le regard vers Elio, arquant un sourcil. Elle ne put s’empêcher de s’excuser d’avance dans sa tête auprès de lui, il voulait savoir pourquoi il saurait, et elle ne savait pas du tout si elle arriverait à prendre des pincettes ou non. Elle ne voulait pas réagir comme ça avec lui, mais parfois on fait des choses sous le coup des émotions et des sentiments - ils avaient beau dos ce serait dommage de ne pas en profiter. « Elio, si je t’ai dit que ça allait, c’est que ça va. J’ai juste besoin de prendre sur moi pour ne pas imploser, mais ça va le faire. Tu pourrais très facilement deviner pour quelle raison d’ailleurs, apparemment tu as rencontré la raison je te signale. » Voix sèche pour parler, mais elle ne dérogeait pas à ses habitudes et n’haussa pas la voix. Elle ne le faisait que très rarement, et en général c’était quand les jumeaux avaient décidé de courir partout dans l’appartement et qu’ils ne l’écoutaient pas. Sinon, elle gardait toujours la voix à hauteur basse, n’ayant pas été habituée à parler fort. « J’ajouterai même que tu as rencontré la raison de mon humeur et que tu as légèrement oublié de me le mentionner. Je me trompe ? » Elle leva un sourcil comme pour appuyer son interrogation, et vint croiser ses bras sous sa poitrine. Elle détestait trouver que ça lui faisait du bien de sortir ça à Elio, elle se sentait mal de lui parler aussi sèchement, mais elle ne trouvait pas d’autres moyens en urgence pour lui faire comprendre clairement son état d’esprit intérieur.
Je sens bien que ce qui va suivre risque de ne pas me plaire. Cette façon dont elle lève légèrement son sourcil c’est un signe annonciateur, je le connais trop bien. Et pourtant si je devrais me sentir un peu inquiet j’ai surtout l’impression qu’il faut que ça sorte. Si c’est violent tant pis – si ça fait mal tant mieux. Je connais assez Kaecy pour savoir que quand elle s’emporte ce n’est pas pour rien – qu’elle n’est pas le genre petite chose fragile qui fait des crises pour le plaisir. « Elio, si je t’ai dit que ça allait, c’est que ça va. J’ai juste besoin de prendre sur moi pour ne pas imploser, mais ça va le faire. » Sa voix est sèche. Le genre de ton que je ne lui entends presque jamais. J’ai l’impression de percevoir ces grondements l’intérieurs et c’est presque aussi terrifiant que fascinant. « Tu pourrais très facilement deviner pour quelle raison d’ailleurs, apparemment tu as rencontré la raison je te signale. » Mes yeux s’arrondissent quand j’entends ces propos et je laisse échapper un léger… « Oh… » Evidement que je vois de quoi elle parle. J’aurais bien du me douter que cette petite vermine ne lâcherait pas l’affaire. Qu’il finirait par contacter Kaecy. Evidement, j’avais eu espoir que mes mots le fassent fuir mais il avait semblé assez catégorique sur le sujet – et pas vraiment décidé à se laisser dissuader. J’avais juste espéré que ça n’arrive pas si vite – pas du tout. Relayant cette idée dans un coin de mon cerveau – une toute petite boite bien fermée hermétiquement. « J’ajouterai même que tu as rencontré la raison de mon humeur et que tu as légèrement oublié de me le mentionner. Je me trompe ? » Je commençais à me sentir un peu mal à l’aise. J’avais agit sur le coup de l’émotion avec Raf’ et je n’en étais pas forcement fier. Alors si j’avais bien pensé en parler à Kaecy je n’avais pas trouvé le courage de le faire. Une certaine lâcheté et un espoir que je n’en ai pas vraiment besoin. Je m’étais bien trompé. « Je… J’avais espéré qu’il quitte la ville. » Je préfère être sincère avec elle plutôt que de me cacher derrière de mauvaises excuses. « C’est un imbécile Kaecy et il mérite pas que tu lui prêtes attention… J’ai peut-être pas bien fait de ne rien te dire… De… De ne pas le contredire quand il faisait ces petits sous-entendus sur nous mais… » J’ai l’impression d’être un gamin qui tente de ce justifier d’une faute commise. Une faute de gamin qui ne repose pas sur grand chose. « Il mérite même pas de te parler… » J’ai bien compris que si on posait la question à Raf’ il dirait sans doute la même chose de moi. C’est viscéral entre nous – réellement viscéral. « Il a quand même trouvé un moyen de te voir alors ? » C’est surement injuste pour elle que je retourne la situation comme ça, sans accepter relient ma part de gaminerie dans cette histoire. Mais elle me connaît sans doute assez pour savoir que ne suis pas la personne la plus mature sur cette terre. « Il t’a dit quoi ? Il veut essayer de te ramener dans son haras de femmes en Italie ? » Je l’ai toujours vu comme un coureur de jupon et pour en avoir été un moi aussi je sais quel genre de mec il est… Puis derrière mes mots il est facile de desceller une certaine angoisse… Celle de la voire repartir pour l’Italie, qu’elle le choisisse lui à moi – à nous – à cette famille que l’on a crée avec les jumeaux. C’est sans doute pour ça que tous les contacts masculins que Kaecy peut avoir m’irritent… Et que je les rejette tous en leur trouvant tout les défauts du monde.
Kaecy attendait là, comme ça, qu’Elio daigne enfin lui répondre. Et vu la tête qu’il faisait, il avait intérêt à avoir une bonne explication car il avait déjà dû rapidement comprendre de quoi elle parlait. « Je… J’avais espéré qu’il quitte la ville. C’est un imbécile Kaecy et il mérite pas que tu lui prêtes attention… J’ai peut-être pas bien fait de ne rien te dire… De… De ne pas le contredire quand il faisait ces petits sous-entendus sur nous mais… » Elle leva les yeux au ciel. C’était pas possible, les homme étaient vraiment des imbéciles lorsqu’ils pensaient être dans une quelconque compétition. C’en était même plus risible à ce point là, c’était juste idiot. Complètement enfantin. Surtout qu’il n’y avait aucune compétition à avoir entre eux deux, Kaecy n’avait pas à choisir car son coeur ne penchait pas pour les deux hommes - littéralement, plutôt. Elle aimait Elio de tout son coeur, ça il n’y avait aucun doute là dessus. Mais pas comme ce qu’elle pouvait éprouver pour Raffaele. C’étaient deux sentiments complètement différents et très correctement distincts. Il y avait son meilleur ami d’un côté et l’homme avec qui elle avait partagéé une aventure meilleure de l’autre. « Il mérite même pas de te parler… Il a quand même trouvé un moyen de te voir alors ? » Là, elle était choquée. D’accord, Raff n’était pas le plus parfait des hommes et il avait sûrement fréquenté un nombre de filles beaucoup plus important que le nombre d’hommes que Kaecy avait pu connaître dans sa vie. Mais de là à ce qu’il ne mérite pas de lui parler ? Elle ne pouvait être d’accord avec Elio, non pas sur ce point là. Même si elle savait qu’il disait ça parce-qu’il tenait à elle, elle ne comprenait pas pourquoi il avait besoin de le formuler. Elle était une grande fille et elle savait quelles étaient les conséquences des choix qu’elle faisait. Elle tombait souvent sous le charme de bad boys, comme on les appelait, mais ce n’était pas sa faute - on ne sait jamais où va nous porter notre coeur. « C’est toi qui me dit ça, Elio ? Parce-que t’es un peu culotté quand même, vu le nombre de fois où je t’ai dit que Kyrah ne te méritait pas, et pourtant tu as continué de la fréquenter… » D’accord, c’était petit comme réponse, et sûrement pas le bon moment de ressortir cette histoire sur le tapis, mais bordel c’était on ne peut plus vrai ! Depuis le début, Kaecy avait eu des doutes concernant cette femme, et il s’était bien avéré qu’elle n’était pas le genre de personne qu’il fallait pour Elio. Elle lui avait piétiné le coeur comme personne d’autre n’avait osé le faire auparavant, elle lui avait brisé des rêves et des attentes, elle lui avait brisé beaucoup trop de choses. Aujourd’hui encore, elle savait que le jeune homme était à fleur de peau lorsqu’on pouvait prononcer le prénom de la jeune femme, mais là sur le moment, elle s’en fichait, et puis elle avait toujours été trop franche avec lui pour ne pas lui faire ce genre de remarque. Elle savait comment panser ses plaies par la suite. « Et oui, il a trouvé le moyen de me voir. Plutôt sans le faire exprès aussi, on a failli se rentrer dedans en voiture si tu veux tout savoir. Et si tu veux vraiment tout savoir, je ne l’ai pas accueilli en lui sautant dans les bras, j’ai ma fierté et mes raisons de ne pas l’avoir fait, tu les connais très bien d’ailleurs. Alors soit plus indulgent avec moi s’il te plait. » Un léger silence s’installa entre les deux jeunes gens, ce genre de silence qui n’est pas forcément gênant entre Kaecy et Elio. Ils avaient l’habitude du silence, entre eux, c’était aussi un de leur moyen de communication. Ca ne dura pas longtemps, Elio avait apparemment encore pas mal de choses à dire sur cet homme que Kaecy appréciait apparemment trop pour lui, et ça n’étonnait pas la jeune femme. Elle savait qu’il ne l’aimait pas, et en règlee générale lorsqu’on ne porte pas quelqu’un dans son coeur, on a toujours quelque)chose à redire sur cette personne. « Il t’a dit quoi ? Il veut essayer de te ramener dans son haras de femmes en Italie ? » « ELIO ! » Cette fois ci, elle avait légèrement haussé la voix, mais pas parce-qu’elle voulait s’énerver mais plutôt parce-qu’elle était choquée qu’il sorte des propos pareils. Peut-être qu’il l’aimait pas, mais il n’avait pas à douter d’elle de la sorte. « Tu me prends pour qui ? Je suis pas un morceau de viande qu’on transporte comme on veut je te rappelle ! Je sais faire mes propres choix ! » Sa voix s’est vite radoucie lorsqu’elle plongea son regard dans celui de son meilleur ami. Il n’y avait pas de doutes sur comment il se sentait en ce moment même, il n’avait pas besoin de l’exprimer à voix haute. Elle avait été là lorsqu’il avait été au plus bas, perdu et qu’elle avait du développer des efforts surhumains pour le ramener parmi les vivants. Cette angoisse dans son regard, cette peur d’être abandonné de nouveau, elle ne les connaissait malheureusement que trop bien. Faisant une petite moue, elle s’approcha de lui, venant lui tapoter la joue. Et ne put s’empêcher d’avoir un sourire tendre malgré que les paroles d’Elio lui aient été droit en plein coeur. « Et je retournerai en Italie pour rien au monde mon chat, voyons, tu sais bien. Ma vie est ici, avec toi. Malgré tout ce qui pourra se passer dans ma vie sentimentale, jamais je ne t’abandonnerai. Tu survivrais pas une semaine sans moi de toutes façons. Mais si’l te plait, tu reparles encore une fois comme ça de ce que je peux ressentir vis-à-vis de Raff et je me ferai un vilain plaisir à te mettre une jolie claque comme je lui ai mis à lui. » Elle fit ensuite un sourire très explicite à Elio - qui ressembla plus à un méchant rictus d’ailleurs - avant de retourner s’adosser à la fenêtre. Le camion de déménagement arrivait au coin de la rue, et les jumeaux étaient excités en le voyant, mais ne bougeaient pas du banc. Kaecy était contente d’eux, ces derniers temps, ça se voyait qu’ils commençaient à grandir un peu, ils étaient moins désobéissant et foufous qu’avant. Elle finit par reporter son regard sur Elio, recroisant ses bras sous sa poitrine. « Et d’ailleurs, mon cher, en quoi ça peut te regarder ma relation avec Raff, hum ? Nous ne sommes pas ensemble, je te fais pas d'infidélités. Et puis j’étais bien avec lui, tu sais, en Italie… » Elle baissa le regard à la suite de sa phrase. Elle avait surement parlé trop vite, elle n’avait pas voulu qu’elle sorte comme ça, car là on pouvait penser qu’elle reprochait à Elio d’avoir du rentrer à Brisbane il y a un an alors que ce n’était pas le cas. Venir au secours de son meilleur ami lorsqu’il avait perdu sa soeur avait été la meilleure décision de sa vie. Elle ferait tout pour lui - et les jumeaux maintenant. Mais il était vrai qu’elle savait que si elle n’était pas revenue, elle serait toujours sûrement en train de se la couler douce dans les bras de Raff en Italie. Parfois, elle y pensait, à comment serait sa vie aujourd’hui si elle était restée en Italie - c’était plus fort qu’elle de ne pas y penser.
Dernière édition par Kaecy Wilson le Ven 5 Fév 2016 - 19:37, édité 1 fois
Je déteste me disputer avec Kaecy et pourtant il me semble que cette discussion est nécessaire. Si j’ai pensé pouvoir l’éviter pendant un moment je sais maintenant que ça n’est pas possible et que certaines choses doivent être dites. « C’est toi qui me dit ça, Elio ? Parce-que t’es un peu culotté quand même, vu le nombre de fois où je t’ai dit que Kyrah ne te méritait pas, et pourtant tu as continué de la fréquenter… » Je fronce légèrement les sourcils « Ca n’a rien à voir. » Evidement c’est faux et moi même je le sais. C’est totalement dans le sujet. Comment je peux me permettre de juger un homme qu’elle a fréquenté alors que moi même je n’écoute pas ces conseils. « On parle pas de Kyrah là mais bien de Raff. » Je ne compte pas la laisser partir sur ce sujet, sans doute en grande partie parce que je le sais sensible et qu’une engueulade à la fois me suffit largement. « Et oui, il a trouvé le moyen de me voir. Plutôt sans le faire exprès aussi, on a failli se rentrer dedans en voiture si tu veux tout savoir. Et si tu veux vraiment tout savoir, je ne l’ai pas accueilli en lui sautant dans les bras, j’ai ma fierté et mes raisons de ne pas l’avoir fait, tu les connais très bien d’ailleurs. Alors soit plus indulgent avec moi s’il te plait. » « Je… » Je reste un peu choqué par ces propos. A aucun moment je ne pensais l’insulter elle. « Je sais bien, c’est pas ce que je disais… » C’est étrange cette façon dont elle c’est associée à Raf’ comme si le critiquer lui signifiait forcement le faire pour elle aussi. Je sais bien qu’on ne choisit pas le gens pour qui on craque, je suis même le mieux placé pour le savoir mais franchement elle mérite tellement mieux que ça. Que d’être considéré comme une des filles sur son tableau de chasse minable. « ELIO ! » Okay j’ai sans doute été trop loin et son ton légèrement autoritaire me remet directement à ma place. « Tu me prends pour qui ? Je suis pas un morceau de viande qu’on transporte comme on veut je te rappelle ! Je sais faire mes propres choix ! » « Je sais bien c’est pas… » Evidement j’ai été un peu maladroit dans mes propos lui laissant croire que je ne la considère pas alors que ça n’est de loin pas le cas. Soupirant un peu je passe une main dans ma nuque, un peu ennuyé, ne sachant comment me rattraper et lui faire comprendre qu’elle n’était pas le sujet de la conversation, pas le vrai problème… « J’ai juste peur des choix que tu peux faire… » Sans juger du fait qu’ils soient bons ou non, j’ai plutôt peur qu’ils l’éloignent de moi. Mais elle revient vers moi, tapotant ma joue et m’offrant ce sourire tendre que je lui connais bien mieux et que j’aime. « Et je retournerai en Italie pour rien au monde mon chat, voyons, tu sais bien. Ma vie est ici, avec toi. Malgré tout ce qui pourra se passer dans ma vie sentimentale, jamais je ne t’abandonnerai. Tu survivrais pas une semaine sans moi de toutes façons. » Un léger rire sort de ma bouche. C’est malheureusement tellement vrai. « Mais si’l te plait, tu reparles encore une fois comme ça de ce que je peux ressentir vis-à-vis de Raff et je me ferai un vilain plaisir à te mettre une jolie claque comme je lui ai mis à lui. » Malgré le regard de Kacey sur moi je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine joie de savoir qu’elle l’a baffé. Il ne mérite pas mieux. « C’est pas toi que je juge Kaecy c’est juste… Que je l’aime pas ! Et que j’ai pas envie qu’il vienne ici avec ces phrases de loveur essayer de faire je sais pas quoi… Je crois pas que t’es un chose, ou que tu vas te laisser faire mais… Je sais pas… » En fait si, je sais très bien. Ou se trouve le vrai problème mais je n’ai pas envie d’en parler. Je la regarde se déplacer pour jeter un nouveau coup d’œil aux jumeaux qui attendent dehors. « Et d’ailleurs, mon cher, en quoi ça peut te regarder ma relation avec Raff, hum ? Nous ne sommes pas ensemble, je te fais pas d'infidélités. Et puis j’étais bien avec lui, tu sais, en Italie… » La phrase vient de s’inscrire au fer rouge dans mon cœur… Je me détourne à mon tour un peu mal à l’aise et touché. « Je suis désolé Kaecy… Je me doute que c’était pas la vie dont tu rêvais et je voudrais pouvoir me passer de toi… Tu mérites pas de te retrouver coincer dans ce quotidien et… D’avoir tout quitté pour ça. » Je vois bien qu’elle vient vers moi et qu’elle va sans doute me couper, tenter de me dire le contraire mais je ne la laisse pas faire. « Non, ne dis pas le contraire s’il te plait. Soit un peu honnête… Moi non plus je ne voulais pas de ça… Evidement maintenant que les jumeaux sont là je fais avec , je m’acclimate mais… Tu portes un fardeau qui n’était pas supposé être le tien… Et t’as le droit de m’en vouloir pour ça et d’être en colère. C’est pas grave… C’est même normal. » Parce que si je n’avais pas été une telle catastrophe j’aurais pu me débrouiller seul, ne pas l’appeler et l’arracher à sa vie en Italie pour venir voler à mon secours. Mais j’étais faible et pas capable à l’époque… Et sans doute encore aujourd’hui. « Et t’as le droit de partir… Je suis pas idiot, je sais bien qu’un jour on va être confronté à autre chose. Le jour où tu auras quelqu’un dans ta vie – qui veut construit quelque chose on fera comment ? Je doute qu’il accepte d’emménager avec nous pour faire ménage à trois… Tu peux pas renoncer à ta vie pour ça. » J’ouvre les bras pour montrer le décore. Cette pensée m’angoisse totalement et le plus souvent je la repousse dans un coin de ma tête pour ne pas y penser…. Sentant l’émotion me gagner je prends un peu plus de distance secouant mes mains un peu nerveusement. « On devrait y aller, le camion doit être là.. »
« Je suis désolé Kaecy… Je me doute que c’était pas la vie dont tu rêvais et je voudrais pouvoir me passer de toi… Tu mérites pas de te retrouver coincer dans ce quotidien et… D’avoir tout quitté pour ça. » La jeune femme releva le regard en direction d’Elio. Elle avait eu raison, elle avait choisi les mauvais mots, la mauvaise tournure de phrase et Elio s’était senti obligé de s’excuser, alors qu’elle ne voulait pas du tout ça. Apparemment, ils étaient tous les deux partis pour faire de mauvaises formulations aujourd’hui, et cette conversation n’allait pas être bénéfique s’ils continuaient sur cette voie. Kaecy se mit donc à marcher en direction d’Elio, aimant toujours garder un contact visuel avec lui. Avec toutes les personnes à qui elle parlait en général, mais elle connaissait tellement par coeur le jeune homme que rien qu’en le regardant elle pouvait savoir ce qu’il pensait. Elle commença à ouvrir la bouche pour lui répondre, mais apparemment il n’était pas de cet avis vu qu’il reprit la parole directement. « Non, ne dis pas le contraire s’il te plait. Soit un peu honnête… Moi non plus je ne voulais pas de ça… Evidement maintenant que les jumeaux sont là je fais avec , je m’acclimate mais… Tu portes un fardeau qui n’était pas supposé être le tien… Et t’as le droit de m’en vouloir pour ça et d’être en colère. C’est pas grave… C’est même normal. Et t’as le droit de partir… Je suis pas idiot, je sais bien qu’un jour on va être confronté à autre chose. Le jour où tu auras quelqu’un dans ta vie – qui veut construit quelque chose on fera comment ? Je doute qu’il accepte d’emménager avec nous pour faire ménage à trois… Tu peux pas renoncer à ta vie pour ça. » Elle soupira, venant croiser les bras sous sa poitrine. Elle n’avait qu’une envie, c’était de le prendre par les épaules et de le secouer. Mais elle ne bougeait pas, elle savait qu’il n’avait pas tout à fait tord d’un côté. Quel être humain serait assez fou pour venir s’installer avec des gosses qui n’étaient pas les siens, avec le meilleur ami vivant sous le même toit ? Kaecy espérait qu’il y avait quelqu’un sur cette planète qui serait prêt à ça pour elle un jour, prêt à vivre dans ce monde étrange qu’Elio et elle s’était fabriqué au fil des années. Cependant, ce n’était pas ça qui la préoccupait le plus pour le moment, c’était plutôt la façon dont Elio réagissait. Il n’était pas bien, ce qui par conséquent la rendait mal elle aussi. Ils fonctionnaient comme ça depuis toujours, si l’un était heureux, l’autre l’était, mais ça fonctionnait pour les mauvais sentiments et les mauvaises émotions aussi. Elle vit d’ailleurs le regard d’Elio se perdre dans cette pièce trop vide de vie. Pas encore pleine de joie. « On devrait y aller, le camion doit être là.. » Elle leva les yeux au ciel. Elle décida alors qu’elle ne pouvait plus rester là sans rien dire, sans rien faire. Alors qu’Elio semblait s’éloigner vers la porte d’entrée, secouant ses mains comme s’il tentait de reprendre le contrôle sur la situation, elle lui attrapa le poignet, le coupant dans son élan. « Elio… Ne me fuis pas s’il te plait. » Elle avait retrouvé cette voix douce, il n’était plus question de prendre celle énervée qu’elle avait osé prendre plus tôt. Elle n’était plus dans cette dynamique d’espèce de colère contre le monde. Elle attira le jeune homme vers elle, ne le lâchant pas pour qu’il reste à portée de regard. « Oui, le camion est là, mais on s’en fout là, c’est pas urgent il attendra en bas, les jumeaux sauront l’occuper un bon moment à tenter d’ouvrir leurs cartons en bas. Je veux juste que tu m’écoutes, d’accord ? C’est toi et moi, qu’importe ce qu’il se passe. Oui, un jour cette situation deviendra encore plus compliquée qu’elle ne l’est, on ne pourra pas laisser nos vies amoureuses en dehors de ce cocon qu’on s’est construit. Mais je ne laisserai jamais, jamais personne nous séparer. Je sais, c’est très cul-cul de dire ça, mais c’est vrai. Je renonce pas à ma vie avec toi. Je la vis, Elio, je vis, d’accord ? Alors s’il te plait, arrête de t’en faire pour moi, parce-que je pense que j’ai plus à m’en faire pour toi que toi pour moi… Je me trompe ? Kaecy leva un sourcil, interrogateur. Elle savait que quelque-chose de plus se passait dans la tête d’Elio, et elle voulait savoir, elle voulait pouvoir panser ses plaies. Mais pour ça, il fallait qu’il parle, et il ne semblait pas très enclin à cette solution en ce moment même.
Je préférais pouvoir fuir cette conversation – j’ai même la vague sensation que c’est ce que je fais depuis des mois – peut-être même depuis le début. Essayant de prétendre que cette situation est normale – que je n’ai pas à m’en vouloir d’avoir arraché Kaecy à sa vie pour l’enchainer à la mienne. Mais il est évident que ça ne l’est pas et que quelque part je me doute qu’un jour elle s’en rendra compte. Ce jour là je pense qu’il considéra avec celui où un homme la mettra au pied du mur face à cette vie un peu atypique qu’elle mène et que je ne peux pas imaginer compatible avec une histoire d’amour. Et si je sais que je ne peux pas – et que je ne dois pas l’empêcher d’être heureuse, de trouver quelqu’un. Cette hypothèse me fait peur bien plus qu’elle ne peut l’imaginer. Je pose déjà la main sur la rampe pour commencer à descendre quand sa main sur mon poignet me stoppe. « Elio… Ne me fuis pas s’il te plait. » La douceur de sa voix me faisant presque mal eu cœur. Je sais que c’est à mon tour d’entendre ce qu’elle a à dire. Même si je ne suis pas sûr d’en avoir envie. « Oui, le camion est là, mais on s’en fout là, c’est pas urgent il attendra en bas, les jumeaux sauront l’occuper un bon moment à tenter d’ouvrir leurs cartons en bas. Je veux juste que tu m’écoutes, d’accord ? » « D’accord… » J’avais hoché la tête tout en baissant le regard comme un enfant prêt à se faire sermonner. Et pourtant je n’étais pas un gamin et Kaecy n’était pas ma mère. Nous étions deux adultes deux amis qui avaient de toute évidence des choses à se dire. « C’est toi et moi, qu’importe ce qu’il se passe. Oui, un jour cette situation deviendra encore plus compliquée qu’elle ne l’est, on ne pourra pas laisser nos vies amoureuses en dehors de ce cocon qu’on s’est construit. Mais je ne laisserai jamais, jamais personne nous séparer. » Ces mots faisaient un bien fou en même temps qu’ils me faisaient mal parce qu’une fois de plus je mesurais l’attachement de Kaecy à cette espèce de famille que nous formions et mon incapacité à la rendre totalement heureuse avec ça. « Je sais, c’est très cul-cul de dire ça, mais c’est vrai. Je renonce pas à ma vie avec toi. Je la vis, Elio, je vis, d’accord ? » « D’accord… » J’avais tellement envie de le croire. Même si au fond de moi j’avais toujours cette impression que Kaecy me disait ces mots pour me protéger d’une vérité bien plus douloureuse qui finirait bien par tomber un jour. « Alors s’il te plait, arrête de t’en faire pour moi, parce-que je pense que j’ai plus à m’en faire pour toi que toi pour moi… Je me trompe ? » Esquissant un sourire j’étais venu prendre ses mains dans les miennes. Son laïus m’avait ému et je ne savais le cacher, mes yeux emplis de larme que je n’avais pas envie de laisser tomber. « Tu t’inquiètes toujours pour moi Kaecy mais ça va… » C’était un mensonge mais je n’avais pas envie de parler de ça. Pas maintenant – pas encore – c’était trop tôt et bien trop douloureux pour le moment. « Enfin ça va aller j’ai juste besoin d’un peu de temps… » Je ne pouvais m’empêcher de me demander combien de temps la douleur allait transpercer mon être. Si voir un bébé dans la rue serait toujours aussi douloureux. Si la date de la perte de notre fille allait pour toujours rester graver dans ma mémoire au fer rouge ? « Je suis heureux d’être ici, dans cette nouvelle maison. Avec toi – et les jumeaux. Je suis heureux de savoir que… Que tout ça ne gâche pas ta vie. Parce que je veux le meilleur pour toi… Pour nous. Je veux qu’on soit heureux c’est tout. » Je ne pouvais pas l’être pour le moment – parce que certaines douleurs blessaient mon âme mais je voulais qu’on y arrive. J’étais venu serrer son corps contre le mien passant ma main dans sa nuque pour la caresser avec douceur. « Je te remercierai jamais assez pour tout ce que tu fais pour moi – pour nous, papillon. » Déposant un baiser sur son front je m’étais séparer d’elle pour voir la silhouette de Dani et Scott se dessiner juste à nos côtés. « Vous êtes amoureux maintenant. » Un rire sincère était sorti de ma bouche. « Evidement, Kaecy c’est la fille que j’aime le plus au monde... Mais ça vous le saviez déjà. » J’avais fait un petit clin d’œil à Kaecy ravalant les larmes qui pointaient à mes yeux pour ne rien montrer de mon émotion aux jumeaux. « On peut monter nos jouets dans notre nouvelle chambre ? » « Oui évidement, on vient vous aider dans quelques secondes. » Il y avait encore beaucoup de non dit entre Kaecy et moi mais je ne pensais pas que c’était le meilleur moment pour les aborder. Au lieu de ça j’avais pris le chemin de la porte d’entrée derrière les jumeaux. « Tu viens ? »
Elle savait très bien qu’Elio avait bien plus de choses que ça à lui dire, à lui expliquer. Mais il ne semblait pas être dans cette dynamique là pour aujourd’hui. Il semblait plus être dans l’écoute que la parole, hors elle aurait aimé que ce soit l’inverse. Mais Kaecy était comme ça, elle voulait tout le temps être là pour les autres, plutôt que les autres soient là pour elle. Le jeune homme vint prendre ses mains dans les siennes, et en le regardant attentivement dans les yeux elle put voir qu’il était ému et qu’il retenait ses larmes. Ca n’avait pas été le but des paroles de Kaecy, de donner envie de pleurer à Elio, mais elle était contente de voir qu’au moins il comprenait réellement ce qu’elle lui disait. « Tu t’inquiètes toujours pour moi Kaecy mais ça va… Enfin ça va aller j’ai juste besoin d’un peu de temps… » Kaecy n’était absolument pas convaincue par les paroles d’Elio, elle savait que ça n’allait pas et que ça n’irait pas bien par un tour de magie. Elle savait qu’à un moment, il aurait besoin d’elle pour aller mieux - ça avait toujours marché comme ça entre eux. Mais comme elle l’aimait trop et qu’elle respectait trop ses choix, elle décida de ne pas creuser plus sur cette histoire et acquiesça. Elle savait qu’ils auraient d’autres occasions d’en parler, plus propices, plus adaptées. « Je suis heureux d’être ici, dans cette nouvelle maison. Avec toi – et les jumeaux. Je suis heureux de savoir que… Que tout ça ne gâche pas ta vie. Parce que je veux le meilleur pour toi… Pour nous. Je veux qu’on soit heureux c’est tout. » Un petit sourire s’afficha sur le visage de la jeune femme juste avant qu’Elio vienne la prendre dans ses bras. C’était ce genre d’étreinte qui faisait du bien, qui détendait le corps et reposait l’âme. Parce-que c’était le genre d’étreinte pleine d’amour, du vrai amour, celui qui ne meurt pas. « Je te remercierai jamais assez pour tout ce que tu fais pour moi – pour nous, papillon. » Ce fut au tour de Kaecy d’avoir les larmes aux yeux lorsqu’elle entendit Elio prononcer ces mots. Ce n’était pas grand chose, mais elle était heureuse de son côté qu’elle ait pu être quelqu’un de réellement important dans la vie d’Elio, dans les deux dernières années. Les deux plus compliquées. Alors, au moment où il se recula pour lui donner un baiser sur son front, une petite larme échappa à Kaecy, au moment où les jumeaux pénétraient dans l’appartement. Elle se tourna pour ne pas qu’ils la voient, profitant du fait qu’Elio leur parlait pour remettre ses idées en place. Elle avait réussi à ramener Elio dans le droit chemin par rapport à ses neveux. Ca n’avait pas été facile, mais maintenant que tout ce temps était écoulé, elle comprenait qu’elle avait réussi. Ca ne s’arrêtait pas là, bien sûr, il aurait besoin de son aide un bon moment, mais c’était déjà un bon point. Cependant, les derniers événements en date avaient fait qu’Elio était plus distant, plus renfermé. Et elle n’aimait pas ça, du tout. Elle savait à quel point ce n’était pas bon pour lui de se replier sur lui même. Il fallait qu’il fasse sortir tout ce qu’il avait sur le coeur - mais ça lui prendrait du temps. Elle prendrait le temps, bien sur, mais elle ne voulait pas qu’il soit trop long à se rendre compte que ça le bouffait de l’intérieur. « Tu viens ? » Pendant l’espace d’un instant, elle avait oublié l’histoire du déménagement. Mais Elio avait raison, ils avaient du pain sur la planche - c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle avait demandé à sa cousine de passer leur donner un coup de main dans l’après-midi, qu’ils ne mettent pas cinquante jours à tout déballer car sinon ça allait jouer avec les nerfs de Kaecy de voir autant de bordel dans l’appartement. Essayant rapidement les quelques larmes qui avaient coulé, elle sourit à Elio avant de le rejoindre dans l’entrée de l’appartement. « Oui, allons y. Un nouveau chapitre commence. » Son sourire se fit plus franc et elle passa devant Elio pour descendre les escaliers et aller accueillir les déménageurs comme il se devait.