Il est déjà bien midi passé lorsqu'Ezra ouvre les yeux pour de bon, en cette journée de semaine. Quand il était rentré chez lui, la veille au soir, il ne s'était pas senti spécialement dans son assiette et avait décidé de prendre une journée de repos le lendemain. En ce moment, plus le temps passait et plus il s’octroyait des journées de repos. Lui qui adorait son métier et qui pourrait y passer des semaines et des semaines sans prendre de vacances, il n’y arrivait plus autant en ce moment. Ce n’était pas difficile de savoir pourquoi, c’était depuis cette fameuse visite qu’il avait perdu un peu le goût de se lever le matin. Il passait ses journées au garage à penser, ruminer ses pensées noires dans son coin. Amelia tentait de le distraire avec des cas de voitures toujours plus extraordinaires et longs à réparer, mais rien n’y faisait. Il arrivait le matin avec une mine affreuse et repartait le soir sans le sourire. Ginny était partout dans ses pensées, tout le temps. Le pire, c’était quand les images qu’il avait de Noah lui revenaient en tête. Voir ce petit corps, si frêle, attaché à autant de tubes et de machines… Ezra s’assit d’un coup dans son lit, se passant une main sur le visage. Il fallait qu’il arrête de penser à ça, il était en train de se rendre malade. Noah allait aller mieux, ce n’était pas possible autrement. Il lui fallait juste du temps - et un donneur de rein; Ezra refusait d’ailleurs toujours de croire qu’il pourrait être un donneur compatible et qu’il pouvait le sauver, pour lui ce n’était pas possible et seul un étranger pourrait lui sauver la vie. Se lever et aller prendre une douche était sûrement la meilleure chose à faire pour le moment, il ne pouvait pas rester là dans son lit toute la journée à ne rien faire, ce n’était pas possible. Un coup de rasoir sur la barbe ne ferait pas de mal non plus, d’ailleurs - depuis combien de temps ne s’était-il pas rasé ? Ezra n’en savait rien, les jours passaient trop rapidement et trop lentement à la fois pour qu’il y porte une réelle attention. Il venait d’ailleurs de finir d’étaler la mousse à raser tout autour de son visage lorsque la sonnette de l’appartement retentit. Il ne put s’empêcher un soupire, posant le rasoir et attachant rapidement une serviette autour de sa taille. Il descendit les escaliers les jambes lourdes pour venir ouvrir la porte. Et alors qu’il réalisait que c’était Liv, sa - future ex ? - belle-soeur qui se tenait sur le pas de la porte, sourire aux lèvres, Ezra se rappela qu’il n’était pas du tout dans une tenue adéquate pour la recevoir, et qu’en plus il ressemblait au père-noël en ce moment même avec sa mousse à raser partout. « Salut Ezra, je ne te dérange pas ? » « Salut Liv… Non, presque pas, je te laisse entrer et faire comme chez toi le temps que j’aille enfiler une tenue plus correcte, d’accord ? » Il fit un sourire à moitié gêné avant de remonter rapidement dans la salle de bain enlever la mousse à raser - tant pis pour la barbe de quelques jours, il lui ferait sa fête une autre fois - et enfiler rapidement un jogging et un t-shirt qui trainait par là. Croisant de nouveau sa tête dans un miroir, il soupira. Il fallait vraiment qu’il aille chez le coiffeur aussi, ça devenait une catastrophe ses cheveux. Il se contenta de passer rapidement une main dans sa tignasse, pour aujourd’hui ça ferait l’affaire. Il redescendit rapidement dans le salon où Liv l’attendait. « Désolé de l’attente, tu veux boire quelque-chose ? » Le jeune homme leva un sourcil en direction de Liv. Il était tellement à l’ouest qu’il n’avait pas réussi à comprendre jusque là que le fait que sa belle soeur vienne le voir seule à son appartement n’était pas quelque-chose d’habituelle. Mais comme il avait du mal à garder les pieds sur terre en ce moment, il n’y fit pas attention et parti dans la cuisine chercher les deux boissons. Lui il se fit un café, histoire qu’il puisse tenir une conversation avec Liv car pour le moment ça allait être compliqué vu qu’il n’était pas du tout réveillé. Il eut d’ailleurs du mal à doser le café - il faudrait vraiment qu’il s’achète une machine à cafés instantanés, ça lui changerait la vie.

L’eau pour le thé était en train de bouillir lorsqu’Ezra s’attela au café. Il entendit les pas de Liv qui le rejoignait dans la cuisine alors qu’il tente de se rappeler s’il met d’habitude deux ou trois cuillers de café, chose qui lui semble primordiale en ce moment même. « Tu viens de te réveiller non ? Je vois que tu as un peut de mal a atterrir ! » Ezra relève la tête vers sa belle-soeur, tentant de comprendre tout ce qu’elle venait de lui dire. Bordel, pourquoi il avait autant de mal ? Ce n’était pas si compliqué d’être civilisé après tout, il suffisait de se concentrer sur les personnes qui étaient autour de nous. Ca faisait des mois que personne ne venait chez lui, peut-être par peur de se faire mettre à la porte ou il ne savait réellement. Liv n’avait pas hésité, elle était venue sans prévenir et était là maintenant à faire comme chez elle alors qu’il ne semblait pas à Ezra qu’elle soit déjà venue chez lui auparavant - elle n’avait peut-être simplement pas eu l’occasion, car les seuls dîners de famille qu’il y avait eu dans ce ridicule appartement étaient les anniversaires du jeunes hommes et il était souvent arrivé que la jeune femme travaille. « Euh ouais, je viens presque de me réveiller. J’ai du mal à me réveiller en tous cas,  ça se voit tant que ça. » Il fit un sourire désolé à sa belle soeur, mettant enfin son café à couler. Il lui sortit les boites de thé qu’il avait dans le placard, pour lui faire choisir un parfum, avant de le mettre à infuser. Les deux tasses furent prêtes plutôt rapidement, et Ezra les déposa sur la table de la cuisine. Il réussit à trouver une petite boite contenant des biscuit à thé, qu’il posa avec les tasses et il fit signe à Liv qu’elle pouvait s’asseoir si elle le désirait, avec un petit sourire. Et alors qu’il n’avait toujours pas eu cet éclair de génie qui aurait du lui faire comprendre que Liv devait forcément être là pour une raison, c’est elle qui reprit la parole. « Bon tu dois te demander se que je fais ici non ? » Dénichant un paquet de cigarettes se trouvant au dessus du frigo, Ezra s’arrêta dans son geste lorsque Liv prit la parole. Car maintenant qu’il y pensait - ou qu’on lui faisait y penser -, c’était vrai que ce n’était pas « normal » qu’elle soit là. Tirant un briquet également dans le paquet, il ouvrit la fenêtre de la cuisine et tira une première bouffée sur sa cigarette. Il fronça les sourcils. « Maintenant que tu le dis… Oui, qu’est-ce qui t’amène chez moi ? T’as des soucis ? Je peux t’aider ? » Ezra était au courant qu’entre Liv et Max, c’était pas joli à voir, pas joli du tout. Dans un temps plutôt proche, la jeune femme ne partagerait plus le même nom de famille que lui. Ezra ne savait pas ce qu’il s’était passé entre cette femme et son frère, mais il avait été choqué lorsque James lui avait appris la nouvelle. Il avait toujours pensé, à l’instar de Thomas et Ida, que c’était le genre de couple qui durerait toute l’éternité. Ils s’aimaient, et étaient faits pour rester ensemble. Mais apparemment, il s’était trompé et parfois même les couples qui semblent les plus parfaits aux yeux d’une personne ne sont pas forcément les couples les plus heureux. Ezra était peiné pour son frère et sa belle soeur, personne ne mérite d’avoir à faire à un divorce. Même à une simple séparation. Il n’en avait pas vécu beaucoup dans sa vie, de son côté, mais il avait assez souffert avec celle de Ginny pour savoir que ça ne valait pas le coup d’être vécue. Repenser à ça lui fit tirer une bouffée de plus sur sa cigarette, les sourcils froncés.

Le jeune homme maintenait les sourcils froncés, attendant une réponse de sa belle-soeur. Il était vrai qu'il lui avait ouvert comme si de rien n'était, comme si c'était normal qu'elle passe à cette heure là en pleine journée de semaine chez lui. Alors que non, en fait. D'ordinaire, Liv ne passait pas chez lui de la sorte, elle ne passait même pas tout court. Les fois où il la voyait, c'était lorsqu'il allait lui chez son frère ou qu'ils avaient un repas de famille. Mais sur le moment, il n'avait pas la tête à réfléchir à des choses de la sorte, alors lorsqu'il avait vu sa belle-soeur - ou plutôt sa futur ex-belle-soeur devrait-il dire - sur le pas de la porte, il n'avait pas réfléchi ni hésité et il lui avait ouvert. Alors maintenant il se sentait un peu idiot, à ne pas avoir fait le rapprochement dès le début, que quelque-chose pouvait ne pas aller pour qu’elle vienne le voir lui. « Des soucis, tel question. Oui. Mais ce n'est pas pour ça que je suis venu. J'ai une question et une révélation a te faire. De toute façon il va bien falloir que tu le sache tôt ou tard. » Alors là, pour être perdu, Ezra l’était encore plus. La réponse de Liv était explicite et floue à la fois. Elle confirmait qu’elle avait quelques soucis, mais ça Ezra aurait pu s’en douter, James l’avait mis au courant de l’histoire qui se tramait encore Liv et Maxwell. Qu’il avait été idiot de lui poser la question, c’était comme demander à quelqu’un qui pleurait si ça allait bien. Non, évidemment que non, alors dans cette situation évidemment que Liv avait des soucis. Qu’il pouvait être con sur les bords parfois. Mais en plus de cette affirmation évidente, elle lui avait dit qu’elle avait quelque-chose à lui révéler. Quelque-chose qu’Ezra aurait fini par savoir tôt ou tard. C’était à ce moment là que Liv avait perdu encore plus le jeune homme. Car il lui semblait qu’il était déjà au courant de la chose qu’elle voulait lui dire. Oui, elle et Max allaient divorcer, mais il le savait déjà. Donc il ne voyait pas pourquoi cela devait être une révélation. Tirant une nouvelle bouffée d’air cancérisé sur sa cigarette, il croisa les bras sur sa poitrine. « Je t’écoute alors. » Il était curieux. Ses neurones s’étaient en quelques sortes réveillés un peu, assez pour que cette conversation le captive. Chose rare ces derniers temps où il était plutôt souvent en train de broyer du gris - pas du noir, il n’était pas en dépression non plus. Liv eut un tic nerveux, elle se passa la main dans les cheveux. Ezra pourrait reconnaître ce tic nerveux partout où il allait puisqu’il avait plutôt tendance à l’utiliser lui aussi. Il se demandait donc de plus en plus ce qu’elle pouvait bien avoir à lui dire pour que ça la stresse autant. D’accord, ils n’étaient pas les membres de la famille les plus proches, mais ils se connaissaient quand même assez pour pouvoir se dire les choses en face sans que ça les mette dans tous leurs états. Non ? C’était ce que pensait Ezra quand il était avec Liv en tous cas. « Bon je ne vais pas tournée autour du pot. Mais... J'ai l'impression que tu as une idée totalement différente de tout le monde par rapport a ma relation avec James. Je me trompe ? » Et là, là, il y eut quelques secondes de silence où le cerveau d’Ezra ne comprit plus rien à ce qu’il se passait sous ses yeux. Il avait bien entendu ce que Liv venait de lui poser comme question, mais il lui fallut un petit temps supplémentaire pour réellement comprendre ce qu’elle venait de dire. Il ne s’attendait surtout pas à ce type de question, puisqu’il était absolument sûr qu’elle allait lui parler d’elle et de Max. Alors entendre le prénom de son frère certes, mais de James, son cerveau eut du mal à faire les connexions. Et quand il finit par les faire et qu’il comprit le réel sens de la question de sa belle-soeur, il ne put alors s’empêche de rire. Nerveusement, au début, pendant quelques secondes car cette question était déstabilisante, puis plus franchement par la suite. Il n’avait jamais pensé qu’on puisse lui poser cette question, et si elle devait être posée, il aurait pensé avoir cette conversation avec James. Mais c’était Liv qui était devant lui, et il n’était pas sûr qu’elle prenne de bon coeur son rire. Alors, entre deux hoquets de rire, il tenta d’adresser la parole à la jeune femme. « J’suis désolé… Franchement ! » Et il l’était, il ne voulait pas paraitre autant impoli devant elle, mais il ne pouvait s’empêcher de s’arrêter de rire apparemment. C’était peut-être aussi parce-que cela semblait faire des jours, voire des semaines, qu’il n’avait pas eu autant envie de rire. Et que ça faisait du bien, tout simplement. Ca faisait du bien de se laisser aller comme ça, de lâcher prise et de prendre du bon temps, tout simplement. Il ria pendant ce qu’il lui sembla une éternité - et qui s’afficha comme être quelques minutes au cadran - avant de reprendre un semblant de sérieux, assez pour continuer cette conversation allons-nous dire. Se tenant le menton d’une main, sourire traversant son visage, il regarda Liv avec sérieux cette fois ci. « Pardonnes moi de ce rire mais… Qu’est-ce qui te fait dire ça ? » Il levait un sourcil interrogateur vers la jeune femme.

Lorsqu’il réussit enfin à maîtriser son fou rire et à reprendre son sérieux pour demander à Liv qu’est-ce qui faisait qu’elle ait envie de lui poser une question pareille, Ezra l’observa attentivement pour la première fois depuis qu’elle avait passé le seuil de son appartement, quelques dizaines de minutes plus tôt. Il remarqua alors qu’elle était clairement genre par sa réaction, et il s’en voulait. Déjà, il l’avait reçu chez lui comme un voleur, il s’en apercevait maintenant qu’il commençait à sérieusement se réveiller, et en plus il la mettait mal à l’aise. Il laissa alors la fenêtre ouverte, permettant de faire entrer cette chaleur particulière de Brisbane en été, et vint s’asseoir sur la chaise d’en face de Liv. Il prit sa tasse de café au passage, qu’il avait laissé traîné sur le comptoir de la cuisine. « Ne t'excuses pas, c'est complètement con comme question je m'en rends compte ! » « Non, il n’y a pas de question con, c’est moi qui ait réagi comme un con, pardonnes moi. » Il avait toujours ce petit sourire amusé aux lèvres mais était on ne peut plus sérieux lorsqu’il s’adressait à sa belle-soeur. Il savait qu’il venait de réagir comme un idiot, mais il n’avait pu empêcher ce rire, ce fou-rire même. Alors, il voulait en savoir plus, savoir comment Liv avait pu penser à une chose pareille. Il porta sa tasse à ses lèvres, buvant une gorgée de café et se brûlant au passage, faisant mine de rien. La jeune femme ne mit pas longtemps avant de lui répondre. « Toi tout simplement. Je... Ok c'est con mais je vais aller jusqu'au bout. Au nouveau an comment tu nous regardais avec James quand tu es arrivés et du moins tout le long de la soirée vue qu'on était toujours l'un a coter de l'autre. Puis... » « Puis ? Continues, ça m’intéresse. » Il n’était pas insistant dans sa voix mais réellement juste curieux. Il ne s’était jamais posé de questions à proprement parlé sur la relation entre James et Liv, mais maintenant que cette dernière venait lui en parler, sa curiosité était piquée à vif. « Puis tu me donne l'impression de tellement douter sur la relation que j'ai avec ton frère. Que l'on soit toujours ensemble, qu'on arrive toujours en même temps au dîner de famille que je vive chez lui tout simplement. Vas y rigole, tu as le droit. » La petite moue de Liv qui suivit sa phrase laissa Ezra un peut bête. Le sujet abordé semblait délicat à la vue de la situation actuelle entre Liv et Max - car si elle habitait maintenant chez un autre Beauregard, c’était qu’elle se séparait de son mari et c’était une situation réjouissante pour personne, Ezra comprit alors qu’il n’avait jamais été réellement proche ni de Liv ni de Max, pas autant qu’avec ses autres frères en tous cas. Soupirant de compassion, Ezra sourit à Liv, même si cette dernière avait baissé le regard après avoir fini de parler. De toutes façons, Ezra était de ceux qui pensaient qu’une sourire n’était pas fait seulement pour être vu, mais aussi pour être perçu à travers le regard ou entendu dans une intonation de voix. Il savait alors que même sans regarder, Liv entendrait qu’il lui souriait. « Je ne rigolerais plus, promis, c’était idiot comme réaction mais je ne m’attendais vraiment pas à cette question. Après, maintenant que tu parles de ça, c’est vrai que je me suis déjà fait la réflexion comme quoi vous étiez souvent tous les deux, avec James. Mais Liv, je n’ai pas à juger le degré d’intimité que tu as avec mon frère, n’importe lequel de mes frères d’ailleurs, vous faites ce que vous voulez. Je sais que vous vous entendez bien et franchement, tant mieux pour vous. Je suis content que vous puissiez être là l’un pour l’autre en ce moment. » Il fit alors à son tour une petite moue, compatissante une fois de plus, baissant le regard. Il savait que sa dernière phrase faisait référence à la situation entre Liv et Max, et il espérait qu’il n’aurait pas dépassé les bornes une fois de plus dans cette même conversation - sinon il allait finir par s’afficher une pancarte « boulet » sur le front, il n’y aurait plus d’autre choix. Liv ne méritait pas qu’on ait un comportement méchant envers elle. Elle était la gentillesse incarnée, toujours prête à aider ceux qu’elle aimait. Il n’y avait qu’à voir lorsque Thomas et lui avaient eu l’accident, elle avait fait des pieds et des mains pour pouvoir être à leurs chevets et s’occuper d’eux. Ezra ne serait jamais assez reconnaissant envers sa personne pour lui faire comprendre à quel point son geste avait été noble. Mais il ne voulait pas reprendre des pensées de cette sorte, et chassa toute cette histoire en secouant légèrement la tête. Il fallait qu’il revienne sur le moment présent, celui où Liv était assise en face de lui, boire son thé alors qu’elle avait des questions à lui poser.

Ezra attendait de voir comment Liv allait réagir. Il espérait qu’il pourrait la rassurer avec sa réponse, car elle semblait mal à l’aise de lui avoir posé cette question. « Oui Ezra. C'est bon de savoir se que tu en pense quand même. On n'a jamais pu réellement parler et voilà, je sais se que tu penses maintenant je suis rassuré ! » Alors que la jeune femme souriait, Ezra ne put que faire de même en retour. Il était vrai qu’ils n’avaient jamais eu de réelles discussions comme celles-ci, malgré le temps qu’ils avaient déjà pu passer ensemble. Mais lorsque vous êtes à des grosses réunions de famille, c’est compliqué de parler avec tout le monde et longtemps, ce n’est pas réellement l’endroit pour avoir de sérieuses discussions. « En ce moment comme tu me dis, j'ai quand même de la chance de vous avoir tous auprès de moi. Même si je suis moins proche de certains que d'autre et que, jamais j'empêcherais personne d'être aussi du coter de ton frère mais... » Ezra a du mal à continuer de regarder Liv. Il savait que la fin de sa phrase pourrait laisser cette discussion arriver, et il ne le voulait pas si Liv n’était pas prête à en parler. Ce n’était pas ses oignons, après tout, même si ça concernait son frère cette histoire était beaucoup trop privée pour qu’il s’en mêle. Quoi que, ça aurait une histoire qui aurait concerné James ou Thomas, il s’en serait sûrement mêlé. Mais il n’était pas proche de Matthew comme il pouvait l’être de ses deux autres frères. C’était peut-être pour ça aussi qu’il ne posait pas de question sur la situation, ni rien de tout ça. Le regard de Liv commençait à être emprunt de tristesse et Ezra commençait à s’en vouloir, son sourire disparaissant lentement de son visage. « Il n’y a pas de parti à prendre Liv… » Il avait parlé d’une voix douce. Il voulait qu’elle comprenne que peut-être oui, c’était leur frère, mais malgré tout elle était une pièce de cette famille au même titre maintenant. « Mais la vie doit continuer maintenant. La vie doit continuer… » Il y eut un petit temps de silence pendant lequel les deux jeunes gens se regardaient sans rien dire. Liv, parce-qu’elle était bouleversée de voir ce sujet si douloureux revenir sur le tapis, Ezra parce-qu’il ne voulait plus dire de conneries pour être sûr de ne pas blesser Liv. « Je.. N'en parlons plus ! J'ai quelque chose de bien plus important a te dire, te montré. Cette révélation que je te parlais au début en plus de cette question stupide. Après vaux mieux que ça soit moi que tu l'avoue. » Ezra fronça les sourcils. La situation venait de changer du tout au tout, et il était un peu déconcerté. Oui, il se rappelait maintenu vaguement que Liv lui avait parlé d’une révélation, mais il devait avouer qu’il avait oublié en discutant avec la jeune femme. La phrase qu’elle prononça par la suite ne l’éclaira guère. « Tout le monde est au courant sauf toi et ton frangin. » « Mon frangin… Matt ? » Tout était flou pour lui, il ne comprenait absolument rien à ce qu’il se passait sous ses yeux. Liv était de nouveaux silencieuse, semblant pensante. Alors Ezra commença sérieusement à se demander ce que pouvait être cette révélation. Après tout, ces derniers temps, il en avait entendu des révélations, toutes plus différentes les unes que les autres, alors il devait avouer qu’il s’attendait à tout - mais malheureusement aussi au pire. Il espérait qu’au moins, cette révélation allait être une bonne nouvelle. Finalement, Liv finit par venir enlever sa veste. Encore plus déconcertant. Quelle révélation pourrait mériter qu’on enlève sa veste ? « J'espère que tu es bien assis Ezra. » « Tu commences à me faire peur Liv… » Il eut un petit rire pas du tout rassuré, attendant quand même sagement sur sa chaise que Liv accouche - pas littéralement, il n’aurait jamais pu savoir à ce moment là ce qu’elle était sur le point de lui dire. Liv vint alors se mettre debout, et Ezra l’observait attentivement, mais il ne trouvait aucun indice pour l’aider à comprendre la situation. Il vint alors s’adosser à sa chaise, croisant les bras sur sa poitrine. La jeune femme finit par se mettre de profil… Pour finalement venir poser sa main sur son ventre. Les sourcils d’Ezra se froncèrent d’avantage, surtout lorsqu’il put voir qu’un sourire instinctif accompagnait le visage de la jeune femme. Alors, avant même qu’elle ne parle, il comprit, parce-que ça ne pouvait pas être autre chose, parce-que maintenant ça devenait évident en la voyant comme ça. Il porta une main devant sa bouche, sur le cul. Il ne s’attendait vraiment pas à une nouvelle de la sorte, alors qu’Ida venait à peine d’accoucher et que Joanne suivrait le même chemin dans peu de temps. Il savait qu’il avait toujours eu un taux de natalité très élevé dans cette famille, mais à ce point là, ça battait presque des records ! Alors les sourcils du jeune homme se relâchèrent et un sourire vint s’emparer de son visage au moment où Liv prenait la parole. « Ezra, tu vas être tonton a nouveau. » Le sourire d’Ezra s’agrandissait au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient. Il avait donc bien compris par lui même. Tonton. Bordel, il avait l’impression que toute la joie de la terre venait de s’introduire dans son corps. Alors, réagissant comme si c’était sa propre soeur qui venait de lui annoncer cette nouvelle, Ezra se leva et vint prendre Liv dans ses bras. « Liv, je suis tellement content pour vous ! Mon Dieu, c’est juste, wahou, j’en reviens pas ! » Il en perdait son latin tellement les émotions qu’il ressentait étaient fortes. S’il y avait bien des êtres qu’il aimait par dessous tout, c’était ses neveux et nièces. Pour lui, ils étaient comme les huitièmes merveilles du monde. Alors savoir qu’un petit être de plus aller venir agrandir cette belle famille, c’était juste extra merveilleux. Il finit par se reculer de Liv, la prenant tendrement par les épaules, toujours le sourire aux lèvres. « Depuis combien de temps tu le sais ? »

« Évidemment je parle de lui pour se que j'ai a t'annoncer... Ton frangin est a Sydney en ce moment et... Voilà pourquoi il n'est pas encore au courant. » « Je préfère demander, c’est que j’en ai pas qu’un de frangin, tu vois. » Il fit un petit sourire malicieux. Ca avait toujours été le problème, de vivre dans une famille nombreuse. Quand on vous demande si votre frère va bien, vous avez deux solutions: soit vous demandez duquel la personne veut parler, soit vous faites le bulletin météo de toute la famille - et croyez le, ça peut prendre du temps. C’est à ce moment là que Liv se mit à enlever sa veste, geste qui laissa Ezra plus que perplexe. Et Liv le comprit rapidement. « T'en fais pas, je ne vais pas me déshabiller la sur le champs devant toi. » Le rire nerveux d’Ezra se transforma alors en rire franc. Liv avait peut-être dit ça sur le ton de la plaisanterie, mais le jeune homme n’allait pas nier que ça le rassurait. « Je dois t’avouer que pendant une second je me suis posé la question. J’ai même failli me demander où était la caméra cachée. » La conversation reprit cependant rapidement une ambiance sérieuse. Et lorsque Liv avoua enfin à Ezra ce qu’était cette grande révélation, ce dernier était sous le choc. Mais le bon choc, car pour une fois c’était une bonne - voire même une très bonne nouvelle - qu’il venait d’apprendre. Quoi de plus beau d’apprendre la future venue d’un nouveau bambin dans la famille ? Rien. Aux yeux d’Ezra, rien n’égalait cette joie qu’il pouvait ressentir en ce moment même. Tellement qu’il en laissa de côté sa retenue naturelle pour venir prendre sa belle-soeur dans ses bras, c’était pas peu dire. Liv finit d’ailleurs par venir poser ses mains sur les bras d’Ezra lorsqu’il se mit à la tenir par les épaules, un sourire sur son visage si grand qu’il semblait rattacher ses deux oreilles. « Merci Ezra ! Et si, il va bien falloir que tu t'en remette car c'est vrai ! » « Quand je verrai cette petite bouille aux repas de famille, peut-être que je réaliserai. Ca m’a fait pareil pour mes autres neveux et nièces, tu sais. » Il joignit son rire à celui de Liv. Il y avait un bon moment qu’il ne s’était pas senti aussi bien, qu’il n’avait pas ressenti de sentiment aussi positif. Pendant ce moment, il avait l’impression que tous ses soucis étaient partis en vacances, il se sentait revivre. Ezra laissa ensuite sa curiosité parler en demandant à Liv depuis combien de temps elle était au courant pour cette grossesse. « Ca va faire un petit mois et demi maintenant oui. » Ezra eut une expression de surprise rapidement sur la visage. En effet, il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui réponde qu’elle le savait depuis tant de temps. Pas qu’il était étonné de l’apprendre que maintenant, après tout Liv et lui n’étaient pas non plus les deux membres de cette famille les plus proches, mais il s’étonnait plutôt de ne pas s’être douté de quelque-chose plus tôt. Car si ça faisait plus d’un mois et demi, ça voulait dire que… « Donc tu le savais déjà au jour de l’an ? Et j’ai rien remarqué ? » Il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, car il s’était rapidement rappelé que son esprit avait été bien ailleurs pendant cette soirée de fête. La discussion qu’il avait eu avec Thomas en tout début de soirée avait eu le don d’occuper son esprit pendant un bout de temps. Discussion l’ayant secouant mais qui s’était sûrement avouée nécessaire, même s’il ne l’avouerait qu’à moitié si on lui posait la question. « Bon je vais t'avouer que quand je m'en suis rendus compte James était excité comme une puce. Mais ça va être l'année des enfants dans la famille. Joanne est prête a accoucher non ? » Ezra finit par se reculer pour retourner s’asseoir sur la chaise où il était avant de déroger à la règle de venir prendre Liv dans ses bras. « Tu m’étonnes ! Je suis sûr qu’il doit être aux anges même. Et oui, Joanne est même plus que prête à accoucher. Son ventre à elle est vraiment plus arrondi que le tiens. » Il eut un petit sourire en direction de Liv. Ezra avait rendu visite à Joanne peu de temps avant que Liv ne mette les pieds chez lui, et il devait avouer que les deux ventres des deux jeunes femmes n’avaient rien à voir. Joanne avait un ventre au bord de l’explosion comparé à celui plus discret de Liv. Ezra était d’ailleurs en train de regarder machinalement le ventre de Liv, de façon plutôt impoli. Même si tout le monde avait plus ou moins pris l’habitude de prendre le ventre des femmes enceintes comme une propriété publique, il ne pouvait se permettre de fier ce ventre avec le regard dans le vague comme ça. « Tu veux toucher mon ventre toi aussi ? » De suite, il releva son regard pour regarder Liv dans les yeux cette fois, une petite moue gênée ancrée sur son visage. « Je suis désolé d’avoir bugué dessus de cette façon, c’était pas sympa. Et non, je ne vais pas t’embêter vas, j’attendrais que le petit soit là pour entrer en contact avec lui. Pourquoi moi aussi d’ailleurs ? Qui t’embête tout le temps comme ? » S’ils avaient été dans une situation normale, la réponse normale aurait été Matthew. C’était la réponse qu’Ezra pourrait espérer entendre s’il ne savait pas que son frère et sa belle-soeur étaient en instance de divorce. Alors à moins que Liv ait déjà trouvé un nouveau compagnon - ce qui l’étonnerait vu la tristesse qu’il avait pu voir en elle lorsque Matt avait été évoqué quelques instants plus tôt -, Ezra se demandait qui était cette personne qui devait taner Liv pour toucher son ventre.

« Oui ! Tu te souviens de l'excuse : désoler mais je ne bois pas, James ma déjà donner l'étique de « Sam, celui qui ne boit pas, ramène les autres ! » et bien voilà. C'était pour cette raison en faite ! » Ezra se souvenait effectivement avoir entendu quelque-chose de cet ordre là pendant la soirée, mais il n’avait pas réellement fait un quelconque rapprochement, après tout au moment où ça avait dû être dit, il devait déjà avoir bu quelques verres - et tout le monde savait qu’il ne répondait plus de son état quand c’était comme ça. Ils partirent ensuite à discuter de Joanne et Jamie. Il était vrai que al jeune femme en était beaucoup plus avancée dans sa grossesse, comparée à celle de Liv, et que le jeune couple allait bientôt accueillir dans leurs bras un petit bout de chou à chérir. Ezra avait hâte de rencontrer son futur petit cousin pour la première fois. Il était gaga des enfants, tout le monde le savait, et surtout qu’il y a encore un peu moins d’un an, il ne savait pas que toute cette branche là de la famille existait. Ce qui rendait cette future naissance encore plus magique, à ses yeux. « Tu veux la liste ? Elle est longue ! En vrai, James, comme si c'était étonnant. Les collègues à l'hôpital, ils sont trois ou quatre puis les petits quand ils s'en rendent compte. Tu les voit puis avec leur petite voix qui te supplie tu ne peux pas t'empêcher de leur dire oui. » C’était ce que Liv répondait à Ezra quand il lui demanda qui pouvait bien lui demander de toucher son ventre. Personnellement, il ne se serait vu le faire que si c’était sa propre soeur qui aurait été enceinte - ce qui ne risquait pas d’arriver vu son orientation sexuelle actuelle -, ou quand Amelia avait été enceinte, oui il avait passé du temps à toucher son ventre et à discuter avec sa future « nièce ». Mais Liv, c’était légèrement différent. Malgré qu’ils se connaissaient depuis des années, ils n’étaient pas les plus proches - ce que le jeune homme trouvait dommage car c’était une personne absolument charmante et adorable. « Et non, ça ne m’étonne pas de James effectivement. Il doit être tellement content lui aussi ! Et les enfants, c’est vrai, ça parait évident maintenant que tu le dis. Ils sont curieux comme pas deux dans ces cas là ! « Ezra fit un petit sourire à Liv avant de se trouver dérangé par la sonnerie de son téléphone portable. Il leva les yeux au ciel avant d’aller le chercher - il l’avait laissé sur la commode près de l’entrée. Il glissa un petit « désolé » à Liv au passage, il espérait que ce coup de fil n’allait pas l’importuner, ils avaient une bonne discussion en cours après tout. « Allo ? » Et alors qu’Ezra entendait la voix de Bryan de l’autre côté du téléphone, il savait que ce petit moment café et discussion qu’il partageait avec Liv allait toucher à sa fin. Ezra reprit sa mine plutôt boudeuse qu’il avait lorsque Liv était arrivée, comme s’il revenait à la réalité. Et ce que lui annonça Bryan ne l’enchanta pas. Il était censé être en jour de repos, sauf que le nombre de dépannage à faire depuis le garage étaient trop conséquentes et il fallait qu’il revienne prêter main forte. Les employés de Mécanor avaient énormément de chance d’avoir un patron comme Ezra, qui mettait autant la main à la patte. Il finit par raccrocher et retourner dans la cuisine. « Je suis désolé Liv, mais je vais devoir te mettre à la porte… C’était les gars du garage, ils ont besoin de mon aide. Mais promis je me rattraperai avec un vrai thé ou un vrai café ? » Il lui fit un petit sourire, prenant sa veste pendant que Liv remettait la sienne de son côté. Quelques minutes plus tard, à peine, ils se disaient au revoir et Ezra était parti en direction du garage. Amelia allait lui taper sur les doigts en arrivant, vu la bonne humeur qu’il allait diffuser en arrivant sur place.