I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Le retour à la maison avait des plus étranges. Difficile, et étrange. Oui, mais quel maison ? Joanne était restée encore un bon bout de temps dans son appartement avant de rendre les clés. Jamais passait alors la majeur partie de ses soirées et de ses nuits avec elle, bien qu'ils ne se voyaient que très succinctement. C'était mieux que rien, se disait-elle. Elle ne s'en plaignait pas, et acceptait tout ce qu'on lui donnait. Certaines habitudes reprenaient rapidement le dessus. Elle préparait à manger pour eux deux, ils ne tardaient jamais à se coucher ensuite. Lui était fatigué avec ses journées bien remplies, elle avait un bébé qui lui faisait un peu des misères ces derniers temps. Les jours allaient et se ressemblaient, sans d'événements particulièrement notables. Si ce n'était que les journalistes étaient revenus de plus belle accoster Joanne à la sortie de l'hôpital après chacune de ses consultations. Son fiancé ne pouvait pas s'y rendre à chaque fois, cela tombait régulièrement sur les horaires de son émission ou lorsqu'il avait d'autres impératifs qu'il ne pouvait déplacer. Bien évidemment, Joanne lui transmettait les moindres informations, les moindres détails que le Dr. Winters lui donnait, qu'il n'en perde pas une seule miettes. Et puis vint le jour où elle réaménagea chez lui. Faute de temps, ils ne purent changer sa configuration comme il l'avait suggéré, pour qu'elle soit véritablement chez elle. Et Joanne ne trouvait toujours pas ses repères, n'osait pas poser ses marques où que ce soit. Il y avait à nouveau ce malaise qui régnait, et qui resortait sous de petites disputes agrémentées par un surplus de fatigue des deux côtés. Jamie ne manquait pas de lui rappeler de temps en temps ce qu'elle leur avait infligé, à tous les trois. Ce qui ne la blessait davantage. Elle savait ce qu'elle avait fait, et s'en voulait déjà terriblement, le fait qu'il en rajoute des couches n'arrangeait pas vraiment la situation. Il restait attentionné malgré tout, mais il y avait toujous ce fond désagréable qui régnait en permanence. Et il n'y avait que la nuit, dans les bras de l'autre, que tout semblait apaisé, jusqu'au lever du soleil. C'en était tout aussi destructeur que salvateur. La jeune femme arrivait à la fin de son septième mois de grossesse. Et l'une de ses inquiétudes s'attenuait peu à peu. Celle de savoir que son fils ne serait pas un grand prématuré, branché à une multitude d'appareil des jours durant jusqu'à ce qu'il soit en mesure de vivre, ou survivre, par ses propres moyens. Cela lui enlevait une belle épine du pied, mais il y avait tout le reste. Bébé ne s'était pas non plus montré particulièrement calme ces derniers temps. La première nuit, il y avait cette excitation de sentir et voir leur enfant s'agiter, elle avait même réveillé Jamie. Mais c'était tout le temps le même rituel, laissant peu de répit à Joanne, qui rattrappait toutes ces heures manquées pendant que Jamie était au travail. Son ventre était plus qu'arrondi, elle ne se couchait plus que sur le côté. Son médecin préférait faire quelques visites à domicile, histoire de ne pas lui infliger le déplacement et la horde de journalistes qui l'attendrait patiemment. Elle continuait tout de même toujours de cuisiner le dîner, pour qu'il n'ait pas trop à faire en rentrant, tout aussi fatigué qu'elle. Elle attendait toujous avec grande impatience le weekend, qu'il soit un peu plus disponible. Malgré toutes ces misères, Joanne continuait beaucoup de s'épanouir de sa grossesse, elle était heureuse de voir que tout continuait de se passer bien, ne prenant jamais vraiment en compte ses lombalgies et autres maux qui l'éprouvaient. Elle était tout aussi heureuse d'être à nouveau auprès de Jamie, et de partager avec lui son quotidien. Joanne espérait qu'un jour, il ne lui en voudra plus, qu'il n'y aura pas cette lourdeur dans l'air qui ne la mettait absolument pas à l'aise. Ce jour-là, elle avait préparé un plat froid, une salade composée, qu'elle avait laissé au frigo. Elle s'était ensuite décidée à profiter un peu de la piscine. L'air de la pièce qui la logeait était constamment chaud, et c'était on ne peut plus agréable. Le kinésithérapeute que Jamie avait contact dès qu'ils étaient rentrés à la maison utilisait souvent cette pièce, pour être au calme, et ne pas avoir les chiens perturbant la séance. C'était quelqu'un de très attentif aux demandes et à l'état de sa patiente, cherchant constamment des solutions pour lui faciliter la vie. Après avoir simplement profité du contact de l'eau, Joanne s'entoura d'une serviette et s'allongea sur l'un des transats, somnolent quelque peu.
crackle bones
Dernière édition par Joanne Prescott le Sam 13 Fév - 17:15, édité 1 fois
« Tu ne devrais pas rentrer chez toi ? » demande Logan appuyé sur le cadre de la porte de mon bureau. L'équipe a déménagé d'étage ; tout le monde passe du local au national, et c'est trois arrêts d’ascenseur plus haut. L'open space est plus grand, les meubles sont plus neufs, le matériel plus solide. Et j'ai donc changé de bureau. Relativement le même que le premier, si ce n'est que la vue est encore plus plaisante et que le paravent a disparu ainsi que le bureau de Daisy. Depuis que je l'ai renvoyée, nous n'avons trouvé personne d'aussi compétent. Alors les demoiselles défilent au portillon, durent un ou deux mois, et s'en vont aussi vite qu'elles sont apparues, nous laissant à peine le temps de nous attacher à elles. Ce bal durant depuis un moment maintenant, nous ne cherchons même plus à retenir leurs prénoms. Le manque d'assistante complique assez la tâche. Selina est de bonne volonté pour m'aider, mais elle a sa propre besogne à faire de son côté. En bref, la transition n'est pas simple. « Hm ? » je lève à peine le nez de mon ordinateur pour adresser un regard à mon collègue. Je ne m'aperçois même pas qu'il a été obligé d'allumer la lumière de la pièce car le soleil a commencé à bien baisser au dehors et que je travaillais dans la pénombre, mes lunettes collées à mon écran pour y voir quelque chose. « Il va finir par se faire tard si tu continues. T'as une future maman à la maison, tu te souviens ? » Je passe une main sur mon visage, retiens un soupir. Joanne est de retour à la maison maintenant, et il n'est pas facile non plus de retrouver cette harmonie que nous avions avant. Avant qu'elle ne gâche tout. Je ne dirais pas que nous ne sommes pas heureux ensemble, ou que nous nous aimons moins. Le fait est qu'il faut tout réapprendre. A commencer par pardonner, tourner la page, et vivre ensemble. La première étape est assez ardue pour me demander du temps. J'avoue avoir un pincement au coeur tous les soirs quand je m'installe dans la voiture pour rentrer chez nous, j'effectue la route à reculons. Et cette lourdeur s'envole lorsque je passe la porte de la maison, quand je la retrouve, la prend dans mes bras et embrasse son ventre rond. Plus qu'un mois déjà. Le temps a filé à toute allure. J'ai l'impression de garder ma rancoeur depuis bien trop longtemps. Mais je ne sais pas encore ce qui pourra la faire disparaître. Je sais que Joanne met du sien, énormément, et même si cela ne doit pas vraiment se voir, ça aide énormément. Seulement, la fatigue l'emporte souvent sur la bonne foi. « Je n'ai pas vu l'heure passer. » je murmure en retirant mes lunettes et frottant mes yeux. « C'est une sale habitude que t'as prise de bosser jusqu'à pas d'heure. Tu devrais essayer la fainéantise. » « C'est une vertu que tu m'enseigneras. » J’éteins le tout, récupère ma veste et retrouve Logan à la porte. « Reposes-toi un peu demain matin, je gère. » dit-il avec une main sur mon épaule, un sourire encourageant sur les lèvres. « Merci. A demain. » Il sait déjà que je serai derrière mon bureau à neuf heures tapantes.
Il n'y a personne sur la route et j'arrive dans le quartier quelques minutes après mon départ de la radio. Je me gare dans l'allée du garage et entends déjà les chiens aboyer une fois que je claque la porte du véhicule. Ben et Milo ne manquent pas de me sauter dessus dès mon arrivée. Tous deux ont droit à leur lot de caresses jusqu'à ce qu'ils soient contentés -quoi qu'ils ne le sont jamais vraiment. Mon regard glisse dans le salon complètement vide et calme. Même les lumières sont éteintes. « Joanne ? Je suis rentré ! » je lance à travers la maison, le doigt appuyant sur l'interrupteur. Tout est si rangé et rien ne semble jamais bouger ici, si bien que j'ai parfois l'impression de vivre seul (ou dans une maison témoin) et que rien ne se passe en mon absence. Au mieux, la cuisine est en léger désordre après que ma fiancée ait préparé le dîner, n'ayant pas la motivation de nettoyer ensuite. J'approche de la baie vitrée et ouvre l'une des portes-fenêtres pour laisser les chiens gambader dehors. J'ai enfin fait changer le portail du jardin, et normalement, Milo ne peut plus s'échapper. Dans la grande verrière qui couvre la piscine, il y a de la lumière. Et, sur un transat, une silhouette que je connais bien. Alors je rejoins Joanne en prenant soin de laisser les chiens derrière moi lorsque j'entre dans la salle. Je m'assied juste à côté d'elle ; ses paupières clignent comme si elle venait de se réveiller d'une sieste. « Bonsoir mes anges. » dis-je tout bas comme pour ne pas perturber son calme. Je dépose un baiser sur le ventre de la jeune femme, puis sur ses lèvres. Enfin, je glisse entre ses mains le bouquet de fleurs, plutôt petit et mignon, que j'ai eu le temps d'acheter en route pour elle. « C'est pour toi. Désolé d'arriver si tard. » Phrase répétée quasiment tous les soirs, un refrain que Joanne doit connaître par coeur désormais, mais je continue de le réciter. Le jour où ces mots auront disparu, c'est qu'il me semblera normal de la délaisser, et il n'en est pas question. « Comment s'est passé ta journée ? » je demande finalement, me doutant qu'elle n'a pas de grand récit à me faire. Mais je préfère toujours parler des détails de ses journées, même s'ils sont répétitifs, plutôt que du travail dont je reviens à peine.
CODE ☙ LOONYWALTZ
Dernière édition par Jamie Keynes le Sam 13 Fév - 17:51, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Le bébé devait certainement apprécier la chaleur et l'ambiance de la pièce, vu qu'il ne bougeait pas d'un pouce pendant que sa mère se reposait paisiblement. Difficile de dire si elle avait le coeur léger depuis qu'ils étaient rentrés, qu'elle était totalement apaisée, même durant ce moment de relaxation. Il y avait toujours ce poids dans l'estomac, ou niveau du coeur, qui semblait si lourd. Des choses ne sortaient plus de sa tête, et elle ne voulait pas à en parler à qui que ce soit. La véritable raison de la demande de divorce d'Hassan, le fait qu'elle ait tout récemment appris par le biais d'Hannah que son fiancé avait eu le plaisir de goûter à la chair d'une autre femme lorsqu'ils étaient séparés. Et qui plus est, il s'agissait d'une personne qu'il fréquentait couramment. Cette fameuse Nyx. Elle n'en avait pas parlé à Jamie, rien de tout cela. Elle était dans cette période où tout était absolument bancale, qu'elle marchait constamment sur des oeufs, quoi qu'elle pouvait dire, quoi qu'elle faisait. Comme si leurs fiançailles s'envolaient au moindre dérapage. C'était pesant. A croire qu'il cherchait quelques moyens pour la punir, dont avoir le plaisir de faire ce dont il voulait de sa vie sexuelle. Il y eut un très léger courant d'air frais qui la fit frissonner, puis elle reconnut immédiatement la chaleur de son homme lorsque celui-ci s'installa juste à côté d'elle. Joanne sourit un peu, clignant des yeux en émergeant tout doucement. Elle se redressa pour se mettre en position assise et Jamie lui tendit alors un petit bouquet de fleurs, de couleur rosées. Encore une fois, il s'excusait de rentrer si tard du travail. "Ce n'est pas grave." dit-elle doucement. Phrase qui avait aussi sa place tous les jours, en réponse aux mêmes excuses. Le bouquet était très beau, et sentait délicieusement bon. "Merci beaucoup." lui dit-elle avant de lui voler un baiser. Il y avait toujours ces petites attentions par lesquelles il cherchait certainement à amortir ses horaires extrêmes et ses longues absences. Cela faisait plaisir à sa fiancée, à n'en pas douter, mais au fond, ce n'était pas quelques fleurs qui allaient compenser son absence lorsqu'il n'était pas là à cause du travail, ou à cause de divers événements auxquels il devait se rendre. Il s'en suivit une question des plus banales, cherchant certainement à sortir sa tête du travail. Joanne savait que physiquement, il était bien là, mais que mentalement, il était encore bien installé dans son fauteuil de l'ABC. "Ca peut aller. Le kiné est passé aujourd'hui, je n'attendais que ça. Et ton fils semble bien décidé à ne pas trop me laisser dormir la nuit, alors je rattrape quelques heures de sommeil en journée." Elle lui souriait tendrement. "Puis il y a toujours mes contractions. J'ai l'impression qu'elles deviennent un peu plus fréquentes, mais rien qui ne puisse déclencher un accouchement, selon le médecin." Joanne posa sa tête sur son épaule. "Mais je dois avouer que les journées commencent à devenir un peu longues. J'ai hâte qu'elles soient un peu plus animés, avec notre petit bout." La télévision ne l'intéressait plus vraiment, la lecture non plus. L'attente finissait par être très longue. "Et nous aurons deux jaloux sur les bras aussi." dit-elle en riant, en voyant les chiens jouer ensemble dans le jardin à travers la baie vitrée. "J'ai préparé une salade composée pour ce soir, j'espère que ça te convient." Une salade bien végétarienne, pas un poil de viande dedans. Joanne profitait aussi beaucoup de son temps libre pour découvrir de nouvelles recettes qui puissent convenir à son fiancé et qu'elle peut réajuster pour elle, en matière de viande. Sa grossesse lui avait permis de sacrément s'améliorer en matière de cuisine. Elle n'était pas non plus un cordon bleu, mais elle parvenait à diversifier les plats qu'elle pouvait leur préparer.
Notre garçon fait bien des misères à sa pauvre mère. Nuits courtes ou agitées, maux de dos, sans oublie l'ennui d'être cloîtré chez soi. Joanne a eu bien du courage de tenir tous ces mois ainsi, et elle en sera bientôt récompensée. Je me demande souvent si l'agitation du bébé signifie quoi que ce soit de son caractère, ou si ces mouvements sont complètement naturels. J'ai toujours l'inquiétude qu'il me ressemble un peu trop et soit l'enfant infernal que j'étais. Qui sait si ses coups sont précurseurs d'un tel tempérament ou non. « Désolé, de sa part. » dis-je avec un sourire navré au coin des lèvres. Après tout, s'il sera ainsi, il tiendra de moi. Joanne m'apprend aussi que ses contractions, qui ont débuté il y a quelques semaines, sont de plus en plus fréquentes. Mais pas d'accouchement avant le terme à l'horizon. Juste un bébé en bonne santé se préparant à venir au monde. « Il se plaît à nous faire quelques feintes alors. » dis-je en caressant le ventre de la jeune femme, amusé. Bien sûr, les journées sont longues. Et songer qu'il ne reste que quelques semaines avant de tenir notre fils rend l'attente d'autant plus difficile. « Moi aussi j'ai hâte. Rentrer et voir sa bouille, le mettre au lit le soir... » Ce petit être potelé accaparera toute notre attention, et sûrement les chiens le remarqueront. « Je pense qu'ils ne seront pas jaloux longtemps. Ils en seront vite gagas. » Je les imagine déjà jouer ensemble, quand le bébé sera assez grand pour cela. Milo, si petit, le taquinant sans cesse. Ben le protégeant et formant une barrière entre lui et son compère quand celui-ci en fera trop. « Moi en revanche… Je risque d'être fort jaloux que tu sois en tête-à-tête avec lui toute la journée, alors que je le verrai bien peu. » A peine quelques heures par jour. Le baiser sur le front le matin, un autre le soir. Avec de la chance, je pourrai lui donner à dîner de temps en temps. L'idée d'arrêter toute activité pour m'en occuper de ma jamais traversé l'esprit. La future maman me tire de mes pensées en annonçant le repas de ce soir. « Ca ira très bien. » Joanne sait que je ne suis pas un difficile. Malgré un palais habitué aux plats les plus raffinés, j'ai toujours su me contenter et apprécier à sa juste valeur ce que l'on me sert. D'ailleurs, je ne le lui dis sûrement pas assez souvent, pour ne pas dire pas du tout, mais je suis toujours ravi de voir qu'elle a pris le temps de cuisiner pour moi. Toutes ses attentions me touchent toujours énormément, et je ne la remercie pas assez sans doute. « Tu as l'air si fatiguée. » dis-je en caressant sa joue, le regard inquiet glissant sous ses paupières qui surplombes quelques poches laissant deviner le manque de sommeil de la belle. Un manque qui ne cesse de s'accumuler et s’aggravera sûrement une fois le bébé parmi nous. Joanne n'est pas au bout de ses peines, et les miennes débuteront véritablement alors. Mais je sais que ni elle ni moi n'allons nous en plaindre. Nous serons de ces rares parents contents d'avorter leur nuit pour prendre soin de leur bout de chou, notre petit miracle à nous. « Je t'aime. » je murmure tendrement avant de lui voler un baiser. Je ne m'attarde pas près de la piscine plus longtemps ; je quitte la verrière et traverse le jardin en esquivant les réclamations câlines des deux canidés, puis rendre dans la grande maison et me rend à l'étage. Comme toujours depuis quelques temps, je file dans notre chambre, dans le dressing, pour attraper n'importe quel pantalon et t-shirt plus confortable afin de me changer rapidement. Alors là seulement je décroche complètement du travail et me montre pleinement disponible pour Joanne. Après avoir été le roi des masques toute ma vie, je deviens le roi des costumes. Cela fait, je retourne dans le salon. La jeune femme est rentrée également, mais les chiens continuent de jouer dehors. Silencieux, je m'occupe de dresser la table pour nous deux et de sortir la salade du frigo. La fatigue me rend toujours peu bavard, et le silence de la maison est toujours grandement apprécié après avoir été noyé toute la journée dans e bruit incessant de la radio.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie s'excusait de la part de leur petit miracle, qui ne facilitait pas vraiment les journées de sa mère ces derniers temps. Elle lui sourit tendrement et passa une main sur sa joue. "Ce n'est pas grave." Phrase qu'elle maîtrisait beaucoup, ces derniers temps. Mais pour elle, cela prouvait que le bébé allait bien et surtout, qu'il se positionnait bien pour le grand jour, qui se faisait de plus en plus proche. Le bel homme se montrait également de plus en plus affectueux avec le bébé, n'hésitant plus une seule seconde de venir caresser le ventre, lui parler, ou simplement laisser poser sa main là pour le sentir bouger. Il voulait certainement rattrapé le temps perdu avec lui. Pendant toute une période, le seul contact qu'il avait était ces clichés de toutes ses échographies, rien de plus. "Ce ne sera plus vraiment une feinte le jour où je perdrai les eaux." dit-elle en riant, le regard tendre posé sur son fiancé. Celui-ci exprimait également sa hâte de le voir, de le rencontrer vraiment et de s'occuper de lui. Ses journées allaient être de plus en plus chargées, en surplus de cela. "Je suis curieuse de savoir comment sera la première rencontre, lorsqu'ils le verront pour la première fois."Il y avait toujours ces vidéos qui circulaient sur les réseaux sociaux et qui montraient ces rencontres entre l'animal et le nouveau né, mais ça ne devait pas être le cas de tout le monde. Elle espérait que les chiens l'aimeront tout autant que leurs deux maîtres. Joanne haussa les sourcils lorsque amie dit que ce serait lui le plus jaloux, dans l'histoire. "Tu es célèbre, mon amour, c'est un passe-temps très chronophage." dit-elle en le taquinant, les yeux pétillants. Elle le constatait d'elle-même par les absences de Jamie, pas la peine d'aller chercher plus loin. "Tu prendras un congé de paternité, après la naissance ?" finit-elle par demander. Ce n'était pas si évident que ça pour elle, car Jamie restait toujours greffé à son travail. Peut-être qu'il dira oui, et qu'au dernier moment, il se rendrait compte que cela tombait au mauvais moment et qu'il devait laisser tomber. Elle n'était pas sûre que la réponse qu'il allait donner soit définitive non plus. Jamie était satisfait du dîner que sa belle avait préparé, et constata de lui-même la fatigue accumulée de sa belle, en lui caressant doucement la joue. Celle-ci sourit légèrement. "Ce n'est rien." Un mal pour un bien. Elle ne voulait pas se plaindre de sa condition et de ses tracas quotidiens, bien qu'elle avait toutes les raisons de le faire. Mais Joanne avait toujours en tête qu'elle était encore bien mal placée de se plaindre de quoi que ce soit. Alors elle endurait comme elle le pouvait, même si cela laissait des marques sur son visage déjà pâle à la base. "Je t'aime aussi." dit-elle avant de répondre au baiser qu'il lui donnait. Il fila ensuite en dehors dans la verrière, Joanne devina sans difficulté qu'il allait changer son costume pour des vêtements plus confortables. La jeune femme se leva également et rejoignit le salon après avoir enfilé un gilet sur ses épaules. Jamie redescendit rapidement, allant mettre la table sans dire mot. A son tour, Joanne grimpa à l'étage pour enlever son maillot de bain et enfiler une robe et des sous-vêtements. Quand elle revint au rez-de-chaussée, tout était prêt -même la salade qui avait mise au frais était désormais sur la table. Elle savait qu'il appréciait le silence de la maison une fois rentré au travail, et de toute façon, elle n'avait jamais grand chose à dire, à cause de ses journées peu variées. Ils s'installèrent donc à table et elle servit à chacun une portion de la salade composée, ainsi que de l'eau dans les verres. L'ensemble du dîner fut des plus silencieux. Joanne avait constamment ce léger pincement au coeur. Elle non plus n'était pas contre le calme, mais elle l'avait déjà à longueur de journée. Elle aurait certainement adoré converser un peu avec son fiancé, mais disons que les besoins de chacun se manifestaient à des moments bien différents de la journée.
« Je ne suis pas célèbre… » je souffle en haussant les épaules, le regard bas. Je ne veux pas donner l'impression de me plaindre de l'être trop ou pas assez ; à mes yeux, je ne suis pas grand-chose en comparaison d'autres personnes, de vraies stars, de personnalités dont je n'envie pas la place pour autant. Non, ce n'est qu'un constat. Je ne suis pas célèbre. Je suis un fils de encore trop assimilé aux autres membres de sa famille, je contribue au folklore de la royauté anglaise, je suis un homme qui dirige quelques journalistes dans l'ombre, et deux heures par jour, je joue les animateurs radio. On peut m'attribuer de l'influence grâce à mon métier et mes parents, mais je ne pense pas qu'un australien sur trois connaisse vraiment mon nom ou ce que je fais malgré quelques apparitions dans les tabloids, et cette proportion diminue encore plus à l'échelle mondiale. « Disons plutôt populaire. » j'ajoute avec un léger sourire. Et cela vaut surtout pour les hautes sphères de la société. On dira que, comme toujours, je suis réducteur envers moi-même. Difficile de me faire voir ce que je vaut vraiment. Je n'arrive d'ailleurs toujours pas à me persuader que je serai un bon père, ne me voyant que comme le type qui passe une heure le soir qui donne un toit. Joanne demande si je songe à prendre un congé paternité, et je prends à peine le temps de réfléchir à l'idée à laquelle je n'avais pourtant jamais songé. Tout arrêter à ce moment précis ? Pas sûr que ma carrière apprécie. « Je n'en sais rien. Je ne pense pas. Ca risque d'être délicat. » Je n'en dis pas plus, je n'ai pas envie de m'enfoncer dans le débat. J'y réfléchirai quand je serai moins fatigué -un nouveau dossier qui s'ajoute à la pile, juste à côté de la date du mariage. Les rituels habituels reprennent leurs cours après cette courte discussion. C'est dans un silence total que nos dînons. Pas un mot d'échangé, pour le plus grand bonheur de mes oreilles qui apprécient grandement un tel calme. Mais quand je pose enfin mon regard sur Joanne, je sens bien que quelque chose ne va pas. Quelque chose cloche dans le prétendu bonheur que nous voulons nous persuader d'avoir. « Est-ce que… tu les as lu ? Les journaux de Dan et Lucy. » je demande finalement pour briser le silence qui se fait de plus en plus lourd et étrange. D'ailleurs, cette question semble tomber comme un cheveu sur la soupe, là, de nulle part, juste pour briser le malaise -mais en créant un encore plus grand tant cela est évident. Notre relation n'est plus la même, et c'est désolant. Nous trouvions toujours de quoi parler le soir, même de banalités, ponctuant la discussion de petits riens. Et le silence n'était pas aussi pesant. Le silence était un dialogue en soi. Aujourd'hui, il rappelle le gouffre qui s'est creusé, un grand fossé dans lequel règne un courant d'air froid, malgré tous nos efforts depuis des semaines pour remédier à cela. J'ai peur que ce vide reste à jamais, que la blessure ne se ferme pas, et que le mal que Joanne nous a infligé est irrémédiable. J'ai peur que nous restions bloqués dans une relation qui ne nous convient pas juste parce qu'il y a notre fils pour former un fragile pont entre nous qui nous garde liés, et notre volonté de le rendre heureux formant de maigres fortifications. J'ai peur d'à peu près tout, moi qui ne voyait ma vie colorée que grâce à la présence de Joanne. Aujourd'hui, je ne vois que des nuages bas et gris, et l'orage menaçant à tout instant. A cette pensée, ma main glisse vers celle de la jeune femme à la recherche d'un contact tendre. Je la prends délicatement, comme osant à peine la toucher, et porte ses longs doigts fins jusqu'à ma bouche afin de déposer un baiser dessus. Je frôle à peine sa peau, du bout des lèvres, et ma caresse ne ressemble qu'à un vague courant d'air pourtant débordant d'amour, mais qui n'ose pas se poser sur elle. J'ouvre sa main et la pose sur ma joue. Yeux fermés, je laisse la chaleur émanant de sa paume irradier dans ma tête, j'inspire jusqu'au fond de mes poumons cette présence qui me fait autant de mal que de bien. Mes lèvres déposent de nouveau un fin baiser au creux de cette main dont le simple contact accélère mon rythme cardiaque. Je ne compte plus les semaines qui nous séparent de la dernière fois où nous avons fait l'amour. Et, c'est sûrement idiot, mais j'ai l'impression de ne plus savoir lui dire que je l'aime. Je ne sais pas comment faire comprendre que je l'aime malgré tout.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Elle se sentait tellement bête d'avoir cru une seule seconde qu'il prendre une ou deux semaines de congés pour profiter des premiers jours de vie de son enfant, et se considérer enfin comme une famille. Ce pincement au coeur ne fit que s'accentuer. Elle avait beau être enceinte, à nouveau fiancée, bien au fond d'elle même, Joanne n'était pas si heureuse que ça. Elle avait tout ce dont elle aurait pu désirer, et il y avait ce quelque chose, qui n'avait pas vraiment de nom, qui ne faisait que de l'ombre à leur relation, et à la supposée bonne ambiance de cette maisonnée. Et tous les soirs, c'était le même rituel. Le dîner, de très brefs échanges, et ils allaient au lit, tous les deux épuisés pour leurs propres raisons. Joanne n'avait rien dit à ce sujet, ne voulant pas que cela se termine sur une énième dispute. Elle maudissait sa stupidité et sa naïveté. Bien sûr, cela aurait été bien trop beau. Elle montrait qu'elle avait bien compris le message en un très léger signe de tête. Ils étaient ensuite tous les deux rentrés et s'étaient mis à table pour manger, dans le plus grand silence. On entendait presque les mouches voler. Les assiettes se vidaient, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de bruit de couverts pour perturber ce silence qui savait si bien s'imposer et de faire de cette atmosphère un élément lourd, pesant. Un endroit dans lequel on ne se sentait pas à l'aise, comme lorsque l'on n'est pas la bienvenue, lorsque l'on n'est pas chez soi. Parce que c'était toujours un petit peu le cas, au fond. La maison n'avait absolument pas changé. Pour Joanne, ce lieu restait à Jamie, ce n'était pas le leur. Joanne se demandait ce qui était en train de se passer dans leur couple. Elle se persuadait que les sentiments étaient encore bien là, qu'il y avait tout pour qu'ils se retrouvent, mais rien n'y faisait. Quelque chose clochait, et elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Tout ce dont elle était persuadée, c'était que tout était de sa faute, encore une fois. Et que tout ce qu'elle pouvait faire était se taire, subir, et espérer que le temps qui passe veuille bien panser ces blessures béantes ou remplir le ravin qui ne faisait que grandir jour après jour entre eux. Perdue dans ses pensées, elle sursauté légèrement lorsque Jamie frôla sa main avec la sienne. Silencieuse, elle observait en se laissant faire. Ses lèvres touchèrent à peine ses doigts, comme si elles ne pouvaient pas être en plein contact avec eux, comme s'il en était incapable. Ne comprenant pas trop ce qu'il cherchait à faire, elle sentit son coeur s'accélérer dans sa poitrine alors qu'il appuya sa joue contre sa paume, s'imprégnant de sa chaleur. Joanne regardait toujours, muette. Il l'embrassait une nouvelle fois. Elle ne savait que penser de ce gesste. S'il les pensait vraiment ou s'il s'y obligeait pour qu'ils semblent être un couple normal. Peu bavard, mais normal. Elle se demandait à quel moment remontait leurs derniers instants intimes. Même les plus simples, juste quelques caresses, ou un baiser langoureux, ou un bain ensemble. Pas nécessairement coucher ensemble. Mais juste ces petites gestes d'amour de tous les jours qui permettaient d'avouer ses sentiments à l'autre sans passer par le sexe. Il y avait tout ça aussi, qui manquait cruellement dans leur couple depuis toutes ces semaines. Elle ne se rappelait même plus la dernière fois où il avait pu la voir nue. Ce moment de tendresse était agréable, mais quelque part, cela la blessait, au point d'en devenir insupportable. Tout était si étrange, peu naturel. Joanne cherchait toujours ce détail qui dérangeait tout, mais elle n'y parvenait pas. Et cela perturbait le cours de ses pensées, faussait ses songes, au point de se demander si finalement il n'avait que l'intérêt pour elle juste parce qu'elle portait son fils. Des pensées tout aussi idiotes que ravageuses, mais tout concordait parfaitement sans son esprit. Ces petites pièces de ce puzzle qu'elle se créait en se basant sur ses faits, et qui créait en elle ce véritable fiasco destructeur dont elle perdait totalement le contrôle. Tout le monde savait à quel point son imagination la tirait vers le bas. Ou peut-être que ce n'était pas son imagination. D'elle-même, elle lui caressa tendrement la joue, sans trop savoir si elle avait le droit de faire davantage. "Je devrais débarrasser la table." dit-elle tout bas, d'une voix involontairement tremblante, trouvant là le seul échappatoire d'un instant dont elle ne comprenait plus le sens. Elle se leva furtivement, rompant le contact qu'elle avait avec son fiancé, et mit machinalement assiettes et couverts dans le lave-vaisselle. Tout aurait été parfait si, au moment où elle avait fini, il était l'heure de se coucher. Mais en regardant l'heure sur son portable, il était bien trop tôt pour songer tout naturellement à commencer sa nuit. Et le silence, porteur de ce malaise constant, prit un malin plaisir à reprendre sa place dans la maison, dans leur couple.
Malgré mes gestes affectueux, mes tentatives de tendresse, il demeure une distance qui me torture. Joanne semble accepter à moitié l'affection que je tente de mettre dans ces timides caresses. Sur le moment, je le prends comme un rejet. Je sais que c'est peu, je sais que c'est maladroit, mais je fais de mon mieux, à cet instant précis, pour lui dire ces mots d'amour muets que je sais d'habitude si bien manier. Sous les draps, ce langage n'a pas de secrets pour moi. En dehors, ce sont d'autres codes que je ne maîtrise pas ou peu. La jeune femme me comprend toujours normalement. Elle saisit le sens de mes gestes, de mes caresses, elle connaît leur signification, décryptant des messages tendres qui lui sont adressés à elle seule. Cette fois, elle ne semble pas à même de déchiffrer mes timides baisers. Elle n'entend pas mes mots. Ce que j'espérais être une ouverture à une discussion silencieuse de caresses, de regards, de baisers teintés d'amour n'est finalement qu'un dialogue de sourds. Sentir sa main qui m'échappe me brise le coeur. C'est le couperet qui s’abat sur moi et me blesse de nouveau. Une petite coupure à côté de toutes les autres. A côté de la longue cicatrice encore rougie, celle du couteau qu'elle m'a planté dans le dos le jour où elle a rendu sa bague. Contrarié par son geste, sa fuite, je prends une longue inspiration pour calmer ma frustration face à son rejet. J'entrouvre mon coeur avec sincérité, et elle n'en veut pas. Paralysée, je la laisse débarrasser la table sans bouger, essayant de sentir encore un peu de la chaleur de sa main sur ma joue. Le regard dans le vague, je devine la silhouette de la jeune femme dans le coin de mon œil, faisant les allers et retours de la table à la cuisine pour y déposer la vaisselle. La fatigue est un bon conducteur pour la colère. Mon rythme cardiaque s'accélère de nouveau, mais tape cette fois comme les tambours donnant le pas aux légionnaires, lourd et dur. Je respire encore une fois. A croire qu'une nouvelle émotion me traverse à chaque souffle. A ce moment, je regrette le temps où je savais si bien cloîtrer mon coeur dans une boîte croulant sous les verrous au fond d'une pièce bien dissimulée dans mon fort intérieur. Si seulement je pouvais de nouveau débrancher tous les fils qui me relient à ces sentiments, ils savent me faire si mal. Enfin je me lève de ma chaise et quitte la table. Pendant une seconde de flottement, je ne sais pas si j'emprunte le chemin de droite, vers l'escalier, l'étage, la chambre, le lit, la nuit, la paix et l'oubli. Ou si je vais à gauche, rejoignant Joanne dans la cuisine pour tenter, de nouveau, d'abaisser les barrières des deux côtés et obtenir ne serais-ce que quelques minutes d'un moment de couple aimant, un aperçu de ce qu'il reste de nous et qui est la raison pour laquelle nous sommes toujours ensemble à nous battre pour le retrouver. Je réunis de nouveau mon maigre courage pour m'approcher de la jeune femme. Je me place dans son dos, nerveux et un brin tremblant. Mes mains se posent sur ses hanches, délicatement, et la tirent légèrement vers moi, osant ainsi appliquer son corps contre le mien. Je dépose un baiser au sommet de sa tête, puis glisse le long de ses mèches blondes sur le bord de son visage, joue contre joue. Plus bas, je me niche au creux de son cou. J'hume son parfum, toujours aussi agréable, et l'embrasse à la naissance de ses épaules. Mes baisers ponctuent sa peau pâle le long de la courbe de son cou jusqu'à la mâchoire. Chacun est doux, appliqué, délicatement appuyé durant de longues secondes, mes lèvres épousant ainsi sa peau dans le moindre détail. Arrivé à son oreille, je cherche quoi dire. Quels mots mettre sur mes émotions, qu'elle phrase tendre prononcer qui ne soit pas qu'un banal ''je t'aime''. Ma respiration est tremblante, mes mains moites, et les battements de mon coeur assourdissants. Je reste silencieux, paralysé, et ne dit finalement rien. Je dépose un baiser sur sa joue, puis mes mains quittent ses hanches. « Je suis censé être quelqu'un qui sait manier les mots. Mais je ne suis pas capable de te dire à quel point je t'aime. Je suis désolé. » Ma voix est serrée, basse, inaudible. Mon coeur est serré, toujours plus serré. Je suis certainement le seul à pouvoir débloquer la situation, et je ne sais absolument pas comment faire. Tout fait encore bien trop mal.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Peut-être n'était-ce pas la bonne décision, de s'éloigner de lui alors qu'il tentait une approche physique entre eux. La dernière fois qu'ils s'étaient touchés ainsi remontait à une éternité, et Joanne ne savait plus comment interpréter ces mots qu'elle connaissait un jour par coeur. Ils étaient certes limités dans leur manière d'exprimer les choses. Peut-être qu'il n'y avait pas l'envie de coucher ensemble, avec l'accumulutation de fatigue et cette rancoeur permanente que Joanne s'infligeait quotidiennement. Elle n'avait pas le coeur à cela, à prétendre que leur couple si parfait allait très bien. Parce que ce n'était tout simplement pas le cas. Voilà qu'elle n'avait plus de quoi occuper ses mains. Chaque seconde lui semblait être une éternité, et elle ne se trouvait plus d'excuse pour s'occuper, faire autre chose que rester plantée là et ne rien faire. Parce qu'elle ne savait plus quoi faire, si ce n'était d'accepter ses excuses devenues quotidiennes, préparer à manger, et prétendre. Toujours prétendre. Joanne restait figée dans ses pensées, elle n'avait que ça à faire. Elle entendit la chaise se mouvoir, et supposa qu'il allait se coucher. Et la journée serait ainsi terminée. Mais les pas s'approchaient doucement d'elle et elle vit Jamie finir par se retrouver face à elle. Ne comprenant pas ce qu'il avait l'intention de faire, elle restait perplexe et muette. Peut-être qu'il voulait mettre à plat les choses, se rendre à l'évidence. Elle n'en savait rien. Il déposa nerveusement ses mains sur ses hanches, l'incitant à se rapprocher d'elle, leur corps retrouvant un contact. Même ça, cela faisait longtemps que ça ne s'était pas produit. Et Joanne tremblait également, comme s'il s'agissait d'une première fois. Il l'embrassa, avant de laisser glisser son visage le long du sien, lentement. Joanne fermait les yeux, retrouvant une douceur et une délicatesse qu'elle n'avait plus connu depuis bien trop longtemps. Très timidement, elle déposa ses mains sur ses bras, qu'elle fit glisser jusqu'à ses épaules, puis son cou, alors que Jamie logeait son visage dans le sien. La respiration de Joanne devint soudainement haletante, son coeur se mit à battre à folle allure, alors que le toucher était des plus classiques. Chaque baiser qu'il lui fit lui procura une sensation des plus agréables, accompagné d'un frisson. Ces sensations lui parurent toutes nouvelles, voire même inconnues. Ses lèvres montèrent jusqu'à son oreille, elle sentait son souffle chaud parcourir la peau de son cou. Elle attendait des mots. Elle ne savait pas lesquels, mais elle savait qu'elle adorerait les entendre de sa voix basse, dans un murmure. Mais il se résigna, finalisant ce bref épisode de tendresse par un baiser sur la joue. Joanne était encore plus perdue, ne sachant que penser, prise de court. Lui qui avait horreur d'être désolé, il l'était beaucoup ces derniers temps. La jeune femme se mit à jouer nerveusement avec ses doigts. "Ce n'est pas grave." dit-elle à voix basse, la voix un peu tremblante. Joanne ne pouvait pas dire grand chose d'autre. "Je sais que ce n'est pas facile pour toi, ce genre de choses." Elle le savait depuis le début, et pourtant. Rien que soutenir son regard était difficile. Elle pouvait encore voir cette rancoeur, peut-être même des fragments de haine à son égard. Il n'y avait qu'un pas, disait-on. Ils étaient épuisés tous les deux, tous les jours, et cela ne faisait qu’aggraver les choses. Elle l'aimait aussi, éperdument, mais il y avait ces milliers d'images qui défilaient dans sa tête et qui l'empêchaient de penser clairement. Qu'à chacun de ses baisers, elle se torturait l'esprit à savoir s'il faisait la même chose avec Hannah, ou avec Nyx. Ou même s'il allait se satisfaire avec cette dernière étant donné l'ambiance glaciale de la maison. Et que si cela avait été le cas, elle ne pourrait rien dire. Il lui rappellerait avec plaisir ce qu'elle avait fait, et que tout ce qu'elle devait faire désormais, était de se taire et subir. Comme une punition. Peut-être que c'était toute cette facette là qui bloquait une partie des choses, le fait qu'elle ne réceptionne pas tous ses messages à chaque baiser. A combien de femmes a-t-il pu parler ainsi ? Joanne avait des journées entières, seule à la maison, pour penser ce genre de choses. Il n'y avait que ces quelques visites, la correspondance avec Jon qui lui permettait d'avoir la tête hors de l'eau. Et ça, elle n'en parlait à personne, même pas à Gaby. Elle n'avait plus d'ami véritablement proche à qui se confier ainsi. Sophia était loin. Alors elle gardait tout pour elle, et se laissait ronger de l'intérieur sans avoir quoi que ce soit pour lutter. Joanne eut soudainement quelques contractions qui l'éjecta de ses pensées. C'était bref, mais très loin d'être agréable. Elle grimaça un peu et posa une main sur son ventre jusqu'à ce que ça passe. "Il y a un temps pour tout, je suppose." dit-elle tout bas une fois que les contractions étaient passées. Que pouvait-elle dire de plus ? Rien du tout. Chaque mot était pesé, mesuré, afin qu'une discussion en vole pas en éclat. Tout ne tenait étrangement qu'à un fil alors qu'ils s'aimaient. Joanne se risqua à son tour, en s'approchant nerveusement de lui, sans parvenir à échanger un regard. Elle ne leva sa tête que pour l'embrasser tendrement, délicatement. Ces baisers là aussi, se faisaient rares. Tout n'était que des baisers volés, basé sur les principes de base d'un couple. Le baiser dura quelques secondes, afin que tout le message d'amour soit transmis. Puis leurs lèvres se détacher, sans qu'elle ne parvienne à deviner si cela lui avait convenu ou pas, ou si c'était déjà déplacé.
Ce sentiment d'impuissance n'est pas nouveau. Cette distance, ce froid, tout cela a des airs de déjà vu. Le calque d'un souvenir que j'aurais aimé ne jamais revivre. « Tu te souviens du jour où tu es revenue de l'hôpital ? » je demande une fois les lèvres de Joanne détachées des miennes, mais restant au bord de celles-ci. Mes mains avaient saisi son visage pour prolonger le baiser qu'elle me donnait juste un peu. Juste une seconde. Mes pouces caressent ses pommettes alors que mon regard reste posé sur sa bouche entrouverte. Comme si je pouvais visualiser son souffle la traversant, se mêlant au mien, puis filant dans mes poumons pour nicher un peu plus de Joanne en moi. Me rappeler que je n'arrive pas à vivre sans elle. Elle est dans chacune de mes cellules. « Après… après ça n'était plus pareil. » je reprends. La jeune femme doit s'en souvenir aussi bien que moi. La lourdeur de l'atmosphère, le fossé se creusant de jour en jour, les silences. « Je voulais déjà te demander en mariage à ce moment là. » Je ne sais plus si je le lui ai déjà dit. Sûrement, oui. Mais cela ne peut pas faire de mal de lui rappeler que malgré la situation actuelle, je pense toujours à notre union. Je l'aime toujours plus que tout. Plus que tout. « L'air était si lourd aussi. Et nous n'avions que la nuit de notre côté. » Nous nous évitions toute la journée, mais une fois dans le lit, nous ne passions pas une seconde loin des bras de l'autre. Il y avait toujours un contact physique, n'importe lequel. « Je voulais faire ma vie avec toi, et j'avais peur que tout soit déjà fini. Que nous ne pourrions pas surmonter tout ce qu'il s'était passé. Mais on l'a fait. » Je me suis perdu dans un bar, j'ai terminé à l'hôpital, j'ai violenté celle que j'aime, elle m'a quitté, et j'ai souffert le martyre en son absence jusqu'à ce qu'elle me pardonne. Mais à la fin, nous tenions toujours debout. Ce n'est pas la première fois que nous sommes mis à genoux. « On surmontera ça aussi. Je te promets. » Même si tout est bien pire, tout est décuplé. Nous en sommes capables. J'embrasse Joanne sur le front et lâche sa main. J'hésite une seconde à m'éloigner d'elle, comme si mettre de la distance entre nous ne serait pas que physique à cet instant. Pourtant, le regard bas, je finis par faire un pas en arrière, puis deux, et une fois là, je me tourne pour traverser le salon en direction de l'escalier. Je monte les étages deux à deux, fuyant un air que je n'arrive plus à respirer. Machinalement, je me rends dans la chambre, notre chambre. Il est tôt pour aller dormir. Qu'importe. Je me change de nouveau. L'esprit ailleurs, je me perds un peu dans ces gestes pourtant naturels, je m'emmêle les pinceaux, ne sait plus trop où est le bas du haut. Quand je suis enfin changé, je passe par la salle de bains pour me mettre de l'eau sur le visage. Me rafraîchir les idées, mettre mes pensées en ordre, même si cela semble impossible. Je ne me suis jamais senti aussi perdu. Bloqué, paralysé dans un flot d'émotions contraires. Une seconde j'aime Joanne, la suivante je la déteste. Et pas moyen de sortir de ce cercle vicieux. Appuyé sur le rebord du lavabo, je vide ma tête en me concentrant uniquement sur ma respiration. Mon regard tombe sur les médicaments que je dois prendre tous les soirs. La psy non plus ne sait pas quoi me dire pour que je débloque la situation avec Joanne. Je fais du sur place, voilà tout. Je cours dans les sables mouvants et m'enlise de plus en plus. La silhouette de la jeune femme apparaît finalement dans le miroir. J'attrape les cachets, comme si de rien n'était, et les avale avec un peu d'eau. La savoir dans la pièce d'à côté me coince dans celle-ci pendant quelques secondes. Je réunis un peu de volonté pour me rendre dans la chambre.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Difficile d'oublier l'état de leur relation après le séjour de Joanne à l'hôpital. Encore moins de se rappeler jusqu'où ce malaise a pu aboutir. Et c'était la première chose qu'il mentionna lorsque le baiser prit fin. C'était donc ça, ce que ce baiser lui rappelait ? L'une des pires phases de leur vie de couple ? Deterrée, elle restait muette, le regard perdu. Elle l'écoutait sans que ce ne soit vraiment le cas, sentant son coeur être dans un étau qui se serrait de plus en plus. La jeune femme ignorait qu'il comptait déjà la demander en mariage à cette période là. Cela lui semblait si lointain. Comme si des années venaient de s'écouler. Il était vrai que leur relation avait alors atteint le summum de l'étrangeté, en s'ignorant le jour, et en se haïssant la nuit. Mais là, il faisait encore l'amour. Cette fois-ci, la nuit n'était pas vraiment avec eux. Avec les insomnies de l'une, et le sommeil de l'autre, il était compliqué de trouver un terrain d'entente. Elle avait bien fini par lui donner son pardon, son éloignement de trois semaines lui avait été plus que nécessaire, sans parler de l'avortement. Jamie semblait sûr de lui en disant qu'ils étaient capables de surmonter cette épreuve là aussi. Elle avait plus l'impression qu'ils fonçaient juste droit dans le mur. Le bel homme allait même jusqu'à en faire une promesse. Et toute personne connaissant bien Jamie savait qu'il ne prenait jamais les promesses à la lègère, qu'il y attachait énormément de valeurs, que cela tournait presque au sacré. Et pourtant, son corps exprimait physiquement ce qu'il prétendait penser. En s'éloignant d'elle après lui avoir succinctement embrassé le front. Et Joanne le regarda partir sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit. Que pouvait-elle donc faire ? Elle sentait son coeur qui s'asséchait et s'effriter peu à peu. A chacun de ses mots, il y avait une nouvelle craquelure, et plus une goutte de sang qui était là pour le raviver. Elle souffrait, elle souffrait énormément, ayant la fâcheuse impression que tout ce qu'elle avait pu faire pour tenter de restaurer leur couple n'avait servi à rien. Qu'au final, ce n'était qu'un accord de principe pour faire joli sur le papier, et rien d'autre. Où les sentiments s'étaient-ils donc cacher ? Parce qu'elle ne les voyait plus. A vrai dire, elle ne voyait plus rien. Elle aurait très certainement pleuré à ce moment là, mais aucune larme ne vint faire briller ses iris bleus, tristes et vides de tout. Joanne était si triste, elle était si malheureuse. Elle restait pétrifiée de longues minutes avant de songer à faire quelque chose de ses quatre membres. La seule chose qui lui vint en tête était d'aller se coucher, elle n'avait de toute façon rien de mieux à faire. En montant les escaliers, elle se demanda même si ce n'était pas mieux qu'elle dorme ailleurs. Ils avaient momentanément déplacé le lit de la chambre d'amis dans l'ancien atelier, elle pourrait très bien aller là. Mais s'il fallait prétendre, autant prétendre jusqu'au bout, et dormir ensemble. Ils surmonteraient ça, disait-il. Par contre, Jamie était vraisemblablement incapable de rester dans la même pièce qu'elle. Joanne avait l'impresssion d'être porteuse de la peste, où autre maladie qui écoeurait et apeurait tout le monde, même l'être le plus cher. Il ne tarda pas à sortir de la salle de bains, sous le regard vide de Joanne. Machinalement, elle retira ses vêtement pour enfiler un t-shirt et un pantalon de pyjama. Elle ne voulait même plus se regarder dans le miroir. Elle avait peur de se coucher, de s'endormir et de savoir que le lendemain serait identique à celui-ci. Des promesses dans le vent et un regard à peine échangé. Elle avait peut de ne pas s'endormir, et de laisser torturer par toutes ses pensées dévastatrices, jusqu'à tomber dans un puit sans fond. Joanne avait peur de tout et ne pouvait signaler sa détresse à personne. Elle se sentait horriblement seule. C'est avec une boule à l'estomac, un noeud à la gorge et le coeur toujours dans le même état qu'elle se rendit dans la chambre. Jamie était déjà allongé de son côté, elle allait directement du sien, s'allongeant sur le côté, dos à lui. C'était la seule position avec laquelle elle pouvait dormir, elle ne supportait plus dormir sur le dos, et c'était fortement déconseillé par son médecin. Son regard restait figé sur l'heure. Les secondes faisaient à elles seules des années, c'en était interminable. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée éveillée ainsi. A tout ressasser, à tout supposer. Mais soudainement, les larmes décidèrent de monter d'elles-mêmes. Joanne plaqua l'une de ses mains sur sa bouche pour étouffer ses sanglots et ainsi ne pas réveiller, tandis que son visage était crispé au possible. Pour une fois que ce n'était pas le bébé qui l'empêchait de dormir.