A peine je sortais du bureau du patron que j’étais rouge de rage. Non contre lui évidemment, mais contre mon équipe. Parce que à cause d’eux j’ai été incapable de donner notre projet dans les temps à la société. Pour le coup, c’est donc moi qui me prend tout et qui ait intérêt à mieux motiver mes troupes, sinon on aurait tous une sentence digne de ce nom. Parfois je me demande si on se trouve vraiment dans une société de jeux vidéo. Vraiment. Toute cette pression, oui je l’aime, mais quand ça me retombe dessus alors que je n’ai que des subordonnés incapables de faire un travail correct dans les temps, là, cette pression je la déteste. Je suis d’accord que je suis déjà en temps général une garce avec eux, mais là le monstre perché sur ses talons débarque et ça va chier. Je passais alors très rapidement devant eux, pour leur montrer que j’étais bien remontée et qu’ils allaient souffrir, sans prendre le temps de les regarder et gueulais de façon bien audible Khadji !! Dans mon bureau !! Tout de suite ! Les chuchotements terrorisés et soulagés parvinrent à mes oreilles et au moment où je m’apprêtais à refermer la porte derrière moi, je me retournais pour bien leur dire Et tout le monde y passera ! Parce qu’il fallait que je déverse toute ma colère sur eux, c’est de leur faute si nous ne sommes pas dans les temps et j’ai pour objectif de leur mener encore plus la vie dure. Par conséquent, évidemment qu’ils allaient faire des tonnes d’heures supp. Je m’installais à mon bureau, me préoccupant à peine si M. Khadji était rentré à son tour et sortis ma flasque de gin de mon tiroir pour en boire une grosse gorgée qui me piqua violemment la gorge. Merde, sans les glaçons c’est vraiment dur à boire, mais là, j’en ai trop besoin. J’en reprend une autre pour finalement souffler un peu avant la tempête pour pouvoir être capable de parler correctement sans trop de débordement. Asseyez-vous. Disais-je sèchement à Sohan pour qu’on puisse commencer le remontage de bretelle intensif.
Rebecca Priest avait été appelé au bureau du grand patron et autant vous dire que ça n'annonçait rien de bon. Elle avait beau bien présenter, avec ses jolies boucles blonde, son rouge à lèvre nickel et ses chaussures à talons... Elle avait prit le malin plaisir de me mener la vie dure depuis mon arrivé chez Witch Beam. Je persistais tout de même à garder ma place dans cette entreprise de jeu vidéo. Toute l'équipe était en train de trembler sur leur chaise de bureau, derrière les ordi en voyant Priest partir pour le bureau du grand patron... On allait se prendre l'une de ces gueulantes ! Tout le monde piaillait dans tous les coins, une sorte de cohésion de groupe se créait, et sûrement une manifestation... Trop de pression tu la pression comme on dit et on avait beau être un temps soit peu à la masse en ce moment et ne pas avoir réussi à rendre le projet en temps et en heure mais, ils avaient changé leurs exigences en permanences, nous ne sommes pas des machines ! Mais quand le résonnement de ses talons claquant sur le sol se firent entendre, tout le monde retourna à sa place et plus aucun bruit ne se fit entendre. Elle passa comme une furie sur l'allée centrale départageant les postes de travail et alors qu'elle avait ouverte la porte de son bureau, elle s'arrêta et cria : « Khadji !! Dans mon bureau !! Tout de suite ! » Il y eu un effet de sursaut pour tout le monde et il ont tous tournés la tête vers moi. A ce moment, je ne savais pas si je devais me faire dessus ou partir en courant loin, très loin d'ici. En tout cas, j'allais me faire engueuler et tout le monde serait au courant, les murs son fins... Alors qu'elle entra dans son bureau, on entendit un dernier cri : « Et tout le monde y passera ! » Et là ce fut des tremblements générales et des lunettes qui se réajustèrent avant de se remettre à pianoter sur le clavier une fois la porte du bureau de Priest fermée. Je me leva de ma chaise ôta mes lunettes et les mis sur le haut de mon crâne avant de réajuster ma veste sombre et me diriger vers la porte de la furie en talons. Mon dieu j'allais prendre chère ! Je frappa légèrement à la porte avant de rentrer dans le bureau et fermer la porte derrière moi. Je tremblais légèrement, quoi que après tout, si elle me virait, je n'aurais plus à me lever tôt le matin pour programmer ses foutus jeux vidéos ! Je la vis sortir une flasque de son bureau et d'en boire une gorgée. Très professionnel tout ça, bourré au travail... Elle devait vraiment s'être fait remonter les bretelles, quelque chose de bien. Elle lâcha sa flasque et me regarda. « Asseyez-vous. » Je sursauta encore légèrement avant de venir discrètement me poster sur le fauteuil en face de Rebecca, de l'autre côté de son bureau. S'en était fini pour moi.. Je ne savais pas bien ce qu'elle allait bien pouvoir me dire, je suis certes un peu à la bourre dans mon travail mais je ne sais pas être concentrée sur le codage plus de deux heures, j'ai besoin de faire de petites pauses détentes... Ouais, je sais, c'est mal, mais bon, je voulais être opérationnel... « Je sais ce que vous allez dire, mais qu'on se le dise, nous ne sommes pas les seuls fautifs. Si vous ne changiez d'avis en permanence nous aurions peut-être pu réussir de rendre l prototype à temps. » Du culot. Voilà tout ce que j'avais. Après tout, c'était soit ça, soit je baisse les yeux et me laisse me faire rabaisser comme jamais. Alors non, je ne veux pas être l'un de ces crétins qu'on puisse manipuler comme ça. Je me laisserais pas faire.
Je rangeais bien comme il fallait ma flasque dans mon tiroir, ne voulant pas être davantage tentée par le délicieux effet du gin, ne voulant pas non plus perdre trop mes moyens pendant que je ferais la leçon à mes petits subordonnés bon à rien. Je n’ai jamais été bourré au boulot et ça ne commencera pas aujourd’hui, malgré les désagréments que j’avais pu subir. Et ils pouvaient être tous sûr qu’ils allaient également en faire les frais. C’est ce qu’on appelle une équipe, tout le monde partage. Mais avant que je ne puisse en placer une, vu que je prenais exprès mon temps, voilà que Khadji se mit à la ramener, et dans les règles de l’art, dans les siennes. Je gardais mon sourire mesquin en coin, l’écoutant patiemment mais agacée, qu’il eut terminé sa tirade culottée. Vous m’accusez ou je rêve Khadji ?! Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi je changeais parfois d’avis ? Pourquoi je vous fais faire sans arrêt des modifications ? Parce que ça ne va pas ! Rien ne va ! Il faut toujours que je vous chaperonne, vous n’avez aucune autonomie, aucune anticipation, faut toujours faire tout pour vous ! Lâchais-je très agacée et énervée, sans pour autant me mettre à gueuler. Seulement à mon ton de voix, il était plus qu’évident que ce développeur pourtant doué, n’en fais que bien trop à sa tête. Je ne compte virer personne, du moins pour l’instant, mais si je devais en passer par là, je ne me gênerais pas. Mais il est hors de question pour l’instant que je fasse leur boulot à leur place. Ils allaient devoir redoubler d’efforts, s’ils ne voulaient pas encore faire des heures supplémentaires non payées. Parce qu’à un moment donné, faut arrêter de leur donner ce genre de faveur. En général, je leur fais compter en heures complémentaires, c’est déjà bien assez suffisant.
Je tremblais légèrement assis sur la chaise en face de cette patronne, qui bien que blonde et coquette, n'était pas aussi gentille qu'elle le semblait. Mais il ne fallait pas que je me taise, pas que je m'écrase encore une fois... Alors j'avais serré les accoudoirs de la chaise où je m'étais posée pour me donner un minimum de courage pour affronter cette furie. Entre collègues on avait le don de l'appeler 'le tiran', parce qu'elle ne mâchait pas ses mots et ne nous épargnait pas non plus... Mais quand je la vit ranger sa petite flasque, j'eus un sourire intérieur, voilà qu'on la faisait boire, elle si sérieuse, j'aimerais bien la voire se ramener au boulot avec un bon coup dans le nez... Faut bien décompresser des fois... « Vous m’accusez ou je rêve Khadji ?! Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi je changeais parfois d’avis ? Pourquoi je vous fais faire sans arrêt des modifications ? Parce que ça ne va pas ! Rien ne va ! Il faut toujours que je vous chaperonne, vous n’avez aucune autonomie, aucune anticipation, faut toujours faire tout pour vous ! » Je planta mon regard dans le sien, sans vergogne, je lui tenait le regard et n'avait pas l'intention de le baisser. Parce qu'elle avait beau me dire que tout cela était de notre faute, je continuais à penser que non, j'avais horreur de travailler sous pression, autant dire que j'en faisais moins quand on me poussait au cul. Je suis de nature plutôt enfantine et surtout tête à claque. J'avais essayé de faire des efforts, après tout, ce n'était qu'un métier, pas un passe temps, je n'étais pas forcé d'aimer ce que je faisais, mais il faut que je le fasse, et sans broncher, mais autant dire que c'était plutôt compliqué... « Veuillez excuser mon insubordination mais, je ne suis pas du tout d'accord avec vous. Je sais ce que j'ai à faire, mais j'aime bien faire les choses même si cela dit 'prendre son temps'. Je ne suis donc pas la machine que vous voudriez que je sois, j'en suis navré, mais vous avez toujours le choix de me faire prendre la porte. Pour une fois, je me la fermerais.. » Elle me connaissais depuis le temps qu'on travaillait dans le même pôle, pourtant on se prenait toujours autant la tête. On aurait pu réussir à travailler main dans la main mais, on dirait que non... Nous avions dû faire des efforts chacun mais pas au même moment, ce qui est assez embêtant. « Mais si vous voulez qu'on vous respect un peu plus, peut-être que siroter dans votre flasque dans votre bureau n'est pas la solution. » Je n'aurais jamais dû dire ça. Définitivement. Si là elle me renvoyait pas je ne comprenait pas, parce qu'autant dire que si j'étais à sa place je m'aurais viré avec conviction et sûrement un peu de méchanceté...
Il tenait mon regard, et c’était bien pour lui. Je ne supporte pas les lâches qui baissent les bras ou les yeux au moindre petit affrontement ou problème. J’ai besoin de personnes fortes et ambitieuses dans mon équipe, pas de chiffe molle, et quoi qu’il en pense, j’apprécie le fait qu’on se rebelle contre moi. Ca me permet de me défouler et de savoir le réel problème pour ainsi mieux le gérer et l’arranger. Hors ils ont toujours tellement peur de moi que c’en est désespérant, mais ce qui me prouve que je ne peux pas être autrement avec eux. Déjà que c’est des fainéants, alors si je baisse d’un ton, on est tous cuits. Seulement pour une rare fois, M. Khadji daigne enfin me tenir tête. Oui un réel fainéant, y’a pas à dire. Je ne comptais pas le virer pour ça, de toute façon je ne suis pas habilitée à le faire. Enfin si, mais indirectement. Faire pression à mon patron, j’en suis totalement capable si une personne de mon équipe est totalement incompétente. Toujours est-il que malgré sa lenteur, Khadji reste le meilleur, après moi bien sûr, et je ne compte pas le mettre à la porte de si tôt. Seulement je m’y suis mise à y penser à deux fois lorsqu’il me sortit sa dernière petite remarque pire que mal placée. Mon regard s’est renforcé tout à coup, rempli de haine incontrôlable pour finalement lui vociférer Quand on ne sait pas de quoi on parle, on se tait. Ma flasque n’est que pour les gros moments de stress, et croyez-moi que si vous aviez affaire à M. Martial, vous feriez un coma éthylique dans l’heure. Oui bon ce n’est pas dans mes habitudes de me justifier mais c’est bien l’un des points dont je ne suis pas fière. Je n’ai rien à craindre de sa part évidemment, mais je m’étais sentie obligée de lui expliquer, à ma façon. Je me suis alors levée et lui dit Toujours est-il que je ne vous ferais pas le plaisir de vous virer Khadji. Je pourrirais encore vos journées, à vous et à vos collègues, pour que le travail soit parfaitement fait. Vous ne comprenez malheureusement que ça. Et le respect dans tout ça ? Pour moi ça n’a pas d’importance, tant que le travail est fait et qu’on me craint un tant soit peu.
Du culot. C'est tout ce dont j'avais besoins pour ne pas prendre mes jambes à mon cou fasse à son regard plutôt terrifiant qui était justifié parce que j'avais vraiment abusé. Je venais de faire allusion à la flasque qu'elle avait rangé et son comportement avec nous, j'ai bien cru que Jared allait se pisser dessus et Ally allait faire une syncope. ''Quand on ne sait pas de quoi on parle, on se tait. Ma flasque n’est que pour les gros moments de stress, et croyez-moi que si vous aviez affaire à M. Martial, vous feriez un coma éthylique dans l’heure.'' Elle était loin de savoir qu'on en avait au final tous une, ou plutôt thermos de café, paraît-il que l'on ne boit pas au boulot.. Si elle savait l'effet qu'elle nous fait... parce que certes nous ne somme jamais allez dans le bureau de M. Martial mais si il lui faisait l'effet qu'elle nous faisait, nous n'étions pas trop pressé d'y aller, si un jours nous devions... ''Mon foi est assez résistant, il a survécu à pire que le contenu d'une flasque... à mon grand malheur dois-je dire... '' Mais là j'étais en train de m'étaler et ça ne lui plairait pas. Le temps c'est de l'argent et plus de temps je passais ici et plus je ne travaillais pas sr le projet sur lequel je planchais. ''Toujours est-il que je ne vous ferais pas le plaisir de vous virer Khadji. Je pourrirais encore vos journées, à vous et à vos collègues, pour que le travail soit parfaitement fait. Vous ne comprenez malheureusement que ça.'' Eh merde. J'avais tout de même un peu espéré qu'elle me foutrais à la porte mais au final c'était pas plus mal comme ça, sinon se serait ma sœur que j'aurais sur le dos et le proprio de l'appart où je vis... Au final, je préférais trimer et me faire réprimander par ce monstre blond. ''Avouez que vous ne pouvez pas vous passer de moi...'' Tant qu'à faire, j'allais continuer dans la direction que j'avais pris. ''Enfaîte, pourquoi vous m'avez fait venir ici ? Pour me dire qu'il faut que je me bouge le cul et finisse ce foutu projet qui n'avance pas ? Je suis dessus et compte bien en faire une bonne partie aujourd'hui... '' Ou pas... En tout cas je le voulais mais vouloir et pouvoir ça ne veut pas dire la même chose.
C’est toujours un plaisir pour moi de convier mes subordonnés pour leur remonter les bretelles. Ça me permet de me défouler surtout quand mon boss me remonte les bretelles à moi aussi. Parfois je me dis que c’est bien dommage qu’il soit marié, mais parfois, je me dis, heureusement qu’il est marié que nous sommes tous les deux réglos. Comme quoi, oui, ça peut arriver parfois. Bon faut dire que mes charmes ont sûrement aidé pour que je puisse rapidement monter en grade. Mais c’est aussi parce que j’ai toujours été l’une des seules, voire même la seule faut pas le cacher, à rester bien plus longtemps au bureau pour finir mes projets. Mais je n’avais pas forcément tant de temps que cela pour taper la causette avec monsieur qui décide de se rebeller alors que je l’engueule. Mais à force on s’y habitue. Ça me désespère à chaque fois mais je n’y peux rien à vrai dire. Il a de la chance d’être doué. Sinon bien sûr que je l’aurais viré, et ce, depuis bien longtemps. J’avais donc enchaîné avec ces explications, comme quoi je ne lui ferais pas la joie de le virer. Et alors qu’il me répondait, je me levais, n’écoutant qu’à moitié ses balivernes, attendant un peu pour pouvoir le renvoyer à son poste et qu’il arrête de me pourrir les oreilles avec ses questions débiles. Je veux du résultat Khadji. Pas des jolies paroles. Retournez travailler. Lui ordonnais-je sans même prendre le temps de reposer mes yeux sur lui, et en me dirigeant vers la porte pour l’ouvrir et gueuler le nom de ma prochaine victime.
J'étais bon pour faire toutes les sales tâches ingrates que personnes voulait faire... Je l'avais cherché mais je préférais ça plutôt que me taire, je ne serais pas un suiveur, un pauvre cobaye qui fait ce qu'on lui dit et qui la ferme. Je ne serais ce gars qui ne pense plus par lui-même et qui se contente d'être un gentil toutou. Non, nous avons le droit à la libre expression, même si parfois on ne dirait pas.. Je savais pertinemment qu'elle avait besoins de moi dans son équipe pour qu'elle ne se fasse pas jusqu'à virer. Mais Rebecca avait continué son baratin d'explications foireuses qui en gros rîmes à ce que je dois me bouger le cul et rendre mes dossiers à l'heure sans me plaindre constamment. Je crois que je n'arriverais à tenir aucun de ces points... Elle c'était levée et m'avait regardé de son regard hautain et méprisant. Y'avait deux situations, soit elle allait me tirer par les oreilles et me sortait de son bureau à coup de pieds dans le cul ou soit elle me ferait un petit sourire des plus faux et me diras gentiment de parler, ah mins qu'elle me fasse l'amour torridement, mais ça c'est juste un fantasme horrible de l'employer qui veut se taper sa patronne sur son bureau... '' Je veux du résultat Khadji. Pas des jolies paroles. Retournez travailler. '' Elle n'avait même pas daigné posé les yeux sur moi en disant ça, trop occupée à ouvrir la porte et crier le nom d'un de mes collègues. Je me leva donc de la chaise et lui passa à côté pour retourner à mon bureau, c'est presque ce je l'insulte à son niveau... Non, je n'oserais pas, je ne suis pas ce genre de personne, mon adolescence rebelle est passée...