Terrence poussa la porte de son appartement ce soir-là sans l'ombre d'un sourire aux lèvres. Il jeta ses clés sur le meuble prévu à cet effet et sa veste sur le sol avant de se diriger vers son salon. Lumières, télévision, il procéda à son rituel habituel comme si c'était une soirée normale. Mais, normalement, le blond n'allait pas vers sa cuisine pour tirer une bouteille de whisky d'un placard et se servir un généreux verre. Il vida la moitié du verre sans y penser et le reposa sur la surface froide du plan de travail. Terry était complètement paumé, il ne savait pas ce qui lui était passé par la tête. C'était... c'était complètement immature et irréfléchi et... depuis son entrevue avec Wyatt dans la salle de repos des locaux d'ABC, il semblait qu'il n'arrivait pas à s'ôter leur meeting de l'esprit. La façon dont le regard de l'autre homme n'avait pas cessé de le suivre, Wyatt qui se penchait vers lui encore et encore. Terry s'était dit que ce n'était qu'un jeu de pouvoir mais au fond... il n'en était pas si sûr, il était troublé et il devait avouer que Wyatt avait réveillé des questions qui sommeillaient en lui depuis longtemps.
Trop longtemps quand on connaissait Terry, il n'assumait pas cette part de lui, il ne se proclamait jamais comme bisexuel, en ayant presque honte. Se forçant et se répétant que ce n'était pas normal et que dans le fond, il serait uniquement heureux avec une femme, c'était ce que tout le monde faisait alors pourquoi pas lui ? Alors ce soir après le boulot, il s'était retrouvé sans trop se souvenir ni comment ni pourquoi à défaire sa cravate et emprunter le chemin d'une boite gay. Il n'avait pas réfléchi, c'était stupide, on pouvait facilement le reconnaitre et alors qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir dire au boulot... On ne l'avait pas reconnu, il avait à peine eu le temps de s'asseoir, la mâchoire serrée, qu'on l'avait abordé. Un homme charmant mais Terry ne s'était pas attardé plus que ça, son esprit ne pouvant pas se faire à l'idée qu'un autre homme puisse se dire que oui, il était disponible pour un verre ou quelque chose de moins innocent. Terry était coincé, dans les propres murs qu'il avait pris soin d'ériger, coincé par la peur et tout ce qu'il n'osait pas avouer. Coincé dans sa propre notion du politiquement correct. Non, il n'était pas gay, non il n'était pas bi, il aimait les femmes tout simplement.
Terry se répéta cette phrase mentalement pendant quelques secondes avant de vider le reste de son verre. Ça avait été une longue journée au boulot, faire des rapports de ce qui se passait à Brisbane et la campagne américaine et continuer de former Malika était épuisant. Et puis il fallait aussi éviter de se retrouver seul avec Wyatt, éviter Allie qui semblait toujours vouloir parler avec lui... Une très longue journée. Terry sortit son téléphone de sa poche et songea à appeler sa soeur, mais il savait déjà ce qu'elle lui dirait. Il en faisait trop, encore une fois, bien sur Harley n'était pas au courant de la bataille intérieure qui se déroulait dans l'esprit de son petit frère... et Terry voulait que les choses restent de cette façon. Même Selina qu'il considérait comme proche n'était pas au courant de cette partie de sa vie... Peut-être que l'une comme l'autre serait déçu si elle l'apprenait. Tant de questions qui prenaient forme dans l'esprit de Terry et il attrapa son verre et le mit dans l'évier pour se concentrer sur quelque chose de précis. Il avait besoin de se détendre, peut-être qu'il pouvait en profiter pour utiliser sa grande baignoire dont il ne se servait jamais ? Pas le temps de répondre à cette question, on sonnait à sa porte. Terry fronça les sourcils et se dirigea vers la porte d'entrée, il n'attendait personne ce soir-là, non, il n'avait même pas commandé à manger ni rien. "... Riley ?" Oui, Terry fut vraiment surpris en ouvrant la porte de chez lui.
Si ma vie était un film, il serait assurément classé dans le rayon dramatique. J'avais tout pour être heureuse ; un job qui me plaisait, une petite fille adorable, un petit-ami parfait et qui m'aimait. Jusque là tout allait bien, ça ne pouvait conduire qu'à une jolie fin. Sauf que j'avais tout fait capoté comme à chaque fois que ça devenait sérieux. Je prenais peur et je gâchais tout. Voilà que je l'étais éloignée de Maxi, j'en étais consciente et je n'avais rien fais pour arranger cela. Pire, j'avais carrément couru dans le sens opposé et ce sens s’appelait Terry. Terry, l'homme avec qui j'avais passé plus de temps que mon petit-ami ces derniers temps et avec qui j'avais flirté en public. Tout aurait pu rester sous contrôle si l’insupportable Mila n'avait pas été témoin de la scène. C'en était suivit une énorme dispute avec Maxi où je m'étais enfoncée dans mes mensonges. Pourquoi ? Aucune idée. Je n'avais rien dis de toutes les peurs qui me rongeaient l'estomac, j'avais nié l'évidence jusqu'au bout alors que la situation aurait pu se régler facilement. Ca faisait presque deux semaines maintenant que je n'avais plus de nouvelles de lui. Il s'occupait de Kayla mais disparaissait dés que je posais le pied dans la maison. Pas un mot, pas un regard. Rien. Je me sentais tellement coupable. Et perdue. Parce que ce matin j'avais reçu un courrier auquel je ne m'attendais pas. Enceinte. J'étais enceinte et le père ne supportait plus l'idée d'être dans la même pièce que moi. Ma vie était définitivement dramatique.
Je me frottais le visage, cherchant a effacer toutes les questions qui me vrillaient la tête. Je me trouvais devant la porte de l'appartement de Terry et je me demandais encore ce que je foutais là. C'était complètement stupide mais visiblement ça semblait être récurent ces derniers temps. J'avais demandé à ma voisine de venir garder la petite, prétextant avoir une urgence familiale pour quitter la maison aussi tard et uniquement vêtue d'un jogging et d'un pull. Je ne savais pas ce que j'étais venu chercher ici. Pas exactement mais j'avais eu cette impression qu'il fallait que je vienne. Plusieurs fois je levais la main avec l'intention de frapper avant de me raviser. C'était irrespectueux que de me pointer chez lui les mains dans les poches. Mais il fallait que je sache. Je me lançais à l'eau et sonnais. La porte s'ouvrit et je ne pouvais dire lequel de nous deux était le plus surprit. Sa voix exprima exactement l'expression de son visage. « Salut..» Navrant. Mais qu'est-ce que je pouvais bien dire de plus ? Je restais immobile devant lui, cherchant ce que je pouvais bien dire de plus et qui justifierait ma venue chez lui. « Désolée de te déranger à cette heure-ci. » Ma voix était fragile, trahissant mes angoisses. Je me retrouvais complètement démunie face à ce qu'il m'arrivait, ne sachant pas quoi faire pour que ça s'arrange. Je n'étais même pas sur que ça puisse s'arranger. Et voilà que j'étais enceinte, un bébé que j'allais rendre malheureux comme je le faisais avec tout ceux qui s'attachaient à moi. J'observais Terry, il avait mon âge et une bonne situation. Il était loin d'avoir le genre de préoccupation qui me ruinait la santé ces derniers temps. Est-ce que je ne m'étais pas mise dans le pétrin toute seule en m'attachant à Maxi ? Est-ce que ce n'était pas un homme comme Terry que j'aurais du choisir ? « Est-ce que je peux entrer ? » demandais-je timidement. Je comprendrais si il me foutait dehors mais là j'avais vraiment envie de rentrer et d'essayer de répondre à toutes mes questions.
Terry pensait très sincèrement avoir tout vu ce soir. Pour lui, la soirée ne pouvait pas être pire qu’elle ne l’était déjà et il avait très envie de sauter directement à demain et recommencer sur des meilleures bases. Histoire de ne plus sentir tous ses doutes l’envahir et avoir un minimum l’impression… d’être en contrôle sur sa vie. Perdre pied de cette manière, ce n’était pas vraiment lui, il voulait vite oublier Wyatt et redevenir cette figure imposante que beaucoup de personnes connaissaient. Ce qui se trouvait de l’autre côté de sa porte pourrait sans doute lui apporter des réponses. Riley. Riley qui était là à une heure bien tardive et qui n’avait pas son habituel sourire sur les lèvres, il avait toujours vu la brune sourire. C’était d’ailleurs ça qui l’avait motivé à parler de son projet d’émission avec Riley à Wyatt, un projet qui avait rapidement été balayé par le producteur. Terry n’était pas dans les meilleures conditions pour annoncer la nouvelle à la jeune mère et dans tous les cas, quelque chose lui disait, sans doute la posture ou l’air que Riley avait sur le visage ou tout simplement l’heure, qu’elle n’était pas là pour parler boulot. "Je … oui bien sur que tu peux rentrer." Terry réalisa soudainement qu’il fixait la jeune femme depuis une longue minute désormais et qu’il ne lui avait pas donné de réponse à sa question. Il finit par ouvrir davantage la porte de son appartement et il laissa la brune rentrer. Il ferma la porte derrière elle et la guida dans son salon. "Tout va bien ? Je ne m’attendais pas à te voir aujourd’hui… Çe me fait plaisir de te voir, c’est certain mais…" Mais il ne comprenait pas, et il était perdu. La relation qu’il y avait entre lui et Riley… Le blond avait du mal à se l’expliquer.
Lors de leur dernier déjeuner, ils s’étaient mis d’accord pour ne pas se prendre la tête et juste apprendre à se connaitre. Ça, c’était quelque chose de sain et qu’il n’avait pas fait depuis des années avec une femme. Mais débarquer chez lui ne faisait pas vraiment parti d’une relation "amicale". Terry était donc plus que perdu et il s’éclaircit donc la gorge pour se donner un peu plus de contenance et guida la jeune femme dans son salon. Il la laissa s’installer et alla dans la cuisine, pour tout d’abord ranger la bouteille de whisky qui était encore bien en évidence sur le plan de travail et remplir un grand verre d’eau. Il revint vers Riley quelques minutes plus tard pour s’asseoir lui aussi sur le canapé et poser le verre devant elle, au cas où, si elle en avait besoin. "Kayla va bien au moins ?" Terry brisa le silence, il cherchait une explication logique à la présence de Riley ici. Elle ne serait pas juste venue ici par erreur non, elle était la bienvenue ici et dans la vie de Terry tout court et ce meme s’il ne savait pas encore dans quelle catégorie la ranger. "Je… Je m’inquiète un peu, la dernière fois qu’on s’est vu tu étais un peu plus souriante. Dans tous les cas, si tu veux parler ou ne pas parler, je suis là okay ? C’est bien que tu sois venue ici, ça ne sert à rien de broyer du noir tout seul. " Terry était un expert sur le sujet mais noyer ses problèmes dans l’alcool n’était pas une solution que le blond pouvait recommander… bien au contraire. Il appuya son propos en s’emparant d’une des mains de Riley et la serrant dans la sienne, son regard bleuté dans les yeux marrons de la jeune femme. Peu importe que ce soit grave ou pas, Terry serait là.
À mesure que les secondes filaient je commençais à me demander si j'avais bien fais de venir. Qu'est-ce que j'allais lui dire ? « Salut, j'ai déjà un mec, je suis enceinte de lui mais je me demande si ça serait pas mieux avec toi » Avec Terry on ne se connaissait pas tant que ça et voilà que je débarquais chez lui à l'improviste, la tête plein de doute. Sa tête ne me permettait pas de savoir si j'étais la bienvenue ou non. Il finit par me laisser entrer, pourtant je sentais qu'il n'était pas complètement à l'aise avec ma venue. Génial. Je réalisais que je n'étais jamais venu chez lui bien que je connaissais l'adresse. Mon regard se promena un peu partout alors que la tension au creux de mon estomac grandissait. On se retrouva dans le salon alors qu'il me demandait comment j'allais. Sa façon de le dire trahissait sa surprise. Moi non plus je ne m'attendais pas à aller chez lui le voir et surtout pour lui parler de ce que j'avais en tête. « Je suis désolée de passer à l'improviste comme ça. Mais..Mais fallait que je te vois. » Sans qu'il me le propose je me laissais tomber sur son canapé, appuyant mes coudes sur mes genoux avant de cacher mon visage. J'étais complètement perdue et j'avais envie d'un verre fort, mais c'était impossible maintenant. Enceinte. Je ne m'étais pas du tout préparée à ça. Je n'avais pas remarqué que Terry s'était éloigné avant qu'il ne revienne et ne s'installe à mes côtés. Un verre d'eau trônait devant moi. Un geste simple mais attentionné. Sa question sur ma fille me fit tourner vers lui. « Oui oui elle va bien, ne t'inquiète pas pour elle.» Je sentais bien qu'il s'était forcé à parler, comme pour chercher de quoi lancer la conversation. Ça c'était un problème parce que je ne voulais pas que notre relation change. Mais ma venue ici allait forcément changer les choses. S'inquiéter pour moi ? Parler ? Broyer du noir ? Terry était à la fois dans le mille et à côté de la plaque. Il ne devait pas s'inquiéter, enfin pas tout de suite mais oui j'avais besoin de parler. « Ouais, j'avais besoin de parler. Je crois. » J'avais murmuré les derniers mots, comme si je les cherchais encore. Je ne savais absolument pas où ça allait nous mener mais il fallait que je le fasse. « Je suis complètement paumé Terry. » dis-je avant de nouveau cacher mon visage dans mes mains. De toute ma vie, je n'avais jamais eu autant de doutes d'un coup. C'était comme si toute ma vie reposait sur un pied en cristal, menaçant de se briser à chaque instant. Je l'avais fissuré en me disputant avec Maxi et ce soir je risquais de toute faire exploser.
«Il s'est passé des trucs ces derniers temps dans ma vie et ça a eu des conséquences. J'ai l'impression de ne plus rien maîtriser et de foncer dans un mur. Je déteste ce sentiment, je me sens tellement impuissante. Et t'as une place dans ce merdier qu'est devenu ma vie. » Ce n'était pas plus la polie des façons de le dire mais à cette heure-ci je ne contrôlais plus mes mots. Je ne savais pas tellement par où commencer. « Je ne sais pas vraiment ce que je suis venue chercher ici, mais il faut absolument que je réponse à mes questions. Et j'ai besoin de toi pour ça. » Je soufflais un bon coup avant de me rapprocher de lui. J'avais quelque chose en tête et il fallait que je le fasse tant que j'en avais le courage. Ce n'était pas du tout quelque chose que je faisais habituellement et je craignais sa réaction. Proche de Terry, je laissais mon regard navigué entre ses yeux et ses lèvres avant de me pencher vers lui. Doucement je viens poser mes lèvres sur les siennes en un baiser doux, les mains sur ses joues. D'ordinaire je n'étais jamais comme ça. J'étais plutôt le contraire, un peu sur la réserve. J'avais fermé les yeux, cherchant à comprendre ce que je ressentais. On avait eu une connexion qu'on avait du mal à définir. Et que j'avais du mal à me définir. Je me reculais, cherchant de suite son regard. « Terry..» murmurais-je. Je ne savais pas quoi dire de plus. C'était à lui de me dire si je m'étais trompée.
Terry fixait Riley de ses yeux bleus en attendant une réponse. Que faisait-elle dans son appartement ? À quel point s’était-elle égarée de chez elle et surtout… pourquoi ? Pourquoi au beau milieu de la nuit ? Et dire que Terry voulait oublier cette journée, ses actions passées et prendre une douche pour passer à autre chose. Autre chose comme demain, mais la journée n’était pas encore fini et les surprises aussi visiblement. Riley le rassura rapidement à propos de sa fille et Terry hocha la tête, ça ne concernant donc pas Kayla mais bien la mère de cette dernière. Le blond ne chercha pas interrompre Riley et il la laissa merde de l’ordre dans ses pensées. Sauf que ce n’était pas plus clair pour le journaliste, elle disait être perdue et avoir besoin de lui parler. « Okay… » murmura Terry, il était là. Même s’il avait envie de lui dire qu’il ne pourrait pas jouer les bons conseillers ce soir, il pouvait tout de même l’écouter quoi qu’il advienne, c’était ce que faisait les amis et ils avaient décidé de ne pas se prendre la tête et de voir où est-ce que leur relation en dehors du travail allait. C’était ce qu’ils s’étaient dit lors de ce déjeuner. Mais Terry fronça les sourcils, il semblait être la clé des réponses de Riley, il ne voyait vraiment pas en quoi, tout ce qu’ils avaient fait ces derniers temps c’était apprendre à se connaitre davantage et devenir un peu plus complices. « Riley qu’est-ce que tu veux dire par là ? » Terry avait posé la question, la bouche sèche. À quoi faisait-elle référence ? Ce truc qu’il y avait entre eux et qu’aucun d’entre eux n’arrivait à définir pour le moment ? Il était clair que tout aurait été plus simple s’il avait pu ranger Riley dans la catégorie amie, il avait des amies de sexe féminin, il savait comment faire et comme gérer pour que les relations restent amicales. Si Riley n’avait été qu’une simple collègue de travail, là encore, Terry aurait su quoi faire, sans aucun problème, il aurait gardé son enthousiasme et ses idées pour les meetings et les pauses déjeuners. Et enfin, si Riley avait été une potentielle conquête, il l’aurait traitée bien différemment, il se serait montré plus attentionné et plus romantique.
Cependant, Riley n’entrait dans aucune des catégories, elle était dans toutes ses catégories à la fois et son coeur et sa tête ne savaient plus vraiment quoi faire. Riley avait peut-être la réponse, ou un semblant de réponse, le blond se figea en la sentant se rapprocher et il la laissa faire, sentant les mains de Riley sur ses deux joues. La brune finit par poser ses lèvres sur les siennes et Terry la laissa l’embrasser pendant quelques secondes avant de répondre au baiser. Parce que dans le fond, lui aussi y avait pensé et lui aussi avait besoin de réponses. Le baiser fut doux et se termina tout aussi rapidement qu’il avait commencé et le blond ferma les yeux quelques secondes, pensif. Il ne savait absolument pas ce que tout ça voulait dire. Riley le rappelait presque à l’ordre et il prit une profonde inspiration avant de parler : « Je… » Les mots ne venaient pas, il eut besoin de quelques secondes supplémentaires. « Tu m’as embrassé. » Une évidence mais Terry avait besoin de le dire à voix haute, pour s’assurer que cela c’était bien produit. Il posa une main sur la joue gauche de Riley lui aussi, poussant ses mèches brunes. Il n’avait pas plus de réponse, il avait apprécié le baiser, mais ni l’un ni l’autre n’était pas avancé tant qu’ils n’en discutaient pas clairement et réellement. Mais Terry finit par reculer, il venait de réaliser pourquoi et comment Riley venait de l’embrasser, ce n’était pas exactement ce qu’on pouvait imaginer pour un premier baiser parfait. « … Est-ce que c’était parce que tu en avais envie ou juste pour chercher des réponses ? »
Je ne savais pas ce à quoi je pensais en l'embrassant. Mes mains sur ses joues comme pour le bloquer j'étais venu à sa rencontre. Je n'avais pensé qu'à un baiser doux, rapide mais Terry avait répondu. Il m'avait rendu mon baiser avant que je me sépare de lui. C'était un moment hors du temps. Et ça ne m'aidais pas vraiment à comprendre ce que je ressentais. Je fixais Terry dans les yeux, cherchant à voir la solution à tout mes problèmes. Qu'est-ce que j'imaginais ? Que pouf après l'avoir embrassé je saurais avec qui je devais aller ? Non, pas du tout. Je sentis le rouge me monter aux joues alors que Terry ferma les yeux, surprit tout comme moi de mon geste. Je m'étais reculée, reprenant ma place originelle et me tordant les doigts. Je crois que je venais de le perturber autant que je l'étais moi. Il sembla buter sur les mots avant de faire un constat. Oui je l'avais embrassé. C'était quelque chose à prévoir vu notre relation, la tension qui régnait entre nous. J'hochais la tête, oui c'était ce que j'avais fais. Ce fut à son tour de poser sa main sur ma joue, bougeant quelques mèches au passage. Je ne savais pas ce qu'il allait dire, l'attente était douloureuse. Et puis sa question, totalement légitime. Je comprenais totalement qu'il se la pose et à sa place j'aurais fais pareil. Je me mordais la lèvre alors que je réfléchissais à ce que j'allais répondre. J'en avais envie, oui clairement, mais j'étais aussi venue chez lui pour répondre à mes questions. « Un peu des deux je crois..» soufflais-je. J'avais envie de dire tout ce que je ressentais, où j'en étais dans ma vie, Maxi, le bébé mais j'avais peur que Terry se vexe ou pire qu'il imagine que je me sois servie de lui. « J'avais envie de ce baiser, vraiment. Je pense même que je l'aurais fais plus tôt mais je n'osais pas. » dis-je en prenant sa main pour la coincer entre les miennes « Terry, je t'apprécie vraiment beaucoup. À un point que j'ai commencé à me poser pas mal de questions, sur notre relation, sur moi, sur ma vie. Et ça m'a collé un stress monstre.» Ce n'était pas du tout ce qu'il me fallait dans mon état. Je devais rester calme, faire attention à ma tension mais tant que je n'avais pas réglé mes problèmes c'était impossible. Et j'en avais des problèmes.
Je fixais Terry, cherchant à savoir si je devais tout lui dire ou non. Je l'avais impliqué dans mon merdier alors il avait le droit de savoir. J'inspirais fortement pour me donner du courage. « Terry, je.. Je suis plus ou moins en couple. » La bombe était lâché et j'avais peur des dommages qu'elle causerait. «J'ai quelqu'un dans ma vie, j'ai toujours eu des doutes quand à notre relation. Pas sur mes sentiments mais sur l'image qu'on renvoi, sur notre avenir. Mon divorce m'a laissé l'impression que j'avais gâché ma chance d'être heureuse et que je ne retrouverais personne. Et puis j'ai rencontré Maxi. » Parler de son compagnon à son presque amant, c'était quelque chose que je ne souhaitais à personne. Je prenais le risque de perdre Terry mais je lui devais bien ça. « Il est plus jeune que moi et ça me terrifie. Parce que je suis jalouse et que j'ai peur qu'il me largue pour une fille plus jeune, qu'il se tire parce qu'il ne veut pas avoir une vie rangée. Je suis constamment en train de me demander pourquoi il reste avec moi et de redouter le jour où il partira. » C'était la première fois que j'exprimais à haute voix ce que je ressentais. J'avais honte de tout ça, d'être aussi angoissée à mon âge comme une adolescente. Mes yeux commençaient à se remplir de larmes alors que j'essayais de les combattre. Est-ce que les hormones commençaient déjà à agir ? « Et toi, tu es tout ce qu'une femme de mon âge peut espérer. Avec toi j'ai l'impression d'être une adulte, je n'ai pas cette crainte d'avenir que j'ai avec Maxi. Je ne voulais pas te le cacher. J'ai..Je ne sais même pas quoi dire pour expliquer mon comportement. Je suis perdue parce que je me dis que j'ai peut-être fais le mauvais choix en me tournant vers quelqu'un de plus jeune que moi. Et aussi..» Je lâchais ses mains pour venir essuyer les larmes de mes joues. Une vraie madeleine. Quelle image je donnais à Terry, j'étais très loin de la Riley sur d'elle et distinguée qu'il voyait au travail. J'étais une masse reniflante, affreuse et s’apitoyant sur son sort. Maintenant que j'avais commencé à me livrer autant aller au bout. Je me cachais le visage derrière mes mains avant de souffler «Je suis enceinte.. » C'était officiellement la pire soirée de ma vie et sûrement de la sienne aussi.
Terry n’avait jamais eu de chance en amour. Pourtant, n’importe qui aurait pu demander au Sheppard et il aurait répondu que pour être heureux, il lui fallait le job parfait, la femme parfaite, une maison, un chien… Si sur le plan professionnel Terry était au top de sa carrière et bien plus loin qu’il aurait pu l’espérer, pour le reste, on ne pouvait pas en dire autant. Sa vie amoureuse avait toujours été un chaos des plus flagrants et de déceptions. Il était toujours celui qui s’investissait, celui qui mettait son coeur en jeu et qui devait le récupérer en petits morceaux après la rupture. On l’avait trompé, on lui avait dit qu’il était bien trop gentil, ou pas assez, qu’aucun homme normal n’espérait se marier et s’installer avec une famille… Il avait tout entendu avec les femmes, alors on pouvait penser que rien ne pouvait l’atteindre et que rien ne pouvais le blesser, pas vrai ? Non c’était faux, Terry restait un optimiste mais il lui fallait beaucoup d’effort pour mettre un sourire sur son visage tous les matins et commencer sa journée. Ce sourire, il allait le puiser dans les possibilités et les éventualités que sa journée soit parfaite, lui-meme n’était certain de rien mais ça ne faisait de mal à personne de rêver. Alors oui, avec Riley, avec cette nouvelle année, il avait rêvé, il s’était dit qu’il allait commencer les choses lentement et reprendre à zéro. Tout ça pour quoi ? Tout ça pour un baiser volé et pour qu’il se retrouve encore seul ? Il savait que à la minute où Riley allait s’expliquer qu’il allait tout regretter. Que cela allait jeter un froid sur leur relation et sur leur baiser et sur leur amitié et sur tout… Il n’avait pas envie de l’entendre, il avait presque envie de l’embrasser encore une fois pour la faire taire et lui dire qu’il ne voulait plus rien entendre mais… Mais c’était impossible et il finit par tourner la tête et écouter les explications de la brune. Au moins, elle disait l’apprécier, mais l’annonce suivante ne fut guère mieux. Terry poussa presque un soupir en fixant sa télé éteinte. Il n’était guère surpris dans le fond, Riley était en couple, bien sûr, Riley n’avait pas besoin de lui dans sa vie, il n’était qu’une passade, juste une petite erreur de parcours.
En temps normal, le blond aurait réagi face aux larmes de Riley, il aurait essayé de la conforter et de faire quelque pour lui faire retrouver son sourire. Mais il ne pouvait pas, il ne pouvait pas s’empêcher que lorsque cette soirée allait se terminer, elle allait rentrer, faire la paix avec le père de son deuxième enfant et juste… passer à autre chose et oublier Terry. « Tu es en couple. » dit-il lentement pour réaliser toute la situation.« Et tu es enceinte. » Terry tourna la tête vers Riley et il finit par froncer les sourcils, il ne pouvait pas se montrer compatissant ou quoi que ce soit dans ce style, il ne pouvait juste pas, pas maintenant, pas quand désormais c’était lui qui cherchait des réponses à présent. « Du coup je suis quoi moi dans tout ça ? Juste le type qui est là pour te rassurer et pour te dire que tu es jolie ou quelque chose comme ça ? » Les mots étaient cassants et Terry s’en moquait, c’était ce qu’elle venait de faire, de le casser et il ne savait plus où il en était, s’il n’était pas gay, s’il n’était pas assez bien pour un femme comme Riley alors… que lui restait-il ? Absolument rien d’autre que sa colère. « Tu ne peux pas utiliser les gens comme ça Riley je veux dire… bordel si tu es heureuse et que tu es en couple, qu’est-ce que tu fiches dans mon appartement hein ? Va être avec Maxi et être heureuse merde… ça ne sert à rien de douter pour des trucs qui pourraient éventuellement se passer ou de me laisser croire naïvement qu’il pourrait se passer quelque chose entre nous… » Terry se releva soudainement, incapable de rester en place. « Tu devrais partir Riley. Oui... sors de chez moi, ça vaudra mieux pour nous deux. »
Je savais qu'au moment où je lui dirais tout, son appréciation envers moi allait rapidement changer. Il n'avait pas encore prononcer un mot que je sentais déjà une certaine tension s'installer. Son corps parlait pour lui, à se tendre et se raidir. Il répéta ce que je venais de lui dire, comme pour se persuader de ce qu'il venait d'entendre. En couple et enceinte, ce n'était pas quelque chose dont il se doutait vu son regard. D'un côté je regrettais de lui avoir dis mais en même temps je lui devais la vérité, et à Maxi aussi. Sa voix se fit aussi cassante que son regard. Je ne savais pas quoi lui dire, sa colère m'impressionnait. Je ne l'avais jamais vu ainsi et tout ça était ma faute. « Non Terry, tu..Tu n'es pas juste ça. Je t'aime beaucoup, je t'assure. » C'était la vérité. Il était d'abord un collègue avant de devenir un ami et puis tout s'était mélangé. Je n'arrivais pas à vraiment définir ce que je ressentais pour lui. Et il continua de parler, explosant de colère. Je sursautais même. Je l'écoutais et il avait raison. Dans un sens je m'étais servie de lui pour apaiser mes angoisses à la con. J'avais tout ce qu'il fallait pour être heureuse, je m'étais mis dans les emmerdes volontairement. Et j'avais impliqué Terry, je ne m'étais même pas demandé ce qu'il ressentait. Il se leva d'un coup et m'invita, non m'ordonna de partir. Je me levais doucement, me passant les mains sur le visage. « Terry..» Je m'arrêtais pour chercher les mots. « Je suis désolée. Je ne voulais pas te faire du mal, à personne d'ailleurs. Je suis venue te voir parce que je sais pas quoi faire, penser et je te devais la vérité. Désolée de t'avoir mentis. » Je voulu me rapprocher de lui mais me ravisais au dernier moment. Ce n'était sûrement pas ce qu'il voulait à présent. Je m'en voulais de l'avoir embarqué là-dedans. Aujourd'hui je venais de blesser deux personnes à qui je tenais vraiment sans avoir aucun raison pour me justifier. C'était du pur égoïsme. Et ce soir en voulant rétablir la vérité j'avais aggravé la situation. « Je ne pensais pas que j'utilisais les gens..Je suis vraiment désolée. Terry, il faut que tu saches que j'ai ressenti, non je ressens quelque chose pour toi et aussi pour Maxi, et c'est ce qui me perturbe. Je sais pas où est-ce que j'en suis. Et ce bébé, je ne sais même pas si j'en veux vraiment.» Ce n'était pas quelque chose à laquelle j'avais réfléchi. Mon premier mariage s'était soldé par un échec avec ma fille partagé entre ses parents. Ce bébé arrivait au moment où ma relation avec le père était flou et où je venais d'embrasser un autre homme. Est-ce que je voulais imposer du malheur à un autre enfant ? « Tu sais comment je suis, je doute de tout et dés que ça touche ma vie privée. Je ne sais pas quoi faire ou dire, à chacun de vous. » Je ne savais pas si ce que je disais allait arranger la situation. Je ne savais pas ije voulais que ça s'arrange. Si il me détestait, ça serait plus facile pour lui de m'oublier même si ce n'était pas ce que je voulais. Je devais réfléchir à la situation, à ce que je voulais pour moi et ce bébé. Maxi n'était même pas au courant. « Je suis vraiment désolée pour tout. Je ne voulais pas te faire de mal mais c'est trop tard, et je comprends que tu ne veuilles plus me voir. » dis-je en reniflant. En l'espace de dix minutes je venais de tout ruiner entre nous. Je le contournais et me dirigeais vers la porte. « Terry, entre nous, ça a compté pour moi même si tu ne veux pas le croire. C'est ce qui a rendu cette histoire compliquée. Mais je dois arrêter d'être égoïste et te laisser tranquille. » soufflais-je.
Terry ne se rappelait pas à quand remontait la dernière fois où il avait été aussi remonté et aussi en colère contre quelqu'un. Cela ne lui ressemblait tout simplement pas, il était surtout connu pour être une personne positive et optimiste, qui ne s'énervait tout simplement jamais. Sa soeur avait souvent tendance à lui dire que les gens allaient profiter de toutes ces qualité là un jour, eh bien... On pouvait dire qu'Harley avait eu raison. Le blond avait envie de faire les cent pas dans son appartement, et surtout, il avait envie de se retrouver seul, il ne voulait pas penser à Riley assise sur son canapé, alors qu'elle venait de poser ses lèvres sur les siennes mais... enceinte d'un autre. Ça devait être une mauvaise plaisanterie, Terry ne savait pas ce qu'il avait fait dans cette vie là ou la précédente pour mériter ça, il avait essayé d'avoir une attitude légère, il avait traité Riley de la meilleure façon qui soit... et tout ça pour quoi ? Pour qu'elle puisse se tenir là et lui dire qu'elle était désolée. Terry poussa un soupir exaspéré et recula, il ne voulait vraiment pas qu'il la touche. S'il y a de ça quelques semaines, il aurait cru qu'un baiser de Riley pouvait le sauver, désormais il n'en voulait pas et il ne voulut plus de la brune. Elle avait été égoïste et elle s'attendait à ce que Terry soit son bon ami et qu'il comprenne. « Riley tu penses vraiment que tes excuses vont changer quoi que ce soit maintenant ? » Ce ton acide ne lui ressemblait pas vraiment, mais il n'y avait pas d'autres moyens d'exprimer le débat intérieur qui faisait rage à l'intérieur de la tête de Terry et ce qu'il ressentait à cette seconde précise. Il n'avait juste pas envie de l'entendre parler de Maxi ou de la façon dont elle doutait. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Tu portes son enfant et tu viens de m'embrasser et de me dire que tu ne savais pas où tu en étais, qu'est-ce que tu attends de moi, que je saute au plafond, c'est ça ?» demanda le journaliste, il posait autant la question à Riley qu'à lui-même, dans toute cette histoire, il était complètement perdu et il avait mal désormais. Mal de lui avoir fait confiance et d'avoir cru qu'il la connaissait assez pour savoir où toute cette histoire allait. Il avait été un idiot, tellement prêt à s'investir dans une relation, tellement séduit par l'idée même d'être amoureux qu'il avait foncé tête baissée, sans se protéger ou sans y songer. « Bien sur que oui tu t'es servi de moi et peut-être même que tu t'es servi de Maxi juste...» Terry tourna la tête, il sentait les émotions monter face à Riley, cette éternelle sensation de ne pas être assez et de ne pas être à la hauteur pour qui que ce soit. Car Terry était persuadé que rien n'arrivait jamais sans raison, alors tout ça... Mais non, en temps normal, le trentenaire aurait pensé que tout était de sa faute, pas ce soir, ce soir il savait que Riley était la seule fautive. Il avait été honnête depuis le début lui, c'était elle qui lui avait caché une relation et elle encore une fois qui l'avait embrassé alors qu'elle connaissait toutes les conséquences de ses actes. Terry poussa un soupir et il la fixa une dernière fois. Ça y est, il avait pris sa décision et plus calmement qu'il ne l'aurait pensé, il fini par se diriger vers la port d'entrée et l'ouvrir en grand. « ... Au revoir Riley » Au moins comm ça, le message était clair.