Le soleil viens éclairé la ruelle entre deux nuage gris, j’ attend que la pluie arrive mais elle semble se faire désiré depuis quelques jours. Assis à la terrasse du Petit café, je lis l’un des écrits que l’on m’as envoyé. Il parait prometteur de ce que j’ai pu en lire et ,tant qu’a faire, j’aimerais que ça soit moi qui l’édite avant que l’un de mes concurrents mette la main dessus.
Une paire de lunette de vue sur le nez, une chemise bleu nuit sur les épaules avec les manches remonté sur mes avants bras, un jean droit blanc et une paire de chaussure de ville noir, j’avoue que je ne ressemble plus vraiment à l’avocat qu’un temps je fut été, toujours coincé dans mes costumes trois pièces. Non, maintenant j’essaye de ressembler à l’homme que j’étais avant, au jeune homme plein de vie et de joie de vivre… Même si j’en suis encore très loin, c’est mieux que rien.
Je tend la main pour attraper ma tasse de café alors qu’un éclair blond attire mon regard. Je relève la tête, pas sur de ce que je viens de voir, l’impression que mon esprit me joue des tours. Un sourire étire le coin de mes lèvres. Tamie. Ma petite soeur. Je la regarde passer sans qu'elle ne s’aperçoit de ma présence, ses long cheveux blond flottant derrière elle. Elle semble pensive, ses yeux azure regardant le bout de ses chaussures et sa moue concentré que je connais par coeur. Mes doigts se referment sur l’anse de ma tasse et je porte la porcelaine à mes lèvres sans quitter ma soeur des yeux. On ne sait pas parler depuis… Depuis trop longtemps. J’avale une gorgée de café en perdant mon sourire. Mais putain qu'est ce que je fous là, à regarder ma soeur de loin ?
Je grommelle une injure, sors 5 dollar de ma poche et glisse le billet sous la tasse avant de me lever. Il faut que je parle à ma soeur. Maintenant. Mon intuition me dit qu’il faut que je le fasse… Et rarement mon intuition me fait défaut. Je cale mon exemplaire sous mon bras et traverse la rue, bouscule quelques personnes pour la rattraper. Je l’appelle à travers la rue :
-Tamara !!
Il faut que je la rattrape. Il faut que je lui parle. Je crie plus fort :
Ma vie a pris un tournant à 380° en l’espace d’un an. L’élément déclencheur ? La mort de mon père. A partir de là, tout a été chamboulé, la barque a chaviré et je me suis retrouver seule à l’eau alors que ma mère et mon frère sont repartis, sans moi. A cet simple pensée, mon coeur se serre. Maman n’est plus là maintenant, et mon retour en Australie n’a pas été des plus agréables. Retrouver l’homme que j’aime en train de flirter avec une autre femme m’a mise dans tous mes états. Je n’ai plus envie de rien. Je marche dans la rue, errant comme une âme en peine, sans savoir quoi faire, où aller. Kelya est partie, elle m’a abandonnée elle aussi, comme tous les autres. Je n’ai plus personne. Les mains dans les poches, j’avance, je marche, simplement pour ne pas me laisser aller à m’assoupir, assise quelque part, dans un coin de rue. Pendant plusieurs mois, j’ai vécu dans la rue, seule, la main tendue pour que les passants puissent y mettre une pièce, que je puisse à mon tour acheter de quoi me nourrir. J’ai en quelque sorte vendu mon corps, échangeant une nuit avec des hommes contre une nuit au chaud, une douche et un repas. Je suis descendue au plus bas, et j’aurai eu besoin de quelqu’un sur qui compter, quelqu’un pour me protéger. Où était mon frère ? C’était son rôle à lui, son rôle de veiller sur moi. Mais au lieu de ça, il est resté en Russie pendant un an.
Je n’ai revu Anton qu’il y a quelques jours, à Moscou, quand nous avons veillé notre mère avant qu’elle ne s’envole pour retrouver son mari. Me voilà orpheline. Anton a bien essayé de revenir vers moi, mais j’ai refusé, catégoriquement, m’enfermant dans une mutisme, fuyant tout contact avec lui. Je n’ai pas trouvé la force de le repousser devant notre mère, mais une fois partie, j’ai couru vers l’aéroport pour fuir, une fois encore, parce que je crois que c’est de famille. « Tamie !! » Je reconnais une voix qui a été familière, il fut un temps. Je m’arrête, là, au milieu de la rue, et ferme les yeux en sentant l’odeur caractéristique de mon grand frère. Un mélange de son parfum, et d’une lessive qu’il utilise depuis quasiment toujours, la même qu’utilisait notre mère pour laver nos vêtements. Cette odeur que je n’ai plus senti depuis trop longtemps. Je ne saurai dire si ça me fait du bien de la retrouver ou non. Je me retourne pour faire face à cet homme qui est devenu un étranger à mes yeux. « Anton. » Mon ton est froid, mon regard l’est tout autant. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Je n’ai aucune envie d’être chaleureuse avec lui, je n’ai aucune raison de l’être non plus. Il va devoir s’en habituer. Depuis que nous sommes arrivés en Australie, dix ans donc, nous n’avons plus eu aucun rapport, aucun rapport qui aurait pu faire penser que nous partageons autre chose que le même sang. Au fond, il me manque, mais c’est tellement enfoui que j’ai cette impression que je suis mieux sans lui, qu’il ne m’apportera jamais rien de bien.
Elle s’arrête et je souris. Je savais qu’elle reconnaîtrait ma voix, elle la reconnaîtra toujours. Je finis de la rattrapée et la regarde en attendant qu’ elle se décide à se tourner vers moi. Je ne la toucherais pas, la dernière fois que j’ai tenter un geste vers elle, elle m’a repoussé violemment (et encore, violemment est un faible mot.) et c’est enfui comme si elle fuyait la peste… Ou la mort. Elle se tourne enfin vers moi, ma petite soeur, ma Tamie, ma Tamara… Je lui offre un sourire sincère et tendre.
Mon sourire se fane comme une vieille salade rester trop longtemps au soleil. Son ton de voix est aussi froid que Moscou au mois de décembre. Glacial même. Ça m’arrache un long frisson. Je perd la bonne humeur que j’avais réussi à trouver en la voyant dans cette ruelle ensoleillé. Elle vient de tuer tout espoir de discuter avec elle. Mais en même temps… Qui suis je pour espérer un peu de gentillesse de sa part ? Depuis ma rencontre avec Margot, je l’ai laissé de côté. Lentement, j’ai laissé notre relation si particulière, si intense et puissante, se détruire. Je n’ai plus chercher à la voir, a prendre de ses nouvelles… Mais mon travaille me prenait la majorité de mon temps, je passais mes nuits sur des dossiers, sur des demandes, des résumé d’audience et j’en passe… Je me passe une main sur le visage et hausse les épaules. Je ne sais pas ce que je veux. Voir ma petite soeur peut être ? J’hésite et me lance, bon grès mal grès :
-On pourrais discuter tous les deux ?
Je comprend très vite à sa tête que ça n’est pas ce qui l’ enchante le plus. Et puis... Je n'ai pas vraiment répondu à la question qu'elle m'a posé. Elle ne penserait tout de même pas que je la suis... Si ? Je repousse cette idée dans un recoin de ma tête, c'est impossible qu'elle puisse penser cela.
Je me frotte l’arrière de la tête, me masse la nuque, trahisons de mon corps qui exprime ainsi mon mal aise. Je sais pourtant que ma petite soeur ne pardonne pas facilement. Je repense à la fois ou un des enfants d’amis de nos parents avait cassé le bras d’une petite poupée, qu’ elle chérissait à l’époque. Presque 2 ans après elle lui reprochait encore… En bref, ma soeur à la rancune tenace.Je décide de faire une deuxième tentative d’approche en douceur. Je dois ressembler à un de ses carnassiers qui essaye de faire croire au gazelle qu’elles n’ont rien à craindre, tout du moins à ses yeux. J’inspire profondément :
-Je… Travaillais à la terrasse du café, là bas… je lui montre du doigt Je t’ai vu passé… Et ça serait con de ne pas profiter de cette rencontre… Tamara, ça fait combien de temps qu’on ne c’est pas vu ? Qu’on a pas discuté ? Pourquoi ne pas en profiter aujourd'hui... ?
J’ai bien consciente d’être très froide avec lui, mais c’est voulu. Que je sache, il n’a rien fait pour que les choses changent dans le bon sens. Du moins, jusqu’à aujourd’hui. Depuis mon séjour à Moscou pour les derniers jours de vie de notre mère, j’ai bien senti qu’il voulait faire des efforts. Je ne sais pas bien ce qu’il se passe avec sa femme, mais toujours est-il que je le trouve changé. Il semble plus calme, plus posé, et je peux sentir la sincérité dans son regard. Mais s’il croit que ça suffira, il se fourre le doigt dans l’oeil. « On pourrais discuter tous les deux ? » Je soupire largement pour lui faire comprendre que je n’en ai pas tellement envie. Mais qu’est-ce que j’ai de mieux à faire après tout hein ? Ma vie est partie en lambeau, et il n’est au courant de rien. Il ne sait pas que j’ai vécu dans la rue pendant des mois, que je suis tombée enceinte et que j’ai perdu mon bébé, que le mec que notre père voulait me faire épouser il y a dix ans a réapparu et me menace. Non, il ne sait pas dans quelle galère je me trouve, et je n’ai aucune envie de lui parler de tout ça. De toute manière, il ferait quoi ? Hein ?
Anton me montre des signes de mal être et je lève les yeux au ciel. Pas à moi, pitié. « Je… Travaillais à la terrasse du café, là bas… Je t’ai vu passé… Et ça serait con de ne pas profiter de cette rencontre… Tamara, ça fait combien de temps qu’on ne c’est pas vu ? Qu’on a pas discuté ? Pourquoi ne pas en profiter aujourd'hui... ? » Chaque fois que je l’entends m’appeler par ce prénom j’ai les dents qui crissent. Pitié. Je soupire. « Arrête de m’appeler comme ça, combien de fois je vais devoir te le dire ? Je suis plus la Tamara que tu connaissais Anton. J’ai changé. Donc arrête avec ce prénom. Maintenant c’est Kyrah. Point. » Je sais qu’il n’a jamais approuvé mon changement de prénom, d’identité, bien qu’il ne soit pas officiel. De la petite fille qu’il connaissait, il n’en reste pas grand chose. Et ce n’est pas pour rien que j’ai voulu changer de prénom à notre arrivée à Brisbane. Je soupire une nouvelle fois, un peu hésitante. « Bon ok, je te laisse quinze minutes. » Je dis ça, mais je ne vais pas compter les minutes non plus. Si il m’énerve, ça pourra être 5 minutes, et s’il est cool, ça pourra se prolonger. « T’as qu’à me payer une glace, puisqu’on dirait que t’as encore l’impression que j’ai 10 ans ! » Je lui offre un faux sourire provocateur et nous partons en direction du starbucks à nouveau. Nous commandons chacun quelque chose et je le laisse payer alors que nous nous installons en terrasse. Je reste silencieuse, et relève finalement mon regard vers lui. « J’ai rien à te dire. Donc si toi non plus, ça sert à rien qu’on soit là. » C’est une manière de lui dire qu’il a intérêt de parler, que ce n’est pas moi qui vais le faire. Je n’ai rien à lui dire.
Je serre la mâchoire. Kyrah. Mais c’est quoi ce pseudo prénom ? Je déteste ça, je ne la comprend pas dans son choix. Je ne la comprendrais peut être jamais… Mais je refuse de l’appeler ainsi. Tamie sera toujours Tamie. Pas Kiara, kayrah ou je ne sais pas quoi d’autre… Enfin quoi ? Changer son prénom c’est comme si… Comme si elle reniait nos origines, notre passé, notre famille… Enfin ce qu' il en reste. J’ai un nouveau frisson malgré moi. Non, vraiment, je ne la comprend pas.
J’inspire profondément et me contente d’hausser les épaules comme toute réponse. Qu’ elle fasse ce qu’ elle veut après tout. Moi même j’ai changer pas mal de chose… Mais la seule chose dont je n’arrive pas à me débarrasser, ni même à changer c’est ce foutu accent bien prononcé. Tant pis, après tout, ça fait partie de moi. Je garde le regard rivé au siens, elle a tant changé… Je me demande encore pourquoi on c’est éloigné. Ça aussi, j’ai du mal à le comprendre… J’hausse un sourcil. 15 minutes ? C’est quoi, un entretiens d’embauche ? Je secoue la tête mais finis par sourire.
-15 minutes, c’est toujours mieux que rien...
Je secoue la tête et lève les yeux au ciel avant de lui faire une grimace comme réponse à sa remarque. Je ne la prend pas pour une gamine de 10 ans. Presque. Mais à mes yeux ça sera toujours ma petite soeur, ce bébé que je venais chercher dans son berceau quand maman travaillais trop, cette petite fille a qui je tenais la main quand elle apprenait à marcher… J’étais tellement fier d’être un grand frère. Bon ok, elle était parfois très chiante, mais je ne la laissais jamais seule… Jusqu'à notre arrivée à Brisbane. Je déglutit un peu et lui fais signe qu’ on y va, avançant vers le café, mon bouquin toujours sous le bras.
Je m’installe en terrasse face à elle, pose mon café et mon bouquin sur la table. Je la regarde et ricane un peu. Sympa la soeurette ouais... :
-Je ne sais pas si tu te souviens, mais à l’origine quand on discute, on est deux. Si non on appelle ça un monologue.
Je soupire un peu et me passe une main dans les cheveux. Faut que je sois un minimum concilient si je veux retrouver ma petite soeur. J’inspire profondément… Autant lui raconter tous ce qui me passe par la tête :
-J’ai quitté le barreau. J’ai plaqué ma carrière d’avocat ainsi que pas mal de client. J’en pouvais plus de toute cette pression, de ce poids sur mes épaules à longueur de temps… J’ai ouvert une maison d’édition du coup. Avec certains de mes contact, j’ai réussi à réunir une somme assez importante pour ouvrir une petite boite… J’ai déjà publié 4 livres qui ont bien fonctionné… Et celui ci… je lui montre l’écrit en le tapotant du plat de la main. Me parait plutôt prometteur. Intrigue intéressante, belle écriture, mise en forme sympa…
Je me passe de nouveau la main dans les cheveux, me laisse aller dans le fond de ma chaise avant de jouer avec ma tasse de café, regardant le liquide tournoyer. J’en prend une gorgée en pensant que j’aurais plus besoin d’un bon Scotch à la place… Mais on prend ce qu’ il y a un. Je reprend sans lâcher la tasse du regard :
-Margot à pas trop compris mon choix. Elle ne le comprend toujours pas à vrai dire. Je ricane de nouveau et secoue la tête. Du coup on arrête pas de s’engueuler. Mais genre vraiment. Je crois qu’ il doit rester 2 vases à la maison… On à plus aucun verre a pied, ni d’assiette à dessert...
Je continue de rire alors qu’ il n’y a rien de drôle à la situation. C’est plus fort que moi, c’est nerveux. Je reprend en regardant la foule dans la rue :
-En fait, cette situation m’épuise. Physiquement et mentalement. Elle passe ses soirée à pleurer et moi mes nuits à dormir sur le canapé. Mais on fait avec… Elle me répète qu’elle m’aime , qu’ elle ne veut pas me perdre… Mais je crois qu' un de ses quatre, ma tête va finir comme les assiettes. Ou pire, ça sera mes couilles qui y passeront...
Je me mord l'intérieur de la lèvre et tourne le regard vers elle. J'ai parlé. À elle maintenant. Mon regard insiste, j'ai pas besoin de lui dire, elle sait ce que j'attend. J'aimerais qu'elle me parle d'elle... Tout simplement...
Je suis à cran, c’est un fait. Je n’avais aucune envie de le croiser, aucune envie de lui parler, mais voilà. Il est là et c’est mon frère, la seule famille qu’il me reste, alors je me dois de faire un effort, au moins en l’honneur de notre mère qu’on vient tout juste de perdre. Après un soupir. Nous nous asseyons au starbucks et je commande un grand frappuccino, parce que j’adore ça. Je reste encore sur mes réserves et mon ton reste froid, à l’image de mes origines venant du grand froid. « Je ne sais pas si tu te souviens, mais à l’origine quand on discute, on est deux. Si non on appelle ça un monologue. » Je soupire et lève les yeux au ciel devant sa réflexion. S’il compte arriver à me faire parler en me parlant comme une gamine, il a tout raté. Finalement, il se calme et commence à parler. Il me raconte qu’il a changé de boulot, quitté son job d’avocat pour devenir éditeur. Ça me surprend un peu, mais je trouve que ce n’est pas plus mal, je n’ai jamais trouvé qu’il était fait pour être avocat. Je l’écoute, la plupart du temps les yeux rivés sur mon café frappé, relevant de temps en temps les yeux pour les plonger dans les siens, mais pas trop longtemps non plus. Je préfère garder encore un peu de distance. Mes yeux se posent sur le manuscrit à l’instant où il en parle, et je hoche doucement la tête.
Il en vient finalement à me parler de sa femme Margot, que je n’aime pas et que je n’ai jamais aimée. De la jalousie mal placée certainement, mais elle m’a purement et simplement volé ce que j’avais avec mon frère, tout son temps, toute son attention. Et ça m’a profondément blessée. Alors je ne pourrai jamais l’aimer je crois. Je l’entends rire nerveusement lorsqu’il parle de ses disputes et je sens qu’il n’est pas bien, qu’il souffre, et j’avoue que ça me fait un pincement au coeur. Je serre un peu les mâchoires et le regarde cette fois avec un peu moins de haine et un peu plus de tendresse. Pas que je sois heureuse qu’il soit à deux doigts de se séparer de Margot, mais simplement parce que je n’ai jamais aimé voir les gens qui me sont proches souffrir. De près ou de loin d’ailleurs. « En fait, cette situation m’épuise. Physiquement et mentalement. Elle passe ses soirée à pleurer et moi mes nuits à dormir sur le canapé. Mais on fait avec… Elle me répète qu’elle m’aime , qu’ elle ne veut pas me perdre… Mais je crois qu' un de ses quatre, ma tête va finir comme les assiettes. Ou pire, ça sera mes couilles qui y passeront… » Je le regarde baisser les yeux, il est blessé dans son égo, dans sa fierté d’homme, et surtout il est blessé sentimentalement parlant.
Moi qui comptais couper court et m’en aller avant de parler, je ne me vois pas faire autrement que de lui parler maintenant qu’il l’a fait, à coeur ouvert. Je soupire légèrement. « Je suis désolée pour vous deux. Et contente que tu aies trouvé une voie qui te plait. » Il me sourit et je me tente à un demi sourire, bien qu’il soit compliqué à offrir. « De mon côté, ça a été la descente aux enfers quand papa est mort et que vous êtes repartis maman et toi. Je pouvais plus payer mon appart et j’ai dormi dans la rue pendant plusieurs mois. » Son regard s’arrondit. Et oui mon chéri, tu ne t’attendais pas à ça ! « J’ai été hébergée quelques temps par une femme, seulement pendant les nuits, puis par une autre femme, cette fois j’avais ma chambre. Ça allait mieux. Je continuais de donner des cours au conservatoire pour arriver à vivre un minimum et continuer à prendre des cours là bas, mais j’étais épuisée… » Je soupire légèrement. « Bref, sale période. Et puis j’ai rencontré quelqu’un, je suis tombée enceinte, on a perdu le bébé, j’ai arrêté de danser et voilà ! » Super la fin, on a pas fait mieux !
Un petit blanc se fait avant que ma petite soeur ne reprenne la parole. Et ce qu’elle dit m’étonne. Je pensais qu’elle allait me sortir un “Je t’avais prévenu de pas epouser l’iceberg qui à fait couler le titanic ! “ mais non. Elle me dit qu’elle est désolé pour moi… Et ça me fait tendrement sourire. Ça me fait du bien de l’entendre me dire ça. Elle me sourit à moitié également et je sens mon coeur de grand frère s’emballer. Ça aussi, putain, ça m’avais manqué.
Puis mon sourire disparais aussi vite qu’il est arrivé, le sentiment de culpabilité s’abat sur moi comme la foudre et me déchire les entrailles. Est ce qu'elle me fait une blague ? Elle à vécu dans la rue ?? C’est quoi cette histoire ? Des milliers de question se bousculent dans ma tête, se fracassent les une contre les autres alors que mes yeux s’arrondissent de stupeur et d’effroi quand je me rend enfin compte que , non, ça n’est pas une blague.
Je sens que je pourrais avoir l’air d’un tex avery là. J’attend que ma mâchoire se décroche et tombe sur la table. Ma petite soeur à vécu dans la rue… Et moi je n’étais pas là pour elle. Je me sens blemir. Elle aurait pu se faire tuer ou même se faire violer… J’ai honte de moi mais surtout, je commence à comprendre pourquoi notre relation en est arrivé à ce point. Pendant que je dormais dans des draps de soie, elle tentait de survivre sous les ponts… Et je n’ai rien fait pour l’aider.
Je garde une main sur ma bouche et continue de l’écouter. Elle à été hébergé par des femmes, des inconnue lui ont tendus la main alors que son frère n’a pas daigné lui jeter un regard. Je mérite une putain de bonne paire de claque.
Elle a abandonné ses études. Pourquoi maman ne m’en a jamais parlé ? Était elle seulement au courant ? J’en doute… J’inspire profondément et secoue la tête tristement. J’allais reprendre la parole mais elle est plus rapide que moi… Et ses paroles m’achève. Ça sort plus vite que moi:
- Enceinte ? Mais comment ?
Je me rend compte après coup que cette question est stupide. Totalement stupide. Je lui fais signe de ne pas répondre à ça. Je ne veux pas savoir comment. Surtout qu’ elle n’est plus enceinte… Et que ce moment à du être plus difficile que tout le reste. Je soupire et la regarde avant de dire :
-Je ne savais pas… Je n’ai jamais su ce qui t’étais arrivé… Comment j'aurais pu ne serait ce que m’en douté ?
Je soupire longuement et secoue la tête, me passe une main dans les cheveux avant de reprendre
-Pourquoi tu ne m’as pas appelé à ce moment là ? Je t’aurais aidé à te sortir de cette merde. Tu le sais très bien que j’aurais fait ce qu’il fallait pour toi, et pas parce que j’avais pitié ! Bordel, Tamie, je suis ton grand frère… C’est mon rôle d’être là quand tu vas mal !!
Je la regarde dans les yeux… Comment notre relation à pu en arriver là ? Je suis donc pitoyable à ce point pour ce qui est question des relations avec les femmes... ?
Le regard d’Anton change considérablement à mesure que les mots sortent de mes lèvres. Il a voulu savoir, maintenant il sait. Et j’espère qu’il s’en mordra les doigts de culpabilité. Je ne m’arrête pas en si bon chemin, je lui raconte les grandes lignes de mes galères, non sans émotion dans ma voix, même si j’ai envie de la cacher un maximum. J’ai vécu ce que j’ai vécu, c’est ce qui fait de moi ce que je suis aujourd’hui, une femme bien différente de la jeune fille qu’il a abandonnée il y a un an, et laissée pour compte depuis dix ans déjà. Le temps passe vite quand on y réfléchit. « Enceinte ? Mais comment ? » Il secoue la tête et me signifie par un geste que je n’ai pas à répondre à cette question. Non. Il ne vaudrait mieux pas. Et puis pour dire quoi de toute manière ? Il sait comment on fait les bébés, il ne faut pas être idiot non plus ! « Je ne savais pas… Je n’ai jamais su ce qui t’étais arrivé… Comment j'aurais pu ne serait ce que m’en douté ? » Je serre un peu les mâchoires. Oh non, il n’aurait pas pu s’en douter, mais il n’a même pas ne serait-ce que cherché à savoir, à s’intéresser à moi, depuis tout ce temps. J’aurai pu mourir que je ne suis même pas sûre qu’il aurait été au courant. « Tu pouvais pas t’en douter, mais si t’avais posé la question tu aurais sûrement su ! » Je le laisse soupirer et secouer la tête d’un air désespéré. « Pourquoi tu ne m’as pas appelé à ce moment là ? Je t’aurais aidé à te sortir de cette merde. Tu le sais très bien que j’aurais fait ce qu’il fallait pour toi, et pas parce que j’avais pitié ! Bordel, Tamie, je suis ton grand frère… C’est mon rôle d’être là quand tu vas mal !! » « Mais tu te fous de moi ? Ça fait dix ans que j’ai plus de grand frère Anton ! Jamais tu m’as appelée pour prendre de mes nouvelles, t’étais même pas là quand j’ai fait ma représentation publique l’année dernière. Tu m’as jamais vue danser, tu sais pas qui je suis tout simplement parce que tu ne veux pas savoir ! » Je secoue la tête, une boule vient de se nicher dans ma gorge et je suis à deux doigts de pleurer. « Ça fait dix ans que je ne peux plus compter que sur moi-même. Et depuis un an encore plus. Jamais je t’aurai appelé parce qu’au fond tu t’en tapes comme l’an 40 ! Si ça avait un minimum d’importance pour toi tu aurais cherché à avoir des nouvelles, tu ne t’aurais pas contenté de m’arrêter juste parce que je passe dans la rue pas loin de toi ! » Je soupire et passe ma main dans mes cheveux. « Et je n’ai pas besoin d’aide. Pas de la tienne en tout cas. »
Par contre là je commence à le prendre mal. Ouais ok, j’ai pas été le grand frère idéal depuis notre arrivée à Brisbane, mais elle n'a plus été non plus la Tamie que je connaissais. Je sens la colère grondait en moi comme un mauvais orage. Mais je me tais. Je ferme ma gueule parce qu’ une partie de cette colère ne lui ai pas destinés et je n’ai pas le droit de tout lui balancée en pleine gueule. Non j’ai pas le droit à ça. Je serre les dents et les poings et j’encaisse comme le ferais un boxeur, chaque coup, chaque reproche. Elle me déteste, comme bien des femmes en ce monde, elle m’en veux également… Mais derrière, dans sa colère et sa haine, je peux entendre cette petite voix enfantine qui ne demande qu’ a savoir pourquoi son grand frère n’était pas là quand elle en as eu tant besoin. Pourquoi je n’étais pas là... ? Je repasse rapidement ses 10 dernières années dans ma tête. Margaux, les tribunaux, les parents,les tribunaux, les dossiers...
Je me passe une main dans les cheveux et secoue la tête. Bordel. J’ai vraiment loupé 10 ans de ma vie ? J’ai loupé 10 ans de sa vie aussi… Je secoue la tête
- Je suis désolé Kyrah… Tu as raisons sur toute la ligne. Je suis minable.
Je relève le regard sur elle et sourit faiblement avant de me pincer les lèvres et reprendre :
-J’ai passé ses 10 dernières années à m’occuper des affaires des autres… Et j’en ai oublié le principal. Toi. Maman et papa. Notre famille, nos origines… Même ma femme. J’ai agis comme un con égoïste… Et tu as le droit de m’en vouloir. Au fond, c’est la chose la plus normal...
Je ris un peu et secoue la tête avant d’attraper mon bouquin et me lever
-Je suis désolé d’avoir été un grand frère aussi con, minable et j’en passe… Et c’était con de vouloir te demander de tout me pardonner en 2 secondes sur 10 ans de conneries. Surtout devant un café.
Je la regarde dans les yeux… Si je sais que j’ai perdu mes parents… Je pensais que j’avais encore ma soeur. Mais de toute évidence non. Je l’ai perdu, également. Mais je peux toujours tentée de la récupérer. Et je ne veux pas partir comme ça. Je ne veux pas fuir, encore une fois. Je regarde l’heure sur ma montre…
-Veux tu venir diner avec moi ce soir? On ira manger Italien… Ou ce que tu veux d’autres… Juste tout les deux. Et je tenterais de me rattraper sur toutes mes conneries du passé… bon ça risque de prendre du temps par contre.
Je vois bien qu’il est excédé par ma manière de lui parler, par mes mots qui sont crus et violents. Mais c’est ce que je ressens, je ne le fais pas pour lui faire mal volontairement. Je lui dis simplement ce que je pense et ce qui m’anime depuis déjà trop longtemps. Je ne saurai même pas dire s’il me manque. Au fond, oui, je suppose, parce que perdre son frère quasiment du jour au lendemain c’est quelque chose de difficile. Mais le pire, c’est qu’il n’est pas mort, qu’il est bel et bien là, quelque part, mais qu’il s’en fout de moi. C’est tellement dur à vivre, sentir qu’on n’existe plus dans les yeux d’une personne qu’on aime. Voir s’étioler une relation qu’on pensait pourtant indestructible. Anton m’a blessée, profondément, et je ne compte pas prendre des pincettes pour lui dire ce que je pense. Ça n’a jamais été ma façon de faire, et ça ne va pas commencer aujourd’hui, encore moins avec lui. « Je suis désolé Kyrah… Tu as raisons sur toute la ligne. Je suis minable. » Le fait même qu’il m’appelle Kyrah me fait un pic au coeur, positif cette fois. Comme s’il acceptait cette nouvelle moi, cette femme dont il ne connaît rien. « J’ai passé ces 10 dernières années à m’occuper des affaires des autres… Et j’en ai oublié le principal. Toi. Maman et papa. Notre famille, nos origines… Même ma femme. J’ai agis comme un con égoïste… Et tu as le droit de m’en vouloir. Au fond, c’est la chose la plus normal… » Je hoche la tête légèrement, bien contente qu’il se rende enfin compte des choses. Je le regarde se lever et attraper son manuscrit. Mon coeur se serre. Alors il va partir comme ça, sans même essayer de se rattraper ? Fuir, lâchement ? Je serre les mâchoires et ne cherche même pas à le regarder. J’ai juste envie de pleurer. « Je suis désolé d’avoir été un grand frère aussi con, minable et j’en passe… Et c’était con de vouloir te demander de tout me pardonner en 2 secondes sur 10 ans de conneries. Surtout devant un café. » Je hoche la tête sans pour le moment le regarder, et j’ose finalement plonger mon regard humide dans le sien. Il regarde sa montre et je comprends qu’il a encore sûrement mieux à faire que d’essayer de recoller les pots cassés. « Veux tu venir diner avec moi ce soir? On ira manger Italien… Ou ce que tu veux d’autre… Juste tout les deux. Et je tenterais de me rattraper sur toutes mes conneries du passé… bon ça risque de prendre du temps par contre. » Je ne m’attendais pas à ça, vraiment pas. Je me racle un peu la gorge, hésitante. En même temps, qu’est-ce que j’ai à perdre hein ? Je soupire légèrement et hoche à peine la tête. « Ok. » Je me lève à mon tour. « 20h, au Burrow. Et sois à l’heure, je t’attendrai pas. » Je reste froide, mais au fond, la petite fille en moi est heureuse de savoir qu’il compte faire des efforts.
J’ai remarqué sa mâchoire serré, la contraction de ses muscles qui donne un aspect carré à son visage au traits si fin. J’ai vu aussi ses larmes dans ses yeux, sa tristesse et son incompréhension... Mais je ne compte pas l’abandonner. Pas encore une fois. C’est pour ça que je lui propose d’aller dîner, pour tenter de retrouver ma petite soeur, pour parler du bon vieux temps et de notre vie ici…
Je lui sourit, rassurant :
- De ce que je me souviens, mademoiselle Malikov, c’est vous qui n’avais jamais su être à l’heure… Tu sais, comme le jour ou on a pris le train pour aller chez grand mère. C’est à cause de toi qu’on a failli le louper ce jour là.
Je ris un peu, me passe une main dans les cheveux en me rappelant ce jour là. Nos parents travaillaient tous les deux, on devait aller passer le week-end chez notre grand mère et comme personne ne pouvait nous y emmener on à du se débrouillé comme on à pu. Et Tamie avait oublié une de ses princesses je ne sais quoi… Du coup, pris le bus en retard et on a bien failli loupé le train si je n’avais pas couru avec elle sur le dos… Mais notre week-end avait été des plus fantastiques. Je souris, nostalgique de cette époque ou tout me semblait simple et parfait. On était gosse et rien ni personne ne pouvait nous arrêter, ni même nous séparer…
J’inspire profondément et la regarde dans les yeux. Pardon petite soeur. Pardon d’avoir oublié à quel point ta présence me rendait heureux, fort et insouciant. Je viens caresser sa joue doucement, approchant ma main comme si je l’approchais d’une bête sauvage qui pourrais se désister et fuir. Le contact dure peut être un quart de seconde, mais je n’en demanderais pas plus.
-Je serais à l'heure, c’est promis.
Je la regarde dans les yeux et lui souris. Je ne serais plus jamais en retard sur sa vie, je ne louperais plus un moment de sa vie. J’inspire profondément et hésite mais finalement m’abstient de poser un baiser sur son front. Un pas à la fois… Il faut que je me rentre dans le crâne que j’ai 10 ans de retard sur sa vie. Et que ça va mettre du temps pour récupérer ma relation avec elle… Je lui souris un peu plus avant de tourner les talons pour m’éloigner… On offre quoi à sa soeur quand on va dîner avec elle ??