Depuis son retour du Mali, Duncan passait beaucoup de temps avec Célia, sa meilleure amie. Bien qu'ils avaient toujours continuer à se voir, il pouvait désormais la voir quand il le souhaitait et cela faisait toute la différence. Aujourd'hui, il avait prévu une petite sortie en ville, la journée était ensoleillé et étant en repos, il voulait en profiter. En plus de ça, Lia passait tout son temps dans sa boutique d'antiquité et ne voyait pas beaucoup le soleil comme Duncan à l'hôpital en y réfléchissant. Le jeune homme n'avait cas traversé la rue pour se rendre chez son amie puisqu'il avait eu la chance à son retour du Mali de trouver une maison voisine à la sienne dans un quartier très calme.
Frappant à sa porte, il attendit quelques instants avant qu'elle ne vienne lui ouvrir. Même s'ils étaient très proches, il n'aimait pas rentré chez elle sans qu'elle ne lui ait ouvert la porte avant. Il la prit dans ses bras, la saluant, un doux sourire sur les lèvres. Elle était déjà prête, bien plus ponctuelle que lui et ça depuis leur premier jour à l'internat. Tous les deux montèrent dans la voiture et ils étaient parti pour leur petite virée dans le centre-ville de Brisbane. Leur échange tourna rapidement autours de Roman, la patiente de Duncan. Célia était une des rares personnes à connaître les sentiments qu'il pouvait avoir pour elle au détours des règles d'étiques de l'hôpital. Il leva brièvement les yeux au ciel.
- Je vois Roman de temps en temps… Ça avance doucement, je n'ai pas envie de faire n'importe quoi.
N'importe quoi, comme cette aventure sans lendemain avec cette femme marié qui avait quitté Brisbane désormais ou ces autres femmes qu'il avait laissé alors que ça devenait sérieux. Duncan avait un gros problème d'engagement et ça depuis que son père avait quitté le domicile familial pour une autre famille. Il n'était pas du genre à laisser ses sentiments prendre le contrôle de sa personne mais apparemment, Roman changeait la donne.
- Et toi alors ? Toujours à la recherche du prince charmant ?
En voyant la mine qu'elle prenait, il se mit à rire doucement en tournant son visage vers elle alors qu'ils arrivaient tous les deux à un carrefour. Le feu était rouge mais le temps qu'il ralentisse pour arriver à sa hauteur il passa au vert et Duncan enclencha la seconde pour repartir de plus belle. Leur échange était joyeux et aucun des deux n'auraient pu prévoir ce qui allait arriver. Une voiture qui avait sûrement grillé son propre feu fonça sur eux pour venir s'enfonçait dans la portière avant de Duncan. Ses deux mains lâchèrent le volant, les airbags se déclenchèrent et la voiture parti vivement sur le coté. Sa tête de Duncan heurta brusquement la vitre et ensuite se fut le trou noir. Il n'arrivait plus à bouger, ni à se rendre complètement compte de ce qu'il venait de se passer. Étrangement, il se sentait bien, il n'avait pas mal, normal puisqu'il était inconscient.
Délaisser sa boutique d'antiquités le temps d'une journée n'était pas pour lui déplaire. Même si elle aimait son boulot. Ces derniers temps, Célia passait la plupart du temps entre ces murs. Par choix. Elle n'avait pas trop envie de sortir. Ce n'était pas un mois qu'elle affectionnait. C'était l'anniversaire de Timothée et elle n'avait pas trop le moral, comme tous les ans, à cette période. Elle faisait la morte, ne répondait pas vraiment au téléphone. Prétextant sans arrêt avoir trop de boulot, les gens n'insistaient pas. Ou alors, elle les dissuadait rapidement. Mais c'était différent avec Duncan. Retrouver son meilleur ami lui faisait un bien fou. Elle était ravie de l'avoir à nouveau ici, à Brisbane. En plus le chirurgien avait réussi à louer une maison juste en face de la sienne. C'était parfait. Même si, bien sûr en habitant si près l'un de l'autre, le médecin pouvait se rendre compte que sa meilleure amie n'avait pas une vie sociale des plus remplies. C'était loin d'être le cas à vrai dire. Alors elle avait bien réussi à le dissuader de sortir. Mais voilà, avec Dun' ça fonctionnait une ou deux fois, après c'était plus compliqué de trouver une excuse. Et puis Duncan avait raison. Il faisait beau, il était en congé. Elle pouvait fermer la boutique quand elle voulait puisqu'elle était sa propre patronne. Alors pourquoi pas.
Et c'était comme ça que la jeune femme s'était retrouvée dans la voiture de son meilleur ami. Même si elle lui avait proposé de prendre les transports en commun ou encore y aller à pieds. Mais Duncan avait insisté pour prendre sa voiture. Soit. Sur le siège passager, Célia était vêtue d'un short bleu marine, de spartiates remontant jusqu'aux genoux et d'un top en dentelle blanche. Ses longs cheveux couleur des blés, étaient attachés en une queue de cheval. C'était plus pratique pour se balader en ville et surtout, vu cette chaleur ambiante, Célia avait envie d'avoir la nuque dégagée. Elle esquissa un sourire aux paroles de Dun' au sujet de Roman. Bien qu'elle connaissait les sentiments de son meilleur ami pour cette femme, elle n'avait jamais rencontré cette dernière. Il faut dire que Célia fuyait l'hôpital depuis trois ans, difficile dans ces conditions de rencontrer la patiente de Duncan. « C'est chouette. Au moins, tu évites les bêtises. Par contre, il faudra que tu me la présentes un jour. » Oui parce que elle ne comptait pas laisser son meilleur ami avec une femme qu'elle ne connaissait pas. Il fallait le mériter pour être avec Duncan. Puis à la question de ce dernier, Célia fit une grimace avant de pouffer de rire. « C'est Selina qui cherche son prince charmant. Je sais depuis longtemps pour ma part qu'il n'existe pas. » Célia n'était pas comme sa jumelle. Elle n'était pas aussi fleur bleue que cette dernière. Selina avait eu plusieurs hommes dans sa vie. Ce qui n'était pas le cas de Célia. Cette dernière était beaucoup plus terre à terre que sa jumelle. Les contes de fées, ça n'existaient pas. Et Célia en avait pleinement conscience. Elle n'avait pas envie de laisser son cœur, son âme à n'importe qui. Elle préférait une amitié sincère à un amour qui finira par être trahi. Elle en était là dans ses réflexions quand elle remarqua la voiture qui fonçait sur eux. Le choc était inévitable. La voiture de Duncan fut touchée de plein fouet, tout comme ses occupants. Célia portait sa ceinture mais sa tête heurta la vitre de la portière qui se fissura sous l'impact. Elle reprit conscience quasiment immédiatement. Une vive douleur à la tête. Le capot de la voiture fumée et il était tout défoncé. Célia se redressa, passant une main sur sa tête. Elle avait plein de sang sur sa paume. Elle grimaça avant de jeter un œil à Duncan qui était inconscient. « Duncan ! » Elle retira sa ceinture de sécurité et se pencha sur son meilleur ami. Il avait lui aussi du sang à la tête. Elle bougea doucement le visage du médecin tout en murmurant : « Duncan, reviens à toi. » Elle ouvrit les paupières de ce dernier, observant ses pupilles. La dilatation indiquait un traumatisme crânien. Le bras de Duncan était également coincé entre sa taille et la portière. Célia essayait d'ouvrir la portière pour lui décomprimer le bras mais sans succès. « Duncan, si tu meurs toi aussi, je te le pardonnerai jamais !! » Hurla-t-elle aux oreilles de son meilleur ami. Ce dernier réagit enfin. Ses paupières bougèrent et il ouvrit les yeux avec difficulté. Célia esquissa un mince sourire de soulagement avant de lui expliquer la situation. Puis elle jeta un œil à l'autre voiture qui les avait percuté. Les occupants ne bougeaient pas. Elle pouvait voir le conducteur de là où elle était. Elle reposa ses yeux verts sur Duncan. « Je dois aller voir l'autre voiture... » Elle n'avait pas envie de le quitter. Mais il était à nouveau conscient. Et à part un traumatisme crânien auquel elle ne pouvait rien faire et un bras, sûrement cassé, Duncan n'avait pas d'urgence. Elle devait aller voir les autres occupants.
Jamais Duncan n'avait connu cette sensation. Il avait connu bien des choses au Mali mais jamais il ne s'était retrouvé inconscient suite à un accident. Pendant quelques minutes qui clairement lui paraissaient être une éternité, le jeune homme se demandait ce qu'il se passait autours de lui. Au départ, il se sentait bien mais ce n'était plus le cas désormais. Peut-être était-ce simplement le retour à la réalité qui commençait à se faire percevoir. Duncan sentait le sang s'écoulait de sa tête, il était chaud et la douleur était vive mais se fut réellement la voix de Lia qui le ramena à la réalité. Toute leur conversation lui revint en mémoire et il vécu pour la deuxième fois leur accident. Fronçant le visage, Duncan ouvrit difficilement les yeux tout en posant son regard sur sa meilleure amie qui se tenait au dessus de lui. Il voulu tirait son bras gauche mais quelque chose l'en empêcha, sûrement la portière qui s'était écrasé dessus. Il tira mais Célia se mit à parler et il redressa la tête pour écouter ses mots.
- Appelles les secours…
C'était logique qu'elle allait le faire mais c'est tout ce qui avait pu sortir de la bouche de Duncan. De sa main droite il chercha n'importe quoi dans la voiture pour essuyer sa plaie au visage dont le sang commençait à coaguler. Lia quitta la voiture et Duncan observa toute la scène d'où il était. Il savait le mal qu'elle avait désormais avec la médecin et cela lui faisait beaucoup de mal de ne pas pouvoir l'aider. Bordel, son coeur se mit à accélérer lorsque son attention se reporta de nouveau sur son bras gauche bloquait dans la portière. Il devait absolument le débloquer avant que la compression de la portière ne lui bousille son bras. Pour lui, ses mains étaient ses outils de travail, sans elles, il n'était rien et vivre sans, c'était impossible à concevoir. Il se mit à donné de grands coups, du moins autant qu'il le pouvait en vu de son état, dans la portière pour tenter de l'ouvrir mais rien ni faisait. La situation commençait à vraiment craindre et il se mit à déchirer un bout de tissus au bas de son tee shirt pour pouvoir se faire un garrot en haut du bras puisqu'il n'avait aucune idée depuis combien de temps son bras était ainsi bloqué. Duncan essaya de se calmer en serrant tant bien que mal le bout de tissus puis son attention se reposa sur Célia de l'autre coté de la route.
- Lia ?! Comment ça se présente ?
Maintenant qu'il avait retrouvé la totalité de ses capacités, Duncan se sentait complètement désarmé. Il se demandait bien ce qu'aurait fait Andrew à sa place, sûrement qu'il aurait enfoncé cette porte pour se dégager tel le héro qu'il était aux yeux de Duncan. Il s’inquiétait aussi pour Célia, bien sur elle allait bien mais cet accident la ramènerait à tout ce qu'elle avait abandonné et c'était sa faute. S'il avait fait plus attention, Duncan pensait qu'il aurait pu éviter l'accident. C'était le réflexe de tout être humain, pensait pouvoir changer les choses, être coupable alors qu'en réalité ce n'était la faute de personne.
Elle était paniquée. Non seulement à cause de Duncan, de ses blessures mais aussi parce qu'elle allait devoir poser ses mains sur d'autres personnes. Des personnes qui allaient devenir ses patients dans la seconde où elle aura accompli son premier geste. Et ça, elle ne le voulait pas. Ça, elle n'était pas encore prête. Mais la situation ne lui laissait pas le choix. Les secours n'étaient pas encore présents sur les lieux et elle ne pouvait pas les attendre sans rien faire. Elle n'était pas gravement blessée. Alors elle se devait de porter secours à ceux qui l'était plus sérieusement. Ce qu'elle redoutait. Elle sentait son sang battre contre ses tempes. Sa respiration qui s'accélérait. Et cela, à chaque pas qu'elle faisait depuis sa sortie de la voiture de Duncan, jusqu'à celle qui les avait percuté. Célia avait peur. Peur de découvrir l'intérieur de l'habitacle. Peur de constater un décès, des enfants à l'intérieur. Parce que là, jamais elle ne pourra s'en remettre. Même si là, technique Duncan n'avait commis aucune infraction au code de la route. C'était cette voiture rouge qui leur avait foncé dessus. Et maintenant, le capot avait sauté et de la fumée s'échappait du moteur. Peut-être même que la voiture risquait de s'embraser ou d'exploser d'un instant à l'autre. La jeune femme hâta donc le pas, même si elle se sentait toute courbaturée. Et un mal de crâne carabinée lui martelait la tête. Elle avança rapidement jusqu'à la portière conducteur. Et là, elle découvrit deux occupants : le chauffeur et son passager. Le chauffeur était conscient mais il grimaça, la tête en sang. Et il semblait avoir des difficultés pour respirer. « Laissez-moi vous aider. » Annonça la jeune femme en ouvrant la portière et en prenant le pouls du blessé tout en jetant un œil à son acolyte qui était inconscient lui aussi. « Comment vous appelez-vous? » Le pouls de jeune garçon était rapide, ce qui était mauvaise signe. De plus, ses pupilles étaient dilatées, tout comme celles de Duncan. D'ailleurs Célia jeta un œil à son meilleur ami qui lui demandait comment ça se passait... Mal pour l'instant. Elle était seule et il y avait trois blessés dont elle devait s'occuper. Célia avait averti les urgences dès qu'elle avait quitté la voiture de son meilleur ami. Mais l'accident avait lieu dans un coin reculé de la ville et assez loin du premier hôpital. « Blake. Je m'appelle Blake. » La jeune femme reporta son regard sur le conducteur. « Blake, je vais vérifier si vous avez des côtes cassées. » A peine avait-elle dit ça, qu'elle palpa le torse de ce dernier. Le jeune homme grimaça. « Trois côtes cassés... » Et l'une d'elle avait du perforer son poumon, parce qu'il avait les lèvres cyanosées. Mais cela, elle évita d'en parler au blessé. Elle lui conseilla simplement : « N'essayez pas d'inspirer profondément. Prenez de petites respirations. » Elle entendit ensuite le jeune du côté passager qui émergeait à son tour. Elle vérifia son pouls, ses pupilles. Heureusement ce dernier ne semblait pas grièvement blessé. Seule blessure apparente, une fracture ouverte au niveau du péroné. Elle lui conseilla de ne pas bouger. Elle avait les mains qui tremblaient alors qu'elle mettait son mouchoir sur une blessure qu'il avait sur l'avant bras. « Je reviens. Les secours vont arriver. » Expliqua-t-elle. Elle regagna la voiture de Duncan et elle ouvrit la portière arrière. Elle fouilla rapidement dans son sac qui se trouvait sur le sol et elle prit en main son foulard. Elle le mit dans sa poche. Puis elle essaya d'ouvrir la portière de Duncan. « Désolée, ça risque de te faire mal. » Ajouta la jeune femme en tentant une seconde fois de tirer la portière de toutes ses forces, ne faisant pas attention aux bouts de verre qu'elle agrippait dans son geste puisque la vitre conducteur était brisée. Elle parvint enfin à dégager son meilleur ami et elle lui fit rapidement une atèle avec son foulard. Elle l'observa ensuite, tout en jetant un œil à ses yeux. La dilatation de ses pupilles n'avait pas augmenté, ce qui était une bonne chose. Elle entendit ensuite les secours qui arrivaient. Enfin.
Duncan ne lâchait pas son amie du regard dès qu'il l'eut dans son champ de vision. Il tenta de tournée la tête dans le sens de la portière pour la voir à l'arrière mais cela lui arracha un léger grognement de douleur, son bras commençait vraiment à lui faire mal qui était sûrement du à la compression de la portière dessus. Il voyait bien malgré tout qu'elle était agité, elle prenait sur elle et il s'en voulait de plus en plus d'être coincé dans cette voiture et ne voulait plus qu'une chose en sortir. Tout se passa très vite et Célia se retrouva devant la portière lui disant que ça aller faire mal.
- Je sais, fais attention à toi.
Lorsque la portière céda enfin en se laissant ouvrir, le buste de Duncan partit sur le coté sous le poids de son bras qui lui paraissait pesé très lourd. Célia l'attrapa le dégagent de la voiture, il en sortit se laissant tombé par terre, son dos appuyé contre la portière arrière fermé un instant, il lui fallait une pause. Duncan laissa Célia lui passait le foulard autours de lui pour lui servir d'écharpe, elle redressa ensuite son visage pour voir ses pupilles. Il la regarda dans les yeux encore un peu sonner.
- Merci… Comment vont-ils là-bas ? Je devrais pouvoir arrivé à me lever pour aller aider…
Au loin, Duncan entendit enfin les ambulances arrivaient. C'était peut-être mieux ainsi parce qu'il avait la tête qui tournait et que s'il se décidait à aller voir dans l'autre voiture, il pourrait être maladroit et donnait encore plus de mal à son amie. Il était plutôt calme, n'importe qui aurait pu gravement paniquer mais il était calme, assit sur le béton chaud à cause du soleil qu'il y avait cette journée là. En tant que docteur il avait vu tellement de choses au Mali que cet accident paraissait minime, la seule chose qui le pré-occuper était la voiture d'en face et de savoir pendant combien de temps il ne pourrait plus opérer. Il regarda Célia dans les yeux.
- Toi ça va aller ? Je suis désolé pour tout ça j'aurais du faire plus attention, plus attention à toi.
L'ambulance se rapprochait de plus en plus et dans quelques minutes Duncan se retrouverait sur un brancard en direction de Saint Vincent. Il n'avait jamais pensé à l'éventualité de passer les portes de cet hôpital comme patient comme quoi il y avait un début à tout. Se sentant un peu mieux, Duncan tenta de se relever tout en restant appuyer contre la voiture, à priori il n'avait aucune côte de casser peut-être une ou deux légèrement atteinte car ça lui faisait un peu mal mais rien de bien grave. Il entendit du bruit dans l'autre voiture et tout le reste s’enchaîna très vite après l'arrivée des secours. Duncan demanda aux ambulanciers d'aller d'abord voir dans l'autre voiture, qu'il était lui-même médecin et que ça irait mais ils étaient là pour faire leur travail et non le laisser dans un coin. Sur le coup, il râla un peu mais avec un bras en écharpe, il ne pouvait pas faire grand-chose. Il chercha Célia du regard, c'était hors de question qu'il parte sans elle.
Célia observait son meilleur ami. Il n'était pas gravement blessé. Il allait s'en sortir mais elle avait eu vraiment peur. Et ce genre de peur, elle n'en avait pas connu depuis des années. Depuis cette opération. Et là, voir Duncan le visage en sang, c'était quelque chose de très difficile à supporter. Parce qu'elle se disait qu'elle aurait pu le perdre. Qu'il aurait suffit de quelques secondes, de quelques mètres de plus... Et il n'en aurait pas réchappé. Et ça, ça lui nouait l'estomac. Alors son cœur battait encore la chamade. Mais elle essayait de se calmer. Elle n'avait plus l'habitude d'avoir ce genre d'adrénaline. Les forces émotions comme ça, ce n'était plus pour elle. Toutefois, elle avait du agir et vite afin de parer aux urgences. Heureusement, les blessures étaient graves, mais pas mortelles. Bien soignés, les blessés pourraient sortir de l'hôpital d'ici quelques jours. Célia était restée un instant avec Duncan, histoire de s'assurer que ça allait. Elle lui avait mis le bras en écharpe. Il ne fallait pas qu'il le bouge, afin de ne pas risquer une mauvaise fracture. Le chirurgien allait devoir rester au repos forcé. Les opérations allaient devoir se faire sans lui. Mais c'était pour son bien. Il fallait qu'il récupère correctement. Parce que ses mains étaient son outil de travail. Et Célia savait à quel point, cela comptait pour lui. « Diverses fractures, traumatisme cranien et poumons perforés. » Célia ne pouvait pas faire davantage pour les blessés. Elle avait fait les premiers soins, les premiers secours. Et elle attendait impatiemment que les urgences arrivent. D'ailleurs, elle entendit les sirènes s'approchaient du lieu de l'accident. Puis aux paroles de Duncan, la jeune femme reporta son attention sur lui. « Non non, tu restes ici. Je te rappelle que tu es toi-même utile. Ici tu n'es pas le docteur Wilde. » Elle l'observa un instant avant d'esquisser un doux sourire. Pour une fois, c'était lui qui allait être pris en charge par ses collègues. Célia retira ensuite le gilet qu'elle avait sur les épaules. Elle s'empara de sa bouteille d'eau qui gisait maintenant que le sol avant de la voiture. Duncan avait une vilaine coupure sur le cuir chevelu. Elle venait de s'en rendre compte. « Tu as une plaie au dessus du front, je vais la nettoyer. Ça risque de piquer. » Elle prit la manche de son gilet et elle y déposa de l'eau. Elle passa ensuite le tissu mouillé sur la coupure, retirant les débris de verre. Puis elle fit couler un peu d'eau dessus pour enlever les dernières traces de sang. Une fois fait, elle s'assura une nouvelle fois qu'il n'avait pas d'autres blessures. Ses mains tremblaient légèrement. Célia ne pourrait même pas dire si c'était à cause de l'adrénaline, de l'accident, ou parce que Duncan s'était blessé. Peut-être même était-ce, ces trois choses à la fois.
A la question de Duncan, elle reposa ses yeux sur lui. « Oui ça va. » Elle allait s'en sortir avec une belle migraine. Rien de plus. Elle avait eu de la chance. Comme souvent, la chance était aléatoire et cette fois-ci, elle l'avait épargné. Elle les avait tous épargné. « Ne dis pas ça. Cette voiture a grillé le feu rouge. Tu n'y es pour rien. » C'était plutôt ces gosses qui allaient avoir des ennuis. Puis elle entendit l'un des blessés de l'autre voiture, crier. Elle détourna son regard sur la voiture. L'avant de la voiture venait de prendre feu. « Je reviens. » Annonça Célia avant de se diriger vers la voiture maintenant en feu. Il fallait qu'elle sorte les blessés le plus vite possible. Elle sentait la chaleur des flammes lui lécher le visage. C'était désagréable. Depuis toute petite, Célia avait toujours eu une peur bleue du feu. Une véritable phobie. Mais cela ne l'empêcha pas de porter secours aux occupants de la voiture. Heureusement, elle fut rapidement aidée par les pompiers qui venaient d'arriver sur les lieux, secondé par deux ambulances.
Lorsque ce fin sourire prit possession des lèvres de sa meilleure amie, il ne pu sourire qu'en retour. D'abord pour la rassurer mais aussi parce qu'elle était presque tout pour lui. Ils ne s'étaient plus quitter depuis de nombreuses années et Duncan aurait été malade d'emmener son amie aux urgences. Il préférait largement être le blesser alors il capitula pour le bien de tous. De toute façon, il n'était pas pompier et ne pourrait pas sortir seul ces personnes de leur véhicule. C'était impossible, lui avait eu en quelque sorte de la chance de pouvoir se débloquer de la portière. Même si elle n'était plus docteur, Célia en avait gardé tous les réflexes et Duncan semblait pensé que c'était vraiment dommage qu'elle ne pratique plus mais il la comprenait parce que si un jour il perdait Roman alors peut-être qu'il fuirait lui aussi, peut-être retournerait-il au Mali pour toujours, il avait déjà penser à cette éventualité, une fois. Le jeune homme ne se rendait pas compte de sa blessure à la tête et c'était sans doute pour ça qu'elle lui tournait encore un peu. Il acquiesça de la tête lorsqu'elle se mit à parler.
- Je sais, mais si je ne veux pas ressembler à un monstre, je dois bien en passer par là.
Un léger sourire en coin puis Duncan ferma les yeux en serrant les dents. C'était à peine visible mais on voyait bien ses dents se serraient en haut de sa mâchoire. Quand elle eut fini, il ouvrit de nouveau les yeux, lâchant un petit « merci » à peine audible, il la remercierait plus tard, au calme et surtout lorsqu'il aurait de nouveau les idées clairs. Duncan fut heureux de voir qu'elle allait bien en définitivement au moins physiquement. Cet instant de calme fut de courte durée puisque l'autre voiture à quelques mètres d'eux prit feu. La violence des flammes irrita le regard de Duncan et il n'eut pas le temps de rattraper Célia par le bras qu'elle était déjà parti pour secourir l'autre voir. Il haussa la voix très clairement pour la première fois, son coeur s'emballa un peu à la vue de sa meilleure amie se dirigeant vers les flammes.
- Non ! Célia, reste ici ! Fais attention s'il te plaît !
L'attention de Duncan fut reporté à l'un des secouristes qu'il lui demanda comment il allait. Mais Duncan n'avait pas envie de répondre, il tourna son visage pour regarder vers la voiture mais il ne voyait pas très bien et le secouriste insista pour l'aider à se lever et venir dans l'ambulance pour pouvoir être prit en charge. Son bras lui faisait mal mais il ne partirait pas sans elle.
- Je ne partirais pas sans Célia, ce n'est pas la peine d'insister.
Il serra les dents une nouvelle fois s'asseyant à l'arrière de l'ambulance. Elle ne partirait pas tout de suite, elle attendait encore deux autres personnes. On prodigua les premiers soins à Duncan et il se laissa faire. L'ambulancier en question, il l'avait déjà vu passé les portes des urgences et plus d'une fois. Il le regarda lui mettre un bandeau autours de la tête sûrement pour arrêter le sang qui avait déjà bien coaguler.
Avec l'aide d'un pompier, Célia sortait avec précaution le conducteur de la voiture. Heureusement, elle était tombée sur un pompier qu'elle connaissait et avec qui elle avait déjà travaillé en équipe. Sinon, sans être un médecin en activité, la jeune femme n'aurait pas pu donner un coup de main. Et cela, elle le savait. Une fois le blessé immobilisé sur une civière avec une minerve autour du cou, l'un des pompiers lui fit remarquer qu'elle avait été brûlée au bras gauche. Célia y jeta un œil. C'est vrai qu'en y repensant, elle avait ressenti une vilaine douleur quand elle avait détaché le conducteur. Elle grimaça en voyant la rougeur à vif sur sa peau. Le pompier l'invita à aller dans l'ambulance pour se faire soigner. Un de ses collègues allaient s'occuper d'elle. Célia s'assura que l'équipe n'avait plus besoin d'elle avant de se détourner d'elle. La jeune femme regagna l'ambulance dans laquelle avait été installé Duncan. Ce dernier venait de réclamer sa présence. L'antiquaire esquissa un sourire en le rejoignant dans le véhicule. « Je sais que tu ne peux pas te passer de moi, mais tu dois d'abord te faire soigner. » Elle s'installa à son tour dans l'ambulance, laissant un des urgentistes, lui soigner son bras endolori. Célia lui présenta son avant bras avant de reposer son attention sur Duncan. Il avait un bandage autour de la tête. Finalement, il s'en sortait bien. Même si le chirurgien allait être dans l'incapacité d'opérer pendant quelques jours.
L'ambulance ne mit pas longtemps à aller à l'hôpital Saint-Vincent. Célia avait ressenti une vive appréhension en voyant le bâtiment se dessiner au fur et à mesure de l'avancé du véhicule. Et c'était encore pire quand il entra dans l'enceinte des urgences. Elle laissa l'équipe médicale s'occuper de Duncan alors qu'elle même était dirigée dans l'une des salles d'auscultation. « Je viens te voir plus tard. » Lui annonça-t-elle, se lançant entrainer par une infirmière. Elle ne se sentait plus aussi à l'aise dans cet environnement qui était autrefois familier. Elle avait oublié ce que c'était, d'être ici. De revoir ses murs blancs, ses sons trop familiers à son goût... Cela l'angoissait. Mais elle ne le montrait pas encore une fois. Elle préférait enfouir tout ça au fond d'elle. Parce qu'elle n'était pas du genre à se laisser envahir par les mauvaises émotions. Une infirmière lui soigna son bras, lui mettant de la pommade pour calmer la douleur. Sa brûlure n'était pas trop grave. On lui avait également fait trois points de sutures au-dessus de sa tête, au niveau du cuir chevelu. Puis après avoir récupéré son ordonnance, elle alla rejoindre Duncan. Ce dernier était à la radiographie. On allait ensuite lui mettre un plâtre à son bras. Et il sera transféré dans une chambre particulière. En attendant, Célia se retrouvait seule dans la pièce. Elle jeta un œil à la vue sur le parc avant de poser ses yeux sur son bras. Cela lui faisait mal. Et ce n'était pas seulement une douleur physique qu'elle ressentait...
Ce fut un énorme soulagement pour Duncan de voir Célia montait à son tour dans l'ambulance dans laquelle il était installé. Son coeur s'emballa néanmoins quand il vit son avant bras brûlé et se redressant immédiatement pour voir les dégâts, l'ambulancier lui fit signe de rester calme lui expliquant qu'il faisait son boulot et que là tout de suite il n'était pas docteur mais patient et tous les deux pour le coup. Duncan se ré-installa donc correctement pour être prêt à partir, ils n'allaient plus beaucoup tarder maintenant. Les pompiers et policiers s'occuperaient des lieux et de la pauvre voiture de Duncan. D'ailleurs, il sera sûrement obliger d'aller reconnaître la carcasse à la fourrière avant qu'elle ne se fasse traiter d'épave pour de bon. C'était étrange mais vivre en ville avait très vite repris le dessus sur ses habitudes de vie et si auparavant une voiture lui aurait été complètement égale aujourd'hui ça l'embêtait de perdre la sienne. Il se mit à sourire en tournant son visage vers son amie.
- Effectivement je ne pourrais jamais me passer de toi même à dix sept milles quatre cent trente deux kilomètres, alors tu vois…
Les portes de l'ambulance se fermèrent et ils se retrouvèrent seuls avec un ambulancier à l'intérieur. Elle ne mit pas longtemps à démarrer et se mettre en direction de Saint Vincent. Ils n'étaient pas très loin. A Brisbane, peut-importe où se rendait Duncan, inconsciemment ne s'éloignait jamais vraiment de l'hôpital. Son regard se posa sur son avant-bras une nouvelle fois.
- Tu n'as pas trop mal ? Ce n'est jamais agréable une brûlure… Au fait, merci pour tout à l'heure. Sans toi je serais encore coincer dans cette voiture, j'aurais pu perdre mon bras.
Une fois qu'ils furent arrivés, ils furent également immédiatement séparer, Duncan aurait droit à l'urgence, aux scanners et bien d'autres examens. Il savait que Célia serait également examiner et ça l'angoisser un peu mais il savait également qu'elle était forte alors quand elle lui fit part qu'elle viendrait le rejoindre, il lui fit un sourire en échange en mimant avec ses lèvres un « Prends soin de toi ». Pendant ce temps là, comme prévu le jeune homme passa tout un tas d'examen et le verdict était sans appel, son bras était cassé et il avait un traumatisme crânien. Il serait donc obliger de rester minimum quarante huit heures en observation avant de repasser une série de tests et être « apte » à rentrer chez lui pour un congés obligatoire. Il s'en suivit de longues négociations avec l'orthopédiste qui voulait lui poser un plâtre et Duncan ne voulait pas car il savait qu'avec un plâtre la rééducation serait beaucoup plus longue et dure. Le médecin en face de lui lâcha l'affaire en lui promettant une jolie broche dans le bras s'il le bougeait ne serais-ce qu'un centimètre. Il lui fixa une attelle bien serrait, Duncan savait qu'il aurait le droit à des négociations jusqu'à son départ mais au moins pour ce soir, il avait gagné. Il fut ensuite raccompagner dans sa chambre poussait dans un fauteuil roulant.
- Hey tu es là, j'espère que je n'ai pas été trop long ? Il s’installa sur le lit en grimaçant un peu. Tu devineras jamais quoi ? Je suis bon pour rester ici encore deux jours ! A croire que je n'y passais pas assez de temps habituellement… Tout va bien toi ?...
Cela faisait une éternité que la jeune femme n'était pas entrer dans Saint-Vincent. Plus de trois ans exactement. Et à vrai dire, elle ne se sentait plus à l'aise entre les murs de ce bâtiment. Ce n'était plus sa place. Elle s'en rendait compte en voyant les infirmières et les médecins s'activaient ici et là. Ce n'était plus pour elle tout ça. Elle avait tourné la page. Elle faisait à présent, autre chose de sa vie. Il n'empêche que c'était avec un désagréable sentiment de malaise qu'elle pénétra dans la salle d'auscultation. Son bras lui faisait mal mais c'était supportable. Elle laissa l'infirmière lui faire les soins tout en répondant à ses questions basiques concernant sa santé, ses allergies, ses antécédents. Le check-up normal pour toute prise en charge. Après quelques minutes, une fois son bandage en place, elle fut autorisée à sortir de la salle de soins. Et après avoir demandé la chambre de Duncan, elle s'y dirigea. Elle n'avait pas vraiment envie d'y rester très longtemps. Mais elle savait aussi que son meilleur ami était en soins lui aussi. Et que vu ses blessures, cela allait prendre un peu plus de temps qu'il n'en avait fallu pour elle. Alors elle s'installa dans la chambre, déposant son sac et son gilet qu'elle avait réussi à récupérer grâce aux pompiers. D'ailleurs l'un d'eux lui avait donné les consignes pour récupérer la voiture de Duncan. Elle allait être mise quelques jours sous scellés avant que l'assurance du médecin ne puisse s'en occuper. De toute façon, c'était foutu il n'allait pas pouvoir récupérer sa voiture. Et la jeune femme savait à quel point, Duncan y tenait. Enfin, il tenait encore plus à son boulot. Et elle savait que cela allait être difficile pour lui, de ne pas opérer à cause d'un plâtre.
Enfin cela, c'était ce qu'elle croyait en voyant Duncan revenir dans la chambre avec seulement une atèle. Célia esquissa un sourire. Il avait réussi à négocier. « Ça va. Je me suis occupée de ta voiture. Elle va être sous scellée quelques temps avant que ton assurance s'en occupe. Si tu veux, je m'en occuperai. Il suffira de me donner ton numéro de client. » Elle pouvait lui rendre ce service. Cela n'allait pas prendre beaucoup de temps. Puis quand il tenta de s'installer sur le lit, elle l'aida à le faire correctement. Elle lui remis son oreiller puis à ses mots, elle reposa ses yeux verts sur lui. « Ce n'est pas beaucoup deux jours. Et je vois surtout que tu as réussi à négocier pour le plâtre. » C'était tout lui. Il n'avait pas changé. Elle s'installa sur le bord du lit. Ils avaient eu chaud tous les deux.... Cela aurait pu se finir de façon plus tragique. Puis à sa question, elle reposa son regard sur lui. « Oui je vais bien. On m'a donné un calmant pour la douleur. » Elle soupira un peu et ajouta : « Notre virée en ville a tourné court. » Elle lui fit un petit sourire avant de demander : « Tu veux que j'appelle quelqu'un pour toi ? »
Une fois que Duncan fut correctement installé dans son lit, la personne qui l'accompagnait quitté la chambre avec le fauteuil roulant. Pour ce qui était de sa voiture, il préférait voir ça à sa sortie car là rien que dans parler cela lui donner la nausée. Enfin c'est ce qu'il croyait, c'était plutôt le coup qu'il avait reçut sur la tête qui lui faisait cet effet là. Il secoua alors doucement la tête de droite à gauche en regardant Célia dans les yeux.
- C'est gentil mais je verrais ça en sortant. Je préfère que tu ailles te reposer après tout ce n'est pas rien ce qu'on vient de vivre.
Lorsqu'elle parla du plâtre, cela le fit sourire. Il savait qu'avoir une attelle devrait dire ne pas se servir du tout de son bras gauche, encore une chance qu'il était droitier. Duncan savait qu'il avait gagné la première bataille mais pas la guerre en tous les cas pour le moment il était tranquille. Lorsqu'elle s'installa au bord du lit, il se poussa pour qu'elle puisse venir carrément s'asseoir voir s'allonger à coté de lui. Il pouvait bien partager son lit avec elle et puis il avait besoin de sentir qu'elle allait bien.
- Si on me pose un plâtre je vais mettre beaucoup plus de temps à récupérer l'usage de mon bras alors qu'en portant une attelle mes muscles seront beaucoup moins endormi. Enfin si cela ne s'arrange pas, je n'aurais pas le choix. Mais tu m'imagines rester pendant tout ce temps chez moi… Je me demande bien ce que je vais pouvoir faire.
L'idée de prendre un peu de temps pour découvrir entièrement l'univers de sa meilleure amie lui était passé par la tête mais il doutait qu'elle le veuille dans ses pattes à sa boutique d’antiquaire. Peut-être que lui aussi pourrait y prendre goût, qui sait ? Il tourna son visage vers elle faisant une légère moue.
- C'est moi qui ait eu l'idée de cette petite virée en ville et voilà le résultat…
Célia lui demanda s'il voulait qu'elle prévienne quelqu'un et Duncan en pu s'empêcher de faire les gros yeux. Il n'avait pas pensé à sa mère qui serait complètement en panique si elle apprenait ça, s'il lui cachait ce genre de chose c'était pour une bonne raison, sa mère le protéger comme elle le pouvait.
- J’appellerai ma mère demain mais si tu l'appelles maintenant, elle va complètement flipper, surtout si elle entend ta voix avant d'entendre la mienne. Tu devrais rentrer chez toi te reposer…
« D'accord » Répondait Célia en observant Duncan. Elle détestait se sentir inutile comme elle l'était en ce moment. Elle ne pouvait rien faire pour le soulager de sa douleur. Et elle avait du mal à le voir dans cet état. A croire qu'il n'arrivait que des choses mauvaises aux personnes qu'elle aimait. Une nouvelle fois, elle se disait que la vie ne tenait qu'à un fil. Et qu'elle aurait pu perdre Duncan dans un claquement de doigt. C'était déstabilisant, effrayant même. Elle ne voulait pas se retrouver au fond de ce trou, duquel elle avait déjà du mal à émerger. Ce n'était pas juste tout ça. Elle écoutait son meilleur ami, mais elle avait du mal à être aussi attentive qu'elle le voulait. Son esprit vagabondait ailleurs. Elle n'aimait pas se retrouver ici. Elle ne voulait pas être dans cet hôpital. Et elle avait tout fait pour écourter ses soins en salle médicale. Mais là, elle ne voulait pas laisser Duncan tout seul. « Ne cherche pas le plus pratique. Il faut surtout que tu guérisses au mieux et non au plus rapide. » Il pouvait bien avoir un plâtre quelques temps si cela lui évitait à la suite de souffrir de son bras. Une atèle ne réglait pas le problème. Célia le savait. Elle avait été médecin. Elle connaissait les problèmes de rééducation. Mais en même temps, à une époque, elle avait été aussi passionnée que Duncan pour son boulot. C'était différent maintenant. Et à vrai dire, la jeune femme avait du mal à se mettre à la place du chirurgien. A vrai dire, elle ne voulait pas être à sa place. La médecine, les opérations, les soins, tout ça c'était derrière elle, pour de bon. « Mais c'est toi le médecin. Toi seul sait ce qui est bon pour toi. » Même si Célia était sa meilleure amie, elle ne se permettrait jamais d'agir et de prendre des décisions à sa place. Parce qu'elle savait que c'était sa vie et qu'il était tout à fait capable de la gérer comme il l'entendait. Aux nouvelles paroles de Duncan, Célia reposa ses yeux verts sur lui. Elle haussa un peu les épaules. « Deux petits idiots ont grillé un feu. Ce n'est pas de ta faute. » S'il partait sur ce terrain glissant, Célia pouvait dire que c'était de sa faute aussi. C'est elle qui lui avait proposé cette balade. Avec des « si » on pouvait changer le monde. Le changer oui, mais jamais comme on voudrait qu'il soit vraiment. Célia acquiesça de la tête quand son meilleur ami parla de sa mère. Oui elle s'en doutait. Mais elle ne pensait pas forcément à madame Wilde quand elle avait prononcé cette phrase. « Comme tu veux. Je vais te laisser... » Elle se releva du lit sur lequel elle s'était assise. Puis elle fouilla un peu dans son sac et en sortait quelques affaires personnelles de Duncan que les ambulanciers lui avaient donné après l'accident. « C'est ton portefeuille. » Avec lequel était accompagné la veste du chirurgien. L'antiquaire posa le tout sur une petite table près de la fenêtre. Puis elle s'avança vers le blessé et l'embrassa sur le front avant d'ajouter : « Je viendrais te voir ce soir, après le repas. » Tant pis s'il dormait. Elle, elle savait qu'elle n'arriverait pas à fermer les yeux si elle n'était pas certaine qu'il aille mieux. Puis elle quitta la chambre.
Duncan ne pu s'empêcher de rouler des yeux. Célia avait raison, il fallait qu'il fasse attention s'il ne voulait pas en subir les conséquences dans quelques années. Il savait qu'il y avait d'autres options, comme devenir un très bon professeur mais lui ce qu'il voulait c'était sauvé des vies et même au Mali sans une main, il ne pourrait rien faire. Célia avait souvent raison sur un peu prés tous les sujets qui faisaient éventuellement débats entre eux et c'était vraiment agaçant parfois. Comment elle pouvait avoir toujours raison ? Le grand mystère des femmes toujours non résolu par Duncan Wilde.
- Bien sur, je suis médecin mais aussi comme une cinquantaine d'autres personnes ici, si Andrew me voit ici il va me faire plâtré sans que je puisse passer par la case départ et je ne toucherai pas les vingt milles non plus.
Il fit un petit sourire en direction de Lia. Même si elle ne lui en avait pas vraiment parler, il pouvait ressentir qu'elle n'était pas vraiment à l'aise ici, à Saint Vincent. Alors il espérait la faire un peu sourire avant qu'elle ne parte. Il pensait à sa mère plus que les autres personnes car Andrew serait sûrement rapidement au courant et les autres personnes qu'il côtoyait n'avaient pas nécessairement besoin d'être au courant tout de suite. Pour ce qui était des deux jeunes qui avaient grillés ce feu, il espérait que ça leur serve de leçon après tout, la vie ne tenait qu'à un fil parfois, tirer trop sur la corde ne présagé rien de bon. Célia posa le peu d'affaire qu'elle avait de Duncan sur sa table et il ne pu s'empêcher de sourire.
- C'est gentil, tu es un ange. J’appellerais ma mère tout à l'heure, promis.
Elle s'approcha de lui et il ferma les yeux un bref instant lorsqu'elle déposa un baisé sur son front qui était lui même recouvert par un bandage. Elle parla de repasser après le repas et Duncan n'en voyait pas vraiment l'utilité. Il la regarda dans les yeux en fronçant légèrement le regard.
- Tu n'es pas obligé de repasser. On s'occupe très bien de moi ici, en particulier une infirmière qui je pense me drague à chaque fois qu'elle passe cette porte. J'ai un traumatisme crânien mais faut pas abuser…
Elle insista et il ne fit pas plus de négociations avec elle, après tout, il serait tout de même content de la revoir. A son départ, sa tête lui faisait mal et le silence qui régnait dans sa chambre lui faisait beaucoup de bien. Il ferma les yeux entre chaque passage d'infirmières et de médecins histoire de pouvoir se reposer autant qu'il le pouvait. Duncan avait beau faire bonne figure, il avait eu une sacré frousse aujourd'hui.
Accueil
