Ce n’était pas forcément la meilleure idée qui soit de conduire en ayant bu, surtout lorsque l’habitude n’est vraiment pas là. Je crois bien avoir éraflé légèrement ma voiture en sortant du parking de l’hippodrome, et avoir freiné trop brusquement à un feu rouge que je n’avais pas remarqué avant le dernier moment. Je ne me suis pas garé non plus dans les règles de l’art quand je suis arrivé à destination, devant la villa d’Hannah, mon refuge. Mais je n’ai qu’un fond de whisky dans le sang. Alors peut-être que l’alcool n’a pas grand-chose à voir là-dedans. Que je suis tout abonnement absorbé par mes pensées, perturbé après avoir revu Joanne cet après-midi. Peut-être que ces palpitations qui rendent mes mains moites sont en réalité de la panique. Mais pour s’en assurer, rien ne vaut un autre verre, n’est-ce pas ? Alors on m’ouvre et je m’engouffre dans le salon. Hannah n’est pas là, Nathan non plus. Cette grande maison si vide laisse une oppressante impression de solitude. J’aurais aimé la trouver dès mon arrivée, prendre la comédienne dans mes bras et étouffer la douleur au creux de son cou. Non, il n’y a personne. J’abandonne donc mes affaires dans le salon, retire veste, cravate, chaussures pour être plus à l’aise comme quelqu’un se fichant bien de tout. J’envoie paitre le majordome des Siede. Je n’ai besoin de rien, si ce n’est d’un verre, d’une cigarette, et d’Hannah. D’un geste brusque et incontrôlé, sous le coup d’une de ces vagues de colère momentanées, j’envoie valser une petite table d’appoint qui se trouve sur mon chemin ; le plateau en verre éclate par terre en morceaux, tout comme le vase qui trônait dessus, et cela ne m’importe pas plus que ça. Il y aura bien quelqu’un pour nettoyer. Je dirai que c’est mon chien Ben qui l’a renversé –alors qu’il doit certainement être en train de dormir dans une des chambres là-haut avec Milo. Je fais comme chez moi, comme c’est le cas depuis quelques semaines. Je me sers dans les bouteilles du maître des lieux, grille le bout d’une barrette de tabac, et tant que j’y suis, je trouve un vieux vinyle à faire tourner en mettant le son bien assez fort pour que je ne puisse plus m’entendre penser. Je bois le premier verre d’une traite. Et cette fois je suis assez certain que cet état vaporeux est le fait de la boisson. Quand je ferme les yeux, un grand sourire étire mes lèvres. Voilà, il n’y a plus rien ; plus de Joanne dans ma tête, plus d’Edward, plus de pari stupide, rien. Seulement la musique qui résonne entre les parois de mon crâne. Au milieu du salon, abandonnant les inhibitions qui me font toujours tenir droit, je chante sans complexe ce morceau de Solomon Burke qui tourne en boucle et me semble si bien correspondre à cet instant, danse avec mon verre à la main. Je ne saurais pas dire depuis combien de temps Hannah est plantée là à me voir faire quand je me tourne et la trouve dans le salon. « Siede ! » Je souris un peu plus, absolument ravi de la voir enfin, m’approche d’elle et lui vole un baiser. Puis je tire sur sa main pour l’attirer au milieu du salon, parlant fort pour couvrir la musique ; « Viens, viens ! Il faut que tu boives et danse avec moi, c’est bien trop triste de le faire tout seul. »
« Tu es en retard Hannah. » Pas un bonsoir, ni même un comment est-ce que tu vas, Nathan Siede avait toujours le don de rentrer dans le vif du sujet. Hannah ne lui en voulait même pas cette fois-ci, son père avait raison, elle était effectivement en retard, de vingt minutes, et sa seule réponse fut de s’asseoir sur la chaise en face de son paternel et de s’allumer une cigarette. La journée avait été longue, un peu trop longue selon la comédienne qui avait bien besoin d’une pause loin des planches de théâtre et des essayages. Les répétitions battaient leur plein et se glisser dans la peau de quelqu’un d’autre avait bien entendu ses avantages et ses inconvénients. La brune n’aspirait qu’à une seule chose à cette seconde précise, être Hannah. Elle aurait également adoré rentrer directement chez elle et se blottir contre les bras de Jamie mais, elle n’avait pas eu le temps de voir Nathan depuis leur retour de New York. Si Hannah connaissait bien les hommes, elle connaissait encore mieux son père, elle savait que ce dernier n’apprécierait vraiment pas d’être mis de côté. Question de fierté. Elle l’écouta d’une oreille distraite, les yeux se posant successivement sur la bouteille de vin qu’il avait commandé et le serveur qui arrivait déjà avec leurs plats. Il lui parlait d’une affaire, d’un voyage en mars prochain en Suisse, de Jamie. Hannah haussa un sourcil, son père avait probablement mentionné le seul sujet qui pouvait piquer sa curiosité. Où était donc le brun ce soir, Hannah n’en savait absolument rien, probablement dans son propre appartement, enfermé, en train de peindre, ou alors tranquillement chez elle avec un livre à la main. « Cela m’étonne juste de savoir que vous ne sortez pas plus ensemble, après tout, on trouve que vous formez un couple charmant. » La phrase de son père lui coupa l’appétit, elle avait beau avoir son assiette sous les yeux, elle avait été contrainte de sauter un repas ou deux cette semaine, car oui, contrairement à ce que beaucoup pensait, Hannah mangeait, mais non, rien n’y faisait. Son regard se fit plus dur et elle invita son père à aller au fond de sa pensée et développer. « Hannah je sais très bien que tu aimes mener ta vie comme tu le souhaites et que tu as besoin de mon soutien … » « Mais ? » « Il n’y a pas de mais ma chérie. Je ne t’ai pas présentée à Jamie pour rien, vous vous entendez bien et je sais que vous êtes proches. Je n’avais simplement pas envisagé que tu te contentes du statut de maitresse, dans le fond sa fiancée n’est qu’une légère ombre au tableau... » Hannah s’était levée avant d’en avoir pris conscience, elle avait l’habitude que son père la rabroue comme une petite fille de douze ans, ça faisait parti de leur rapport, il pestait, elle aussi dans son coin et ils finissaient tous les deux par passer à autre chose. Mais certainement pas sur ce sujet. « Joanne n’est pas une ombre père, c’est la femme qu’il aime et je te prierai de ne pas parler d’un sujet qui te dépasse… Et merci de m’avoir coupé l’appétit. » Hannah poussa un soupir exaspéré, écrasa sa cigarette et récupéra son trench coat, mettant le plus de distance entre elle et Nathan. Il avait abordé un sujet sensible pour la jeune femme, croire qu’elle était naïve à ce point là cependant relevait de la bêtise. Elle savait qu’elle devait profiter au maximum de ces instants passés avec Jamie, elle le savait… Elle n’avait juste pas envie qu’on le lui rappelle, voilà tout. La brune croisa les bras sur sa poitrine et se força à respirer profondément avant de monter dans sa voiture. Elle rangea la conversation précédente dans un coin de sa tête, prête à tout oublier et à pardonner Nathan et son arrogance. La dernière chose dont elle avait besoin en ce moment c’était de se sentir jugée. Hannah rentrait chez elle, enfin, tout ce qu'elle voulait maintenant c’était sentir les mains de Jamie sur ses hanches et ne penser à absolument rien d’autre. Absolument rien. Dans un sens, un des voeux d’Hannah fut réalisé au moment où elle poussa la porte de sa demeure, Jamie était bien chez elle, impossible de le manquer vu qu’il était en train de s’égosiller dans son salon un verre à la main. Hannah fronça les sourcils en remarquant les morceaux de verre et de porcelaine sur le sol, peu importe ce qui s’était passé ici, ça n’avait pas été beau à voir. Hannah ne se manifesta pas immédiatement, elle ne savait pas comment dans le fond et Jamie lui épargna cette peine quand il se précipita vers elle. « .. Jamie. » Le mot n’était qu’un murmure et la brune n’avait rien fait pour se défaire de son étreinte, mais elle continuait de l’observer, perplexe. Le brun n’en était certainement pas à son premier verre d’alcool et si Hannah était toujours la première à prôner l’abus intensif d’alcool, il était clair que là, Jamie buvait pour les mauvaises raisons. « Je vois que tu as commencé sans moi. » Sans hésiter, elle lui prit son verre des mains et le vida elle-même pour l’empêcher de le faire lui. Autant commencer tout doucement. « Est-ce que c'est toi qui… » La musique était un peu trop forte pour Hannah qui alla rapidement baisser le volume. « On ne s'entend même plus penser. » Hannah se tourna de nouveau vers Jamie, elle aurait très sincèrement pu le rejoindre et essayer elle aussi de faire taire son cerveau et de passer à autre chose. Sauf qu’elle ne voulait pas, de le voir comme ça, c’était la limite de ce qu’elle ne pouvait supporter. Jamie avait besoin d’elle, c’était bien pour ça qu’elle était encore là. « Bref, qu'est-ce que je disais... oui à quelle heure a commencé ta fête personnelle ? Un peu trop tôt je crois. Je peux savoir ce qui t’a mis de si bonne humeur, hmm ? »
« Je pensais te trouver ici en rentrant tout à l’heure mais… » Hannah passe près de moi et vole mon verre. Je réagis à peine, arque un sourcil, et file vers la desserte en prendre un autre que je remplis sûrement un peu trop dans un geste maladroit. Qu’importe, il sera vidé dans tous les cas. « Bref, tu es là maintenant. » C’est tout ce qui compte. Dans des moments comme celui-ci, il n’a pas encore été trouvé remède plus efficace que la présence de la comédienne. Elle sait occulter le monde, faire tout oublier d’un claquement de doigts, ou simplement que le monde ne se résume qu’à elle. Ce qui me convient très bien actuellement. C’est tout ce que je demande. Mais elle n’est guère coopérative à cet instant. Voilà qu’elle baisse le volume de la musique. « Mais. Maiiis ! » Je lève les bras en l’air, comme pour demander ce qui lui prend. Solomon Burke n’est jamais trop fort. « T’es pas drôle. » dis-je comme un gosse boudeur. Je tourne les talons, dépité, et fais quelques pas dans le salon. Arrivé au canapé, je me laisse tomber dedans et pose mes pieds sur la table basse. Depuis quand est-ce que Siede joue les mamans ? Est-ce qu’elle ne voit pas que tout ce que je veux c’est d’arrêter de penser ? Oh oui, mais il y a ce fossé entre ce que je veux et ce dont j’ai besoin qu’elle connaît vraiment trop bien. N’importe qui le sait mieux que moi de toute manière. L’inconvénient d’être gosse de riche, je suppose, c’est qu’on ne marche qu’à coups de ‘’je veux ci, je veux ça’’. Et là, je veux qu’on me laisse diluer ma peine dans autant d’alcool que je pourrais en boire, comme n’importe quel autre mortel grouillant dans la plèbe. J’en ai le droit, moi aussi. J’hausse vaguement les épaules quand Hannah demande à quelle heure remonte le premier verre. Quelque part dans l’après-midi, j’en sais rien. « Eh bien, j’étais à l’hippodrome avec mes parents cet après-midi, nous étions gaiement en train de briser un mariage ou deux. Et tu devineras jamais qui était là. » Enfin, si. Bien sûr qu’elle a deviné. Il n’y a qu’une personne pour me mettre dans cet état-là, un seul fichu nom pour me faire souffrir autant. Me faire finir avec un verre dans une main, une clope dans l’autre, cherchant n’importe quel moyen de faire taire mes pensées à son sujet. Je n’ai pas besoin de le prononcer pour avoir envie de m’écrouler, pour me sentir complètement vide de nouveau. L’avantage du vide, c’est qu’il se remplit d’un rien. Whisky et nicotine feront l’affaire, trio gagnant avec Hannah si elle daigne se joindre à la fête. « Est-ce qu’on est obligés d’en parler ? » je demande dans un soupir, me sentant déjà de moins en moins léger. Je reprends une gorgée de ma boisson, une bouffée de tabac. « Est-ce qu’on ne peut pas juste se trouver une excuse pour célébrer je sais pas quoi, comme on le fait toujours, et oublier le reste du monde ? » Qu’est-ce que je déteste le regard qu’elle me jette à cet instant. Autant que je déteste le mien qui la supplie quasiment de me laisser tranquille, de jouer le jeu. « S’il te plaît ? »
Hannah était beaucoup de choses mais elle n'était pas dupe ou aveugle, et surtout pas quand son meilleur ami était concerné. Bien sûr, Jamie n'appartenait plus vraiment à la catégorie de meilleur ami, il était bien plus que ça désormais et dans le fond, la brune était rassurée de voir qu'il avait jugé bon de rentrer ce soir. Même s'il ne semblait pas au meilleur de sa forme et même si elle avait l'impression qu'il allait bientôt sombrer, ce n'était pas grave, Hannah pouvait le retenir, elle avait la force de faire ça pour eux deux, et c'était bien pour cela qu'il était là ce soir. Elle se doutait bien qu'il n'avait pas envie d'entendre raison, qu'il avait envie de tout envoyer valser comme un gamin capricieux... qui était-elle pour l'empêcher de faire précisément ça ? Une bouée de sauvetage c'était fait uniquement pour ne pas se laisser couler mais Hannah ne savait plus quelle était la meilleure décision à prendre. Il lui raconta sa journée et elle retint la grimace qui menaça de passer sur son visage. Joanne. Bien entendu, la revoir était certainement plus que ce qu'il ne pouvait se permettre et s'ils s'étaient parlés, pas sur que le coeur de Jamie tienne le coup en plus. « Je vois. » murmura Hannah. La vue de la blonde expliquait tout, le fait qu'il soit rentré comme ça et qu'il se soit réfugié dans l'alcool. C'était logique, Hannah était une fan de ce genre de méthode pour s'échapper, un verre de whisky et les problèmes semblaient s'envoler. Dans le cas de la brune, il fallait bien plus qu'un verre, la nature était faite de telle sorte qu'elle tenait un peu trop bien l'alcool alors... « Non... Nous ne sommes pas obligés d'en parler, pas du tout. » conclut tout simplement Hannah. Elle abandonna sa veste sur le canapé, histoire de s'occuper les mains et se donner quelques secondes de plus pour réfléchir. D'un coté, elle se disait qu'elle avait bien fait de lui prendre son verre des mains, de chercher à le raisonner, peut-être qu'elle pouvait le prendre dans ses bras, suggérer qu'ils fassent autre chose, qu'elle le garde contre elle le temps d'un bain ou quelque chose comme ça, pour qu'il se détende et qu'elle puisse lentement mais sûrement soigner ses blessures, mais d'un autre coté... d'un autre coté, elle se disait que ça ne valait pas la peine d'essayer, elle était sa meilleure amie, son Hannah, elle n'était là que pour l'aider à oublier et répondre au moindre de ses désirs, c'était certain. La brune avait donc pris sa décision, la décision de plonger avec lui et d'oublier qu'elle n'était qu'en deuxième position dans son coeur pendant quelques temps, ça n'avait pas vraiment d'importance. « Mais je crois qu'il va nous falloir un bien meilleur alcool... » Hannah dit cela en se dirigeant de nouveau vers le bar et elle ouvrit un des placards, cherchant une bouteille bien particulière. « Comme ça par exemple. » Elle se redressa avec une autre bouteille de whisky à la main, ironiquement, c'était un cadeau de Nathan, il le lui avait offert après sa toute première représentation à New York, il y a des années de cela. Il lui avait dit de garder ce vieux whisky pour une occasion spéciale, Hannah se disait que ce soir était suffisamment spécial, juste elle et Jamie, elle ne pouvait pas vraiment rêver mieux, pas vrai ? « Si tu veux noyer tes problèmes Keynes, fais le bien au moins... surtout si tu es sous mon toit. » Elle le taquinait à présent et après les avoir servi tous les deux, elle alla lui donner son verre avant de faire tinter le sien contre celui de Jamie. «Je ne te parlerai pas de ma journée, rien de mémorable du moins. Sauf si tu veux m'entendre me plaindre des comédiens de la troupe ou mon père... mais évitons.» Hannah eut un sourire à moitié sincère avant de boire une longue gorgée de whisky. « Il faut dire que pour choisir quoi boire il a du goût... c'est un très bon whisky. Bois Keynes.»
De la tristesse renaît un éclat de joie lorsque Hannah m'assure qu'elle ne me fera pas parler de Joanne. Non, pas un mot. Elle n'en a pas besoin pour savoir que je se souffre, cela se voit bien assez. Et tenter la moindre prospection à ce sujet de la mènerait pas plus loin que ce qui est déjà évident. Je saigne beaucoup trop à l'intérieur, et j'ai besoin d'elle, je n'ai besoin que d'elle. Alors elle jette sa veste et va chercher une nouvelle bouteille dans le bar. Je n'en attendais pas moins de sa part. D'être sa si parfaite compagne d'oubli. Elle tire d'entre les alcools de diverse qualité et prix celle sur laquelle elle a jeté son dévolu. Je n'en connais ni le nom, ni la réputation. Mais si la comédienne la choisit, c'est sûrement qu'il y a une raison. C'est elle l'experte en boisson. « Pour ce que j'y connais en whisky, j'te jure que t'as pas besoin de sortir la bonne bouteille, je serai pas fichu de l'apprécier. » dis-je en haussant les épaules. Je peux me contenter de cette bouteille qu'on ne sort que pour les gens sans importance -car c'est ce que je suis, sans importance, et de plus en plus indésirable au fur et à mesure que je m'impose un peu plus dans cette villa, envahissant toutes les chambres et pensant qu'essayer tous les matelas peut me tirer de mon ennui profond. Je mérite cette bouteille dont personne ne veut vraiment. Après tout, ce n'est pas important. L'important, c'est l'ivresse. Mais Hannah ne me laissera pas le choix, non, et elle sort cet argument imparable pendant qu'elle nous sert. « Bien, miss Siede. » je me contente de rétorquer avec le sourire d'un enfant sage. Sous son toit, je suis les ordres. Je prends le verre avec la maladresse de celui qui ne devrait peut-être pas boire plus et la laisse trinquer sans sujet. Nous pourrions boire à nous, à nos problèmes, à nos coeurs en peine, à tout ce qui mérite de boire encore, mais cela ne rendrait les problèmes que plus réels. Et ils ne le sont déjà que bien trop. Hannah ne veut pas parler de sa journée, du théâtre, de tout ce qui n'a visiblement pas assez d'importance pour être évoqué par sa sainte bouche. « Evitons. De toute manière, il n'y a rien du tout derrière ces murs et derrière cette porte. Rien du tout. » dis-je en indiquant un à un les mur du salon, les frontières de notre univers au bon goût de whisky et de larmes salées. « Seulement toi et moi. » Je trinque de nouveau et prends une gorgée de ma boisson en même temps que la comédienne. Je tente de trouver les différences entre celui-ci et l'autre, mais je crois que mon palais et mes papilles sont trop anesthésiées pour cela. « Il m'a l'air meilleur que le précédent. Mais je t'ai dit, je suis un ignare. » Moi et l'alcool, c'est une histoire d'amour trop récente pour ce genre de découvertes. C'est un peu comme tout ce qui concerne les plaisirs de la chair. On découvre et on s'initie peu à peu à de nouvelles choses, jusqu'à savoir ce qui nous plaît. Je souris vaguement à Hannah en la regardant. Elle est toujours belle, toujours. Avec son menton un peu haut, ses pommettes saillantes, son air parfois las et chic. Et pourtant, ce petit côté ingénu. Je l'imagine comme ces filles d'un autre temps qui lisaient des romans à l'eau de rose à la lumière de la bougie sous leur couette trop tard le soir. Je l'imagine s'ennuyant au fond d'un boudoir, plaisant à tous les visiteurs qui passent un à un. Elle ressemble à ses héroïnes des vieux livres français, celles qui vivent trop, ressentent trop, et finissent consumées -mais dont la figure ne dévoile rien de leur tempête intérieure. Je pourrais la regarder comme ça pendant des heures. « Dis, Siede, est-ce que tu le diras, un jour, que tu m'aimes ? » je demande après quelques minutes de silence, sans chercher à y mettre les formes. « Ou est-ce que tu ne le penses que quand on couche ensemble ? » Elle a bien été tentée de le dire, l'autre fois. Je sais que ça traîne sur le bord de ses lèvres à chaque fois. Je le sais parce que je suis ivre, et que cela révèle des choses invisibles le reste du temps. Des choses que je ne vois pas le plus souvent. « Dis-le moi. » Que tu m'aimes. Si tu peux le dire un jour -ou plutôt un soir-, Siede, c'est là.
Seulement toi et moi… Les mots paraissaient beaux et la brune n’avait presque pas envie de lui faire remarquer qu’il parlait d’un monde qui n’existait pas vraiment dans le fond. Mais ce n’était pas une dose de réalité que Jamie voulait en venant se réfugier ici, chez elle, ou encore dans ses bras, la réalité ce n’était tout simplement pas fait pour eux, n’est-ce pas ? Non, dans la réalité ils n’avaient probablement aucune raison d’être malheureux, ils étaient beaux, ils étaient riches alors ni Hannah ni Jamie ne devait se plaindre, ils devaient juste profiter de l’instant présent et croquer la vie à pleine dents, ou une autre bêtise comme ça. C’était mieux ici, cachés des yeux de tous, ce n’était pas vraiment la réalité, ce n’était pas vraiment parfait et l’alcool coulait à flot, suffisamment pour oublier tous les problèmes et pour soigner les coeurs. Qu’il boive alors, ils seraient enivrés tous les deux et là alors peut-être qu’Hannah pourra succomber à son envie et se mettre sur la pointe des pieds et poser ses lèvres sur celles de Jamie, tout simplement. Pour lui donner une bonne raison d’oublier son ange blond et pour ne plus qu’il se morfonde sur son existence. Tout semblait aller dans le bon sens, Hannah le regarda boire une gorgée de whisky et elle se rapprocha de lui, en ayant déjà fait de même. Le regard de Jamie ne la quittait pas et elle avait envie de lui demander ce qu’il avait en tête, est-ce qu’il était encore triste ? Est-ce qu’il voulait casser quelque chose ? Elle devait bien avoir de la porcelaine quelque part, il pouvait passer sa colère et sa frustration, ou alors qu’il la passe sur autre chose… sur elle par exemple. Le grand brun brisa le silence et sa question eut au moins le mérite de faire sourire Hannah et l’ordre qu’il prononça encore plus. Hannah posa son verre et se rapprocha de lui, elle fut obligée de relever la tête pour continuer de le regarder dans les yeux mais cela ne la gêna pas du monde, elle savait qu’il aimait avoir une certaine emprise sur elle et ce que Jamie venait de dire ne faisait que le confirmer. « Des ordres vraiment ? Tu sais que je suis plus douée pour les donner que pour les recevoir hmm ? » Pour n’importe quel autre demande, peut-être qu’Hannah aurait pu y songer, histoire de l’amuser un peu, de le faire sourire, mais pas pour ça, pas pour ce qu’elle gardait si férocement dans son coeur. Est-ce qu’elle l’aimait ? Bien sûr que oui, la brune estimait l’avoir suffisamment prouvé au cours des dernières semaines, et elle le prouvait encore ce soir par sa présence. Mais s’il s’agissait de le dire… Jamie devait savoir que les aveux et les confessions, ce n’était pas son genre. « Et si je te le dis, qu’est-ce que j’y gagne ? Est-ce que tu vas me le dire aussi… J’espère que ce n’est pas le whisky qui te monte à la tête ce serait fâcheux. » Hannah eut un léger rire, elle ne changeait pas de conversation pour autant, elle n’avait pas envie qu’il croit qu’elle était en train de se défiler, loin de là. « Je sais que ça te ferait plaisir de l’entendre, mais même ça tu dois le mériter Keynes. » Au moins comme ça, les choses étaient plus claires et Hannah se mit vraiment sur la pointe des pieds pour déposer un baiser au coin des lèvres de Jamie. Elle plongea son regard dans le sien une dizaine de secondes, simplement pour ensuite s’emparer des boutons de la chemise de Jamie et de commencer à les défaire. « Je peux te dire que j’adore ta façon de me regarder, exactement comme tu es en train de le faire en ce moment. » C’était la première chose qu’elle avait remarqué, personne ne la regardait comme Jamie, personne, peut-être car personne ne la comprenait dans le fond ou ne la voyait vraiment, pas juste comme la fille de Nathan. Elle avait vraiment l’impression d’exister sous son regard et c’était bien pour ça qu’elle ne fuyait pas et qu’elle était toujours là. « La façon dont tu déplaces aussi, ça ne me laisse pas indifférente et c’est probablement pour ça que je ne peux pas t’ignorer. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé, je crois bien que je suis incapable de te dire non. » Elle savait que cette confession-là la mettait dans une position vulnérable mais Hannah n’était plus à ça près. « … Est-ce qu’il faut que je continue ? » demanda t-elle alors qu’elle venait de défaire le dernier bouton de sa chemise.
Au sourire qu'Hannah esquisse, je comprends qu'elle ne me donnera pas ce que je veux. Je me demande si elle se rit de moi. Parfois il me semble la connaître par coeur, et d'autres, ne pas comprendre grand-chose au mystère Siede. Ce que je ne cherche pas vraiment à faire. Je me contente de la prendre comme elle est, l'accepter et l'aimer ainsi. Quand elle veut bien me livrer ce qu'elle est. Mais ce n'est pas la question de ce soir. Pas de ces réflexions compliquées. Je ne veux qu'une chose simple. Trois mots. Mais elle ne les articulera pas. Mon regard ne quitte pas ses yeux noisette et se baisse au fur et à mesure que la comédienne approche. Aimantés, le bout de mes doigts se mettent à légèrement frôler ses hanches, sans pour autant se poser dessus. Juste pour suivre la courbe dessinée par le creux de sa taille. « Ce n’est pas un ordre, juste… une faveur. » je réponds en haussant les épaules. Et si je devais dire toute la vérité, j'appellerai même cela une supplication. Quelque chose d'aussi misérable que cela. Mais les gens comme moi ne supplient pas, ne quémandent pas. Hannah propose plutôt de marchander, ce qui me fait arquer un sourcil. J'avoue que je ne sais pas ce qu'elle y gagnerait. Oui, je pourrais le lui dire, moi aussi, en retour. Cela ne serait pas mentir, et me semblerait être un juste échange. Néanmoins, je doute que cette récompense l'intéresse réellement. Elle fera tout pour ne rien dire. Pas aussi facilement. « Le whisky m’aide seulement à y voir plus clair. » je lui assure. La belle brune peut le croire ou non. Certes je suis très, trop, alcoolisé. Certes les mots traversent mes lèvres avant que je puisse le réaliser et je ne réfléchis à mes paroles qu'après coup. Mais tout est vrai. Oui, c'est étrange à quel point l'alcool fait sentir plus vrai que vrai. Il fait ressortir une essence plus brute. Je lève les yeux au ciel lorsque la jeune femme m'explique que je dois mériter ces mots que je veux entendre, et je termine mon verre d'une traite avant de le poser à côté du sien. La seconde suivante, elle me vole un baiser. Hypnotisé, je m'approche un peu plus d'Hannah, et dépose cette mois mes mains sur sa taille. Je garde mon visage près du sien, juste pour laisser son souffle chaud glisser entre mes lèvres et s'infiltrer dans mes poumons, afin d'aspirer un peu de cet air envoûtant. Un autre dresseur d'inhibitions. Petit à petit, lentement, la comédienne défait chacun des boutons de ma chemise. Il n'en faut pas plus pour que le rythme de mon coeur, sensiblement plus rapide, fasse naître une caresse chaude qui m'enrobe les sens. Je souris en coin, mon regard dans le sien. Ce regard qu'elle dit aimer. Mon sourire s'étire un peu plus alors qu'elle poursuit ses flatteries -qui font forcément leur effet. « Pourtant tu refuses de me dire ce que je veux entendre. » Alors qu'elle prétend ne pas pouvoir me dire non. Je lui demanderai bien ce que je dois faire pour mériter ses mots d'amour, mais je connais d'avance la réponse. C'est plus que ce que je peux faire en un soir, plus que ce que je peux faire ou dire dans l'immédiat. Si je devais me lancer dans cette quête, cela prendrait des jours, des semaines. Alors que j'espère les lui arracher d'ici la fin de la nuit. Délicatement, je passe une main dans les cheveux d'Hannah pour défaire ces mèches trop bien coiffées. Je lui retire aussi ses bijoux, méthodiquement. Chaque artifice qui brille. Tout ce qui la masque un peu trop. Je saisis son visage pour l'attirer sur les dernières millimètres qui le séparent du bien, et lui offre un long et langoureux baiser imprégné de ces quelques mots que j'attends de sa part et que j'écris ainsi en silence sur ses lèvres. Un baiser avec bien assez de signification pour la faire sourire, je suppose, mais pas pour obtenir ce que je veux. « Maintenant tu peux continuer. »
Il y avait toujours cette attraction physique entre eux. La façon qu’elle avait de se rapprocher de lui en permanence, la main de Jamie sur sa hanche, c’était vraiment impossible d’y échapper et Hannah n’avait jamais cherché à le faire. Toujours, que ce soit en soirée ou en privé, elle cherchait la main du brun, le sentir proche d’elle était suffisant et elle savait que ce soir elle n’aurait voulu passer la soirée nul part ailleurs. Elle était très bien ici à s’occuper de Jamie et de son coeur brisé. La brune savait que ce n’était qu’un caprice qu’il lui demandait, cela finirait par le lasser, il fallait qu’il ait de la patience pour qu’elle se confie à lui de la sorte et leur relation n’était pas encore comme ça. Hannah avait fait tomber bien des masques depuis qu’elle le connaissait, mais pas encore celui-ci, c’était sa dernière et unique arme de défense alors non, elle n’allait pas murmurer je t’aime au milieu des effluves de whisky, quand le souvenir de Joanne était encore trop présent dans l’air, elle ne pouvait juste pas. La brune le laissa néanmoins s’emparer de sa taille et se rapprocher, Hannah envie de lui répéter que peu importe ce qui se passait, elle était à lui, rien ne pouvait changer ça et ternir cette vérité. Elle était à lui, point final. Mais elle continua ses compliments et elle le laissa ôter ses bijoux et autres artifices pour révéler la vraie Hannah. Son Hannah à lui. La brune se perdit dans le baiser, elle le laissa gouter ses lèvres comme jamais personne ne l’avait fait avant lui, elle le laissa poser sa marque sur elle. Ses mains étaient déjà sur les épaules de Jamie pour faire tomber sa chemise sur le sol, laissant le brun torse nu. « Tu devrais savoir que rien n’est simple avec moi. » conclut Hannah avec un fin sourire sur les lèvres. Parfois, elle se disait que c’était la faute du temps, de ses expériences passées, juste elle et non Jamie. Si les choses avaient été différentes avant, peut-être qu’en le rencontrant ce fameux soir là, lors d'un énième gala, elle se serait montrée sous un autre jour. Impossible de le dire, impossible de le prévoir, ils étaient là maintenant et c’était ça qui importait. Hannah enleva rapidement ses chaussures et elle se dressa sur la pointe des pieds pour lui voler un autre baiser. Elle ne pouvait peut-être pas lui dire qu’elle l’aimait, pas pour l’instant, pas ce soir, mais elle pouvait lui montrer, lui expliquer l’effet qu’il avait sur elle et pourquoi est-ce qu’elle avait choisi sa place auprès de lui. « Pourtant je peux t’assurer que je n'ai qu'un seul Jamie Keynes dans ma vie et ça me suffit largement. » murmura l’actrice contre ses lèvres et tout près de lui, sentant quelque part la chaleur qui se dégageait de son torse. Elle ne cherchait pas particulièrement à flatter son ego ou tenter sa nature possessive, Hannah ne faisait que dire la vérité. « Tu te doutes qu’il y a en a eu d’autres avant toi, et ce même si tu n’as pas envie de l’entendre. » Elle eut un autre sourire sur le visage et se passa une main dans les cheveux pour défaire véritablement sa coiffure et laisser les mèches brunes encadrer son visage. Hannah continua de fixer Jamie en tirant sur les bretelles de sa robe pour révéler ses épaules nues. « Mais je peux te dire que ça n’a jamais été aussi important. » Ceci étant dit, Hannah passa une main dans son dos pour défaire la fermeture éclair de sa robe et laisser le tissus et l’élégante draperie glisser sur sa peau laiteuse. Elle n’avait pas vraiment besoin de vêtement quand Jamie était dans les parages, elle se sentait belle sous son regard et elle n’avait besoin que de ça. « Ce n’est pas que du sexe avec toi. » Hannah abandonna totalement la robe pour révéler des sous vêtements noirs et elle s’empara des mains de Jamie pour les poser ses ses hanches quasiment dénudées. « Parce que je suis à toi. »
C’aurait sûrement été le meilleur et unique moyen de réellement m'ôter Joanne de la tête. Juste quelques mots pour me faire comprendre qu’il y a une autre possibilité, une autre opportunité, juste là devant mes yeux. Quelqu’un d’autre pour me faire exister. Quelques mots pour me faire ouvrir les yeux. Mais la comédienne a raison de les taire, dans le fond. Qu’il aurait été triste de les entendre ce soir-là, dans ces conditions. Alcoolisé, me souvenant à peine de mon propre nom, cherchant à oublier celui de la petite blonde qui s’associait si bien au mien auparavant. L’esprit et les membres engourdis. Rien ne dit que j’aurais pris Hannah au sérieux si elle les avait dit, ni même si je m’en serais souvenu le lendemain matin, allongé nu contre elle. Elle a raison de se taire, car je ne mérite pas qu’elle me dise qu’elle m’aime, si cela est un temps soit peu vrai. Je ne mérite d’ailleurs pas tout le mal qu’elle se donne pour moi, ni sa patience, ni son corps, ni son don de soi. Je suis sûrement le pire ami qu’elle ait pu se faire. Si nous sommes amis. Sauf que nous ne le sommes pas, pas ce soir. Je laisse les mains de la belle brune me retirer ma chemise. Le whisky chauffe ma peau, la proximité d’Hannah et sa voix enjôleuse n’arrangent rien. Elle m’envoûte, tout comme son regard noisette qui ne lâche pas le mien, qui me garde tout en son pouvoir. A vrai dire, je me fiche bien qu’elle ait connu d’autres hommes avant moi, tant qu’elle n’est qu’à moi en ce moment, hier, ce soir, demain, et jusqu’à nouvel ordre. Tant que je suis le seul qu’elle regarde de cette manière et qui ait le privilège de partager son lit. Mon ego se plaît parfaitement de savoir que je vaux mieux que ses précédentes aventures, que je suis plus important que les autres hommes qu’elle a pu cueillir. Quant à mon regard, il se délecte de la vue de ses épaules nues, et lorsque sa robe tombe le long de son corps, il dévore sa silhouette toute entière. Mon souffle se coupe quelques secondes. Je pourrais lui répéter encore et encore à quel point je la trouve belle, mais je suppose qu’elle le sait très bien. Sans oublier que mes yeux qui la parcourent sous toutes ses coutures avec admiration suffisent amplement à lui faire comprendre que ce que j’ai sous les yeux me plaît grandement. J’esquisse un fin sourire quand je retrouve ses iris noisette, satisfait. Ca n’est pas que du sexe, ça ne l’est jamais pour moi, et encore moins avec la comédienne. Quand elle m’a dans ses bras, elle m’a tout entier. Moi, mon coeur blessé, mon âme meurtrie, et toute l’affection que je peux lui donner, même si cela est bien trop peu. Qu’elle pense la même chose me touche. Qu’elle se livre à moi encore plus. “Je pense pouvoir me contenter de ça.” dis-je tout bas, approchant mon visage du sien pour lui donner un baiser tendre. Mes mains glissent dans son dos pour la serrer de plus en plus contre moi, et ainsi sentir toute la douceur de sa peau sur la mienne. J’ai besoin d’elle. C’est dans ses bras que je me sens en sécurité. Mes lèvres capturent désormais celles d’Hannah avec plus de passion et d’envie. Comment ne pas avoir d’envie d’elle? Je prends finalement l’une de ses mains et l’attire hors du salon, l’embrasse au pied des escaliers, et encore une fois à l’étage, plaquée contre le mur du couloir menant à sa chambre. Son écrin et mon royaume. Nous y pénétrons après avoir trouvé la poignée de la porte à tâtons ; ce n’est qu’une fois à l’intérieur, dans cet espace coupé du monde, que je me sens vraiment libéré de toutes les pensées qui me hantent et ne sont l’écho que d’un nom que je ne veux plus entendre. J’allonge Hannah sur le lit, et remercie le ciel qu’elle ne soit pas particulièrement friande de préliminaires car je n’ai aucune envie d’attendre avant de pouvoir être à mon tour tout à elle. Mes baisers épousent son cou, ses clavicules, sa poitrine encore couverte. Je frôle ses jambes du bout des doigts et ne demande qu’à être leur prisonnier pour ce soir. D’ailleurs, tout mon corps collé au sien trahit ce désir brûlant, ce besoin de faire d’Hannah ma nouvelle obsession.
De quoi avait-il besoin ? C'était sûrement ça la question la plus importante pour Hannah. La brune avait eu beaucoup d’amants, probablement un peu trop selon certains, beaucoup d’hommes et de femmes s’étaient perdus ici, dans les mêmes pas que ceux de Jamie, à tenter de la comprendre et à tenter de déchiffrer le mystère qu’était Hannah. Pourtant, elle avait eu très peu d’amis, peu de personne à qui se confier et encore moins de personne à qui montrer la vraie Hannah, ce n’était pas juste parce qu’elle était difficile à vivre non, c’était également car elle voyait peu de personne digne de recevoir son amitié et son attention. Il n’y avait pas vraiment de demi-mesure pour la brune, elle était toujours un peu trop sérieuse et c’était probablement pour toutes ces raisons qu’elle était la mieux placée pour faire oublier son ex-fiancée à Jamie. Car s’il avait besoin d’une épaule sur laquelle pleurer ou quelqu’un pour le relever, Hannah était le genre de personne qui n’allait pas reculer devant la tache, c’était bien ça tout le principe de l’amitié pas vrai ? C’était bien pour ça que les gens aimaient les autres et perdaient leur temps dans des relations trop compliquées… Elle n’avait pas le temps pour le compliqué, juste le temps pour lui, lui qui avait mal et qui n’avait besoin de rien d’autre que d’elle. Sous le regard et les caresses de Jamie, elle n’était rien d’autre qu'une flamme vacillante, un coup de trop, un baiser de trop et elle finirait par s’éteindre à tout jamais. Pourtant, l’actrice accepta les baisers du brun et elle se laissa guider dans sa propre demeure, un gémissement à peine voilé s’échappant de ses lèvres alors qu’elle se retrouvait coincée entre un mur et lui. Elle eut à peine le temps de caresser son visage, à peine le temps de mémoriser la moindre de ses expressions que déjà, il l’entrainait dans sa chambre à elle, là où lui seul avait eu un ascendant sur Hannah. Hannah le laissa faire, sa respiration saccadée et elle se courba sous les baisers de Jamie, elle le laissait explorer et apposer sa marque à sa guise, parce que dans le fond, il en avait besoin. Ses doigts contre ses jambes étaient presque comme une invitation et Hannah écarta rapidement les jambes, il avait sa place juste là, tout près d’elle. « Ne t’éloigne pas trop. » murmura la brune, probablement en parlant de la seconde précise, ou de toutes celles qui allaient suivre. Elle passa un bras autour de ses épaules et le serra contre elle, rapprochant dangereusement leurs corps, c’était forcément dangereux quand son coeur battait avec cette intensité, sa peau littéralement en feu là où Jamie l'avait touchée quelques secondes auparavant. Ils étaient proches et pourtant si loin, Hannah préféra perdre quelques secondes, son nez contre celui de Jamie, ses yeux dans ceux du brun, quelques secondes perdues à essayer de retrouver une respiration normale et admettre qu’il n’y avait rien de plus important en cet instant que lui. « Peu importe ce qui se passe demain ou dans les jours à venir, mes nuits sont à toi. » murmura la brune avant de capturer les lèvres du brun pour un autre baiser passionné. Elle ne pouvait peut-être pas lui dire ce qu'il voulait entendre, ne voulait pas le faire au vu des circonstances mais elle pouvait lui montrer. Forte de cette idée, Hannah l’embrassa avec une dévotion sans pareille et laissa ses mais courir sur le dos nu de Jamie, ses ongles s’enfonçant légèrement dans la peau du brun. Elle aussi allait le marquer et faire en sorte qu'il ne l’oublie pas, même pas quand cette nuit se terminerait et que le jour finirait par arriver. Les mains d’Hannah terminèrent leur voyage au niveau de la ceinture du brun et elle la défit facilement, la brune prête à avoir Jamie en elle tout la nuit s’il le fallait.
Tout me brûle. Les baisers, les caresses, les regards, le souffle d’Hannah. Qu’elle m’embrasse, me touche, me frôle, le moindre contact est aussi brûlant qu’un fer rouge qui laisse d’innombrables marques sur mon corps, dans ma chair. Des marques qui ne partiront jamais vraiment. Si elles disparaissent à l’œil nu, ma peau, elle, s’en souviendra. Et Hannah et moi sauront qu’elles sont toujours là. Si elles se résorbent, alors je les ai aurais assimilées, elles feront partie de moi pour toujours. Cette partie-là appartiendra éternellement à la comédienne. Je sais que quoi que je fasse, je n’oublierai pas ces nuits-là. Le dangereux équilibre qui s’est imposé entre ce qui est mal et ce qui est bien ; sans savoir si nous nous faisons du bien ou du mal au final. Oui, sur le moment, tout est si enivrant. Quoi que ces marques qui arrachent à mon épiderme celles qui avaient été laissées par Joanne ravivent d’abord la douleur de sa perte, avant de la faire oublier. Le plaisir est là. Nous aspirons toute la chaleur et l’affection que l’un peut donner à l’autre, avides, tels deux puits sans fond. C’est de la poudre aux yeux. Du plaisir et de la beauté pour se pas songer, l’espace d’un instant, à tout ce qui est laid là-bas, au dehors. A tout ce qui n’est pas Hannah et moi. C’est la seule place qui semble être la mienne en ce moment, ici, dans cette chambre, dans ce lit, auprès de la jeune femme. Le seul endroit où je n’ai plus qu’à prétendre quoi que ce soit, car de toute manière il n’y a rien à prétendre quand je suis avec elle, elle connaît déjà toutes les blessures et tous les remèdes. Elle sait que j’ai besoin d’elle, d’être à elle et qu’elle soit à moi, tout à moi. Le cœur battant à allure, le souffle court, la peau brûlante, je laisse Hannah happer mon regard quelques secondes. Ses yeux noisette sont bien assez intenses pour me garder ainsi au piège aussi longtemps qu’elle le souhaite, je ne détournerais pas le regard, je ne le voudrais pas. Avant que je ne puisse lui répondre quoi que ce soit, la belle brune m’embrasse de nouveau, me faisant oublier tous mes mots. Des maux qui n’existent plus, non. Si je gémis, ce n’est qu’à cause des ongles d’Hannah qui glissent sur mon dos et s’y accrochent, m’arrachant des frissons exquis, alors que nos lèvres et nos langues ne se délient. Ses mains glissent jusqu’à ma ceinture et la défont habilement. L’une des miennes glisse le long de ses jambes pour décrocher ses bas de ses jaretelles, puis se faufile sur son dos courbé pour dégrafer rapidement son soutien-gorge. Mes baisers s’exilent alors sur sa poitrine mise à nu, la flattant avec la plus grande application. Le pantalon glisse sur mes fesses. J’ai fait la promesse tacite de ne pas m’éloigner, alors je reste aussi près que possible, mes lèvres frôlant son ventre alors que je descends le long de sa silhouette pour retirer le nylon noir de ses longues jambes, puis ôte son dessous, dernier vêtement qui la recouvre. J’en fais de même avec mes habits. Je m’éloigne pour mieux revenir, pour mieux sentir la peau chaude et douce d’Hannah contre la mienne, l’humidité qui se dégage entre ses jambes. Ses bras autour de mon cou, ses jambes cerclant mes hanches, ferment la bulle, le petit monde où il n’y a que nous. Je récupère ses lèvres, les dévore avec une passion incontrôlable. Je ne peux pas attendre plus longtemps avant d’unir nos corps. Je ne veux pas. Alors je me glisse en elle, expirant un râle de soulagement et d’aise. Je suis où je dois être, et je ne voudrais être nulle part d’autre. Je suis ce que je dois être à cet instant, son amant, et même si aucun de nous deux ne veut le dire, nous pouvons partager les sentiments qui nous animent dans cette danse sensuelle, nous pouvons glisser ces aveux dans nos soupirs. C’est mon cas, lorsque je l’embrasse avec cette pointe de tendresse qui n’est jamais balayée par l’ardeur, et quand je vais et viens entre ses reins pour lui faire l’amour.
C'était trop rapide. Beaucoup trop rapide. Et pourtant ça ne l'était pas assez. C'était ce rythme effréné et pourtant c'était son corps qui semblait affamé et qui en voulait plus, beaucoup plus car dans le fond Jamie était beaucoup trop loin d'elle pour que ça soit réel. Maintenant que les barrières et les faux semblants étaient tombés elle semblait uniquement contentée lorsqu'ils échangeaient des baisers ou mieux encore, lorsque Jamie se trouvait en elle. Il n'y avait plus de moyen de déguiser la vérité de la sorte, plus moyen de se dire qu'ils n'étaient que des amis qui partageaient beaucoup de choses en commun, ainsi, il était juste Jamie et elle était tout simplement Hannah, sans gloire et sans fortunes, sans absolument rien à perdre et sans absolument rien à gagner. Juste un homme et une femme, qui avait été tous les deux perdus et qui s'efforçaient de partager ce qu'ils leur restaient respectivement. Plus de mensonges, plus d'égo à rassurer, plus d'épouse à protéger, plus rien qu'eux... Et c'était sûrement ça qui plaisait le plus à Hannah, le fait qu'ils aient appris à se connaitre avant et que lorsqu'elle sentait les lèvres de Jamie sur sa poitrine, elle savait qu'elle n'avait pas affaire à un parfait inconnu, que c'était quelqu'un qui la connaissait et qui ne pourrait pas la juger et qu'elle pourrait rester dans ses bras au réveil, parce qu'ils l'avaient décidé et parce que c'était aussi facile que ça. Et parce qu'elle n'avait plus à se poser de question, aussi elle ne quitta pas Jamie du regard alors qu'il se délestait des quelques vêtements devenus trop superficiels à cet instant et la brune eut un soupir de plaisir dans le nouveau baiser qu'il lui donna, peut-être un peu trop violent, sans doute un peu trop brusque. Mais Hannah n'en avait que faire, peut-être qu'elle se réveillerait avec des marques le lendemain et c'était tout ce qu'elle pouvait espérer. C'était tout ce qu'elle voulait et galvanisée par cette idée, elle lâcha un gémissement alors que Jamie s'introduisait en elle, leur étreinte tout aussi enivrante et tout aussi passionnée. Y avait-il besoin de dire quoi que ce soit d'autre à cet instant présent ? Voulait-il vraiment l'entendre dire je t'aime alors qu'elle s'offrait à lui comme elle ne l'avait jamais fait avec un autre homme ? Alors qu'elle avait noué ses jambes autour de sa taille à lui et que ses mains s'étaient glissées dans les cheveux brun pour le garder tout près d'elle, pour essayer de donner un sens à tout ça, à ce soir, au fait que dans le fond ils en disaient beaucoup plus qu'ils ne l'auraient faits avec des mots. "Jamie." Hannah gémissait son prénom à chaque fois que leu corps étaient réunis, presque comme un mantra, sans aucune honte d'être surprise ou même interrompue car à cet instant il n'y avait rien de plus important que leur deux corps qui se mouvaient, presque comme une symphonie incontrôlée. Et Hannah, prise d'un élan de plaisir eut presque envie de lui demander si lui l'aimait mais elle ne le fit pas et se contenta simplement de lui agripper les épaules et d'en demander plus, car c'était tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment. Pour cette nuit où il lui appartenait encore.
Tout est si simple et évident que c'en est presque étrange. Tout est si naturel. Elle, moi, dans ce lit, dans cette chambre dont elle a fait de moi le seul maître des lieux, et cette danse charnelle qui mêle nos corps et nos souffles. Comme si cela devait avoir lieu, comme si c'était écrit, et que nous le savions. Alors cela ne nous surprend plus, ne nous prend plus au dépourvu. Nous pouvons simplement embrasser cette évidence et en profiter pleinement. Nous pouvons admirer l'emboîtement parfait de nos lèvres et de nos silhouettes, et la symbiose totale avec laquelle nous nous dévorons l'un l'autre. Il y a une forme d'harmonie déroutante qui ressort de cet instant qui pourrait sembler dépourvu de sens, n'être qu'un acte de désespoir de deux personnes qui se noient. Ca l'est peut-être. Mais c'est aussi et surtout ce qui devait être. Tous les chemins devaient mener ici. Elle et moi, se perdant et se retrouvant perpétuellement, se séparant pour mieux revenir, se goûtant avec délice, se marquant la peau au fer, tatouant le nom de l'autre dans la chair ; s'aimant pour mieux se haïr le jour où le château de cartes sera détruit. Mais pour le moment, Hannah est la seule chose qui me fait tenir, debout ou à l'horizontale, qu'importe, tant qu'elle m'aide à vivre. Et ce n'est que dans ces instants, logé entre ses cuisses, quand nos corps s'épousent et que nos râles se répondent que je n'ai plus l'impression d'être une coquille mortellement vide. Je suis l'amant d'Hannah, celui qui l'aime la nuit, et si c'est ce qui doit me définir, alors soit. Au moins, j'aurai un sens, tout cela aura un sens, et je serais avec elle. J'aimerais être le seul, mais je sais que cela ne sera jamais le cas. Je voudrais qu'elle gémisse, soupire, crie uniquement pour moi, et rester toujours l'unique homme à pouvoir la combler de cette manière, à pouvoir la compléter ainsi avec mon propre corps. Cela n'arrivera pas. Mais je peux marquer son corps, je peux faire en sorte qu'une partie d'elle soit mienne à jamais, et que lorsqu'elle s'offrira à d'autre amants, qu'elle sentira la volupté l'envahir, ou même lorsqu'elle se sentira seule le soir face à ses pensées impudiques, elle pense à moi et murmure mon nom de la même manière que ce soir. Des soupirs qui vont au rythme de nos ébats, à chaque fois que nous sommes fondus l'un en l'autre. Je les avale, les loge au fond de mes poumons, et les lui rend à nouveau gonflés d'envie. L'échange s'accélère toujours, de plus en plus. Je n'ai jamais assez d'Hannah dans mes veines, dans mes cellules, dans les fibres de mes muscles. Mes vas-et-vient les plus brutaux réclament plus de griffures sur mes épaules, plus de marques indélébiles dans ma chair. Qu'elle me mordre, tire mes cheveux, me maudisse et veuille ma mort autant que je souhaite la sienne ; elle me rend accroc à elle comme la plus dure des drogues, et je ne sais pas si cette toxine quittera mon organisme un jour. Quoi qu'il en soit, le plaisir grandit et grossit, les frissons secouent mon échine, et tous mes muscles me font comprendre que bientôt, il faudra cesser de résister, et complètement s'abandonner. Mais pas avant la belle brune. Elle sera tout à moi en premier.
Il n'y avait plus rien de cohérent. C’était certain à présent. Tout ce qui n’était pas cent pour cent Jamie avait été banni de cette chambre et n’existait plus vraiment pour Hannah. Il lui donnait une nouvelle raison d’exister, de vivre , de mourir, un nouveau souffle en quelque sorte et elle ne pouvait que l’accueillir. Ses jambes se resserrèrent autour de la taille du brun, ses hanches se décollèrent encore plus du matelas et des draps hors de prix pour venir le rencontrer et quémander un peu plus de chaleur au fond de son bassin, juste parce qu’elle en avait besoin et uniquement pour cette raison. Hannah avait toujours été une égoïste, mais là, ça dépassait l’entendement, ça dépassait la raison et elle ne pouvait que se courber et gémir sous chacun de ses coups de rein puissants. Il allait surement lui laisser des marques sur sa peau blanches, des marques qui mettraient des jours, voir meme, des semaines à s’effacer, et plus que ça, elle se souviendrait de tout, de ce moment, du souffle de Jamie contre elle, de la peau de Jamie contre la sienne, de tous les baisers que les lèvres de Jamie avaient posé sur les siennes. Elle se souviendrait de tout ça et plus que tout, elle se souviendrait de Jamie en elle, car il allait laisser une trace qui ne partirait jamais. Hannah allait sombrer, elle pouvait le sentir et elle n’offrit absolument aucune résistance et abandonna tout et le laissa tout prendre. Elle eut juste le temps, plus par réflexe qu’autre chose, d’enfouir une de ses mains dans la chevelure du brun pour la tirer et la brune lui mordit meme le lobe de son oreille avant de se laisser envahir par le plaisir. Tout cliquait enfin, tout avait un sens, et les plaintes d’hannah redoublèrent en volume et en intensité tandis que son corps tremblait sous Jamie, ses mains glissant enfin de ses larges épaules qu’elle avait tant malmenées pour se laisser retomber sur le lit. Hannah ouvrit enfin des yeux qu’elle ne se souvenait meme pas d’avoir fermé, peut-être que tout ceci n’était qu’un rêve au final, seulement pour rencontrer le regard intense de Jamie posé sur elle. Et, si Hannah avait encore une once de décence présente en elle, elle aurait rougi en réalisant que le brun bougeait toujours en elle. Mais elle n’en fit rien et se contenta de nouer ses mains autour de son cou et elle s’en servi comme appui pour se redresser et déposer un baiser sur ses lèvres. Le geste était en contradiction totale et parfaite avec tous les précédents et meme à bout de souffle, Hannah ne défit pas leur nouvelle étreinte, surtout pas lorsqu’elle sentit, enfin, le brun perdre pied lui aussi. Elle se détacha de lui quelques secondes plus tard et Hannah le scanna pour voir si cette colère était toujours présente ou pas. Et, alors qu’elle reprenait peu à peu son souffle, Hannah réalisa qu’elle était prête à tout pour le calmer et que oui, elle l’aimait.
Plus que jamais, ce sont pendant ces quelques secondes que Hannah n'a pas d'autre choix que d'être complètement elle, et complètement mienne. Quand son échine se courbe à l'extrême, qu'elle se colle à moi et s'agrippe comme à moi comme pour m'aspirer, me dévorer tout entier, elle a le dernier réflexe de mordre et de griffer, me procurant des blessures qui mêlent étrangement douleur et plaisir, et l'instant d'après, elle n'a plus aucune arme. Son corps se détend peu à peu, tous les sens noyés par cette ultime vague de plaisir qui a bien fini par la terrasser. La tête posée sur le drap, les cheveux en bataille, se délectant de ces sensations derrière ses paupières closes, elle est terriblement belle. Je dépose quelques baisers au creux de son cou, comme pour la remercier d'être tout à moi ce soir. Pendant ce temps, je poursuis mes mouvements, des coups de reins toujours aussi soutenus et parfois brusques qui doivent à mon tour me faire franchir ce point de non retour. Mais avant, je retrouve son regard perçant, je récupère ses lèvres, et je plante un peu plus mes doigts dans la chair de sa jambe comme pour m'ancrer un peu plus dans ses cellules. Je ne sais pas si elle cherche à se faire pardonner en se faisant plus tendre subitement, mais cette touche de douceur n'est pas sans me toucher au coeur. Une chaleur qui augmente et se répand de plus en plus dans mon corps, crispant mes muscles au passage, faisant naître des frissons qui me font trembler, jusqu'à ce que cela atteigne mon bas ventre, signe qu'il est temps pour moi d'abandonner. Logé au fond d'elle, et l'embrassant à pleine bouche, je libère toutes ces délicieuses sensations avec un gémissement étouffé. A bout de souffle, je roule sur le côté et m'allonge à côté d'Hannah. Nous échangeons un regard, de ceux qui veulent tout dire. Le sien brille d'une lueur que je ne lui ai jamais vue. Une main sur sa joue, j'approche son visage et me redresse un peu pour joindre nos lèvres avec tendresse. Après une dernière cigarette, parce que celle-ci, précisément, est des meilleures qui soient, nous allons sous la couette. Nous ne dormons pas ensemble tous les soirs, afin que les nuits où cela arrive soient un peu plus exceptionnelles. Je garde Hannah blottie contre moi et caresse légèrement le bras qu'elle a posé sur mon torse, songeur. Elle s'est endormie. Elle semble fort paisible, cela me fait un peu sourire. Avant de dormir à mon tour, je dépose un baiser sur son front. « Je t'aime, Siede. » je murmure dans un souffle qui caresse son visage. Mais depuis le monde des rêves, elle ne m'entendra pas.